Une boule dans la gorge, des fourmis dans les mains et le coeur qui battait frénétiquement. Un sentiment qui se trouvait entre la rage et le désarroi qui m'envahissait de plus en plus, qui plantait ses griffes dans mon coeur incertain et qui murmurait sans cesse à mon esprit tourmenté. Une situation que je n'aimais guère et qui me laissait un goût amer dans la bouche, jusque dans la gorge, au point même de m’amener à cracher de dégoût sur le sol pierreux qui soutenait mon corps, mais dont j'avais l'impression que j'aurais pu briser en un seul coup de talon tant je tentais de retenir ma frustration. Et...malheureusement...j'étais le seul responsable de cette situation. Seul responsable de mon propre malheur, de mes propres hantises.

Avais-je poussé le jeu un peu trop loin? M'étais-je trop impliqué dans la servitude de cet empire? Étais-je trop attaché à ces principes de paix que je gardais en mon coeur, au point même d'en perdre la raison lorsque je voyais ou sentais quelque chose qui risquait de mettre en déroute la stabilité que je recherchais tant, autant pour moi-même que pour le monde entier? Était-ce un geste raisonnable que de sacrifier un chose si importante que ce sabre l'était pour moi, dans le seul but d'avoir une chance de démanteler ce réseau rebelle qui menaçait de plus en plus de faire s'écrouler les bases même d'un empire de l'intérieur? Qu'étais-je...sans ce sabre? Qu'étais-je sans l'instrument que l'on m'avait demandé de maîtriser au dépens de la maîtrise du pouvoir qui coulait dans mon propre sang? Je comprenais maintenant à quel point être un sabreur et détenteur d'une arme de pouvoir était en fait à l'image d'une dague à double-tranchant. Peut-être me confiait-il des capacités qu'aucuns autres Shinobis ne pouvaient avoir en ce monde, mais comme il était aisé de perdre ce même avantage. Cette fois-ci, je ne pouvais mettre le blâme sur personne d'autre que moi-même...mais qu'en aurait-il été si j'avais eut à combattre un adversaire plus puissant, plus rapide que moi...plus futé surtout et qu'il me prenait cette arme? Je ne serais plus qu'un Samui sans glace. Bien entendu, ce n'était pas la première fois que j'y pensais, mais de me retrouver dans cette situation me le faisait maintenant réaliser, et m'ouvrait les yeux sur biens des lacunes que possédais un sabreur. Il me fallait maintenant y remédier.

Prenant appuie sur un rocher, tournant mon regard vers l'horizon, je tentai de retrouver un peu de calme en écoutant le vent souffler ses bourrasques entre les branchages de l'arbre qui me tenait à l'ombre des rayons d'un chaud soleil de midi. Le bruissement de l'air, percutant les feuilles vertes du végétal géant, coulait jusqu'à mes oreilles tel un ruisseau apaisant. Tranquillement, ma respiration se fit de plus en plus régulière, effaçant les traces de mon anxiété. La seule chose qui persista, fut ce sentiment de colère qui lui, allait bel et bien resté jusqu'à ce que je retrouve mon sabre...j'en avais la forte impression. Néanmoins, cette rage intérieur pourrait m'être utile car, alors qu'une nouvelle bourrasque vint souffler en direction de la corniche où j'avais trouvé refuge, presque au sommet de l'une des grandes montagnes entourant Iwa, mes esprits me revinrent et se concentrèrent sur un nouvel objectif. Une seule possibilité s'offrait à moi désormais...et c'était celle de progresser. S'il me fallait devenir un Shinobi "ordinaire" et s'il me fallait composer avec les armes de ceux qui étaient des sans-clans, alors il me faudrait surpasser ceux de mon niveau, surpasser les attentes...surpasser avant de trépasser.

Prenant appuie sur une main, je me relevai et me dirigeai vers le bout de la corniche, là où l'arbre centenaire se dressait tel un véritable colosse, flottant presque dans le vide et où l'on pouvait clairement apercevoir quelques unes de ses longues et immenses racines suspendues à l'air libre. Étirant l'un de mes bras, je brisai quelques unes de ses plus petites branche et sortis un shuriken de ma ceinture. Tranquillement, je découpai l'écorce fine et souple de la branche afin d'en faire de petits filaments au bout de lesquels j'attachai autres shuriken et kunai. Bien évidemment, le semblant de corde que représentait ces bouts d'écorces était très fragile et pouvait se casser à tout moment, mais tel était le but derrière cette manipulation et lorsqu'une dizaine de mes outils furent ainsi attachés, j'allai rattaché l'autre bout sur une branche plus solide et haute de l'arbre, tout juste au dessus de moi avant de graver un cercle au sol par la suite, tout juste sous les nombreuses lames qui pointaient en sa direction et qui, tôt ou tard, finirait par tomber. Leur poids ne pouvait être supporté bien longtemps par les ficelles que j'avais confectionné.

L'idée était simple...
Dans le taijutsu, il fallait être fort et rapide, oui, mais il fallait surtout avoir de l'instinct et des réflexes aiguisés afin de comprendre et de percevoir le moment crucial où il fallait bouger pour éviter une attaque et riposter par ses propres moyens et si je voulais me surpasser, c'était par là qu'il me faudrait débuter. J'allai donc me placer au centre du cercle et j'attachai mes mains ensemble à l'aide de l'une de mes nombreuses chaînes et je fermai mon oeil...et j'attendis. Plusieurs minutes passèrent avant qu'un autre coup de vent ne se présente, puis, je le sentis venir. Je sentais sa poussée passée dans mes cheveux, j'entendis son mouvement entre les feuilles de l'arbre puis...je sentis une douleur aiguë me traverser le dos de haut en bas, alors que l'un des shuriken était tombé après que la ficelle qui le retenait eut cédée. L'une de ses pointes perfora ma peau au niveau de mon épaule gauche, à l'arrière, et lacéra ma peau jusqu'au milieu de mon dos avant qu'il ne pivote sur un autre angle et tombe par terre. Je sentis une coulisse de sang suivre et arrêter son mouvement sur la ceinture de mon pantalon. Je serrai les dents, et j'attendis le prochain projectile...en espérant qu'il ne s'agirait pas là du kunai que j'avais placé tout juste au dessus du creux qu'il y avait entre mon épaule droite et ma tête...

Une vilaine entaille sur mon bras et une autre sur l'une de mes cuisses commençaient à saigner à leurs tours. Trois projectiles étaient jusqu'ici tombés de l'arbre alors que, toujours au même endroit, je tentais aussi bien que mal de trouver un moyen d'esquiver les attaques en me servant d'autre chose que ma seule vu pour m'aider dans ma tâche. Chaque fois que le vent soufflait, c'était un danger de plus, le risque que l'une des petites cordes sensible qui retenait mes armes au dessus de mon propre corps ne cède et n’envoie une autre lame déchirer mon épiderme. Je sentais que je détenais la solution quelque part dans mes pensées, mais je n'avais pas encore mit le doigt sur l'astuce qui me permettrait de transcender les capacités ordinaires des sens du corps humain. Des gouttes de sueurs froide s'étaient mise à couler de mon front, accompagnant celles de couleur rougeâtre qui parcourait mon dos et mes deux autres membres blessés. À quand le prochain? Je ne le savais pas, car si c'était les bourrasques qui fragilisaient les liens qui retenaient mes outils de ninja, ce n'était pas chacune d'entre elles qui réussissaient à les faire tomber.

Remontant mes deux poings liés vers mon front, j'en essuyai les sécrétions acides que mon corps produisait et je retint ma respiration en sentant un autre courant d'air approcher. Serrant les dents, raidissant chacun des muscles de mon corps, je m'apprêtai à ressentir une douleur qui m'était pourtant impossible à deviner d'où elle proviendrait. J'entendis alors un petit "boum" tout juste à côté de moi, puis quelque chose de solide heurter ma botte. Un Kunai, probablement, venait de tomber de l'arbre et avait dévier un peu de sa trajectoire initiale pour enfin terminer sa course tout juste sur ma gauche. Relâchant mon souffle, comme pour me réjouir de cette minime victoire, j'échappai cependant un petit cri de douleur tout juste après alors que, contre toute attente, un deuxième projectile se détacha et vint déchirer une petite partie de mon oreille droite et se planter dans le haut de mon épaule gauche. La pointe d'un autre shuriken cette fois-ci allait me laisser une bonne cicatrice sur mon oreille amochée. Fallait-il donc être fou, finalement, pour mettre au point un système d'entraînement aussi sadique?

Pestant contre mon propre manque de savoir-faire et de spécialisation dans une discipline qui s'avérait être cruciale dans le style de combat que j'empruntais, je tentai néanmoins de garder la tête froide et je me concentrai à nouveau sur ma tâche. Il ne restait plus que la moitié des projectiles encore au dessus de ma tête, dont un qui était potentiellement très dangereux vu son angle de chute. Il allait me falloir trouver une solution à ce piège dans lequel je m'étais moi-même lancé si je voulais en sortir sans trop de mal car déjà, il allait me falloir voir un médecin dès que je retournerai au village de Iwa afin de bien panser toutes ces blessures que je m'affligeais, mais aussi les désinfecter. Encore heureux que j'aie été d'un naturel assez résistant à la douleur, puisque cette session d'entraînement commençait plutôt à ressembler à une véritable torture à l'aveugle. D'ailleurs, plus les blessures s'accumulaient sur mon corps et plus cela demandait à mon esprit d'être ailleurs, concentré sur autre chose que la douleur qui me brûlait la chaire là où elle avait été entaillée.

Mais...il était difficile de trouver sa concentration...surtout lorsqu'une lame commençait à faire son chemin sur mon torse cette fois-ci avant de ne se planter directement dans la botte et la traverser jusqu'à ce que le pointe de celle-ci ne cesse sa course qu'après avoir atteint la moitié intérieur du pieds...entre deux bouts d'os. Cette fois-ci, mon cri se fit encore plus fort, plus puissant et révélateur du mal que je subissais. Des larmes vinrent automatiquement couler de mon oeil fermé que je refusais tout simplement d'ouvrir, mais en même temps, je sentis mon esprit être transporté au gré de cette fin de brise, emporté par l'air alors que, au même moment où mon corps venait d'atteindre un degré de douleur insupportable, mon âme elle avait trouvée un échappatoire à cette agonie. Une voix résonna entre mes deux oreilles. Imperceptible, inexistante, mais qui se répercutait néanmoins dans mon être entier et qui provenait d'un souvenir passé. La voix d'un empereur qui enseignait à l'un de ses disciples et jeune pousse de son propre clan. La voix de la sagesse qui domptait l'incompétence de la jeunesse.

"on ne met pas inutilement sa vie en jeu en endurant soi-même une de ses propres techniques !"

Des paroles que j'avais déjà entendu et qui, dans la situation, me fit sourire et même lâcher un petit ricanement alors que, comme si le temps s'était mit au ralentis, le kunai le plus fatal d'entre ceux qui étaient encore accroché tomba, ce qui le retenait ayant cédé à son tour.

Allez, lève-toi ! Et prends ton temps au lieu de foncer tête baissée ! Concentre ton chakra

D'autres mots que j'avais entendu, mais qui m'enleva le sourire de sur mon visage et qui m'aidèrent à me concentrer alors que le Kunai commençait à pivoter sur lui-même dans sa chute, imitant un effet de vrille alors qu'il s'enlignait directement à la base de mon cou, entre celui-ci et mon épaule.

Ton exécution était aussi trop lente ; j’ai deviné tes intentions dès ses premières attaques.

Mais cette fois-ci, je n'étais pas l'attaquant...et c'était maintenant à moi de deviner, d’anticiper l'attaque. De me placer au dessus de ce qui arrivait vers moi et de contrer son mouvement, son intention! Le kunai prenait de la vitesse au fur et à mesure qu'il perdait de l'altitude. Il avait maintenant atteint la moitié de sa trajectoire, assez pour pouvoir perforer ma peau et entailler ma chaire.

Savoir s’écarter au bon moment est primordial...Car le manque de vitesse entrainera naturellement un décalage...prends ton temps au lieu de foncer tête baissée...Concentre ton chakra...laisse le s'écouler...Allez, dépêche-toi !!!!

Et au moment où le Kunai eut atteint sa vitesse de pointe, au moment où la distance qui le séparait de mon épiderme pouvait être calculée en centimètre à peine, la brise qui l'avait décrocher de son arbre cessa de souffler et je sentis mon esprit atteindre une sérénité inattaquable. Je pu alors entendre, voir, ressentir l'air ambiant. Les portes de la psyché semblaient s'être ouverte alors que je sentais le vent, l'oxygène même de l'air ne faire qu'un avec chacune des molécules de mon corps. L'oeil toujours fermé, je pivotai mon corps en un mouvement subtile, mais rapide. Mes deux mains, toujours attachées, se précipitèrent dans une direction, là où je sentais l'air se déplacer sous l'effet d'une vrille et je refermai les paumes de ma main. En leur centre...un kunai.

Ouvrant les yeux, je regardai l'objet en fer qui venait de m'entailler la main, mais qui n'avait pu se rendre à sa destination initiale et autour de moi, je pouvais voir la poussière du sol et les feuilles mortes de l'arbres être poussées par une énergie transparente, libre...omniprésente et omnisciente...L'air...ou...le futon.

Explications: