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L’entrée s’était plutôt bien déroulée, malgré cet interlude avec ce sunajin fort sympathique ! Enfin, « sympathique »… Personnellement, elle ne l’inviterait pas aux montagnes quoi. Mais bref ! Elle pouvait donc enfin circuler dans l’enceinte de Suna. Depuis toutes ces années où elle vivait à Kaze, ce n’était que la seconde fois qu’elle entrait dans le village cachée du sable. Et comparé à la première fois, beaucoup de choses avaient changés. Les défenses étaient renforcées, des patrouilles circulaient et puis surtout… A l’extérieur, non loin de la cité, un train avait été construit ! Et elle ne l’avait toujours pas pris ! Il faudrait penser à réparer cette injustice. Ether profita d’être ici pour visiter et découvrir toutes les nouveautés. Les bâtiments vivaient une seconde jeunesse, des quartiers avaient été déplacés. C’était… déroutant. Ce n’était pas non plus dérangeant, mais ça restait surprenant. Alors qu’elle se promenait dans les rues, elle croisa un groupe de soldats et les regarda passer. Pour assurer la sécurité qu’ils étaient là apparemment. Personnellement, les voir lui procurait le sentiment contraire à l’effet voulu. Malgré le fait que le village avait été reconstruit, les habitants qu’elle croisait ne semblaient pas forcément tranquilles. Il faudrait se renseigner plus en profondeur. Vous me direz, en temps de guerre, c’est normal. Pour autant, l’insécurité n’était pas si forte au sein des montagnes de Kaze. Comme quoi !

Ether repensa à la proposition de s’installer au sein de Suna ou de la capitale portuaire Odaichi. C’était alléchant, bien sûr ! Ils seraient comme des citadins du pays. Mais au fond, ce serait un peu comme brûler leurs racines. La Gogyou ne se faisait pas d’illusion sur l’issue du vote de sa tribu. La réponse serait assurément non. Ils resteraient dans les montagnes. Non seulement, ils y étaient en sécurité, mais surtout, ils aimaient cet endroit. Le temple des moines se trouvant juste à côté, ils avaient des amis de confiance à qui parler, une oasis et une bourgade non loin. Tout était proche ! La seule différence était qu’ils vivaient sous des tentes. S’ils s’installaient dans un vrai village avec de « vraies » maisons, avoir un toit de pierre au-dessus de la tête, ce serait trop réducteur, trop perturbant. Donc ils enlèveraient le toit. Puis il leur faudrait une immense maison pour tous les accueillir, car ils avaient besoin d’être ensemble, et non séparés par des murs de pierre. Et si ce n’était pas possible, ils choisiraient tout un quartier et briseraient les murs pour créer ainsi une immense bâtisse où ils pourraient librement circuler. Au final, vivre dans un village serait trop compliqué, non seulement pour eux, mais aussi pour les voisins. Et la vie dans une bourgade est très différente d’une vie de campement.

A mesure qu’elle marchait dans Suna, elle remarqua que la vie y était bien moins animée que la dernière fois. Le résultat de la guerre et de ce… Ils avaient dit quoi déjà ? Ce pseudo coup d’état pour destituer la Kazekage, un truc comme ça. La demoiselle voulut demander à des villageois, mais de un, ils n’étaient pas si nombreux que ça dans les ruelles, et de deux, ils étaient généralement occupés. Bon, elle visiterait plus tard, elle avait une camarade à revoir ! Et puis, la camarade en question pourrait probablement lui parler de la situation de Suna. Elle gambada joyeusement, jusqu’au centre-ville, suivant son instinct et ses souvenirs pour retrouver la maison de Kibo et Ema. Ça lui ferait une surprise ! Elle retrouva aisément le quartier et la maisonnée. Ether se planta devant la porte et hésita entre se faufiler sous celle-ci pour apparaître et lui faire une frayeur, ou simplement passer par la fenêtre. Sinon, taper à la porte, c’était bien aussi, non ? Ce qu’elle fit. Elle tapota plusieurs fois sur celle-ci et attendit patiemment, un grand sourire niais sur le visage. Et si elle avait déménagé ? Ah bah elle n’y avait pas pensé en fait… Oh ouais mais non hein ! Puis, elle avait un cadeau et touuuuut !

Ether était si heureuse à l’idée de revoir Ema.
C’est donc tout naturellement que lorsque celle-ci ouvrit la porte, la Gogyou se jeta sur elle pour lui faire un câlin de bonsoir.

« Emaaaaaa ! Coucou ! J’voulais t’voir, parc’que ça faisait longtemps ! J’voulais savoir comment t’allais, c’que tu dev’nais, tout çaaa ! »

Tout en expulsant ses mots à grande vitesse, la sunajin fit entrer la nomade chez elle. Cette dernière sentit une odeur reconnaissable à des kilomètres à la ronde ; celle des gnocchis ! Toute excitée, l’élémentaire ouvrit grand les yeux.

« Tu fais des gnocchis ?? J’reconnais pas la sauce, ‘doit y avoir un truc en plus dedans. C’est l’heure du manger pour vous ? J’aurais p’têtre dû passer demain... J’t’embête pas, hein ? J’voudrais pas. », fit une Ether légèrement inquiète avant de reprendre, « Il s’est passé tell’ment d’choses depuis cet examen, et comme… », elle hésita quelques secondes, … Comme j’ai appris qu’mon camarade des premières épreuves était mort au cours de l’attaque d’Suna, Mizu Hariken, j’voulais v’nir pour voir si tout l’monde allait bien. Et puis… Même si on est un peu isolés, j’ai entendu des trucs pas sympas sur Kibo, qu’c’est plus lui l’Kage, et comme vous êtes dans la même maison, j’m’inquiétais de c’qu’ils auraient pu t’faire. Puis j’ai des trucs à t’di… », elle s’arrêta net.

Dans son champ de vision apparut ce qui semblait être un enfant.
Intriguée, la jeune femme se mit à l’observer avec intérêt avant qu’un sourire idiot ne s’installe sur ses lèvres. Curieuse, elle s’approcha légèrement de la petite chose et s’accroupit à sa hauteur, tout en laissant une distance de sécurité entre eux.

« Qui es-tuuuu ? », dit-elle en souriant joyeusement, puis elle tourna la tête vers Ema, « Il est marrant, tu l’as trouvé où ? »

L’idée qu’il puisse être celui d’Ema ET de Kibo ne lui traversa pas un seul instant l’esprit.
Toujours fascinée par ce petit bonhomme, elle en oublia presque le paquet qu’elle avait entre les mains. Se rappelant soudainement la présence de l’objet, elle se releva promptement et le tendit gaiement à Ema.

« C’moi qui l’ai faite ! », dit-elle emplit de fierté, « Elle est pas parfaite, mais j’ai fait d’mon mieux, j’espère qu’elle t’plaira ! »

Le cadeau en question était une tunique d’un marron très sombre, presque chocolat. Autour du col jusqu’au bas du vêtement, était brodé des motifs traditionnels d’un doux violet, ainsi qu’au bout des manches. L’on aurait dit que les fioritures brillaient par moment.

« Comme tu maîtrises l’cristal et qu’t’avais l’air d’aimer le violet, j’pensais qu’ça serait mieux qu’le bleu. Puis j’ai rajouté des cristaux qu’on avait ram’né d’un d’nos voyages pour les coudre dedans ! J’pensais qu’ça ferait plus joli. Me suis pas trompée, hein… ? »

Ema avait fait des gnocchis, des gnocchis maison avec une sauve originale !
Et contrairement à ce qu'Ether aurait pu penser, la sunajin semblait ravie de l'inviter à dîner. Bon, et bien si ça n'embête personne... Fort heureusement, son amie la rassura en lui assurant que tout allait parfaitement bien ici. Étrangement, la nomade eut la sensation de détecter un mensonge dans l'air, mais ne broncha point. Peut-être que la Zenzaburo avait des problèmes personnels et qu'elle ne désirait pas en parler ? Avait-ce un quelconque lien avec l'ambiance au sein du village ou plus profond encore ? Par soucis de respect de son intimité, la blonde choisit de ne faire aucune remarque et fit comme si de rien n'était. Il était toujours temps de lui demander plus tard. Et puis, il y avait le petit d'homme ! A sa question de l'endroit où elle avait bien le trouver, Ema ria si fort que la Gogyou inclina la tête de côté, toujours son air niais, couplé à l'interrogation la plus totale. Ce fut si drôle, qu'elle en pleurait. Oh ?
Mais vint le moment du cadeau, et après quelques secondes d'inquiétude de si elle allait aimer ou non, le soulagement. Elle semblait réellement apprécier le geste. Ouuuf ! L'élémentaire était bien heureuse de voir un véritable sourire sur le visage d'Ema. La jeune femme semblait tellement apprécier, qu'elle voulut l'essaer. La nomade acquiesça fièrement, ravie de voir que le résultat était positif. Après tout, même si elle se plaisait à créer des étoffes et autres motifs, ce n'était pas son domaine de prédilection. Juste avant de partir se changer, la brune précisa que le petit s'appelait Satomu et qu'il était « notre » fils à Kibo et elle. Puis elle disparut, laissant une Ether légèrement hébétée. « Leur » fils ? A, genre, eux deux ? Ensemble... Et ça a donné Satomu. La blonde l'observa quelques secondes, intriguée, avant de s'adresser à lui.

« Donc si j'comprends bien... Ema c'ta maman, et Kibo, bah c'ton papa ? C'comme ça qu'tu les appelle ? Maman et Papa ? Comme moi avec les miens ? »

Faire accoucher les prochains nouveaux nés était l'un des devoirs de l'Ancien, pour autant, elle n'était pas encore arrivée à ce stade dans sa formation de Première, et n'avait donc jamais vu un enfant naître. Enfant de Kibo et Ema... Leur sien à eux. Donc ils étaient comme ses parents, c'était des parents ! Des papa et maman ! Hn… Je n'comprends pas. Il est arrivé comment, il est sorti comment ? Comment j'suis sortie moi, je viens d'où ? Ce fut une Ether un peu perturbée par toutes ces questions dans sa tête que la sunajin retrouva, vêtue de son cadeau. La Gogyou oublia vite toutes ses interrogations, remarquant que la tunique sied parfaitement à la « maman ». Pas peu fière de s'être souvenue des bonnes mensurations et d'observer son travail en action, la nomade sautilla légèrement sur place d'un pas léger, tout guillerette.

« C'parfait, c'parfaiiit ! Ça t'va comme ça ! », fit-elle en hésitant sur le doigt à montrer avant de se souvenir que c'était le pouce, « Et au soleil, comme c'est des cristaux, ça r'flète la lumière, comme des prismes, ça t'ira encore mieux ! Puis, p'têtre que si t'es en danger, et qu'tu porte le vêtement et, j'sais pas, t'arrive pas à t'servir de tes propres cristaux, essaies avec ceux-là, on sait jamais ! », elle sourit bêtement au compliment, « J'suis ravie qu'ça t'plaise ! J'voulais vraiment t'faire un cadeau qu'tu trouverais pas ailleurs. »

Elle la trouvait « magnifique ».
Magnifique signifiait plus ou moins joli. Donc... Ce vêtement était joli. Est-ce qu'être jolie, c'est lorsque que l'on déborde de couleurs et que l'on brille un peu ? Vu qu'Ema était colorée et brillait, elle était donc jolie ! Peut-être qu'elle pourrait se baser sur la Zenzaburo comme unité de jugement par rapport aux autres humains ? … Ah mais que c'était compliqué de comprendre comment les Normaux voyaient leurs comparses ! Sa camarade s'enquit ensuite de la façon dont elle avait réussi à entrer dans Suna ? Hé hé, la surprise qu'elle aurait en apprenant les nouvelles. Ether eut un immense sourire.

« Justement, il s'est passé tell'ment d'choses depuis cet examen... Mais j'peux commencer par t'dire comment suis entrée ; par la porte d'la Voie Illusionnée ! C'est l'concierge blond avec un visage tout l'temps méprisant et les yeux toujours en colère qui m'a accueilli. L'on aurait dit qu'il s'pensait important, mais bon, d'un côté, c'vrai qu'sans l'concierge, bah on entre pas ! C'marrant, il s'rait très intéressant à étudier comme Normaux. », dit-elle avec une joyeuse candeur, « Il m'a posé plein d'questions, pourquoi j'tais là, j'ai été sincère, qu'c'était pour voir des amis et l'marché, tout ça. Mais du coup, il pensait que j'voulais aider Kibo à reconquérir Suna, faire j'sais pas quoi au Régent qu'je connais pas. J'vois juste à quoi il ressemble et aussi qu'il s'appelle Ogasalami ! … Non. Tatami... Ogami ! Puis, coller des affiches aussi. Et il pensait même qu'j'venais d'Konoha. C'était drôle ! », dit-elle en riant, avant d'ajouter avec une pointe de malice dans la voix, « Comment ai-je réussi à entrer com'ça ? Et bien justement... Une des nouveautés durant ces années, c'est qu'not' tribu est maint'nant officiellement une tribu du vent ! », fit-elle en chantonnant et en levant les bras au ciel.

Le petit Satomu était décidément adorable !
Lorsque ce dernier lui prêta une de ses figurines en bois, l'incitant à jouer avec lui, la nomade se prit rapidement au jeu.

« J'suis chanteur et j'fais des chansons ! Laissez-moi vous en faire un bout... », dit-elle d'une voix fluette.

Ether s'engouffra donc par la « porte » de son petit monde que l'enfant lui avait si innocemment ouverte. Elle s'amusa quelques instants avec lui, se comportant avec lui comme s'il était un enfant de sa tribu, imitant des voix, incarnant un personnage totalement imaginaire. Et alors qu'elle faisait planer grâce à sa maîtrise de l'air le petit jouet de bois – oui, il était actuellement un Gekei albatros – Ema sortit un prénom pour nommer le concierge de la Voie Illusionnée.

« Kira ? … Ma mère avait un furet qui s'app'lait com'ça quand elle était p'tite ! », dit-elle en riant, « Il avait une grosse moumoute jaune sur la tête. C'vrai qu'le concierge avait un air d'ressemblance ! Manque plus qu'l'odeur, mais il a pas trop d'travail à c'sujet. », ajouta-t-elle avec malice.

La sunajin rajouta qu'il aurait pu la laisser dehors et ne jamais la faire entrer. Ether eut un petit rire amusé.

« Il aurait pu oui. Ou en tout cas, c'est c'qu'il aurait cru. », dit-elle en souriant.

Qu'il essaie un peu de l'empêcher d'aller là où elle le souhaite, il est marrant celui-là !
La Zenzaburo trouva également cet histoire d'espion de Konoha assez drôle, traitant le concierge idiot, ce à quoi acquiesça vivement la demoiselle.

« Ouais t'as vu ? N'import'quoi c'concierge hein, franch'ment. Moi d'Konoha. Surtout !, son rire sonna différemment, plus amer, mais elle se rattrapa bien vite en embrayant directement sur la suite des paroles d'Ema, « Oui ! C'est arrivé très récemment ! L'chambellan a été très courtois, et ça c'est très bien passé. Il a effectiv'ment proposé à c'que l'on s'installe à Suna si on l'désirait, ou bien même en ville, mais... Ce s'rait trop compliqué. », elle désigna les murs de la maison, « Les nomades jamais ne durent derrière les murs. Nos façons de vivre sont bien trop différentes et... Être dans l'village militaire pourrait inciter les gradés à nous envoyer au front, élémentaires comme civils. Nous n'sommes pas des ninjas et nous ne tuons pas non plus. Nous n'sommes capable d'aider seulement si c'la respecte nos valeurs pacifiques. Il est impossible pour nous d'comprendre le but de la guerre. Alors je préfère v'nir d'temps en temps en touriste et donner un coup d'main si j'peux ! », ajouta-t-elle en récupérant un visage joyeux avant de terminer, « Donc ouais, on reste dans les montagnes. Puis... Si on partait, j'manquerais aux moines ! T'es la bienvenue quand tu veux, ils savent un peu qui tu es, j'leur ai parlé d'toi lorsque j'suis rev'nue d'l'examen. »

Puis le mot magique résonna dans la maisonnée, déclenchant une réaction chez Satomu qui débarqua en courant avant de se faire installer sur une grande chaise. Ether eut plus ou moins la même réaction, mais attendit bien sagement d'être invitée à s'asseoir. Elle avait presque appris à être polie. Dès lors que ce fut autorisé, la jeune femme sauta d'un bond léger sur sa chaise pour s'y asseoir en tailleur, comme à son habitude, un immense sourire aux lèvres lorsqu'elle vit apparaître les gnocchis sur la table. Leur odeur envahissait la maison depuis déjà un bon moment, et elle avait bien eu du mal à se retenir. Avec ou sans sauce ? La réponse ne se fit pas attendre. Et c'est les bras au ciel qu'elle s'exprima avec impatience.

« AVEC ! »

Les yeux ronds comme des soucoupes tel un animal désirant s'amuser, Ether fixait les allées-venus de la louche servant le repas. Lorsque l'assiette fut remplie et que tout le monde fut servi, la Gogyou attendit patiemment, non sans sautiller sur sa chaise tant elle voulait goûter la sauce, le signal stipulant qu'elle pouvait porter une cuillère à sa bouche. Lorsque ce fut le cas, elle ne se fit pas prier et dégusta sa première bouchée. La saveur délicieuse des pâtes accompagnées de cette sauce originale fit presque pleurer la blonde – façon de parler hein – tant c'était bon. C'est donc tout naturellement que l'élémentaire fit partager son impression sur ce met plus que délectable.

« Parfait. Juste parfait. », dit-elle en fermant les yeux et faisant un signe de la main pour souligner ses propos.

Spoiler:

Et elle continua de savourer ce fabuleux repas.

« J'sais qu'tu veux pas trop en parler, surtout avec... «, elle désigna du regard le petit Satomu, « Mais qu'est-c'qu'il s'est passé ? C'qui ce Otarie ? Ogami pardon. Il est gentil au moins ? Parce que bon, c'bizarre comme façon d'faire. Sinon... On peut en parler plus tard hein. Toi, tu deviens quoi ? J'te racont'rais d'autres trucs plus tard ! », ajouta-t-elle.