Le service de nuit de la clinique était toujours quelque chose d’étrange. À la fois désagréable car il me demandait de sortir dans une ville rongée par les vices et la corruption, d’un autre car il me permettait de servir certains idéaux de jadis, sans pour autant être réellement à découvert. Et il fallait dire que, le plus difficile dans cette intervention concernant un bipolaire un peu trop saoul, ce fut de l’entendre vociférer des insultes. Du moins, jusqu’à que je l’endorme.

Marchant en direction de ce que je pouvais appeler ma “maison”, j’arrivais dans une sorte de ruelle avant de voir un homme écroulé au seuil d’une porte. Le moindre assassin passant par là -et je pouvais dire que cette ville gigantesque en était pleine- et il était mort. M’avançant simplement vers lui, je vérifiais rapidement son pouls avant d’entreprendre un léger scanner de chakra. Le diagnostic était évident : Alcool et drogue en surdose.

Mais quelque chose clocha directement. La consistance qu’il y avait dans son sang… Est-ce que je pouvais au moins dire que cela était du sang ? Pour le savoir, il me fallait au minimum un simple échantillon. D’autant plus que cet homme n’était pas un simple civil, mais quelqu’un pouvant se hisser parmi les plus puissants Shinobi de ce monde en matière de chakra.

Que faisait un homme si puissant ivre mort dans une ville d’assassin ? Je l’ignorai. Mes pouvoirs de Yamanaka pouvaient m’être utile, mais au vu de son ivresse, tout souvenir serait extrêmement vague et il me serait difficilement possible de discerner le vrai du faux. Le récupérant sur mon épaule, je reprenais la route jusqu’à chez moi.

Ouvrant la porte, je me déplaçais jusque dans ma chambre avant de le déposer sur mon lit. À la suite de quoi, je récupérais du matériel médical avant de lui prélever un peu de cette substance qui avait remplacé son sang. Noire, et avec une concentration extrême en chakra. Scellant la fiole dans un parchemin et m'appliquant à ne laisser aucune trace de cette intervention, mieux fallait-il pour moi de laisser ça à plus tard.

Retournant à mon bureau, je prélevais quelques plantes médicinales avant de les écraser, via marteau pilon, et de créer une boisson désintoxifiante. J’ignorai si cela marcherait avec son sang, mais cela l’aiderait à se sentir mieux à son réveil. Sortant de la pièce, je récupérai un livre avant de me poser sur mon fauteuil pour veiller jusqu’à que l’homme chez moi sorte de sa convalescence.

Quelques instants plus tard, des mouvements se firent sentir au sein de la maison. Jetant un coup d’œil rapide, il avait exactement dormi neuf heures et vingt-trois minutes approximativement. Se présentant face à moi, il me demanda d’abord qui j’étais avant de poursuivre avec une remarque pertinente. L’accueillant avec un simple sourire, il se présenta sous le nom de Ketsueki Isnajh. Et il avait raison sur un second point, pas besoin de formalité entre nous. À la suite de quoi, il me demanda à boire.

Me levant de mon fauteuil, je sortis de mon mini-bar un verre, une fiole et… Une bouteille de Whisky. Me dirigeant vers la table juste derrière lui, je versais une légère dose de whisky et posais la fiole avant de donner les instructions suivantes.

« Buvez le Whisky, cela atteinuera le mal de tête et permettra à votre corps de moins souffrir du “manque” d’alcool. Puis, buvez ce qu’il y a à l’intérieur de la fiole. C’est un cocktail détoxifiant, il aura pour effet d’augmenter votre métabolisme, vous permettant d’éliminer l’alcool plus rapidement de votre corps. »

Rangeant la bouteille à sa place, je revenais m’asseoir sur mon fauteuil en l’invitant à prendre place sur le canapé juste en face de moi.

« Je suis sûr que votre corps fait la différence ce matin, d’autant plus si ce breuvage fonctionne. Nul doute que vous savez qu’il est dangereux de dormir dehors. Les assassins ne sont jamais bien loin dans cette ville, et vous êtes une cible de choix, de ce que j’ai pu en voir... »

Je marquais une légère pause qui pouvait sembler énigmatique, avant de reprendre.

« Je m’appelle Hiriko, je suis médecin à Kawa et je travaille à la clinique Takamagahara. Enchanté de vous connaître, Isnajh. Mais j’aurai une question… Que fait un membre du clan Ketsueki si loin de Suna ? D’autant plus traînant dans une ville peu confortable pour des Shinobi autre que ceux souhaitant se faire oublier pour diverses raisons. En tous les cas, vous êtes en sécurité ici. »

Le ton que j’employais ne laissait aucun doute. Les diverses raisons étaient des raisons “criminelles”, chose qui occupait la plupart des Ninjas présents dans la ville. On ne venait ici que pour trois choses : se faire oublier (accessoirement dans l’opulence et l’ivresse), servir d’assassin ou préparer un mauvais coup. Mais qu’il soit un déserteur, assassin ou criminel recherché n’était pas une mauvaise chose. Loin de là...

J'avais demandé à boire et ainsi à boire me fut servi, c'est rare de voir des gens aussi chaleureux dans une ville telle que celle-ci. Surtout quand on y connaît le taux de criminalité. Un verre de whisky rien de tel pour commencer une bonne journée. Par contre son détoxifiant j'en veux pas vraiment. J'ai pas envie de me détoxifier moi, j'aime ma toxicité ! Malgré tout, c'est malpoli de refuser quelque chose quand la personne en question vous a accueilli sous son toit et entre guillemet sauver la vie. Oui parce que même si ces rues sont dangereuses je suis assez fort pour prendre soins de moi-même n'est-ce pas ? Je décidais malgré tout de répondre au jeune homme, de manière assez simpliste à dire vrai.


• « Merci pour le verre. En revanche pour détoxifier mon corps, il vous faudrait quelques marmites de votre breuvage. Mon foie n'en est pas à son premier verre vous savez. Et si son effet est d'éliminer juste les effets de l'alcool, je ne peux dire qu'il aura pleinement agit avant ma prochaine beuverie qui aura lieu sans aucun doute d'ici deux heures. »


J'énonçais simplement un fait rationnel, je serais ivre sous peu alors à quoi bon prendre quelque chose me rendant sobre. Malgré tout j'enchaînais les deux liquides comme s'il s'agissait de l'eau. Tant mieux ça calmait encore un peu plus le feu qui grondait en moi. Je ne savais pas si un jour je parviendrai à contrôler ce pouvoir, mais pour le moment ce n'était absolument pas le cas. Il s'exprima sur le même sujet auquel j'avais pensé un peu avant à savoir la dangerosité des rues de la mégalopole, mais à ceci j'avais déjà me réponse, toute trouvée.


• « Qui aurait envie de s'en prendre à une gueule d'ange comme la mienne. Et quand bien même ils essaieraient, j'ai des crocs pour le moins acérés, ha ha ha ! »


Finalement après tout cela il se présenta. Il se nommait donc Hiriko et était un médecin issu de Kawa no kuni, en somme une vie banale s'il ne possédait pas autant de chakra que moi. En somme il était bien plus qu'un banal individu vouant sa vie à soigner les gens. Il me demanda alors ce que fait un membre du clan Ketsueki en ce lieu, loin du village de Suna. Il me rappela aussi que j'étais en sécurité ici. Je jubilais un instant avant d'apporter une réponse.


• «  Très peu de Ketsueki vivent à Suna en réalité. Quant à la raison de ma présence ici, il y en a deux en réalité. Je suis venu rencontré une amie d'une part, et la seconde, mon maître m'a donné rendez-vous dans cette ville. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus. »


Je tirais alors la langue afin de lui montrer bien distinctement le sceau la parcourant. Sceau de silence, lorsque l'on servait Araakoa Aare, Nidaime Kazekage, c'était un pré-requis. Le Rinyuaru ne comptait aucun traître parmi ses rangs et pour une raison très simple. Leurs langues étaient incapables de le faire. Je reprenais de plus bel.


• « Mais ceci étant dit, pour ma part je suis originaire de Suna, j'étais membre du Kakumeigun avant de rejoindre mon maître à l'extérieur. Je suis un vulgaire apatride maintenant. »


C'était à mon tour de poser une question et non des moindre.


• « Mais que fait un shinobi de votre envergure dans cette ville puante alors que votre place est sur un champs de bataille pour servir des intérêts bien plus grands ? Oui pardonnez moi, je suis un sensoriel, de ce fait j'ai pu mesurer votre niveau de chakra. J'en suis impressionné. »


Qu'allait il répondre ?

D’après sa réponse, je pouvais presque en déduire que cet homme souffrait d’alcoolisme. En usant d’un abus de langage bien loin de l’éthique d’un médecin, l’on pouvait dire qu’il s’agissait d’un alcoolique. Enfin, ce n’était pas le premier cas d’addiction à une drogue, aussi douce soit-elle, que je rencontrais dans cette ville.

Assis sur mon fauteuil, je continuais l’observation de cet être qui avalait ma potion malgré le fait qu’il projetait de recommencer. Enfin, cela aiderait probablement son organisme à détruire le reste d’alcool dans son corps, ainsi que les autres toxines nocives pour le corps humain.

Mais il réanima toute mon attention lorsqu’il entama le sujet de sa présence ici en dévoilant un sceau de protection. Ainsi, cet homme avait un Maître. Un Maître qui avait certaines connaissances sur l’esprit, connaissances nécessaires pour l’élaboration d’un tel sceau. Étant moi-même un fin connaisseur de cet art, je pouvais dire, en concentrant un peu mon pouvoir sensoriel, qu’il ne s’agissait pas ici d’un travail d’amateur.

La dernière question me fit tilt, et j’affichais un simple sourire. Ainsi, c’était un ninja sensoriel et il avait délibérément choisi d’évaluer ma puissance ? Chose commune, vu que j’effectuais exactement la même chose sur la quasi-totalité de mes nouvelles rencontres. Et même après...

« Un ninja senseur de talent, assurément. »

Laissant mon sourire malgré mon regard vide, je continuais.

« Ce monde m’a arraché le peu de personnes qui comptait à mes yeux. Mais un jour, ceux que je protégeais ont trahi la dernière personne qui avait suffisamment d’importance. Lorsqu’elle est partie, je l’ai suivie et je suis devenu un apatride, comme vous. Mais il fut trahi par quelqu’un. Quelqu’un que l’on considérait comme une amie. Cela se solda par l’échec et la mort. C’était un leader, un criminel… Mais aussi un ami. »

Et un amant. Teinté de mélancolie, je continuais mon monologue.

« Aujourd’hui, je viens en aide en attendant simplement mon tour. Il n’y avait pas d’intérêt plus grand que le sien, ni même de but plus noble à mes yeux. Même si son nom est tâché par le sang et le mensonge, il restera en ma mémoire quelqu’un de bien. Servir les idéaux d’un inconnu ne me semble pas un sort bien enviable. »

Seitô… J’espérais simplement que tu es bien là où tu es, tout en espérant te rejoindre le plus vite possible.

« Je doute que la vie m’offre une nouvelle occasion que de voir mon cœur battre à nouveau pour un idéal, ou quoi que ce soit d’autre. Certaines blessures sont trop profondes pour s’atténuer. »

Mais j’avais choisi d’être seul. Affichant un sourire radieux, mais vide d’émotion, je reprenais.

« Souhaitez-vous que je vous libère de ce sceau ? Je possède de nombreuses connaissances sur ce sujet. Avec un peu de recherches, je serais probablement capable de vous l’enlever et de vous rendre votre liberté. À moins que cela soit vos désirs que de suivre cet homme ? »

Il reconnaissait mon talent en temps que shinobi sensoriel, rien que cela me suffisait pour l'apprécier, bon le fait qu'il m'est offert un toit alors que rien ne l’obligeait à le faire aussi assurément. Je répondais simplement à sa remarque, sans trop en faire.


• « J'apprécie que vous le reconnaissiez ! »


Il m'expliquait alors que le monde ninja lui avait arraché le peu de personnes qui comptaient pour lui et que la dernière qu'il qualifiait d'ami fut arrachée elle aussi. Tellement mélodramatique. Je n'avais rien vécu de similaire mais je pouvais comprendre sa solitude en un sens. Je me contentais donc de répondre quelque chose de la sorte.


• « Et n'avez vous pas essayé de tuer la personne responsable de la mort de votre ami ? J'imagine que c'est ce que tout le monde ferait à votre place. J'en ferais de même pour ma part, du moins si Jashin me le permet, mais il n'a jamais été contre du sang répandu jusqu'à maintenant, donc je n'ai aucun doute là dessus. »


Quelques instants de silence avant de reprendre.


• « Et comment s'appelait cet ami ? »


J'étais peut être trop curieux, surtout s'il s'agit d'un défunt mais après tout il était libre de me répondre ou non. Puis il continua à parler expliquant qu'au jour d'aujourd'hui, il soignait simplement des gens en attendant son tour de mourir. Là c'était clairement très glauque. En fait, on pourrait presque dire qu'il était suicidaire. En réalité, tout ce dont il avait besoin c'était de l'alcool je pense.


• « Visiblement ce n'est pas moi qui ait besoin d'un bon verre, c'est vous ! C'est quoi ces conneries d'attendre son heure, que la vie ne vous offrira rien de plus ? C'est des conneries tout ça réveillez-vous. Vous êtes visiblement un shinobi très puissant, le nombre de personnes ayant atteint un niveau de puissance similaire se compte comme une poignée. Et vous voudriez gâchez votre talent en ne faisant rien de plus qu'attendre que la mort vienne pour vous ? »


Un instant de pause avant de reprendre.


• « Pour ma part je ne vois que quelques options. Petit A, vous allez tuer le responsable de la mort de votre ami. Petit B, vous allez le venger puis vous continuer là où il s'est arrêté. Petit C, vous oubliez définitivement cette vie et vous recommencez quelque chose ailleurs. Je ne pense pas que vous morfondre aidera à quoi que ce soit. En langage moins correct ça veut dire, bougez vous le cul. »


Il me proposait enfin de me libérer de ce sceau, c'était une proposition tentante, mais lorsque je retournerai vers Aare-Sama, il sentirait qu'il a été retiré et m'en poserait un nouveau en plus de m'infliger une correction exemplaire. Je me contentais donc de répondre la phrase suivante.


• « Non ce sceau a beau être liberticide, il est aussi une preuve que j'ai un but à suivre, même si ce n'est pas le mien. Il me donne une utilité et une place dans ce monde. Il y a les divinités et ceux qui les suivent, je ne suis pas né dans le premier panier. »