Je ne sais pas pourquoi je suis de garde aujourd’hui mais le fait est que je le suis. C’est idiot quand on y pense. En effet à l’époque où j’étais moins gradé, je disais tout le temps aux autres que les gardes sont des moins que rien. Soit disant qu’ils en glandaient pas une. Bon, soyons honnêtes, je le pense toujours autant. Après tout être garde à Kiri ça revient à ... Ne laisser passer personne. Du coup, vu qu’on laisse passer personne, personne ne tente d’intégrer le village. Logique, n’est-ce pas ? En réalité, il faut voir cela comme une sorte d’interdépendance entre ces deux phénomènes. Vu qu’on ne laisse personne entrer dans l’enceinte du village, personne ne vient. Et vu que personne ne vient, on laisse personne pénétrer en Kiri. Ceci-étant, je me fais un peu chier, je l’avoue. Je regarde le ciel vide et je me dis que c’est bien triste comme boulot. Pas d’actions, pas d’explosions, pas de jutsu, pas de marchands qui entrent. Car oui, même les marchands on ne les laisse plus entrer dorénavant. La faute à la guerre entre Kiri et Kumo qui s’annonce. Ce fait devant être pris en considération, nous nous approvisionnons seul en vivres et en matériaux rares. A titre personnel, je trouve ça un peu idiot comme idée. En effet, je vois mal un pays quelconque nous envoyer des mandarines empoisonnées ou bien des pastèques cachant de la dynamite. Au passage, ça doit être marrant, ça, des mandarines empoisonnées. C’est en pensant à cela que je me dis souvent qu’il y a de drôles de façon de crever. Vous imaginez, vous, un mec vous contant la mort de son meilleur ami, un ninja de haut rang de la façon suivante : « Il est mort en mangeant une mandarine… » Cela casse tout de suite le mythe du grand et puissant shinobi capable de survivre à tout, même à une chute d’un fossé de cinquante mètres, n’est-ce pas ?

Tiré de mes rêveries par un son grave, je tourne la tête et vois un mec exulter. Il est heureux vraisemblablement. Pourquoi ? J’en sais trop rien. C’est seulement quelques secondes après son cri que je comprends ; Il y a quelqu’un qui arrive. Qui ça ? Strictement aucune idée. De toute façon, peu importe qui il est, il doit rebrousser chemin. Personne n’entre à Kiri, à moins qu’il veuille visiter les geôles bien entendu. M’avançant tranquillement, je traverse les tunnels. C’est moi et moi seul qui vais me charger de lui. Pour une fois qu’il y a un truc à faire ici, hors de question de céder le boulot à quelqu’un d’autre. Arrivé à l’autre bout du tunnel, j’attends tranquillement. Normalement, si mes calculs sont bons, il devrait se tenir devant moi d’ici, trois… deux… un et … Heum… Zéro virgule cinq … zéro virgule vingt-cinq et … Ah ça y est, le voilà. Se dresse donc devant moi un garçon à la chevelure brune et au costume étrange. A première vu on dirait un de ces samurais du pays du fer. Sauf qu’il n’a ni la présence ni la gueule d’un samurai. Du coup, c’est mort. De nature anxieuse, je reste sur mes gardes. Qui est donc ce péquenot ? Plus important encore ; Que veut-il ? Attendant avec impatience la réponse à ces deux questions, j’écoute de mes deux longues oreilles ce que ce brun a à me dire. Et là… C’est le drame. A l’écoute de ses paroles, mon visage se décompose. Un mélange de surprise et de consternation se fait voir sur mes traits. Ce garçon a-t-il des problèmes psychomoteurs ou bien ? … Pour le savoir, il n’y a qu’une seule solution : Jouer le jeu.

« Euh… Shinichi. Kitase Shinichi. Et toi, tu es ? … Et tu fais quoi ici accessoirement ? »

C’est difficile mais j’essaie de ne pas trop me montrer agressif. Après tout, c’est peut-être un imbécile sorti tout droit de Tori no Kuni. Vous savez, le pays des oiseaux. Car maintenant que j’y pense, ce garçon m’a tout bonnement l’air d’être un pigeon. A moins qu’il soit de Kusa – le pays de l’herbe – car au vu de ses déclarations, il a dû prendre une bonne dose.