C'est avec le bandeau du village attaché bien en évidence sur le haut de mon bras que je me rapprochais des remparts. Raki m'accompagnait, toujours aussi fidèle. Je ressentais la joie de mon chien, un sentiment que nous partagions de toute évidence. Même si mon périple fut long, périlleux et palpitant, que servir Konoha était l'une de mes raisons de vivre, j'étais en quelques sortes obligée d'admettre que retrouver son chez soit, revoir les personnes auxquelles on tient était tout aussi agréable. Enfin, pas autant en fait, mais c'était cool.

Durant ces dernières années passées à chasser le criminel, pas mal de choses m'avaient échappé, des informations sur les relations entre les villages, les dernières actualités enfin, tout ce qu'on peut savoir lorsqu'on reste au village, ou qu'on y revient fréquemment. J'étais maintenant à la porte, devant l'un des gardes qui surveillait le passage. Il m'adressa un simple bonjour en me tendant un registre. Son regard s'attardait longuement sur Raki, puis sur moi, puis sur le registre. Il semblait surpris par quelque chose.

"Tu es partie il y a cinq ans et trois mois ? Quel est l'objet de cette absence ?"
"Hum, mission."
"D'accord, bon retour parmi nous dans ce cas."
"Merci, il faudrait prévenir Miko-sama de mon retour, que je lui fasse mon rapport."
"Aburame Miko ? Elle est devenue Daïmio de Hi no Kuni. Aburame Mizuki est le Hachidaime Hokage."
"Han, je vois... La secrétaire, Mizuki, donc... Bah faudra l'avertir! Je peux..."

Dis-je en montrant la porte du village du pouce. Il acquiesça, et je passai tranquillement. Le village n'avait pas trop changé à première vue, enfin, il ressemblait à mes souvenirs. Il était au moins toujours aussi animé. Je ne pus dire si cela m'avait manqué. Le premier endroit où je m'arrêtai fut un restaurant où j'avais par le passé l'habitude de manger, et dont la présence de Raki ne dérangeait pas; un endroit ou la plupart des Inuzuka venait...

Mais pour le moment, c'était bien vide...

La journée était belle, les oiseaux chantaient, le printemps était bel et bien là. Juché sur l’une des premières branches de l’arbre, je laissais mon visage se faire caresser par la brise tout en profitant de l’ombre de son feuillage. Un peu plus bas, à la base de l’arbre, mes deux ninkens étaient roulés en boule et roupillaient tout comme moi. C’était ça la belle vie! Malheureusement pour moi, ce genre de journées n’arrivait que trop rarement à mon goût, surtout en cette période du printemps. Alors que l’hiver était considéré comme la saison morte, le printemps était tout l’opposé puisque soudainement tout le monde semblait sortir de leur torpeur hivernale. Tout d’un coup, tout le monde avait besoin de shinobis pour entretenir les terrains après l’hiver ou bien pour chasser des intrus qui se seraient glissés entre certains murs pour se garder au chaud – et croyez-moi je ne parlais pas seulement de vermine animale. Enfin bref, je pouvais finalement souffler un peu après des journées qui ne finissaient plus d’être occupées.

Je dus m’assoupir puisque ce fut un drôle de grognement qui me sortit de ma torpeur. Croyant au début avoir imaginé le bruit – peut-être venait-il de mon rêve? – mais il revint et cette fois-ci il était accompagné d’une crampe dans le ventre telle que j’en avais seulement lorsque j’étais tenaillé par une faim immense. Alors c’était cela qui me réveillait? Quand ce n’était pas mes ninkens qui me réveillaient pour que je remplisse le leur, c’était rendu que mon propre corps me faisait le même coup? Soupirant envers moi-même, je me laissai glisser sur le bord de la branche et atterris au sol non loin de mes ninkens. Un peu plus près et j’écrasais la queue de Seimori, qui balayait le sol de gauche à droite. Me voyant me lever, ceux-ci en firent de même et me regardèrent, le regard brillant. C’était à croire que nous avions la même idée, eux et moi. Tappant énergiquement dans mes mains, je terminai de les réveiller.

- Hé, je ne sais pas pour vous, mais j’ai comme un petit creux...

Ma remarque fut accueillie par un concert de cri de toutes les tonalités que l’on pouvait imaginer un ninken utilisé. Un large sourire se dessinant sur mon visage, j’invitai mes ninken à mes suivre tandis que nous nous rendions dans l’un de leur endroit favoris. Situé tout près du Rempart de Konoha, il s’agissait de l’un des rares établissements qui non seulement acceptait les ninkens, mais encourageait même ceux-ci à venir se sustenter là-bas. De ce fait, le restaurant avait une base de clients faisant majoritairement parti du clan Inuzuka qui lui était assez fidèle. Je savais qu’Aka et Sei ne se fatiguait jamais de cet endroit – et je devais dire que leur menu était franchement bien – alors c’était pourquoi j’avais pris la décision d’aller là-bas. En entrant, je vis que la belle température avait dissuadée plus d’un à profiter de la journée au lieu de venir manger un morceau. Ce n’était toutefois pas le cas pour certains consommateurs déjà le nez dans leur assiette. Je me dirigeai vers le comptoir où une rangée de banc était aménagée et je me rendis compte que je connaissais pratiquement tout le monde lorsque je me retrouvai à en saluer la majorité. Ce ne fut qu’une fois assis à un banc que je remarquai une jeune femme du clan, mais qui ne me disait pratiquement rien. Me refusant de laisser l’identité d’une membre de la meute dans le noir, je m’empressais de rectifier les choses.

- Excusez-moi, je vois que vous faites également partie de la meute, mais votre visage ne m’est pas familier? Venez-vous juste d’arriver à Konoha?

Bien évidemment, je n’allais pas lui demander son nom d’entrée de jeu, cela serait un manque de tact. M’auriez-vous dire quelque chose comme : « Hé, ta face ne me dis vraiment rien; c’est quoi ton nom? » ? Pour ceux qui auraient répondus par la positive, je vous maudis, car je n’aurais jamais dit quelque chose d’aussi direct à une inconnue. J’avais donc commencer par quelque chose qui brisait un peu mieux la glace, la possibilité d’une nouvelle arrivante au village par exemple. J’étais adolescent et elle semblait être des plus matures, mais il n’y avait pas d’âge pour rejoindre la Feuille. Elle avait peut-être seulement été plus confortable dans la nature plus longtemps. L’important était qu’elle était là et que j’étais là pour l’aider si elle avait besoin de quoi que ce soit.

Raki couché à mes pieds, moi attendant que ma commande me soit servie; voici à quoi ressemblait mon retour. Cela n'aurait put être plus morne. Personne pour m'accueillir, aucun visage familier. Le peu de personne qui constituait mon entourage avait il disparu lors de ces cinq années ? Aucune idée. Mais qu'ils soient morts au combat, en mission ou même accidentellement ne m'étonnerait pas. La réjouissance liée à la fin de ma mission et de mon ermitage avait rapidement laissé place aux regrets. Ceux d'avoir quitté la forêt où j'avais pour la première rencontré Raki pour revenir ici...

Enfin, je n'allais pas me laisser abattre; ce n'était en fait toujours que le premier jour, depuis toutes ces années, que je passais à Konoha. Puis, cette idée de solitude qui s'était faite une niche dans mon esprit fut tout bonnement balayée par l'intervention inopinée et inespérée d'un jeune homme, qui, d'après ses propos; semblait être un de mes congénères. Plus jeune à sa façon de parler et au respect palpable découlant de sa façon de me parler. Raki semblait être tout aussi attentif à cette personne que moi, ses oreilles pointues étaient dressées, captant chacun de ses mots.

Je posai ma main sur la tête du ninken, et il reprit sa position précédente, allongé, en détente. Quant à moi, je me levai sans un mot et me rapprochai de lui. Je pris place à côté de lui et posai mon regard ambré sur lui. L'observant un court instant, je me permis de me pencher à quelques centimètres de lui, puis, sous les yeux des autres occupants dont des Inuzuka pour la plupart; le reniflai l'espace d'une seconde. Sans prêter attention aux autres, je me redressai et lui répondis avec un certain détachement, le plus simplement possible.

"Hum... T'es bien un Inuzuka."

Un silence marqua cette judicieuse remarque, puis le patron du restaurant posa devant moi une assiette avec deux morceaux de viande rouge, crus et bien saignants; ainsi qu'un verre d'alcool de riz. Je pris l'une des tranches, la plus grosse; un bon trois cent grammes et la donnai à Raki qui n'en fit, sans grande surprise, qu'une seule bouchée. Je me reléchai les doigts, et pris le "verre" en gré et avalai d'une seule gorgée son contenu. L'envie de mordre à pleines dents se faisait de plus en plus pesante, prenante; mais je tins bon. J'étais en société maintenant...

"Oué, enfin... non. Je viens de rentrer de mission."

Du bout de mon index, ou plutôt de son ongle crasseux; je tapotai la plaque métallique -usée et aussi crasseuse que moi- portant la gravure de Konoha. Suite à quoi mon ventre grogna. Le bout de viande, du bœuf sans doute, avait accaparé toute mon attention, d'un coup. Le découper avec des couverts fut ce qui me prit le plus de temps, plus de temps que pour l'engloutir. Un repas qui ne dura pas plus de deux minutes même s'il me parut durer une éternité. Je n'étais plus, non plus, habituée à ça... La sophistication des choses, comme le simple fait de se nourrir.

"Aaah... ça fait du bien par où ça passe! On peut discuter maintenant. Lui souris-je. Hum, je m'appelle Reiichi, et lui c'est Raki. Et toi t'es qui ? Ta face m'dit vraiment rien."

Ajoutais-je en le fixant longuement, l'air de rien.

Après avoir parlé, je restai silencieux en attendant sa réponse, mais celle-ci se tardait à venir. Au lieu de me répondre, la jeune femme et son ninken se contentèrent de me regarder de la tête au pied puis, sans avertissement, elle se leva et s’approcha à quelques centimètres de mon visage. Mes joues s’empourprèrent légèrement malgré moi à cause de la distance et, à mon grand étonnement, me renifla pendant quelques secondes. Finalement, je ne savais pas pourquoi j’étais étonné puisque cela ne faisait que confirmer qu’elle était une Inuzuka. Enfin, déjà que l’immense ninken rendait cela évident, son comportement n’était qu’aussi révélateur. Maintenant, à savoir si elle était nouvelle à Konoha ou non cela restait à voir. Je n’en étais pas très certain, son ascendance animale très… disons… prononcée. Cette impression ne fut que renforcée lorsque je vis le chef arriver avec non pas une tranche, mais deux tranches bien saignantes avec un petit verre d’alcool. Le nombre de tranche ne me passa pas inaperçu tandis que je la voyais en donner une à son ninken avant de se lécher les doigts. Elle avait passé beaucoup de temps avec pour seul compagnie son chien-ninja, il n’y avait pas de doute.

Toutefois, j’appris que je m’étais trompé – du moins en partie – lorsqu’elle me révéla qu’elle n’était pas nouvelle, mais plutôt qu’elle revenait d’une mission. Je compris aussitôt que cela avait été une longue mission si je regardais son insigne de Konoha qu’elle pointait, à peine visible sous toute la boue qu’elle avait accumulée pendant sa mission, son comportement très impulsif et du fait que son visage ne me disait rien. J’allais lui poser d’autre question lorsque je fus interrompu par le grognement de son ventre et je sus que c’était le temps de passer à la bouffe. N’ayant aucun doute qu’elle passerait à travers de sa tranche, j’en profitai pendant qu’elle mangeait pour commander à mon tour, passant néanmoins mon tour pour le steak cru. Le temps qu’elle termine complètement son repas – un généreux deux minutes – je n’avais eu que le temps de recevoir ma bière, mon repas étant encore sur le grill. Elle, cependant, semblait rassasiée et prête à parler. Je pus enfin connaître son nom et celui de son ninken, respectivement Reiichi et Raki, sans que cela ne me dise quoi que ce soit pour autant. Ce fut alors mon tour d’être mis sur les feux de l’action alors qu’elle me demandait qui je pouvais bien être.

- Ça se peut bien, la plupart de ma famille vit dans le village à l’extérieur de Konoha. Moi c’est Takeo, et eux ce sont Akamori et Seimori, dis-je en présentant à tour de rôle Aka et Sei.

Mes ninkens hochèrent la tête en direction de Reiichi-san puis s’approchèrent de Raki avec qui ils entrèrent dans une conversation que seuls eux pouvaient comprendre. J’avais beau connaître Aka et Sei pratiquement comme le fond de ma poche, il y avait certaines choses entre ninkens que même nous ne pouvions réellement comprendre. Mon bol de ramen arriva devant moi et je plongeai avidement dedans pour prendre une première bouchée que je savourai. Je posai ensuite la question qui me brûlait les lèvres depuis tout à l’heure afin de pouvoir profiter du temps qu’elle répondrait pour continuer mon ramen.

- Alors, ta mission, c’était une longue mission? Que nous ne nous reconnaissions ni l’un ni l’autre doit certainement dire que cela fait un moment que vous êtes partis, non?

Je ne voulais pas le dire, mais il y avait aussi le fait que depuis que j’avais renoué avec la meute à Konoha je n’avais jamais senti son odeur. Cela ne voulait qu’une chose et c’était qu’elle avait quitté la Feuille avant que mon odorat ne se développe assez pour que je reconnaisse les gens à leur odeur, ce qui datait de plusieurs années. Je ne voulais pas paraître vantard, mais le fait qu’elle ne me connaisse pas alors que je devais de plus en plus reconnu parmi la meute penchait aussi la balance en faveur d’une absence plus que prolongée. Alors que j’attendais plus d’information à propos de la fameuse mission, j’attrapai mes baguettes et les plongeai dans le bol pour une autre bouchée qu’il me tardait à prendre.

Je ne savais pas si je pouvais parler de cette mission. Il n'y avait pas grand chose de secret selon moi, alors je pouvais certainement en discuter, puis si je ne pouvais pas le faire avec un Inuzuka, avec qui le pourrais-je ? Puis bon, que risquais-je ? Avant de livrer ces quelques informations, je jetai un coup de d'oeil à Raki, il ne semblait pas désapprouver que je réponde. Je me tournai alors face à Takeo et, levant le doigt en signe d'avertissement, lui répondis.

"Déjà, arrêtes de me vouvoyer, j'suis pas assez vieille pour ça. Dis-je en baissant le doigt. Donc, en fait je suis partie pendant cinq ans et trois mois; Miko-sama m'a confiée la tâche d'éliminer tous les partisans du Shoraizen encore en vie, du moins tout ceux connus de Konoha. Et, comment dire... C'est fait. Ensuite j'ai passé un certain temps sur la colline, pour me ressourcer en gros. Rien de bien transcendant, je te l'accorde."

Non, je ne jouais pas les modestes, mais sans dire que mener cette longue mission fut facile, elle ne fut pas non plus si ardue que ça; en fait elle fut juste plus longue que difficile. Même si certains des ninjas et autres obstacles que j'avais affronté s'étaient avérés plus que coriaces, ce fut sans doute l'une des meilleures expériences de ma vie. Puis, j'en étais revenue plus... aguerrie et ma réussite montrait ce que je pouvais faire pour Konoha; en dehors d'entrainer des gamins trop douillés. Peut-être cela avait il changé en cinq ans et quelques ? Je verrai bien...

"Peut-être qu'on s'est déjà croisé, mais ça se trouve t'étais beaucoup plus petit... 'fin, j'sais pas. T'as quel âge ? ça expliquerait pourquoi je te reconnais pas! Alors, qu'est devenu Konoha pendant ces cinq dernières années ? Je n'ai pas vraiment été au courant des dernières nouvelles."

J'avais remarqué que l'apparence du village avait un peu changé, c'était un peu plus moderne, plus peuplé aussi. Mais après ça... à part le changement de Kage, je n'étais pas au courant de grand chose. Je ne savais même si nous étions en guerre ou en état de paix, pour dire à quel point s'étendait mon ignorance sur le sujet. J'étais sûre et certaines que le jeune homme allait pouvoir me renseigner, voire m'éclairer! En attendant je portai de nouveau le gobelet que venait de me resservir le patron à ma bouche et avalai une nouvelle gorgée.

Mastiquant ma bouchée de ramen, je manquai de m’étouffer lorsque je vis le doigt apparaître devant mes yeux. Aussitôt, elle me reprit aussitôt sur mon vouvoiement et m’avertis qu’elle était loin d’avoir l’âge pour ça. À bien la regarder, nous ne devions en effet pas être si loin de l’autre en terme d’âge, qu’est-ce qui m’avais pris à la vouvoyer ainsi? La bouche pleine, je me contentai d’hocher la tête pour lui signifier que j’avais compris le message tandis qu’elle continuait et expliquait que cela faisait cinq ans qu’elle était partie pour une mission pour le compte de Miko-dono afin d’étouffer toute possible résurgence du Shoraizen dans l’œuf. Cela me fit penser à ce petit groupe à Ki no Kuni et me demandai si je ne lui avais pas facilité la tâche. Si Satochi-san et moi n’étions pas passés par là, s’en serait-elle occupée? Aucun moyen de le savoir et de toute façon ce n’était pas si je tenais particulièrement à le savoir, je ne faisais que me le demander sur le coup. Après avoir accomplie sa mission elle était restée à vagabonder dans le Yuukan comme nos ancêtres le faisaient avant nous puis s’était finalement mise en chemin vers Konoha. À l’écouter parler il n’y avait rien d’extraordinaire, mais rares étaient les Inuzukas qui gardaient ce mode de vie nomades après toutes ces années; je devais avouer qu’une petite partie de moi était jalouse qu’elle ait eu la chance de faire quelque chose de la sorte.

Nous mangeâmes tous les deux en silence quelques minutes, avant que finalement Reiichi-san ne reprenne la parole, ayant sûrement réfléchi à la raison pourquoi nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant puisqu’elle y alla avec une possible explication. C’était peut-être là la raison, mais personnellement j’en doutais puisqu’il y avait cinq ans je n’étais pas si jeune que ça. Mais ça elle l’ignorait, même qu’elle me demanda mon âge afin de vérifier. Passant alors du coq à l’âne, elle voulut se renseigner sur ce qu’était devenu Konoha depuis qu’elle était partie. Oulah, c’était une colle tout ça! Le problème avec les souvenirs c’était que si on parvenait très bien à se rappeler de l’événement, avec le temps il devenait beaucoup plus difficile de les situer. Sentant que cela demanderait un peu de temps histoire de rappeler de tout et de trier les bons événements, je répondis à sa première question.

- J’ai vingt-trois ans, ce qui veut dire qu’à ton départ, dépendant de quand tu es partie, j’avais autour de dix-huit ans. J’hésitai quelques secondes avant de rajouter : Si je ne me trompe pas, je venais tout juste de monter Jônin, si jamais cela peut t’aider.

Peut-être qu’avec cela je pouvais l’aider à un peu mieux me situer, parce que je savais que de mon côté c’était foutu. Pendant qu’elle fouillait dans ses souvenirs si un petit Jônin lui disait quelque chose, j’allais dans les miens afin de trier les cinq dernières années de ma vie. Déjà en partant elle m’avait facilité la tâche en me disant qu’elle était partie pour mettre fin au Shoraizen. Cela voulait dire qu’elle était partie que quelques semaines après l’intronisation de la Nanadaime. De là, cela devenait plus facile de reconstruire la ligne chronologique et lorsque je fus convaincu du fil de mes événements, j’avalai mon énième bouchée et entrepris de lui raconter ce qu’elle avait manqué.

- Bon, reprenons du moment où tu es partie. Miko venait d’être nommée Hokage et elle t’a envoyée t’occuper du reste du Shoraizen. Après ça, nous nous sommes concentrés à renforcer notre position, comme tu as sûrement pu le remarquer avec les divers changements dans le village. Également, nous avons libéré le pays des Vagues de leur Daimyô corrompu et nous sommes maintenant en guerre contre Suna. Ah, et Mizuki a remplacé Miko en tant qu’Hokage depuis la dernière année. Je crois avoir résumé le plus important. Bien sûr, il s’est passé d’autres choses, mais je ne veux pas t’endormir avec toutes ces histoires.

Je pris une gorgée de mon verre, qui depuis avait rejoint mon bol de ramen, une fois mon récit. J’aurais pu parler de l’examen Chûnin qui avait tourné au désastre, mais il y avait tellement de choses à raconter à ce sujet qu’il nous faudrait sûrement une soirée entière pour en discuter. Je m’étais donc concentré sur les événements qui impliquaient Konoha et attendais plus qu’elle me pose des questions sur les sujets qui l’intéressaient au lieu de la bombarder d’informations. Histoire de ne pas avoir trop de conversations en même temps, je gardai toutes les questions que j’avais à propos de ce qu’elle avait vu pendant ces cinq années dans un coin de ma tête, prêt à les ressortir à tout moment lorsqu’un drôle de silence s’installera entre nous.

Ah ben, il s'en sont passées des choses le temps que je n'étais pas là. Au moins cela prouvait qu'ils ne s'étaient pas tournés les pouces ici, le temps que moi je vais au charbon. En même temps, comment aurait il pu en être autrement ? Il se passe toujours quelque chose tant que des shinobi sont impliqués dans une histoire. Et Konoha ne faisait pas exception à la règle. Ceci dit cela m'étonnait un peu que Konoha soit en guerre avec Suna, et ce même si nos deux villages avaient un lourd passif, allant de guerre à annexion. Pourtant dans mes souvenirs, des ninjas, des Kage même, avaient œuvré de concert pour que règne la paix entre nos deux nations, je parlais bien sûr de Myakudou On' et Habashi Zanshi.

Oui c'était étonnant. Moi même qui n'était pourtant qu'un simple soldat malgré tout avait compris ce qui était véritablement important, la paix. M'enfin, qu'on soit en guerre ne me dérangeait pas non plus. Pas le moins du monde en fait, puisque c'était exactement le genre de période qui me rendait la plus utile pour le village. Entre ça et les assassinats à droite à gauche. Ce fut avec un imperceptible haussement de sourcils que j'accueillais la nouvelle, mais sans plus. Cela devait donc faire depuis très peu de temps que Hi no Kuni avait déclenché les hostilités, parce que je n'avais entendu ni vu personne avec des intentions néfastes pour Konoha à l'esprit; si ce n'était le dernier homme du Shoraizen...

Une histoire intéressante même si peu fournie. Enfin, j'en apprendrai sûrement davantage avec le temps, ce n'était après tout que le premier jour que je passais à Konoha depuis plus de cinq ans. Et aujourd'hui, ce qui m’intéressait le plus n'était pas tant de repartir sur les champs de bataille que de dormir dans un vrai lit. Le sol, les feuilles, la luzerne n'étaient pas si inconfortables que ça et bien suffisants pour récupérer de l'énergie, mais quand même... Je n'étais pas opposée au confort et d'ailleurs n'avais jamais été contre. Heureusement que j'avais eu Raki durant mon périple dans le Yuukan, et qu'il acceptait volontiers de me servir d'oreiller. Ça c'était un bon ninken.

Puis je repris, lui répondant quelques mots, une phrase toute faite.

"Oué, les histoires les plus courtes sont les meilleures."

Je posai sur la table quelques billets afin de payer mon repas, même les derniers qu'il me restait. Même mon porte monnaie était heureux de rentrer, pour se regarnir un peu. Puis, je me levai, Raki fit de même.

"Merci pour ton accueil, j'ai encore beaucoup de choses à faire. On se croisera sans doute plus tard."

Ajoutais-je en prenant la direction de la sortie, Raki sur mes pas, tout aussi rassasié que moi.

Non seulement c’était long de parler de tous les événements marquant des cinq dernières années, mais je devais avouer que ma mémoire me faisait également un peu défaut quand il fallait remonter aussi loin dans le temps. De ce fait, j’y étais allé avec des valeurs sûres et dont j’étais certain de leur position dans le temps : les changements que Miko avait apportés, la libération de Nami, l’introduction de Mizuki en tant que nouvelle Ombre de la Feuille et la guerre avec Suna. C’étaient à mes yeux les événements les plus importants des dernières années en ce qui concernait Konoha et comme j’ignorais où sa mission l’avait amenée je ne pouvais savoir à quel point elle était au courant de ce qui s’était passé dans le Yuukan. Qui plus est, c’était ennuyeux si j’étais le seul à parler, j’étais curieux de savoir ce qu’elle avait vu alors qu’elle était sur les dernières traces du Shoraizen. Ce genre de traque était l’apogée de ce pour quoi nous vivions, je la trouvais extrêmement chanceuse d’avoir eu la chance de faire cela pour le village. Il me tardait de lui poser des questions.

Ma curiosité allait toutefois être très vite sapée lorsqu’elle répondit d’une remarque vague qui laissait entendre qu’elle ne voulait pas nécessairement s’étendre sur le sujet. Au final, il fallait croire que j’avais visé juste avec la concision de mon résumé. Après tout elle venait tout juste de rentrer, ce n’était pas le temps de lui bourré le crâne avec tous les événements des dernières années! Je ne fis donc qu’acquiescer silencieusement à sa remarque tandis que je reportais mon attention sur mon bol de ramen pendant quelques instants. C’est que j’en avais vraiment besoin; un peu plus et je pouvais entendre mon estomac me remercier. Mon attention se reporta toutefois sur Reiichi-san lorsque j’entendis un claquement sec dans sa direction. Levant le regard, je vis sa main plaquée sur le comptoir avec quelques billets écrasés en dessous. Elle se leva ensuite de son siège, aussitôt imité par son ninken, et me regarda tout en me remerciant de l’accueil. Je comprenais tout à fait qu’elle ait d’autres choses à faire – cela devait faire à peine quelques heures qu’elle était de retour à Konoha! – mais je ne pouvais m’empêcher d’être légèrement déçu qu’elle quitte aussitôt.

- Ce fut un plaisir de faire ta rencontre, Reiichi-san. À un de ces jours!

Je la regardai quitter le restaurant talonnée de Raki et un petit soupir de déception s’échappa une fois qu’elle eut quitté mon champ de vision. Moi qui voulais savoir comment cela avait été de vivre comme nos prédécesseurs, de retrouver le mode de vie nomade, de traquer l’ennemi à travers monts et vallées, il fallait croire que cela allait devoir attendre à une autre fois. Maintenant que j’étais de nouveau seul en compagnie de mes ninkens, je me concentrai sur mon bol alors que d’un signe de main en direction du barman je demandais un shooter de saké.