Quelque part dans le désert de Kaze no kuni

Muko profitait de son temps libre pour visite ce qui serait désormais sa nouvelle terre d’accueil. Il commençait à se faire à cette nouvelle condition, à ce climat qui pouvait être si difficile. Au début, il fallait l’avouer, cela avait été très difficile de passer de la rudesse de Hai, pour atterrir dans ce désert sans fin et cette aridité à vous faire sécher un nuage. Mais après tout, il fallait juste une période d’adaptation, et après tout roulait comme sur des roulettes.

C’est donc à l’aise que le jeune garçon passa la Voie Illusionnée. Il disposait d’un laisser-passer et pouvait donc circuler sur tout le territoire de Kaze no kuni sans encombre. Il passa devant les gardes, peu sûr de lui, puis ils le laissèrent passer sans même lui accorder un regard. Décidément, il se faisait trop de soucis pour rien car personne ne semblait lui accorder la moindre importance pour ce genre de choses. Une des multiples habitudes de sa Secte qu’il devrait oublier.

Il était parti depuis près de deux heures lorsque des bruits vinrent perturber la quiétude qui régnait en ce moment dans le désert. Muko entendait alors des bruits de voix, comme si une dispute était en train d’éclater. Alors celle là, s’il s’y attendait… Hésitant à aller voir, il vérifia tout d’abord le contenu de son sac en bandouillère…

« Bien… »

Il avait encore assez de vivres pour pouvoir continuer encore plusieures heures, il avait vu large. Se décidant à aller voir ce qui créait tout ce raffus, il prit donc la direction des cris et se plaça en haut d’une dune. De là haut, il put alors voir un homme qui faisait face à deux types habillés de noir. Les deux semblaient agir de concert et se disputaient fortement avec l’homme isolé. Ce dernier semblait les terrifier, si bien que quand ils virent Muko, ils tentèrent d’obtenir son aide… L’aide d’un adolescent de quinze ans… Ils devaient vraiment être terrifiés.

« Petit ! Aide nous, dis lui que nous n’y sommes pour rien… Dis lui que nous n’avons rien fait ! »

Ils misaient sûrement le fait que Muko était un enfant et qu’il serait sûrement influençable. Mais au contraire, le nécromancien ne bougea pas d’un pouce et se contenta de suivre le déroulement de la dispute…

Mes yeux se posent à l'endroit qui attire l'attention des deux voleurs et y découvrent un gamin. Un gamin de Suna si je me fie au bandeau qu'il arbore et qui ne laisse donc que peu de place au doute. Malgré moi je laisse échapper un soupire blasé. Les témoins sont plutôt gênants lorsqu'il s'agit de dispenser la justice. Ou, plutôt, ma justice. Spécialement venant d'un village qui semble considérer les procès comme une chose nécessaire. Pourquoi perdre du temps à juger des criminels alors que cette énergie pourrait être dépensée à des fins bien plus utiles? Pourquoi ne pas avoir exécuté Kioshi et se contenter de lui offrir une tribune pour justifier l'injustifiable? Là encore je suis en désaccord avec une Suna que je ne comprendrai sans doute jamais...

Je reporte mon attention sur les deux fuyards tandis qu'un sourire se dessine sur mes lèvres. J'ai toujours trouvé amusant la façon dont les coupables aiment se réfugier derrière la loi ou la morale alors qu'ils sont les premiers à les enfreindre. Ils enfreignent les règles alors pourquoi ces dernières les sauveraient? Pour l'heure je ne vois que deux solutions possibles: je les tue et ce gamin finira tôt ou tard par aller raconter ce qu'il a vu. Ou alors je fais preuve d'un peu de retenue. Malheureusement il se trouve que je n'ai jamais été à l'aise avec l'idée de buter des gamins. Il y a tout de même certaines limites... Alors vu les circonstances il semblerait que je doive me prêter à un jeu pour lequel je n'ai que peu de talent: me justifier!

J'abandonne donc mon nuage pour me réceptionner sur un sol aussi meuble que brûlant. J'ai remarqué les bosses sous les vêtements des deux voleurs et je suis plutôt confiant quant à ce que je vais y trouver. Il s'agit maintenant de lever rapidement le doute quant à leur implication. Ce que je fais quelques instants plus tard en faisant apparaître une lame de silicium dans ma main puis en frappant deux coups rapides dans le vent. Enfin, pas tout à fait. Deux déchirures apparaissent dans les tuniques des deux hommes, libérant au sol quelques breloques brillantes. N'est-ce pas une preuve suffisante?

"Je suppose que tout ceci est arrivé par hasard dans vos poches?" dis-je en désignant le butin de la pointe de ma lame. "D'ordinaire, les bijoux, on les exhibe! On ne les cache pas avec autant de soin..."

À quoi cela sert-il d'avoir des parures si c'est pour les dissimuler aux regards des autres? Si j'ajoute cela à leur comportement plus que suspect mais aussi - et surtout! - au fait que la description des objets volés concorde parfaitement avec ceux qui se trouvent devant moi, je suppose que toute les preuves nécessaires sont réunies. Autoproclamé juge et bourreau, je décide donc d'appliquer la loi telle qu'elle devrait être: mon épée fond à nouveau l'air et deux mains tombent au sol, inertes, leurs doigts se repliant lentement telle une araignée que l'on aurait écrasé. Et bien sûr les cris mêlant surprise et douleur ne tardent pas à compléter la scène. Un grand classique!

Je récupère les biens et sélectionne ceux que je souhaite garder. Tout travail mérite salaire et je n'aurais pas perdu du temps à courir après ces deux lascars sans la promesse d'une récompense. Ainsi tout le monde y trouve son compte. Je choisis un collier d'ivoire et un bracelet richement décoré pour embellir les femmes de mon harem puis range le reste dans un petit sac de sable que je crée de quelques mouvements de doigts. Puis j'observe un instant les voleurs couchés sur le sol et le sang qui s'y répand doucement, le noircissant. Les plaies ne sont volontairement pas nettes. Je leur laisse la vie mais il va falloir qu'ils luttent pour la sauvegarder à présent. Car je sais d'expérience qu'une blessure dans le désert est souvent synonyme de mort. À moins que...

"Hé gamin! Ils sont tout à toi!" C'est au tour de Suna de jouer à présent. "Fais-en ce que tu souhaites, je m'en moque!"

Une manière de dire que mon travail ici est à présent terminé. Je remonte sur mon nuage d'un bond leste et y enfoui le butin. Mais je décide rester encore quelques instants histoire de voir si l'enfant en question s'en sortira. Je n'ai pas sacrifié une heure de mon précieux temps en vain. Ces hommes ne s'échapperont pas! Le soucis c'est que sous la garde d'un enfant ils risquent de se sentir pousser des aile. Foutus pour foutus, qu'est-ce qu'ils risquent?

Regardant la scène sans sourciller, le jeune garçon prit son temps avant de répondre à celui qui venait de donner une bonne correction aux deux malfrats. Une fois que la tension fut légèrement retombée et que les cris plaintifs des amochés baissèrent de volume, Muko se décida à répondre au manieur de sable.

« Que veux-tu que j’en fasse ? Ils ne me sont d’aucune utilité maintenant que tu les as amochés… »

Se tournant désormais vers les voleurs, il descendit à leur niveau et leur balança un morceau d’étoffe qu’il utilisait généralement pour se couvrir la tête.

« Pansez vos plaies avec ceci et marchez deux kilomètres au Nord. Il y a un oasis qui vous permettra de désinfecter votre plaie et de vous hydrater. »

Sans autre floriture, l’enfant se tourna maintenant vers le manieur de sable qui était revenu sur son nuage de sable. Un drôle de pouvoir que Muko n’avait jamais rencontré auparavant. Il s’apprêtait à lui poser une simple question, lorsque l’un des brigands se glissa dans son dos, et avec sa main valide, lui mit une lame sous la gorge. Sentant le métal froid, qui contrastait avec l’air ambiant, contre sa peau, Muko soupira. Il ne souhaitait pas en arriver là, mais il n’avait pas vraiment le choix.

« Rends nous ce que tu nous a pris et nous laisserons la vie sa… »

Oups, pas le temps de finir ta phrase que tu avais déjà le souffle coupé. Muko avait donné un violent coup de coude au niveau des côtes flottantes de son agresseur. Sans lui laisser le temps de réagir, il frappa de sa paume ouverte le poignet valide de l’homme qui laissa alors sa lame s’échapper. Sans perdre un instant, Muko récupéra la lame et la planta dans l’œil de ce dernier, perforant d’un coup sec et puissant son crâne pour lui ôter la vie.

Sans plus attendre, il se déplaça rapidement vers le second larron et répéta l’opération en faisait un coup latéral cette fois ci. Un petit bruit de lame vint percer le silence du désert, suivi rapidement par le bruit d’une tête s’écrasant contre le sable chaud… Désolidarisée de son socle naturel.

Sans un mot, l’enfant jeta alors la lame au sol, près du second corps et releva les yeux vers le manieur du sable. Il était toujours là, et venait d’assister à la scène. Le nécromancien se demandait bien s’il allait le dire aux autorités… Peut être valait-il mieux le supprimer lui aussi ? Cependant, ce serait une autre paire de manche, il n’était pas du même niveau que les deux lascars qui venaient de rejoindre le paradis… Ou l’enfer. Plutôt l’enfer d’ailleurs…

« J’espère que tu m’en veux pas trop, mais ils avaient qu’à m’écouter. T’as tout récupérer au moins ? »

Jaugeant son interlocuteur du regard, il crut bon de rajouter ces quelques mots.

« Tu diras rien hein ? Car je viens d’arriver au village, et je n’ai aucune envie d’avoir des problèmes. »

Qu'est-ce que je veux qu'il en fasse? J'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre maintenant que j'ai récupéré ce que j'étais venu chercher? J'ai puni ces deux idiots à la mesure de leur faute et ça suffit amplement à ma satisfaction. Le simple fait de savoir qu'ils ne se serviront plus jamais de leurs mains droites suffit à mon bonheur. Car après tout la mort est souvent trop clémente. La souffrance et la honte, elles, sont indélébiles. Qu'ils soient jugés coupables ou non par Suna, l'essentiel est acquis. Ils ne viendront plus semer la pagaille dans mon désert. Du moins s'ils ne sont pas assez stupides pour croire en leur bonne étoile...

Je marque néanmoins une pause et fait pivoter mon nuage en direction du trio nouvellement formé, ma curiosité titillée par cette question peu conventionnelle pour un sunajin. À l'entendre on dirait presque qu'il est déçu par l'infirmité de ses deux prisonniers. Mais pas parce qu'elle cause du tort aux intéressés, non. Plutôt parce qu'elle lui en cause à lui. Je reconnais qu'à ce stade-là de notre échange je ne saisis pas très bien ce qui motive un tel désintérêt.

J'aurais pourtant pensé qu'un gamin shinobi aurait bondit sur l'occasion de ramener deux captifs à Suna. Ne serait-ce que pour le crédit qu'on porterait alors à son acte. Mais... non. La demi-portion semble même décidée à les libérer, leur indiquant la direction d'une oasis où ils pourront trouver un peu de réconfort. Un sourcil de scepticisme assombrit mon visage tandis que du sable commence à voltiger autours de moi. Comme si j'allais les laisser faire! Ce gosse ne veut pas de ces voleurs? Soit! Mais il est tout simplement hors de question qu'il les laisse s'en aller comme si leur liberté leur appartenait encore. Ho ça non...

"Tant qu'à faire tu pourrais carrément les porter sur ton dos et leur prodiguer les premiers soins..." dis-je sur un ton réprobateur. "Les Sunajins n'ont jamais brillé par leur clairvoyance mais je n'avais pas supposé qu'ils puissent tomber aussi bas!"

Et en parlant de clairvoyance... Voilà que le shinobi se retrouve avec une lame sous la gorge. C'est bien beau de faire preuve de noblesse d'âme mais de là à croire que les autres agiront avec la même retenue... D'un autre côté je mentirais si je disais que la scène se déroulant à mes pieds ne m'intéresse pas. On dirait que je vais encore pouvoir me divertir quelques secondes. Je perçois également l'intérêt de Shukaku. Il est vrai que ce n'est pas tous les jours que l'on a le loisir de voir un spectacle si improbable.

*Dix contre un qu'il y passe...*
*Pari tenu!*

Quelques secondes plus tard je me rends compte que j'ai parié sur les mauvais chameaux. Le gamin se libère aisément de la prise de son agresseur avant d'achever ce que j'avais commencé. Il a une certaine technique, je dois le reconnaître. Mais il faut également souligner que la résistance n'était pas digne de ce nom. Dommage... Je soupire tandis que les ricanements tonitruants de Shukaku ne me permettent plus de penser avec sérénité. Ha si seulement je pouvais lui passer une muselière à ce Tanuki de malheur!

Et voilà que l'adolescent se met à se justifier comme si c'était à moi de décider des conséquences de son action. Si ça ne tenait qu'à ma petite personne il aurait peut-être droit à une médaille pour agir si différemment des autres sunajins. Mais je lève les yeux au ciel quelques instants plus tard lorsque je comprends qu'il craint la réaction de ses collègues de la base militaire. Évidemment... C'était trop beau pour être vrai!

"Des problèmes, tu en auras tôt ou tard en restant à Suna!" que je réplique sur le ton de l'évidence la plus absolue. "Ce village attire les ennuis aussi sûrement qu'une merde attire les mouches! Et crois-moi: je parle en connaissance de cause!"

À se demander s'il n'est pas maudit parfois... Toujours est-il que si problèmes il doit avoir, ce ne sera pas de mon fait. Je ne vois aucune raison de mettre des bâtons dans les roues à un jeune homme s'éloignant un tant soit peu de la doctrine laxiste de Suna. Au contraire...

"Mais tu n'as pas à t'inquiéter. Pour peu que tu fasses disparaître ces deux cadavres de mon désert... Ils n'en sont pas dignes!" qui l'est? "Après quoi tu pourras rentrer à Suna et faire comme si tu avais agis en parfaite adéquation avec ses principes! Même si je te le déconseille..."

Pourquoi? Je suppose que la curiosité fera le reste. N'est-ce pas un point que tous les morveux de son âge ont en commun? Je lui décoche un vague signe de la main en guise d'au revoir puis commence à m'éloigner. Alors? Suivra, suivra pas?

Ce jeune homme était bien étrange. Il semblait avoir une certaine aura, une certaine perception de lui-même lui conférant tous droits dans le désert de Kaze no kuni. Cela surprit légèrement Muko qui ne s’attendait pas du tout à cela… Un homme aussi sûr de lui, et pourtant si peu impressionnant à première vue malgré sa démonstration de force face aux deux raclures désormais décédées.

Le manieur de sable commença tout d’abord par dénigrer le village caché de Suna, avant de dire qu’il ne cafterait pas pour ce que venait de faire Muko. Ce dernier en poussa un petit soupir de soulagement, il ne voulait pas s’attirer des ennuis aussi rapidement. Ils le méritaient certes, mais peut être étaient-ils des amis des hauts dignitaires du village. Il ne fallait pas prendre de risque. L’homme, toujours sur son nuage de sable, dit qu’il se fichait des deux corps et que Muko pouvait en disposer comme il le souhaitait.

Ouais, mais il en voulait pas, il le lui avait déjà dit quelques instants auparavant. M’enfin, il faut bien faire le ménage, c’est normal. Et comme le désert semblait lui appartenir, Muko s’exécuta de bonne foi. Il se rapprocha des deux corps et les scella dans deux parchemins standards. Rien de plus facile pour un adepte du fuinjutsu comme lui. Une fois sa petite affaire terminée, il se retourna mais l’homme était déjà reparti.

« Tss. »

Le jeune nécromancien n’en avait pas fini avec lui, pas encore du moins. Ce fut donc pourquoi il activa les deux sceaux se trouvant sur ses omoplates et que deux paires d’ailes formées de cadavres vinrent s’accrocher à son corps. Cela lui consommait peu de chakra, et il décida donc de rattraper le vantard.

En quelques battements d’ailes il se retrouva à sa hauteur, il stabilisa donc sa vitesse afin de s’adapter au rythme de son interlocuteur. Il le regarda avec un regard inquisiteur. Il se demandait bien qui pouvait être cet homme qui semblait haïr au plus haut point le village caché du Sable et qui résidait malgré tout dans le désert voisin.

« Tu dis que Suna apporte son lot d’ennuis à toute personne restant au village… Pourquoi ? »

Marquant une petite pause, l’enfant reprit de plus belle.

« Qui es-tu ? Qu’est ce qui te fait croire que ce désert est le tien ? »

Une question sans agressivité, mais montrant un certain septicisme de la part du jeune garçon qui avait du mal à croire que cet homme dominait le désert.

Je m'autorise un sourire lorsque le sunajin revient à ma hauteur avec, il est vrai, un style tout particulier. Je jette un vague regards à l'assemblage de cadavres qui constituent ses ailes en ne prenant même pas la peine de réprimer mon dégoût. Il faudra vraiment qu'on m'explique ce qu'on peut trouver de fascinant dans un art consistant à manipuler les morts. Il n'y a rien de noble ou d'honorable là-dedans. Néanmoins je comprends mieux pourquoi l'adolescent indiquait que les corps amputés de ces voleurs ne lui étaient plus d'aucune utilité. Toujours est-il que la perspective d'avoir des cadavres se baladant dans mon désert me ravisse. Et malheureusement il semblerait que cela devienne la mode en ce moment. Une raison de plus d'en vouloir à Tali, tiens...

Mais même s'il s'agit d'un étranger et qu'il a des goûts plutôt douteux en matière d'arts shinobis, ce garçon reste une sorte de diamant brut qui pourrait exprimer un jour tout son éclat. Il n'est pas encore souillé par Suna. Du moins est-ce l'impression qu'il me donne. Sans doute n'est-il pas depuis assez longtemps dans le pays pour voir ce qui saute aux yeux des autochtones. Sans quoi il ne m'aurait pas suivi dans le but d'assouvir sa curiosité. Et puisque quelques instants plus tard il me question également sur mon identité j'en conclus qu'il reste effectivement un espoir. Seulement cela vaut-il la peine d'y consacrer du temps? Nous verrons bien au fur et à mesure que les secondes s'écouleront.

"Tu n'es pas au courant de la principale spécialité de Suna?" que je le questionne en retour, amusé. "Ses murs suintent la trahison et l'inefficacité depuis de longues années maintenant. Même un étranger ne peut ignorer les désastres causés par les différents Kage qui se sont succédé à sa tête. Le dernier en date étant peut-être la guerre déclenchée par cet abruti de Kibo contre Konoha... À moins que ce ne soit l'incapacité d'Ogami a obtenir la tête de Kioshi? La palette de choix est si vaste..."

Oui, j'attendais mieux de celui que je venais peu à peu à considérer comme un ami. Ou, du moins, comme un allié digne d'une certaine forme de confiance. Mais avec le temps j'ai compris qu'il ne valait pas espérer grand chose de Suna. Et dire que ce village était sensé représenter le bouclier derrière lequel Kaze serait en sécurité. Vaste blague...

"Ce village est semblable à un animal enragé: il impose peut-être une certaine forme de respect mais il n'en reste pas moins imprévisible et dangereux. Et comme tout bestiau incapable de discerner ses amis de ses ennemis, comme tout fauve qui mordrait la main qui le nourrit, il doit mourir! Pour éviter qu'il contamine les autres ou simplement qu'il vous ôte la vie en premier! D'une certaine façon il ne s'agit là que d'une bête question de survie..." Sauf qu'elle se situe à l'échelle d'une nation toute entière. "Le tout est de s'en rendre compte!"

J'ai perdu assez de salive à cracher sur ce lieu maudit. Maintenant que mon clan a retrouvé le désert et ne souffre plus d'aucun rival je ne prête plus que l'attention nécessaire au village. Car j'ai compris il y a des années de ça maintenant qu'il n'était pas nécessaire à Kaze. Et encore moins aux Kawaguchi. Combien de vies notre peuple ou les miens ont-ils donnés pour les mauvaises décision de Suna?

"Je ne sais pas ce qui t'a mené jusqu'à ce village mais si cela découle d'une décision alors sache qu'il s'agit sûrement de la plus mauvaise que tu pouvais prendre. Puisque tu es encore jeune laisse-moi te donner un conseil: Si tu aimes ce pays, défends-le en prêtant allégeance à la capitale. Dans le cas contraire, rentre d'où tu viens avant que ton sang ne vienne un jour souiller inutilement le sable de mon désert!"

Ce n'est pas une menace. Pas encore... En tant normal je lui aurais simplement conseillé de retourner sur ses pas. Mais la guerre faisant rage la nation a bien besoin de soldats prêts à aller se sacrifier sur le front. Car il est hors de question que mon clan paie pour une guerre qui n'est pas la sienne. Ou, du moins, qu'il n'a pas voulu! Mieux vaut un étranger qu'un fils ou une fille de ce pays...

"Quant à savoir pourquoi j'estime que l'Océan Doré m'appartient..." dis-je en soupirant. "Et bien les Kawaguchi sont les maîtres incontestés en ces lieux. Et vu que je suis moi-même leur Seigneur..."

Le raisonnement est un brin simpliste, c'est vrai. Mais pas si éloigné de la réalité... Je ne crois pas que ce désert m'appartienne. Je le sais. S'il y a bien une vérité qui ne changera pas à Kaze, c'est celle-ci. Je ne sais pas si ce gamin a entendu parler de moi ou si Suna ignore mon retour mais sa réaction risque de me donner de précieuses indications à ce sujet. Donnant-donnant... Toujours est-il que je ne vois pas l'utilité de me pencher davantage sur un fait acquis. Je daigne enfin tourner à nouveau le regard vers le sunajin, ma curiosité un brin éveillée:

"Qu'est-ce qui peut mener un étranger à s'aventurer sur ces terres? Je suis pratiquement certain qu'une personne douée de raison ne prendrait pas le risque de venir dans ce désert. Or pour l'instant tu ne m'as donné aucune raison de croire que tu es un faible d'esprit. C'est même plutôt rare de voir un adolescent comprenant qu'il est nécessaire de donner la mort..." Oui, c'est peu courant parmi les inférieurs. "Alors? Pourquoi Suna?"

S'est-il perdu avant d'être recueilli au seuil de la mort par une patrouille du village? Est-ce pas gratitude qu'il estime aujourd'hui qu'il est de son devoir de le servir? Où est-ce simplement de l'inconscience? Quelque chose me dit que ce gamin là savait pourtant très bien ce qu'il faisait...

Apparemment le village du Sable n’était pas porté dans le cœur de tous de la même façon. L’interlocuteur de Muko, en tout cas, semblait avoir une certaine rancœur contre ce village pourtant si apprécié par certains qui seraient même prêts à donner jusqu’à leur vie pour le défendre. Le nécromancien, qui le suivait toujours dans les airs, décida de ne pas relever et de laisser finir celui qui semblait se prendre pour le roi du désert.

Il énumérait les différents dirigeants s’étant succédés à la tête du village, leurs différentes erreurs ayant entraîné le village au fond du gouffre apparemment. Apparemment Kibo était le responsable de la guerre qui opposait Suna à Konoha… Pas très malin, pensa le jeune nécromancien mais il se garda bien de dire quoi que ce soit et préféra laisser l’homme au sable finir son monologue interminable.

Et là, l’homme fit une remarque des plus inattendues, il affirma que le village devrait mourir avant de ne blesser d’autres personnes et de ne répandre la tristesse et la désolation une nouvelle fois. Muko fit la moue, mais resta encore silencieux un petit peu et regarda alors l’homme qui était encore confortablement installé sur son nuage de sable. Il était dangereux, et même si ses actes ne semblaient pas encore portés à leur paroxysme, il n’en restait pas moins porteur d’idées qui pourraient déranger. Mais, encore une fois, Muko resta silencieux et attendit que son interlocuteur ait fini.

Il s’annonça une nouvelle fois comme le roi du désert… Car le désert appartenait aux Kawaguchi, ce qui n’était pas faux en soi vu qu’ils maîtrisaient le sable. Et lui, ce jeune garçon ayant à peine dépassé l’âge adulte, était leur chef ? Intéressant… Muko sourit, il était amusé de rencontrer une personne occupant une place si importante chez le clan le plus représentatif de Suna. Et alors qu’il s’apprêtait à lui répondre, l’homme au sable reprit une nouvelle fois la parole.

Il ne s’arrêtait jamais décidément celui-là ! Une fois de plus, le nécromancien le laissa finir. Mais cette fois, il ne laissa pas le temps à celui qui croyait posséder le désert de reprendre la parole, à son tour un peu !

« Je ne savais pas tout cela sur Suna, merci de m’avoir donné une objective vision des récents évènements qui se sont déroulés dans le village dernièrement. »

Un petit sourire accompagné d’un clin d’œil. Il était évident que son discours était influencé par ses sentiments, mais Muko ne s’y était pas laissé prendre et il confronterait dans le futur ce que lui avait dit Kira avec d’autres avis… Peut-être plus objectifs.

« Eh bien c’est un honneur de rencontrer le grand manitou du grain de sable ! Je m’appelle Muko au fait. Et toi, tu as un nom, « roi du désert » ? »

Un peu de flatterie, ça aidait généralement à obtenir toutes les informations du monde.

« La raison de ma présence ? Je me balade tout simplement. Le désert est plutôt beau et on peut y découvrir des trésors insoupçonnés. Mais surtout, j’avais cru comprendre que certaines personnes avaient décidé de vivre à l’extérieur du village alors je suis venu voir. Et avant même de les rencontrer, je suis tombé sur toi en train de corriger ces deux hommes. »

Jetant un coup d’œil à sa ceinture, les parchemins enfermant leurs cadavres y étaient attachés. Il ne faudrait pas qu’il oublie de s’en débarasser en rentrant, cela pourrait s’avérer compromettant si quelqu’un l’apprenait.

« Ah mais tu veux savoir pourquoi je suis venu à Suna en fait ? Ah ah ah j’avais pas compris. »

En fait si, mais c’était beaucoup plus marrant de jouer aux abrutis. Un moyen de tester la patience et la résistance de ses interlocuteurs à vrai dire.

« On m’a conseillé ce village, surtout pour les capacités particulières de l’un de ses clans. »

Il était évident que Muko n’en dirait pas plus à l’heure actuelle. Mais il voulait se servir du savoir-faire d’un des clans de Suna afin de parfaire son propre art… Restant un moment silencieux, le jeune nécromancien se demandait bien si sa réponse avait satisfait les attentes de ce prétendu « roi du désert » qui dégageait une telle assurance que cela ne pouvait pas être que de l’esbroufe.