Le désert est son havre de paix.
Il n'y avait qu'ici qu'il se sentait vraiment chez lui depuis la perte de son œil. Qu'ici qu'il pouvait avoir l'esprit en paix et oublier tout ce qui l'entourait. Assis sur une dune, Suna en contrebas, il le savait, Amano avait l'oeil clos et attendait. La saison des tempêtes de sable, la saison où il pouvait mettre son pouvoir à profit et renforcer sa compréhension de son élément, de son essence.

Son œil brilla et il se releva, se retournant, la tempête arrivait. Inspirant lentement, il tendit ses deux bras devant lui et le sable réagit sous ses pieds, se soulevant légèrement. Grimaçant en sentant qu'il n'était pas au mieux de sa concentration, le blond détendit de nouveau son corps, les bras retombant le long de ce dernier avec une lenteur déconcertante.

Il ne te regarde plus.
Serrant les dents, sa colère éclata en laissant le sable sous ses pieds s'écarter d'un bon mètre autour de lui. Mais s'il avait raison et si son maître ne le regardait réellement plus ? S'il se fichait de lui et s'il l'oubliait ? Non, c'était impossible !

Tu es trop insignifiant à ses yeux, il est l'hôte de Shukaku, ne l'oublie pas.
Le démon du sable. Un sourire se traça sur les lèvres de l'élève du chef de clan et ses mains bougèrent, venant lentement créer devant lui un fin voile de sable. La tempête approchait inexorablement vers lui, qu'importe. Celle de son maître est bien plus impressionnante et dangereuse que celle du désert. Il y survivrait, et si c'était réellement nécessaire, il utiliserait son pouvoir pour se protéger.

Une silhouette se détachait au loin, mais il ne la voyait pas.

Tu es indigne du sang du clan du sable !
Levant ses bras, le sable suivit alors qu'il les poussa devant lui et que son voile se tordit et devint bientôt opaque alors que la silhouette s'approchait de lui aussi vite au moins que la tempête arrivait.

Amano, tu n'es qu'un grain de sable parmi tant d'autre.
Un grain de sable. Le mot était dit. Oui, il n'était qu'un Kawaguchi parmi les autres, il n'avait rien d'extraordinaire, il était lui, tout simplement.
Souriant, il comprit une chose essentielle aujourd'hui. Être exceptionnel c'était justement être soit-même. Mais... il voulait tellement les protéger, il voulait tellement ne pas être l'homme qui les fera souffrir parce qu'ils sont proches de lui, Kei, sa femme, Kuzushi et Ruri ses amis, son clan et surtout son maître.

Tue les tous, tous ceux qui en veulent à ceux que tu chérie. Deviens le bourreau, devient la lame qui s'abat, et alors tu les verra heureux, mais tu resteras une ombre.
Rester une ombre ne le dérangeait pas outre mesure, si elle souriait et chantait, s'il s'épanouissait et voyait la paix arriver, si elle recouvrait la voix et était capable de se pardonner, s'ils retrouvaient leur gloire d'antan, s'il arrivait à sourire par plaisir et non pour de faux semblant. Il sera cette lame, il sera l'ombre qui exécute, il dressera un mur entre son cœur et ses actions.

- Comme tu as raison, papa...

Murmura-t-il pour lui même sans prendre garde à la silhouette qui arrivait sur lui. Il se tenait prêt à tenir face à la tempête de sable, tenir son mur, tenir le sable pour son obligé et ne pas le subir. Mais les pas dans le sable le troublèrent et il tourna la tête. La tempête allait s'abattre, d'où sortait-il ?
Si cette personne voulait se réfugier à Suna c'était trop tard, la tempête le rattraperait. Il fallait agir. Amano leva son bras pour lui faire signe de s'approcher et se concentra de nouveau sur sa mince protection pour l'agrandir et accueillir cet individu, lui demandait ce qu'il fichait ici.

L'homme arriva sur lui et d'une étrange façon se cacha dans son dos. Il ne lui jeta pas de regard et se concentra sur le sable. Serait-il à même de gérer cette tempête ? Serait-il un digne Kawaguchi ? Sans se préoccuper plus que ça de savoir qui était énergumène dans son dos, car il fallait l'admettre, ce type avait quelque chose en lui de particulièrement... énervant. Il n'avait pas parlé beaucoup, il n'avait que répondu à sa question que déjà il avait le sentiment qu'il mettrait à rude épreuve ses nerfs.
Mais à peine avait-il eu le temps d'entendre sa réponse qu'il le sentit bouger, le sable sous ses pieds, à ses talons, bougea, et il le vit à ses côtés les mains tendues. Que comptait-il faire ici ? Serait-il un shinobi ?

Il voulu répondre, presque se moquer de lui à s'être perdu ainsi dans le désert et pourtant, il se rappelait que lui aussi, ça lui été arrivé et que c'était ainsi qu'il avait réellement reprit sa vie. Son maître l'avait sauvé d'une manière bien particulièrement et rien que le fait d'y repenser lui fit faire une petite grimace de dégoût.
Mais le sable qui se leva des mains du brun à ses côtés le laissa sans voix. Un Kawaguchi ? Il n'y avait qu'eux pour manier ainsi le sable sans souffrir de son utilisation ou sans montrer un temps de réflexion. Mais cette tempête qu'il confrontait à celle du désert avait quelque chose de plus et de moins, quelque chose d’impressionnant alors que la jeunesse de l'homme à ses côtés le troublait quelque peu. Un si jeune homme capable de manier une tempête ainsi ? Etait-ce une blague ?

Observant les deux tempêtes l'une contre l'autre, Amano souffla une nouvelle fois et en joignant ses mains laissa retomber son muret de sable pour sentir le vent et le sable fouetter légèrement sa peau. Il hocha la tête.

- Un Kawaguchi perdu dans le désert... ça me rappel quelque chose.

Il força un sourire amusé avant de se tourner vers le jeune homme à ses côtés.

- Amano... Kawaguchi Amano.

Il plissa son œil en regardant le duel de l'événement le plus dangereux dans le désert de Kaze puis haussa les épaules sans savoir si une tempête pouvait en calmer une autre ou pas, il se sentait tout de même plus en sécurité dans une qu'on créait qu'une qu'on ne maîtrisait pas.

- Comment as-tu réussis à te perdre ?

Sa voix n'avait rien de moqueuse, au contraire, et il tira de son sac une petite gourde qu'il lança vers les mains de son cousin, d'une manière ou d'une autre.
C'était toujours un bonheur et en même temps quelque chose d'étrange pour lui de rencontrer de nouveau Kawaguchi, mais plus le temps paissait, plus il se faisait à l'idée qu'ils étaient tous quelque part dans ce désert et qu'ils ne demandaient qu'à faire front commun.

Pour lui qui voulait défier la tempête d'une toute autre manière, c'était un peu rappé pour le coup mais, avec la saison en court, il aurait d'autres occasions.

Ce n'était pas comme s'il ne voyait pas la facilité avec laquelle son cadet maniait sa tempête de sable. Même si l'opération demandait une bonne dose de concentration, pour la maintenir face à celle qui fondait sur eux, il n'en était pas moins que ce Kawaguchi le faisait et sans donner l'impression de se focaliser sur sa technique.
Amano aurait pu siffler, pour souligner le prodige, mais il n'en était rien. Il ne faut pas conforter les hommes dans leur force, il faut les mettre face à leur faiblesse. C'était ce qu'il avait retenu de ses entraînements à ses côtés. Alors qu'il l'entendait hurler presque en lui demandant de lui filer un coup de main, le blond commença lentement à rapprocher ses mains l'une de l'autre et à composer des mudras. Il prit le temps, écoutant ses réponses, observant ses gestes. Il ne pourrait pas arrêter une tempête de sable, lui n'avait pas l'étoffe d'un héro et encore moins d'un guerrier de légende. Il n'était qu'un enfant du sable.
Relevant son œil sur le spectacle que lui offrait la nature et son cousin, Amano tendit l'oreille pour écouter son explication alors que la tempête les avait soufflé de quelques pas en arrière, manquant de les séparer.

Puis, il lui rappela la situation précaire dans laquelle ils étaient, et même s'il avait bien envie de voir l'étendue de la force de ce jeune garçon, le blond n'était pas cruel envers les siens, bien au contraire. Terminant son dernier signe tout en voyant la tempête du garçon redoubler de puissance, c'est d'un sourire qu'il s'agenouilla et posa sa main sur le sable, levant tout autour d'eux un dôme de terre assez large pour y accueillir plusieurs personnes, et assez haut pour se tenir debout sur une bonne moitié de la zone.

- Maintenant tu peux te reposer. Je n'ai pas de commentaire à faire, sur la raison de ta présence ici, ça me rappel de bon souvenir de mon côté et c'est assez... amusant.

A l'inverse de ses mots, sa voix était assez froide et dénuée d'émotions.
S'asseyant sur le sable tout en levant son œil vers le sommet de leur protection, Amano passa le revers de sa main sur son front.

- Ca va durer un moment. Elle avait l'air assez impressionnante. D'ailleurs, la tienne n'était pas mal non plus.

Sans regarder son cousin, le blond croisa ses jambes, de sorte à être assis en tailleur et posa ses mains sur ses genoux, prêt à patienter le temps qu'il faudra que le sable et le vent se calme.
Se détendant intérieurement, l'aîné des manieurs de sable repris sur un ton un peu plus aimable :

- Dis-moi, comment t'appelles-tu ?

Savoir le nom était une chose, mais ça ne faisait pas l'identité d'un homme. Il voulait son prénom, il voulait savoir ce qu'il faisait, ce qu'il voulait faire. Lui l'avait décidé depuis longtemps et même si le chemin qui l'y conduirait était rude et semé d’embûches, il ferait tout pour parvenir à son objectif, son but ultime.

Spoiler:

Sa réaction fut assez ordinaire mais avait quelque chose qui agaçait lentement Amano. Il ne saurait dire quoi exactement, peut-être son timbre de voix, peut-être sa manière de se foutre du reste ou tout simplement ce qu'il avait cru ressentir, sa capacité à ne faire que le strict minimum.
Tout arrivait dans le désordre comme s'il n'était pas réellement là. Il parlait de lumière, ils auraient bien pu tenter un feu, mais c'était un coup à manquer d'oxygène. Secouant son visage, après tout il ne le voyait pas, Amano aurait presque pu soupirer s'il ne l'écoutait pas encore.
Divaguait-il ou était-ce une sorte d'humour ? Etait-il juste sincère ? Et surtout, qu'entendait-il par faire des trucs « chelou ».

Finalement, dans toute cette étrange tirage, le blond réussit tout de même à avoir son nom : Van. Cet énergumène, car il ne pouvait décemment pas en être autrement, avait toute l'attention d'Amano. Il était son cousin et de ce fait, il se devait de l'aider, même s'il n'en avait guère envie pour le moment, la faute à sa trop grande bonhomie sans doute.
Lâchant un soupire, trop c'était trop, le fait que son cadet dise avoir plus que faim aurait pu le faire rire en d'autre circonstances. En entendant du bruit il tourna spontanément sa tête sans pourtant voir et sentit le corps de Van lui tomber dessus. Il s'était empêtré dans ses jambes en tentant de bouger dans le noir.

Il aurait du lui crier dessus, lui dire qu'il était un imbécile, qu'il l'énervait ! Mais il serra simplement ses propres vêtements et inspira doucement avant de répliquer le plus calmement du monde.

- J'ai de quoi manger, c'est pas grand chose, mais si ça peut te calmer l'estomac, je t'en prie.

En se souvenant du mouvement de la chute et de la sensation sur ses jambes, il su qu'il n'avait pas bouger beaucoup par le peu de bruit en plus qu'il entendait et su à peu près sa position par rapport à lui. Fouillant dans son petit sac, il tira un morceau de viande séchée et en y allant à tâtons, trouva l'épaule de Van, et de son autre main lui vint lui glisser le morceau dans sa main tout en le relâchant et en s'éloignant.

- Pour la durée de la tempête j'en ai pas la moindre idée, je m'étais aventuré ici dans l'espoir de confronter mon sable à cette dernière, savoir si j'avais la force de lui tenir tête mais il y a eu un léger changement de plan de dernière minute.

Il se rongeait les os pour ne pas l'envoyer contre le mur de son dôme et lui faire comprendre qu'il l'irritait. Amano aimait mesurer sa patience, mais là il était réellement à bout et il ne faudrait pas grand chose pour qu'il hausse le ton.

- Je ne dirais rien, je n'ai pas d'utilité à dénigrer l'un des miens. Et ne t'en fais pas pour Suna et nous, ça va s'arranger tôt ou tard.

Il ne pensait pas spécialement à Kira, mais plutôt à son ami Kuzushi. Leur relation amicale les aiderait probablement à détendre les conflits interne au pays du vent.

- En revanche... la viande de serpent c'est bon, mais il n'y a pas grand chose à manger sur ces animaux.

Que pouvait-il dire d'autre ? De dormir, de se taire, de lui foutre la paix ou de l'oublier ? Non, ce n'était pas vraiment son genre et même si ce gamin l'exaspérait, il ne pouvait pas l'abandonner et n'en faire qu'à sa tête ou le tuer et l'ensevelir, d'ailleurs, il était persuadé qu'il n'en serait pas capable.

- J'ai... peut-être une question... si tu es disposé à parler.

Attendant un peu, qu'il tende l'oreille ou lui manifeste tout simplement son approbation pour discuter d'autre chose, le blond réfléchit à la manière dont il allait s'y prendre.

- Tu sais... ta tempête de sable, elle était vraiment impressionnante. Mais il y a autre chose qui m'a fait hésiter à créer ce dôme pour nous protéger. C'est ta façon de la laisser s'éteindre en pensant à autre chose et ta façon de la regonfler en voulant te protéger à tout prix. Tu as...

Secouant sa tête en souriant, il se dit qu'il était idiot de tenter d'être aimable avec un type comme lui, mais il fallait passer le temps comme on pouvait et... ce « type » était un cousin, un Kawaguchi, un de son sang d'une manière ou d'une autre.

- Tu as beaucoup de potentiel. Tu le sais ?

Sans attendre de vrai réponse, il vint saisir une poignée de sable et s'amusa à le faire voltiger devant lui, dans le creux de ses mains.

Alors qu'il lui avait donné premièrement un morceau, de l'entendre bouger et de le sentir se rapprocher plus ou moins dangereusement de lui le fit faire un mouvement qui n'aida en rien la situation. Il sentit cette main sur son visage qui n'était qu'à la recherche d'un peu de nourriture et qui maladroitement se heurter à ce qui était sur son passage.
Serrant le sable qu'il avait sous l'une de ses mains, il le fit tellement fort qu'il commença à avoir mal aux articulations, mais toujours sans mot dire, gardant sa colère enfoui quelque part. Il aurait l'occasion de la faire éclater à un moment ou un autre et de préférence pas contre ce gamin.

Un gamin qui commençait plus que de raison à mettre à mal son calme légendaire. Réprimant juste un soupir d'agacement en l'entendant lui répondre la bouche pleine après avoir profiter de son élégance à mastiquer, Amano relâcha la pression de sa main sur le sable et se leva lentement. Il fallait qu'il calme d'une manière ou d'une autre ses nerfs et quoi de mieux que d'aller à la rencontre de la paroi de son dôme, glisser sa main dessus pour en sentir la fraîcheur et la fragilité et marcher tout le long, faire les cents-pas pour se vider la tête, penser à ses pieds, à sa main, oublier Van un moment, oublier la tempête dehors, oublier son obligation vis-à-vis des siens, oublier son maître, son devoir envers lui, oublier Suna et son devoir de shinobi, oublier sa femme et son envie de fonder une famille, oublier son ami et ses rêves de paix, oublier son désire de tous les protéger. Il posa son œil sur la terre devant lui, sans la voir. Les protéger tous, oui, peut-être en était-il capable maintenant ?

Perdu dans ses pensées, lorsqu'il parla de la tempête de son cadet et que celui-ci vint à lui répondre, le blond cru perdre ses moyens mais sa voix resta calme, bien que l'on sentait une pointe d'irritation naître tout doucement.

- Ecoute-moi sale gosse...

Commença-t-il en arrêtant de prendre des pincettes avec lui pour rester un minimum poli.

- Je fais pas des compliments gratuits. Si tu veux tout savoir, je suis jaloux de ta capacité à tenir une tempête de sable avec autant de négligence ! Et je trouve ça complètement stupide que tu réagisse comme si je t'agresse alors que je te complimente, que, comme tu dis, j'ai créer cette protection pour nous alors qu'on se connaît pas et que j'aurais pu te laisser crever dans la tempête, personne en aurait rien su !

Serrant les dents et reprenant une petite inspiration, car il avait tout sortit d'une traite, le fils du désert reprit.

- Oh puis merde... tu m'emmerde... tu le comprends ça ? Je peux pas supporter les types dans ton genre qui comprenne rien à rien. Maintenant... on est coincé là, tous les deux, sauf si tu préfère arrêter tout seul la tempête de sable, mais vue le bruit, si je défais la protection, on vole... alors comme tu veux.

Sa main vint se poser à plat contre la paroi de son dôme de terre, il avait parlé face au mur, il ne voulait même pas s'imaginer regarder Van dans le blancs des yeux.

Et qui des deux était dans le vrai ?
Amano resserra sa main contre la terre une seconde puis ferma son œil tout en l'écoutant répondre à ses propos qui, en y repensant, étaient pour certains un peu déplacés. Le flot d'insulte qui se déversa pour la première réplique lui tira un sourire, un vrai, un de ceux qui donnent envie de rire à gorge déployée.
Le blond se retint, ce n'était pas le moment, il penserait qu'il se ficherait de lui et même si ça n'aurait pas été le cas, le penser aurait été plus que normal. Continuant de tendre l'oreille, sans se douter une seule seconde qu'il aurait pu à un moment donné comprendre ce qu'il avait dit avant de lui lancer qu'il l'insupportait au plus haut point, Amano fit redescendre son bras le long de son corps et se tourna vers lui, du moins, vers sa voix dont il semblait en deviner la provenance.

Puis vint la provocation, les gestes qui cherchaient l'affrontement.

Ce n'est qu'un gosse.
Oui, un jeune homme qui n'avait pas eu le même vécu, un jeune homme qui pourrait presque vivre dans la légèreté si on lui en donnait les moyens, sans se soucier du reste. Il pourrait prendre cette responsabilité pour des gens comme ça. Il pourrait faire cet effort là tout simplement et répondre à la promesse qu'il avait faite.

Un soupir, la main sur son front, le fils du désert laissa un maigre sourire apparaître sur son visage, masqué par la noirceur de leur abris. Il fallait dire que le terme « vieux con », il ne l'avait pas souvent, voir même très exactement jamais, entendu de la part de quelqu'un à son encontre. Certes, il n'était pas tout jeune, mais lui aussi était encore un Genin. Il était encore un apprenti, il n'était pas un leader et il ne désirait pas l'être.
Sa voix se calma et redevint calme, comme à leur premier échange.

- Bien, Van...

En insistant particulièrement sur le prénom de son jeune cousin.

- Je ne romprais pas le dôme, j'ai des choses à accomplir, trop importante pour mourir dans le désert, par l'élément que NOUS contrôlons.

Il s'approcha, furtivement, sans faire le moindre bruit et lorsqu'il fut sur d'être dans son dos, l'élève de Kira posa sa main droite sur son épaule gauche pour lui faire savoir qu'il était là.

- Maintenant je ne retire pas tout ce que j'ai dis, mais je n'ai pas l'intention de me mesurer à toi. Premièrement, il y a de forte chance qu'on abîme notre mince protection. Deuxièmement, tu es un Kawaguchi, tu es de mon sang, et par ce simple fait, je ne lèverais la main sur toi que si c'est pour te sauver la vie. Et dernièrement, si l'on se battait avec nos jutsus, je suis certain que tu me battrais, et ça, ce n'est pas en option pour le moment.

Sa voix calme, ses pauses marquées, et sa présence discrète à ses côtés, Amano cherchait tout simplement à se fondre dans le décor, autant que possible.
Mais il n'était pas dupe, Van est un ninja, et rien qu'en cela, sans être maître dans les arts des senseurs, devenir invisible pour les autres était une chose inenvisageable pour lui.

Son sourire avait disparu depuis le moment où il avait prit la parole, et il ne comptait pas lui montrer de si tôt. Les seules personnes qui le méritaient encore se comptaient sur trois doigts. Son maître, parce qu'il lui devait tout, son ami, parce qu'il espérait le voir étinceler, et sa femme, car elle représentait sa faiblesse.

- Van... je n'ai pas grand chose à proposer pour passer le temps, mais on peut toujours tenter quelque chose. Je n'ai pas envie de rester plus longtemps dans le noir à attendre que la tempête veuille bien s'éclipser. Même si maintenant on doit avoir passé le plus gros, je suis sûr que la fin ne doit pas être très douce malgré tout.

Il lui proposait clairement de sortir de là, tout en gardant un minimum de protection. Après tout, un Kawaguchi ne craignait pas le sable non ?
Amano se tenait prêt à rompre partiellement son dôme si son cadet approuvait. Il garderait la partie qui les protégeaient des rafales de vents de face.

Il l'avait probablement écouté, jusqu'au bout, ou alors son esprit avait-il vogué loin, se fichant éperdument du discourt du blond. Il ne le saurait jamais, bien que les quelques signes de tête de son opposé lui firent espérer qu'il l'entendait un peu.
Sa main sur son épaule fut assez rapidement écartée, sans méchanceté, ce qui lui fit comprendre un point peut-être essentiel : garder ses distances avec Van, d'une manière ou d'une autre.

Détendant ses muscles lorsqu'il fut écarté de son cousin, Amano observa la superficie de leur protection de terre et sous l'entrain appuyé du brun se tourna dos à la direction que prenait initialement la tempête de sable qui les avait forcé à se protéger ainsi, ou du moins, qui avait obligé le fils du désert à offrir une protection sommaire à l'un des siens.

N'oublie pas qui tu es.
Joignant ses mains et créant son armure de sable tout autour de lui, Amano jeta un bref regard à son cadet qui semblait aussi remonté qu'un coucou et qui lui donna la force nécessaire pour aller au bout de ses mots.
Fixant un point devant lui, il rompit lentement son jutsu et la terre au dessus d'eux s'effrita jusqu'à tomber en fine pluie de poussière que le vent de la tempête emporta bien vite. Dans leur dos tenait encore un pan de terre qui leur permettait de ne pas avoir à lutter contre la force du vent. Devant eux, le pire était passé, mais la force de la fin de la tempête, amoindri grâce à celle de Van, restait encore impressionnante.

Levant son œil bleu passé sur le ciel assombrit par les grain de sable virevoltant sous le courroux du vent, il leva la voix, suffisamment pour se faire entendre malgré le souffle.

- Van ?! Tu pense pouvoir recréer une tempête comme tout à l'heure ? Il ne faudrait pas que celle-ci atteigne Suna avec sa puissance actuelle !

C'était une manière de lui faire comprendre qu'il avait un peu confiance en lui ou tout du moins, qu'il avait foi en ses capacités. De son côté il ne restera pas sans rien faire, c'était hors de question qu'un minot soit plus puissant que lui. Et surtout, il ne voulait pas lui laisser croire qu'il se tournerait les pouces, même s'il n'en avait rien à foutre de ce qu'il pouvait penser de lui.

De nouveau ses mains composèrent les mudras et une tempête de sable de son cru se créa lentement, amenant celle que la nature avait mise sur leur route à se décaler un peu. Il ne pourrait pas faire bien plus, il ne l'essouflerait pas assez. Assurément, celle qu'ils avaient en face d'eux relevait de la puissance de ninja légendaire. Mais à eux deux, enfants du sable, ils y parviendraient.

Tue-le pendant qu'il est encore temps !
Se posant aux côtés de Van tout en lui laissant suffisamment de place pour bouger comme il l'entendait, il sentait son mur de terre qui retenait une partie du vent céder. C'était maintenant ou jamais pour son cousin de faire ses preuves et de lui prouver qu'il avait raison de croire en lui un temps soit peu.

Il avait prit le temps pour lui d'appréhender ce à quoi ils faisaient face. Les caprices de la nature étaient sans doute les plus dangereux. Son œil fixa avec une joie non contenue la furie de la tempête qu'ils affrontaient. Et si cette excitation, ce sentiment de bien être dans le danger était simplement une part de lui qu'il souhaiter étouffer ?
Il leva une main et effleura son bandeau à son œil meurtri. Il aimait cette sensation d'impuissance devant la nature et surtout, il aimait montrer aux siens sa valeur. Alors qu'il avait levé sa tempête et interpellé son cadet, ce dernier lui demanda du silence, prétextant se concentrer. Amano se demanda alors s'il n'avait pas peur. Il n'était qu'un ado, et il avait besoin d'être poussé dans le bon sens, pas d'être mis dos au mur.

Dans un élan protecteur probablement, un sourire se figea, un de ceux qu'il avait l'habitude de porter avant son périple sur les terres du pays du Feu. Il observa son cousin et fut fier lorsqu'il le vit donner du cœur à l'ouvrage.
Comme la première fois, Van perdit patience et confiance en lui. Sous l'oeil posé du blond qui resta quelques brèves secondes impassible avant de s'approcher et de finalement continuer de contrôler sa première tempête pour relâcher son armure et relever le sable de celle-ci en une seconde qu'il tenait à bout de bras, tremblant.

- Van !

Interpella Amano, un sourire franc oublié depuis longtemps aux lèvres.

- Tu n'es pas un héro ! Tu n'es pas un ninja légendaire !

Il prit le temps, entre chaque déclaration, laissant les mots atteindre un à un le cerveau de son cadet.

- Tu es toi, un KAWAGUCHI ! Et ça signifie simplement que tu es un maître du désert ! Cette tempête est peut-être trop grande pour toi... Elle ne l'est pas pour nous ! J'ai confiance en toi ! J'ai confiance en nous ! On va lui montrer de quel sable sont fais les Kawaguchi !

Emprunte de fermeté, sa voix était forte, passant outre la barrière violente du vent alors que derrière eux le rempare de terre cédait. Amano avait bien du mal à garder ses deux tempêtes parfaitement stable, mais elles étaient là pour stabiliser la première, que Van n'ai plus qu'à étouffer la menace vers Suna.
Son œil brilla comme jamais. La tension dans son corps et ses muscles était visible par la fine pellicule de sueur qui couvrait maintenant chaque parcelle de peau du blond.

Pour son maître, peut-être pour son clan et aussi pour Van, il ne courberait pas le dos, il ne ploierait pas devant une force de la nature alors que la violence du vent menaçait de les faire quitter la terre ferme.
L'aîné observa son cousin, se tournant vers lui et laissant ses sens maîtriser ses tornades qui secondes après secondes s’essoufflaient. Plus il l'observait, plus il se disait que le jeune homme était un diamant à l'état brut, que les affres de la guerre avaient épargnés d'une manière ou d'une autre et dont le sort du monde ne lui importait que peu.
Il eu un éclair qui traversa sa tête et baissa sur le sol son regard.

- Kira...

Murmura-t-il pour lui-même en venant maintenant d'une seule main ses deux jutsu qui devinrent encore un peu plus instable alors qu'il attrapa l'avant bras de Van.

- Brise la... Ecrase-tout et éclate toi !

Un ordre presque, alors qu'il continua dans un murmure couvert par le vent.

- Fou toi du monde peu m'importe mais vie ta vie... Si tu ne veux pas de responsabilités, je t'en éloignerais...

Et son regard se clos alors qu'il le tenait fermement avec la peur de le voir s'envoler face aux rafales violentes.

Il est faible !
Il était surtout son cousin, il était surtout un jeune homme qu'on n'avait jamais poussé, qu'on n'avait jamais soutenu, c'était ce qu'il ressentait et, même s'il haïssait sa façon marginale d'être, il ne pouvait pas dire qu'il ne le respectait pas et n'avait pas envie de l'aider. Oui, aider les siens, quitte à être une ombre sanglante, quitte à ne plus être affilié au clan alors qu'il les protégerais, quitte à tourner le dos à sa femme alors qu'il l'aimerait.
Tu as choisi.
Oui, il serait cet homme, souriant devant eux, tuant dans leur dos. Il sera cette main noir, la nuit, il sera cette tâche de sang au niveau de la poitrine. La tempête qui battait son plein lui en donnait la certitude. Une pensée s'envola : « je vous protégerais toujours. »
Kira, revient... Kuzushi, attend-le... Ruri, regarde-le... Tali, maudit-le... Kei, jalouse-le.

Sa main serra fermement l'épaule de Van alors qu'il voyait, lui, le sable écouter l'ordre de l'un de ses maîtres, se soumettre à la volonté de l'un de ses fils et venir endiguer cette tempête. Il relâcha sa pression et inspira lentement, observant de son œil bleu le sable s'affaisser et la tempête s'essouffler. Van avait réussit. S'il était resté le même, il lui aurait sauté dans les bras, l'aurait félicité et cajolé, mais à la place, seul son sourire trônait sur son visage alors que, le vent calmé, il relâcha sa pression sur l'épaule de son cadet.

Le calme plat, juste une brise pour rappeler ce qu'il venait de se passer et un son mat d'un corps tombant contre le sable.
Amano s'agenouilla à ses côtés, observant le ciel d'un bleu parfait et le soleil qui venait doucement brûler leur peau, comme chaque jour dans leur doux désert.

- Ne bouge pas alors, et fais moi confiance, juste pour cette fois.

Sa voix était calme et presque douce contrairement à tous les repproche qu'il avait pu lui faire. Oui, Van était un Kawaguchi, et plus que lui probablement. Cette seule pensée raviva son rêve premier, dépasser Kira coûte que coûte, être assez fort pour tous les protéger, son clan mais aussi son pays. Il puisa dans ses propres force alors que sa fatigue pointait lentement le bout de son nez et que son corps, brûlant de l'effort qu'il avait fait, brillait sous le soleil de plomb.
Le sable sous Van se souleva légèrement, le laissant bien assit comme il était, lui donnant suffisamment de place s'il voulait s'allonger, et il marcha à côté de Van qui se faisait ainsi transporté jusqu'à une oasis non loin. Quelques brèves minutes où il avait forcé son corps alors que l'eau devant eux leur tendait maintenant les bras.

Abandonne-le, il n'est pas digne d'être des nôtres ! Il sera un poid.
Son sourire revint, lentement mais sûrement alors qu'il posa son œil sur son cadet d'une manière qu'il avait oublié, sincèrement protecteur.

- Van, tu es vraiment sympa en fait.

Son œil se ferma lentement et son sourire s'élargit alors qu'il laissa le sable sous les fesses de son cadet retrouver le reste du désert doucement, sans heur. S'approchant de l'eau de l'oasis, il en cueillit une bonne quantité dans ses mains et se la jeta sur le visage pour retirer le sable dans son œil qu'il garda grand ouvert. Il en bu une gorgée par la suite et resta assis à son bord, observant son cousin du coin de l'oeil. Il n'avait rien à lui donner à manger pour regagner des forces pour le moment, il faudrait penser à rejoindre Suna pour l'inviter et parler un peu. Oui, il voulait apprendre de lui même s'il sentait qu'il serait capable de s'énerver de nouveau contre lui.
Mais, il avait prit sa décision.

Amano eu presque l'envie de s'immerger complètement dans l'eau de l'oasis, mais il avait d'autres priorités. C'est en voyant son cadet se redresser et s'avancer pour sans doute boire à son tour qu'il fut suspendu à son geste. La fin ne vint pas, a la place, il eu un regard étrange braqué sur lui et quelques mots qui lui tirèrent un nouveau sourire, fin.

- Van... j'aimerais que tu me promette une chose à l'avenir...

Il se releva et étira ses bras derrière lui avant de poser ses yeux sur l'eau devant eux.

- Crois en toi...

Son visage était sérieux et pourtant son timbre n'était pas froid, bien au contraire. Le blond posa ses deux mains sur ses hanches et hocha la tête de gauche à droite.

- Et à mon tour je vais te promettre une chose...

Son œil se reporta sur son cadet.

- De ne jamais chercher à t'impliquer dans une chose que tu ne souhaite pas et de ne pas crier sur tous les toits ce que tu viens de faire si tu ne le veux pas. Sache que...

L'aîné des enfants du désert prit un petit temps pour rassembler ses idées et inspira lentement avant de continuer, de cette même voix qui se voulait rassurante.

- Nous faisons partit du même clan, par ce simple fait, je veillerais toujours sur toi, d'une manière ou d'une autre. Je ne suis pas l'homme le plus puissant, j'en ai conscience, mais je tend à m'améliorer jour après jour. Je n'ai pas peur de tuer pour les nôtres...

Tu es pitoyable !
Son œil se ferma alors qu'il relâcha ses bras le long de son corps.
Il se trouva trop sentimental à ainsi lui parler ouvertement. Pourquoi lui ? Parce qu'il était aussi un Kawaguchi ? Sans doute, et pourtant son esprit le ramena à la raison. Il deviendra une personne des ténèbres, son vœu était fait. Restait à savoir de quelle manière il allait pouvoir faire ses preuves auprès des siens, quitte à leur tourner le dos pour les sauver.
Son poing se serra.

- Van...

Son sourire revint, et son corps se détendit, il serait temps de se faire oublier, pour le moment, il pouvait bien encore veiller un peu comme un grand frère.

- Quand tu te sentiras mieux, rentrons à Suna et laisse-moi t'offrir de quoi manger.

Mais lui, était-il suffisamment en forme pour marcher ou encore user ne serait-ce qu'un peu de son chakra ? Ses jambes ne tremblaient pas, pourtant il sentait leur lourdeur. Sans bouger, l'oeil planté sur l'horizon qui s'offrait à eux, supportant la rudesse du soleil contre sa peau, Amano se demandait encore comment il allait prendre ses mots, et s'il l'envoyait balader, il n'en serait que plus heureux. Plus ils voudraient se séparer de lui, plus il pourra les protéger sans les impliquer, il en était persuader.

Un monde noir.
Une cage de solitude qu'il s'érigeait lentement et dont il détenait seul la clé. Elle n'était pas prête de s'ouvrir de nouveau, il porterait le masque de la gentillesse quand il le faudra et redeviendrait celui qu'il doit être le reste du temps.
Shinobi.