Un entraînement dans un terrain qui paye pas de mine, avant Ki no Kuni...


Depuis que je n'avais plus de team effective, ni de sensei fixe, je peinais à m'entraîner avec d'autres ninjas. C'était aussi difficile d'acquérir de véritables compétences en travail d'équipe. C'était tout bonnement impossible de bien connaître les membres de celle-ci puisque ça bougeait tout le temps.
Ma première team, avec Wada Eichi pour sensei était définitivement tombée aux oubliettes. Depuis on me mettait dans telle ou telle équipe pour remplir des trous quand il y en avait. Mon parcours actuel était donc fait de multiples rencontres et adaptations à de nouvelles personnes, donc nouveaux paramètres.
Mais le plus chiant dans tout ça, c'était surtout que je n'avais pas de coéquipiers avec qui m'entraîner sur le long terme. Le plus gros de mes séances d'entraînement se faisaient donc toujours et encore avec d'autres membres du clan Yamada. Ou tout seul.

Un jour, je décidais d'aller squatter l'un des vieux terrains d'entraînement et de voir si il y aurait là-bas quelqu'un avec qui m'entraîner. Histoire de provoquer un peu le destin et de voir si je pouvais confronter mes techniques à celle d'un autre clan. Je trouvais ça ennuyant dans le principe, mais je savais que c'était une des manières de progresser et de s'adapter à l'imprévu.

Après que je me sois brièvement échauffer les quelques muscles qui me servaient, en deux-trois minutes, j'allais voir l'un des types qui s'entraînait plus loin. Et en chemin je me disais que ces terrains d'entraînements étaient des plus pourris. S'il y avait des normes ils étaient forcément en dessous. Et surtout, vu leur manque d'originalité à reproduire des environnements variés, cela ne m'étonnait pas de voir les sunajins désorientés quand ils partaient en mission dans des régions enneigées ou avec de la forêt. Je me rappelais la mission de cartographie de Mizu no Kuni avec Eichi qui fut un échec. L'autre, duquel j'approchais, semblait être un manipulateur du sunaton. Avec mon air nonchalant habituel :

- Hoy, Tetsui du clan Yamada. Je cherche un adversaire pour m'entraîner, tu serais partant ?

Maintenant on allait voir ce qu'il me répondrait. Mais ce n'était pas mon genre de l'attaquer par surprise comme un fourbe alors qu'il s'entraînait tranquillement.

♫:

Les jours se suivent et se ressemblent à Suna. Il n'y a pas que la température qui ne change pas! Mon emploi du temps se révèle aussi régulier que le cycle infernal du soleil. Encore une fois le soleil brille à nouveau sur Suna. Et encore une fois ma matinée sera consacrée à mon entraînement. Même terrain, même mannequin cerclé de cordes. La relation que j'entretiens avec ce dernier est presque la plus aboutie que j'aie. Lui au moins il ne se plaint pas quand j'écrase mes poings sur ce qui lui sert de visage. Et puis il a l'avantage de tenir debout quels que soient les coups que je lui porte. C'est un ami fidèle, dévoué et silencieux. Que demander de plus?

J'ai pour habitude d'écouter de la musique lorsque je m'entraîne. Je peux calquer mes coups sur le rythme et puis ça a l'avantage de me couper du monde qui m'entoure. Seul dans mon univers, je peux alors pleinement me concentrer sur la bataille à sens unique que je livre à mon adversaire de bois. Le Taïjutsu est un art qui demande beaucoup d'efforts pour en maîtriser les subtilités. Chaque coup doit être répété à de multiples reprises avant d'en saisir tous les tenants et aboutissants, comprendre réellement dans quelle situation il se trouvera être le plus utile et en quelles circonstances il vaut mieux éviter d'y avoir recours. C'est rébarbatif. Mais c'est également la clef du succès! On a rien sans rien et en général le monde dans lequel on vit se charge très vite de vous faire comprendre cet état de fait!

Comme à mon habitude je m'arrête après avoir distribué suffisamment de coups pour que les jointures de mes doigts se mettent à saigner. Ces plaies ne sont pas réellement gênantes dans la mesure où je peux compter sur l'une des guérisseuses de mon clan pour les soigner lorsque je rentre pour le repas de midi. Néanmoins je dois dire que je n'apprécie guère me voir saigner. C'est l'expression d'une faiblesse que j'aimerais voir disparaître un jour. Et j'y arriverai, j'en suis persuadé! La patience et la persévérance finissent toujours par payer! Toujours!

Je remarque alors l'ombre d'une silhouette qui se dessine dans mon dos et je retire les écouteurs de mes oreilles avant de me retourner. Juste à temps pour entendre quelqu'un se présenter et me proposer un entraînement commun. Je ne réponds pas tout de suite et tend la main en direction de l'un des bancs. Une bras de sable s'élève alors du sol pour venir déposer dans ma paume la serviette que j'ai pris soin d'emporter avec moi. J'essuie rapidement la sueur qui coule sur mon visage et mon cou avant de finalement daigner me retourner. Je toise de la tête au pied mon adversaire potentiel avec mon habituel regard indifférent.

- "Un Yamada hein?" mouais... "Tu te crois de taille face à un Kawaguchi?"

Je lui laisse le loisir de répondre tandis que j'en profite pour prendre quelques gorgées d'eau dans ma gourde. Depuis tout petit je juge les autres clans inférieurs. Ne serait-ce que parce que j'appartenais à la branche combattante des manieurs de sable. C'est ainsi que j'ai été éduqué et ainsi que je continue d'agir. Mais les Yamada ne sont pas ceux que je déteste le plus. Ce serait même ceux qui m'inspirent le plus de respect même si ça reste très relatif. Je crache ma dernière gorgée sur le sol et relève les yeux vers le jeune homme.

- "Pourquoi pas après tout! Tu auras de toute façon plus de répondant que ce stupide mannequin d'entraînement..." je désigne la cible en bois d'un vague mouvement de tête. "Qu'est-ce que tu proposes? Le premier au sol et incapable de se relever a perdu? Ou tu préfères quelque chose de plus... mesuré?"

On s'accorde finalement sur les modalités de notre combat et il ne reste plus qu'à passer à l'action. Je n'ai pas pris ma jarre avec moi puisque je comptais principalement approfondir ma maîtrise du Taïjutsu ce matin. Mais il y a suffisamment de sable autours de nous pour que je puisse me battre efficacement.

- "Puisque tu as lancé l'idée c'est à toi que revient l'honneur de commencer!" je fais un bond en arrière pour m'écarter de lui tandis que je regroupe du silicium autours de moi. "Quand tu veux..."

Finalement je me suis trompé: il y a toujours des surprises pour venir égayer une journée à Suna...

Le type se retourne après quelques secondes seulement, choppant sa serviette au loin sur un banc par le biais d'un petit nuage de sable. Ah ces Kawaguchi, quand utilisaient-ils leurs bras en faites ? Je les enviais un peu pour ça moi qui était flemmard pour plein de choses. Mais bon, ils étaient de bon constructeurs aussi. Quoiqu'il en soit, l'autre me regarda avec indifférence, me faisant presque penser à l'autre jônin Kawaguchi un peu louche qui était de la génération de mon père, j'avais oublié son nom déjà. Il avait l'air de se croire supérieur d'ailleurs.

- Je m'en fiche de ça. Compare nos forces si tu veux, moi c'est pas mon délire...

Mon air était ennuyé à ce moment précis, décidément je me demandais pourquoi la plupart des ninjas cherchaient à avoir la plus grosse. Crachant sa dernière gorgée d'eau comme un sportif, chose qui m'était inconnue, le manieur de sable accepta tout de même ma proposition, prétextant que je serais toujours mieux que le mannequin d'entraînement qu'il désignait. Il fallait maintenant décider de quelques règles pour le combat, et oui.

- Je te dis que je voyais ça comme un entraînement et non pas comme un combat visant à mettre l'autre K.O. Mais bon...

En tout cas il était fair-play et me laissait l'honneur de commencer. Il avait fait un bond en arrière pour se mettre à bonne distance et regroupait déjà un peu de sable autour de lui.

*Tain' j'avais zappé leur maîtrise de la défense.*

De toute façon, face à une bonne analyse et une stratégie potable personne n'est invincible non ? Pourquoi je me prenais la tête...

- Bon alors allons-y !

Je n'avais pas bougé, économie de force, il était déjà à une bonne distance alors j'allais pas reculer moi aussi. Le jaugeant d'abord en le fixant calmement, je lui lançais d'un coup bref deux shurikens en direction du bassin pour tester sa réactivité et son sunaton. Dans le même temps je fis un bond sur la droite et quelques mudras basiques pour l'attaquer avec une lame de vent tranchante arrivant en diagonale. La lame arrivait vers lui légèrement plus vite que les deux shurikens, c'était la particularité du fûton. Il avait donc les deux shurikens de face et cette lame fûton arrivant d'un autre angle à contrer.

Techniques :

♫:

Je ne m'attendais pas à une attaque aussi basique pour être honnête. Connaissant les Yamada et leur étrange maîtrise de la chaleur j'avais plutôt misé sur une attaque au corps à corps. Ce Tetsui lui semble vouloir se cantonner à des attaques basiques pour l'instant. C'est plutôt malin de sa part je suppose. Jauger l'adversaire, découvrir ses faiblesses et frapper où ça fait mal. C'est le genre d'approche tactique qu'on vous enseigne dès l'académie.

*S'il veut jouer la carte de la prudence, forçons-le à prendre des risques...*

Obliger l'adversaire à faire précisément ce qu'il ne veut pas. Là aussi on tombe dans la plus élémentaire logique. Mais avant de songer à prendre l'avantage il faut déjà que je passe de la défensive à l'offensive. Et ce n'est pas gagné pour l'instant puisque c'est bien moi qui suit la cible des attaques de mon partenaire d'entraînement. La trajectoire des shurikens n'est pas un problème en soit puisqu'ils viennent de face. Mais la technique élémentaire représente déjà un autre défi.

J'effectue quelques mudras et soulève le sable autours de moi de manière à m'en faire un bouclier. Deux bruits sourds m'indiquent que les armes de jet de mon adversaire ont été stoppées. Et à peine quelques instants plus tard ma protection retombe sur le sol en une fine pluie de poussière quand la lame de vent achève de le détruire. Je baisse le regard sur les deux shurikens et renifle de dédain. Je me refuse à recourir à ce genre d'armes et la plupart des shinobis les utilisent trop régulièrement à mon goût...

Toujours est-il que je suis vexé que le Yamada ne prenne pas les choses sérieusement. Je pensais pourtant avoir été suffisamment clair, qu'il avait compris que je souhaitais une réelle opposition. Mais d'un autre côté il ne fallait pas que je m'attende à grand chose venant d'un type appartenant au clan le plus détendu de Suna. Parfois je me demande combien de temps il leur faut pour assimiler une information. Jax est aussi un peu lent d'esprit. Est-ce une sorte de faiblesse clanique?

- "Je pensais qu'on allait directement passer aux choses sérieuses, pas qu'on allait s'amuser..." je regrette presque mon pantin, tiens. "Arrête de me faire perdre mon temps!"

Je retourne l'une de mes paumes vers le ciel et du sable vient s'y loger de manière à former une sphère. Je la décoche ensuite en direction de mon adversaire et effectue une nouvelle série de mudras dans la foulée. Un poing de silicium de taille suffisamment respectable pour être pris au sérieux se forme alors pour fondre vers l'adversaire. Quel plaisir de se battre sur un terrain favorable...

Je n'essaie pas encore de blesser mon adversaire. Mais j'espère que mon assaut le motivera à se sortir un peu les pouces d'un endroit que la bienséance m'empêche de nommer. C'est le moment de savoir s'il vaut mieux que mon pantin d'entraînement...

Résumé:

Le saligaud avec son sunaton ! Je me réceptionnais en glissant sur le sol et observais ses gestes pour contrer mon offensive. Un cocon de sable lui avait suffit pour se protéger. Soit. Ce Kawaguchi pouvait utiliser ce genre de défense, ce qui était logique. Il n'y aurait qu'un débile pour ne pas y avoir pensé en maîtrisant le sable. Mais son petit tour n'avait pas tenu face à ma lame en tout cas. Ce qui signifiait qu'en frappant assez fort on pouvait le rompre. Le truc c'est qu'avec son chakra il pouvait forcément le densifier comme il le souhaitait. On pouvait faire plein de choses avec notre chakra...
Mais je n'avais pas le temps de me perdre dans mes pensées, l'autre aboyait déjà. Il voulait passer aux choses sérieuses ? Ne pas perdre son temps ?

- Ha ! Très drôle...

Il était du genre à foncer dans le tas hein ? Sa riposte arriva dans la seconde. D'abord un premier projectile de sable se pointa et explosa avant de m'atteindre en libérant ses grains. D'instinct je décochais une rafale de vent qui rentra en collision avec ce sable pour m'en débarrasser. Mais derrière, un poing de sable m'arrivait dessus. Je fis quelques sauts en arrière pour gagner des secondes et préparer une technique. Des bourrasques en veux-tu en voilà. Une puissante petite tempête unidirectionnelle vint stopper l'avancer du poing de sable. D'ordinaire cette technique inflige aussi des brûlures et assèche tout ce qui est liquide, mais là impossible.

Enfin bon, je contournais rapidement ce poing effondré puis fonçais en sa direction en courant du plus vite que je pouvais. Mon but n'était pas de me sacrifier. Sur ma lancée je fis apparaître deux clones de chaleur à mes côtés. Eux allaient se flinguer pour moi. Si au début ils courraient à mes côtés, chacun d'eux parti en diagonale sur la gauche pour le premier et sur la droite pour le deuxième. Enfin à une quinzaine de mètres du Kawaguchi ils foncèrent sur lui comme des forcenés un peu kamikazes alors que moi je m'étais stoppé net pour les faire exploser une fois à son contact. En explosant, les deux libéreraient des vagues de chaleur assez élevées pour brûler la peau de n'importe qui. Ces clones étaient de vraies bombes puisque s'il les détruisait ils libéreraient quand même leur petite douceur. Il en avait un sur sa droite, et un sur sa gauche.

Utiliser mon chakra plusieurs fois de suite comme ça m'essoufflait, sans compter ma petite course. Ce gars n'avait quand même pas l'air nul. Et c'était le premier Kawaguchi que j'affrontais.

- Moi je dis qu'on s'amuse !

Un léger rictus sur mon visage, je disais ça ironiquement bien sûr. En réalité faire autant d'effort ne m'éclatait pas vraiment. C'était plus quelque chose auquel je me résignais pour l'entraînement.

Résumé:

♫:

Bon et bien il est plus réactif que son attitude le laissait présager. Je ne sais pas vraiment si je suis irrité ou satisfait. Je ne pensais pas qu'un Yamada serait en mesure de se défendre efficacement de mes techniques. Bon il est vrai qu'ils restent basiques mais je m'attendais à ce qu'il ait plus de difficulté à les parer. Finalement les choses risquent de devenir plus intéressantes, comme j'étais en droit de l'espérer. D'autant plus que ce type a décidé de passer à l'offensive!

- "Ha, tout de même..."

Je fronce les sourcils en le voyant effectuer des mudras puis un petit sifflement quand deux clones apparaissent. Les copies sont extrêmement précieuses en combat et nombreux sont ceux qui sous-estiment leur efficacité. Visiblement mon adversaire ne semble pas de ceux-là. Je fais à mon tour quelques bonds en arrière puis effectue une série de signes.

- "Tu veux jouer? Alors jouons!"

Cinq clones à mon apparence font à leur tour leur entrée en scène. Deux se détachent immédiatement du lot pour venir contrer leurs adversaires qui tentent de me déborder Les trois autres restent entre Tetsui et moi. Il a décidé de stopper sa course et j'en profite pour faire quelques bonds en arrière afin de garder une distance raisonnable entre nous. C'est avant tout mon ninjutsu que je souhaite entraîner. Je me rabattrai sur le taijutsu si cela s'avère nécessaire uniquement. Quoi qu'il en soit je compte sur mon trio de copies pour le retarder suffisamment s'il tente de s'approcher à nouveau. Ces dernières se mettent donc en position défensive, prête à accueillir le Yamada. Comment s'appelle-t'il déjà? Tutsei? C'est quelque chose comme ça il me semble. Bref, ce n'est pas comme si ça avait de l'importance. S'il arrive à me blesser je lui ferai peut-être l'honneur de me rappeler de son prénom...

En attendant il convient de regagner l'avantage maintenant qu'il joue la carte de l'offensive. Je crois que mes clones ont suffit à distraire ses copies mais l'original risque de poser plus de problèmes. C'est précisément ce que j'espérais à vrai dire? Mais je commence à de moins en moins apprécier le fait qu'il ose me tenir tête. Je suis peut-être trop indécis ou alors Tsuki a en partie déteint sur moi. Quoi qu'il en soit je ne compte pas rester retranché longtemps!

J'effectua une nouvelle série de mudras puis observe avec un léger sourire des tentacules de sable se former et fondre sur mon opposant. Je vais commencer par tenter de le briser dans son élan, dans son rythme. Il m'a peut-être un peu trop pris au mot lorsque je l'ai enjoint de se battre. Maintenant il s'agit de tempérer ses ardeurs. Une victoire est plus savoureuse encore lorsqu'elle sait se faire attendre. Voyons déjà comment il réagira à ça. Et si le combat se prolonge j'aurai peut-être l'occasion de tester véritablement ma stratégie de défense...

Rapidement le Kawaguchi fit apparaître cinq clones de lui-même et deux vinrent à la rencontre des miens sur ses flancs. Mes clones de chaleur étaient de toute façon destinés à se détruire pour blesser l'adversaire, sauf que là ils explosèrent chacun sur ces faux Kawaguchi. Il en restait trois entre lui et moi. La chaleur dégagée par mes clones créait deux petites zones de fournaise éphémères. Inutile vu que les doubles restant se situaient entre moi et lui. Il aurait fallu qu'ils s'y jettent de suite. J'eus le temps de lâcher un soupire pour montrer que ça me saoulait. Il était un adversaire avec qui il fallait plus que des techniques. Il fallait en avoir dans la tête. Mon intuition me le disait malgré que pour le moment nous nous battions selon un schéma plus que classique. Attaque riposte attaque riposte. Et je ne pouvais aucunement utiliser le terrain...

Il avait l'air joueur le bonhomme de sable. Mais pas moi, j'avais plaisanté en disant ça.
Comme ses clones me bloquaient le passage... je réfléchissais deux secondes. Les laisser vivant c'était m'embêter pour la suite. Les surveiller à longueur de temps était la chose à éviter. Alors je lançais trois shurikens dans une rafale de vent à leur destination. Placés en ligne, ils avaient pour but de se loger dans chacun des faux ennemis.

Suite à ça, je le vis effectuer une série de mudras et à toute vitesse arrivèrent sur moi plusieurs tentacules de sable. Beurk des tentacules ! Je n'avais pas intérêt à ce qu'elles m'attrapent. Je fis un grand saut dans les airs et quelques mudras plus tard je visais ces vilaines avec mon Renkudan. C'était trente boulets d'airs très puissants et rapides que j'envoyais pour réduire ces membres de sable en gruyère, puis profitant de quelques boulets restant je les envoyais aussi sur mon adversaire. Quand je retombais sur le sol les restes des tentacules étaient derrière et je profitais de l'occupation que je lui avais envoyé pour foncer en sa direction. Le visage concentré.

* Comment vas-tu réagir à ça avec ton sable ? *

Au fur et à mesure de ma course je chargeais la paume de ma main en chakra de chaleur et en fûton prêts à être relâchés brutalement au bon moment. C'était à moins de dix mètres de ma cible que je lui offrais tout ça par le biais de cette paume de main bien brûlante. Ma technique n'avait pas besoin d'un contact direct ni d'aucuns mudras. C'était un contrôle interne entre mon chakra, ma particularité et mon affinité élémentaire. Le choc était puissant grâce au fûton, et il infligeait des dégâts supplémentaires avec sa température extrême obtenue grâce à ma maîtrise de la chaleur.

- Seikyou Shougeki Yakedo !

J'avais néanmoins pris soin de ne viser aucun de ses organes vitaux. S'il voulait un tueur ce n'était pas moi qu'il lui fallait.

résumé:

♫:

Le combat devient de plus en plus intéressant mais si nous revenons l'un et l'autre sans cesse à la case départ. J'observe avec intérêt mes clones se faire frapper par les projectiles de mon adversaire puis leur apparence changer lorsqu'ils redeviennent du sable qui tombe en cascade sur le sol. Le terrain est désormais débarrassé de nos copies et il ne reste plus que le Yamada et moi. Je dois reconnaître que je préfère quand c'est ainsi puisqu'il s'agit de se concentrer sur un seul ennemi et non sur plusieurs. Ce qui ne signifie pas que la tâche sera plus aisée...

Je lâche malgré moi un soupire d'exaspération lorsque mes tentacules sont fauchées par une autre attaque futon. Celles qui n'ont pas été entièrement lacérées retombent à leur tour sur leur sol après un dernier soubresaut. J'avais espéré qu'elles donnent un minimum de fil à retordre au Yamada mais je me suis visiblement trompé. Dommage. Ça confirme la valeur de mon adversaire et renforce l'intérêt de notre entraînement. Mais ça signifie également qu'il va falloir que je déploie plus de chakra que je l'avais tout d'abord imaginé. Et le voilà qui me demande comment je vais réagir à son petit tour. Je n'ai guère le temps de répondre puisqu'une partie des boulets d'airs me prennent pour cible.

Je fléchis les jambes et roule sur le côté pour les éviter avant de me redresser et faire un vague signe de la main pour me débarrasser du sable qui recouvre une partie de mes vêtements. Et c'est tout d'abord par un sourire que je réplique à la remarque de mon adversaire. Il est doué, c'est vrai! Mais il ne devrait pas sous-estimer un adversaire qui se bat sur un terrain qui lui est favorable. Mais peut-être qu'il est dans mon intérêt de le pousser à la confiance en attendant le moment propice pour le mettre à terre? Après tout un adversaire rassuré est un adversaire moins méfiant...

- "Je reconnais que tu es plus doué que je l'avais imaginé. Mais ne t'emballes pas trop vite mon pote, tu es loin d'avoir gagné!" je me remets en position défensive. "Très loin, même..."

Je joue finalement la carte de l'effronterie, peu désireux de lui laisser miroiter une victoire qu'il ne peut obtenir. Mais il est déjà sur moi, profitant de la distraction de sa dernière attaque pour m'attaquer au corps à corps. Du moins est-ce que je crois puisqu'il frappe l'air à une dizaine de mètres de moi. J'ai à peine le temps de faire quelques mudras pour ériger un cocon de sable autours de moi. Cocon suffisant pour absorber le choc de l'impact mais pas la chaleur qui l'accompagne.

Je sens le température augmenter brusquement et mon épiderme protester par des vagues de douleur. Je serre les dents et observe le silicium qui constitue ma défense changer d'apparence à certains endroits. Du verre? Je laisse retomber ma protection au sol et me dévoile à nouveau. Mes vêtements fument et je porte des traces du brûlures sur les parties exposées de ma peau. Mais la douleur reste fort heureusement supportable. Les Yamada...

- "Quel est ton prénom déjà?" je hausse les épaules avec nonchalance. "J'ai bien peur de ne pas l'avoir retenu...."

Il a su gagner mon intérêt et j'aimerais pouvoir appeler cet adversaire par son prénom. Un semblant de reconnaissance qu'il mérite au vue des capacités qu'il a montré jusqu'à maintenant. Dois-je envisager la défaite? Non, tout de même pas. Mais la victoire ne sera sûrement pas aussi facile à obtenir que je l'avais tout d'abord escompté. Je m'en félicite car je sortirai grandi de ce duel. Mais mon ego, lui... Disons qu'il a prit un sale coup...

- "Bien! C'est fini pour l'échauffement!"

Je fais à nouveau quelques bonds en arrière pour garder une distance raisonnable entre mon adversaire et moi. Je n'aurai pas l'avantage au corps à corps contre un type capable de manier la chaleur. Il s'agit de rester à une distance raisonnable sans quoi je risque d'être transformé en torche humaine. Idée qui, vous vous en doutez, n'a pas vraiment ma sympathie...

Je reconstitue une boule de sable dans ma main et la projette alors vers mon adversaire. Une technique destinée à l'aveugler et à préparer le terrain pour la suite de mon offensive. Sitôt mon projectile décoché, je fais quelques mudras qui agitent le sable sur le flanc du Yamada. L'avantage quand du sable recouvre tout le terrain comme c'est le cas ici, c'est que je peux lancer des attaques d'a peu près n'importe où. Pourquoi me priverais-je d'un tel avantage.

Tandis que ma première attaque se divise en milliers de minuscules grains de sable pour distraire mon opposant, c'est un Shukaku de taille respectable qui fait son apparition. Un hommage au Bijuu auquel on a érigé un temple à Kaze. Je ne sais pas si son apparence suffira à impressionner le Yamada. L'a-t'il seulement vu? Mais ce qui est certain c'est que la puissance de l'attaque devrait l'inquiéter...

La réplique de sable charge ainsi mon adversaire, prêt à s'écraser de toute sa masse sur lui...

L'autre reconnaissait que j'étais doué apparemment. Mais la victoire était loin qu'il disait. Loiiiiin très loiiiiin. Bah. Qui parlait de victoire de tout façon ? On s'entraînait c'est tout. C'était lui qui focalisait sur qui serait le vainqueur. Il était réactif en tout cas, puisqu'il avait déjà érigé un cocon de sable qui me semblait plutôt résistant. Malgré tout cela ne changerait rien au fait que ma technique laisserait pénétrer toute ou une partie de la chaleur concentrée dans la paume de ma main à l'intérieur de sa protection. Sur un corps cela se traduisait par le fait que mon Sekyou Shougeki Yakedo brûlait les muscles et les organes internes en plus de laisser des marques visibles à l'extérieur et projeter l'adversaire s'il ne se protégeait pas. Le Kawaguchi devait donc se brûler un peu depuis l'intérieur de son habitacle. Sans compter le fait que le sable se transformait en verre face à de très hautes températures non, et ça commençait à certains endroits. La défense tomba alors, mais intentionnellement. Mon compagnon d'entraînement apparut fumant et avec de légères traces de brûlure sur quelques parties de sa peau. On marqua un léger temps de pause et il me demanda comment je me prénommais. Quel péteux quand même. Je lâchai un soupir agacé.

- … Tetsui. Et toi malpoli c'est quoi le tiens ?

Après ça il annonce que l'échauffement est terminé et s'élance en arrière à l'aide de plusieurs bonds. Il semble vouloir s'éloigner et préférer le combat à distance, mais c'est normal pour un manieur du sable. Dans mon clan, beaucoup manient le taïjutsu pour martyriser le corps de leurs adversaires au travers de nombreux coups bien placés. Le torse des victimes est ensuite sacrément amoché. Moi... je préférais me battre à distance ou à moyenne distance, j'avais donc adapté mon Shougeki Yakedo en fonction, pour éviter de trop m'approcher au possible. Peut-être qu'un jour viendrait le temps de la maîtrise du Taïjutsu, mais il y avait aussi des dons sensoriels à développer chez les Yamada. Mon père et Kioshi en étaient de bons exemples.

Il m'envoie ce même projectile que tout à l'heure pour me distraire. Pas le temps de me laisser avoir par ce stratagème, je le détruis avec une lame tranchante de fûton bien placée. Mais déjà à ma droite un shukaku du sable se forme assez rapidement. Avec du sable partout il est forcément avantagé. Puis quelques grains de sable viennent me gêner en s'infiltrant dans mes yeux. C'est chiant mais pas insurmontable pour un ancien nomade ayant connu quelques tempêtes de sable. Mais là, son Shukaku me fonce dessus assez rapidement. Peut-être qu'un rayon de chaleur à température extrême le ralentira un peu. Alors je tente. Assez rapidement je concentre ce qu'il me faut de chakra dans le bras et la main, absorbe ce qu'il me faut de chaleur, pour relâcher le tout dans un rayon constant vers ma cible. En même temps je recule d'un bond mais le Shukaku me percute quand même bien qu'affaibli. Mon corps est balancé une vingtaine de mètre plus loin et je mange du sable. Que je recrache. Avec un peu de sang aussi. Ce con m'a bien bousillé et ce sont mes bras et mon visage qui ont reçu. Je m'imagine alors la violence que cela aurait été si je n'avais pas endommagé son Shukaku avec ma Fondue du Sable. Sérieux... Je m'essuie un peu de sang avec le dos de ma main et me relève. Des égratignures sur la face. Et des bleus qui apparaîtront certainement plus tard.

- Ben tu rigoles pas toi ! Un Shukaku ? Adorer cette saloperie ça m'étonne pas d'un Kawaguchi...

Un adversaire comme lui c'est pas facile. Parfait pour tester ses limites je dirais.

- Je te rappelle qu'on ne se tue pas ! Mais je serais toi je me protégerais pour la prochaine.

J'allais lancer la technique qui me consommait le plus de chakra. Notamment parce qu'elle nécessitait de nombreux clones. Je l'avais bossé pendant de nombreux jours pour la perfectionner et en créer autant. J'y étais finalement arrivé et c'était l'occasion de la tester sur une cible vivante. Avec son sable il survivrait de toute façon. Il avait des défenses, moi non. Je réalisais les mudras nécessaires.

- Kage Bunshin, Mouka no Jutsu !

Vingt-cinq clones de chaleur apparurent à divers endroits du terrains et se plaçaient déjà de manière à quadriller la zone tout autour de mon adversaire. Boum. Un mudra supplémentaire les fit tous exploser en même temps, le Kawaguchi était en plein milieu. Le but était de le coincer subitement dans ce qui allait être une zone de fournaise insoutenable pour quiconque n'aimait pas la chaleur comme nous autres Yamada.

Résumé:

♫:

C'est plaisant de voir son adversaire commencer à courber l'échine? Ai-je pris l'ascendant? Non, je crois qu'il est trop tôt pour crier victoire même si je m'en suis visiblement rapproché. Pourtant ce Tetsui se relève à nouveau. Certes, affaibli. Mais pas assez pour jeter l'éponge. Je pousse un soupire de dédain en me demandant pourquoi l'humain ne comprend jamais quand il est dans son intérêt de rester au sol. Peut-être est-ce simplement dans notre nature que de lutter jusqu'à ce qu'on ait plus de force?

J'observe les blessures de mon adversaire puis le sang qu'il a recraché sur le sable. Personne ne devrait souiller ce dernier avec un sang impure. Je hoche la tête de droite à gauche tandis que je recroise les bras, paré pour la suite des événements. Le Yamada ne semble pourtant pas pressé de remettre le couvert et préfère discuter un instant. Ça me va! D'autant plus que la consommation continue de chakra commence à se faire sentir de plus en plus nettement. Que je le veuille ou non, ce combat ne pourra pas s'éterniser encore longtemps. Dommage... Cet adversaire est de valeur et je regrette de ne pas pouvoir poursuivre les festivités au-delà du raisonnable.

Je passe sur la remarque de Tetsui concernant la forme que j'ai donnée à mon attaque. Je ne me revendique pas comme l'un de ces fidèles que l'on trouve au temple de Shukaku. Je n'ai jamais réellement compris la religion et encore moins ceux qui y croient. Disons plutôt que mon jutsu est un hommage aux traditions de Kaze et certainement pas la preuve d'une quelconque adoration.

- "Il n'a jamais été dans mes intentions de te tuer..." je hausse les épaules. "Mais je ne vois pas non plus l'intérêt de s'entraîner sans avoir la victoire comme objectif. Ce serait un peu comme... manger un plat sans assaisonnement, pas vrai? Insipide et sans grand intérêt..."

Je lui décoche un regard entendu et m'autorise même un sourire. Je ne compte pas lui donner mon nom pour l'instant quand bien même il m'a donné le sien par politesse. Je décroise les bras et me met à nouveau en position défensive, conscient que l'interlude ne durera surement pas longtemps.

Et en effet Tetsui passe une nouvelle fois à l'attaque et semble bien décidé à me rendre la monnaie de ma pièce. Tant mieux! Je suis satisfait de voir qu'il prend désormais notre combat au sérieux mais ne m'attendais pas à une riposte pareille: je suis rapidement entouré de copies et je tourne la tête comme un animal pris au piège alors que je commence à les dénombrer. Une telle maîtrise du clonage force le respect même si je ne m'abaisserai jamais à le reconnaître...

Je fais quelques mudras et rassemble du sable autours de moi tandis que mes adversaires se positionnent autours de moi. Je ne sais pas ce qu'il a derrière la tête mais Tetsui va certainement mettre le paquet. Et la disposition des clones ne me dit rien qui vaille. Vraiment rien du tout... Et les événements me donnent raison quand quelques instants plus tard la chaleur augmente excessivement vite. Un cocon de sable se forme autours de moi mais je sens à nouveau la température interne dépasser le seuil tolérable. Ma peau commence une nouvelle fois à me brûler et je me force à faire une nouvelle série de mudras alors que je puise dans toute ma force mentale pour ne pas crier. Je renforce néanmoins suffisamment ma protection et lui offre l'épaisseur supplémentaire pour ne pas brûler sur place. Perspective peu réjouissante s'il en est...

Puis c'est le calme, le silence... Je laisse retomber ma double protection au sol sans pour autant prêter attention aux nouveaux morceaux de verre qui se sont formés. Le don des Yamada est très puissant, je le reconnais. Et je suis forcé de constater que je dois déployer des efforts supplémentaires pour m'en protéger efficacement. Je jette un regard aux cloques sur mes mains et serre les dents. L'enfoiré!

- "Tu as de la suite dans les idées, il faut bien te laisser ça..."

Un compliment? Pas vraiment! Il est doué, oui! Mais je le suis encore plus! C'est un fait! Et sur la durée j'arriverai à obtenir la victoire mais surtout à infliger une défaite à mon adversaire. Le seul soucis c'est que je puise dans mes réserves de chakra et je ne vois plus vraiment l'intérêt d'affaiblir mon corps déjà meurtri dans le seul but de flatter mon ego. Je songe aux conseils dispensés par mon grand-père lorsqu'il m'entraînait et baisse à nouveau mes bras, brisant la série de mudras que j'étais en train d'exécuter. Non, le jeu n'en vaut pas la chandelle...

- "J'abandonne..." je me redresse calmement. "En l'état actuel une victoire me coûterait trop cher et serait de bien peu de bénéfice par rapport aux inconvénients que j'en tirerais. Et je suppose que c'est également vrai dans ton cas! Quoi qu'il en soit je ne vois pas l'intérêt de poursuivre..."

J'ai rarement été à cours de chakra mais lorsque c'est arrivé il m'a fallu à chaque fois de longs jours pour récupérer. Des jours que j'aurais préféré passer à m'entraîner et non alité. Je me fiche pas mal de ce que mon adversaire peut bien penser de ma décision. Mais je lui laisse toutefois l'opportunité de poursuivre le combat s'il le désire. Je ne vais pas non plus tourner le dos et m'en aller. Déjà parce que j'étais sur place le premier. Et ensuite car je suis tout de même curieux de voir comment il va réagir. Va-t'il s'obstiner? Je tente de calmer ma respiration haletante tout en me demandant s'il verra l'intérêt d'arrêter les frais...

Le Kawaguchi était encerclé de mes clones, je m'amusais à le voir tourner la tête de chaque côté au fur et à mesure qu'il les découvrait. En effet la question n'était pas de savoir comment il allait pouvoir esquiver cette attaque mais plutôt, comment pourrait-il la subir ? En réalité, un adepte du taïjutsu uniquement aurait beaucoup de mal à se protéger contre cela. Mais ce manieur de sable possédait le don parfait pour se protéger et ne pas voir sa peau et sa chair brûler vulgairement. Un léger rictus se dessina sur mon visage. C'était à la fois de la concentration et de l'amusement à voir le résultat d'une telle technique qui m'avait bien coûté des jours et des semaines d'entraînement avant de la maîtriser comme cela.
Rassembler du sable autour de lui, j'avais comme une sensation de déjà-vu. C'était là la manière de se protéger de mon adversaire. Caché dans un petit cocon de sable durci. Du coup mes clones explosèrent et libérèrent leur fournaise quand ce dernier était déjà à l'abri. Bon tant pis. Je verrais quand même ce que ça donne sur son cocon de sable et si ça l'atteint quand même. De toute façon on se battait entre shinobis de Suna portant le même bandeau. On n'allait pas se tuer l'un l'autre. Même si à y réfléchir les techniques utilisées jusqu'à maintenant avaient la prétention d'être blessantes et mortelles contre de réels adversaires.

Pendant quelques instants, le temps que la chaleur attaque et fasse son effet, c'était le calme plat. Je sentais moi-même cette fournaise se répandre de là où j'étais, appréciant sa douceur à sa juste valeur. Puis elle se dissipa, encore un peu de silence, et la protection de sable s'effondra dans un léger fracas de morceaux de verre crées par l'extrême température. Heureusement l'autre était vivant. Haletant mais vivant. Il semblait s'être brûlé les mains. Moi de mon côté je commençais vraiment à être essoufflé aussi. Le chakra consommé se faisait sentir. Nous n'étions pas des cuves de chakra toujours remplies. Quelle image. Non, on ressemblait plutôt à des piles saibogu qui se déchargeaient plus ou moins rapidement.
Mon camarade d'entraînement s'apprêtait pourtant à relancer une technique, le fou, mais stoppa ses mudras après avoir avoué que j'avais de la suite dans les idées. Là, il baissa les bras. Puis calmement il annonçait son abandon. Un léger rictus sur mon visage encore une fois suivi d'un léger souffle discret. Il avait raison. Personnellement dans l'état actuel des choses, j'avais la flemme de pousser encore plus sur mes réserves. Rester couché pendant 48h ensuite ne me branchait pas plus que ça. Je me redressai et lui répondis :

- Très bien on arrête, je suis d'accord !

Je frôlai mes blessures au visage en grimaçant. Ouais. Je voulais vraiment pas m'abîmer la gueule plus que ça. Pas la peine.

- Tu m'as bien amoché ! … Bidule...

Et je savais toujours pas comment il s'appelait. Je m'approchai doucement.

- Les brûlures ça va ? Je peux abaisser la température là où ça te chauffe sinon.

Enfin bon.

HRP:

♫:

Tetsui semble également avoir compris que poursuivre le combat n'aurait pas le moindre intérêt. Pourquoi pousser le vice jusqu'à vouloir absolument remporter une victoire somme tout symbolique puis à passer plusieurs jours alités pour récupérer d'une consommation trop importante de chakra? Lui et moi sommes des shinobis! Et en tant que tels nous ne devons pas oublier qu'il y a des combats plus importants qu'un simple entraînement qui nous attendent.

Je lui confirme d'un signe de tête que nous allons donc en rester là et me dirige vers le banc où j'ai déposé mes affaires. J'essuie rapidement la sueur qui coule sur mon visage avec ma serviette puis prends quelques gorgées d'eau. Juste ce qu'il faut pour épancher ma soif et hydrater ma gorge sèche. Trop boire après un effort conséquent est l'une des choses déconseillées par les instructeurs de l'académie. Et je dois bien reconnaître qu'ils ont souvent raison lorsqu'il s'agit de notre santé.

Mes blessures sont douloureuses mais supportables pour l'instant. Mais l'adrénaline commence à se dissiper et peu à peu la souffrance s'affirme. Je jette un regard irrité sur ma peau brûlée puis me fend d'un léger sourire lorsque le Yamada ajoute que je l'ai bien amoché.

- "Évidemment!"

Mon sourire s'accentue. Il ne s'attendait tout de même pas à ce que je le ménage, non? Et puis il n'a pas été en reste non plus puisque j'ai été plus blessé que j'aurais pu l'imaginer au début de notre affrontement. Je ne sais pas vraiment si c'est ma fierté ou simplement mon arrogance qui s'exprime mais dans tous les cas il me semble tout à fait normal qu'il soit dans un état semblable au mieux. Le contraire m'aurait non seulement étonné mais m'aurait poussé à me remettre en question. Un exercice qui n'est jamais très agréable...

- "Moi c'est Kira..." je m'allume une clope et m'installe sur le banc. "Quant à mon nom de famille... tu en as déjà une idée assez précise, je suppose!"

Puisqu'il s'est révélé être un adversaire honorable et de valeur, je ne vois plus aucune raison de ne pas me présenter à mon tour. La politesse - tout comme le respect - n'est pas un droit mais quelque chose que l'on gagne. Toutes ces conventions sociales nous font oublier l'essentiel: les êtres humains ne sont pas égaux. Seuls les utopistes et les faibles pensent le contraire. Notamment parce que les avantages dans un monde ou seule la loi du plus fort devrait faire office de règle.

Je lève une main apaisante lorsque Tetsui m'offre d'abaisser la température au niveau de mes blessures pour les rendre plus supportables. La douleur n'est pas une ennemie, bien au contraire. Il faut savoir l'apprivoiser et comprendre ce qu'elle tente de nous enseigner. Elle nous aide à progresser vers l'excellence et nous rappelle nos faiblesses. Elle n'est pas agréable pour autant, c'est certain. Mais c'est un outil comme un autre pour nous aider à devenir plus puissant. Le jour où je ne ressentirai plus la moindre souffrance alors ce jour-là je saurai que je suis un shinobi confirmé et que j'aurai atteint les objectifs que je me suis fixés.

- "Merci mais... non merci!" je tire une longue bouffée sur ma cigarette. "Ces blessures me rappelleront notre combat et les progrès qu'il me reste à faire! Et puis de toute façon le temps se chargera de les résorber à son rythme!"

Il y a également le fait que je ne veux rien devoir à quelqu'un que je viens à peine de rencontrer et qui n'est pas un Kawaguchi. Je me doute bien que l'offre est désintéressée mais à nouveau c'est ma fierté qui prend le dessus sur le bon sens. Et puis si vraiment ces brûlures m'empêchent de m'entraîner convenablement je me tournerai vers l'une des guérisseuses de mon clan. Ce n'est guère plus compliqué que cela...

- "Tetsui, hein?" ce prénom me dit quelque chose. "Yamada Tetsui... Tu ne serais pas ce genin qui a foiré deux années de suite ses examens à l'académie?"

Oui, il me semble que c'est ça! Je fronce les sourcils, coudes en appuis sur les genoux tandis que je continue de l'observer. On doit avoir plus ou moins le même âge et je l'ai peut-être côtoyé un temps à l'académie. Ne serait-ce pas lui qui a un lien de parenté proche avec notre incapable Kage? Je fouille ma mémoire à la recherche d'autres indices mais puisque je ne m'occupe guère de ceux qui ne sont pas de mon clan je ne trouve rien de plus probant.

- "Pour ce que j'en ai vu aujourd'hui, tu es plutôt doué!" voir simplement doué même si je me refuse à le complimenter. "J'ai un peu de peine à croire que tu aies pu échouer à des tests aussi basiques que ceux de fin de formation... Tu m'expliques?"

Je suis réellement curieux d'en apprendre plus ce qui me semble être un non-sens. Soit il a progressé extrêmement rapidement, soit il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Peut-être que l'un des instructeurs en avait fait sa tête de Kumojin est s'est fait un malin plaisir de le faire foirer ses examens. J'espère que c'est quelque chose dans ce genre-là car si notre égalité ne me fait déjà pas particulièrement plaisir, être tenu en échec par un sous-doué est une perspective bien désagréable...

Malgré notre entraînement qu'on pouvait qualifié d'égal à égal, ce type semblait toujours fier et impétueux. Ses gestes et paroles venaient le confirmer. Il avait au moins assez de bon sens pour se présenter enfin. Il devait croire que connaître son prénom était un privilège accordé à de rares élus. C'était plutôt marrant à mon avis s'il pensait de cette manière là. Pour lui montrer que je notais son prénom je ne fis qu'un simple acquiescement.
Il était d'ailleurs tellement fier qu'il refusa même que je lui soulage ses blessures comme je le pouvais. Je haussai les épaules. Bah, ce serait du chakra d'économisé pour moi. Puis je n'étais pas reconnu comme un ninja médecin de toute façon. Son prétexte était que les blessures allaient lui rappeler combien il devait encore progresser. Il me fit sourire en disant ça tiens. Ce n'était pas mon genre de penser comme ça. Mais c'était un cas récurrent chez nombre de shinobis férus d'entraînements et déterminés à devenir de plus en plus puissants.

- Ah ! Comme tu veux.

Puis il changea de sujet de conversation pour amener celui de mon identité. Mon prénom lui disait quelque chose. Il était même au courant que j'avais foiré deux années de suite mes examens à l'académie. Ce qu'il ne savait pas c'était pourquoi. Seuls mon père et d'autres comme Yamada Kioshi le savaient. Peut-être mes anciens profs aussi, qui savaient très bien mes capacités mais ne pouvaient ignorer un résultat officiel à un examen. Prisonniers d'un système qu'ils étaient les pauvres. Mais c'était du passé. Kira m'interrogea alors pour savoir le pourquoi du comment. Il ne croyait pas que j'aie pu foiré des examens aussi basiques. Et ses sourcils étaient froncés tandis qu'il m'observait en attendant une explication. Ah que c'était chiant d'expliquer ça. Je pris un air blasé et soufflai d'avance.

- Si c'est bien moi.

Je me fichais bien de ce que l'on pouvait penser de moi alors je lui expliquais le nécessaire à sa compréhension.

- Tu te rappelles la guerre contre Konoha ? Ma mère y est morte en shinobi lors d'une mission suicide orchestrée par le Kakumeigun. Après ça je n'avais que faire de devenir un shinobi si ça signifiait obéir à des dirigeants qui envoyaient les gens à la mort et qui en causaient bien d'autres... Surtout quand on voit le passé de Suna en terme de Kages. Ils n'ont jamais été roses les types.

Là on aurait pu partir dans un mélodrame ou chanter un air d'opéra pour exprimer mes sentiments et mes ressentis par rapport à tout ça. Mais ça n'en valait pas la peine et c'était pas mon genre du tout.

- Enfin bref. J'ai jamais été débile hein. C'était par simple esprit de rébellion et de j'men foutisme que j'ai fais exprès de foirer ces examens. Puis après deux ans j'ai arrêté les conneries pour enfin avancer.

Mon clan n''y avait pas été pour rien à cette décision. Ni l'honneur que je voulais faire à mes parents en suivant leur voie. Dans l'idée je deviendrai un ninja tellement modèle qu'on ne pourrait rien me reprocher et que j'enverrai chier tous ceux qui avaient des idéaux un peu sombre. Et tous ceux qui avaient des idées de chaos enfouis en eux. Tandis que je tisserai mon chemin en toute tranquillité.

- Allez assez parlé de moi ! T'as rien à raconter ?

♫:

Il me confirme que c'est bien lui qui a échoué plusieurs années de suite aux examens de fin d'académie et mon regard se fait un instant moqueur avant de devenir compréhensif. Je sais pertinemment que je ne suis pas le seul à déplorer la perte d'un membre de sa famille proche suite au conflit avec Konoha. La plupart des ménages du village ont été touchés par cet événement et je suppose qu'il reste bien présent dans ce que l'on pourrait qualifier de mémoire collective des Sunajins. Chaque personne a sa façon d'exprimer sa douleur et si celle choisie par Tetsui reste étrange à mes yeux je me garderai bien de la juger...

- "Je comprends mieux..." je soupire. "Oui, bien sûr que je me rappelle de la guerre contre la Feuille. Ce conflit m'a arraché mon père et a indirectement causé la mort de ma mère. Je peux comprendre ta réaction..."

Je me sens désormais un peu plus proche que lui, comme si ce point commun était vecteur d'empathie. Peut-être est-ce seulement une réaction humaine. Il y a des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter. Il faut juste les accepter. Pourtant ça ne me dérange pas tant que ça à vrai dire. Les Yamada sont l'un des clans que je respecte le plus à Suna quand bien même ils ne sont pas très élevé sur mon échelle de sympathie. En réalité c'est surtout au Kage que j'en veux. Pas au reste des Yamada... Je me contente de les percevoir comme des gêneurs dont il faudra se débarrasser un jour ou l'autre. Mais leur mort n'est pas une priorité pour l'instant...

- "Les Kage et les autres figures d'autorité ont tendance à oublier que les shinobis ne sont pas que des pions qu'ils peuvent sacrifier à leur guise mais également des êtres humains avec des familles et des sentiments!" je lève les yeux en direction du palais. "Un jour ou l'autre ils devront rendre des comptes pour les erreurs qu'ils ont commises et qu'ils commettront inévitablement à nouveau. La mort s'est déjà chargée d'en emporter quelques-un mais ceux qui restent devraient vivre avec la peur d'un retour de bâton bien mérité..."

Je m'abstiens néanmoins d'en dire plus sur le sujet. Si le Kakumeigun de l'époque avait semble-t'il déjà ses torts, que dire de l'actuel? Dirigé par une femme qui n'a même pas ses preuves au sein de l'unité spéciale et incapable de retrouver le meurtrier de la Godaime? Est-ce de bon augure? Et le Kage actuel n'arrive même pas à vivre avec le poids du passé alors comment pourrait-il nous conduire vers l'avenir? Je suis pessimiste mais on ne m'a pas donné de raisons d'être optimiste...

- "Moi?" je reprends une gorgée d'eau. "Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais te dire d'intéressant à mon sujet... Et pour être honnête je doute que tu trouves mon passé passionnant. Mais si tu as des questions, pose-les. Je verrai ensuite s'il convient d'y répondre ou de faire semblant de ne pas les avoir entendues..."

Je lui décoche un léger sourire puis grimace quand je frotte ma peau brûlée contre ma bure. Les brûlures sont souvent les blessures les plus gênantes. Notamment car ça demande du temps pour que la peau perdre l'hypersensibilité qui en résulte. Je crois qu'un passage chez l'une des guérisseuses de mon clan s'impose de plus en plus si je veux profiter des jours suivants pour m'entraîner correctement.

- "En fait... Tu connais plutôt bien le Kage sauf erreur? Tu es quoi son cousin, son neveu?" je marque une pause. "Qu'est-ce que tu penses de lui? Honnêtement hein! On raconte que la perte de la Godaime a été un coup dur dont il ne s'est pas vraiment remis. Mais tu sais ce que c'est... on est jamais sûrs de rien avec les rumeurs..."

Je suppose que même s'il a des griefs à son encontre il ne les partagera pas. Chaque clan évite de parler de ses soucis internes et c'est parfaitement logique. Mais je n'attends pas des critiques de notre dirigeant mais bien des informations que je pourrais éventuellement exploiter. Après tout la connaissance est une arme parfois fort utile pour peu qu'elle soit bien utilisée...

J'étais resté un temps silencieux quand il disait comprendre parce que cette guerre lui avait aussi coûté un père, puis une mère. Il était orphelin et j'en étais désolé. J'avais ce réconfort d'avoir au moins mon père avec moi. Cette information sur la vie du Kawaguchi ne nécessitait pas de réponse néanmoins. Je n'allais pas lui balancer un énième « désolé » ou encore un truc du genre « trop cool on a un point commun toi et moi ». Non, je lui exprimais ma compréhension par le silence.
Il ajoutait quelque chose quand je parlais de nos dirigeants pas toujours très glorieux. Aucun ne méritait mes louanges. Encore moins Zanshi à mes yeux.

« Et pourtant à leurs yeux nous en sommes, des pions. Mais... eux aussi d'une certaine manière. Je suis assez d'accord, mais je n'irai pas jusqu'à dire qu'on puisse prédire l'avenir et les actions de quelqu'un. »

Je marquais alors un temps de pause puis demandais l'air de rien.

« J'imagine que tu voudrais être celui qui inflige ce retour de bâton s'il en vient un ? »

Je posais la question car le Kazekage actuel était mon cousin germain : Kioshi. Nous étions proches lui et moi et il était ce qui se rapprochait le plus d'un grand frère. J'avais perdu un petit frère nourrisson dans le désert et lui aussi. Nous avions plus d'un point commun. Mais ce fait peu connu n'était pas la cause de mon surnom. Le « Sosie », je ne comprenais définitivement pas d'où ça sortait, ça devait être un peu de tout à la fois pour ceux qui m'appelaient comme ça, qui sait...

On en arrivait au moment où je lui demandais si lui n'avait pas des choses à raconter sur lui. Histoire que je ne sois pas le seul à parler de moi, ce qui me gonflait un peu à vrai dire. Et si moi je jouais le jeu, ce n'était pas son cas puisqu'il annonçait d'office que son passé n'était pas passionnant. Qu'il verrait s'il répondrait à mes questions ou pas. Bof, je n'avais pas pour intention de lui faire passer un interrogatoire. Il semblait encore gêné par les brûlures que je lui avais infligé... je ne montrais pas mon amusement, je faisais comme si de rien n'était. Puis il lança le sujet de Kioshi et de la Godaime. Je me grattais la tête naturellement.

« Kioshi est mon cousin ouais. Je pense qu'il fera un bon Kage. Au moins il n'a pas l'esprit calculateur des autres, ni leurs parts d'ombre. Tu vois... Zanshi était une nukenin avant, et on l'a placé en tant que Kazekage... faut arrêter de se foutre de notre gueule. On ne renie pas ce qu'on est, et ça valait aussi pour elle. »

Je croisais les bras maintenant.

« Si si il se remettra bien de sa mort, c'est facile de trouver mieux qu'elle. Personnellement, ça ne m'a pas atteint le moins du monde... La Godaime était à la tête du Kakumeigun quand l'ordre de mission a été donné pour ma mère. Donc je pense que t'as pas besoin que je te fasse un dessin. »

Je me demandais maintenant ce qu'il pensait de cette femme détestable.

« Et toi t'en penses quoi ? »

J'attendis sa réponse, puis je faisais comprendre que j'allais commencer à tracer chemin pour rentrer.

« Tu restes ici toi ? Je vais filer moi, on se reverra sûrement ! ».

Il partage mon avis sur le fait que nous sommes des pions. Tant mieux! Ça semble confirmé que pour un Yamada il n'est pas si stupide que ça. Peut-être qu'il y a de l'espoir pour certains membres de ce clan. Enfin, de l'espoir... Le mot est peut-être exagéré. Il reste un clochard parmi les clochards. Une tâche sur les armoiries de Kaze que je m'emploierai à nettoyer dès que j'en aurai le pouvoir. Pour le moment je vais simplement me contenter de hocher la tête puisque j'approuve en partie ses propos.

Il me demande ensuite si j'aimerais être celui qui inflige le retour de bâton dont je parlais. Évidemment! Mais s'il croit que je vais lui avouer de vive voix ce point il se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'à l’omoplate. Comme si j'allais oublier que je m'adresse à celui que certains surnomme le mini Kioshi! Je serais bien stupide de préciser au neveu du Kazekage que j'ai envie de faire payer notre dirigeant. Il s'empressera d'aller répéter mes propos à qui de droit dès qu'il en aura l'occasion. Je me méfie de ce clan de gueux. Mais davantage encore de ceux qui semblent vouer un amour aveugle à leur famille. Même moi qui suit pourtant très proche des miens j'arrive à faire la part des choses. Alors bon... Rebelle, certes. Mais pas stupide...

"Qu'est-ce qui te fait croire ça?" le ton est innocent. "Je n'oserais pas m'élever contre notre dirigeant. Traites-moi de traître tant que tu y es..."

Mon intuition se confirme quelques instants plus tard lorsqu'il vante les mérites du Kazekage. Si Tetsui ou son avis comptaient un tant soi peu pour moi je prendrais sans doute la peine de lui démontrer que son oncle n'est qu'un incompétent. Qu'il n'a pas été capable de faire la lumière - ou de nommer des personnes capables de faire la lumière - sur l'assassinat de la Godaime. Que l'image qu'il donne du village est déplorable au même titre que les rangées de tentes qui défigurent Suna. Et qu'il n'a guère prouvé au fil des mois qu'il avait ne serait-ce que le dixième de l'envergure de Zanshi. Mais je n'ai pas de temps à perdre dans un débat stérile...

Il s'acharne d'ailleurs sur Zanshi et je lâche un léger rire entre deux bouffées de cigarette. Et j'attends qu'il me demande mon avis pour enfin l'exprimer clairement. Ne le décevons pas...

"Ce que j'en penses, hein?" je croise son regard. "J'en pense que Zanshi avait certainement de bonnes raisons de sacrifier ta mère et ses camarades. C'est souvent dans les temps de grandes difficultés qu'on a recours à des méthodes si extrêmes. Mais malgré ta rancoeur je suppose que le détail le plus important ne t'a pas échappé pas vrai?"

Je marque quelques instants de pause avant de poursuivre. Le temps de lui laisser l'opportunité de réfléchir à un point qui me semble pourtant évident. Je ne sais pas s'il est arrivé à la même conclusion que moi mais dans le doute je juge utile de préciser mon argumentaire:

"Qui est-ce qu'on sacrifie en premier?" Ca y est, tu tiltes? "Hé oui... Tu ne veux certainement pas entendre ça mais c'est souvent les plus faibles qui sont envoyés au massacre. Il faut croire que ta mère n'était pas utile à la survie de Kaze et de Suna si Zanshi a jugé bon de l'envoyer au suicide. Il faut bien séparer le grain de l'ivraie. Et quelle meilleure occasion qu'une guerre pour y parvenir?"

Je me fiche pas mal de sa susceptibilité. Je sais que mon père n'était pas voué à mourir. Mais la guerre n'épargne personne. Toutefois il n'a pas été envoyé à une mort certaine. Ce qui me fait penser qu'il était sans doute plus apte à défendre le pays que la génitrice de mon interlocuteur. Avis qu'il ne partagera certainement pas. Et pourtant... En s'en tenant strictement aux faits, ces derniers parlent d'eux-mêmes. Peut-être même que les désignés pour la mission suicide du Kakumeigun représentaient un poids pour la nation. Allez savoir...

Le Yamada décide finalement de s'en aller et je me redresse à mon tour. Oui, je vais rentrer. J'ai encore beaucoup à faire et j'ai déjà perdu plus de temps que nécessaire lors de cette discussion. J'ai hâte de retrouver la luxueuse demeure de mon grand-père et d'une certaine façon j'ai vaguement pitié de Tetsui qui va retrouver le... confort - est-ce le bon mot? - de sa tente.

"N'attrapes pas froid! L'inconvénient avec les tentes c'est que le moindre courant d'air s'y faufile... J'espère qu'un jour ton clan pourra goûter aux avantages d'une vraie maison!"

Un vague signe de la main pour marquer la fin de notre échange et me voici en chemin pour rejoindre le quartier Kawaguchi. Un quartier digne de ce nom...