Kihran m'avait passé un savon pour que je me bouge plutôt que de me morfondre et il avait raison... J'avais commencé à vouloir m'endurcir au corps à corps depuis déjà quelques temps et j'avais pu mettre à profit certaines techniques que je maîtrisais maladroitement face à un éminent membre de Suna et ami de Tetsui, Ogami.
Mes capacités lui semblaient surprenantes et il était persuadé que j'allais vite progresser et accroître ma puissance si je me perfectionnais. Il fallait que je devienne plus forte : pour passer chuunin mais surtout pour faire honneur à Konoha et me tenir prête et efficace dans sa protection. Je devais être capable de frapper fort et vite de manière aussi sournoise qu'une vague vous happant dans le dos et ne vous laissant aucune échappatoire ! Je voulais être aussi véloce !

La tristesse passée suite à mon retour à Konoha, il me fallait me surpasser pour penser à autre chose et ne pas perdre de précieuses journées. J'allais m'endurcir !
C'était donc motivé que je me rendais non loin du Palais en espérant qu'il y ait des annonces en ce sens sur le tableau d'affichage. Mon regard le parcourait sans rien trouver de ce qui me concernait avant de tomber sur une annonce publiée par une boite intérimaire : « Cours de taïjutsu par professeur expérimenté » il y avait également les coordonnées de l'annonceur que je m'empressais d'aller voir. On m'assurait m'envoyer un professeur le lendemain matin sur les terrains d'entraînement a neuf heures : j'étais toute excitée à l'idée de cette session d'apprentissage ! J'étais restée inactive bien trop longtemps : je commençais à rouiller.

***

Huit heures trente. Je quittais mon appartement pour me rendre vers le lieu de rendez vous. Je m'étais demandé la veille quelle genre de personne serait mon sensei d'un jour... S'il était vraiment performant je ferais sans doute de nouveau appel à ses services pour parfaire mon entraînement ! J'espérais qu'il était bon instructeur et qu'il ne faisait pas partie de ces gens qui vous enseigne à une vitesse ahurissante comme si ce qu'il montrait était d'une évidence des plus simplistes... Je débutais alors il lui faudrait faire preuve de patience pour que j'intègre parfaitement ce qu'il voulait que je parvienne à faire ! J'étais avant tout une stratège et non une bastonneuse usant de mes muscles pour frapper ! Cette transition ou en tout cas, l'ajout de cette corde à mon arc, ne serait pas facile dans les premiers temps... Mais j'avais la volonté d'y arriver !
J'espérais également qu'il n'était pas de ces pervers à vous faire faire un enchaînement dans l'unique but de vous reluquer ni qu'il était du genre si dynamique qu'il serait impossible de le suivre ! De toute manière si tel était le cas et que je ne retirais rien de cette journée il ne serait pas payé ! Le client était roi après tout. Il était hors de question que je paye un clown ou un roublard ! Cela dit j'avais confiance en l'agence et son assurance de qualité... Du moins je l'espérais.

Huit heures cinquante. J'arrivais sur place. Le terrain était étonnamment désert hormis une autre personne un peu plus loin qui me semblait bien trop jeune pour être le dit professeur. Il ne restait plus qu'à attendre son arrivée...

-Et pourquoi je ne peux pas partir en mission ?

Le fonctionnaire retira ses lunettes pour mieux se frotter les yeux. Il semblait fatigué le bougre.

-Je vous l'ai dis Monsieur.Sakebi. Vous avez été interpellé pour exhibitionnisme devant l'académie, êtes potentiellement accusés du meurtre du Raikage et n'avez toujours pas répondu à une mission qui s'éternise avec des Kumojins.

Dubitatif, je lui adressai deux grands yeux écarquillés, vides de tout sens, le temps de laisser planer le silence entre nous l'espace d'un instant.

-Comment vous savez tout ça ?
-Je connais mon travail...

Nouveau silence.

-Et donc je n'ai plus le droit d'effectuer de mission ?
-Après vous avoir fait passé cette batterie de tests psychologique nous avons estimés que vous étiez un danger pour la population local. J'ai donc le regret de vous dire que vous êtes interdit de mission jusqu'à nouvel ordre. Dites... Vous m'écoutez quand je vous parle ?

J'arrêtai subitement de faire tournoyer mon crayon entre mes doigts.

-Heu... hum... Ouai,.. Test psychologique... Danger population... Okay ! Mais du coup qu'est-ce que je peux faire. J'ai besoin de ramener de tune pour payer mon appartement en ville.

A ces mots je me redressai de ma chaise afin de poser mes mains avec une certaine lenteur sur le bureau, arborant soudainement une mine et un ton grave.

-Sinon je serais obligé de retourner vivre chez ma mère...

Le donneur de mission connaissait ma mère. Ils avaient travaillés ensemble au bureau durant les deux dernières années. Deux années qui suffirent à marquer le dit homme. Preuve étant que son visage blêmi.

-Vous oseriez retourner vivre chez-elle ? Dit-il calmement
-Non... Mais si j'ai pas le choix... Répondis-je comme si je m'apprêtai à désamorcer une bombe.

Il trifouilla dans ses dossiers et m'envoya un document. Je posais le regard sur la feuille et vis une annonce pour un poste de formateur en taijutsu. C'était exactement ce qu'il me fallait. Un travail pépère où je pouvais jouer les chefs et passer ma journée à glander en regardant les autres se tuer à la tache. Ma vie était vraiment génial.

-Niquel. Merci vieux. J'y vais de ce pas.
-Bon courage...

Il n'avait même pas terminé sa phrase que j'avais déjà claqué la porte derrière-moi. Sans plus entendre je me dirigeais vers le terrain d'entraînement. J'allais être prof... Comme quoi tout pouvait arriver. Il ne me restait plus qu'à espérer que mon élève serait une jeune Kunoichi sexy à qui je pourrais conseiller des postures de combats suggestive. Je voyais déjà le tableau : « Montrez moi comment faire Sakebi-sama !! Wahouuu comment vous être trop fort et musclé Strike Sensei !! ».

J'arrivais finalement sur les lieux, des étoiles pleins les yeux, à la recherche de ma future disciple. Seulement je ne trouvais personnes. Seulement quelques types en train de s'entraîner en arrière plan et Yell... Encore cette Nana... Toujours dans mes pattes. A croire que je l'attirais comme un aimant. Arrivant à sa hauteur je lui adressai un regard plissé, quelque peu maussade. A voir sa tenue elle semblait prête à s'entraîner. Moi pas. Je portais un vieux jogging noir et un débardeur allant de paire.

Il s'écoula de longues secondes durant lesquelles nous nous toisâmes du regard, l'air dubitatif. Je ne savais pas si devait croire au Karma. Seulement à force de la croiser, je commençai vraiment à croire que quelqu'un en haut se foutait de moi.

-Laisse-moi deviner... Tu cherches un Sensei pour t'initier au taijutsu ?

Faisant la moue, je brandissais mollement le document sur lequel était inscrit mon contrat pour la journée. Je ne savais pas comment tout ceci allait finir, mais ça ne pourrait pas être pire que la dernière fois.

J'étais gonflée a bloc, imperturbable et motivée jusqu'à ce que j'aperçoive Strike... Qu'est-ce qu'il faisait sur les terrains si tôt ? Il était aussi là pour s'entraîner hein ?! Et il s'approchait de moi pour me faire une blague vaseuse avant de repartir n'est-ce pas ?... Pitié ?

Vu la tête qu'il tirait je me disais que quelque chose devait le perturber... Où était passée sa désinvolture habituelle ? Pourquoi cette mine de déception ? Non non non. Je refusais de le croire. Mon karma ne pouvait pas être si pourri que ça !

Pourtant j'en avais bien peur lorsque je vis le contrat qu'il me tendait. Un facepalm plus tard et un massage de l'arrête de mon nez je soupirais.

« C'est une blague ? »

Je savais très bien que non.

« Sérieusement... »

Je levais les yeux en l'air avant de lui tourner le dos.

« Eh bien je me rétracte dans mon engagement. Je trouverais un autre professeur. »

Ce n'était juste pas possible. J'avais passé deux semaines entièrement qu'en sa compagnie pour aller exécuter une mission non loin de Kumo et voilà qu'en désirant me perfectionner je tombais sur lui en guise de sensei ?! Konoha disposait de si peu de shinobis dans ses rangs ? Ou bien était-ce un hasard plus que douteux ?

Mais Strike ne l'entendait pas de cette oreille et me rattrapait dans mon départ en clamant qu'il avait besoin d'argent... C'était effectivement une bonne raison que de jouer les professeurs du dimanche pour s'en faire... Il était certain que ce n'était pas par envie d'enseigner le concernant.

Je pouvais comprendre sa motivation cela dit. Moi aussi j'avais besoin d'argent mais j'avais encore plus besoin de m'entraîner pour me perfectionner et partir plus souvent en mission pour en gagner : un cercle vicieux en somme mais on avait rien sans rien.

« Et ça ne serait pas plus profitable de faire des missions plutôt que sensei d'un jour ? J'imagine que ce n'est pas vraiment bien payé en comparaison... »

J'attendais qu'il m'explique la raison avant de soupirer, regrettant déjà ma décision. Ce n'était pas un mauvais bougre et j'avais même appris à le tolérer même si ma patience était toujours mise à rude épreuve en sa compagnie mais... il restait Strike et cela se suffisait à elle même comme explication.

« Bon c'est d'accord... Apprend moi l'art du Taijutsu...sensei »

Clamais-je dans un ton ironique.

«  Par quoi est-ce que l'on commence ? »

J'espère qu'il savait que le client était roi et que je ne lâcherais pas un seul ryo à la fin du cours si je jugeais qu'il n'avait pas pris son rôle au sérieux...

Je tombais complètement décontenancé devant cette révélation et Yell ne manquait pas de m'imiter. Le problème dans cette histoire étant qu'elle chercha aussitôt à partir. Il me fallut quelques secondes pour réagir. En effet je fus brièvement partagé entre l'idée de la laisser s'en aller et celle de me forcer à devenir son sensei. La raison, où plutôt le besoin d'argent détermina mon choix.

-Hey attends !! Tu comprends j'ai besoin de tune !! Alors reste, j'serais un bon sensei, promis !! Dis-je tout en en me précipitant de la rejoindre.

Elle me demanda alors si ce n'était pas plus intéressant pour-moi de faire des missions. Je me grattai la tête, quelque peu gêné. Ne sachant pas vraiment si je devais lui dire la vérité.

-Disons... Qu'il n'y a rien en ce moment pour-moi. J'ai pas le droit de m'éloigner du village avec cette histoire de Raikage mort.

Oui, le mensonge c'était mieux.

-Tu comprends donc pourquoi j'ai proposé ça !!

Elle finit par accepter, je ne savais pas si c'était pas pitié, ou par réel besoin de s’entraider, mais dans le fond j'en avais un peu rien à faire du moment que je pouvais faire mon travail et avoir ma paie en retour. Elle voulut ensuite savoir par quoi est-ce que nous allions commencer. Le problème étant que je n'avais rien préparé. Une chance pour moi elle était une débutante dans le domaine, autrement dit à peu près n'importe quoi pouvait passer. Je n'avais qu'à me contenter de lui expliquer ce que j'avais pour habitude de faire lorsque je m’entraînais.

-Très bien, on va commencer par quelques échauffements. On va courir. Faire huit fois le tour du village. Puis on enchaînement sur sept série de cinquante pompes puis onze de soixante-dix abdo.

C'était la base de la base, de quoi se mettre dans le ton. En plus, cela l'occuperait le temps que je réfléchisse à un véritable entraînement. La méduse parut cependant un peu hésitante à l'égard de ce planning. Je fis alors mine de froncer les sourcils.

-Allez !! On se bouge ! Un peu de nerf là dedans. Si tu veux devenir plus forte c'est pas en tirant au flan.

Je commençai alors à courir avec elle. Une heure et demi plus tard nous avions terminés la mise en bouche. Seulement Yell n'était plus au abonnée active. Elle s'écroula sur le terrain d'entraînement mise à mal par la fatigue. Quelle petite nature ! N'empêche je trouvais qu'elle était vachement sexy lorsqu'elle était à bout de souffle. Néanmoins je n'étais pas payé pour ce genre d’exercice-là.

-Bon, on va faire une petite pause, avant que le véritable entraînement ne débute.

Ce faisant je m'éloignai, la laissant ainsi seule avec elle-même tandis que j'allais voler une bouteille d'eau dans une glacière appartenant certainement aux groupes de shinobi s'entraînant un peu plus loin. En revenant je l'envoyais en direction de l'autre méduse, qui visiblement risquait de s'évaporer sur place si elle ne s'hydratait pas rapidement.

-Sinon, question ! Tu sais ce que deviens Kihran ? Je l'a dernière fois que je le croisai il avait changé de look. Je crois qu'il a finit par virer de bord. En même temps fallait bien qu'il s'assume un jour. Entre nous, la première fois que je l'ai vu j'ai cru que c'était une nana.

Aucune mission n'était disponible pour Strike à cause de cette histoire du Raikage... Je n'en revenais pas.

« Et le village n'est pas fichu de comprendre par lui même qu'il s'agissait d'un coup monté ? Comment trois genins auraient pu venir à bout d'un kage ?! Je sais que tu étais dans le lot mais quand même ! »

Et il ne s'agissait pas là d'un compliment... Strike possédait tellement un karma particulier que cela ne m'étonnerait pas qu'il soit capable de venir à bout d'un beaucoup plus haut gradé que lui et pas forcément de façon anticipé. C'était là tout l'art du spécimen : il exécutait souvent des choses peu croyable sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, se laissant simplement guider par son impulsivité sans réfléchir... Cela portait plutôt ces fruits mais ce n'était pas toujours le cas... J'espérais ne plus avoir à aller le chercher en prison à cause d'un concours de circonstance qui lui avait valut d'être en état d'arrestation pour exhibitionnisme devant de jeunes enfants... Non mais sérieusement...

Bref. Aujourd'hui je me retrouvais à lui demander ce que nous allions travailler alors que j'étais certaine qu'il n'avait rien préparé et était venu les mains dans les poches pour une parfaite improvisation... Je commençais à le connaître par cœur ce qui, d'ailleurs, était assez effrayant.

Comme je m'y attendais son programme était des plus... discutable ? S'échauffer d'accord mais pendant plus d'une heure avec de la course, des pompes et des abdos ? Je n'appelais plus ça un échauffement et cela devait se voir à ma mine sceptique et à la fois déconfite.

« Je t'ai demandé de m'entraîner au taijutsu pas de me coacher pour sculpter mon corps... Qui n'en a de toute façon pas besoin. »

J'en étais certaine. Ou peut être pas... comme en témoignait mon regard sur mon ventre plat duquel je venais attraper un ridicule bourrelet. Mais non je n'en avais pas besoin !

Mais voilà que Strike-sensei – mon dieu quelle horreur – tentait de remotiver ses troupes en arborant un air faussement sévère pour que je me bouge.

« Ok ! Ok ! C'est toi le chef pour cette fois alors je vais t'écouter et espérer que tu ne gâches pas ma confiance sans quoi mes ryos resteront dans mon porte monnaie. »

Le prévenais-je avant de commencer à courir en sa compagnie. Au moins il n'était pas comme ces professeurs de sports qui passaient leur temps à vous regarder faire sans une seule fois s'y mettre pour donner l'exemple !

Après la course, mes bras, mes épaules et ma sangle abdominale étaient décédés suite aux nombreuses séries qu'il me demandait de faire pendant qu'il supervisait... Je retirais ce que je venais de dire.
Je transpirais, je souffrais, j'étais a bout de force... Je crois que c'était bon. Tous les éléments pour une bonne séance de sport étaient réunis ! Je pouvais finalement m'écrouler sur le sol, haletante alors que savais qu'il ne s'agissait là que de « l'échauffement ». En pls et au bout de ma vie, je recevais tout de même une bénédiction apportée par Strike : oui il fallait croire que tout était possible. J'engloutissais la bouteille d'eau d'une traite en sentant celle-ci se mêler à mon organisme aqueux, renouvellement mon énergie peu à peu pendant que je soufflais un peu.

Alors que je reprenais mes esprits, Strike m'interrogeait sur Kihran. Ce pouvait-il qu'il s'inquiète pour lui ? Décidément ce type était plein de surprise. Sa réflexion sur mon meilleur ami me fit étirer un sourire.

« Oh non crois moi. Kihran aime les femmes. »

Et pas qu'un peu ! Il avait eu plusieurs copines. Cependant je me rendais vite compte que ma phrase serait sans doute mal interprété par mon interlocuteur tirant des conclusions hâtives de tout ce qu'il entendait, je me sentais donc obligée d'ajouter quelque chose.

« Enfin je l'ai vu avec plusieurs femmes différentes quoi. »

Qu'il n'aille pas s'imaginer que j'en faisais partie... Il n'y avait rien de tout cela entre l'Hayashi et moi.

« Mais oui il s'est un peu coupé les cheveux et il les attache en une longue tresse. Il tente de devenir sensei à l'Académie. Il aimerait enseigner à la jeune génération. »

Je marquais une pause avant de reprendre.

« Tu devrais lui demander conseil et en prendre de la graine. On ne peut pas dire que tes méthodes sont vraiment des plus éducatives et productives. »

Comment allais-je faire pour me montrer réactive au taijutsu alors que j'étais a moitié morte et que lui pétait la forme en plus d'être l'expert.
Je me relevais après quelques minutes de répit. J'étais douloureuse mais il fallait bien s'y mettre et de toute façon j'étais là pour m'endurcir aussi bien dans mon style de combat que mentalement alors je devais faire face à tout cela. C'est donc avec un regain de motivation et d'énergie sans doute liée à l'adrénaline que je m'approchais de lui en posture offensive, le regard déterminé.

« Apprend moi. »

J'imaginais qu'il existait des bases comme des postures ou comment tenir sa garde, ce genre de choses pour commencer à réellement donner des coups efficaces. Si je possédais quelques notions dans le domaine suite à mon combat d'entraînement contre le dénommé Ogami à Suna, il me restait tout de même beaucoup à apprendre.

Naturellement la remarque de Yell concernant Kihran me fit étirer un sourire narquois. L'important n'était pas de savoir si tous deux avaient réellement couchés ensemble, mais le fait qu'elle ait énoncé une phrase qui pouvait éventuellement laisser sous entendre que oui. Autant dire qu'elle venait de me fournir le gourdin avec lequel la taper.

-Mouai.... Fis-je simplement en prenant soins de décortiquer chacune des syllabes le tout en arborant un sourire serré qui se voulait retenu. Nan mais je comprendrais, un jardinier avec toi. Tu as arrosé jusqu'à ce que ça pousse.

Accompagnant le geste à la parole, j'agitai mécaniquement l'index de manière à porter avec moi tous les sous entendus possibles et imaginables. Une fois de plus je me retenais de pouffer de rire, ce qui déforma ma mâchoire en un affreux rictus espiègle. Suite à quoi la méduse m'expliqua que Kiki s'était refait un look en plus d'aspirer à devenir professeur à l'académie. Grand bien lui fasse pour ma part j'avais pour interdiction de m'approcher de ces locaux à moins de deux cents mètres et ce pour les quinze prochaines années. Ce qui me fit cependant tiquer fut le fait qu'elle remette en question mes méthodes d'entraînements.

-Il s'agissait juste de l'échauffement. Tu ne peux pas t'exercer à fond si tu n'es pas chaud bouillante. Et Kihran serait jamais en mesure de t'enseigner ce que je m'apprête à t'enseigner.Dis-je en pointant un pouce inquisiteur sur mon torse.

L’entraînement qui suivit ne mérita pas spécialement d'être narré. On le savait tous, les entraînements sont souvent quelques choses de particulièrement ennuyant en mettre en place. Le plus amusant étant généralement tout ce qui se trouvait autour de ce dernier. Malgré-tout, pour donner un peu de densité à cette histoire, on peut noter que j'ai enseigné a Yell comment user de son affinité suiton pour combattre au corps à corps, se propulser, faire des poings d'eau, des boost de vitesse ainsi que tout un tas de truc utile à mettre dans sa fiche technique. Il était initialement prévu dans mon contrat que les exercices s'étalent sur la semaine. Seulement arrivé à la mi-après-midi du quatrième jour nous nous heurtâmes à un problème de taille. Occupé dans nos exercices, moi le premier, je ne remarquai qu'au derniers moment ce fléau venu des cieux. A savoir des nuages, sacrément sombres et denses qui plus cela étant. Je levai le menton, dubitatif, les yeux rivés vers le ciel à me demander quand est-ce que tout ceci allait nous tomber sur la tête.

-Bon... ben je crois qu'on ne va pas trop s'attarder... Je te montre une dernière fois le truc, tu l'imites et on se casse...

Devant nous se trouvait un mannequin composé de sac rembourrés de paille attachés à un poteau. Un visage ronchonnant était tracé au feutre sur la partie faisant office de tête.

-Comme je te disais, j'ai intitulé cette technique : Fatality ! Car elle peut te permettre de terrasser certain types d'adversaires en un seul coup. Par contre elle est a utilisé avec parcimonie. Tu comprends, on pourrait presque l'assimiler à un kinjutsu. Et je voudrais pas que ce savoir ne tombe entre de mauvaise main.

Prenant place pour faire face au mannequin j'effectuai quelque premiers étirement, notamment au niveau des jambes. Cette partie du corps étaient cruciale pour la réalisation de la dite technique.

-Tout se passe dans les jambes. Tu dois agir rapidement en cumulant efficacement ton chakra dans l'articulation du genou. L'effet de surprise peu grandement accentuer tes chances de succès. Pour se faire n'hésite pas à augmenter ta vitesse avec l'une des techniques que je te t'ai apprise.

A ces mots je repris une posture droite et affirmée, je plaçai mes poings serrés à la hauteur de mes hanches. Bandant mes muscles je poussai un petit grognement rauque sous le joug de l'effort tandis que mon chakra katon commençait à exulter par tous les portes de ma peau. J'ouvrai alors les vannes à plein jet laissant une véritable aura de flamme m'envelopper. Mes cheveux se dressèrent davantage sur ma tête* tandis que dans la foulée toute l'herbe autour de moi commença à cramer. Puis dans un soupir caverneux je m'élançai à une vitesse tout bonnement inhumaine en fondant sur le mannequin en une fraction de seconde, désintégrant toute forme de végétation dans mon sillage.

Comme expliqué je concentrai mon chakra dans l'articulation de mon genou pour adresser un monumental coup de pied à l'endroit où se serait trouvé la partie génitale du mannequin s'il avait été un homme. A l'impact, le pauvre sac de paille fut arraché à son socle de bois pour être violemment propulsé à une vitesse vertigineuse dans les cieux. J'annulai alors mon aura de flamme, prenant soin d'épousseter mon pantalon. Nous attendîmes quelques secondes que le bonhomme ne retombe, malheureusement pour lui cela n'arriva jamais.

-Bon... J'espère que tu as finis par piger le truc.A ton tour maintenant. Fis-je en enfonçant un nouveau mannequin à la place de son grand frère. Celui avait encore un visage souriant.

*Oui cela est encore possible
** La rédactrice de ce rp tien à signaler que toutes ressemblances entre Strike et d'éventuelles personnages issues d'un nekketsu dessiné par Toriyama n'est que pure coïncidence.

Bien entendu Strike ne manqua pas de relever ma phrase qui aurait pu porter à confusion avec un petit air narquois et une supposition graveleuse qui, je l'avouais, m'avait fait décocher un petit rictus.

« Quelle répartie. C'est que tu es doué lorsqu'il s'agit de parler de ça. »

J'attendais quelque chose du genre : « oh mais pas que pour en parler » ou quelque chose de ce goût là le connaissant. Il fallait dire qu'il semblait être intéressé par quelque chose seulement lorsque cela le concernait lui même ou qu'il était question de sexualité. J'étais certaine qu'il aurait fait un merveilleux sujet de thèse pour un psychanalyste de renom très porté sur la chose. La voilà sa solution pour gagner de l'argent : être un sujet d'expérience ! Après tout il était vrai que l'on avait affaire à un sacré spécimen ! Et il n'y avait rien de glorifiant là dedans.

L'entraînement reprenait toutefois son cours après cette interlude alors que le rouquin se vantait de ses méthodes d'enseignements. C'était ainsi que j'avais appris à canaliser mon élément pour le répercuter en coups de poings et pieds en tout genre, leur conférant une puissance transcendante. Finalement ses conseils se montraient utiles et je progressais petit à petit au fil des jours. Car oui je l'avais revu durant toute la semaine pour parfaire cet apprentissage. J'avais passé près de deux semaines uniquement en sa compagnie pour l'exécution d'une mission alors je n'étais plus à quelques heures près...

Toujours était-il que je devenais efficace au corps à corps même s'il me manquait un peu de masse pour porter des coups un peu plus puissants encore. Cela dit je ne tenais pas vraiment à ressembler à ces femmes body builder que je trouvais d'une laideur sans nom mais juste ce qu'il fallait de musculature pour porter des coups plus directes et fermes.

Les mouvements s'enchaînaient tandis que j'étais en mesure de contrer, parer ou esquiver certaine de ses offensives, concentrée dans ce que je faisais et ce que lui faisais en tentant de la sorte à anticiper chacun de ses mouvements pour mieux les éviter.

Après une petite pause, je le regardais observer le ciel en faisant de même, la pluie n'était pas loin. Strike était d'ailleurs étonnamment calme face à cette annonce et malgré cette envie d'en finir rapidement pour aujourd'hui. C'est vrai quoi, il proposait même de remontrer l'enchaînement une nouvelle fois avant de le reproduire pour finalement nous en aller. Il ne parlait pas de prendre la poudre d'escampette, là tout de suite. M'avoir côtoyé lui avait-il exorcisé sa phobie de l'eau ? Je me demandais comment il allait réagir lorsque les premières gouttes tomberaient avant de laisser place à l'averse...

Le mannequin tirant la tronche nous observait de sa mine de suicidaire, du genre : « achevez moi je vous en prie ! Mais faites ça vite ! », tandis que Strike me réexpliquait la façon de procéder. J'étais étonnamment attentif à ce qu'il disait. J'avais appris qu'il ne disait pas que des choses stupides et qui lui arrivait de donner des conseils censés ! Une vraie découverte !

Fatality. Terrasser en un seul coup. Utiliser avec parcimonie. Proche d'un Kinjutsu... Eh ben cela promettait. Et il souhaitait m'enseigner ça ? A moi ? Une sorte de botte secrète qu'il avait concocté ? C'était pour cela qu'il allait pleuvoir...

Canaliser son chakra dans le genou. Accroître sa vitesse pour garantir l'effet de surprise et la puissance du coup. Je pigeais le truc et le regardais faire. A vrai dire cela se montrait assez impressionnant. J'étais assez fascinée par ce que je voyais. C'était d'autant plus déconcertant que cette béatitude s'adresse à l'autre rouquin mais j'étais bien trop absorbée par ce qu'il faisait pour en comprendre tout le mécanisme. Il me serait impossible de rendre ça aussi stylé cela dit... Je me voyais mal créer une aura d'eau, cela n'aurait pas vraiment la même allure même si rien ne m'empêchait d'essayer. Le mouvement fut vif et puissant. Un coup bien placé dans le service trois pièces inexistant du mannequin de paille mais qui le fit littéralement prendre son envol... J'imaginais alors le constat qui aurait été à faire sur un véritable individu... A mon avis il aurait pu renoncé à une quelconque descendance...

« Hum... Pas mal. »

Déclarais-je après le spectacle qui m'avait été donné de voir.

« Je peux m'entraîner sur toi plutôt que sur le frère de celui que tu as envoyé sur orbite ? C'est plus parlant avec une véritable personne. »

Bizarrement il était sceptique et me voyais déçue de me contenter du mannequin. Tristesse. Dire que j'aurais pu lui porter un telle coup éveillait une part de sadisme en moi... Mais bon tant pis.

L'eau déferla autour de moi, comme si j'étais prise dans une vague tourbillonnante, un véritable siphon que je contrôlais. Je glissais sur cette vague qui se déployait sous mes pieds tandis que j'approchais avec vélocité de ma cible, concentrant mon chakra dans mon genou que j'envoyais se fracasser de toute mes forces sur la partie sensible du bonhomme de paille qui vola à son tour dans les airs avant de retomber quant à lui. J'étais fière de ce que je venais d'accomplir et l'exprimais en serrant le poing et pliant mon bras que je rapprochais vers moi dans un « yes » bien audible. A ce même moment, l'air se déforma et la pluie retombait en gouttelettes fines sur le sol avant de redoubler toujours plus d'intensité. J'adressais un regard à mon professeur avant de déclarer :

« ça je n'y suis pour rien ! »

Mais bien entendu l'oiseau s'était rapidement envolé. Je me retrouvais donc toute seule sur les terrains d'entraînements alors que la pluie battait son plein. Impossible qu'il court jusqu'à chez lui, il finirait trempé. Il allait sans doute se mettre à l'abri en attendant que cela passe. Bof... j'aimais bien la pluie alors je continuais un peu l'entraînement avant de partir à mon tour.

Sur le trajet, alors que je me rendais chez moi, je voyais Strike qui était effectivement sous le porche d'un bâtiment pour éviter le courroux de la météo. Dans un rictus amusé je m'approchais de lui et créais une fine pellicule d'eau en suspension au dessus de ma tête et de manière suffisamment étendue pour l'y accueillir pour faire rempart à la pluie diluvienne.

« Je te raccompagne ? »

Cela lui éviterait d'attendre.
Je me rappelais où il habitait -malheureusement- et commençais à m'y rendre avant qu'il me parle d'une histoire de cafards cracheurs de feu qui avait fait mettre son appartement en quarantaine si bien qu'il ne vivait plus là. Je m'apprêtais donc à lui demander où est-ce que nous devions aller alors avant de me souvenir de quelque chose...

« Oh... Au fait. J'ai toujours ton bouquin à te rendre. »

Je me grattais l'arrière du crâne, un brin gênée. Etait-ce parce qu'il ne me l'avait pas vraiment prêté mais que je m'étais servie dans sa bibliothèque ou bien qu'il s'agissait du genre de « livre » que l'on ne pouvait pas vraiment qualifier ainsi ? Peut-être un peu des deux...

« On a qu'à faire un crochet par chez moi comme ça tu pourras le récupérer. »

Ou peut-être était-ce à cause de ça ? A vrai dire, je n'avais pas vraiment envie de l'inviter chez moi. Pas après notre... « passif » … Aucunement.

Yell était finalement parvenu à imiter ma technique, non sans une certaine lenteur, mais l'essentiel se trouvait là. Seulement ce n'était pas tout, mais le temps se couvrait de plus en plus. Levant une nouvelle fois les yeux au ciel je sentis quelque chose de froid, humide et fluide me tomber sur le front. C'était de l'eau. Sitôt mes pupilles se dilatèrent tel un poète sous opium. J'allumais mes réacteurs et filait à une allure folle sans demander mon reste. Ainsi je traversai cet immense quadrillage que formait les ruelles de Konoha pour tenter de rejoindre, cafard cracheur de feu aidant, la demeure familial à défaut de mon appartement. Le problème étant qu'elle se trouvait à l'autre bout du village. J'eus beau filer à une vitesse phénoménal, laissant dans mon sillage quelques traînées enflammée, cela ne fut guère suffisant et la pluie ne tarda pas à s'abattre si bien que je n'eus d'autres choix que de me réfugier sous un préau.

Passablement déprimé, il me restait alors plus qu'à attendre, la mine maussade, que la pluie cesse pour espérer rentrer chez-moi. Les minutes défilèrent et je commençai à perdre patience lorsque je vis finalement Yell apparaître pour me proposer de m'escorter jusqu'à chez-moi. Je lui expliquai rapidement mon problème d'insecte, comme quoi ce n'était pas possible. Je passai ensuite sous son parapluie improvisé, guère rassuré à l'idée que cette protection sommaire contre la pluie était uniquement sous son contrôle. Ce fut alors qu'elle trouva bon de me rappeler qu'elle devait me rendre mon Hentaï. Un peu plus et je l'aurai oublié. Je plissai dès lors des yeux, lui adressant une moue suspicieuse.

-A oui c'est vrai. J'oubliais qu'en plus d'être une perverse tu étais doublées d'une voleuse !!

Effectivement j'avais encore en travers de la gorge le fait qu'elle m'ait sournoisement dérobé mon édition collector de Bible White et ce juste après s'être abusivement servit de mon corps. Hors après que j'eus dis ces mots la protection aqueuse se déroba au-dessus de ma tête. Heureusement que je l'avais vu venir et que je parvins juste à temps à me réfugier sous le préau. Malgré-tout le haut de mon crâne fut gratifié de quelques gouttes d'eau.

-Bon ok t'es pas une voleuse... Finis-je pas dire pour me rattraper, mais aussi et surtout parce que je ne tenais pas à rester ici.

Nous finîmes par emprunter la route menant jusqu'à chez-elle. Visiblement elle aussi vivait en appartement. Nous montâmes les étages jusqu'à arriver devant le palier de la porte. Une fois à l'intérieur je n'eus d'autre choix que de me rendre à l'évidence. C'était aussi bordélique que chez-moi et ce bien avant le passage des cafards. On ne comptais pas le nombres de vêtements éparpillés sur le dossier du canapé et des chaises. Un peu de poussière par si et par là. J'en concluais que madame aimait se laisser vivre. Mon attention fut brièvement attiré par sa lingerie suspendu sur un séchoir dans un coin de la pièce principal. Je haussai un sourcil circonspect en pensant que même-moi j'aurais pris soin de ranger mes sous-vêtements avant d'inviter un membre du sexe opposé dans mon appartement.

-Plutôt cool comme appart...

Car oui avec ce léger bordel j'avais presque l'impression de me retrouver chez-moi. Peu après cela Yell finit par me ramener mon livre que je lui arrachai des mains pour en examiner la couverture sous tous les angles, m'assurant qu'aucun mauvais plis ou déchirure n'était présent. Le test fut plutôt probant, il ne me restait plus qu'à effectuer la même vérification sur les pages à l'intérieur. Mais avant, mesure de sécurité : J'en filais les lunettes de soleil. J'ouvris enfin le livre duquel s'échappant une lumière divine quasi aveuglante. Les carillons et autres trompettes célestes se mirent à résonner jusque dans les fondations de l'appartement. Je feuilletai rapidement l'ouvrage, avant de le refermer, faisant ainsi cesser toutes émanations divines. Ce faisant je le rangeai dans la poche arrière de mon pantalon, puis tournais la tête en direction de Yell, lunette toujours posée sur le nez, je l'avisai d'un air grave.

-Ok c'est bon...

Retirant cette fois-ci mes lunettes j'adoptai un ton plus léger.

-T'aurais pas quelque chose à boire sinon ? Pas de l'eau hein ! Quelque chose de plus fort, si tu vois ce que je veux dires.

Après avoir retiré cette fine pellicule d'eau qui l'empêchait d'être mouillé du fait de ses paroles qui ne me plaisaient pas, je fus presque tenter de récidiver sur le trajet alors qu'il n'aurait eu nulle part pour se cacher sans être mouillé avant... Mais je me ravisais. Rhaa j'étais bien trop gentille.

Nous arrivions finalement chez moi et je le laissais rentrer avant d'apercevoir le séchoir rempli de ma lingerie fine que j'avais complètement occulté de mon esprit... Peut-être aurais-je dû lui demander d'attendre sur le pallier pour vérifier que rien ne traînait... mince... Je faisais le tour de mon appartement dans ma tête pour vérifier par mes souvenirs si ce n'était pas le cas mais puisqu'il n'aurait le droit que de rester dans le salon de toute façon je n'avais pas a m'inquiéter davantage. Cela ne signifiait pas pour autant que dans la seconde où j'apercevais le séchoir j'attrapais le plaid du canapé pour le recouvrir et ainsi occulté à sa vue mes dessous car bien sûr il avait regardé !

Strike faisait un commentaire sur mon appart' qu'il trouvait « cool » - chouette j'étais donc dans le coup à maintenir un certain seuil de bordel dans ma tanière – alors que je soupirais un instant sur ma bêtise tout en me dirigeant dans ma chambre pour récupérer son bouquin que je lui ramenais finalement tandis qu'il l'inspectais sous toute les coutures pour vérifier que je ne l'avais pas abîmé... Je roulais des yeux avant de me dire que ce type était définitivement un allumé – et c'était cas de le dire – avant qu'il ne l'ouvre pour en voir une puissante lumière en émaner... Je clignais plusieurs fois des yeux pour être certaine qu'il ne s'agissait pas d'une hallucination – pourtant je n'avais rien fumé aujourd'hui... - tout en observant cette scène des plus étrange, circonspecte.

« Qu'est-ce que c'est que ça ?! »

Il était clair que ça n'avait jamais fait cet effet là lorsque c'était moi qui l'avait ouvert !

« Il y a une sorte de fuinjutsu qui cache du contenu supplémentaire ?! »

Si c'était le cas j'étais déçue de ne pas en avoir eu connaissance... Mais l'autre me regardait avec ses lunettes de soleil qu'il avait mis juste avant tout ce manège, comme s'il en connaissait déjà l'existence, en assurant que c'était bon d'un air grave, comme s'il venait tout juste de désamorcer une bombe !

La crise était visiblement passée et il put finalement se détendre en me demandant quelque chose à boire qui ne serait pas de l'eau.

« Hum... J'ai du rhum si tu veux. »

Je partais dans la cuisine pour lui en servir un verre tandis que je me contentais d'un jus de fruit. Il était hors de question que je boive à nouveau en étant seul à seul avec lui ! Une fois m'avait servi de leçon...

Je posais son verre sur la table basse, s'il voulait s'installer sur le canapé, et lui apportait même la bouteille vidée de moitié au cas où il souhaitait se resservir car le bougre avait une sacrée descente.
Je me tenais pour ma part devant ma fenêtre ouverte, posant mon verre sur le rebord tandis que je m'allumais une cigarette en contemplant le pluie tomber, si reposante.

Strike se mettait alors a se servir du rebord de la table pour faire quelques percussion, tandis que j'accompagnais ces deux coups d'un seul en tapant dans mes mains et cela de manière répété avant de me mettre à chanter.

« We will we will rock you !
We will we will rock you ! »

Le rouquin maintenait son tempo, moi le mien tout en poursuivant mon chant avant de finir finalement, le sourire jusqu'aux lèvres.

« Attends ! »

Je lui intimais de cesser son rythme avant d'ouvrir l'étui de mon violon poser sur le meuble face à nous.

« Reprends. »

Il tapait dans ses mains et jouait la beatbox alors que je l'accompagnais au violon en totale improvisation sur un air funky. Je jouais tout en bougeant au rythme de la musique, grattant les corde avec l'archet de manière frénétique. Il y avait bien des façons de jouer du violon : ce n'était pas seulement un instrument capable de transmettre la mélancolie. Nous nous amusions un long moment là dessus, enjoués. Pour une fois que l'on s'accordait sur quelque chose... C'était peine croyable même ! Un miracle ! Cette émanation divine tout droit sortie de son livre et la pluie ! Nulle doute c'était un miracle !

C'était presque comme si le décor autour de nous avait changé pour nous laisser je ne sais où mais simplement avec cette sensation de liberté et d'amusement sans se soucier du reste ! J'avais oublié que l'on se trouvait dans mon appartement et que j'allais sûrement me faire des ennemis parmi mes voisins ! Non ! Rien à faire de tout ça ! L'éclate avant tout !

Si nous nous étions trouvés dans la rue j'imaginais même qu'une petite foule se serait attroupée autour de nous avant de nous lâcher quelques ryos ! C'était une solution au problème financier de Strike, c'était certain même si notre crédibilité en tant que shinobi en prendrait un sacré coup... Il n'était cependant pas interdit d'avoir une passion tout en en étant un ! Je me demandais si notre Hokage avait un hobby... avant d'oublier cette idée en imaginant que cela y mêlait sans doute ses insectes...

Je retirais finalement mon instrument de mon épaule, toute sourire.

« Bon on monte un groupe ?! »

Bien entendu il s'agissait d'une plaisanterie et il le devinerait facilement. Passer mon temps avec lui... non merci. Déjà que cela était de plus en plus fréquent ces derniers temps, il ne fallait pas pousser ! Même si j'avouais qu'il était fun et sympa lorsqu'il était comme ça, loin de sa lourdeur habituelle !

Yell allait généreusement me servir le rhum, le tout en apportant la bouteille directement avec. Bonne initiative, je commençai à manquer de combustible. Le temps qu'elle trifouille dans sa cuisine je tentai de le passer en découvrant mon environnement. N'y trouvant rien de particulièrement attrayant je commençai alors à taper machinalement sur la table puis dans mes mains. Instinctivement un rythme s'imposa dans la mécanique de mon corps. Un petit air assez familier que tous connaissaient à moins d'avoir vécu reclus dans le désert de Kaze durant les quinze dernière années. Évidemment la lady reconnue le tempo et commença à chanter sur ce ton. J’enchaînais également sur la suite. Comme quoi je n'aurais jamais vraiment cru pouvoir m'amuser en sa compagnie.

Enfin, disons que tout était relatif et dépendait également du point de comparaison... Aussi afin d'oublier ses odieuses images qui me circulaient dans la tête je m'administrai une belle collation de rhum que j'ingurgitai comme du petit lait. Entre temps la méduse était parti chercher son violon. J'ignorai qu'elle en jouait même si dans un sens cela ne m'étonnait pas vraiment. Faute de matériel je jouais de la beatbox pour l'accompagner dans une partition pas nécessairement adaptée avec les instruments du bord, mais au combien rythmé. Finalement elle lança une remarque comme quoi nous devrions former un groupe. Je levais les yeux au plafond, prenant un air dubitatif, prenant même ma peine de me gratter le menton.

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On était le lendemain. Dans la rue. Avec deux autres zigotos. Je taquinais de la gratte tandis que Yell n’élançai avec son violon. Zigoto un était sur la batterie tandis que zigoto deux était en train de jouer de la basse. Nous nous trouvions non loin des quartiers marchands en train de faire notre petit concert improvisé. Les avis concernant le publique étaient assez partagés. Parfois on nous lançait de l'argent pour nous féliciter tandis que d'autres fois on nous lançait des chaussures pour nous dire de la fermer. Généralement il s'agissait de petit vieux grincheux désireux de pouvoir paisiblement faire leur sieste de l'après-midi. Sauf que nous ne l'entendions pas de cette oreille là. En réalité la seule chose que nous attendions étant notre musique.

Effectivement il n'avait pas fallut grand chose pour finalement nous décider à monter ce pseudo groupe improvisé. L'idée était amusante et aidait à faire passer le temps entre deux entraînements. Par ailleurs nous devions reprendre celui-ci très prochainement. En attendant, je m'élançai sur le devant de la place en effectuant un superbe powerslide. Mes doigts enflammées relâchaient des gerbes d'étincelles tandis que je grattais les cordes de ma guitare. Après cela j'étais bon pour les changer, mais rien à faire. C'était tellement classe ! Finalement après que chacun eu droit à son solo phénoménal, nous finîmes par boucler nos affaires. On avait réussi à rassembler une petite somme qui fut redistribué entre chacun des participants.

-Bon, c'est pas tout ça ! On va se prendre une collation puis on reprend l'entraînement ? Proposais-je à Yell tout en passant la sangle de mon étui à guitare par-dessus mon épaule.

Nous étions par un chaud après-midi d'automne. Pas un nuage dans le ciel. Un soleil de plomb et une chaleur écrasante. J'adorai cela. Une journée idéale en somme. Restait plus qu'à se servir un petit verre avant de se remettre au travail. Pour l'occasion je laissai à la demoiselle le loisir de choisir le lieux de notre bar.

Le concert battait son plein et la foule était présente. Nous manquions encore d'entraînement et cela se faisait parfois sentir dans les réactions de notre public mais nous nous amusions et au fond c'était tout ce qui comptait ! Bon il était vrai qu'avoir du succès reluirait nos réputations de shinobis qui en prendrait sans doute un sacré coup et où les brimades sur le sujet iraient bon train mais c'était mieux que rien !

La batterie et la basse était jouée par Wedge et Biggs que nous avions déniché dans un bar en discutant avec eux de notre idée coup de tête pour la montée de ce groupe improvisée. Ils se débrouillaient plutôt bien et étaient un peu plus âgés que nous : le genre de mecs que l'on croisait souvent dans des endroits différents et qui changeaient souvent de look mais qui restaient les mêmes malgré tout et toujours fourrés ensemble. Etaient-ils gay ? J'avais arrêté de faire des spéculations sur les orientations sexuelles des gens depuis que des rumeurs circulaient sur celle de Kihran que je savais a cent pour cent hétéro au nombre de copines qu'il avait eu même si la déception amoureuse aurait très bien pu lui faire se tourner de l'autre bord...

Strike faisait son show pour ne pas changer ou devrais-je dire son chaud – badam tss - … mais finalement nous nous en sortions plutôt bien pour une première représentation ! L'argent fut distribué entre nous quatre alors que nous pensions sans doute déjà à en dépenser dans un verre ou deux pour fêter ça. Nos comparses partirent de leur côté, invités chez un ami pour l'apéritif si bien que l'élémentaire de feu m'y invita. Enfin... le proposait.

« C'est une invitation ? »

Demandais-je en papillonnant des cils les mains jointes derrière mon dos en me penchant légèrement en avant, joueuse et moqueuse.
L'ambiance était moins tendue entre nous et à vrai dire je commençais même a bien l'apprécier : une première.

Là dessus nous nous rendions au bar de mon choix le D20 qui contrairement à son nom ne faisait pas que du vin et qui par contre proposait des cocktails vraiment divin !
Par sa proposition il n'était même pas question de boire mais de manger, ce qui m'étonnait de lui et qui m'avait fait conclure qu'il englobait naturellement la boisson dans sa « collation », d'où notre présence dans ce bar snack.

Je m'asseyais sur un tabouret au comptoir et interceptais le regard du barman tout en levant un index et en commandant un verre de rhum parce que le rhum c'est la vie !
Strike choisissait un bourbon plutôt costaud que je lui saisissais des mains pour en boire une gorgée avant de le lui rendre. Il faisait drôlement chaud ici et ce n'était pas du seul fait de la présence de l'élémentaire de feu...

Nous commencions à discuter jusqu'à ce que je lui caresse le bras du bout des doigts tout en plongeant mon regard dans le sien.

« Ton corps parle de lui même de ton aptitude au taijutsu... »

Je ne manquais pas de reluquer ses abdos dessinés à travers son tee shirt tout en me penchant sur lui, lui susurrant.

« J'ai toujours su que tu étais plus intéressant que tu ne semble l'être aux premiers abords... Et cette beauté... irrésistible... »

*********

Je claquais des doigts devant cet idiot parti dans sa rêverie depuis quelques minutes, le regard fixe et un visage béat lui donnant encore plus un air crétin.

« Eh oh ! Allô la Terre ! On redescend ! »

La pluie battait son plein à l'extérieur et Strike revenait à lui.

« On peut savoir à quoi tu pensais ? »

J'attrapais la bouteille et lisais l'étiquette en me disant que ce n'était pourtant pas plus fort qu'à l'accoutumer.
Je lui tournais finalement le dos pour débarrasser des affaires qui se trouvaient sur mon canapé, regrettant déjà au fond de moi ce que je m'apprêtais à faire alors que ma gentillesse avait raison de moi.

« Vu les trombes d'eau qui tombent et l'heure avancée tu n'es pas prêt de pouvoir rentrer chez toi. Tu n'as qu'à dormir sur le canapé si tu veux. »

Et comme pour me conforter moi même dans ma bêtise :

« Ou bien partir malgré tout mais ne compte pas sur moi pour te raccompagner ! Il est déjà tard et je suis crevée. »

Je le laissais faire son choix et allais dans ma chambre en pensant bien à la verrouiller avant de me mettre en pyjama tout en occultant le trou de la serrure par mon haut que je déposais sur la poignée des fois qu'il ai l'idée de jouer les pervers de l'extrême. Un short noir et un débardeur blanc plus tard je sortais de mon vestiaire improvisée pour rejoindre le salon afin de voir s'il était toujours là ou pas. Je surveillais son regard prenant soin de souligner que s'il me matait rien ne m'empêchait de le mettre à la porte et allais lui chercher un oreiller pour que son confort me remercie de mon attention.

Dire qu'il avait été mon sensei durant cette semaine, que je l'avais payé pour son travail et que maintenant je l'hébergeais pour la nuit sous prétexte qu'une pluie diluvienne tombait dehors et que monsieur en était phobique... Je me souciais bien trop de sa personne. Mais bon... aussi insupportable était-il il était devenu un coéquipier et allié digne de confiance même si je savais pertinemment qu'il allait me faire revenir sur mes paroles dans les prochains instants à cause d'une énième connerie... Quelle plaie...

Heureusement il ne tenta rien dans la nuit qui aurait pu lui valoir de traverser ma fenêtre et l'aube était déjà là ce qui signifiait que l'heure de l'entraînement approchait à grand pas. Rien de tel pour cela qu'un bon petit déjeuné protéiné ! Je préparais donc des œufs sous plusieurs formes et concoctais notamment des omelettes et des pancakes pour nous deux. Le paresseux était toujours endormi mais l'odeur des pancakes semblaient l'avoir extirpé de son sommeil pour se traîner dans la cuisine. C'était plutôt risible... deux Gogyou en train de manger alors que nous n'en avions pas spécialement besoin... Ce qui l'était encore plus c'était particulièrement d'accueillir ce Gogyou là dans ma cuisine... Comme quoi rien n'était impossible et les miracles existaient...

Yell se mit a claquer des doigts vigoureusement devant mes yeux ce qui eut pour effet de me tirer de ma rêverie. Je m'indignai alors. Elle n'avait pas à faire cela, tout du moins pas tout de suite.

-Hey ! T'aurais au moins pus me laissé finir mon bourbon !

Non mais je vous jure les femmes. Tous les moyens étaient bon pour nous empêcher de boire. Enfin il me restait encore ma bouteille dans le monde de la réalité véritable. Dehors le climat ne s'était toujours pas calmé. La pluie battait sur la verdure et les pavés. Le grondement lointain de l'orage nous parvenait de façon assez répété. Quel temps de chien. Il n'y avait que elle pour apprécier ce genre de climat. Le pis étant qu'elle ne semblait pourtant pas décider à vouloir me raccompagner, visiblement trop fatiguée et m'invitait à passer la nuit ici...

Elle se foutait de moi ? Je rêvai où est-ce qu'elle venait de tenter un plan foireux pour m'obliger à dormir chez elle. C'était assez flippant. Au fond j'avais toujours su que cette nana était une véritable stalkeuse. On lui donnait un bout et elle voulait prendre tout le reste. Je lui lançai alors un regard suspicieux. J'avais vaguement l'impression de me retrouver enfermée dans le château de Dracula part une nuit d'orage après que ma voiture Saibogu soit mystérieusement tombée en panne. Pour ainsi dire je n'avais plus vraiment le choix.

-Ok, mais promet-moi que tu n'essaieras pas de me mordre durant mon sommeil !!

Le contrat scellé elle partie se réfugier dans sa chambre. Ou préparer je ne sus quel plan diabolique dans mon dos. Les lumières se retrouvèrent éteintes et seulement quelques flash éparse traversaient les fenêtres pour m'apporter un semblant d'éclairage. Je bus une grosse lampée de rhum pour réchauffer le frisson d'effroi qui me parcourait l'échine. Je ne pouvais m'empêcher de surveiller du coin de l'oeil la porte menant à la chambre, des fois qu'elle ne s’entrouvre pour laisser la bête présente à l'intérieur me sauter dessus. Dans le doute, j'allais récupérer une chaise pour la coincer sous la poignée. Au moins eus-je la conscience tranquille pour le reste de la nuit, même si j'eus un mal de fou à trouver le sommeil. Lorsque le jour pointa ses rayons j'allais retirer la chaise pour faire comme si de rien n'était. Je préférai ne pas imaginer son humeur si elle avait su que je l'avais enfermé toute la nuit. La lady ne perdit pas de temps pour se rendre en cuisine afin de préparer le petit déjeuné. Elle voulait que je le prenne avec elle en plus ? Je m'approchai par curiosité, l'avisant qui s'activait au fourneaux.

-Heu... C'est ta façon de faire une omelette ? T'es sérieuses ?

J’interprétai le regard quel me lança comme étant assassin, mais pris tout de même soin de prendre sa place, ne serait-ce que pour cette partie là. Je cassai de nouveaux œufs, sel, poivre et y incorporait un peu de farine enfin de la rendre plus épaisse et moins baveuse. Je la commençai par la laissé cuir dans la poêle. Laissait une partie coaguler avant de pencher l'instrument de sorte à ce que tout le contenu aille vers le bas. Je pliai le tout, le fis sauter comme une crêpe avant de finalement l'enrouler avant de déposer l'omelette encore fumante dans une première assiette. Je récidivais les étapes jusqu'à en fournir une deuxième. J'avais travaillé dans un restaurant comme cuistot deux saisons de suite. Autant dire que pour un Gogyou cette expérience ne servait absolument à rien.

-Voilà !! Bon app !!

Le repas fut assez copieux. Pour la forme j'avalais le tout, ça restait une forme de combustible, même si cela ne prévalait pas sur le rhum.

-Bon ce n'est pas tout cela, mais on à un entraînement à reprendre. Mais avant toute chose. Je me penchai sur la table, posant ma tête sur mes mains tout en arborant un sourire carnassier. Si on parlait de mes honoraires. Je ne fais pas cela gratuitement tu te souviens ?