Bon j'étais certes en vacance mais malgré tout il y avait quelque chose que je ne devais pas négliger, le repos. Non j'déconne, je parle de l'entraînement, bien que le premier ne soit pas à prendre à la légère non plus en période de vacance comme c'est le cas maintenant. M'enfin. Toujours est-il que j'étais parti à la recherche d'un terrain d'entraînement tranquille à l'abri des regards indiscrets afin de m'entraîner en compagnie de gamasuitou que je n'avais d'ailleurs toujours pas invoqué. Et oui, certes j'étais dans un pays allié ou en passe de l'être mais je n'avais pas réellement l'envie de montrer mes techniques à la totalité du village, par conséquent j'voulais m'isoler.

Malheureusement trouver un terrain tout en ayant la garantie de n'être ni surveillé, ni suivi, ni peuplé, c'était presque de suicide. J'avais vraiment le sentiment d'avoir des yeux invisible constamment sur mon dos. C'était un sentiment plutôt désagréable de se sentir épier de toute part comme si une présence décortiquait le moindre de vos faits et gestes. Soudain je vis une présence familière même si c'était difficile à croire dans un village étranger. Il s'agissait de l'homme qui m'avait accueilli à l'entrée du village et qui avait tenu à poser sa main sur mon cœur. Il semblait réellement bizarre à mes yeux comme je semblais être bizarre aux siens j'imagine.

Je m'approchais donc du jeune homme de manière la plus naturelle possible tout en prenant garde de ne pas être trop brusque un mauvais réflexe est si vite arrivé. Moi-même il m'étais déjà arrivé de scalpé quelqu'un car il m'avait surpris et personnellement je tenais à mes cheveux. J'arrivais finalement à une distance respectable de l'homme et je m'exclamais alors :


« Eh bien, monsieur l'inconnu, il semblerait que cette revoyure était écrite, finalement j'ai pu rencontrer votre chef, le personnage était intéressant, c'est le moins que l'on puisse dire. Que faîtes-vous dans un coin aussi reculé ? »


Je venais de dire ces derniers mots mais il pourrait aisément me retourner la question, et j'allais de nouveau mettre énormément de temps à m'expliquer. M'enfin la vie était faîte de situation dérangeante, celle-ci ne serait que l'une d'entre elle et je ne pense pas que ce soit la dernière. Il ne manquait plus que la fille et ça aurait pu faire une réunion d'ancien camarade ! Même si camarade n'est pas vraiment le terme adéquate. D'ailleurs je me demande ce qu'était entrain de faire les miens, Akeno, Shin, Shinji et même senseï. Quand je rentrerai j'allais avoir une tonne de chose à préparer, surtout le prochain conseil Seki, c'est quelque chose que j'avais vraiment envie de faire depuis longtemps, reprendre la tête du clan.

Le ciel était dégagé, mais il faisait froid. On aurait cru que le ciel était recouvert d'un voile opaque, empêchant de discerner la belle couleur azur. Enfin, on était en hiver, il ne fallait pas attendre beaucoup de choses à cette époque de l'année. Au mieux, on avait rien, au pire on avait froid, le nez qui coule, des couches de vêtements. Sans compter qu'on tombait plus facilement malade. C'était réellement irritant, surtout quand on travaillait un peu en extérieur.

Pour l'instant, Raki voulait juste relever les données météorologiques. Il voulait s'amuser à tracer quelques courbes pour voir ce que les saisons faisaient. Il s'en serait bien passé mais ce froid ne devait pas l'empêcher d'assouvir sa curiosité. Cela lui semblait être un minimum pour se détendre dans ce village.

Tranquillement, il marchait vers un des endroits qu'il s'était fixé. Il y en avait quatre en tout, dont un bien à l'extérieur de village pour voir la différence. Il n'y en aurait peut-être pas au final, mais ce détail ne pouvait pas encore être considéré comme une vérité absolue. Toute la lutte se trouvait là, dans la recherche d'une réponse. Bonne, mauvaise, dérangeante, fascinante, imprévisible, peu importait. Le cheminement avait la priorité sur tout le reste. A quoi bon prendre un livre ou un expert pour obtenir une réponse que l'on pouvait trouver d'une façon bien plus enrichissante ?

En parlant d'expérience enrichissante, il y avait ce type. Quelque chose en lui attisait un peu de curiosité. Au-delà des problèmes psychologiques qu'il avait en apparence (comme si lui-même pouvait parler sur ce point), ce type était intriguant. Déjà, il était de Kumo, donc un ninja, et d'un niveau assez correct en apparence. Il avait des manières, une sorte de pudeur, peut-être de la méfiance ? Raki n'aurait su le dire du peu qu'ils avaient échangé.

Marchant tranquillement, le jeune homme griffonnait quelques notes sur un papier. Décidément, cette énigme était retord. A moins que ce ne soit le froid qui engourdissait son cerveau. Au final, cela n'aurait pas de grande importance, il la résoudrait tranquillement avec une tasse de chocolat chaud entre les mains. Pour l'instant, il s'amusait avec sa sucette.

Un terrain d'entraînement lui avait semblé assez judicieux comme choix pour faire quelques petits relevés. Un peu à l'écart du centre du village, on pouvait considérer cela comme une préférence personnelle. Les gens qui s'entraînaient ne l'embêteraient pas pendant son petit travail, et lui non plus.

« Eh bien, monsieur l'inconnu, il semblerait que cette revoyure était écrite, finalement j'ai pu rencontrer votre chef, le personnage était intéressant, c'est le moins que l'on puisse dire. Que faîtes-vous dans un coin aussi reculé ? »

Raki sursauta légèrement. On s'adressait à lui. Il avait tellement été absorbé par son énigme que tout le reste était devenu temporairement inexistant. Cette voix lui rappelait un tout petit peu quelque chose. Vraiment vaguement. Après tout, le premier contact avec été plus physique, et donc sa voix ne s'était pas encore imprégnée dans l'esprit du jeune homme.

La manière de s'adresser à lui l'aida cependant à cerner le personnage un peu mieux. C'était le type de Kumo, le trou du cul assis comme un gland sur le beau sol tout... poussiéreux de la porte. En tout cas, dans ce « coin aussi reculé », il venait chercher un peu de paix, et l'autre était clairement un obstacle à sa petite paix.

« Je viens faire quelques petites choses, des trucs sans réelle importance. »

Il n'était pas vraiment d'humeur à retourner la question. Elle n'avait aucun intérêt à ses yeux. Une personne comme lui ne pouvait venir ici que pour s'entraîner. Cela le regardait après tout. S'il voulait passer son séjour à travailler, ce serait son choix. Enfin, un peu de chaleur ne ferait pas de mal en cette journée glaciale.

« Je suppose que tu es là pour t'entraîner, tu veux une sucette ? »

Raki lui en tendit une sortie de sa poche. Il n'y avait que peu d'intérêt pour l'instant à cette conversation. Il préférait commencer ses petits relevés, après tout, il était là pour ça. Après il résoudrait son énigme, et enfin peut-être s'intéresserait-il à ce parasite.

C'était assez étrange en soi, je le vouvoyais et il me tutoyait, une différence de culture et une différence de langage aussi. Le plus drôle c'est qu'il avait répondu à ma première question sans y répondre et avait formulé une supposition correcte sur la raison de ma venue avant de me proposer une sucrerie que je saisis dès que sa main fut tendue. Je réfléchissais un instant avant de rire un bon coup, c'était quelqu'un d'intéressant, je l'avais réellement juger un peu vite au départ. Je lui lançais amicalement.


« Effectivement je suis bien là pour m'entraîner malgré que ce soit des vacances pour moi, je ne peux négliger l'entraînement, j'aspire à devenir Jônin prochainement et pourquoi pas rejoindre l'unité spéciale de mon village par la même occasion. Enfin bien sur tout cela reste très potentiel. »


Je fixais le jeune homme avec un sourire au coin des lèvres tout en portant la délicieuse confiserie à mes lèvres. Puis je me mordillais le pousse avec violence laissant échappé du sang du doigt que je venais de mordre. Après quoi, je traçais une ligne de sang au milieu de ma paume avant d’effectuer des signes incantatoire et de la plaquer au sol. Un écran de fumée apparu à la suite de ce geste et un crapaud concrétisa tout cela. Je venais d'invoquer Gamataishi un petit crapaud de couleur rouge et noir portant des lunettes à son cou. Il me regarda un instant, regarda autour de lui avant de déclarer


« On est où ici ? On est pas à Kumo ! Pourquoi tu m'as invoqué têtard ? »


Je venais de faire appel à lui pour l'entraînement qui allait suivre cette rencontre mais en même temps ça me permettait de faire de la discute avec quelqu'un si l'autre ne parvenait pas à être captivé par mes paroles. Vu qu'il avait l'air d'être quand même assez bizarre ça ne m'étonnerait qu'à moitié. Je répondis donc à mon kuchiyose.


« On est au village de Konoha et je t'ai invoqué pour l'entraînement qui va suivre ! »
« A Konoha ? Mais qu'est ce que tu fous ici ? Et pourquoi ils laissent entrer des shinobis de Kumo dans un autre village ? »
« Une alliance est en cours et disons que je suis ici pour aider à son développement ! »


Ouais enfin aider à son développement c'était peut être vite dit, m'enfin toujours est-il que je me trouvais ici pour affaire et pour la plaisance aussi. Mais il me pressait de faire quelque chose que j'aurais dû faire dès notre première rencontre.


« Ah enfaîte et toi cher quidam, qui es-tu ? Il semblerait que tu aimes bien cette question ! »


Ceci était bien sûr un clin d’œil à notre première rencontre où il m'avait posé une question philosophique à deux francs après deux jours de marche dans un froid glacial et en me lavant dans l'eau glacé, autant dire pas dans la joie et la bonne humeur.

Raki ne tenait pas particulièrement à détailler à quelqu'un la raison de sa présence. Ce n'était pas parce que ce type venait de Kumo, ou qu'il n'aimait pas sa coupe de cheveux ou son odeur de transpiration. Non, c'était juste que le jeune homme savait pertinemment que cela n'intéressait que lui et donc l'utilité de l'expliquer était réellement moindre. Autant éviter de leurs aire perdre du temps et des efforts à tous les deux.

L'autre n'eût pas la politesse de refuser la sucette. Bon, Raki en avait un bon stock, mais cela lui faisait toujours mal au cœur d'en voir une qui ne finirait pas dans sa bouche. D'un autre côté, si Miroir la lui avait refusé, il l'aurait mal pris. Décidément, ce n'était pas facile d'être lui. Il ne savait même pas quoi faire pour être amical avec cet autre alors que ni l'un ni l'autre ne semblait réellement vouloir discuter. Leur dernière rencontre avait été courte, mais assez intense. Après tout, en quelques instants, il en avait appris plus qu tout ce qu'une conversation pouvait avec des mensonges et des propos évasifs. Miroir était-il malhonnête ? A vrai dire, cela n'avait aucune importance. Il était là, à côté de lui, enfin, proche de lui, et cela devait être la seule chose importante. Peut-être que Raki devait revoir l'ordre de ses priorités et le faire passer avant même s'il n'en avait pas d'envie particulière ?

L'autre confirma être là pour s'entraîner mais rajouta quelques propos intéressants. Des vacances, devenir Jônin, faire partie d'une unité spéciale. Il était bien plus bavard que Raki ne l'avait pensé à leur première rencontre. Un peu trop bavard. Les dents du jeune homme broyèrent la sucette dans sa bouche, la réduisait en dizaine de morceaux qui s'éparpillèrent sur ses papilles. Tranquillement, il en mit une nouvelle dans sa bouche, pendant que l'autre s'amusait avec une technique.

Kuchyose, hein ? Après tout, il avait bien dit un truc du chance, la Grenouille, son surnom. Cela n'aurait surpris personne de le voir invoquer un crapaud par la suite. Du coin de l'oeil, Raki jaugea cette invocation. Petite, pas très belle, à l'image de son invocateur. Peut-être qu'il ferait un merveilleux plat à cuisiner. Enfin, la pauvre bête semblait un peu perdue, se demandant où ils se trouvaient, et pourquoi. Logique en même temps. Lui-même aurait bien voulu savoir si d'un coup on le jetait dans un endroit inconnu.

« Ah enfaîte et toi cher quidam, qui es-tu ? Il semblerait que tu aimes bien cette question ! »

Raki avait à peu près fini de noter toutes les données qu'il désirait. Peut-être qu'un jour il aurait le double à collecter, mais pour l'instant ce peu lui suffisait. Le ciel, la pluie, l'humidité de l'air, la direction et la puissance du vent. Voilà. Il n'aurait plus qu'à assembler tout ça avec le reste et à continuer de s'amuser avec quand tout aura été noté.

Il lui restait deux choix dorénavant. Continuer à discuter avec cet étrange spécimen mi-homme mi-crapaud, ou retourner chez lui résoudre son énigme pour trouver le fameux titre dont il avait besoin. Ni l'un ni l'autre n'allaient disparaître du jour au lendemain. Il pouvait les repousser tout deux comme il le souhaitait. En fait, le paramètre « humain » entrait en jeu. Même si Raki n'était pas sûr de pouvoir l'appliquer totalement à l'autre, on pouvait au moins lui accorder la moitié. Ce serait vraiment dommage de gâcher une occasion de parler avec lui simplement parce qu'il était de mauvaise humeur. Bon, il ne lui restait plus qu'à répondre à cette question alors ?

« Moi ? Qui je suis ? Je te l'ai déjà dit, je suis Chance, et toi tu en manques ! »

Raki tentait de se remonter le moral, voulant trouver un peu de chaleur au milieu de cet hiver mordant. Une saison pouvait-elle avoir des dents ? A en juger par les dizaines de stalactites qui formaient une dangereuse mâchoire autour des maison, on pouvait s'autoriser cette métaphore. Si l'autre s'attendait à une réponse sensationnelle, il pouvait toujours rêver. Ce n'était pas le genre de Raki de s'amuser de cette manière. Du moins, pas tant que lui-même ne l'avait pas décidé.

Après avoir prononcé sa réponse, il se rendit compte que cela sonnait un peu comme une menace. Ce n'était pas volontaire, l'exaspération l'avait emporté cette fois. Après tout, tant pis. Un malentendu pouvait toujours être éclairci.

Accroupi, Raki fixait le crapaud. Le vrai. L'autre avait une importance modéré. Bon, c'était aussi un crapaud qui parlait, mais il était mi-homme mi-crapaud alors que celui-ci était plutôt mi-crapaud mi-homme. Une différence sémantique importante. Ou pas. En fait il avait juste envie de tirer sur les joues de l'invocation.

« Tu veux t'entraîner par ce froid ? Moi je préférerai prendre un bon chocolat chaud et rester au fond de mon lit. C'est un coup à tomber malade tu sais ? »

Spoiler:

J'étais légèrement déçu de la réponse du jeune homme à la question qu'il m'avait lui-même posé lors de mon arrivée dans ce village, surtout qu'il semblait être expert dans ces questions loufoques. Il m'avait répondu un vulgaire « Je m'appelle chance » comme réponse et je ne trouvais pas vraiment cela approprié surtout que je m'étais montré le plus courtois du monde en dévoilant un peu plus à cet individu. M'enfin passons. Visiblement il se plaisait dans des jeux de mots inutiles et dénudés d'intérêt, mais ce qu'il ne savait pas c'est que dans le jeu du fou, je n'étais franchement pas mauvais du tout et comme une démonstration vaut toujours mieux qu'un long discours voici un exemple concret du talent auquel je m'emploie de temps à autre.


« Dîtes moi mon cher ami, que pensez vous de la différence fondamentale entre un œuf et un morse ? Ne trouvez-vous pas au deuxième un degré de subversion considérablement moins important qu'à celui d'un éléphant ? Pourtant les éléphants ne pondent pas d’œufs, je pense que nous avons là une loi parfaitement empirique, l'éléphant ne pond pas d'oeuf donc il est plus dangeureux, donc ce qui ne pond pas d'oeuf est toujours plus dangereux ! »


Alors là bien entendu je partais dans un délire complètement invraisemblable n'est-ce pas ? Mais quelque chose me disait que j'étais capable de faire encore mieux ! Ceci n'était qu'un vulgaire échauffement afin d'éveiller mes synapses, il était temps de passer à l'étape supérieur de foutage de gueule. Attention c'est partit !


« Enfaîte Chance ça ne me plaît pas trop on va vous appeler Chancre, y'a qu'une lettre qui se rajoute mais ça a tout de suite beaucoup plus de signification ! Si vous cherchez des rapports logiques. Dîtes-vous qu'avoir des rapports est une nécessité pour porter ce nom ! »


Oui oui je sais ce que vous vous dîtes, là je suis parti vraiment très loin mais je pense qu'en même temps il a du comprendre que le foutage de gueule du style gâteau, j'en avais passé l'âge depuis longtemps même s'il m'arrivait de temps à autre d'avoir une rechute grâce à ma maladie. Enfin toujours est-il que j'allais maintenant répondre à sa dernière question et cette fois ci le plus sérieusement du monde.


« Certes, je peux tomber malade, mais un ninja qui ne s'entretient pas n'est pas performant ! »

L'invocation intéressait beaucoup plus le jeune homme que celui qui l'avait invoqué. On pouvait considérer que les crapauds avaient quelque chose de vulgaire, une allure peu esthétique. Mais qui s'en souciait ? C'était une espèce très intéressante, et aussi dérisoire que celui puisse paraître, les sorcières en raffolaient. Ce dernier détail avait une certaine importance pour Raki. Aussi stupide et puéril que cela puisse paraître, il voulait savoir si cette fascination des contes de fées avait un quelconque fondement logique. La bave de crapaud, les yeux de crapaud, les pattes de crapaud, on en trouvait dans toutes les pseudo-potions magiques. Était-ce si dégoûtant qu'on pouvait se permettre de les mettre à toutes les sauces ?

Azar parlait, mais Raki n'écoutait que d'une oreille distraite. Son monde à lui était déjà envahit par des théories et des idées fumeuses. Non, il ne voulait pas prélever la bave de ce crapaud. Pas encore. Elle pouvait avoir des propriétés intéressantes, mais pour l'instant il ne s'en souciait pas. C'était le cadet de ses préoccupations. L'autre parlait d’œufs, d'éléphant, de loi. Une loi. Une loi particulièrement intéressante oui. Pourquoi pas après tout ? Tout e qui vit doit suivre une règle. Quelle que soit cette règle, il y en a toujours une prédominante. Un homme ne peut pas voler. Une loi. Pour certains, elle avait plus d'importance que d'autre. Certains trichaient même pour avoir l'impression de renier cette loi. Une véritable futilité. Les hommes ne volent pas. Au mieux ils ne chutent pas lorsqu'ils sont en l'air. Chuter ? Une chute. Celle des mots. Des morts. Les trésors sont toujours enfouis là où l'on ne les attend pas, les réponses aussi.

Sa rêverie fut brusquement interrompue. L'autre venait de dire son « nom ». Chance. Que voulait-il dire de si intéressant pour que cela l'oblige à quitter ses pensées ? Certes, Raki pouvait penser quand et où il voulait, mais certains moments semblaient plus propices. Des fois il avait cette sensation de toucher quelque chose, d'approcher d'un but obscur. Quelque chose d’innommable.

En fin de compte, l'autre ne sortait que des idioties. Cela n'avait absolument aucun intérêt aux yeux de Raki. Et son intérêt passait souvent avant tout le reste. Enfin, signification, rapport, logique, nécessité. Des mots sans grande importance, des mots vides de sens. Pourtant ils parlaient, autrement que par la voix de Miroir -une voix ennuyante soit dit en passant. L'homme en lui-même devait être intéressant, mais dans une situation plus appropriée. Ses capacités, quelles qu'elles soient pouvaient avoir un intérêt. Sa façon de penser également. Tout pouvait donner une lueur à ce qui semblait terne. Il suffisait de trouver le bon angle.

Le bon angle, Raki commençait à le trouver. Pas celui pour Azar, mais celui pour son énigme. Celle qui le gênait, celle qui le narguait. Peut-être n'était-ce pas si difficile après tout. Ce type, pouvait-il seulement approcher de la solution ? Ce serait certainement un cas intéressant à étudier. Oui, lui soumettre cette énigme pouvait donner des choses surprenantes. Après tout, les autres étaient un facteur imprévisible. Toute une équation pouvait s'écrouler aisément si quelqu'un changeait un paramètre.

Alors que les questions commençaient à submerger l'esprit du médecin, Miroir continua de parler, mais son ton avait totalement changé. Il était plus sérieux, moins fou en cet instant. Il y avait de l'intelligence, de la lucidité, du détachement. Et pourtant, une chose, une ombre s'étalait autour de lui. Cela ne voulait pas forcément dire que quelque chose allait mal. Juste une impression de mystère chez cette personne. Elle affirmait que tomber malade ne lui semblait pas important comparé à ses performances en tant que ninja. Que savait-il des performances ? A quoi lui servirait sa puissance s'il ne pouvait pas l'utiliser ? Et à quoi cela lui servirait d'être l'homme le plus puissant au monde ? Qu'est-ce que cela changerait dans sa vie ? Quel était son but ?

Raki changea son centre d'intérêt. Il voulait savoir. Savoir pourquoi les gens voulaient toujours plus de pouvoir.

« J'aurai deux choses à te demander. La première, pourquoi tiens-tu tant que cela à devenir performant en tant que ninja ? La seconde, quel est ton nom, cette fois, je ne l'oublierai pas. En retour, je répondrai également à tes questions. »

A l'intérieur, Raki ne savait plus vraiment quelle étrange sensation il éprouvait. De la colère ? De l'inquiétude ? De l'excitation ? Ce n'était pas difficile d'identifier une chose en général, ni même d'en trouver la source. Mais en cet instant, il ne savait pas pourquoi cela lui semblait si important. Son énigme était déjà résolue, et ce type arrivait en première place sur sa liste. Et de loin cette fois.

Il n'avait même pas eu de réactions par rapport aux âneries que j'avais dîtes, je ne comprenais pas, il était indifférent alors qu'il s'agissait là de paroles du même acabit que qu'il me sortait depuis que je le connaissais, c'est à dire pas très longtemps. J'avais du mal à cerner le personnage et c'était là quelque chose d'assez troublant pour moi qui était généralement du genre observateur et très fin dans la manière de débusquer la véritable nature des gens. Enfin toujours est-il que malgré tout cela il me posa plusieurs interrogations.

Il me demandait tout d'abord pourquoi j'attachais tant d'importance à devenir fort et aussi mon nom, pour de vrai cette fois il semblerait. La deuxième ne me demandait pas beaucoup de réflexion la première en revanche c'était autre chose. Parce que oui après tout pourquoi je souhaitais devenir fort ? Cette volonté de développer son potentiel était lié à de nombreux facteurs, mais j'allais essayé de faire une synthèse de tout cela pour notre cher ami en face de moi. Je m'exclamais donc envers cet énergumène.


« Pourquoi, eh bien les raisons son multiple, tout d'abord et certainement la plus importante des raisons, car selon Gamasennin et une de ses visions je suis sensé accomplir quelque chose de grand ou du moins en être la source. La seconde, pour protéger mon village et ses habitants. La troisième car je suis un partisan de la paix et que malheureusement cela passe aussi par les conflits et les combats. Vient après la progression de l'échelle sociale et donc par conséquent au salaire inhérent à celle-ci. Une envie je dirais naturelle d'exposer mes capacités à mes camarades. En gros en si je devais simplifié ça en trois mots je dirais, paix, richesse, reconnaissance. Voilà, je trouve que ça sonne bien. »


Globalement j'avais résumé les raisons sans trop tourner autour du pot, et je n'avais aucune honte à reconnaître que j'aimais être en quelque sorte une diva, que tous les regards se tournent vers moi et la perspective de me faire ovationner par une foule serait un moment des plus exquis enfin, c'était certainement pas pour tout de suite. Je me devais maintenant de répondre à sa deuxième question, mon nom.


« Je me nomme Seki Azar ! A mon tour de posé des questions et comme tu as dis tout à l'heure que tu répondrai à toutes mes questions. J'aimerai ton nom, ton prénom, tes affinités et ton style de combat, n'hésite pas à me donner quelques exemples de techniques si tu te sens à l'aise ! »


Dis-je tout en sortant un crayon et un carnet de ma poche. Voyons voir s'il allait se prendre au jeu ou pas, j'étais assez dubitatif sur la question, mais nous verrons le dénouement de cette histoire assez tôt j'imagine.

L'autre avait l'air désemparé face à lui. Peu lui importait. Que quelqu'un comprenne ses motivations ou ses envies lui semblait inutile. S'ils pouvaient comprendre, soit. Dans le cas contraire, cela ne changerait pas sa vie. Enfin, tous les cas revenaient au même point. Pour l'instant, Raki voulait des réponses. Deux questions, dont une mineure. Son nom n'aurait pas d'incidence particulière, mais cela lui semblait important pour l'occasion. En échange de ses renseignements, il se sentait tout de même obligé de retourner la faveur. Si l'autre voulait lui poser des questions, qu'il s'amuse, cela ne lui posait aucun problème. Bien au contraire.

Ses raisons de combattre... Elles semblaient juste sorties de nul part. Déjà à cause d'une prédiction comme quoi il devait faire quelque chose de spécial ? En quoi cela impliquait de combattre ? Ne pouvait-on pas accomplir des choses en tant qu'être humain et non en tant que guerrier ? Rien que cette réponse sortait de toute logique appartenant à Raki. Dans un autre esprit, cela devait sembler tout à fait correct, à ses yeux non. Avoir la force de protéger son village et ses habitants. Cela semblait plus peaufiné, plus acceptable. Chacun veut protéger quelque chose, c'est une sensation parfaitement normale. Mais de là à se sentir obliger d'acquérir une puissance monstrueuse, il y avait des limites. L'argument de la paix, tellement futile. Raki n'y prêtait même pas attention. Lorsque l'on veut la paix, on ne va pas dans le sens opposer pour l'amener. Pour certain, c'était logique, autant dire que prôner une chose et faire le contraire, cela n'en avait aucune. Se faire bien voir par la société, avoir de l'argent, cela semblait futile aux yeux du médecin. Il n'avait aucune intention de devenir riche ou l'homme le plus connu du village. Être lui-même suffisait.

Sur les trois mots, seuls deux avaient de la valeur : richesse et reconnaissance. Les deux que Raki ne comprenait pas réellement. L'argumentaire lui semblait tout simplement pauvre. Pourquoi ne pouvait-il pas admettre vouloir être plus fort parce que cette idée lui plaisait ? Combattre, il aimait ça, Raki en était certain. Lorsque l'on aime pas combattre, l'on ne combat pas. Lorsque l'on a quelque chose à défendre, quelque chose qui compte plus que tout, on s'y tient. Non, ce type n'était pas tout à fait honnête. Ou bien s'il l'était et pensait sincèrement ses paroles, sa stupidité l'empêchait certainement de voir les vraies raisons. Malheureusement pour lui, Raki ne le trouvait pas stupide, ce qui le faisait pencher pour un manque d'honnêteté. On pouvait considérer que la raison principale était la reconnaissance, et presque l'unique.

Son nom revînt, résonnant aux oreilles du jeune homme. Seki... Azar. Seki, ce n'était pas ce clan qui utilisait des techniques bizarres avec le chakra ? Raki n'avait jamais eu l'occasion d'en rencontrer un, encore moins d'étudier ses techniques. Cela pouvait fortement l'intéresser. En d'autres circonstances. Il restait songeur, ne sachant trop quelle attitude adopter pour l'instant. Il lui fallait d'abord répondre à ses questions, avec la même qualité que celle reçue.

« Soit, je vais répondre. Je suis connu sous le nom de Senroji Raki. Tu peux m'appeler le Fou si ça t'amuse, c'est apparemment assez répandu chez ceux qui me parle. En ce qui concerne mes capacités, tu peux t'amuser à noter que j'utilise le Katon, et que je ne combats jamais. »

C'était tellement risible comme réponse, que lui-même en pouffait intérieurement. Pas crédible, mais pas crédible du tout ! Un ninja qui ne combattait pas, on ne voyait pas ça. On combattait, on gagnait de l'argent, mission après mission, adversaire après adversaire. L'autre ne pouvait pas avaler cette pilule si facilement. Et pourtant, ce n'était que l'exacte vérité. Raki avait des principes, et il les suivait à la lettre lui. Il n'avait pas besoin de lutter pour la paix, il était la paix. L'autre ne pouvait pas en dire autant, et cela dérangeait beaucoup le médecin.

« Maintenant, je vais réitérer ma question. Pourquoi veux-tu devenir fort ? Si tu veux être influent et reconnu, va dans le commerce, engage des mercenaires, et mène une dictature sur plusieurs pays dans l'ombre. Si tu veux protéger ton village, restes-y et prie pour la paix. Si tu veux sauver les habitants, concentre-toi sur la protection de leur vie, et non sur l'anéantissement de leurs ennemis. Alors je réitère ma question : pourquoi te bats-tu ? »

Il n'accepterait qu'une réponse, la seule qui puisse être vraie. Une vie à aimer le sang, à aimer combattre, il ne pouvait en être autrement. Et si par malheur, c'était le cas, alors ce monde n'avait plus aucun sens. Il y avait quelque chose d'étrange chez Raki, son regard avait changé, il devenait beaucoup plus sérieux et concentré qu'auparavant. Si cette discussion ne menait nulle part, Miroir ne lui servait tout simplement à rien. Une décoration, une gêne même, comme un pot de fleurs au milieu d'une pièce, juste pour empêcher de la traverser.

En premier lieu il ne dit rien sur mes propos, ne se demanda même pas pourquoi j'avais énoncé tel ou tel propos, puis il se contenta de répondre à ma dernière question que j'avais posé ironiquement, je ne m'attendais pas à ce que ses réponses soient viables. Il m'annonça donc qu'il se nommait Senroji Raki et qu'il avait comme affinité le Katon mais qu'il ne combattait jamais. Comme je le pensais à la base, cet énergumène était réellement bizarre, je ne parvenais pas à comprendre une telle manière de pensée.

A quoi cela lui servait-il d'être shinobi s'il ne souhaitait pas combattre ? A quoi cela lui servait-il de maîtriser le chakra s'il ne souhaitait pas s'en servir. Enfin pourquoi restait-il dans un village ninja alors qu'il était bien plus exposé au danger ici que dans un village de pêcheur au nord-ouest d'Iwa par exemple. Autant de questions qui n'avaient aucune réponse. Il était surnommé le fou par les gens ? Je parvenais sans mal à comprendre pourquoi. Imaginez vous le moule de la société possédant une empreinte carrée, eh bien ce type était un polyèdre à trente-trois côtés en comparaison, je sais c'est difficile à croire mais globalement c'était ça. Bref au vue de la situation, je voulais répondre mais bizarrement c'est Gamataishi qui s'exprima à ma place.


« Écoute gamin, j'comprends pas ce que tu fous ici à te geler les roustons, tu devrais simplement te lancer dans quelque chose que tu aimes dans un petit village, tiens, t'as qu'à te lancer dans le café soluble ! »


Globalement il venait de résumé ma manière de voir les choses si cet homme n'était pas ce qu'il voulait être, alors dans ce cas, il n'avait rien à faire en ce lieu, nous étions dans un monde perpétuellement en guerre et nous étions pour la plupart des combattants nous n'avions fait que ça depuis notre tendre enfance. Enfin bref je pense qu'il n'y avait rien d'autre à rajouter sur la question, chacun est libre de vivre sa vie comme il l'entend je présume. Enfin ce n'était pas ses seules paroles puisqu'il me redemandait la raison pour laquelle je voulais devenir plus fort en me demandant pourquoi je ne restais pas simplement au village attendant l'arrivée de mes ennemis pour protéger mes alliés, à cela je ne pouvais que répondre ceci :


« L'honneur n'est pas respecté de tous, Raki-san. Les menaces sont à l'extérieur comme à l'intérieur du village et la protection des citoyens ne peut se faire sans anéantir les menaces qui planent dans l'ombre. On ne peut pas simplement attendre que le mal soit à nos portes. C'était la politique de Kumo pendant des années de ne faire que réagir aux agressions et d'attendre, cela n'a que fait de nous rouiller pendant que l'érosion du temps grignotait nos frontières. Notre force est déterminante pour maintenir un statu quo, plus un pays paraît fort, plus il y a de chances que ses frontières restent en paix. Je dois moi aussi être fort pour garantir la paix, c'est aussi simple que ça. »

De la frustration. Finalement, un mot pouvait être placé sur cette étrange sensation. Il était complètement à l'écart de tout ce qui le motivait, et ne savait plus vraiment où se trouvait son objectif. Certes, cela n'avait rien de compliqué. Peu importait la direction, des choses l'intéresseraient. Le problème était plus profond à ses yeux. Quelque chose ne tournait pas rond. Et si on essaie de tourner carré, il y a un problème. Pourquoi voulait-on absolument protéger la paix de force ? Pourquoi protéger la paix à la base ? Raki ne comprenait pas. Des gens voulaient du mal à d'autres. Ce n'était pas une nouveauté. Les hommes se tapaient dessus depuis des siècles, et cela ne changerait pas avant un moment. Mais pour la vanité d'un seul, on en sacrifiait mille ? Pourquoi ne réglaient-ils pas leur différents comme des gens civilisés ? N'y avait-il que des bêtes parmi les habitants de cette ère ?

Le shinobi attendait une réponse, et la bonne. Pas une quelconque dérobade ou un demi-aveu. Les mercenaires aimaient la violence. S'ils n'aimaient pas, ils faisaient du baby-sitting. Cela ne plaisait pas à Raki de se sentir si chamboulé pour un si petit détail. Le monde allait de travers, et l'exaspération que ce fait lui procurait ressemblait étrangement à l'irritation d'une mission. Une de celle qui interrompt un important événement à ses yeux. Comme lorsque Aku avait décidé de mettre une réunion d'équipe pendant une de ses expérience. Raki avait d'ailleurs préféré ses petits pois sauteurs à la réunion ce jour-là. Cependant, cela n'avait pas grande importance. Lorsque le jeune homme désirait quelque chose, il se montrait extrêmement teigneux. Il avait des crocs, et savait s'en servir en cas de besoin.

A sa grande surprise, cela ne fut pas Azar qui se manifesta, mais plutôt l'immonde batracien. Qu'est-ce que Raki voulait pincer ces grosses joues et tirer dessus ! Sincèrement, qui avait eu l'idée de donner à un animal une tête de masochiste pareille ? On ne pouvait avoir qu'envie de l'embêter. Surtout quand cette bête parlait sans y être invitée. Et pour dire des choses inutiles en plus. Déjà, Raki ne s'amusait pas dans le froid parce qu'il était ninja. Sa présence n'était due qu'à sa simple curiosité pour la météo. Tout le reste n'était que pure coïncidence. Ensuite, le café soluble, c'était du déjà-vu. Aucune raison de relancer un vieux débat. Non, et en ce qui concernait le sous-entendu, Raki y songeait déjà. Après tout, pourquoi rester shinobi si ce chemin de lui convenait pas ? Lui n'avait aucun désir de puissance. Tout ce dont il avait besoin, c'était de réduire les autres à l'impuissance. Les forcer à l'écouter juste quelques instants, histoire de calmer les tensions et d'arriver à une solution moyennement pacifique. Une solution totalement pacifique requérait la participation des deux camps, impossible en temps normal.

Son « truc » à lui, ne consistait pas à montrer les crocs pour se faire entendre. Après tout, lorsqu'il les montrait, c'était qu'il avait déjà décidé de mordre. Autant dire que ce genre de situation n'avait jamais donné de bonnes choses. Fort heureusement, elles étaient excessivement rares.

Miroir continuait sur sa lancée, confirmant ce que le crapaud avait dit par la même occasion. On ne pouvait prôner la paix que lorsque l'on était assez fort pour la protéger. Tolérance zéro pour les menaces. On attaquait sans sommation. Drôle d'attitude. Surtout que tout le monde ne voulait pas forcément du mal.

Même si Raki essayait de s'y refuser, le raisonnement de son interlocuteur était assez juste. Il le savait. Son expérience se conjuguait à celle de Raki. On écoutait pas les faibles, on suivait les forts. Seuls ces derniers avaient leurs mots à dire, et les autres scandaient leurs noms. Une triste réalité. Ce n'était pas lui qui lutterait pour changer les choses. Une lutte occasionnait forcément des pertes, même si elle se faisait avec le plus total pacifisme. Après tout, les forts l'attaqueraient pour asseoir leur autorité. Rares étaient ceux qui toléraient ce genre d'excentricités. Ce n'était vraiment pas le genre de Raki. Non, si cette environnement ne lui convenait pas, il savait quoi faire. Changer d’environnement au lieu de changer cet environnement. Un petit voyage, de nouvelles têtes, de nouveaux défis. Cela semblait bien plus réjouissant de continuer à suivre un chemin qui ne lui appartenait pas.

« Je vois. »

Deux mots, pour ses deux interlocuteurs. Raki repartit quelques instants dans ses pensées. Tout lui semblait assez surréaliste. Le Domaine du Pouvoir. Ce serait un défi intéressant à relever. Parcourir le monde, libre de toute bannière, simplement pour visiter et rencontrer des gens. Résoudre des mystères par la même occasion, et aider quand il verrait une personne blessée. Oui, pourquoi pas après tout ? Voyager en tant que médecin pour parfaire ses connaissances lui semblait être tout à fait honorable.

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous rendre service ? Après tout, vous m'avez été assez utile pour deux guignols ! »

Il semblerait que le jeune homme comprenait un peu plus ma vision des choses, du moins c'est ce que je venais de conclure avec les deux petits mots qu'il avait daigné me répondre. C'était en soi assez chiant de discuter avec ce type puisqu'il parlait peu, il se contentait de répondre de manière concise. Merde. Je me sentais bizarre tout à coup, des voix dans ma tête ça ne peut signifier qu'une seule chose. Il vient de se réveiller. Ce il désigne le rêve éveillé, le monstre de mes cauchemars, le démon aux milles visages, mon dopplganger. Je m'exclamais alors bizarrement comme si j'étais dans une phase de transition...


« L'hiver est arrivé. »


Enfin libre, cela faisait combien de temps que je n'avais pas repris le dessus sur l'esprit de ce gamin écervelé, il n'était rien sans moi, rien du tout. J'étais vieux alors que cette ère était jeune, je suis l'aube à la nuit et le crépuscule au jour, je suis celui qui arrive lorsque tout le monde souhaite s'en aller. Je n'ai pas de noms pas de forme pas de corps, simplement une âme qui vogue de corps en corps provoquant, jouant, défiant, dérangeant. La folie porte un masque à mon effigie et la mort succombe lorsqu'elle me voit. Je suis le gardien.

J'étais face à quelqu'un ou plutôt quelque chose, je le regardais avec les yeux du gamin et ce que je voyais me paraissait étrange, soudain j'entends ce qui semble s'apparenter à un interlocuteur me qualifier de guignol ainsi qu'un autre visiblement. Je tourne le regard et vois un crapaud sur mon épaule, d'un geste vif de la main je balance un coup sur le vulgaire batracien qui saute au sol dans un coassement avant de m'interpeller de la manière suivante :


« Oh têtard qu'est ce que tu fais ? »


«  Ne me parle pas, être inférieur, je te surpasse en tout point ! »


«  Ah merde c'est l'autre ! »


«  Il semblerait bien. »


En effet notre timbre de voix à Azar et à moi-même étaient radicalement différents, il possédait une voix d'un timbre médium ni trop aigu ni trop grave et parlait de manière plutôt monotone. Tandis que pour ma part, mon timbre était grave et ma voix caverneuse et empreinte de tragédie. Je jetais des regards partout autour de moi avant de conclure d'un air satisfait.


« Konoha, je vois. »


Puis je détournais mon regard vers cet être qui était face à moi, aussi risible qu'un mulot et aussi important qu'une fourmis, j'ai rarement vu plus inutile, il est une farce de la nature envoyée sur terre afin de satisfaire les autres, c'est un déchet et même s'il n'est pas le seul dans sa condition, sa fin sera la même que tous les autres inexorablement. Cependant il venait de me qualifier de guignol ou bien était-ce pour Azar ? Au fond ça n'avait que peu d'importance. Je lui faisais l'honneur de m'adresser à lui.


« L'insouciance est un luxe que tu ne peux plus t'accorder car tu es en présence d'un roi, courbe l'échine comme devrait le faire tout ceux de ta race. »

Spoiler:

Tranquillement, Raki regardait les deux autres, tour à tour. Il y avait sans aucun doute un air de famille. Un peu éloigné. Des cousins perdus de vue depuis longtemps peut-être. Enfin, cela n'avait pas beaucoup d'importance. Ils avaient l'air assez proche. Au moins des amis. Peut-être même se sentaient-ils comme des frères. Le jeune homme en aurait bien voulu un de frère. C'était une relation qui lui avait manqué durant son enfance.

En tout cas, l'autre spécimen, le batracien à forme humaine, se comportait un peu bizarrement. Certes, cette conversation n'avait rien de banal depuis le début. On aurait dit un duel pour savoir lequel des deux méritait la palme du plus tordu. Il avait commencé à agir bizarrement, le regard perdu dans le vide. L'hiver était arrivé. Oui, depuis un petit moment, c'était un phénomène assez progressif. Ce n'était pas du jour au lendemain « Coucou, je suis l'hiver ! ». Non, ça ne marchait pas comme ça. On se les caillait la moitié de l'année, et on crevait de chaud l'autre moitié.

Une dispute conjugale commença à éclater lorsque Miroir jeta le crapaud à terre comme un déchet. Sur le coup, Raki eut un léger temps d'attente. Genre : Mais il se passe quoi là ? Oui, c'était étrange comme comportement d'un coup. Et la discussion entre les deux n'arrangeait rien à l'état mental d'Azar. C'était « l'autre ». Un mauvais présage sans aucun doute.

Au moins, cet « autre » l'ignorait. Ce n'était pas si mal, Raki pouvait tranquillement continuer ses petites affaires. Il avait l'air un peu perdu. Pas dans le sens où il ne savait plus quoi faire ni se tenir. Au contraire, une force impressionnante ce dégageait de cette personne. Et un peu néfaste au goût de Raki. Apparemment, cette personne connaissait Konoha. Logique, si elle partageait les connaissances de son hôte, on pouvait aisément supposer la suite.

Alors que le jeune homme se croyait tranquille, le regard de cet être inconnu se posa sur lui. Un frisson parcourut le dos de Raki. C'était dangereux, sans le moindre doute. Devait-il fuir en courant ? Certainement pas. Ce serait vraiment dommage de rater le moment le plus intéressant. Le nom de « Miroir » semblait tout à coup prendre un tout autre sens, une toute autre lecture.

« L'insouciance est un luxe que tu ne peux plus t'accorder car tu es en présence d'un roi, courbe l'échine comme devrait le faire tout ceux de ta race. »

Se courber ? Devant lui ? Quelle drôle d'idée. Un roi, une race, l'insouciance, un luxe. Un véritable luxe, et qu'il pouvait sans aucun problème s'offrir. Tout cela ressemblait à un jeu, et Raki voulait jouer. Il voulait désespérément jouer avec cet inconnu.

Se redressant pour se tenir debout face à cette personne, Raki laissa un léger sourire se poser sur son visage. Rien d'arrogant, rien d'offensant. Son regard brillait d'une étrange lueur, une curiosité mêlée à du respect. Avec un petit moulinet du poignet gauche, Raki s'incline, reposant essentiellement sur sa jambe droite. Son pied gauche ne touchait que par le talon, le reste du pied relevé. Le tout formait une étrange révérence. Très étrange.

« Je suis embarrassé de ne savoir comment me comporter en une aussi noble compagnie. Veuillez pardonner mon impolitesse. »

Raki ne se redressa pas. Après tout, il valait mieux attendre l'accord de son souverain temporaire. Peut-être y avait-il des choses à découvrir et à comprendre. Son intuition lui dictait de continuer. La discussion lui amènerait sans doute quelques anciennes énigmes à résoudre.

Cet être était peut être insignifiant mais il semblait être moins stupide que ce que j'avais prédit. En effet il se prosterna comme je l'avais demandé. Les hommes étaient pourtant habituellement une race fière, vouant une haine viscérale à celui qui leur ôterait leur confort. Ils étaient les seuls à être capable de chanter tout en ayant les pieds dans la merde. C'était quelque chose de bizarre et de totalement inhabituelle. Mais j'allais en profité puisque celui-ci semblait être si docile. Je ne le fixais pas, je regardais droit devant moi avant de m'exclamer.


« A genou, c'est là qu'est ta véritable place. Vous les hommes avez trop reçus et vous vous êtes enorgueillie de tout ces dons. Penses-tu que penser te donnes le droit de prendre une place qui n'est pas la tienne ? Vous êtes une des seule race à vous unir pour vous mettre sur la gueule. Des milliers d'êtres animés par une soif de pouvoir commune. Votre seule point commun c'est votre difficulté latente à vous comprendre. Vous êtes des ignares pourtant doués de raison, vous êtes bâclés. »


Je me taisais après ça, regardant le misérable vermisseau qui s'étendait à mes pieds. Je pouvais le broyer certes, mais cela n'apporterait rien de bon j'imagine. Le corps que j'habite était celui d'Azar et s'il était enfermé, cela ne rajouterait que des barreaux en plus à ma cage. Je n'aimais pas ce cafard qui fixait actuellement le sol, il ne me faisait ni envie, ni pitié, j'étais un paradoxe à moi tout seul puisque je ne pouvais supporter les hommes pour leur fierté et je ne pouvais supporter ce type pour son manque de cette dernière justement. Vous avouerez qu'il s'agit là de quelque chose de peu commun. Je reprenais la parole.


« Relève toi jeune sot, je vais t'éclairer un peu. Vous tous priez des dieux qui ne sont que de vulgaires idoles, il n'y a qu'une seule véritable croyance, celle d'Yggdrasil et de ses racines, rappelles t'en ! »


Soudain tout devint obscur, mon temps était il déjà écoulé ? On dirait que notre cher Azar reprenait petit à petit du poil de la bête, quelques secondes plus tard je perdais le contrôle de son corps. Enfin peut être que mes dernières paroles n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd et qu'il allait réagir en fonction de celle-ci.

J'étais revenu, il était encore trop tôt pour parler, mais je pouvais sentir à nouveau le contrôle de mes membres et mes nerfs optiques étaient à nouveau connecté. Il avait été difficile de reprendre le dessus. J'espérai qu'aucun fait marquant n'avait été réalisé pendant mon absence, je pouvais être dangereux, je le reconnais. Enfin une chose est sûre maintenant, il était toujours présent.

Raki s'amusait bien ici. Les événements prenaient une tournure totalement inattendue avec l’apparition d'un personnage inconnu. Enfin, ce personnage lui faisait face depuis le début. La seul différence était tout le reste. Tout ce qui n'était pas physique changeait visiblement. Le caractère, le savoir, l'intelligence, la voix. Il n'y avait plus rien qui reliait cette être à celui qui lui avait cédé sa place.

Phénomène surprenant, qui pouvait donné des résultats inattendus. Raki pouvait très bien s'opposer à lui. En terme de force, il rivaliserait peut-être suffisamment longtemps pour disparaître. Dans tous les cas, avec le nombre de ninjas dans le village, il n'y avait pas vraiment à s'inquiéter. Même dans le cas où la situation aurait du l'inquiéter, il aurait préféré mourir plutôt que d'être ailleurs.

Ce personnage était d'un orgueil à toute épreuve. Cela n'avait même pas le goût du défi de le surprendre. Se montrer docile était une chose facile quand on s'occupait bien peu de soi-même. Raki n'était pas du genre à se préoccuper de sa propre santé. Cela lui jouait parfois des tours, mais finalement, cela lui paraissait bien plus gratifiant de dédier son existence aux autres. Ce devait être la principale raison pour laquelle il avait décidé de devenir ninja.

Son attitude n'avait finalement rien d'une soumission. Peu importait la manière dont les autres regardaient la scène que lui aussi voyait. Ces visions n'avaient rien de commun. Rien que l'idée de les comparer aurait du les choquer. Qui aurait l'idée de comparer une tomate à une libellule ? Personne. Personne sauf Raki. Oui, après tout. Une tomate, cela ne ressemblait pas du tout à une libellule. Alors pourquoi ne pas regarder en quoi ces deux entités différaient ? Ici, c'était exactement la même chose. En quoi ce personnage différait du précédent. Qu'est-ce qui changeait ? Finalement, il n'y avait qu'une seule question. Enfin, et toujours la même : qui était-il ?

Combien de fois allait-il devoir la poser avant d'avoir une réponse ? Certes, il en avait eu des réponses. Trop même. Et elles continuaient d'affluer. Les humains étaient des créatures bâclées. Une vision intéressante des choses. Après tout, cela ne différait pas fondamentalement de ce que pensait Raki. Au contraire, cela semblait s'accorder. D'une manière bien étrange. Cela ne ressemblait pas à un chemin unique, ni même à un croisement. Juste à deux voix parallèles qui refusaient de se toucher. C'était une sensation excessivement étrange pour lui.

L'étranger lui ordonna de s'incliner, et il s'incline. Il lui ordonna de s'agenouiller, et il s'agenouilla. Il lui ordonna de se relever, et il se releva. Ce n'était pas une question d'ordre ou de puissance. En vérité, qui que soit cette personne, Raki l'avait déjà vaincu. Il l'avait déçu, surpris et irrité. Cela se sentait. Peu importait à quel point cet personne voulait lui faire face, elle ne pouvait pas réussir à saisir sa nature. Lui non plus ne saisissait pas la sienne. Il l'englobait.

Au moment où Raki pensait que tout cela devait cesser, l'autre commença un étrange discours. Une chose à savoir, une croyance, une culture. Yggdrasil. Ce mot résonnait dans sa tête. Il n'en connaissait pas encore la nature, mais peu importait. Sous peu il aurait remédier à ce léger détail, et irait même bien au-delà.

Soudain, sans réellement prévenir, la tournure des événements changea de nouveau. La présence oppressante se dissipait, et tout semblait revenir à la normale. Enfin, si ce terme avait encore un sens désormais. Cette fois, Raki était déçu. Il n'avait pas eu l'occasion d'assouvir sa curiosité. Tant de questions se posaient, et la personne qui pouvait y répondre venait de le laisser en plan. Un mauvais rencard sans doute.

« Qui était-ce ? »

Cette question. Encore et toujours. Raki commençait réellement à en être lassé. Pourtant, comment appréhender la suite s'il ne savait même pas exactement à quoi il avait à faire ? Un fou qui se prenait pour un dieu ? Un dieu qui venait à l'intérieur d'un fou ? Sincèrement, cela lui courait sur les petits pois sauteurs.

Une seule question restait en suspens lorsque je revins à moi, mon interlocuteur me demandait maintenant qui était la personne qu'il venait de rencontrer. Une question récurrente et incontournable pour tout ceux qui avaient vécu la même chose que lui aujourd'hui. Pourtant la réponse était et serait toujours la même puisque je ne connaissais pas l'identité de mon autre moi. Enfin si visiblement il s'agissait de moi mais pas tout à fait. Dans un cas de schizophrénie classique, une personnalité a le dessus sur l'autre et elle pousse généralement au vice et à la paranoïa. Dans mon cas en revanche, il ne s'agissait que d'un spectre et d'une cohabitation de deux esprits dans un corps, du moins c'est comme ça que je le percevais.

Malheureusement la créature, l'hôte de mon esprit ne m'avait jamais dis son nom et lorsqu'il prenait ma place j'étais dans un état de torpeur et je ne pouvais savoir qui ce qu'il disait et ce qu'il faisait, il m'était arrivé une fois de me retrouver en plein milieu d'un champ de bataille où des corps décapités étaient disséminés autour de moi. Je ne vous décris pas comment des questions me taraudèrent l'esprit après une telle vision macabre. Était-ce moi l'auteur de abomination ? Pour quelle raison avais-je fait cela ? Pourquoi n'étais-je pas en mesure de contrôler ce changement et ainsi de suite. Je suppose que l'homme face à moi souhaitait une réponse claire à ce sujet, ça allait être délicat à apporter.


« Cependant dans mon univers, l'évidence même se camoufle en énigme et la question se voile sous un masque n'étant pourvu ni de chair, ni d'os, ni de sang, ni de peau. C'est la réponse que je vous ai donné aux portes lorsque vous m'avez posé cette même question. Maintenant vous comprenez un peu plus la portée de ma réponse. Je ne sais pas ce qu'il est ou ce qu'il a été. Je ne sais pas ce qu'il sera. J'ignore même si tout cela n'est que le fruit de mon imagination s'octroyant une personnalité dans mon corps. En revanche tout ce que je sais, c'est qu'il est en mesure de faire de moi une marionnette et cela m'effraie. Enfin n'ayez crainte, généralement la période entre deux apparitions est de plusieurs mois. Je ne devrais plus être inquiété d'ici mon départ du village caché de la feuille. »


Théoriquement en tout cas, malheureusement avec les maladies de l'esprit ce qui sûr ne l'est pas et ce qui ne l'est pas peut l'être. Pour dire autrement : c'est le merdier. Enfin toujours est-il que lorsque j'aurai une fenêtre assez grande pour m'en préoccuper, j'irai à Suna, on dit qu'un vieil ermite dans une cabane dans le désert est réellement doué pour comprendre les maux du monde. Ca ne pouvait en aucun cas me faire du mal de toute manière.

Est-ce que cette personnalité avait un nom ? Cette question taraudait Raki. Il voulait des réponses, comme toujours. Mais plus il en obtenait, plus les questions lui semblaient nombreuses. Chacun avait ses problèmes, certains en avaient justes des plus complexes. Raki se moquait du crapaud, de leur ressemblance, ce petit jeu était fini. Miroir avait une chose en lui, et tant qu'il ne saurait pas quoi, cela le frustrerait.

La réponse qui lui fut donné n'était pas à la hauteur de ses attentes. Elle était au-delà. Sur ce chemin parallèle, que lui sentait sans voir. C'était comme d'être enfermé dans une prison, avec trois murs et des barreaux. On ne voit pas les prisonniers de notre rangée, mais on sent leur présence. Sans les voir, on sait qu'ils sont là, on communique tant bien que mal. Il manquait juste une sorte de proximité. Un contact. Pas forcément physique, Raki n'avait pas très envie de se coller à Miroir. Bien que cela aurait été intéressant dans un autre contexte et avec une autre personne. Il avait déjà senti les battements de son cœur, le reste semblait purement superflu.

L'histoire parlait encore de masque, de camouflage. En fait, pour résumé, dans son esprit il ne connaissait absolument rien. Autant le dire concrètement au lieu de tourner autour du pot. D'un coup, Azar perdait beaucoup d'intérêt. Parler à un pion était irritant quand on avait eu le chef d'orchestre un instant plus tôt. Enfin, il y avait à craindre finalement, Raki ne révérait probablement pas le noble esprit de si tôt. Ses apparitions étaient sans doute très espacé. Vraiment dommage. Goûter à du cinq étoiles rendait soudain la nourriture quotidienne plus fade.

Peut-être n'y avait-il plus rien à faire, peut-être Raki avait-il déjà tout tiré de Azar. Une marionnette n'avait peut-être aucun intérêt. Peu importait que ce soit une personnalité qui prenne le contrôle. Cette chieuse lui donnait envie d'en apprendre plus sans lui en donner plus. Cela ne coûtait certainement rien de se détendre et de poser les questions.

« On peut dire que t'es vachement bizarre toi. Tu devrais peut-être consulté pour... ces problèmes. »

D'un geste de la main, Raki désignait l'ensemble de son interlocuteur. Bah oui, en plus de la folie, il lui fallait un peu de chirurgie esthétique. Beaucoup même. Mais le dire directement aurait sans doute été un peu trop impoli. Autant s'en tenir aux bonnes manières. Après tout, il ne lui avait pas dit qu'il sentait excessivement mauvais à son arrivée, pourquoi dire une chose pareille maintenant ?

« Sinon, même si tu sais pas ce que c'est que ce machin, tu peux peut-être répondre à d'autres questions. Déjà, sais-tu ce qu'est Yggdrasil ? Ton alter ego en a parlé, et ça m'intéresse. Ensuite, c'est quoi l'histoire de prophétie que tu dois accomplir ? Depuis quand est-ce que ça t'arrive ce genre de chose, à quelle fréquence et dans quelles conditions ? Y a-t-il un facteur déclencheur ou est-ce un parfait Azar ? (I'm so sooorry) Je suppose que tu ne sais même pas si tu es fou ou si c'est un esprit qui te possède, alors j'éviterai la question stupide. Par contre, est-ce que des gens auraient pu avoir l'idée de te maudire ? Genre rituel occulte. Si oui qui ? J'aimerai bien les rencontrer. »

Je pouvais voir dans le regard de mon interlocuteur qu'il était tout autant subjugué par ce qu'il venait de voir qu'inquiet pour ma santé mentale. Il s'agissait là d'un sentiment assez étrange que d'être considéré comme fou par quelqu'un l'étant probablement encore plus que moi. Mais ceci dit après ce qu'il venait de se passer, je ne me voyais lui faire aucun reproche. Raki me conseilla d'aller me faire examiner par des médecins ou autre savant afin de régler mes « problèmes ». L'emploi du pluriel à cet endroit là me suggérait qu'il ne faisait pas que référence à mon problème d'ordre mental mais aussi à d'autres choses pas forcément plaisantes à entendre. Je me contentais de répondre posément à sa remarque fort peu aimable de la manière suivante.


« Vachement bizarre. Oui, certainement, mais sur ce continent nous sommes des millions d'individus et aucun ne se ressemble donc au fond je ne suis pas plus différent qu'un autre. Et puis, quand on te regarde, on ne peut pas affirmer que tu sois saint d'esprit non plus ! »


Je venais de lui renvoyer sa remarque déplaisante en plein dans les chicots et cela me comblait de joie. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. Peut-être était-ce ce petit air suffisant qui se dévoilait à chacun de ses propos qui me mettait inconsciemment dans un esprit de compétition infantile avec lui, je vous avouerai que je ne me posais pas plus de questions que cela. Je fixais maintenant l'homme lorsqu'il me posa différentes questions.

Il me demanda tout d'abord ce qu'était Yggdrassil, ce mot ne m'étais pas inconnu puisque mon alter-ego l'avait évoqué plusieurs fois depuis qu'il prenait possession de mon corps. J'avais donc effectué plusieurs recherches sur le sujet. Ensuite il m'interrogea sur mes précédentes paroles concernant une prophétie ayant été énoncée par Gamasennin, la première et la deuxième question n'avait bien entendu aucune relation. Ensuite diverses questions sur la pathologie qui m'affectait, peut être était-il un médecin, si oui, aurait-il une hypothèse si je répondais à ses questions ? Le tout était de tenter j'imagine. Enfin il abandonna le côté scientifique de la chose pour me demander si des gens avaient pu me maudire et où il pourrait les rencontrer le cas échéant. Je prenais donc quelques secondes pour formuler une réponse adéquate puis je lâchais :


«  Yggdrassil, il en parle souvent lors de ses interventions. Grâce à mes recherches je suis parvenu à trouver son origine. Il s'agit d'une sorte de religion et Yggdrasil serait un Dieu-Arbre dont les branches relieraient divers mondes. La religions viendrait d'un autre continent au nord d'Iwa, c'est un livre trouvé dans un temple qui en parlait. La prophétie m'a été donnée au mont Myoboku par le grand sage Gamasennin, elle stipulait que dans l'avenir je devais apporter la sagesse au monde shinobi en voyageant au quatre coins du monde, mais que cette prophétie pouvait s'avérer caduque en fonction de ma réponse à un certain choix. »


Je faisais une pause afin de laisser l'énergumène enregistrer tout ce que je venais de déclarer et ce qui était certainement la partie la plus intéressante du discours, en gros celle qui concernait pas ma maladie. Il était temps d'y venir d'ailleurs.


« Ce genre de chose m'arrive depuis que je suis jeune, certainement depuis ma naissance sans doute. Pour la fréquence, cela va en se dégradant même si cela reste léger. Lorsque j'étais bambin, il faisait irruption tous les six mois je dirais, maintenant que je suis adulte, une fois par mois. En somme on peut conclure que dans vingt années ce sera chaque semaine si je ne trouve pas une solution. Il n'y a pas d'élément déclencheur mais lorsque ça arrive mon champ de vision cesse brusquement d’exister et je tombe inconscient. Enfin, non, personne ne m'a ensorcelé à la naissance ! »

Le Kumojin semblait piqué par sa remarque. Cependant, autant dire qu'un perroquet vaudou accroc à la cocaïne fumant des nuages venait de lâcher un pet de trente décibels de l'autre côté de la Terre. Raki n'en avait strictement rien à faire. Les seules choses qui l'intéressaient n'auraient certainement aucune réponse. Depuis le début tout était évasif, en fait, Azar n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait dans sa tête. Comme c'était affligeant.

L'autre prétexta la diversité pour justifier son état. Certes, on ne pouvait pas dire qu'il était le seul fou au monde. Cela ne le rendait pas plus lucide. Une fausse excuse pour se rassurer sûrement. A quoi bon ? Être différent n'avait pas que des inconvénients, il y avait pleins d'avantages. Comme... Euh... Avoir la chance de penser de sa propre manière ! Bon, d'accord. Ce n'était pas si facile de trouver un quelconque avantage. Enfin, un avantage que seuls ceux réellement différent possédaient.

Miroir semblait vexé. Le pauvre. Il voulait peut-être une autre sucrerie ? Raki en avait pleins après tout. Il aimait ça. Il attaquait. Oh oui, montre les crocs petit crapaud. Raki trouvait cela excessivement amusant. Il devait bien être la seule personne contre qui les attaques de ce genre n'avait aucun effet. Lui-même n'était pas saint d'esprit ? Oh, le Chûnin en aurait bien rougi.

« Merci. »

Quoi ? Ce n'était pas un compliment ? Tant pis. Raki aurait pourtant parié que cela y ressemblait. Ce type était tellement mignon et naïf. Il voulait lui tirer les joues comme à un bébé. Question puérilité, chacun devait gagner une palme.

Plus intéressant par contre, les réponses à ses questions. Yggdrasil correspondrait à un culte. Mais plus intéressant, cela venait des recherches de Azar. Donc avant de faire des recherches, il n'avait aucune idée de ce à quoi cela correspondait ? Donc l'autre personnalité ne partageait rien avec lui. Pas de mémoire, de connaissances, de réflexions. En soi, cela ne voulait pas non plus dire beaucoup. Peut-être même rien du tout. Après tout, dans le cas où une personnalité devenait prédominante, elle pouvait très bien plonger dans une sorte de coma l'autre, qui n'avait aucune idée de ses agissements. C'était possible alors que cette personnalité ait décidé de lire et se soit improvisée Dieu d'un culte oublié. Possession ou folie. Un vrai dilemme.

Les prophéties étaient rarement fiable. Pas dans le sens où elles ne se réalisaient jamais, mais plutôt qu'elle modifiait l'ordre pré-établi. En connaissant un destin, on pouvait se retrouver à ne plus savoir exactement comment agir. Ce n'était plus la personne qui agissait, mais la prophétie qui guidait ses pas. Parfois, en essayant de l'accomplir ou de la renier, on finissait par obtenir un résultat fort désagréable. Rien qu'en regardant le Kumojin, Raki pouvait d'ores et déjà avancer que ce serait son cas. En essayant de réaliser ce pourquoi il était né, il se barrerait lui-même la route. Cela ne l'empêcherait pas pour autant d'atteindre son but, mais cela lui coûterait très probablement cher. Les prophéties ne servaient qu'à cela. Faire payer à quelqu'un le prix d'un avenir.

Raki avait les informations les plus intéressantes. Le reste serait sans doute plus inutile pour d'éventuelles recherches. Visiblement, cela remontait à aussi loin qu'il se souvienne. Ce serait donc depuis sa naissance selon lui. Cela ne voulait rien dire. La fréquence d'apparition augmentait lentement. Enfin, un renseignement intéressant. Azar sombrait dans l'inconscience lorsque l'Autre se manifestait. Donc la théorie d'une simple folie n'était pas à exclure. En soi, c'était gênant. Raki aurait bien voulu conclure à une possession. Au moins il aurait eu quelque chose d'intéressant à étudier.

Finalement, l'intéressant ne tomba pas. Azar soutenait qu'on ne l'avait pas ensorcelé. Enfin, c'était une expression assez vague pour Raki, il entendait par là tout ce qui pouvait être considéré comme malédiction. Si un esprit avait été scellé en lui, cela correspondait aussi à une malédiction. Rien que comprendre un tel sceau serait intéressant.

Tranquillement le jeune homme déballait une nouvelle sucette. Il prit son temps pour la mettre en bouche. Le temps de réfléchir à ce qu'il pouvait dire. Ce n'était pas si simple. Les questions avaient déjà été posée, les conclusions qu'il pouvait en tirer n'appartenait qu'à lui. L'autre n'avait probablement même pas envie de les écouter.

« Intéressant tout ça. Mais tu n'es jamais allé à l'origine du culte dont ton alter ego parle je suppose. Un livre seul ne peut pas suffire à donner toutes ls réponses. Tu devrais songer à y aller pour te faire ta propre idée. Tu découvrirais peut-être des choses exceptionnelles qui te donnerait une idée sur ta prophétie. »

Raki se laissait distraire par quelques insectes volant tranquillement. Ils étaient vraiment peu méfiant avec un crapaud dans les parages. Un petit coup de langue et... hop ! Plus d'insectes !

« Il y a encore peut-être une question. Est-ce que le temps durant lequel l'autre domine va en croissant également ? »

C'était vrai après tout. On pouvait supposer que si les interventions se faisaient plus fréquentes, c'est que l'autre côté devenait plus fort. Dans ce cas, sa durée d'intervention pouvait également s'amplifier. A moins que ce ne soit une relation plus compliquée.

Le jeune Raki me proposait de me rendre dans les pays au nord d'Iwa ? Afin d'y découvrir le culte dont mon alter-ego parle de tant ? Etait-il sérieux ? Non parce que je veux dire, se rendre dans des terres inconnues pour trouver un culte dont les membres se situent on ne sait où et ayant pour but on ne sait quoi, ça me faisait drôlement chier je devais bien l'avouer. Mais que voulez vous que je vous dise.

Ce type en face de moi était certainement le genre de type à aimer l'aventure pour rien, je veux dire par rien qu'il serait prêt à se lancer à dans la découverte sans en connaître les tenants et aboutissants ! Je ne trouvais pas ce genre de personne très intéressante mais celui-ci était différent de part le fait qu'il semblait dire quelque chose qu'il ne pensait pas, c'était assez troublant, il faut le dire. Je me devais de répondre à son discours, parce que le laisser simplement dans le vent en me murant dans le silence n'était pas une de mes actions favorites. Je prenais donc la parole afin de lui dire quelque chose comme ceci :


« Désolé, mais mes responsabilités ne me permettent pas de partir à l'aventure dans des terres inexplorées. Dernièrement j'ai tué un homme de Suna dans une mission et son compagnon semblait vraiment rancunier à mon encontre. Normal me diras-tu. Ceci dit c'est assez ironique quand on pense que c'est le mort en question qui a déclenché le conflit. Bref je m'égare en bavardage, j'en reviens au but, un nouveau conflit entre Suna et Kumo est né de ce décès. »


Un dialogue portant sur un discours que je ne voulais pas tenir. Cet homme était mort par ma faute, j'ai voulu montré ma force pour le dissuader de continuer le conflit mais cela n'avait pas marché. Quant à cet homme, il est mort en protégeant ses camarades et c'est une action noble de la part d'un shinobi. Le jeune Raki m'interrogea encore une fois sur ma seconde personnalité, sur cet autre moi qui rongeait mon corps. Il me demanda si la durée de possession était elle aussi croissante. Ma réponse fut quasiment immédiate.


« Non, sur ce point c'est assez bizarre puisque en réalité c'est comme si nos consciences s'affrontaient continuellement sans qu'aucun de nous deux ne s'en rendent compte et lorsque l'un a gagné, il prend le dessus. Peut être est-ce vraiment un esprit et que de ce fait son chakra est faible dans mon corps ? Je ne peux émettre que des hypothèses je ne suis sûr de rien. Mais revenons en un peu à toi, pour quelle raison ne participes-tu à aucun combat ? »

Que pouvait-il bien attendre de cette vie ? Azar avait beau être une personne intéressante, elle perdait sa valeur si l'on cessait de la regarder pour une autre. Raki avait souvent ce genre de dilemme. Fallait-il s'intéresser à telle ou telle chose ? Après tout, chacune avait ses forces, ses faiblesses, sa particularité. Lui semblait assez perdu dans l'ordre de ses priorités. Non pas qu'il soit peu certains de ses choix. Au contraire, il y avait une assurance dans ses mots, dans son attitude. Mais tout cela se jouait sur l'apparence. Dans l'étroitesse ou l'infinité de ses pensées, pouvait-il en assurer autant ?

Sa décision était plutôt simple. Ne pas enquêter pour son village. Un choix assez peu judicieux aux yeux de Raki. Déjà, il laissait bien son village dans une situation inconfortable en ce moment même. Alors pourquoi ne pas faire de même ? Il restait pour plusieurs semaines, cela revenait certainement à peu près au même. Tout revenait à son village. Pour protéger les habitants, pour rester proche de son village, pour servir son village, pour devenir plus fort. Non, ce n'était pas lui. Cela n'avait strictement rien à voir avec l'étincelle dans ses yeux. Son village comptait sans aucun doute. Mais ne pas connaître la vérité pouvait donner une situation très dangereuse. Après tout, si l'esprit en lui devenait soudainement trop puissant, son village pouvait se retrouver en grave danger. Peut-être qu'en cherchant les origines de son problème, il aurait trouvé des réponses, et même une solution. Quelle folie de se priver d'une chance pour venir en amis visiter un village allié.

Parmi toute ces choses qui sortaient de sa bouche, l'une d'elle ne choquait en aucun cas Raki. Il avait tué. Évidemment. Tous les shinobis font ce genre de choses. En était-il triste ou fier ? Son acte amenait une tempête sur son village. Un danger dont il devait assumer les pleines responsabilités. C'était amusant de l'observer. Raki pouvait dire qu'il regrettait, mais pas la raison. Avait-il honte d'avoir nui à son village ou d'avoir pris une vie ? Ou peut-être se reprochait-il de ne pas avoir été assez fort pour arriver à une solution pacifique. La vraie question portait sur son degré de détermination. Pouvait-il payer pour la vie qu'il avait prise ? Pouvait-il réellement assumer ce poids ? La majorité des ninjas pouvaient. Ils avaient ça en eux, cette rage, et ce manque de compassion.

L'intérêt de Raki pour Azar s'amusait sur des montagnes russes. Tantôt il ne voulait rien savoir, tantôt il voulait en savoir plus sur ses motivations, et tantôt il voulait connaître l'autre lui. Cela l'énervait un peu. En ce moment, il n'avait plus d'intérêt pour son aspect fou. La seule chose qui comptait était sa détermination. Aussi quand l'autre lui expliqua ses hypothèses sur la personnalité qui émergeait, Raki écoutait d'une oreille distraite, le laissant à plus tard. On range « pas plus longues » dans une petite boîte, et on la ressortira au moment le plus approprié.

La question qui fut posée ensuite réveilla quelque chose. Une conscience au bord de l'inconscience revînt, stupéfaite par la question. Posait-il réellement une question pareille ? Pourquoi ne pas combattre ? Hé coco ! C'est l'inverse : pourquoi devrait-il combattre ? Ce gars n'a pas compris de sa funeste expérience ? Il vient de faire d'un village entier son ennemi à cause d'un combat, et il demande comme si de rien était. Là, Raki n'était pas content du tout. Il était même furieux. Si ce type était réellement sérieux sur ce point, alors il n'avait décidément rien compris ni appris. Une démonstration valait certainement mieux qu'un long discours.

L'enseignement par l'exemple. En un coup, pourquoi ne pas combattre. Raki avait un air sombre et menaçant dans ses yeux. Ce type le mettait hors de lui. Une chose rare. Glissant rapidement sa main sur sa jambe, il en retira un Kunai. Il n'y avait qu'à lui montrer ce qu'un combat apportait. Ce que cela créait. D'un bond, Raki se précipita sur Azar, s'arrêtant à une distance si petit qu'il aurait pu détailler chaque parcelle de peau de l'autre.

Le sang coulait. Sa couleur immonde glissait lentement. Détaillant chaque courbe qu'elle croisait. La douleur devait être délicieuse en cette instant. Raki ne pouvait pas la ressentir. Ce n'était pas lui, pas son corps, pas cette fois. Ce sang qui coulait de sa main ne devait pas être à lui. Ou alors ses nerfs avaient décidé de ne pas transmettre le message. Son kunai était planté dans sa main gauche, mais la douleur ne l'atteignait pas.

« Ça ne me fait pas mal. Et tu veux que je te dise pourquoi ? Parce que je n'ai pas pris de vie. Je n'ai pas causé une souffrance qui ne peut être remboursée. Tu me demandes pourquoi je ne participe à aucun combat ? Tu viens de donner des réponses qui iraient parfaitement. Tu viens de mettre en danger le village que tu protèges en combattant. »

Raki arracha le kunai planté dans sa main. Son chakra venait déjà s'occuper de refermer la plaie. Cela se faisait rapidement, juste entre eux deux. Le sang ne coulait plus et la plaie était déjà fermée. Il n'y avait pas grand chose à dire de plus. Les mots pouvaient parler, mais ce geste en disait tellement. Il maîtrisait des techniques médicales. Il sauvait des vies. A quoi bon apprendre à le faire si d'un autre côté il cherchait à en voler ? Suffisamment de gens s'occupaient déjà de tuer pour que lui-même n'en ait pas besoin.

« Je connais la valeur d'une vie. Je connais la douleur d'une perte. Mais toi, la connais-tu ? »

Raki tendait son kunai à Azar. Ce n'était pas du masochisme ou du sadisme. C'était une démonstration. Qu'il le prenne ou qu'il le laisse, cela ne regardait que lui. Qu'il perce sa main ou qu'il abandonne aussi. En tant que médecin, cela lui semblait invraisemblable. Ce type ne devait même pas comprendre ce que signifiait un tel geste. Il ignorait les anges qui se jouaient de lui. Aveugle aux morts, sourds aux vivants, muets pour ses pairs. Tout revenait à se simple choix. Agir, ou regarder.

Spoiler:

Il semblerait que pour une raison obscure ma question avait vexée mon interlocuteur ? Bizarrement il s'agissait toujours des questions les plus innocentes qui touchent le plus. Vous savez ces vérités qu'habituellement les bambins disent à haute voix alors que les plus grands les esquivent comme s'il s'agissait d'une maladie. Pourtant ce n'était que des mots, il n'y avait pas là de quoi renverser un empire. Dans le cas présent c'était la même chose. Nous pouvions dénoter un changement radical dans le comportement de mon interlocuteur et cela coïncidait avec ma demande d'expliquer un peu plus en détail pourquoi il ne voulait pas se battre.

Le voilà qui s'approchait de moi à une distance tout à fait irresponsable et intimidante puisqu'elle perturberait l'espace vitale de tout un chacun. Mais pas la mienne. Le voilà qui sortait une arme maintenant. Pensait-il m'impressionner ? S'il faisait quelque chose d'irresponsable ici et maintenant, je ne protesterai même pas, mais mon invocation irait raconter directement la totalité de ce qu'elle avait vu au Raïkage et quelque chose me dit que la suite des aventures n'allait pas être reluisante, ni pour lui, ni pour son village. Enfin, pour le moment n'en venons pas à de si cruelles extrémités.

Le voilà qui utilisait maintenant sa propre arme contre lui avant de se soigner. Un médecin hein ? Comme je l'avais suspecté, c'était une information importante, mais son discours l'était encore plus . Il affirmait sans rien connaître que je venais de mettre en danger le village pour lequel je m'étais battu jusqu'à présent, il devenait important de lui rabattre son caquet cette fois. Ce monde n'est pas pour les utopiste, la paix ne viendra que lorsque une pluie de sang aura coulée, même si c'est malheureux, il s'agit là de quelque chose d'inévitable. Les hommes ne peuvent pas se comprendre. Je m'exprimais afin de répondre à son affirmation.


« Je risque certes de provoquer de mauvais événements pour mon village, mais c'est ce dernier qui m'a envoyé sur cette mission. Et j'ai proposé à celui que j'ai tué, de me prendre comme otage en contrepartie de la réussite de notre mission. Il est celui qui nous a attaqué en premier. Nous ne pouvions pas nous comprendre. J'étais tiraillé entre deux choix, j'ai fais celui que le code des shinobis nous imposait. J'ai fais celui que tout bon ninja aurait fait. Mais tu n'es rien de tout cela, tu es un lâche qui ne sait prendre des responsabilités. Voilà ma conclusion après nos échanges. »


Voilà ce que je venais de dire tout en saisissant le Kunaï qu'il m'avait tendu la suite du discours allait suivre afin qu'il comprenne un peu plus mon point de vue . Je continuais le dialogue :


« Tu es une personne capable d'empathie et c'est tout à ton honneur, mais tu es un incapable en tant que shinobi et te confier une équipe serait synonyme de tous les condamnés à mort. Tu te sacrifierais certainement pour sauver l'un des tiens et tu abandonnerais certainement une mission si elle comportait trop de risques. Tu es indigne de ton statut de shinobi. Et pour ton jeu avec le Kunaï, tu oublies la troisième option, le hasard. »


Je lançais alors le Kunaï en l'air de manière à ce qu'il virevolte tantôt le côté tranchant et pointu vers le bas, tantôt vers le haut, je ne bougeais pas d'un pousse et attendait simplement de voir ce qui allait se passer, je pouvais me faire transpercer le crâne ou bien simplement avoir une bosse, ou même qu'il se loge dans l'épaule, je n'en savais rien, je me contentais d'attendre. Finalement il me frappa du côté non dangereux sur l'épaule gauche avant de rebondir sur le sol. Je m'exprimais alors envers l'homme qui s'éloignait toujours un peu plus.


« Il semblerait que tu es tord, une fois encore, Senroji Raki. »

Citation :

Rp clos. A moins que tu veuilles répondre !