L’Hasegawa quitta les quartiers du Mizukage. Quelle raison l’avait poussé à visiter cet endroit ? Une mission. Il venait juste de rentrer, l’ayant à peine terminé. La logique des choses aurait fait qu’il se soit immédiatement dirigé chez lui pour récupérer ses heures de sommeil perdues, car il fallait le dire, il n’avait pas dormi assez, mais pas cette fois. Ses résolutions, il comptait bien les respecter car pourquoi en instaurer si on ne s’en tient pas ? Il aurait voulu retourner à son appartement et profiter d’un peu de nourriture, mais il se força à ne pas songer à cette possibilité. Ses journées étaient gaspillées à cause de cette logique qui lui disait de toujours rentrer chez lui lorsqu’il s’absentait pour une mission. Il allait donc profiter de cette matinée pour mettre à profit ses techniques et améliorer ses jutsus. Cela faisait partie de ses nouvelles résolutions, un entraînement régulier à base d’au moins trois à quatre heures par jours. Oui, c’est assez précis, mais ça s’avère source de motivation, allez savoir pourquoi. Après avoir profité de la belle vue qu’offrait la hauteur du Palais du Mizukage, il se mit en route de l’Archipel de Mizu no Kuni, un endroit qu’il appréciait tout bonnement et qu’il trouvait adapté à un bon entraînement.

Il filait de toits en toits puis quitta la zone pour rejoindre l’Archipel. Il aurait très bien pu se diriger aux terrains d’entraînement qui se trouvaient non loin de sa position actuelle, ou encore à la Montagne Bleue, mais il préférait varier les paysages et cela l’aidait plus dans ses exercices. Il finit donc par arriver à destination. C’était plutôt calme. De tristes nuages gris arrivèrent rapidement, annonçant le futur début d’une pluie. Tant pis, ce n’était pas un problème pour le Sabreur qui ne comptait pas revenir sur ses pas juste à cause d’une modification de la météo, et à vrai dire, il préférait s’entraîner sous la pluie plutôt que sous un soleil radieux où il s’épuisait plus.

« Bon, je vais me poster ici, près des rives, c’est mieux, pis faut que j’commence à entraîner mes nouveaux jutsus, je les maîtrise comme une merde. »

Se parler à lui-même, c’était une nécessité. Non pas qu’il soit totalement alliéné ou bien schizophrène, ou tout autre chose de ce type, mais qu’il se sentait mieux lorsqu’il parlait, que ce soit avec quelqu’un ou totalement seul. Il s’exécuta donc et se plaça à l’endroit indiqué. En effet, les techniques qu’il avait apprises n’étaient pas totalement au point, il ne pouvait pas s’en servir correctement et donc elles ne servaient pas à grand-chose pour l’instant. Son sabre vint se glisser dans ses mains, il se mit ensuite à se concentrer pour que son chakra puisse circuler facilement dans son corps et s’obligea à le concentrer au niveau de la lame. La technique était assez simple, son énergie Raïton devait s’impreigner sur sa lame et cette technique a pour but de gêner l’adversaire à l’endroit visé. L’art de l’Hasegawa se basait surtout sur ça, l’immobilisation, le gêne, le ralentissement. Toutes ces choses qui peuvent être essentielles lors d’une phase d’un combat. Des petits éclairs bleus entouraient la lame.

« Bon, finalement ça semble marcher, faut juste que j’arrive à faire durer ça un peu plus longtemps. »

En effet, la technique en soit fonctionnait, mais il ne forçait pas assez sa lame et donc celle-ci n’autorisait pas l’affinité à circuler librement sur le métal. La lame de Gin le domine plus que lui ne la domine à l’heure actuelle. Il mettait trop de temps avant d’acquérir une nouvelle technique, et sa progression n’était pas assez bonne. Après quelques tentatives il put maintenir le Raïton pour une durée de cinq secondes. C’était trop faible, beaucoup trop faible. Il devait faire en sorte que l’épée puisse tenir de façon illimitée et que cela lui épuisait lentement son chakra, c’était l’objectif.

Sa concentration s’échappa et il s’intéressa à quelque chose d’autre, plutôt quelqu’un. Il apercevait, à quelques centaines de mètres plus loin, un autre homme, apparemment lui aussi venu s’entraîner. Intéressant. C’était de plus en plus fréquent ces temps-ci, le fait qu’il croise d’autre personnes s’entraîner en même temps que lui. C’est normal me direz-vous, ce monde se base sur les shinobis, et leur puissance ne peut être développée qu’au fil des entraînements qu’ils apportent. L’Hasegawa rangea son épée et s’approcha de la position de l’inconnu.

« Hasegawa Gin, enchanté. Dis-moi, j’me fais un petit peu chier tout seul, ça te dirais qu’on s’entraîne à deux dans cet endroit quasi-désert ? »

Drôle de façon de se présenter.

Il écoute. Chaque mot à son importance dans les paroles d’un Shinobi, son nom, son grade, la façon dont il parle, ça fait déjà beaucoup d’informations que l’Hasegawa peut intégrer à sa liste car oui, il a une liste, dans sa mémoire. Gin a une très bonne mémoire, les ninjas qu’il rencontre ne disparaissent jamais de sa tête, leur nom, leur visage, leur grade, leur pouvoir, toutes ces choses qui seraient utiles à recracher si les protagonistes venaient à se retrouver une nouvelle fois. Un Gekei. Le blond portait une fascination incroyable à ces êtres mi-hommes, mi-animaux. C’était tellement pratique de posséder ces deux fonctions, les zoomorphes sont des sujets qui suscitent un grand intérêt chez le Sabreur. Il se souvient alors tout de suite d’Akishi, le Loup, un type plutôt sympathique. Qu’allait-il rencontrer cette fois ? Il n’en avait aucune idée et il fallait qu’il ait une réponse rapide à cette question. Gin essaye de jouer tactiquement. Certes ce n’est pas digne du style de combat d’un Sabreur, mais il se doit un minimum d’utiliser ses neurones pour triompher dans un duel. C’est la clé du succès, la tactique. Généralement, il s’habitue à attaquer tête baissée, enchaînant les coups d’épée, exécutant des jutsus sans trop réfléchir à comment les exploiter. Ce n’était pas une bonne technique et cela reflétait bien son grade, Genin. En parlant de grade, celui de son adversaire n’était pas identique au sien. Lui était un Chunin, donc une case au-dessus de lui. L’Hasegawa n’accordait pas une réelle importance au grade. Pour lui ce n’était qu’un classement, une hiérarchie, et rien d’autre. Si l’on observe certains Genins en les comparant à d’autres Chunin, on remarque que ceux qui sont en bas de l’échelle peuvent très bien triompher de ceux qui sont un tout petit peu au-dessus d’eux, il avait, pour lui, toutes ses chances dans ce futur combat. Mais il ne fallait pas qu’il ne se base que sur ça, s’il avait été promu Chunin c’est qu’il était plus puissant qu’un shinobi de base et donc qu’il avait une expérience plus approfondie du monde des ninjas.

« Toi, t’es plutôt direct comme type, j’adore. »

Il allait enfin s’amuser. C’était tellement mieux de tester ses techniques sur un vrai corps que de dépenser son chakra dans le vide. Il prit ses distances avec le Gekei, laissant une marge d’au moins vingt mètres entre eux deux. Il ne savait pas quel était son pouvoir de zoomorphe et donc envisageait le pire, il ne fallait pas qu’il attaque bêtement. En général, l’Hasegawa laisse ses adversaires attaquer en premier afin de les analyser un petit peu. Rien qu’au début on différencie facilement un mec qui vous rue dessus qu’un mec qui disparait et qui vous lance une série de jutsus à distance, le style de combat n’est pas le même. Mais il s’avère que Gin est un petit peu un mélange des deux et donc on n’arrive pas tellement à lire en lui, il est aussi bon au corps à corps qu’à distance. Là il va devoir s’adapter à la situation et ce n’était pas plus mal car il allait pouvoir comprendre comment il se défend. Le style de combat de Gin est assez tactique et il essaye d’exploiter au maximum les possibilités qui se présentent à lui avant d’attaquer.

Il allait à présent employer un enchaînement lambda qui n’a pour but que de comprendre la défense de son adversaire. Il attrapa deux shurikens de sa pochette, il lança les deux en même temps mais en cacha un dans l’ombre de l’autre. Au même moment, il s’élança et concentra son chakra dans ses jambes afin d’augmenter sa vitesse de déplacement pour pouvoir par la suite rattraper son projectile. Le shuriken finit donc par dévoiler l’autre et avaient pour cible le côté gauche de Masashi tandis que Gin s’occupait du côté droit avec sa lame. D’un coup horizontal, rapide, fluide, il visa la hanche l’épaule de l’adversaire. Le toucher n’était qu’un objectif secondaire, il voulait surtout voir comment il allait réagir à cette attaque.

Son attaque avait finalement fait mouche. Enfin, ce n’était pas tellement son sabre qui avait touché l’adversaire mais plutôt l’étoile qu’il avait lancé avant de se ruer sur le Gekei. Celui-ci se retrouva éjecté à quelques mètres de là. Cela prouvait une chose : il n’était pas intouchable. Le chakra que notre protagoniste arrivait à ressentir n’était pas celui d’un quelconque shinobi débutant, non, c’était là celui d’un ninja plutôt expérimenté, un Chunin, Gin n’allait donc pas le prendre à la légère et allait donner tout ce qu’il avait. Il plaça sa lame en face de lui de sorte à se protéger un minimum des attaques de son adversaire. Quelques secondes plus tard, un son strident résonna au creux de son oreille, il se courba machinalement et plaça une main sur la zone concernée, pour tenter d’atténuer la douleur, mais en vain. C’était un Genjutsu. L’homme en face de lui était donc un manipulateur de cet art qui suscite un grand intérêt chez l’Hasegawa. Ce n’était pas sa spécialité, il n’arrivait pas à exécuter des illusions efficaces qui pourraient affaiblir ses opposants, non, lui s’en tenait à une bonne maîtrise du Taijutsu et Kenjutsu. Cela déstabilisait totalement sa défense et donc il n’était pas apte à contenir la prochaine attaque du demi-animal. Celui-ci profita donc de la situation à son avantage pour attaquer le blond et lui assener un puissant coup au visage. Celui-ci fut éjecté à son tour à quelques mètres derrière lui. Le son s’était arrêté, Gin se releva, essuyant le coin de ses lèvres à l’aide de sa main.

« Oh, du Genjutsu… Pas mal, pas mal. »

L’éventuelle idée de posséder des jutsus de la sorte s’avérait plutôt intéressant. Bien que le Sabreur était plutôt axé sur du corps à corps plutôt qu’un enchaînement de technique, il aimerait bien avoir quelques illusions à son inventaire de technique. Cet art était tellement perfide, tellement stratégique qu’il fallait qu’il en acquiert les connaissances. Mais pour l’or, il ne s’en tenait qu’à contrer ces jutsus plutôt que de les apprendre. Se battre contre un spécialiste du Genjutsu n’était pas de tout repos, cela changeait totalement sa tactique initiale. Cela impliquait qu’il devait éviter de croiser le regard de son adversaire. Et oui, cela se joue principalement grâce aux pupilles. Il suffit qu’elles entrent en contact pour que l’illusion se déclenche. Mais il s’avère aussi que certains jutsus ne nécessitent pas forcément un regard pour qu’ils opèrent mais ils apparaissent de manière instantanée. Heureusement pour lui, l’Hasegawa possédait une technique qui lui permettait d’annuler les illusions jusqu’à un certain niveau, mais au-dessus de ce niveau, cela n’a plus aucune efficacité. Il fallait qu’il s’en serve à bon escient car cela lui consommait tout de même du chakra et il ne voulait pas être à court d’énergie si tôt dans leur duel.

Il prit un instant pour réfléchir. C’était à son tour d’attaquer et il fallait que son sabre puisse atteindre son opposant. Il attrapa donc une dizaine de sembons qu’il envoya sur son adversaire avant de leur insuffler une légère quantité de chakra pour les rendre électriques. Si ces outils atteignaient l’adversaire, l’endroit visé serait donc plus lent. Au même moment, Gin posa une main au sol et de la foudre s’y rependit en direction du Gekei. Ces deux jutsus se montraient assez intéressant puisque combinés ils permettaient de réduire moyennement la vitesse des mouvements de son adversaire. Il s’élança, épée pointée devant lui. Hanches, épaules, torse. Son enchaînement était rapide, précis, sa maîtrise du Kenjutsu lui permettait un bon maniement du katana et donc ses mouvements se montraient assez fluides et il savait viser les endroits qui tendaient à affaiblir son adversaire. Après cela il fit un bond en arrière, laissant place au Chunin.

« Voilà, voilà, Gekei, je t’attends à présent. »