Il était un peu plus de deux heures du matin. Le désert était bien plus agréable sans soleil, cette saison. Les gens dormaient l’après-midi quand il faisait trop chaud et étaient généralement éveillés durant la matinée et la soirée, où ils pouvaient pleinement profiter, sans avoir a lutter contre la chaleur. Se déplacer en urgence vers la sortie du village, de nuit, était plus agréable qu’on pouvait le penser. Les impulsions du Jonin sur les différents murs ou toits des maisons rompaient le paisible silence de la nuit. A chaque bond, il sentait cet air frais ruisseler entre ses cheveux. Seule l’ordre qu’il tenait en main lui rappelait le cadre officiel de son déplacement aujourd’hui. D’après ce qu’il avait pu comprendre la frontière Est du pays avait subit une violente attaque. Hayato la connaissait très bien, puisque cette frontière séparait Kawa no kuni de Kaze no kuni… Elle avait été le théâtre de nombreux évènements importants pour Suna, ou pour lui-même. Kawa no kuni était également une frontière naturelle entre Suna et Konoha. Avec la conclusion apportée par la guerre, il fallait espérer ne plus avoir à ériger de défense de ce côté. Toutefois, en lisant le message la première fois, Hayato n’avait pas pu s’empêcher de penser à une attaque de la Feuille. Assimiler le fait que Konoha n’était plus un ennemi n’était pas encore évident.

Pour éviter les pertes de temps inutiles, il avait envoyer deux oiseaux mécaniques aux domiciles respectifs de ses deux partenaires. Ils étaient conçus de manière à provoquer un sifflement bruyant lorsqu’ils atteignaient leur destinataire. Très pratique pour réveiller un Sunajin en pleine nuit et très amusant à regarder. Par contre, moins drôle pour les éventuels voisins. Grâce à la technologie apportée par les Saibogu, Suna avait su se montrer plus innovante que les autres villages cacchés sur certains domaines. Certes, pour les messages diplomatiques de plus grande importance, utiliser un oiseau rapide restait de rigueur, mais ces petits messagers mécaniques convenaient parfaitement pour ce genre de situations. Les deux Genins ne pouvaient qu’apprécier.
Dans son message, Hayato introduisait avec une excuse pour le réveil brutal, puis enchaînait en expliquant que l’équipe devait se réunir à la Voie Illusionnée, pour une mission de Rang B, à l’extérieur du village. Enfin, il terminait en rappelant de bien s’équiper et en ajoutant qu’il préciserait la mission dans le désert, sur le chemin.

De son côté, Hayato avait fait le nécessaire pour préparer l’escapade dans le désert. A un rythme de course normal, un shinobi mettait environ un jour pour atteindre la frontière, ce qui était trop long compte tenu des circonstances. Se souvenant alors d’une astuce qu’utilisait son propre sensei, Akio, pour pallier à ce genre d’inconvénient, le marionnettiste avait été cherché trois robustes chameaux. L’avantage de cet animal était qu’il pouvait progresser jusqu’au lieu convenu d’une seule traite, à vitesse constante, sans devoir s’arrêter ni pour boire, ni pour manger ou se reposer. De telle sorte que, le voyage censé durer un jour, en étant réduit à cinq voire six. Ils seraient sur les lieux au petit matin. En faisant ce petit calcul, Hayato grimaça, car entre temps, le responsable aurait certainement déjà filé loin. Ce genre de chose arrivait fréquemment lors d’attaques nocturnes. « Hit and Run » une technique très pratique en tant de guerre, car elle permettait de mettre la pression à sur un village avec un effectif réduit. Pour s’en prémunir, une stratégie risquée mais efficace était d’envoyer une importante partie de ses effectifs à différents points de la frontière afin de pouvoir contrer l’assaillant avec facilité.

Il y avait donc de très fortes chance pour que la mission ne se transforme en chasse à l’homme… Peut-être même leur faudrait-il passer la frontière. En voyant arriver ses compagnons, Hayato fit intérieurement le vœu que tout se passe bien.

- Quel honneur et quel plaisir n’est-ce pas ? Être appelé de si bonne heure à devoir défendre son village ! Vie de shinobi, comme Art, ne sont qu’allégresse continue.

Habile antiphrase qui, combinée au ton surjoué du marionnettiste, soulignait bien l’ironie de ses paroles. Cette petite figure de style était une manière originale d’accueillir les deux hommes et puis de manière générale, il préférait éviter l’habituel « salut, ça va ? » qu’il trouvait… trop éthéré. S’il était vrai que pour Hayato, l’art était éternel, le reste était surtout une sorte de critique par rapport à la situation présente. Personne n’aimait être réveillé en pleine nuit, même pour un cas grave, mais il fallait tout de même le faire parfois. Un destin qu’avaient accepté tous ceux qui prétendaient au titre de shinobi. Particulièrement inspiré par une lune et des étoiles absentes, Hayato présenta sur sa droite les trois montures, invitant ses deux interlocuteurs à « prendre place ».

- Nous nous dirigeons vers le post avancé du village, sur la frontière Est. Apparemment, une puissante explosion aurait ravagé les lieux. Le Sunajin survivant, à l’origine du message, pense qu’il s’agit d’un Nukenin. Dans tous les cas, il faudra être particulièrement prudents. Notre mission consiste à trouver et attraper le responsable.

[...]

Conformément à ce qu’il avait prévu, la traversée du désert ne mit que quelques heures. Le soleil se montrait timidement derrière le trio lorsqu’ils purent apercevoir ce qui ressemblait à un champ de bataille. Hayato s’arrêta en premier et approcha sa monture d’un point d’eau près du quel, le camp de Sunajin s’était installé. Il marcha au milieu des décombres pour analyser la scène. Les tentes, les abris, le matériel, tout semblait avoir volé en éclat. Seule une tour en bois et pierre rudimentaire, tenait encore, branlante. Un Sunajin blessé et boiteux en sorti pour accueillir les trois envoyés. A voir ses yeux, il semblait avoir vu un fantôme.

- Vous êtes enfin arrivés… C’est terrible !

- Vous devez être l’auteur du message, que s’est-il passé ?

- Je… il y avait puis… D’un coup ! Et je pouvais rien faire et puis ...

- Calmez-vous... On va aller discuter loin des décombres pour que vous soyez plus serein.

Hayato se tourna vers ses deux compagnons et pu voir à l’horizon qu’une autre équipe ninja, apparemment composé d’Eisen-nin, s’approchait également des lieux, bien qu’il n’y avait plus grand monde à soigner.

- Je vais prendre sa déposition, pendant ce temps, essayez de voir s’il n’y aurait pas des traces ou un indice quelconque sur le type qui aurait commis ce crime.

Laissant les deux autres s’occuper de l’expertise du terrain, Hayato s’était posé dans un coin pour discuter avec le rescapé. Visiblement troublé – et le mot est encore trop faible – l’homme peinait à aligner les phrases. Ses mains tremblaient comme s’il avait froid, chose impossible car depuis la température n’arrêtait pas de monter depuis l’apparition des premiers rayon de soleil. Le contexte particulier de la mission rappela au marionnettiste une situation similaire où il était arrivé précipitamment sur les lieux d’une catastrophe et avait interrogé l’unique témoin. Par la suite, il s’était avéré que cet individu était en réalité l’auteur des faits, déguisé afin de mieux tromper ses ennemis et leur donner de mauvaises indications.
Pour éviter de retomber dans ce genre de piège, mais également pour créer un climat plus favorable à la discussion, Hayato s’était mis à lui poser des questions. Il avait commencé par lui demander son nom, puis avait enchaîné sur sa famille, avait appris que l’homme allait être père bientôt et qu’il avait augmenté le rythme des missions afin d’avoir assez d’argent pour l’enfant,… parler de ses proches avait eu l’effet escompté. Le véritable interrogatoire allait pouvoir commencer.

- Alors, dîtes-moi… Est-ce que par hasard, vous auriez aperçu le responsable de… tout ça ?

- Je n’ai rien pu voir.

- Il doit y avoir quelque chose… Un signe, un message, un objet anodin…

- Maintenant que vous le dite, je me souviens que peu de temps avant l’explosion, certains semblaient observer du mouvement, du côté de la frontière Est.

- Kawa no kuni ? Des mouvements de quel genre ? Des résidants locaux, des Nukenin ? Ou … des ninja de la Feuille peut-être ?

- Navré, mais c’est tout ce que je sais…

Hayato voulut enchainer avec une autre question, mais une voix l’interpella au loin. Les autres devaient avoir trouvé quelque chose d’intéressant. De toute façon, l’équipe d’Eisen nin, finalement arrivée au niveau des débris, exigea au marionnettiste de laisser le témoin, le temps qu’ils puissent l’examiner pour évaluer son état de santé. Le Jonin arriva donc à hauteur de ses deux camarades, qui exposèrent à tour de rôles leurs trouvailles ainsi que les différentes constatation qu’ils pouvaient en tirer. Masamune semblait avoir trouvé le modus operandi : une bombe. Une grosse bombe artisanale placée au centre des lieux pour un maximum de dégâts. Lorsqu’on essayait de s’imaginer la scène, quelque chose sauter aux yeux de manière évidente : comment un tel objet pouvait-il passer inaperçu ? Autre problème souligné par le « Desumasuku », comment avait-il pu transporter un objet si encombrant, sur une si longue distance, sans utiliser de parchemin ? La plus probable des possibilité était l’utilisation d’un parchemin de stockage, ce qui affinerait indéniablement le « profil » du suspect : un utilisateur du chakra.

Et l’analyse d’Udo fut tout aussi pertinente. Comme il l’avait judicieusement fait remarqué, pour activer la réaction menant à l’explosion, il fallait un détonateur. A défaut de ne pas pouvoir l’activer directement, le coupable devait s’en être protégé afin de l’activer à distance. Mais ce qui troubla particulièrement le Jonin, fut le constat concernant les empreintes laissées par les Réactifs, totalement différentes de celle qui menaient vers l’Ouest que l’on pouvait apercevoir, qui menaient vers l’Ouest.

- C’est très étrange que tu dises ça car, d’après notre témoin, il y avait pas mal de mouvement provenant des frontières Est. Et ça ne collait pas… Pourquoi Konoha attaquerait maintenant, alors que nous ne sommes plus ennemis ?

Par contre, s’il n’y avait pas eu cette Guerre, c’était le genre de mission qui aurait très bien pu finir en conflit pour les deux villages. De tous les suspects potentiels, Konoha aurait certainement été le plus surveillé. Peut-être y aurait-il eu des messages accusateurs de Suna, voire même des menaces… Konoha aurait certainement nié en bloc sans pour autant chercher à s’expliquer… Et la situation aurait pu dégénéré.
Mais bon, heureusement, tout cela tenait de la fiction. Toutefois, de cette petite divagation naquit dans l’esprit du jeune chef d’équipe une idée des plus logiques.

- Et si les auteurs avaient manqué leur coup ? Et s’ils étaient – pardonnez moi l’expression – « en retard d’une guerre » ? Sans ces traces détectées par Udo, tous les éléments convergent vers l’Est. Imaginez un instant ce qu’aurait pu produire un tel acte quelques mois auparavant, si on avait fini par découvrir que c’était Konoha le responsable ? Quelqu’un cherche des noises à Suna, mais n’est visiblement pas totalement à jour et grâce à vous deux, on va pouvoir le pister.

La situation avait changé. Ils étaient passés d’analyse de terrain à traque de Nukenin, et avec les deux Saibogu comme partenaire, mener à bien cette nouvelle mission serait un jeu d’enfant.

- A présent, Cap vers le Nord ! annonça-t-il en pointant un doigt vers ladite direction, de manière théâtrale.

Où allaient mener ces traces ? Au nord, il y avait Tori no kuni ainsi qu’Ame no kuni. D’un côté, un représentant du monde sauvage, rural et de l’autre, certainement le pays le plus développé tant dans son économie que dans leur infrastructure. C’est dernières étaient très poussée niveau design et technologie, il était fort probable que l’auteur en soit originaire, plus Hayato y pensait et plus l’idée devenait évidente. Il espérait seulement pouvoir rattraper et coffrer le responsable avant qu’il ne passe la frontière.

Spoiler:

Alors que le groupe progressait vers Ame, Masamune évoqua une nouvelle possibilité. Il semblait certain que le poseur de bombe avait agit seul et qu’il ne semblait pas posséder de capacité de senseur. Un bon point pour les Sunajin, qui allaient pouvoir avancer en toute sécurité. Le coupable avait tout de même pris la peine de masquer ses traces, en tentant d’envoyer la team sur une fausse piste, il était minutieux. Le problème, c’était sa destination. Le Pays de la Pluie grouillait de Nukenin. Il fallait absolument arrêter le coupable avant qu’il ne quitte officiellement le Pays, car sinon il sortirait de la juridiction de Suna. Les aptitudes d’Hayato étaient particulièrement efficaces pour capturer une cible, couplées aux talents du Desumasuku, le marionnettiste était certain qu’ils atteindraient leur but. A noter qu’au fur et à mesure qu’ils avançaient, le relief autour d’eux changeaient radicalement. En quelques heures, l’océan uniforme de sable avait laissé sa place à un relief plat, sec – moins que le désert, certes – et clairsemé de rares arbustes ou cactus.

Heureusement, le soleil brillait toujours dans le ciel lorsque Masamune interpella le groupe. Usant d’un étrange appareil fixé au niveau de ses yeux, il venait de repérer ce qui semblait être leur cible. Le terroriste se tenait à moins de 600 mètres et paraissait assez massif. Il n’en faut pas plus à Hayato pour accélérer brusquement la cadence et tenter d’appréhender le criminel. Il intima ses deux partenaires de le suivre dans sa course discrète, tandis qu’il attrapa deux parchemins dans son dos. Par chance, un énorme canyon lui barrait horizontalement la route. Le marionnettiste ne mit qu’un instant avant de comprendre que l’ombre qu’il voyait en contrebas était celle de la cible et il se coucha immédiatement à même le sol pour ne pas se faire repérer.

- Que l’un de vous deux aille se placer un peu plus sur la droite. Nous allons descendre sur le chemin et le prendre en étaux. chuchota-t-il discrètement aux deux Genin.

Se tassant afin de rester discret jusqu’au dernier moment. A ses côtés apparurent brusquement deux pantins de sa création : Akagami, la petite marionnette aux cheveux rouges et Arma Dio, plus massif. Ce dernier allait servir à capturer la cible, en évitant les blessures. Vivant, il serait plus utile que mort, c’était ainsi que le Jonin concevait la chose. Hayato leva une main à l’attention de ses partenaires et procéda à un rapide décompte, avant de sauter de manière à atterrir dans le creux du Canyon. Et à sa grande surprise, l’individu qui lui faisait face possédait une longue chevelure blonde, des courbes et un teint particulièrement pâle. Le Terroriste était une femme !

- Pas un geste ! Nous avons de bonnes raisons de penser que vous êtes fortement impliqué dans l’explosion d’un poste avancé de Suna. Je vous sommes donc de nous suivre afin de pouvoir vous posez quelques questions.

A quoi s’attendait-il ? Sans lui adresser la parole, elle avait dégainé un parchemin, signant le début des hostilités. Mais Hayato avait déjà prévu quelque chose. Dio, la marionnette massive laissée au sommet du versant de la Gorge, se trouvait déjà sous terre et s’approchait discrètement de la kunoichi. Akagami, l’autre pantin, était resté là haut et Hayato en profita pour arroser son adversaire de senbon. Il comptait sur ses coéquipiers pour le couvrir d’une éventuelle contre attaque, moment qu’il saisirait pour la capturer sans qu’elle ne puisse s’y soustraire. Si tout ce passait comme prévu, la fin était déjà scellée…

Citation :

N'hésitez surtout pas à faire bouger ou parler la Nukenin !