Il n’y a pas si longtemps que cela, Asuka s’était retrouvée dans une épreuve des plus soudaine et inhabituelle. À une vitesse ahurissante elle passa de débutante solitaire à membre d’une équipe. Ce n’était pas pour la déplaire. Asuka n’aurait jamais espéré devenir une combattante du village par autodidacte. Son voyage autour du continent lui avait montré la force des autres pays, des lacunes de chaque gouvernement permettant des pratiques indésirables dans les villages de campagne par exemple. Personne de logique ne voudrait se tester à des criminels prêts à tuer tout opposant. Sans cela, la rouquine se serait contenter de rester dans sa tente ou de vagabonder dans le village jusqu’à se trouver un emploi durable. Aussi soudain et brutal que fut son intégration à son équipe, elle fut redevable envers Ogami-san, un autre rouquin du nom de Aki et une certaine adolescente dont elle sentait des liens se nouer entre les deux.

C’était deux demoiselles avec chacun un léger sourire qui cachait un Poker face. Elles se ressemblaient quand venait le temps de taquiner, de se donner des airs supérieurs et confiants. S’associer et cette adolescente n’avait rien de difficile une fois réunie lors de l’épreuve de survie. Asuka n’avait aucun problème à prendre son temps pour découvrir sa nouvelle camarade et la laisser montrer sa personnalité une journée à la fois. La patience s’était son fort. En plus elle s’amusait beaucoup à l’entendre parler dû à la sympathique voix de Kotori et à son langage. Comme si une adulte habitait le corps d’une mineure. Bref, la rouquine jugea bon de passer à l’étape suivante dans leur relation.

Asuka ne portait pas sa tenue de ninja, pas encore son style pour le moment sauf quand on lui en donnera l’ordre formel. En tenue de civile, chemise blanche et de son jean brun, elle rejoignit leur point de rendez-vous à le terrain d’entraînement. Certes, il y en avait plusieurs puisque personne n’était tout seul à tester leurs techniques et tout le bazar habituel. Bras croisés, elle s’adossa contre la clôture et sifflote mine de rien. Un instant à rester seule et à penser ce que bon lui semblait ou rien du tout. Et elle tapa le sol de son pied en devant admettre qu’il fallait le faire, ce duel amical. Elle savait qu’un grand potentiel sommeillait dans son chakra et que le moyen de l’exploiter était de la manière forte.

Quand Kotori arriva, la rouquine la salua d’un hochement de tête. Sourire en coin de bouche, elle scruta son amie pour juger visuellement de son état physique. Mais forcé de reconnaître pour elle-même qu’Asuka appréciait l’adolescent tel qu’elle l’était aujourd’hui. La rousse se caressa le menton, clignant des yeux rapidement avec un petit regard condescendant.

- Voilà donc un moment mémorable pour toi comme moi. Yamada contre Saibogu, la première manche. Le vainqueur se fait payer une consommation et l’éloge de la perdante. Marché conclu, Taka-chan ? Tu peux même me regarder avec de beaux yeux tout de suite, je ne te retiens pas.

D’un mouvement du bras, elle poussa la porte de la grille. D’un geste civil elle laissa Kotori entrer la première, à moins que celle-ci n’aime pas la présence d’Asuka dans son dos. Après tout, une jeune adulte avec plus de charme devait être intimidante pour la jeune brunette.

-Pourquoi… Pourquoi ai-je accepté… Murmurais-je en marchant dans les rues de Suna.

Je stressais toute seule, probablement pour pas grand-chose, mais mon côté pessimiste faisait surface. Cela ne se voyait pas sur mon visage, mais les quelques passant qui m’entendaient murmurer devaient probablement le ressentir.

J’avais acceptée de la part de Yamada, une invitation à s’entrainer. Invitation que je n’avais pas refusé et qui a donc été considérer acceptée. Un "pourquoi pas" était donc considéré comme accepter. Mon manque de relationnel avec les autres avaient fait que je n’étais pas au courant de ce genre de choses. Je n’avais rien contre elle, tout au contraire, si j’étais capable de me faire des amis, j’aurais probablement aussi essayée avec Toshiro et Fujimi… Au vu de mes talents d’oratrice, ce n’était clairement pas le cas.

Soupirant en marchant, je trainais les pieds et j’avais des douleurs spasmodiques… Et malheureusement, ce n’était pas mes règles, mais mes intestins qui souffraient du stress. Hahaha…. Je ne stressais pas à l’idée de combattre, mais à l’idée d’essayer de socialiser. En plus, j’avais exceptionnellement changé de tenue, attirant le regard de toutes les personnes qui me connaissaient et me voyait habituellement dans une seule tenue. Je n’étais pas sale, simplement, j’avais cette tenue en plusieurs exemplaires, étant ma tenue favorite. Je poussais en marchant plusieurs soupirs, plaintes et autres onomatopées… Le tout sans réellement l’exprimer sur mon visage.

-Uuuuuuu….

En cette belle journée, je portais un short noir et un t-shirt à manches courtes blanc avec les manches orange. Mes cheveux, contrairement à d’habitude, étaient détachés. Ce n’était pas là un style décontracté, mais un style pour faire croire que j’étais décontractée ! Car malgré tout, il s’agissait là d’une des rares occasions où quelqu’un m’avait invité de manière informelle… J’étais heureuse de cela, avec un peu de chance, nous pourrions devenir amie ! Mais je m’arrêtais… hésitant une dernière fois à rentrer me changer dans ma tenue normale… J’avais même enlevée mon écharpe… C’était dire !

Je rassemblais le peu de courage que j’avais dans ce genre de condition pour reprendre lentement la marche. Heureusement, j’avais, en temps normal, l’habitude de partir beaucoup plus tôt afin de ne pas arriver en retard. Aussi, j’arrivais à temps. Simulant mentalement ce que j’allais dire, je me préparais émotionnellement. "Salut ! Tu as attendue longtemps ?", "T’inquiète pas, je viens d’arriver !"… Et si elle répondait qu’elle avait attendue longtemps ? J’avais légèrement étudier les rendez-vous, mais visiblement, j’avais bien trop de mal à apprendre normalement…

En arrivant je vis Yamada m’attendre de loin. Je jugeais son apparence… Me demandant pourquoi le monde était aussi injuste… Elle ressemblait presque plus à un garçon que Fujimi, mais possédait une poitrine que je trouvais outrageante… Cela ne me gênait pas si la femme en question était féminine… Mais dans ces conditions… Elle portait un jean et une chemise ! Si je ne me méfiais pas, je la trouverais presque attrayante. Elle parla, je répondis par réflexe par un claquement de la langue en marchant vers l’intérieur du terrain d’entrainement.

-Tch, tu es du genre à t’amuser à racketter l’argent de plus jeunes que toi ? Malgré le fais que tu sois arrivée en retard le premier jour ? Et tu pars même du principe que tu as déjà gagner. Tu devrais arrêter d'ouvrir ta bouche du haut pour ne rien dire... Ah moins que n'ouvre aussi celle du bas pour ça?

Hum hum… Je me détestais effectivement. Du moins suffisamment pour me tirer une balle dans le pied lorsque j’essayais de me faire des relations. Mais je n’étais pas du genre à retirer mes paroles. Enfin, sauf dans des conditions ridicules. Une fois à l’intérieur je commençais à m’échauffer, ce qui était relativement important. Je devais aussi lui demander ce qu’elle souhaitait comme combat, mais au vu de nos préparations, on allait probablement se battre à main nue, mais lui demander était tout de même mieux.

- Alors ? On fait ça comment ? Je te laisse décider, après tout si tu veux autant gagner…

Je fermais les yeux, m’insultant moi-même avant de les rouvrir et encore une fois jalouser devant mon manque de poitrine… Peut-être me détestais-je vraiment.

- un racket, vraiment ? J’aurais juré que c’était plus une proposition de ma part plutôt qu’une condition forcée. Mais je te pardonne juste pour tes beaux yeux, Taka-chan.

Kotori passa donc la première suivit de la rousse à l’intérieur du terrain d’entraînement. Asuka n’avait aucun ressentiment envers sa camarade d’aventure. Même après cette mauvaise blague sexuelle, elle comprenait que cette jeunot peinait à montrer ses émotions. C’était tout naturel. La Yamada avait tout perdu ce qui lui était proche durant sa vie à l’extérieur. Une mère réceptive morte des mains de la guerre, un père lui aussi mort et l’horreur de la soumission. Elle cachait tout cela avec son attitude libertine et ses taquineries éphémères. Quand son regard avait croisé celui de Kotori, elle y a vu un éclat révélateur. Fermant la porte de la grille derrière, elle s’étira les bras en poussant un soupir de bien-être. L’idée de se battre à l’amiable la rendait de bonne humeur, qu’importe le niveau pervers des blagues de la brunette.

- Oh cet endroit là…ça c’est pour mes besoins privés comme pour les tiens. D’ailleurs, j’aime ça mettre la barre haute, surtout au niveau de la tête. J’espère pour toi que tu iras au-delà de la poitrine.

La voilà donc à jouer avec l’humour d’adulte. Elle était en âge de le faire après tout, contrairement à l’adolescente avec une difficulté d’expression. Il fallait juste espérer que Kotori ne le prenne pas mal. En dehors de cela, Asuka fit comme si de rien n’était, continuant de s’étirer dans des poses attrayantes bien malgré elle. Une petite bagarre amicale était un bonheur pour cette débutante du Taïjutsu. Plusieurs mois d’entraînement avec un mentor mystérieux ne se faisaient pas pour tout oublier une fois de retour au bercail. La fougue de la jeunesse démangeait sa peau avec insistance mais il fallait d’abord se pratiquer et accumuler son expérience. Asuka serait une Shinobi de rang B un jour, et exploiterait ses pouvoirs à un niveau supérieur sur les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur. Cela incluait le destin de Kotori, que la brunette soit d’accord ou non. Un geste de solidarité, voilà pourquoi elles s’entraîneraient en s’échangeant des coups.

- Il te suffit simplement de me montrer ce que tu as dans le ventre. Je veux te voir te dépasser et ressortir tes émotions.

Dans un duel, on ne cachait pas sa personnalité. Asuka comptait dessus pour véritablement connaître sa nouvelle amie. Si jamais celle-ci comptait être passive ou se mettre trop défensive, la rousse comptait l’acculer au pied du mur. De fait, elle serra les poings et commença à marcher en direction de Kotori. Un pas à la fois, le poids de ceux-ci était lourd, agressif. Son regard de braise se concentra sur l’adolescente.

- Tu sais, vivre de mon pouvoir de clan n’a pas toujours été mon intention. À force de voyager partout sur le continent et voir les atrocités qui se déroulent loin de chez nous, je suis contrainte à devoir assumer mes responsabilités. Je veux gagner et survivre. Tu dois faire de même Takanashi ! Dis-moi ce qui pourrait t’en empêcher !

Sa marche lourde devint un sprint en direction de son amie. Elle démarra le combat d’un poing direct visant le ventre.

C’était un premier coup très banal, très classique. Contre une amie dans un duel amical, il ne fallait pas pousser la violence à l’extrême ni chercher à lui faire la peau. Asuka savait faire la différence entre un style axé sur la survie et un autre plus décontracté. Pour un premier coup, elle s’attendait à la voir esquiver tellement elle se sentait prévisible au premier abord. Mais surprise, son poing toucha le ventre. Elle était désolée d’affliger des blessures, aussi minimes soient-elles, à une amie. Il fallait le faire pour la respecter comme Kunoichi. Asuka la laissa prendre de la distance, sautillant à son tour et en lâchant une expiration.

- Tu as bien compris. On ne défend pas son pays sans y être dévoué. On ne devient pas Ninja sans y être dévoué et sans accepter les conséquences. Alors qu’est-ce qui t’empêcherait de prendre tes responsabilités, là maintenant ?

Entre-temps, Asuka la vit foncer à son tour à pleine vitesse. Elle arrêta de sautiller. C’était réciproque de recevoir à son tour une baffe sur n’importe quel partie du corps au choix de la brunette. Sauf que le génie de la famille Saibogu n’était pas que du vent. Kotori usait de sa tête pour surprendre la rousse en s’arrêtant net, pile à la limite de ses propres coups de poing. Ainsi, son adversaire évitait de se faire refrapper aussi facilement. Asuka connaissait la base du Taîjutsu, c’était sa spécialité de base. Elle voyait venir le coup de pied latéral. Elle répondit alors en la bloquant avec sa propre jambe. Littéralement, Asuka décida de monter la température de cette confrontation. À moins que son amie ait oublié le potentiel des Yamada, cette vague de chaleur intense venant de la jambe allait lui montrer de quel bois ça pouvait chauffer.

- Tu peux le dire si tu ressens quelque chose envers moi. Parce qu’à mon avis tu auras besoin de mon soutien encore plus que tu pourrais le croire. Tu sais pourquoi ?

Asuka la voyait alors prendre appui sur le sol avec l’aide des deux mains. Comme un ressort, celle-ci préparait et dirigeait un double assaut de ses pieds. La rousse ne pouvait pas utiliser sa jambe, ni reculer son buste. Alors elle bloqua avec son avant-bras. Le coup la toucha donc, la faisant lâcher un son de plainte. Mais elle continua de fixer Kotori avec un regard bien concentré sur l’action et sur l’adversaire. Avec son pied, sa réponse fut un nouveau coup direct sur l’abdomen de Kotori. Elle utilisa sa force pour la repousser à une distance de trois mètres au moins. Sa main s’agita devant le regard de Kotori, la provoquant ainsi à revenir mettre une couche de plus en combat physique.

Et voilà. Après un deuxième bon coup sur Kotori, après l’avoir repousser une seconde fois, la réaction recherchée arriva enfin. Asuka savait depuis le début, depuis leur première rencontre, que sa partenaire d’équipe cachait des émotions à son égard. Elle savait que cette attitude ne pouvait pas continuer à envenimer leur relation. Alors il fallait accepter la brutalité des mots, les accepter ou en répondre. D’abord, il y avait ce « rien ». Rien pour la retenir dans sa responsabilité de ninja. Une bonne nouvelle pour commencer. Mais la suite serrait la poitrine d’Asuka. Celle-ci devait écouter les mots affligeants de Kotori. Aucune émotion pour la rouquine, le sentiment de condescendance et le manque de compréhension de l’une comme de l’autre. À vrai dire, oui, elle avait précipité les choses. Elle croyait que n’importe qui verrait derrière ses gestes la taquinerie pour débutant. En apparence, il arrivait de ne pas le voir. Une erreur de jugement. Jamais Asuka ne l’aurait réalisé sans cet entraînement salutaire.

- C’est vrai, on se connait à peine. Tu as bien raison là-dessus. Par contre, tu te méprends sur tant de choses. Si j’étais vraiment condescendante, tu crois qu’on se battrait sur un terrain d’entraînement en ce moment précis ?

Avec les aveux fusant de toute part, sa voix changeait de la demoiselle enjouée, joueuse, pour devenir plus posée. Elle voulait lui montrer que les suppositions de Kotori étaient fausses. Asuka la vit arriver et lancer un coup latéral avec la jambe. Elle subit l’effet en sentant son équilibre faillir. Son réflexe fut donc une roulade arrière suivit d’un bond pour un salto arrière avec une poussée de ses pieds. Elle poussa un souffle d’expiration.

- Je t’ai invitée parce que je me soucie de toi. Je veux être quelqu’un de précieux pour toi. J’ai perdu mes parents mais ils m’ont montré le sens de l’affection.

Son poing se referma de nouveau. Asuka concentra son chakra dedans et plia les genoux. Puis, elle entreprit une course en zigzag. Dans un enchaînement acrobatique, elle sauta et fit un salto avant au-dessus de la brunette. Du style Yamada, La rouquine lui montra une de ses techniques personnelles en atterrissant derrière l’adolescent et lâchant un coup de poing calorifique au niveau de l’épaule. Dans le cadre de leur exercice, la puissance de la chaleur fut diminuée pour ne pas brûler Kotori.

- Et la première règle est de respecter qui tu es. Ça prendra le temps qu’il faudra mais j’attendrai de voir ton cœur s’ouvrir. Et je resterai une personne en qui tu pourras compter. Toujours.

J’essayais de comprendre… J’avais beau lui dire que je ne souhaitais pas en savoir plus sur elle, il s’agissait probablement là d’autosatisfaction… Il semblait plutôt évident depuis notre sortie dans le désert qu’elle était du genre à agir… Et en y réfléchissant plus, peut-être souhaitais-je simplement ne pas être attristée si quelque chose devait lui arriver… Ou m’arriver. J’essayais donc de me convaincre au possible. Je n’étais pas très douée dans cette optique, peut-être faire semblant d’être plus enjouée, faire semblant d’être sympathique, créer une personnalité pour ce faire aurait été le meilleur choix, mais je n’étais absolument pas dans ce genre-là.

Je ne voulais pas entendre ses excuses, je regrettais avoir accepté cette entrainement, mais ma fierté m’empêchait de perdre exprès. Après mon coup, elle s’éloigna avant de reprendre la parole… Je l’écoutais avant de baisser les yeux :

- Irresponsable… Disais-je à voix basse de manière à ne pas être entendu.

Il était plutôt rare que je parle de cette manière : il s’agissait là d’un commentaire que je souhaitais dire, mais que je ne souhaitais pas qu’elle entende… Ou peut-être souhaitais-je au plus profond de moi qu’elle l’entende et qu’elle m’explique plus… Elle avait aussi perdue ses parents, mais comment pouvait-elle en parler ainsi ? Oui la vie continuait, mais…

Voyant du mouvement dans ma vision, j’essayais par réflexe de sauter en arrière lorsque le coup arrivait justement de cette direction. Encore une fois, la sensation de chaleur que provoquait ses coups étaient anormaux. Suite au coup, je me rattrapais à l’aide de mes mains au sol avant de reprendre quelques mètres de distances avec la rousse.

Elle parlait beaucoup, mais elle pouvait se le permettre, ses capacités physiques étaient simplement pas de mon niveau. Et devoir réfléchir à ce qu’elle me disait, aux réponses éventuelles et au combat me donnait l’impression que le temps passait bien trop vite… Yamada m’énervait, je ne la détestais pas, mais j’avais les yeux humides et l’envie de pleurer.

- Comment peux-tu être aussi irresponsable ! Toujours ? Tu penses vraiment ça ? Un sourire amer se dessinait sur mon visage. Tu sais aussi bien que moi que nous sommes vouées à une mort prématurée ! Je pourrais compter sur toi ? Ne te fous pas de moi ! Je refuserais d’ouvrir mon cœur, à toi ou à qui que ce soit d’autre !

Je courrais alors doit vers elle, il n’était pas question d’essayer encore une fois de la feinter, elle m’énervait. Je la taclais donc, tombant avec elle au sol. Quelque part au fond de moi, je voulais y croire, croire en elle, croire en cette équipe… Mais je ne voulais pas souffrir. Comme pour toutes les personnes chères que j’avais perdues jusqu’alors, j’étais certaine de ressentir une peine égale au bonheur ressentie avec ces personnes…

Nous étions toutes deux au sol, la suite logique aurait été de m’asseoir sur elle afin de lui donner des coups, mais je me relevais, me retournant rapidement afin de ne pas lui montrer mon visage. Me dirigeant silencieusement vers la sortie du terrain d’entrainement.

Asuka devait rester forte. À mesure qu’elle tentait de la convainvre du bien fondé de ses intentions, peut-être que tout cela allait trop loin. Peut-être qu’elle abusait, allant jusqu’à provoquer une réaction prématurée. La peur rongeait son esprit, une sueur de stress apparaissant sur sa tempe. Après son coup calorifique, son poing se retint de rajouter une couche de plus, surtout que Kotori avait déjà pris sa distance une fois encore. Ses jambes se retinrent de bouger. Sous son regard attentif, elle voyait une scène dure à regarder. L’adolescente commença à craquer. Les yeux gros et humide ne mentaient pas. À force de mots et d’insistance, Asuka avait réussi à ressortir une triste douleur.

La rousse serra les poings et baissa le regard. La réponse fut brutale. Son amie ne parvenait pas à accepter un quelconque rapprochement. Derrière sa définition de la rousse, « irresponsable », derrière la terrible possibilité de mourir en fonction, elle ressentait la douleur de cette jeune qui forcément voulait changer et enlacer un vent de renouveau. Aussi difficile que soit cette confrontation, Asuka n’avait aucun regret. Les problèmes seraient confrontés et résolus. Cet entraînement prenait fin au moment où les deux demoiselles se retrouvèrent au sol. Asuka ne chercha aucunement à esquiver ni à résister sous la poussée de Kotori. Elle reprit son souffle et attendit une volée de coups qui ne vint pas. Elle vit son amie détournée le visage et se relevée en direction de la sortie.

Devait-elle réagir ? Comment répondre à la tristesse d’une camarade troublée ? Elle craignait toujours de pousser le bouchon trop loin. Évidemment, à force d’endosser un rôle et montrer un caractère étrange, la limite peinait à apparaître. Pour la première fois, elle eut peur de la bêtise de jouer un garçon manqué et montré une attitude involontairement condescendant. La peur gagnait son cœur. Les larmes remontaient à son tour. Irresponsable ou non, Égoïste ou attentionnée, la rousse s’acharna. Après s’être relevée, elle rejoignit Kotori par derrière. Ses bras l’enlacèrent et stoppèrent net la « fuite » de l’adolescente.

- On risquera nos vies chaque jour pour le village et à chaque mission périlleuse. Même si je dois souffrir et vivre avec la peur au ventre, sans savoir le jour et l’heure de ma mort, je pense qu’il faut quand même se tisser des liens entre camarade d’équipe. Tu me considères comme irresponsable ? Je suis au moins une irresponsable qui ne ment pas !

Elle resserra son étreinte, devenant plus chaleureuse. Sa respiration saccadée tentait de retenir ses propres émotions. Jusqu’à ce que ses larmes tombent sur l’épaule de Kotori.

- « Amis, concitoyens ou membre de ma famille, je me donne à fond pour eux ! » Voilà ce qu’est mon Nindo.

J’avais fait de nombreuses erreurs en cette journée, ne pas m’habiller correctement, accepter un combat de taijutsu et écouter Yamada. J’essayais d’analyser mes propres pensées objectivement, sachant pourtant que cela était impossible… J’avais pourtant décidée de ne plus laisser mes sentiments prendre le dessus et pourtant, depuis notre épreuve dans le désert, je m’énervais toujours aussi facilement. Sans doute réussirais-je à me sacrifier pour mon équipe, non, pour le bien d’une mission, mais pourquoi ne pouvais-je garder mon calme ? Sans doute parce qu’il s’agissait de ma première équipe, que je souhaitais pouvoir créer des liens avec eux, mais que mon incapacité à faire cela m’énerve…

J’étais plongée dans mes pensées, reniflant légèrement, lorsque Yamada m’enlaça par derrière tout en reprenant la parole… Je ne comprenais pas. Les mots qu’elles disaient avaient pourtant du sens, mais je ne comprenais tout de même pas… Je n’arrivais pas à comprendre, que ce soit ma course d’action où celles d’Asuka !

Je me mis donc à pleurer en silence, tremblant légèrement, n’essayant même pas de sortir de cette étreinte… Que cherchais-je… Qu’est-ce qu’il me manquait…

- Je… Je ne comprends pas… Asu… Yamada, pourquoi me dis-tu tout ça ? Me considères-tu comme ton amie ? J’ai avancé jusque-là sans réellement me fixer de but précis, même cette paix que tous convoitent, je ne la recherche que pour comprendre pourquoi ils la veulent… Disais-je d’une voix légèrement tremblante.

J’essayais alors de me sortir de l’étreinte d’Asuka, sentant mes jambes m’abandonner, ce que je ne réussis pas, tentant alors de lui demander :

- Et si nous allions nous asseoir… J’ai besoin d’un peu de repos…

Au fond, elle fut ravie de sentir ses propres larmes couler sur son visage en deux ruisseaux communs et tomber en gouttes tiède sur l’épaule de Kotori. Elle détestait l’idée qu’on la considère comme une horrible manipulatrice surtout par une amie. Cet élan de compassion servait à relâcher la pression de chacune. Il n’y avait plus aucun intérêt à sauver la face à ce moment et les deux demoiselles restèrent donc enlacer par l’étreinte de la rousse. Asuka pouvait enfin cesser de trop s’inquiéter pour l’adolescente. Elle n’imaginait pas combien briser les barrières était une sensation fantastique. Un sentiment de réussite et de triomphe. Peut-être que son la vie de cette jeune Shinobi changerait pour toujours. Cette possibilité la fit gaiement sourire. Sa main vint caresser le dessus de la tête de Kotori.

- Tu n’as donc aucun but…tu ne fais que te battre pour une paix qui appartient aux autres. Quoi que tu cherches, je serai là pour t’aider.

Asuka commença à calmer ses larmes ainsi que sa respiration. Au même temps elle pouvait sentir Kotori remuer dans ses bras. Celle-ci tentait de sortir de l’étreinte. La rousse ne craignait rien puisque l’adolescente ne fuirait pas, du moins le pensait-elle. Avant de pouvoir la relâcher, elle sentit ensuite les jambes de la brunette trembloter de toute évidence sous la vague d’émotions. Sa main guida le regard de Kotori dans celui d’Asuka. Sa manche de chemise servit à essuyer les larmes de l’adolescente en douceur.

- Tu peux m’appeler Asuka, par mon prénom. Parce que oui, je suis ton amie.

En guise de réponse, elle relâcha Kotori pour sortir ensemble du terrain d’entraînement. Du regard elle chercha un banc où se poser et reprendre son énergie. Sa main glissa contre celle de la brunette pour la serrer doucement. Asuka, entre-temps, elle eut un choc soudain. Sans vainqueur de leur petite bataille amicale, elle se sentit déçue de ne pas l’avoir terminé. Elle gonfla les joues et pouffa de rire par crainte de se faire surprendre par Kotori ou un quelconque habitant.

- Tu ne te débrouilles pas trop mal au fait. J’ai aimé te voir à l’œuvre.

Avec l’aisance d’un bébé faon faisant ses premiers pas, je me dirigeais alors avec Asuka pour m’asseoir sur un banc, espérant ne pas attirer le regard avant d’être assise. Nous posant donc ensemble sur le banc, j’essayais tout de même de réfléchir à mes courses d’actions… Je détestais pleurer, car cela était en soit une chose illogique et il en était de même de tout ce qui concernait mes sentiments.

Je me demandais beaucoup de chose, beaucoup trop de chose. Notamment, je me demandais s’il allait de nouveau y avoir quelqu’un un jour au courant de la véritable prononciation de mon prénom. Il s’agissait là pour moi d’une protection… Un problème que l’on m’avait posé dont je n’avais pas trouvé la réponse…
Je reprenais donc la parole après avoir écouté et laisser Asuka faire ce qu’elle souhaitait, je claquais cependant la langue par réflexe.

-Tch… Je pense que tu m’as beaucoup trop laissée faire, tu avais le dessus physiquement et plus globalement sur le contrôle de toi-même… Certes, il ne s’agissait que d’un exercice, mais j’ai facilement perdu mon sang froid… C’est donc ma défaite. Et je vais continuer de t’appeler Yamada. Je ne peux pas t’appeler par ton prénom alors que… Je me rendais alors compte que je pensais encore une fois à voix haute…

Mais il s’agissait de la majeur raison pourquoi je n’appelais pas les gens par leurs prénoms : le fais que je leur cachais le mien. J’avais décidé de ne pas appeler une personne par son prénom si j’en avais le choix, du moins pas tant que cette personne ne pourrait m’appeler Kotori. Réfléchissant rapidement, j’essayais de trouver un moyen de changer de sujet et pour cela il fallait que le sujet soit assez sérieux :

- « Ceux qui regrettent avoir fait quelque chose sont des idiots et ceux qui regrettent ne rien avoir fait sont des peureux… » Après m’avoir dit cela, ma mère m’avais posé une question, je ne me souviens plus de la question, mais le sujet était quelque chose comme : déciderais-tu d’agir et d’être une idiote ou de ne pas le faire et d’être une peureuse ? Qu’en penses-tu Yamada ?

A vrai dire, ma mémoire était assez inutile, mais je me demandais quel genre de réponse j’avais pu donner. Aujourd’hui, il me semble que la réponse serait un genre de troisième choix ou qu’il s’agisse d’une question philosophique plus qu’une question avec une réponse exacte…

Mes larmes complètement séchées, trouvant cette question ridicule, je balançais mes jambes en avant et en arrière telle une enfant pour vérifier qu’elle ne tremblait pas, d’une humeur peut-être légèrement joyeuse, me sentant probablement soulagée après tout ça, je reprenais donc la parole avant de laisser Asuka le faire :

- Laisse tomber cette question~ Disais-je souriant légèrement. Ne voulais-tu pas m’extorquer une boisson ? Disais-je d’un ton taquin. Je me levais alors, vérifiant les poches de mon short, m’assurant que mon porte-monnaie était bien présent. Il n’était pas vraiment dans la poche, mais dans un compartiment secret, comme ceux où je range mes kunai et shuriken que je n’avais pas ce jour-là. Et puis, j’aimerais bien que tu acceptes pour éviter que tu ne parles de ce qui s’est passer aujourd’hui, surtout au gigolo…

Il n’y avait pas photo. Les coups avaient été retenus depuis le début. Même qu’elle s’était retenue de trop se mettre en valeur avec des déplacements acrobatiques dans les airs par exemple. Pour Asuka, donner des coups sérieux demandait de puiser dans ses émotions. Dans la culture Yamada, il était d’une importance capitale de se contrôler et de ne pas user de sa négativité dans toutes situations. La chaleur et la colère, un cocktail toujours explosif dans la famille. Quelqu’un comme Kotori ne pouvait pas le comprendre sans se le faire expliquer. En se retenant, Asuka évita de la blesser à un degré plus grave que ce qu’on s’attendait d’une baston amicale. C’était mieux comme cela, avec ou sans la victoire. Quoi que son amie insista pour la couronner, ce que la rousse ne refusa pas.

- Toi aussi tu en sors gagnante. On sait maintenant que tu as besoin d’un meilleur contrôle de toi-même. Il y a plus que le style de combat qu’on apprend dans un entraînement.

Asuka s’adossa complètement contre le banc, les jambes collées l’une contre l’autre et s’étirant les bras au-dessus de la tête. Fixant le ciel, elle trouva cet instant très agréable. Peut-être que Kotori regardait l’azur céleste en sa compagnie comme le ferait deux vraies amies partageant joie et peine. Son cœur battit un peu plus fort au sujet abordé par l’adolescente. Asuka cligna des yeux très rapidement, se remémorant ses parents. Sa mère et son père, encore et toujours. Du côté de Kotori, celle-ci semblait ne pas avoir eu le même enseignement décontracté. Différentes familles avec différents standards. La rousse agita alors les pieds, sa pensée s’égarant. Toutefois, sa main vint se placer sur l’épaule de l’adolescente pour ensuite serrer doucement. Elle avait son mot à dire sur le sujet de l’idiotie et de la lâcheté.

- J’étais une gamine quand moi et mes parents sommes partis faire le tour du continent. J’y ai perdu ma mère et mon père durant la dernière guerre. Même dans le chagrin, le deuil et la peur au ventre, moi et mon père avons été stupides. Nous avons continué le périple. Donc oui, je suis stupide. Mais grâce à cela, j’ai pu vivre un voyage incroyable, je peux avoir une attitude relâchée et donc me sentir heureuse. La peur étouffe rend la vie morne.

C’était une décision qui ne demandait pas de réflexion. Aussi bizarre et loufoque qu’elle puisse devenir avec Kotori, jamais elle ne céderait devant la peur. Voilà pourquoi cette journée se terminait avec ces deux demoiselles se regardant accompagné d’un rire taquin. Asuka fut surprise et ravie de voir la jeune tenir sa part du pari et payer la dite boisson. Après tout, elle commençait à avoir soif. Elle se releva. D’un faible soupir et d’un haussement des épaules, elle vient frotter la chevelure de la brune avec énergie. Un sourire mesquin s’afficha sur ses lèvres.

- Même sans boisson j’aurais accepté de ne rien dire, Takanashi. Moi vendre une amie à un Senseï coquin ? Tu es drôle.

Je m’étais légèrement calmé, mais je ne pouvais pas ne pas me sentir irritée lorsqu’elle me donnait des conseils tels que le besoin d’avoir plus de contrôle de moi-même… Ou quand elle disait des choses complètement logiques telles que ce qu’on peut apprendre d’un combat. Mais j’avais l’impression que j’allais perdre quelque chose si je devais faire à chaque fois des remarques à propos de ce qu’elle racontait…

Je me rendais aussi compte qu’Asuka avait la mauvaise manie d’être beaucoup trop corps à corps… Je commençais presque à douter de ses penchants, m’inquiétant pour moi-même… Lorsqu’elle me raconta en quelque sorte son passé… Aussi, je me retenais de faire des remarques déplacées et me disait qu’il faudrait que j’évite de faire des remarques à propos de ses parents.

Juste pour la journée, pour le reste de cette journée, j’allais la laisser faire, me retenir de la frapper ou de remarques à propos de mon espace vital… M’enlacer par derrière, la main sur l’épaule, la main sur la tête… Nan mais elle ne voulait pas non plus me…

Je prenais donc la tête de la marche, comme lors de notre entrainement avec Fujiimi, me lissant les cheveux avec les doigts. Je ne détestais pas que l’on me caresse les cheveux, mais il fallait le faire correctement !

- Tu sais, je ne te considère pas vraiment comme une amie et je ne veux pas que tu me rendes service, hors devoir de ninja lors de mission ou cas spécifiques. Aussi, je te prierai de bien vouloir considérer ça comme pour acheter ton silence. Disais-je, souriant légèrement malgré tout.

Je savais que je n’étais pas vraiment honnête dans ce que je lui disais, car si j’omettais le fait qu’elle me frustrait profondément lorsqu’elle parlait ou agissait… C’est-à-dire tout le temps, je pouvais probablement me dire qu’elle n’était pas une mauvaise personne… Mais j’avais peur qu’elle augmente les contacte physique et autres si je lui avouais la vérité…

- Hum par contre je ne t’ai pas demandé ce que tu voulais… Personnellement je me contenterais de jus de fruits d’une épicerie, mais puisque je fais ça pour ne rien te devoir, je pense que tu devrais choisir ce que tu veux que je te paie… Ah ne te retiens pas parce que je suis plus jeune !

Je me disais que le jour où l’on me nommerait Kotori à nouveau ne serait peut-être pas trop loin…