Je n'avais plus beaucoup de temps pour moi. Entre mes devoirs de chûnin, ceux du Kakumeigun, ou les nouvelles responsabilités liées à mon clan. Aujourd'hui par exemple, j'avais eu à faire à une réunion avec mon clan à la première heure du matin. L'ancien avait été présent, ainsi que d'autres vétérans Yamada.
« Tetsui, nous sommes avec toi. Ton père, on le récupérera ! » « Compte sur nous, tu n'es pas seul. » « Que compte faire le Kazekage ? Arashi est fort, mais les tortures de Konoha pourraient en venir à bout. Sans qu'il ne le sache il pourrait aussi délivrer des informations sur les défenses du village. »
C'était pesant d'entendre tout ça, même de la part de proches qui partageaient mon nom. Aussi avais-je dis à un moment :
« Merci. Restons unis à Suna, pour le moment c'est la meilleure des choses à faire. Mon père n'est pas n'importe quel shinobi, il saura tenir le coup jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. »
Et si Suna ne la trouvait pas, je le ferais. Si celle de Suna ne me convenait pas, j'irai à la recherches d'autres moyens. Je n'étais pas pour la guerre. Mais d'un côté, si Konoha s'en prenait à mon père il faudrait que je trouve quelqu'un à blâmer. Alors les actes parleraient pour eux-même.
…
Le reste de la matinée fut passé à travailler pour le compte du Kakumeigun. Je patrouillais donc aux abords de Suna, dans le désert, accompagné de Zoroganju qui m'accueillait sur son dos et faisait office de radar par ses dons sensoriels. Ils remplaçaient ceux que je n'avais pas. D'ailleurs, je ne portais même pas mon kimono habituel, mais la tenue beige et marron du parfait sunajin. Celle par la quelle on savait en un seul regard que j'étais un sunajin qui avait au moins le grade de chûnin. Moi je préférais ma tenue ample et fétiche que cet habit presque moulant mais bon. Rien à signaler dans le désert autour de Suna, je rentrais et me faisais remplacer un collègue dont je ne connaissais même pas le nom.
« Bon courage. » lui dis-je.
Il me remercia et s'en alla. Quant à moi, j'avais un peu plus d'une heure de pause avant de reprendre le travail aujourd'hui. Cette heure était le moment où je savais comment trouver ma meilleure amie si je voulais la voir un peu. Malgré sa relation avec Yamuro dont je n'approuvais pas les décisions politiques, j'osais espérer que Ema restait aussi proche de moi qu'elle l'avait été depuis nos jeunes années. Ne nous étions nous pas rencontrés avant qu'elle ne connaisse son mari ? Je me dirigeais à pas d'éléphants vers la direction du Centre qu'elle avait ouvert. Elle viendrait sans doute y chercher son bambin dont elle m'avait nommé « parrain » même si ce n'était pas très officiel. Il avait intérêt à devenir sympa ce gosse... Et qu'il se rassure, je veillerai sur sa mère lors des prochaines batailles auxquelles Suna prendrait part.
Quelques enfants du Centre qui jouaient dehors pendant que leurs parents discutaient poussèrent des cris d'étonnement en me voyant arriver sur mon éléphant. Lequel se tenait sur deux pattes comme un bipède. Je sautais pour atteindre le sol et voyant Ema je la saluais :
« Hey ! Je savais que je te trouverais ici. Et comme j'avais un peu de temps libre là... c'était l'occasion. Comment vas-tu ? »
Aussi je saluais son fils en souriant, moi même j'étais gêné et je ne savais pas comment m'y prendre avec les enfants. Quant à Zoroganju qui se trouvait derrière, il fut rapidement rejoint par une bande d'enfants curieux qui lui disaient « Bonjour Mr l'éléphant ! ». De sa voix grave et rauque il leur répondit :
« Bonjour. »
Je savais qu'il était ennuyé en son fort intérieur.
Le Centre prenait de l'ampleur. Le site avait évolué, faisant également office de crèche et de centre d'adoption. De nouveaux membres avaient rejoins le personnel pour subvenir aux nouveaux enfants qui étaient arrivés depuis l'attaque du Kaho Sha. Entre les batailles pour Ki no Kuni qui avaient créer quelques orphelins et d'autres missions qui avaient mal tourné, le Centre devenait un endroit plus fréquenté.
Ema était fière d'avoir pu créer un tel endroit, cependant, la raison de la prospérité du lieu était réellement attristant. Heureusement que voir les visages des enfants souriants et heureux d'être entourés de personnes chaleureuses. Ce n'était pas tant d'oublier ce qu'ils avaient perdus, mais de garder espoir et de continuer à vivre, bien que le concept soit abstrait pour des enfants de cet âge.
Le Kazekage envoyait les hommes en guerre, tandis que sa femme ramassait les pots cassés comme elle pouvait, sacré duo. En tout cas, les personnes venant au Centre trouvaient que malgré les décisions que le Nanadaime avait dû prendre, Suna se remettait bien du carnage qu'il y avait eu l'année passée et que la femme du Kazekage s'occupait du mieux qu'elle pouvait du confort de ses habitants. La pacifiste qu'était Ema avait eu du mal à comprendre et accepter les décisions de son Kage, mais en tant que mari, elle avait pleine confiance en ses décisions et le supporterait tous les jours, à sa manière. Un pays unis, voilà ce qu'il fallait pour surmonter toutes ces épreuves.
Ema venait de récupérer son enfant qui jouait dans son lit, déjà réveillé après la sieste qu'il n'avait pas fait.
Son bambin dans les bras, la jeune mère salua ses amies et les enfants afin de continuer la soirée en compagnie de son enfant, et peut-être avec un peu de chance, Yamuro. Cependant, Tetsui apparut devant le Centre, accompagné de Zoroganju. Ema sourit agréablement, heureuse de le voir, malgré les circonstances. Il était clair qu'entre Arashi prisonnier et Yamuro qui faisait attendre la tentavie de secours du chef des Yamadas, Tetsui pourrait sans doute et très logiquement avoir de la rancœur et de l'amertume. Mais il était assez mature pour comprendre et faire confiance en son supérieur, enfin c'était tout du moins ce qu'Ema s'imaginait.
« Coucou Tetsui! fit Ema avec son enfant dans les bras qui tirait sur son vêtement. Je suis contente de te voir! Ça va bien et toi? Je t'invite à la maison, ça te va? On sera mieux installé! Et Zoroganju n'aura plus besoin d'entendre les enfants, finit-elle en riant. À moins que tu désires visiter le Centre! »
« Alors, quoi de neuf? »
Ema ne savait pas trop quoi dire, étant donné que toutes les choses qui lui passaient par la tête mentionnait soit Arashi, soit Konoha, donc Yell. Et les sujets banals ne l'intéressaient pas. Mais à choisir, autant parler de broutilles, non?
L'un des enfants en venait à essayer d'atteindre la trompe de Zoroganju. La montagne de muscle se pencha en espérant faire le gentil quand le jeune intrépide essaya de le pincer. Sursaut et réflexe, Zoro éternua sans contrôler dans la figure du môme.
« OUPS. »
Sa voix grave portait jusqu'à nous. Le morveux, choqué, se faisait maintenant moquer par ses copains. Quant à mon ami l'éléphant, ç'avait été de trop pour lui, si bien qu'il nous rejoignait. En apercevant le petit d'Ema, il fit remarquer :
« Celui-ci est plus sage ! Il ne cherche pas à me pincer la trompe... »
Amusé, je tapotais à deux reprise sur lui comme pour l'encourager à tenir le coup. Il n'était pas fait pour les enfants, pas ceux des humains en tout cas. Après quoi je répondis à Ema que ça allait bien moi aussi, et puis elle proposait de m'inviter à la maison, chez elle.
« Oui ça va ! »
Bien sûr je cachais toutes mes craintes et mon stress vis-à-vis de la situation politique de Suna, et de celle du Yuukan. De mon père aussi... Le mieux était toujours de ne rien montrer aux autres. Comme cela je m'épargnais tous les encouragements sans valeurs de gens qui le faisaient par politesse avec moi plutôt que par amitié. Avec Ema c'était différent, mais quand même. Elle avait autre chose à faire que de me soutenir en ce moment, nous étions devenus des adultes.
« Allons chez toi oui. Des orphelins de guerre recevant la visite d'un chûnin en tenue, je trouve que ça n'est pas le mieux pour qu'ils passent une bonne journée. On y va ? »
Ensemble nous nous mettions en marche jusqu'à chez elle, avec Zoroganju et le petit Matsuno.
« Pas grand chose de nouveau. La routine. Ce matin j'étais de ronde autour de Suna, rien à signaler ! Les troupes ennemies ne sont pas encore à nos portes. » ironisais-je un peu.
Quand nous fûmes chez elle, je rappelais à mon kuchiyose qu'il pouvait s'en aller et rentrer dans sa vallée des éléphants s'il voulait. Il ne se fit pas prier et disparut dans un nuage de fumée après nous avoir salué. Je fis quelques pas dans l'intérieur de chez mon amie, observant ce qui avait changé et ce qui était resté pareil qu'avant.
« J'ai l'impression de n'être pas venu depuis... longtemps. »
Je lui souriais en la regardant. Il était dur de penser que je n'avais plus personne de vraiment proche au village maintenant que papa était prisonnier. Kioshi était loin, Yami aussi. Et Yell appartenait au camps adverse. Il ne restait plus grand monde...
« Dis moi, comment tu t'en sors en tant que maman maintenant ? Kibo est présent ? »
En tout cas, si Tetsui pouvait encore être blagueur, tout n'était pas perdu, même si il semblait bien ironique. Heureusement qu'elle tenait son petit Satomu entre les bras, ce dernier était calme et souriant, pur de toute horreur et vierge des défauts de ce monde. C'était une petite perle d'innocence qu'Ema aurait désiré garder ainsi toute sa vie. Il lui donnait la force de regarder vers un avenir meilleur, car elle, depuis quelques temps, avait quasiment effacé cette idée utopique de son esprit. Doucement, elle posa une bise sur le front de son enfant avant de lui sourire.
* Merci d'exister petit Satomu. *
Les deux Shinobis entrèrent dans la maison des Matsuno, dans laquelle Ema avait emménagé depuis longtemps, avant même leur mariage. La maison familiale des Zenzaburôs était réservée pour les parents adoptifs de Yamuro, mais en attendant, elle était vide. Quelques fois, Ema s'y rendait lorsqu'elle se sentait seule et effondrée.
« Oui, je comprends. En plus avec toutes les affaires de ce petit coquin, on se croirait même plus dans la maison de Yamuro, » fit-elle en riant.
Peut-être que Tetsui trouverait cela irritant qu'Ema ne fasse que parler de Satomu, mais elle essayait tant bien que mal de ne pas parler de la situation étriquée dans laquelle se trouvait Tetsui, bien qu'Ema également, étant donné qu'Arashi était une personne important à ses yeux, ayant grandi dans leur monde, plus ou moins.
La Kunoichi déposa le sac d'affaires de Satomu dans le salon, puis posa son enfant au sol afin qu'il puisse se trouver une occupation au milieu de ses jouets. Quant à elle, elle servit une boisson fraîche à la mangue à son meilleur ami. Ema n'avait pas vraiment soif, elle était trop stressée pour avaler quoi que ce soit. À son tour, elle s'assit sur le canapé, gardant un œil sur son bambin tout en étant tourné vers Tetsui.
« Oh, Satomu est un ange. Yamuro est présent oui, même si ses fonctions lui prennent beaucoup de temps, je peux compter sur lui lorsque j'en ai besoin. Je ne sais pas ce que je serai devenue sans ces deux garçons. » finit-elle en riant.
Avec toutes ces histoires de guerre, de batailles, les conquêtes, les désertions, les complots et Jiseyama... Ema aurait pu sombrer dans une dépression ou une folie sans nom. Mais grâce aux deux hommes présents dans sa vie, la jeune femme avait pu rester maître de son esprit et continuer de se battre.
« Je suis désolée Tetsui, mais je n'arrive pas à m'empêcher d'y penser. Ca fait quelques semaines que ça me torture. Entre Arashi qui est prionnier à Konoha et Yell qui est à présent censée être considérée comme une ennemie du Pays, comment est-ce que tu gères tout ça. Je pense que le fait que tu ne sois pas venue plus tôt vient du fait que c'est Yamuro qui ne lance pas une équipe de sauvetage. Mais tu sais que tu peux compter sur moi. Bien que je sois sa femme, tu resteras toujours mon Tetsui. Ces derniers temps tu as perdu beaucoup d'amis proches, j'en suis consciente. Ne te sens pas rejetée parce que je suis proche de Yamuro. Je suis là pour toi. fit-elle, le regardant dans les yeux. »
La culpabilité l'avait rongé un temps. Entre ses nouvelles responsabilités de mère, de femme et de Kunoichi, elle n'avait pas eu le temps, ni la volonté à vrai dire, de gérer un tel soucis. Tetsui avait été seul et Ema n'avait rien fait pour arranger cet état.
« Excuse-moi, Tetsui, d'avoir été aussi négligente. Je... Je ne savais pas comment t'aider sans blesser notre amitié ou le lien que j'ai avec Yamuro... »
En effet, beaucoup de jouets étaient présents sur le sol dans cette maison. J'avais dû marcher entre certains d'entre eux, et il m'aurait coûté de marcher sur l'un et de le casser. Je voyais bien comme mon amie Ema n'avait plus d'yeux que pour son fils, façon de parler, et c'était normal. « Merci d'exister » avait-elle encore dit plus tôt. Je souriais, je savais que cela participait à lui donner le courage et la motivation nécessaire d'avancer malgré le « chaos » de ce monde. Elle avait ce petit être à aimer, à chérir, et à protéger. Quant à moi, parce que je tenais à Ema, et parce que cet enfant était le sien et celui de mon sensei, je le protégerai aussi. C'était comme ça, pas le choix. Rajoutons en encore une couche d'ailleurs, Suna avait fait de moi une « arme » en m'incorporant un gène que je découvrais lentement mais sûrement : si j'en étais une je serai celle qui veillera sur ce gosse au cas où. Ema répondait alors que son homme était quand même présent, dans une moindre mesure, cela la satisfaisait.
« C'est une bonne chose, je suis content. »
Je le lui souriais, c'était sincère.
« En voilà une belle petite famille ! »
Elle ne parlait que de ses deux hommes avec lesquels elle était liée par la famille, encore un signe du changement. Le temps présent. C'était normal et je le comprenais bien. Je n'aspirais pas à former une famille pour le moment pour ma part. Mais même si c'était le cas, je ne le pourrais pas tant que ce climat de guerre et de conflits régnait entre nos deux pays d'appartenance. Problème, problème. Ce que c'était chiant et critique cette situation. Ema avait bien de la chance en comparaison, alors elle devait profiter pour moi ! Je ne lui dis rien à ce propos. Nous nous asseyions sur le canapé, pour discuter face à face maintenant que Satomu jouait avec ses machins. S'ensuivait alors des remords et des excuses de sa part ; parce qu'elle avait été peu présente pour moi ces derniers temps. Elle demanda comment je gérais tout ça, ce à quoi je n'avais pas de réponse préparée, et affirmait être là pour moi, yeux dans les yeux. Je soufflais, en guise d'acceptation, car cela me faisait plaisir au fond.
« Merci, même si je ne te reprochais rien, je veux juste pas t'embêter avec mes soucis moi tu sais ? ... »
C'était la triste vérité. Ces soucis étaient les miens et je ne voulais pas miner les autres avec. Bien que pour Suna ce soit une affaire d'état si j'ose dire.
« Je ne sais pas comment je gère tout ça, j'y pense chaque jour, quand je me couche et quand je me lève, pourtant je suis encore debout à faire mon devoir de shinobi. C'est tout, je ne peux pas trop te répondre. Je préférerais aussi de loin une manière lente, réfléchie et sécurisée de récupérer mon père qu'une mission de sauvetage mal préparée. Ce serait trop dangereux pour tout le monde. »
Silence. Je souriais timidement, regardais l'enfant innocent qui gazouillait, et reprenais.
« Ne t'excuse pas. On s'était promis un jour d'être toujours là l'un pour l'autre n'est-ce pas ? Alors, voilà, c'est le moment... »
Se faisant, j'arborais un visage chaleureux qu'elle connaissait bien. Celui qui montrait que je ne mentais pas. Il était vrai aussi, que je n'avais plus personne pour me prodiguer une certaine affection, quelle qu'elle soit. Mon père : prisonnier. Yell : loin. Je me sentais seul à cause de tout ça, mais on faisait aller. Derrière cette façade chaleureuse, se cachait une profonde tristesse, l'inquiétude, et beaucoup de stress.
![Un cheveu de femme est assez fort pour tenir en laisse un éléphant [Ema] Gamin10](https://i.servimg.com/u/f35/19/19/33/17/gamin10.gif)