Voilà plusieurs semaines que je m’étais absenté de Konoha dans l’unique but de découvrir le monde. Un village n’avait pas encore été visité mais je ne pouvais me permettre un tel détour : il s’agissait de Suna. La première patrie que j’avais décidé d’aller voir était le village de la foudre : l’accueil fut chaleureuse, et j’avais passé un séjour très agréable : l’alcool était bon, les femmes étaient belles, les Shinobi étaient accueillants… Le seul bémol que je pouvais leur mettre concernait le temps : mais ce climat était indépendant de leur volonté aussi je ne préférais pas en tenir rigueur. Après la foudre, la brume… Là était une autre histoire mais qui m’avait permis d’actualiser mes objectifs, ainsi que la liste de mes amis et surtout, de mes ennemis…

Arrivé à Kiri, je fus accueilli par un homme masqué : celui la même que je souhaitais revoir plus que tout pour en découdre – un combat où nous serions seul dans le ring, sans que ses confrères ne se mêlent au combat… Un duel dans lequel nous pourrions nous montrer l’étendu de notre force et savoir enfin qui de nous deux aurait eu raison de l’autre… Ce duel, je le veux et je l’aurais ! Il était juste hors de question que je me laisse faire ainsi : cette fois était exceptionnel, ils étaient une dizaine tandis que j’étais seul… Ma fierté en avait prit un coup… Les autres, je ne les considérais pas comme des ennemis mais comme des Shinobi dont la présence des siens les réconfortait dans leur égo ! Je secouai la tête tellement la situation était d’un ridicule ! La petite fillette dont la grande gueule n’avait d’égal que sa mocheté m’avait quelque peu irrité aussi… Si seulement j’avais eu l’occasion de la lui faire fermer, cela aurait été volontiers… Je me réconfortais en me disant continuellement que tout cela n’était que parti remise…

Malgré tout, j’avais rapidement fait la connaissance d’un Kirijin qui se démarquait des autres. Celui-ci décida d’être plus social que les autres, ramassa mon chapeau que j’avais préalablement lancé à terre et me le remit en main propre avant de me proposer de me ramener où je le souhaitais… C’est avec regret que je refusais sa proposition tandis que je repris une marche en direction de mon village bien aimé : Konoha.

La route était longue et parsemées d’embûches qui n’eurent jamais raison de moi. Les animaux sauvages et les brigands tentèrent tant bien que mal de m’intercepter mais ils finirent tous dans un délire paranoïaque se méfiant même de leur propre personne. Dans un futur proche, une toux allait les fatiguer avant de se faire attaquer les poumons par quelques œdèmes pour finir par un simple et radical arrêt des organes provoquant irrémédiablement la mort… Ils avaient bien choisi leur période ceux là… En tout, j’avais pu répertorier trois attaques d’inconscient et deux attaques d’animaux. Belle moyenne…

Mes efforts furent récompensés : je les voyais, ces remparts de Konoha… Le visage des différents Hokage taillé dans la pierre ne pouvait me tromper. Encore une bonne dizaine de minutes de marche avant de pouvoir mettre les pieds dans un village m’ayant jadis accueilli ! Je me sentais clairement chez moi… Rien qu’à la vu du village, je me sentais apaisé, serein… J’étais fier de mon parcours, mais je n’étais pas contre un bon lit bien douillé… Il ne manquerait plus que mon entré à Konoha se fasse refuser aussi… Ce serait le pompon !

Deux heures. Deux putains d’heures. Sans plus, ni moins. Chronométré avec précision, le Stigmate grinçait les dents en effectuant cette constatation, à un tel point que la tonalité sonore était si stridente qu’il pouvait déchirer les tympans de quiconque – de manière plus efficace qu’une technique utilisant l’affinité secondaire qu’est le son. Ironiquement, Setsuna avait commencé à prendre goût à ce que les humains nommaient les « vacances ». Ces moments de détente, de relâchement… Il savourait à nouveau une vie de quiétude depuis la disparition de sa tendre sœur jumelle dans les monstrueuses vagues du démon tortue légendaire à trois queues. Bien qu’il n’était toujours pas habitué à autant relâcher sa garde – et il espérait qu’il ne gagne en aucun cas cette mauvaise habitude, l’Épéiste Noir trouvait tout de moins à prendre « plaisir » à ces moments de repos. Un cadeau offert de force par les autorités de son village qu’il regrettait amplement au début. Aujourd’hui, il pesait encore les pros et les cons de cette décision, mais nul l’attendait se lamenter. Mais parlant d’aujourd’hui… Aujourd’hui est un mauvais jour pour notre protagoniste aux pupilles vaironnes étincelantes.

Aoi Misaki. Une belle femme de dix-sept été – une magnifique femme serait la description la plus appropriée, même Setsuna gardait jalousement ce secret encore inavoué à ce jour. Sa comparse de voyage. D’ailleurs, c’est sa faute uniquement si notre sombre héros est dans la situation dans laquelle il se trouve présentement, au village de la feuille. Elle pouvait être adorable et mignonne par moment, comme le contraire est également de mise. La seconde option est le cas présent, actuellement. Mise en contexte : il est présentement neuf heures du matin. Cela fait précisément, comme mentionné plus tôt, exactement deux heures que l’ange à la longue et soyeuse crinière sarcelle discute par télépathie avec une amie qui est au bercail… À voix haute… Comme sur un téléphone ! N’ayant point dormi depuis plus de quarante-huit heures – vive les métabolismes renforcés du Yuuki, le spadassin argenté cherchait désespérément quelques heures de sommeil pour pouvoir être de nouveau sur pied… Du moins, il tentait.

La tête sous les oreillers, allongé sur son matelas aux doubles dimensions, il levait parfois la tête pour lancer un regard assassin à son amie, message meurtrier qu’ignorait totalement l’ange céleste, trop préoccupée par ses ongles couvert de vernie de la même couleur que sa chevelure et ses iris, et sa conversation trop féminine avec « peu importe qui est-ce ». Le hic, c’est que la fine-lame de la brume sanglante ne pouvait sortir de la chambre d’hôtel, car, après tout, il cherchait avant tout un peu de temps dans les bras de Morphée. Ce qu’il convoitait était seulement accessible là où il se situait présentement ou sur les bancs d’un quelconque parc dans la cité du pays du feu, option qu’il le séduisait guère. Néanmoins, il réussit à capter d’une oreille discrète un segment de la discussion de l’Aoi qui attira sa curiosité.

• … Non, t’es pas sérieuse ? … Oui, je comprends la politique que nous avons, mais autant de gens pour un simple monsieur aux Longs Tunnels ? … C’est limite du foutage de gueule, ma belle ! Il a décliné son nom ? … Je vois. Il est partit depuis combien de temps ? Trois jours ? … D’accord. Je te reparle plus tard, d’accord ma puce ? Oui, à plus tard ~
  
  
  
  

Politique ? Longs Tunnels ? Cela a effectivement réussit à attirer son attention. Tranquillement, il se leva pour s’assoir sur le rebord de son lit alors que Misaki fit volte-face dans sa direction, arborant un faciès alarmé. Sa voix enjouée chuta immédiatement sur le ton de l’angoisse.

• On craint les ennuis, là.
  
  
  
  

***

Franchement, c’est l’épisode le plus ridicule auquel j’entends dans ma carrière en tant que Shinobi du pays de l’eau, pensa amèrement la chimère. Déjà que son humeur n’était pas au summum ce matin, dans le moment présent, ça frôle les abysses. Tout d’abord, qui aurait cru qu’un événement tel quel, qui ne le concerne nullement au départ, puisse être sujet d’une possible mésentente sur la présence du duo Kirijin au sein des Remparts de la métropole des flammes ? Qui sait quel pourrait être la réaction de l’Hokage en apprenant qu’il chouchoute de son village deux membres d’une patrie qui a refusé un bref accès derrière ses murs ? S’il le prend mal, le pire qui peut arriver, c’est la prison pour lui et la manipulatrice du cristal céruléen. Le mieux, c’est qu’il les bannis de son territoire à coup de coup de pieds dans le fion pour se venger.  Nous ne savons jamais comment ces dirigeants politiques peuvent réagir. Après tout, ils passent d’innombrables heures dans la paperasse sans en sortir. Ce n’est pas bon pour leur santé mentale ; regardez ce qu’est advenu du Shôdaime Raikage et vous comprendrez où je veux en venir.

Adossé sur l’un des Grands Remparts, vêtu en civil, majoritairement en noir, le jouvenceau à la chevelure argentée cherchait du regard le trentenaire qui correspondait à la description fournit par sa coéquipière, qui l’a reçue pareillement de cette amie inconnue dont nous en avons rien à cirer au final. Après-midi, le soleil d’été situé dans le ciel signifiait qu’il était proche de quatorze heures au minimum. Puis, il vit l’homme au teint basané et la fameuse cicatrice sur son œil gauche – un point commun que partageait nos deux personnages : ce sont des scarifiés et ce, du même côté ! Prenant un air absent de ressentit, Setsuna décida de l’accoster de manière neutre et directe, sans passer par quatre chemin. Arrivé au niveau de l’homme au chapeau de paille, qui n’avait pas encore franchit le seuil des limites de son chez-soi, son timbre monotone retentit.

• Le trentenaire. C’est comme cela que vous vous êtes identifié il y a quelques jours… Je me nomme Yuuki Setsuna, Jônin de Kirigakure. Je suis ici pour vous présenter des excuses sur la réaction de ma patrie lors de votre arrivé à l’improviste à notre village. Malgré que nous avons nos raisons, il n’y malheureusement rien pour justifier la méthode employée sur vous.
  

Puis, il s’inclina légèrement, grande preuve de courtoisie. Il voulait simplement corriger le tir qu’avaient commis ses frères d’armes. Le Lutin sous métamorphose connaissait pertinemment les règles de son village et il n’était absolument contre cette politique. Cependant, la méthode utilisée a été, cette fois-ci, hors de contrôle. Et d’une façon ou d’une autre, il devait également éviter le pire scénario qu’il pouvait envisager en cas de rapport extrêmement négatif de la part de l’homme. Si Kiri apprend que l'un de ses Épéistes est retenu prisonnier, ce sera le prélude d'une guerre certaine. Se montrer « courtois » est peut-être la meilleure solution pour prévenir cela. Qui sait, Setsuna n’en sait très peu sur les relations humaines…