Vif, ne rencontrant aucun obstacle sur son passage, un kunai vint se planter sur la porte de la maison dans laquelle vivait Hayashi Ryuu et son beau-père, tandis qu’au loin les aboiements de Ninken pouvaient être entendu par tout le domaine. Tout à coup, cette première journée d’hiver, qui aurait pourtant dû se dérouler de manière tout à fait paisible, changea d’ambiance du tout au tout. Tous au sein du domaine du clan de la forêt sentirent que quelque chose n’allait pas...
Le Genin fut le premier à ouvrir la porte et à apercevoir qu’au bout de l’arme se trouvait un parchemin, qu’il s’empressa alors de dérouler. Ses yeux s’écarquillèrent légèrement, alors qu’une petite goutte de sueur coula le long de sa tempe.

*Comment ?! *

Ordre de mission a écrit:

Deux loups des Inuzukas, rendus fous par une maladie, ont échappé par on ne sait quel miracle à la vigilance de ses gardiens. Ils errent maintenant dans la forêt, devenant une menace pour la sécurité.

N’ayant plus aucun espoir de ramener les animaux à la raison, et ceux-ci étant devenus trop dangereux, vous vous devez de mettre ces loups à mort.

Attention, ils sont tout de même assez puissants, et encore plus imprévisibles à cause de la maladie. Prudence !

Malgré sa hâte, il s’appliqua à lire toutes les lignes qui furent écrites par personne d’autre que la Hokage en personne et qui faisait état d’un ordre de mission urgent adressé à tous les membres de l’équipe Kigai. Ses craintes furent confirmées et très vite, il fit le lien avec la petite troupe d’Inuzuka qu’il venait d’entendre. L’ordre était clair.

Le Hayashi se rendit alors très vite compte ô combien cette mission, et plus largement cette situation, pouvait se montrer cruelle pour le clan Inuzuka et particulièrement pour sa Sensei. Comment pourrait-elle accepter de mettre à mort deux chiens ninjas qui n’avaient pas demandé d’être atteint par cette mystérieuse maladie. N’y avait-il pas une autre équipe disponible pour s’occuper de cette mission ?! Visiblement pas et Ryuu n’était de toutes les manières pas en position de discuter un ordre venu de la plus haute autorité du village. Il n’était toujours qu’un Genin et son rôle lui imposer l’application des ordres reçus. Mieux encore, il devait tout faire pour mener cette difficile mission à bien et ainsi se montrer digne de la confiance qu’on lui accordait !

Son regard finissait à présent de parcourir le parchemin et s’arrêta sur un sceau qui avait l’air d’être rapidement dessiné. Fort heureusement, il n’y avait pas besoin d’être un expert en Fuinjutsu pour rompre le sceau et mettre la main sur un deuxième message. Celui-ci était signé de la main de Shizu. La pauvre jeune femme avait dû recevoir cette mission seule, directement dans le bureau de la Kage ou chez elle... Bref. La Chuunin donnait rendez-vous en fin de matinée à Gekei Masaru, la nouvelle venue dans l’équipe Aburame Mira et enfin Hayashi Ryuu directement devant les grands remparts de Konoha. Leur départ se ferait immédiatement.

Le regard fermé et sérieux, le brun alla rapidement revêtir son uniforme de ninja, serra bien ses gants de combat et parti directement en direction des portes de son village. Il n’y avait pas de temps à perdre.

Deux heures plus tard, Ryuu se trouvait au pied des Remparts faisant office de porte d’entrée pour quiconque souhaitait pénétrer le village ninja de Konoha. Il se tenait en compagnie de ses deux coéquipiers, mais aussi de deux Inuzuka, alors que plus loin les habituels gardes se contentaient de contrôler les inconnus souhaitant rentrer dans le village. Eux ne se doutaient probablement pas du tourment qui frappait aujourd’hui le clan Inuzuka, cependant les regards fermés des deux shinobis accompagnés de canidés leur donnaient probablement un indice. Le Hayashi n’avait pas prit la peine de savoir ce qu’ils faisaient là et ne trouva la réponse que lorsque sa sensei fit son apparition au loin, bondissant du centre-ville ! Une fois le duo partis, Ryuu put recevoir les consignes de Shizu, ainsi qu’une seringue qui devait lui permettre d’endormir un de ces ninkens enragés...

L’heure du départ sonna et très vite l’équipe Kigai s’enfonça dans les profondeurs de cette dense forêt, au feuillage effacé lors de cette période d’hiver, prête à commencer la plus difficile mission qu’elle ait eu à accomplir !

Le quatuor expert de la nature bondissait à travers la forêt, traquant la moindre trace laissée par les loups recherchés et faisant avant tout confiance au flair de Shizu et ses deux ninkens. Le temps pressait. Il ne fallait surtout pas qu’un malheur arrive et qu’un pauvre individu se fasse attaquer par les bêtes. Cela coûterait la vie d’un malheureux et scellerait probablement le sort des loups...
Ryuu se contenta de suivre, restant sur ses gardes au cas où une menace venait à apparaître ou si une alerte pouvait les mettre sur une piste un peu plus sérieuse. Mais dans le même temps, son esprit travaillait, intrigué par cette étrange maladie qui avait frappé ces deux loups Inuzuka, les poussant à fuir leur refuge et à se montrer agressif sans distinction de personne. D’où venait-elle ? Y’avait-il bien un remède capable de les soigner comme l’espérait sa sensei ? Son regard se porta sur elle...

*Je ne veux même pas imaginer ce que tu ressens Shizu, et je sais que personne n’arrivera à te faire changer d’avis. Notre mission de base n’est pas de les capturer, mais bien de les tuer... J’espère juste qu’une issue favorable se présentera à nous et que tu n’auras pas à subir une quelconque remontrance lorsque que tout ceci sera fini.* Se laissa-t-il penser, inquiet.

« On se trouve maintenant dans la partie de San’Rin Hi et toujours aucune trace. Cela ne fait que quelques heures que les loups ont disparu, mais ils peuvent déjà être très loin. »

La vie était une chose curieuse. Tantôt joyeuse et magnifique, tantôt surprenante et folie, tantôt malheur. Que l’on hurle de douleur, ou que l’on rit à en mourir, le soleil continuera sa lente course dans le grand bleu du ciel, en adoptant mille et une belles nuances. Que l’on soit souffrant ou malade, la neige s’accumulera impitoyablement, belle promesse d’une saison chargée – à enlever encore et encore, inlassablement, la neige accumulée – et d’un printemps extrêmement boueux. Que l’on soit jeune ou vieux, le vent et la pluie frapperont de plein fouet tous les obstacles humains comme non humains rencontrés. La vie avait ses règles, et nous devions nous y plier, ou nous adapter. Je préférais m’y plier à l’heure actuelle.

« Est-ce que Senseï va se plier à la règle, ou s’y adapter ? » me demandais-je en lançant un regard un tantinet craintif à l’étrange ordre de missions. Tuer ne me dérangeait pas. Tuer était sûrement une des choses que j’arrivais à faire proprement, et exactement de la façon voulue, et qu’importe qui était ma cible. Ainsi, deux chiens enragés ne me semblaient guère une chose complexe de prime abord.

Cependant, c’était sans compter sur mon équipe. Etait-ce le destin, ou la volonté du village, mais nous étions composés de personnages aux caractéristiques assez complémentaires ou plutôt ayant trait à un domaine similaire. Les Hayashi étaient les maîtres quand il était question de végétations. Les Aburame savent communiquer avec les insectes. Les Gekei peuvent adopter la forme d’un animal totem, et emprunter leur caractéristique – voilà un point où j’ai encore quelques doutes. Enfin, les Inuzuka avaient une grande affinité avec des chiens d’une taille plutôt remarquable et formaient sûrement l’une des fines fleurs des équipes de recherche.

« Respect pour la nature, et les animaux ». Voilà la phrase qui me venait à l’esprit à chaque fois que je faisais face aux trois autres personnes de ce groupe. Et sans surprise, celle qui nous dirige et nous guide, nous ordonne de ne pas tuer. Ce contrordre est contre mes principes. J’ai promis à l’hôpital de suivre à la lettre les ordres du village, et de ne pas m’y déroger pour des choses futiles comme les émotions ou un jugement potentiellement erroné.

- Sauf votre respect, Senseï, mais l’ordre est de tuer, finis-je par dire après nous être éloignés des deux pleurnichards. Il n’est pas bon de désobéir aux ordres du village.

« Surtout pour moi ». Je ne savais pas si mes coéquipiers avaient connaissance de mes antécédents « hospitaliers ». Si oui, je ne voulais pas ajouter un potentiel malaise en indiquant que j’avais une sorte d’épée de Damoclès sur ma tête, prête à s’abattre au moindre faux pas. Si non, je ne désirais nullement partager une telle chose à deux hommes que je connaissais que superficiellement.

« Devenir ami ». Voilà quelque chose de séduisant, et d’intéressant. Cependant, être ami signifiait qu’il fallait faire confiance, abaisser ses défenses et se dévoiler. Toute personne qui s’était permise une telle chose avait péri d’une bien atroce manière, ou avait été trahi par ledit ami. Je ne voulais aucun de ces destins. Je ne voulais pas mourir.

Ecoutait-elle ? Je ne saurais dire. Je préférais m’arrêter, et déposer un parchemin à terre. C’était une acquisition récente auprès d’un marchand ambulant dont les produits comme l’argumentaire commercial me semblaient douteux. J’aurais passé mon chemin, si je n’avais pas vu le symbole qui scellait le parchemin.

« Technique d’invocation, voyons voir ». Je restais soudainement devant, un tantinet indécise. Pour invoquer, il fallait me blesser et laisser une goutte de sang. Ces perspectives ne me plaisaient guère. Fulminant de rage intérieurement contre moi-même d'avoir acheté impulsivement sans m'interroger sur l'essence même de l'invocation, je range le parchemin, et reprends ma route silencieusement, la mine sombre.

- De plus, si ces animaux ont une maladie, et qu’on les amène au village, on risque soit une épidémie au sein de cette population, voire un mal qui se protège sur les humains. Deux vies, pour plusieurs autres.

Sacrifier un petit nombre pour le grand nombre, c’était une chose qu’on apprenait par la force des choses durant la guerre. Une vie contre une vie n’avait été qu’une fable. L’homme était devenu une marchandise que l’on jugeait sur sa valeur marchande : sa popularité vis-à-vis de ses confrères, ses informations en raison d’une position clé, son savoir en raison d’une expérience unique…etc. Si on appliquait cette équation : que valait la vie de deux chiens enragés, contre celui d’une meute entière ?

La réponse était simple : rien.

Masaru n’était pas souvent chez lui. Il partait tôt le matin et ne revenait que tard le soir, à quelques exceptions près. Ce matin ne faisait toutefois pas partie de ces exceptions et le Gekei partit tôt le matin pour un jogging matinale. À peine eu-t-il franchi la porte qu’un bourrasque de vent venait lui fouetter le visage. Masaru n’aimait pas l’hiver, le gorille n’étant pas fait pour vivre dans de telles conditions. Il s’y était toutefois résout avec le temps, sa forme humaine étant quant à elle mieux équiper pour survivre au froid. Le sol était couvert d’un tapis blanc, confirmant le début de l’hiver. Il frotta ses bras pour se réchauffer un peu puis partit aussitôt en direction de la Grande porte, laissant derrière lui les traces de ses propres pas. Il préférait jogger dans les bois, où il se sentait plus chez lui qu’entre quatre murs. L’air frais faisait toutefois du bien à ses poumons. Après une heure de course, il décida de faire demi-tour et retourner vers le village.

Avant même d’être chez lui, il remarqua quelque chose accroché à sa porte. Masaru ne se souvenait pas avoir installé de décorations sur sa porte. Une fois plus près, il reconnut le kunaï planté dans sa porte et su immédiatement ce que cela signifiait. Le Gekei retira le kunaï de sa porte puis entra chez lui avant de lire l’ordre de mission. Plus il en lisait, moins il aimait ce qu’il lisait. Ils devaient mettre à morts deux ninkens malades? Pourquoi avoir donné une telle mission à une Inuzuka de tous les ninjas disponibles? Était-ce supposé être un test pour leur senseï? Il se demandait bien comment celle-ci avait pris la chose. Déjà qu’il l’ait reçu lui-même devait probablement dire qu’elle avait accepté, mais il doutait qu’elle laisse les choses telles qu’elles l’étaient. Il avait encore un peu de temps avant le rendez-vous, il prit donc une douche rapide avant se préparer pour une expédition dans le froid de l’hiver. Il quitta alors son foyer pour se diriger de nouveau vers les portes, mais pas pour la même raison. Masaru vit de loin son coéquipier Hayashi qui se tenait au pied des Remparts et n’en fut pas étonné. Il était du genre à arriver à l’avance pas mesure de précaution. Les deux échangèrent une poignée de main et patientèrent ensemble l’arrivés des autres membres.

Mira, la dernière membre de l’équipe Kigaï, fut la prochaine à arriver. Faisant partie du Clan Aburame, elle avait sa place dans l’équipe. Masaru ne savait toutefois pas encore quoi penser d’elle. L’arrivé de leur senseï le sortit de ses pensées, n’ayant même pas remarqué l’arrivée de deux autres personnes dont il ignorait l’identité. Ils semblaient connaître l’Inuzuka, puisqu’ils s’adressèrent à elle dès qu’ils le purent. Visiblement, Shizu-senseï n’avait aucune intention de mettre les ninkens à mort. S’opposant directement à l’ordre de mission, les nouveaux ordres étaient de les capturer et de leur administré une dose de calmant. Elle sortit au même moment quatre seringues s et les distribua à chacun d’eux. Masaru saisi la sienne puis l’examina pendant quelques instants, ne sachant toujours pas quoi penser de tout cela. Une partie de lui était d’accord Shizu-senseï et voulait essayer de sauver ces pauvres bêtes, mais en même temps les ordres étaient claires et n’étaient pas laisser à l’interprétation du shinobi qui les recevait. Il garda ses interrogations pour lui, ne sachant toujours pas quoi pensé, et se contenta de suivre sa senseï. Elle et ses ninkens ouvrait la marche, suivit de près par Masaru, Ryuu et Mira-san.

Ils coururent pendant plusieurs minutes sans trouver la moindre trace des ninkens. La neige aurait pourtant dû laisser des traces sur le sol, une piste à suivre, mais il n’en était rien. Ils ne pouvaient que se fier à l’odorat de Shira et Yoi pour l’instant. Comme le faisait remarqué Ryuu, ils ne pouvaient pas être bien loin.

Comme Ryuu le craignait, tous ne partageaient pas la même pensée que Shizu. Malgré l’étonnement que cela pouvait susciter, puisque tous dans cette belle équipe de Konoha était intimement lié par leur capacité héréditaire à la nature, le Gekei et l’Aburame faisait preuve d’une extrême rigueur quant aux ordres distillé par l’Hokage. Etait-ce parce qu’ils n’étaient pas directement concernés ? Comment réagiraient-ils si le mal inconnu qu’ils poursuivaient tous avaient frappé leur clan plutôt que celui des maîtres canins ? Ou bien leur loyauté envers Konoha et les ordres donnés par les hautes autorités du village était infaillible ? Le Hayashi n’en avait pas les réponses. Il pouvait être certain que de ce que lui ressentait. Et le brun se retrouvait, comme lorsque son chef de clan lui avait demandé qui il défendrait entre Konoha et les Hayashi, dans un terrible entre-deux...

« Nous ne savons pas encore ce que nous allons trouver. Mais, même si je tiens moi aussi à respecter à la lettre les ordres de l’Hokage, je partage l’avis de Shizu-sensei. Si nous avons la possibilité d’en capturer et de l’étudier, on pourrait plus tard mettre au point un antidote pour lutter contre la maladie. Cela évitera, si elle venait à réapparaître parmi les chiens Inuzuka, de causer d’autres morts... »

Malheureusement, l’équipe Konohajin dû bel et bien se rendre aux portes de la plus obscures région forestière du Pays du Feu. Dangereuse, obscure, périlleuse, autant d’adjectifs qui venaient justifier l’interdiction de cette zone au public et la mise en place d’un interminable grillage équipé de fil de fer pour ce qu’il était coutume d’appeler la Forêt de la mort ! Ici, la faune et la flore pouvaient se présenter comme dangereuse. Mais il y avait aussi les menaces misent en place par l’Homme. Truffé de pièges, comme l’avait soulignée la sensei Inuzuka, cet endroit n’était certainement pas le plus adapté à une équipe de Genin. Heureusement, l’équipe Kigai avait déjà fait preuve d’un certain niveau et d’une abnégation leur permettant de prendre ce risque. Tel était leur obligation en tant que shinobi et tel était l’obligation que leur imposait l’ordre de mission.

« Bien. Il semblerait qu’on ait pas le choix. Restons toujours groupés, nous avons tous déjà entendu parler du danger de cette forêt ! Trouvons les loups et faisons au mieux. N’oubliez pas, nous restons une équipe déterminé à protéger la nature et Konoha ! »

Ainsi, toujours regroupés, les shinobis du village de la feuille poussèrent la porte grillage et introduisirent dans la Forêt de la Mort ! L’abondante quantité d’arbre dans cette zone empêchait presque les rayons du soleil d’y pénétrer. Le silence attendu de ces funestes lieux laissait place à un calme où le craquement des branches, le bruit des feuillages et les cris d’animaux rythmaient l’environnement. Hostile. Cette zone ne dégageait qu’une impression d’hostilité contre ces intrus. Comme si, à chaque instant, quelqu’un ou quelque chose les observait...

Le Hayashi scrutait les environs, espérant y desceller le moindre danger. Mieux encore, trouvé une piste, plus solide que leur odorat, qui devait être difficile à desceller parmi celle de toutes les créatures vivantes en ces lieux, qui leur permettrait de remonter la trace des loups ciblés ! Ici, seuls les capacités de l’Aburame pouvait peut-être encore les aider ? A moins qu’un hurlement ne vienne leur donner précisément l’endroit où se trouve les loups ? Sinon, tous devront compter sur la chance qui semblait malgré tout les accompagner depuis la formation de l’équipe Kigai, pour trouver ne serait-ce que des traces de pas... ou de sang.

« Ils sont faibles. Ils vont causer ta perte, comme lui ».
« Non. Il n’a pas causé ma perte. Il continue à veiller sur moi ».

Il semblerait que cette dernière affirmation manquait cruellement de conviction car moi-même, j’en doutais. Est-ce qu’il avait été réellement la cause de ma perte ? Avait-il eu un choix ? Si oui, pourquoi a-t-il accepté d’être spectateur de ma souffrance et de ma division ? Je doutais sincèrement que c’était dû à un caractère sadique – car je le connaissais encore suffisamment pour le savoir.

« Il cache quelque chose ».

Je secoue la tête discrètement, refusant de croire à cette étrange théorie qui m’assaillait depuis un certain temps. Et comme à mon habitude, je me penchais aussitôt à une tâche ou à une erreur pour oublier. Oublier mes doutes. Oublier mon passé. Oublier mon futur. Oublier mes peurs. Oublier cette « autre ».

- Bien, votre logique tient la route Sensei. Espérons que les autorités soient en accord avec vous. Je ferais de mon mieux, finis-je par répondre ; avec un tantinet d’hésitation. D’ordinaire je suivais sans rechigner et je faisais même tout pour que la mission se passe de façon optimale, et parfaite. J’arrivais à suivre quand on suivait tout à la règle. L’imprévu, les triches, les changements abrupts et sans raison, j’avais du mal.

A nouveau, les remarques et les théories de mes médecins retentissent à mes oreilles.

- Je dois oublier, marmonnais-je. Aussitôt, je libère du chakra sur un certain périmètre. De petites bêtes commencent à apparaître des multiples plis de mes vêtements, et à se fondre à même le sol, creusant des tunnels infinis.

Les fourmis étaient des créatures formidables. Elles ont un odorat très développé, une force incroyable pour leur corps frêle et des fonctions diverses – tantôt travailleuses du sous-sol, tantôt princesses volantes. Ces caractéristiques étaient davantage amplifiées avec mon chakra. Ainsi, elles pouvaient ressentir mille et une odeurs à plusieurs mètres ou kilomètres, soulever non pas huit fois leurs tailles et poids, mais bien, bien plus.

Il fut un temps, notre communication et notre perception ne formaient qu’un. Cependant, suite à la guerre, certains événements et la quiétude de mon existence, cette relation fusionnelle s’était brisée. J’avais à « tout » reconstruire. Il fallait éduquer à nouveau éduquer l’odorat de ces compagnons : desceller des sentiments, différencier le vivant du non vivant, connaître les produits comestibles et ceux empoisonnés et réussir à les communiquer de façon efficace.

- Je vais essayer de les localiser, indiquais-je.

Trois vivants, quatre vivants…. Ce chiffre montait à un rythme fou. Je soupire, consciente de la stupidité de cette entreprise. Je devais changer d’angle d’attaque.

« Le danger. Tout être en ce monde sait reconnaître les grands prédateurs. Et à les craindre ».

« Elle » avait raison. Je ne devais pas chercher un vivant, mais un prédateur. Un danger. Je ne devais pas être attentive à chaque signal de ces fourmis, je ne devais que m’intéresser à ces signaux de danger qu’elles allaient forcément transmettre un moment ou un autre.

- Les fourmis vont tout d’abord transmettre un signal d’alerte si elles ressentent la présence d’un puissant prédateur. Cependant, au vu de notre localisation, je pense que nous aurons des chances de tomber sur autre chose que nos cibles.

« Quadrilles la Zone. Traques les tous. Et détruis-les. Nous devons être les seuls prédateurs sur cette zone ».

Pour une fois, j’étais en accord avec elle. J’étends encore et toujours la zone.
Un prédateur. Deux prédateurs. Quatre prédateurs.

- Quatre dangers localisés.

Et j’indique les directions, respectivement. Maintenant, la question était de savoir comment l'équipe allait procéder. Allait-elle se séparer pour poursuivre un prédateur chacun ? Ou allait-elle rester uni comme le suggérer Ryuu?

Il s’agissait sans l’ombre d’un doute d’une mission très délicate pour l’équipe Kigai. Déjà, la nature elle-même de la mission était plus que particulière, mais les avis entre chacun des membres de l’équipe semblaient mitigés. Shizu-senseï et Ryuu voulait sauver les nikens malades, refusant catégoriquement de les mettre à mort. Une partie de Masaru penchaient lui aussi pour cette option. Ils ne pouvaient pas simplement être mis à morts. Il y avait toutefois de l’autre côté de la balance Mira qui ne tenait pas à déroger de l’ordre de mission, ce qui était aussi un point valide. L’ordre de mission disait bien qu’il n’y avait plus aucun espoir de ramener les bêtes à la raison. L’Aburame ne se gêna pas de faire savoir sa façon de penser à Shizu-senseï. Elle leur expliqua donc les ramifications que pouvaient avoir la mise à mort de ces ninkens et expliqua la phase deux du plan, soit de les amener au Village Inuzuka plutôt qu’a Village de la Feuille. Il fallait admettre que la Chûnin avait pensé à tout. Elle semblait savoir où elle allait avec cette mission, malgré le fait que le groupe dérogeait un peu de l’ordre de mission.

Après plusieurs minutes de course, ils purent facilement voir où leur traque les menaient et la senseï n’aimait pas ça. Masaru ne c’était jamais rendu à la forêt elle-même, mais en avait grandement entendu parler à l’Académie. Il avait cette impression que ce n’était qu’un mythe créé pour décourager les enfants d’y mettre les pieds, mais à voir comment les autres membres de l’équipe réagissaient, il fallait venir à l’évidence qu’il y avait bel et bien quelque chose à propos de cette forêt. Masaru ne savait pas du tout à quoi s’attendre de cette fameuse forêt, mais il ne se serait jamais attendu à cela. La Forêt de la Mort était délimitée par une immense clôture en grillage de fer qui devait sans doute faire le tour tout entier. Devant eux se trouvait une simple porte, drôlement peu protégé pour un endroit si dangereux. Aucun verrou ni quoi que ce soit. Masaru suivi son équipe à l’intérieur, restant sur ses gardes et les sens aux aguets. Le Gekei se spécialisait plus dans le repérage sur courte distance grâce à son instinct animale et il se mit aussitôt à l’œuvre. S’il y avait quoi que ce soit qui les approchaient d’un peu trop près, il le saurait. Sa coéquipière Aburame se mis elle aussi à l’œuvre alors qu’un nuage de fourmis sortait de sous ses manches pour s’enfouir dans le sol à la recherche des ninkens. Le groupe s’arrêta dans sa progression pour faciliter la traque des bêtes. Je sentis alors le poil de mes bras et mon cou se dresser.

- Ils arrivent…, dit le Gekei à voix basse.

Confirmant alors ses paroles, Mira pointa les localisations de quatre dangers qui selon elle devait se démarquer du lot. Ce ne devait pas être un hasard qu’elle en ait repéré quatre parmi tout le lot. Les ninkens avaient-ils reconnu l’odeur familière de Shira et Yoi ou alors était-ce l’odeur des humains qui les avait découverts? Masaru vérifia qu’il avait toujours la seringue là où il l’avait rangé, prêt à la sortir à la première occasion. Les instructions de Shizu-senseï étaient clairs : Mira et Ryuu devait faire tous en leur possible pour immobiliser les ninkens alors que Masaru et elle-même s’occuperaient d’administré les seringues. Ils ne pourront toutefois pas immobiliser les deux ninkens simultanément, il faudrait donc trouver une quelconque stratégie.

- Nous devrions travailler en binôme tout en restant groupé. Chaque groupe s’occupe d'un ninken chacun. Un taïjutsuka et un ninjustuka dans chaque groupe.

De tout le groupe, il était non seulement le plus jeune mais celui avec le moins d’expérience dans le monde shinobi. Il ignorait donc si sa stratégie était efficace ou non. Il ne l’aurait toutefois jamais su s’il ne l’avait pas proposé. Des bruissements provenant de la forêt tout autour lui annonça qu’il était trop tard. De la dense forêt qui les entourait sortirent deux chiens ninja, dont l’un d’entre eux serait facilement passé pour un loup. Malgré leurs tailles et leurs couleurs qui le différenciaient tous, ils avaient tous deux un point en commun : le blanc des yeux devenu pratiquement rouge et l’écume qu’ils avaient à la bouche. Ça ne pouvait pas être un bon signe.

Mais finalement, ce fut une nouvelle fois l’odeur, et la multitudes de données que cette dernière pouvait comporter, qui orienta l’équipe Kigai à travers le sombre et funeste Forêt de la Mort. Que les informations proviennent de la nuée de fourmis envoyé par Mira, du sens de l’odorat ultra développé de leur sensei Inuzuka Shizu, sans oublier ses Ninkens, ou encore de celui tout aussi important de son camarade Gekei, le cumulus de renseignements formaient un cocktail dangereux ! Plusieurs prédateurs rôdaient dans les parages comme l’on pouvait s’attendre d’un tel endroit. Mais les shinobis Konohajins avaient bien détectés une piste. Un chemin qu’il fallait suivre en fonction de l’odeur teintée de danger et d’envie de sang ! Mais une odeur qui comportait également toutes les caractéristiques chakratique d’un Ninken ! Véritablement, sautant de branches en branches au cœur de cette dense et dangereuse forêt, le Hayashi et ses camarades se jetaient dans la gueule du loup !

Finalement, leur piste trouvait son terme. Tous posèrent vite leurs pieds à terre. Leurs jambes semblaient presque figées, tout comme leur main qui gardait précieusement les seringues qui représentaient bien là le seul espoir de capturer leurs cibles. Les yeux de chacun des ninjas s’élevèrent vers les hauteurs des arbres.
Au loin, bercés dans un de ces rares halos de lumières capables de briser le feuillage de ces bois, la silhouette noir, que le contre jour dessinait, des deux Ninkens enragés ! Enragés oui, car il fallut un peu de temps pour que les yeux azur de Ryuu puissent enfin distinguer les yeux entièrement écarlates et les gueules remplit de bave, voir de mousse, de ces deux pauvres bêtes. Leurs lourds grognements et cette position de combat que chacun adoptait démontraient qu’elles étaient prêtes à attaquer d’un moment à un autre ! Un ressenti qu’avait parfaitement analysé Shizu qui ne tarda pas une seconde de plus à donner ses ordres.

« Oui Shizu-sensei ! » Dit-il avec une certaine force. Tout juste capable de l’extirper de cette tétanisation grandissante que ce virus dont l’origine était encore inconnu était capable de provoquer à la vue de ces êtres de la nature ! Bondissant en arrière, il atterrit quelques mètres plus loin, sur un arbre suffisamment haut pour observer l’environnement qui les entourait et, bien sûr, les deux loups qu’il fallait à tout prix capturer. Ironiquement, le lieu de combat ressemblait à une sorte d’arène naturelle. Un large cercle de tapis vert à peine marqué par quelques rayons de soleil. Encerclé par de nombreux et imposants arbres dont les racines ressortaient parfois du sol en raison de leur taille. Heureusement, suffisamment de branches capables d’offrir de la verticalité aux ninjas. Mais un avantage qui pouvait tout aussi bien servir aux loups...

L’espace d’une seconde, son regard se dirigea aussi sur Mira. Pour l’heure, tous deux n’étaient pas invités à participer au combat. Leur seul rôle était de déstabiliser, voir immobiliser leurs cibles ne serait-ce que quelques secondes afin que leurs deux autres camarades leurs administre finalement l’anesthésiant. Cela demandait une synchronisation quasi-parfaite entre chaque membres de cette jeune équipe. Une osmose difficile à mettre en place et pourtant ô combien importante à cet instant précis. L’heure n’était plus à l’entraînement. Les essais étaient bien loin d’être illimités et le danger bien plus important.

Les hostilités débutèrent enfin ! Dès lors, une multitude de questionnement traversèrent l’esprit du Genin. Fallait-il tenter de les combattre afin de les affaiblir ? Cela pourrait bien s’avérer être une solution, mais que se passerait-il si l’un d’eux venait à être blessé par un méchant coup de croc ? Le virus se transmettrait-il ? D’après les dires de l’Inuzuka en chef de cette escouade, il y avait peu de chance. Devait-il donner un coup de main à ses camarades malgré le rôle que la Chuunin lui avait assigné ? Non, cela ferait bien trop de règle non-respectée pour aujourd’hui et pourrait même apporter plus de discordance, pour cette coordination qu’il devait trouver, qu’autre chose. Quelle technique utiliser de son maigre répertoire ? Seraient-ils plus sensible à un piège Raiton ? Ou bien les immobiliser avec des racines ou des ronces ?

Une question succédait à une autre et si la solution parfaite ne parvenait pas rapidement à l’esprit de Ryuu, ce dernier pourrait bien être la cause de l’échec de cette déjà bien délicate mission ! Une série de mûdra plus tard, le Hayashi délivra une première volée de chakra, s’apprêtant à entraver leur mouvements, les immobiliser si possible, dès que l’occasion se présenterait ! Il comptait sans l’ombre d’un doute pour que ses deux camarades au sein de cette arène végétale, mais aussi sur l’Aburame, pour lui en donner l’occasion !