Une ville encrée dans la roche au sommet semblable à des piques prêts à empaler le moindre être tombant des cieux. Voilà donc à quoi ressemblait la fameuse cité du crépuscule. Elle était à l’image de ces célèbres habitants suceurs de sang.
La jeune Kawaguchi se retrouvait ainsi seule, au centre de la place principale armée d’une pauvre bouteille de vin aussi abandonnée qu’elle. En effet, si elle était ici, ce n’était pas simple visite touristique. Non, c’était Sa Majesté qui l’avait traîné jusqu’ici pour s’entraîner puis finalement la délaisser après l’avoir envoyé faire des achats. Oh, ce n’était pas si étonnant. Ketsueki Yami n’était pas connue pour sa gentillesse et sa patience.
Yuna observa la bouteille dans ses mains en hésitant un instant à la balancer contre le mur. Mais finalement, se contenta de lâcher, un énorme soupire, et d’observer autour d’elle. À ses yeux, toutes les villes de Kaze se ressemblaient et aucune ne semblait très intéressante. Quoique…. Elle devait s’avouer curieuse de pouvoir aller observer les chauves-souris qui dormaient au sommet.
Elle sourit alors au coin, rangea la bouteille dans son sac et se mit en route. Était-elle insouciante ? Suicidaire ? Qui sait. À l’heure actuelle, la seule personne qu’elle craignait et respectait était la maîtresse des lieux. Et si elle acceptait ces sentiments, c’était qu’ils avaient une utilité. Les autres ? Il ne méritait pas ce même engagement.
Ainsi, pas à pas, elle s’enfonça dans la gueule du loup jusqu’à finalement croiser une de ces créatures. Il n'y avait pas de doute... Celle-ci semblait en…. Pleine prière ? Cérémonie ? Où était-ce un délire ? Elle ne savait pas trop. La croyance des humains était quelque chose qu’elle n’avait jamais compris, alors celle des Ketsueki… Elle la détailla un bon moment, attendant patiemment l’occasion de réagir, appuyée contre un mur.
« Et à qui t’adresses-tu exactement ? Dracula ? »
Une pointe de provocation due à l’amusement que ressentait la Gogyou. Si elle était là, ce n’était pas pour se moquer, enfin… pas principalement, mais bien pour satisfaire sa curiosité. À voir maintenant comment allait réagir son interlocutrice. En espérant qu’elle n’avait pas le même sale caractère que sa senseï.
« La construction des villages rend difficile l'accomplissement de votre plus grand rêve, mais je promet de le poursuivre malgré les obstacles. Admirez les derniers évènements au sein du désert. Admirez tout ce sang coulé sur le sable. N'est-ce pas magnifique ? Ô Dieu de la Destruction et des Calamités, m'entendez-vous ? Je viens vous consacrer mes prières. Écoutez ma voix, entendez mes mots, répondez-moi vos désirs. »
Ce n'était pour toi que de pures fantasmes crées pour donner de l'importance à votre nom, pour donner une image à la destruction, tu ne faisais que jouer la comédie pour t'allier de tous les fanatiques de ton clan. Cependant, derrière ton visage impassible, une présence t'empêchait de nier complètement son existence.
« Cesse de faire semblant, tu sais bien que cette statue est vide. »
Cette voix te rappelait à chaque instant qu'il existait en toi comme un fantôme errant qui te rendait prisonnière de ton corps. Poussant un soupire, tu levas les yeux aux ciels pour admirer la voûte au-dessus de ta tête. Cependant, la fin de ton monologue fut interrompue par l'arrivée d'une étrangère. Tu la dévisageas avec méfiance avant d'étirer un léger sourire hypocrite.
« Que vois-je là ? Une étrangère semble s'être perdue dans la Cité du Crépuscule.. Savez-vous où vous trouvez vous et à qui vous adressez-vous, jeune demoiselle ? Votre inconscience pourrait vous coûter très cher. Ce n'est pas Dracula. Ce n'est qu'une simple invention fictive de Bram Stocker, un vampire qui survit grâce au liquide vital des hommes.
Néanmoins, pour simplifier les explications à ta culture, c'est un être qui s'en rapproche. Condamné à vivre éternellement tel un monstre assoiffé de sang, il finit par perdre toute humanité. Cependant, contrairement à ce personnage pathétique, Jashin est un Dieu. Peut-être que ce nom te dit quelque chose ? »
Tu descendis de ton pied d'estale pour te rapprocher de la jeune femme. Plongeant tes pupilles rougeoyantes dans le sien, tu ne lisais aucune once de peur dans son regard comme si elle était une créature de sang-froid. Tu remarquas l'embout d'une bouteille de vin dépasser de son sac. La couleur dorée montrait une marque de grand vin, un vin qui ne collait pas à son image.
« Le vin préféré de la comtesse, mh.. Dîtes-moi, vous n'êtes pas n'importe qui, votre présence en ces lieux n'est pas anodine. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? »
