Une journée tranquille à Konoha. Voilà quelque chose à laquelle j’aspirai ces temps. Pas une ère, une année ou un mois. Mais vraiment une simple journée à ne rien faire si ce n’était ce que j’en avais envie moi. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, il m’arrive souvent de faire les actions que j’ai décidé moi-même d’entreprendre. Mais bon… La plupart étaient surtout faites parce que mon sens moral, ma conscience, ou autre nom qu’on donne à cette connerie, ne semblait pas me laisser tranquille tant que je n’écoutai pas ce qu’elle avait à dire.

Ces derniers temps, j’avais surtout passé mon temps à écouter les requêtes des gens dans mon entourage, surtout de mon clan, quand ils avaient des questions. Les aider dans leurs exercices, analyser leurs rapports de mission, aider mon oncle durant les leçons. Ajouté à cela des fois où je remplaçai certains membres de l’ANBU pour des gardes du village parce qu’ils avaient des justifications plus que valides à mes yeux, et je commençai à perdre les notions de sommeil. En plus de cela, il y avait mes propres obligations personnelles à rajouter, via mes devoirs de Jônin, rapports et autres investigations à pousser. Autrement dit, j’étais un peu lessiver. La seule chose que je m’étais permis ces derniers temps étaient de me couper les cheveux. La chevelure longue que j’avais laissé pousser avec le temps ne me dérangeait pas au quotidien, mais il fallait avouer qu’en combat, ce n’était pas des plus pratiques, comme le dirait une certaine blonde…

Mais bon, pour l’heure, j’avais réussi à faire en sorte de bâillonner ma conscience dans un coin pour me détendre. Et encore, la détente pour l’heure était de l’entraînement personnel pour le coup. Les récents évènements m’avaient convaincu que pour l’heure actuelle, je n’étais pas prêt à affronter les différents dangers qui se mettraient sur mon chemin. Je ne disais pas que je devrais me confronter face à des adversaires du même gabarit que Miko ou Kioshi tous les jours, mais… Il me fallait faire en sorte de me préparer face au pire qui pourrait arriver. Je ne pouvais pas laisser mon clan ou le village prendre de risque, même si je savais qu’il y avait beaucoup de Konohajin qui était au moins aussi puissant que moi. Que voulez-vous, ma conscience bâillonnée restait tout de même présente…

Cependant, alors que je pensais pouvoir m’entraîner tranquille et seul, je fus surpris de voir que le terrain était finalement occupé par une autre personne. En regardant la figure devant moi en train de s’entraîner, je le voyais vraiment avec une apparence pittoresque, mais il semblait porter avec lui un emblème de Konoha. Etrange… Je ne comptai vraiment m’attarder sur lui en réalité, c’était juste sa tenue qui était loin d’être dans le « normal » on va dire. Cependant, plus j’observai son accoutrement, plus mes yeux s’attardaient sur ses mouvements.

Il semblait s’entraîner sur des mannequins mis en place pour aider les frappes de coups. Mais il ne frappait pas usuellement, d’une manière particulière, même si maladroite. Et j’avais surtout l’impression de reconnaître la forme d’exécution des mouvements… Et soudainement, la voix dans ma tête se raviva de plus belle, me disant d’aller le voir pour essayer de l’aider à s’améliorer. J’avais beau essayer de me dire que je pourrais plutôt me concentrer de mon côté, voir marcher ailleurs pour trouver une zone libre… Mais il était trop tard, elle l’avait parlé, je l’avais entendu, et on savait tous les deux comment ça allait se finir. Soupirant lourdement, je m’approchai ainsi de la personne masquée pour me placer à quelques mètres de lui, dans son dos, et l’observait bras croisés en commentant.

« - Tu sembles avoir du mal à obtenir ce que tu cherches. »

La personne en face de moi était vraiment avec une apparence étrange. J’avais beau le regarder avec un œil neutre, n’essayant pas de le juger, mais c’était difficile. Son armure n’avait rien d’extraordinaire, après tout, les gens pouvaient porter des vêtements plus ou moins protecteurs dans le rôle de shinobi, mais c’était surtout en contraste avec la maigreur de son corps. Les gens avec ce genre d’accoutrement devraient être plutôt plus musclés, pour pouvoir supporter le poids de l’équipement sans perdre en vitesse. Après, il était peut être beaucoup plus solide en dessous, mais cela laissait tout de même placer un doute… Non, le détail plus dérangeant était surtout son masque de fer à l’apparence morbide. Je savais que pour le bien d’un combat, réussir à impressionner son adversaire par divers moyens pouvait réussir à l’amener à faire une erreur, et donc, profiter pour frapper, mais le porter tous le temps était un peu… Sur-exagéré à mon goût.

Enfin bref, une fois que j’avais capté son attention avec ma question, il ne prit pas la peine de s’introduire, ni de me demander mon nom, et arriva direct à l’essentiel du sujet. J’écoutai patiemment ainsi son explication quant à sa difficulté à produire l’exercice qu’il entreprenait. Il semblait vouloir faire en sorte de paralyser momentanément son adversaire, frappant des points sensibles de son corps. En soit, cela ressemblait exactement à la Fracture Sismique, le principe étant en effet dans cette optique, même si pour moi, il servait surtout à empêcher un opposant bien trop dangereux d’utiliser des Müdras des techniques violentes.

« - Une frappe au niveau de plexus, mal contrôlée, à plus de chance de faire éclater un os de la cage thoracique, et donc, de percer un organe qui entraîne une mort inévitable de la victime. »

Cette observation, c’était mon propre père qui me l’avait faite quand il m’avait appris cette technique. Il me démontrait de cette manière que plutôt que de m’en prendre plein frontal à l’adversaire, je devais, je cite « Le déstabiliser bien fort avant de lui maraver la face encore plus fort ». Toujours aussi classique qu’il était, il m’apprit également une astuce afin de pouvoir voir les effets de ce genre d’attaque sur autre qu’un véritable corps, pour éviter des raisons évidentes de blessures.

« - Pour ce qui est d’un entraînement, il y a une méthode assez simple… Ce genre de technique est exécuté de sorte à ne pas attaquer fort, mais précis. »

Pour appuyer mes propos, je sortis un Kunai de ma sacoche à outils pour m’en servir. M’approchant du tronçon de bois, je commençai à creuser une légère entaille dans le tronc afin d’y laisser une marque visible, mais surtout, pour créer une fissure. Chose finie, je me tournai vers lui.

« - Le corps possède des endroit moins solides que d’autres, notamment au niveau des articulations. Il faut les voir comme la fissure dans ce bois. Si tu frappes bien en son centre, tu arriveras plus facilement à le briser. »

Le jeune homme en face de moi restait assez stoïque face à mes explications, les écoutant en silence sans prendre la peine de m’interrompre. Etait-ce le fait que je n’avais toujours pas réussi à trouver le côté pédagogue en moi ? Il était vrai que depuis que j’avais arrêté d’agir en tant que sensei auprès de Yukine et Sôma, j’avais comme cette impression de ne pas être apte à transmettre mon savoir correctement. D’autant plus que certains avaient qualifié mes séances d’entraînement d’impersonnelles, que ça donnait plutôt l’impression que j’agis de manière robotique, sans essayer de construire un lien social avec mes élèves. Mais il faut se rappeler que mon caractère n’est pas des plus ouvert aux gens en général, donc commencer ce genre de commentaire sans essayer de comprendre est un peu mal venu de la part de ce Kangourou !

… Ou alors c’est juste parce qu’il portait un masque et que je ne pouvais pas réellement lire ses émotions sur le moment… Oui, on va partir plutôt sur cette hypothèse.

Bref, tout ça pour dire qu’alors que je pensais avoir une sorte d’analyse de la méthode par lui-même, ce qui aurait permis de voir qu’il était capable de faire ses propres réflexions plutôt que de suivre bêtement mes instructions, il continua avec ses questions en rafales. Ce n’était pas forcément mauvais de vouloir enchaîner rapidement, mais le problème était qu’il voulait beaucoup trop rapidement brûler les étapes. Oui, la difficulté de la situation sur le terrain était bien différente que celle de cet exercice, mais il ne semblait pas réellement comprendre la chose ainsi. Soupirant légèrement une fois qu’il eut fini de parler, je repris en tapotant légèrement le bois.

« - Alors… Dans l’ordre, avant de penser à la situation en temps réelle, il faut d’abord maîtriser la théorie. La maîtrise des arts Taijutsu se basent d’abord sur la répétition de l’exercice encore et encore… Rien ne s’apprend simplement. »

Puis, pour démontrer mon propos, je me mis face au tronc, décalant ainsi l’individu (dont j’ignorais toujours le nom d’ailleurs) et préparait mon poing en retrait. De là, je fis une frappe au centre de la fissure, et sous le choc, la fameuse fissure s’agrandit d’un coup. Me remettant debout, je soufflai avant d’enchaîner.

« - Ton but est de justement frapper suffisamment fort pour provoquer ce genre de fracture, mais pas trop pour briser le tronc. C’est comme ça que tu détermines l’équilibre pour ta puissance. De plus, ne pense pas à sous-estimer le corps humain. Une frappe simple, même aux articulations, n’a que peu de chances d’arracher le membre, au mieux, de le rendre inutilisable sans possibilité de retour. »

Une fois cela fait, je lui montrais d’un geste les autres tronçons, lui indiquant silencieusement ainsi de répéter mon geste.

« - Quand tu pourras réussir à faire ceci sans aisément, c’est-à-dire, en ayant la force qui te vient naturellement, tu pourras ensuite passer à l’étape suivante. Pour ce genre d’opération, le mieux est de limiter les réflexions, travailler pour que ce soit naturel… Mais avant ça ; je suis Yusei, et toi ? Pour quelle raison apprendre ce genre de technique ? »

La discussion avec l’individu semblait se faire plutôt difficilement. J’avais beau essayer de me convaincre que son apparence n’enlevait au rien le fait qu’il restait un Konohajin, l’aura sordide qu’il dégageait et le mélange entre neutralité et froideur dans sa voix n’aidait pas plus que cela à me faire une bonne opinion de lui. Mais bon, l’arbre de Konoha est composé de toutes sortes de fruit comme on dit, et tant qu’il n’avait pas prouvé qu’il fût pourri, aucune raison de le laisser tomber de sa branche… Cette métaphore est partie un peu trop loin. Tout ça pour dire que ce n’était pas parce qu’il avait un look assez étrange et une attitude éloignée de la jovialité que je devais le laisser ainsi.

Présentant mon prénom, il en fit de même, et enchaîna de nouveau avec ses questions qui ne laissaient pas réellement de place à une discussion bien élevée. Pourquoi l’aidai-je ? Il n’y avait pas de réelle raison à vrai dire. J’étais venu ici pour m’entraîner, je l’ai vu, et la curiosité avait gagné contre mon idée de m’entraîner. Après, peut être que je voulais chercher et trouver quelque chose qui puisse m’occuper l’esprit. Comme je l’avais dit, je cherchais avant tout à pouvoir oublier mon rôle au village, ainsi que les nombreux inconvénients qu’ils engendraient…
Il enchaînait également en me demandant la réponse que je voulais entendre, chose qui me fit arquer un sourcil. Je n’attendais pas réellement de réponse, mais essayer de savoir le pourquoi du comment était un moyen d’aider à motiver un apprentissage après tout. Et puis… Cela me permettait de voir comment il fonctionnait, chose qui, si je me fiais à l’impression qu’il donnait, n’était pas des plus rassurants…

« - Le Patriarche est celui qui s’occupe des entraînements. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre de mon côté, comme tout le monde. »

Je le pensais. Beaucoup de gens avaient sans doute l’impression que j’étais du genre à me vanter de mes talents, que je me considérais comme supérieur à la plupart des gens. Je ne mentirais pas en contredisant le fait que je pense avoir certaines capacités qui dépassent la plupart de celles des autres Jônin. Mais je me considère également avec beaucoup trop de défauts à compenser. Après tout, je ne serais pas à venir régulièrement sur le terrain d’entraînement si je considérais que je n’avais rien à améliorer. J’essayai également de comprendre ce qu’il voulait dire derrière ses mots, car je doutais réellement de son envie de vouloir épargner la vie… Plutôt de la sauvegarder pour en tirer le mieux. Enfin, ce n’était que l’impression qu’il donnait avec son aura sordide.

Une fois qu’il s’éloigna pour partir s’entraîner à la frappe, j’en fis de même en me mettant face à mon propre arbre. Je me rendais ainsi compte assez rapidement que durant cet échange, j’avais réussi à oublier la plupart des problèmes qui occupaient ma tête. J’avais tendance à me dire que l’isolation pour essayer d’oublier pourrait m’aider à plus facilement évacuer, mais concentrer mon esprit sur autre chose avait apparemment autant d’effets. Peut-être devrais-je reprendre mes activités de Sensei ?... Hélas, j’en doute. J’ai de trop nombreuses accréditations à présent, entre les nombreuses missions où je fus envoyés à je ne sais où pour du renseignement, et mes activités au sein des forces spéciales, un tel luxe avait que trop peu de chances de pouvoir s’accomplir.

J’avais continué à frapper contre mon tronc d’arbre pendant quelques minutes, alors que j’en oubliai l’élève instantané qui s’entraînait à part, jusqu’à ce qu’il m’interrompit. Encore une fois, toujours aussi droit au but, sans vouloir essayer de prendre le temps de faire une réflexion sur ce qu’il venait de faire. L’observant quelques instants, je conclu que finalement, il n’écouterait sans doute pas si je lui demandais de recommencer. Aussi, je composais quelques Müdras et crachait de la lave qui prit la forme d’un double de ma personne. Une fois fait, je me tournai vers lui.

« - Si tu tiens tant à avoir un partenaire d’entraînement, le voici. Il pourra résister à la technique que tu essayes d’apprendre. Contente-toi d’essayer de l’atteindre sans autres Jutsu. Compris ? »

J’insistais bien sur ce point, qu’il ne devait utiliser que du Taijutsu pour essayer de combattre. Je me doutais qu’il avait d’autres capacités, mais je voulais également qu’il comprenne les difficultés de cette technique en combat. Aussi, je m’éloignai de la zone du futur « combat » pour m’adosser à un tronc, et laissait mon clone se mettre en position de combat, sans doute en préparant ses sens pour anticiper la moindre de ses actions.

HRP:

« - Le patriarche est l’un des plus anciens membres du clan, et également un ancien chef. Il est le gardien des lois et principes du clan, et se doit de transmettre ces derniers aux futures générations… Et il m’a juste aidé à parfaire les bases de mon Yôton. Pour le reste… C’est de la persévérance personnelle… »

Les questions qu’il me posait commençaient un peu à sortir du cadre dans lequel je voulais le mettre en place. Normalement, nous aurions dû rester concentrés sur son entraînement, mais voilà que le dénommé Shigo se lançait dans une traque aux informations sur les coutumes de mon clan. En étais-je gêné ? Pas réellement. Comme je l’avais dit plusieurs fois aux membres Yôgan ou à des collègues de Konoha, mon but était de faire en sorte à ce qu’une relation saine et sereine soit développée entre ma nouvelle famille et le reste du village. Si le clan devait rester à Konoha, autant faire en sorte de s’entendre avec le reste des habitants.

Les explications finie, nous étions revenus chacun de notre côté pour continuer l’entraînement. Après tout, je n’étais pas venu de base pour donner cours, je ne l’avais fait que de manière inopinée. S’entraîner, encore et encore, était le seul vrai secret derrière chaque grand combattant. Beaucoup se demandent s’il ne serait pas idéal d’être un combattant sans aucune limite. Pour moi, clairement non, car on serait incapable de jauger une situation si cette dernière sortait hors de contrôle, alors que si l’on connaissait directement jusqu’où on peut aller, on pourrait réussir à savoir quand s’adapter et repousser ses propres bordures.

Après quoi, je lui avais proposé un adversaire qui lui serait adapté : un clone. Il voulait avoir quelqu’un qui pourrait lui servir de simulation en temps réelle, ainsi soit-il. Bien évidemment, je n’allais pas proposer ma propre personne, car même si je doutais de sa capacité à me porter un coup aussi tôt dans l’apprentissage, je préférais ne pas devoir à expliquer à mon médecin traitant comment j’avais fait pour me démettre les deux épaules pendant un simple entraînement. Il posa cependant une question qui me fit arquer un sourcil, concernant la rigidité du clone. Soupirant, je retirais mon gant et tapotait à mains nues l’épaule de ce dernier.

« - La peau est fait d’une couche de lave solidifiée pour maintenir le tout dans une forme solide… Cependant, je ne cache pas le fait qu’il risque d’avoir des problèmes si tu frappes trop fort… »

Un avertissement ? Possible. Ceci était surtout encore en partie de l’épreuve que je voulais lui imposer pour l’heure : voir s’il avait encore du mal à doser sa force pour frapper. Normalement, même en frappant à pleine puissance, juste le bras devrait partir. La technique est faite de sorte à ce que le clone se transformer en lave pour envelopper la cible, mais bon, j’ai changé les paramétrages pour éviter tout incident. Remettant mes gants en place donc, j’attendais de le voir commencer le combat.

Adossé contre le tronc, je l’observai, sa posture, surpris de le voir s’approcher tranquillement, sans prendre la peine de se mettre en garde. Mon clone, à l’inverse, avait fait en sorte de prévoir la suite, ses sens en éveil comparé à ceux de Shigo. Et alors qu’il fut à portée de coup, comme deviné, il s’élança pour frapper son épaule. L’avantage que j’avais par rapport à Shigo était que je connaissais parfaitement la technique, et donc, je savais vers où il allait frapper. Aussi, alors qu’il visa l’épaule du clone, ce dernier fit une simple rotation pour se mettre de profil par rapport à Shigo. Dans le même élan, je mis ma main droite son dos, mon pied gauche dans sa course, et le poussait violemment pour le faire tomber au sol.

« - Ce genre d’approche ne fonctionnera pas sur un adversaire qui en voudra à ta peau. »

Certes, cette idée aurait pu réussir à déstabiliser les moins bercés dans les arts du combat, mais entre les années d’expérience que j’avais accumulée, et les sens éveillés aidaient grandement. Si je voulais lui faire imprimer ce que je lui enseignai, je n’allais pas y aller de main morte, qu’importe l’état de ses mains que je voyais bien abîmées. J’attendis donc qu’il se relève, et lui demandait d’arrêter le temps de m’écouter.

« - Il est vrai qu’une approche plus vive donnera plus aisément ta direction, mais encore faut-il qu’il soit capable de te voir venir. Privilégie une approche rapide et directe pour enchaîner. Ce qui compte n’est pas de surprendre l’adversaire, mais justement, faire en sorte qu’il n’ait même pas le temps de se poser la question. »

Et pendant que je fis mon discours, mon clone n’avait qu’à peine attendu à la fin pour exécuter une charge vers lui, suffisamment rapide étant donné la faible distance pour qu’il ne s’en rende pas compte, et avait posé ses deux poings sur ses épaules, sans pour autant aller au bout de la technique pour ne pas le blesser.

« - … Comme ceci. Une fois terminé, le clone recula de quelques pas et se remis en garde. Recommence, n’essaye pas de te concentrer sur la certitude de le toucher, mais seulement sur le point à atteindre. »

Mon clone se mit ainsi dans une autre position, un peu plus lâche, concentré sur le fait d’esquiver, mais également laissant quelques ouvertures pour lui permettre de repérer le moment où frapper.

Plus je passais de temps à observer Shigo dans son apprentissage, plus je me rendais facilement compte à quel point il n’avait pas été élevé comme un combattant de corps-à-corps. Ne prenez pas mal ce que je dis, c’est juste que cela se remarque un peu trop facilement qu’il ne s’est mis aux arts martiaux que récemment, au vue de son attitude. Je me souviens qu’à mes débuts, lorsque j’avais, quoi, neuf ans (?), je ne posais pas autant de questions sur les techniques de combat que m’enseignait mon père. Je suis d’accord sur le fait que sa question était des plus légitimes, que de par mes compétences déjà acquises et développées par des années de travail, j’étais plus apte à repérer ce genre de déplacement à haute vitesse. Mais ce n’était pas pour autant qu’il devait abandonner si facilement…

De nouveaux face à face, mon clone attendait à nouveau la tentative à exécuter sa technique. Cette fois-ci, il n’avait pas choisi d’y aller lentement, pour essayer de me déconcerter. Là, il s’agissait bien d’une attaque plus frontale, même si elle restait assez lente par rapport à ce que je m’y attendais. Voyant ainsi son poing arriver, au lieu de faire comme avant une balayette, mon clone esquiva de sorte à mettre son épaule opposée visible, lui permettant de frapper, tout en paraissant naturel. Cependant, de là où j’observai, je ne compris pas quand mon clone se couvrit le visage suite au coup. Profitant de cette déstabilisation, le masqué arriva dans son dos et le frappa entre l’épaule et l’omoplate.

Un instant de silence se fit, alors que mon clone se tenait l’épaule, le bras associé tendu, mais pas non-fonctionnel puisque le poing semblait encore serré. Je devais m’y attendre, vu l’angle d’attaque. Voyant le clone se tourner vers moi avec une tête emplie de poussière, je compris ce qui s’était passé. Soupirant, je fis un Müdra pour que la morphologie du clone se remette en place, bras entièrement fonctionnel, et repris mes critiques.

« - L’idée d’attaque dans le dos n’est pas une mauvaise idée, elle serait en effet conseillée pour ce genre de technique… Mais c’est justement parce que c’est cette technique qu’elle doit être effectuée frontalement. »

Me détachant du tronc sur lequel je m’adossai, je m’avançais vers lui afin de démontrer la chose en utilisant mon clone comme cobaye, ce dernier observant froidement le masqué, sans doute suite à la « stratégie » précédente de ce dernier. Une main sur son épaule, je fis en sorte de la bouger pour démontrer mon propos dans un cours express d’anatomie.

« - La flexibilité du corps humain fait qu’il est plus facile de se plier vers l’intérieur que l’extérieur. De ce fait, le choc du poing sur le corps, si effectué dans le dos, sera moins efficace que s’il s’agissait d’une frappe frontale, car le corps aura en réaction de se replier sur lui-même. »

Lâchant son épaule, je m’apprêtais à partir, avant que je ne me rappelle un détail de la scène, qui m’obligeait à devoir interrompre. Me tournant ainsi vers lui, je levais mon index pour capter son attention.

« - Une dernière chose. Plus de coup comme cette « stratégie ». Je n’ai rien contre le fait d’utiliser ton environnement ainsi, chacun son style de combat, mais je veux que tu maîtrise cette technique de sorte à pouvoir l’utiliser partout. Tu ne trouveras pas de la terre partout, contrairement à ce que tu pourrais croire. Je suis sûr que tu as dans ton arsenal quelque chose de bien plus utile… »

Terminant ainsi, je m’en retournai vers le tronc dans la même position qu’avant, l’observant dans les progrès qu’il ferait éventuellement. S’il débutait ses apprentissages du Taijutsu en techniques avancées, c’est qu’il avait quelque chose d’autre sous la manche. Autant qu’il s’en serve à bon escient.

L’entraînement continuait après mes instructions données. J’étais bien conscient que l’ensemble des contraintes que je lui imposais semblaient difficile à respecter. Je ne savais pas quels sont les autres arcanes qu’il maîtrisait, mais il devait faire en sorte de s’en passer pour l’heure afin de maîtriser ce coup qui pouvait être dévastateur. De plus, la contrainte de l’environnement était, certes en partie parce que je n’aimais pas ce genre de méthodes, mais aussi parce qu’elle n’avait que très peu de chances de marcher plusieurs fois d’affilé. De plus, il fallait que plusieurs conditions soient respectées : qu’il y ait de la terre à portée, que la cible de l’attaque ait la vue dégagée… Bref, trop de paramètres auxquelles il ne devait pas s’habituer.

Mais le fond de ma pensée, il ne l’aurait que s’il arrivait à surpasser tout cela pour réussir son offensive. Le voilà donc qu’il s’avançait avec une forte vélocité en direction de mon clone, cette fois-ci dans la bonne optique de le frapper de face. Cependant, une nouvelle fois, il semblait privilégier l’esprit au-delà des capacités du corps (allant de ce fait à l’encontre du titre de ce RP, que je trouvais intelligent), en utilisant des ruses pour faciliter sa frappe. Aussi, frappant violemment la terre, il réussit à faire perdre appui un instant la copie de moi-même, et enchaîna ainsi avec… Un coup de pied ? Original, il fallait l’avouer.

L’attaque atteignit ainsi le clone qui, sous l’impulsion, fit un pas de retrait, son visage apparaissant vers moi qui laissait voir la douleur qu’il ressentait. Quelques instants de patience fatidiques, et le voilà que le clone se retrouvait avec un bras pendant dans le vide, absent de toute vivacité. Cela montrait ainsi qu’il avait réussi à atteindre le point qu’il souhaitait toucher, ce qui est plus que satisfaisant pour l’heure. Refaisant le même müdra pour remettre son épaule en place, je pris une nouvelle fois la parole.

« - Tu arrives maintenant aisément à atteindre le point de rupture, c’est pas mal. Je reste tout de même sur une préférence de frapper avec les poings, car si tu coordonnes tes deux poings, tu peux ainsi atteindre deux endroits en même temps. »

En effet, pourquoi ne paralyser qu’un membre quand on peut faire les deux, que ce soit les bras pour l’empêcher de pleinement se battre, ou ses jambes pour l’empêcher de fuir ? Mais bon, il le verrait bien par lui-même. Ne bougeant pas de mon endroit, je réfléchissais un instant si je devais pousser le vice un peu plus loin ou non… Mais non, je commençai moi-même à voir que cela n’amènerait à rien de devoir lui apporter encore et encore des réponses en partie cryptique. Il devait apprendre à découvrir le reste seul. Pour signifiait ceci, je fis un dernier Müdra qui fit que le clone se liquéfia en lave avant de disparaître aux yeux de tous. Pour finir, je me levai de mon poste d’observation, m’approchant vers lui pour conclure.

« - Pour le reste du problème, je te laisserais toi-même trouver tes solutions. Je ne peux que te donner des lignes de conduites pour cet arcane, mais il ne tient qu’à toi de trouver comment perfectionner à ton aise. Les raisons des contraintes supplémentaires étaient simples : pour te laisser te concentrer que sur la frappe. Une fois que tu l’avais maîtrisé, il te serait ainsi plus aisé à l’avenir de la combiner à d’autres Jutsu pour l’avenir. Un pas après l’autre, il n’y a pas d’autres méthodes. »

Un court instant de silence, je me rendis compte à quel point ma phrase paraissait cliché, mais décidait de ne pas y faire allusion, enchaînant rapidement, alors que je me tournai vers le côté, prêt à partir.

« - Si tu as d’autres questions, je peux t’y répondre maintenant. Sinon, je te laisse faire ton apprentissage seul, pour l’heure. »