De retour dans les bas quartiers, mon point de chute en somme, je me dirigeais instinctivement vers mon bar favori ! Devant les portes de celui-ci, je pris le temps d’épousseter ma veste et d’arranger mon écharpe autour de mon cou avant d’ouvrir la porte d’un grand coup de pied et d’hurler :
- CHIEN GRATUIS, QUI QUI N’EN VEUT ?
Les clients et les habitués me fixèrent d’un air louche, car brusquement interrompu dans leurs diverses activités. Mais au bout de quelques minutes d’explications et de menace aussi, j’avais à mes côtés une joyeuse bande de loubard aussi con que des huitres, mais avec des cœurs gros comme ça ! Ma foi ce n’était pas totalement de leur faute il faut dire… Personne n’a jamais pris le temps de les écouter ces gens-là, et avec leur sale trogne, ils font souvent peur aux autres sans le vouloir ! Certains avaient déjà suivi la voie du juste en trouvant un travail honnête et en essayant de s’instruire (entre eux, avec la carte des boissons du bar… donc leur vocabulaire n’était pas très fourni certes, mais ils pouvaient vous faire un cocktail les yeux fermés !).
Bref, nous débarquions donc en ville, sous le regard médusé et effrayé des citoyens qui devaient croire à une invasion de pouilleux aux bras gros comme mes cuisses. Faisant fi de tous ces gens-là, j’emmenais mon armée sur le lieu de mon précédent échec…
Comme je m’y attendais, les chiens n’avaient pas bougé et étaient toujours aussi féroce ! Après un rapide coup d’œil, j’essayais encore une fois de déterminé qui pouvait bien être le chef parmi eux… mais rien à faire. Après un soupir suivit d’une inspiration je criais à mes troupes :
- CHARGEZ !
Et nous nous élancions dans la bataille, essayant de capturer chacun d’entre eux. Ce ne fut pas une mince à faire ! Bon nombre de mes compagnons succombèrent à une morsure mal placé aux parties intimes, mais la bataille semblait en notre faveur ! Moi-même je fus mordu à la cuisse par une espèce de petite teigne ! Le truc tout décrépi à qui il manque des poils un peu partout sur le corps…
Au bout de quelques minutes, tous les chiens furent capturés. En rang, bien en ligne, ils me montrèrent tour à tour ceux qu’ils avaient pu récupérer et j’essayais de deviner à l’instinct, lequel je recherchais… En toute logique, il devait s’agir d’un chien plutôt imposant et pas trop moche vu qu’il possédait des proprios et qu’il ne vivait pas constamment dans la rue. Mon choix se porta donc sur une espèce de gros chien noir, tout bourru avec le poil un peu sale mais en bon état…
J’autorisais mon groupe à garder les chiens qu’ils avaient reçu avant de repartir à la base. Certains, des mastocs de deux mètres, avaient la larme à l’œil en serrant une boule de poil pleine de puce qui essayait à chaque instant de leur croquer un bout de visage ! Emouvant n’est-ce pas ?
Plus tard, en compagnie d’un de mes amis, nous nous rendions à l’adresse du commanditaire pour lui rendre son imposant canidé !
- Dis… tu trouves que je fais pouilleux, habillé comme ça ?
- Euuh… non j’trouve pas ! Pourquoi tu me demandes ça d’un coup ?
- Pour rien, laisse tomber…
Je me disais bien qu’elle disait n’importe quoi la vieille de tout à l’heure ! Non mais ! Bref, après avoir trouvé l’adresse du commanditaire, je frappais à la porte, avant qu’une dame toute joufflue n’ouvre l’air un peu paniqué.
- Que voulez-vous ?
- Bonjour madame ! Je suis venu vous rapporter votre chien !
Je présentais tout fier, attaché au bout d’une laisse, le fameux chien noir recueilli après la bataille.
- Mais ce n’est pas lui ! Mon chien ne ressemble pas du tout à ça voyons ! Tenez, c’est lui sur cette photo !
J’avais tout faux sur ce coup-là… Le chien qu’elle me montra n’avait rien d’imposant, rien de propre, c’était juste la petite merde qui m’avait fait un bleu à la cuisse ! Devais-je pousser le vice en lui disant que non seulement son cleps était une teigne mais qu’il avait aussi mis en place un véritable gang de canidé sous sa coupe ?
- Hum… Je m’excuse madame, je vais immédiatement corriger mon erreur…
Il fallait maintenant que je retrouve lequel des gars l’avait récupéré au plus vite, en espérant qu’il ne lui ai pas déjà donné un nom… Affaire à suivre !