Un soupir passa ses lèvres, combien de temps durerait le voyage ? Une semaine ? Il se savait endurant, il savait qu'il pouvait forcer son corps par delà ses limites s'il en avait besoin, mais avec quelqu'un ? Tournant toutes les situations dans sa tête, il jugea qu'au mieux, et en passant par les chemins les plus escarpés, une à deux semaines suffiraient. Il espérait juste ne pas se tromper sur les capacités de son ami.
En l'entendant arriver dans son dos, il referma d'un coup sec son sac et le passa par dessus l'une de ses épaules en se relevant.

- Bonjour Kintsura. Je suis prêt depuis hier soir en fait.

Il ne cacha pas son envie d'avancer vite, de se trouver au pied du Mont et de devoir le gravir par les pantes et les parois les plus escarpées. Il faudra qu'il jauge aussi d'un endroit pour se poser le soir. Ils ne le feront pas en une journée.

D'un bon pas mais sans courir, les deux hommes avancèrent tranquillement dans le désert de Kaze jusqu'à la nuit suivante. Il fallait se protéger un minimum et même si ça lui coûtait, il devait prendre soin d'eux, construire quelque chose ou du moins, se servir un peu de son affinité avec la terre pour les abriter un peu. Il s'était allongé sur le côté les yeux grands ouvert. Avait-il mangé ? Un morceau oui, et il n'avait bu qu'une demie gourde d'eau aujourd'hui.
Son esprit le tracassait de trop. Etait-ce Kei ? Ou cette aventure avec un tout nouveau camarade qu'il commençait à réellement apprécier ?

Se mordant la langue pour reprendre pieds, le platine inspira lentement. Il ne dormirait que d'une oreille, il fallait veiller malgré tout. Lorsqu'il entendit Kintsura s'endormir, et après s'en être assuré en ne bougeant pas pendant une bonne heure, Amano se leva pour aller s'allonger à la belle étoile et à la fraîcheur des nuits du désert. Un frisson le saisit et bien qu'il tourna la tête pour s'assurer qu'il n'y avait rien, il resta perplexe.
Secouant sa tête, ses yeux scrutèrent le ciel jusqu'à voir les premiers rayons du soleil. Il avait bu beaucoup cette nuit là, et lorsqu'ils se remirent en route par leur vitesse et l'heure où ils étaient partit, Amano savait qu'ils arriveraient en début d'après-midi aux pieds du Mont.

Lorsque ce dernier fut en vue, le plus petit des deux hommes s'arrêta.

- Comme tu me l'avais demandé, voici ton handicape...

En prononçant ces mots, le platine fit tomber lourdement sur le sol les quatre bracelet de poids qu'il réservait à Kintsura.

- Si c'est trop lourd, enlève un poids, si c'est insuffisant, je peux t'en rajouter.

Il ouvrit son sac et changea la gourde vide de sa ceinture pour une pleine et sortit une longue corde solide. Observant plus loin d'eux le lac, Amano noua son sac solidement à son dos puis serra un peu plus ses poids autour de ses chevilles et poignets.

- On ira par le chemin le plus escarpé, on en a bien pour deux jours à très bonne allure pour arriver en vue du sommet... au moindre soucis, on s'arrête. On est pas là pour mourir bêtement ok ?

Il lui fit comprendre qu'ils ne se serviraient pas de leur faculté de shinobi à pouvoir marcher sur les murs et plafonds ou sur l'eau pour cet entraînement.

Nouant à sa taille la corde qu'il avait sortit du sac, il s'approcha de Kintsura.

- Ca, c'est le gage de notre survit.

Affirma-t-il en lui tendant l'autre bout pour qu'à son tour il s'attache avec. C'était sa seule façon de pouvoir le retenir s'il glissait. Il devait passer en premier pour tester les prises, et puisque son ami était plus grand que lui de quelques centimètres, il ne lui sera pas trop dur de le suivre, au moins au début. Plus la montée serait raide, plus les muscles faibliront et tétaniseront. Il y avait heureusement quelques plateaux où ils pourraient faire des haltes.

La première série de prise, la pierre contre sa peau, le vent léger qui rafraîchissait l'escalade, et ce silence, hormis leurs mouvements et respirations. Les premiers mètres furent rapidement passé, les premières dizaines aussi, mais la sueur commençait à arriver et rendait les prises moins stables. Dès que c'était faisable, avec un bon appui ou sur un petit plateau, ils se séchaient les mains pour ne pas glisser, quelques secondes, avant de reprendre. Il ne fallait pas laisser les muscles se refroidirent, c'était dangereux, d'autant que ce qui leur avait permis d'avoir des jambes souples était leur marche pour arriver jusqu'ici.

Le platine tournait les yeux régulièrement, vérifiait la position de la corde et sa tension, il fallait laisser du mou, mais pas trop. En entendant sa voix, ils prirent le temps de respirer sur leur prochaine halte. Une gorgée d'eau aussi et lorsque les poids de Kintsura furent replacés, et après son feu vert, ils se remirent en marche jusqu'à la tombée de la nuit.
Amano s'était dirigé pour atteindre une place où ils pourraient s'allonger sans trop de mal. Montant leur campement sommaire, les deux hommes ne demandèrent pas leur reste pour dormir, et même le platine s'endormit sur ses deux oreilles.

L'ascension fut longue et éprouvante. Plus les jours passaient, plus les muscles souffraient, gardant des séquelles des jours précédents. Même Amano qui avait l'habitude de forçait commençait à sentir la tension dans ses muscles et elle lui était douloureuse. C'est avec beaucoup de prudence qu'ils entamèrent le dernier jour d'ascension.
Il entendit le roulis de la pierre. Garder son sang froid, il faut garder son sang froid.

Gainant son corps, Amano raffermit ses prises dans les anfractuosités de la roche et se prépara à la tension de la corde qui ne tarda pas. Son corps tint bon, mais son bras gauche avait souffert. Mais au moins, ils n'étaient pas tombés, il n'avait pas lâché. Sa main droite lâcha sa prise pour stabiliser la corde et son ami, il n'avait pas regardé en bas, il fallait tenir et avancer encore.

Au sommet, ils respirèrent, mangèrent, firent leur petit campement et se reposèrent jusqu'au lendemain.

Là, leur programme mis au point, Amano rajouta des poids qu'il avait emmené dans son sac à ses jambes. Il mit une journée complète pour s'y accommoder et le fit jusqu'au week-end, journées de duels. Il avait doublé ses poids aux jambes mais n'avait rien changé pour ses bras. Ces derniers supportaient son corps et les poids qu'il s'ajoutait d'une manière différente, notamment lorsqu'il effectuait des enchaînements avec ses pieds en se tenant sur les mains.

Il considérait Kintsura, d'abord comme un ami, ensuite comme un partenaire d'entraînement, et enfin comme un genre de rival. Il le pousserait à aller de l'avant, parce qu'il ne voulait surtout pas qu'il le rattrape. Lui qui avait pour maître le grand Kira refusait qu'un autodidacte soit plus fort que lui. Sa fierté en prendrait un coup, et pour autant, il savait que le ninjutsu était redoutable, mais, parer, esquiver, anticiper, il savait y faire depuis le temps.

Amano ne laissa pas son ami bouger son corps lors de leur premier jour d'entraînement au combat, il voulait qu'il renforce ses jutsu, qu'il soit capable de lui faire voler son armure en éclat, ce qui arriva le lendemain.
Persévérance.

A la fin de la première semaine, le platine, après avoir fait du thé autour du feu, sourit.

- Kintsura, que penses-tu de notre première semaine ?

Même si le mont Kaze était haut, au fond de lui Amano espérait qu'il y avait d'autre montagne bien plus grande encore. L'avantage de s'entraîner en altitude était la raréfaction de l'oxygène. C'était, les premiers tant, très difficile de s'en accommoder, mais une fois de retour au niveau de la mer, tout semblait si facile.

- Les réactions de ton corps ? Tu penses tenir une autre semaine ?

Oui, prolonger l'expérience, une ou deux semaines, pourquoi pas. Kira pourra voir son changement, et peut-être alors l'autorisera-t-il à retirer ses poids autre qu'en mission importante où il lui demandait même pas la permission.

- Si on se fais une autre semaine, ton objectif sera de me mettre à terre au prochain affrontement.Pour le reste, ce soir et demain, on se repose, enfin, temps libre... c'est important aussi...

Servant le thé, il se fit une joie de le boire et repensa à sa sœur. Un sourire se posta amusé sur son visage, elle n'avait jamais su faire le thé.

De son côté, Amano comptait se promener le lendemain, observer la végétation, écouter les bruits et les silences, se concentrer sur lui-même avant de retourner à leur entraînement intensif.

Ce qu'il n'avait pas dit aussi, était qu'il comptait redescendre le mont Kaze de la même manière, sans techniques ninja.

Bien, il était motivé à continuer. Entraîner son corps, même pour un manipulateur de ninjutsu, pouvait s'avérer payant. Ce n'était pas rien de savoir encaisser une attaque et d'avoir du répondant autre qu'en utilisant pleinement son chakra. Faisant un signe de tête approbateur, Amano termina le thé et se leva pour se caler contre un arbre et et laisser son corps s'habituer à la fraîcheur presque glaciale de cette soirée.
Sa chère petite femme lui manquait déjà, mais, il se doutait qu'en accomplissant des missions, ils seraient souvent et longtemps séparés l'un de l'autre. Il devait s'y préparer pour rester fort et que ça ne lui donne que l'envie de toujours rester en vie, et non celle de fuir.
Son esprit vogua jusqu'à son maître. Que lui dirait-il dans un moment pareil ? Sans doute que s'il était capable de rêver il ferait mieux de s'entraîner. Ou quelque chose dans ce genre là. Retenant un rire, le platine se releva et fit quelques étirements supplémentaires. Ses bras souffraient un peu, mais il s'était habitué aux poids maintenant, et à ceux qu'il s'était ajouté aussi.
En se concentrant sur la douleur qu'il ressentait, il estima qu'il n'avait rien de grave et relâcherait un peu son entraînement pour la semaine à venir, au moins les premiers temps.

Le lendemain, il fit ce qu'il avait prévu, un petit tour de l'endroit où ils se trouvaient, et choisit le chemin qu'ils prendraient pour redescendre. Une fois ses obligations remplis, le genin s'installa sur une pierre et médita, forçant ses oreilles seules à deviner ce qu'il se passait autour de lui. Amano passa la journée ainsi.

La semaine ressembla furieusement à la précédente, mais avec une journée de dure labeur en moins, puis vient le premier jour de leur affrontement.
Son regard lui plu, il était plein de détermination, et c'était ce qu'il cherchait, mais Amano n'avait pas dit son dernier mot non plus. Lui aussi avait plus d'un tour dans son sac. Laissant son armure recouvrir une fois de plus son corps, sous les paroles que prononça Kintsura, il se plaça en garde, un bras légèrement en avant de lui, prêt à encaisser ou à frapper.

- Je ne me retiendrais pas, comme à chaque fois. Je compte sur toi pour donner le meilleur de toi-même.

Il voulait juste éviter des blessures inutiles. En voyant le sable entourer l'une des mains de son ami, son sourire, souvent présent, se dissipa pour laisser place à un visage sérieux mais détendu.

Et si cette fois il était le premier à attaquer ? Il s'avança, n'utilisant pour le moment que ses muscles pour effectuer une première salve de coups tout en restant attentif pour esquiver les coups que lui porterait Kintsura avec sa main ensablée.
S'il devait décrire ce moment, Amano s'amusait. Il ne pouvait pas affirmer être plus fort que son camarade, ils avaient leurs techniques, leur manière de faire et il pensait qu'il avait bien plus apprit aux côtés de Kira que n'importe qui avec n'importe quel maître.

Rapidement, Kintsura obligea Amano à fermer les yeux pour être davantage concentré sur les bruits. Le résultat, les esquives du platine furent plus précises.
Si a midi aucun des deux n'auraient le dessus, l'élève de Kira stopperait l'entraînement, et ils reprendraient le lendemain. Il fallait garder des forces pour redescendre après tout et il fallait aussi réfléchir à ce qui allait et n'allait pas.
Amano était meilleur dans ces cas lorsque tout semblait perdu ou lorsqu'il devait se démener pour protéger quelqu'un qui lui était cher. Il ne parviendrait à rien aujourd'hui, mais il avait assez endurcit son corps pour être satisfait de ce petit camp d'entraînement.

L'échange dura, un peu trop longtemps au goût du platine, mais qu'importe, il n'allait pas non plus lui dévoiler tout son arsenal, et ce n'était pas le but. Il voulait être capable de tenir la route, devenir plus endurant dans un combat, parfaire ses esquives, ses contres, parfaire son ouïe. Chaque frottement des pieds sur la pierre, chaque respiration et chaque mouvement, sifflement dans l'air. Un coup passa outre son attention et réduit son armure à néant.
Se laissant surprendre, Amano se plaça de nouveau en garde. Il aurait pu constitué une nouvelle fois son armure, mais il était temps de mettre fin à ce combat qui avait trop duré. Mais il ne s'attendait pas du tout à l'enchaînement qui s'en suivit et si Kintsura n'avait pas stoppé son attaque, il aurait certainement eu une belle balafre au ventre, malgré ses réflexes.
Se laissant aller au sol et examinant la petite plaie, le fils du sable laissa son rire s'échapper et félicita son ami avant que celui-ci ne se mette à le soigner avec une étrange mixture. Il n'en avait pas vraiment besoin, mais il le gratifia d'un merci tout de même.

Le soir ils se posèrent, tranquillement, puis repartir le lendemain. La descente, comme le pensait Amano, fut plus simple. Kintsura avait gagné en force pure, et c'était une bonne chose. Pour sa part, bien que la blessure était refermée, elle le tirailla un peu. Le platine se douta qu'il devait s'agir du sable qui s'était infiltré mais ne s'en soucia pas plus que cela. Il avait déjà vécu pire.
Une fois les pieds sur la terre ferme, ou plutôt le sable, les deux Kawaguchi reprirent la route de Suna tranquillement, même si la nuit l'élève de Kira continuait son entraînement personnel.

Le retour fut sans problème, même le désert semblait vouloir les voir rentrer sains et saufs.

Une fois aux portes de Suna, Amano passa la longue allée puis fit un petit signe amical avant de se poser sur un toit et de laisser aller Kintsura à ses occupations. Ils se reverraient, rapidement, ils étaient du même clan, un sang identique coulait dans leurs veines.
Pouvait-il espérer l'attendre chez elle ? Peut-être.

Se dépêchant le platine s'arrêta devant un petite maisonnette, tout ce qu'il a y de plus banal vue de l'extérieur, sans jardin, juste une petite terrasse sur la devanture, à qui voudrait prendre le thé avec la belle chanteuse qui y vivait.
Amano se posta sur la table, rêvant à sa silhouette, à sa voix qui la faisait vibrer. Il l'attendit et lorsqu'elle arriva, il fut son amant pour la nuit.

Apprenant le lendemain, lors de ses pérégrinations que son camarade s'était fracturée la jambe, il songea qu'ils ne pourraient plus s'entraîner avant un moment mais espéra qu'il ne souffrait pas trop.