Mes yeux se fermaient, puis s'ouvraient, puis se refermaient. Cela ne dura que quelques minutes, mais mon corps avait décidé de rester encore conscient l'espace d'un temps. Ma tête était plaquée au sol et je ne pouvais qu'observer les pieds de mon bourreau qui s'avançait lentement vers mon corps meurtri. Des bruits de nombreux pas semblaient se diriger vers moi. C'était probablement l'unité qui avait recueilli Goren, puis par la suite, Michiki. Des hommes me placèrent sur une civière afin de me transporter. Je pouvais observer Héphaïstos qui me regardait du coin de l'œil. Nous savions pertinemment tous les deux qu'il n'avait pas eu le choix. Pour protéger ma couverture et le Fumetsu, il fallait faire des sacrifices et c'est ce que j'avais fait. L'unité parcourut très vite l'ancien champ de bataille afin de m'emmener dans un endroit plus reculé. Après tout, nous sommes au beau milieu des affrontements et de ce fait, soigné les blessés ici n'est pas vraiment très judicieux.

Le chemin fut assez long, mais j'arrivai finalement dans un poste avancé du Shukai au sein de Mizu no Kuni. C'est ici que j'allais recevoir les premiers soins. On m'installa très vite dans une tente médicale. Une équipe s'occupa dans l'immédiat de ma personne. Les dégâts étant colossaux, les différents traitements et opérations allaient être assez longs. Le premier traitement était bien entendu le fait de m'anesthésier complètement, car le médecin en chef avait bien remarqué que j'étais encore conscient. L'anesthésiant m'endormit et j'avais l'impression que je quittai mon corps et que je pouvais observer toute la salle d'opération improvisée. Leur priorité était de maintenir en vie. Ils se sont concentrés directement sur la section de mon bras afin d'arrêter l'hémorragie et de cicatriser la plaie. Il fallait ensuite cautériser tout cela et recoudre au plus vite. Bien entendu, mon bras ne pouvait pas être fixé de nouveau à mon corps, car ce n'était pas le but de l'opération. Par la suite, je pourrai le faire moi-même grâce à ma capacité. Les médecins décidèrent ensuite de s'occuper de ma tempe et de mon œil qui avait été gravement blessé par le Yuuki. L'essentiel était là aussi de sauver l'œil. En appliquant les premiers soins et un pansement, le globe oculaire semblait sorti d'affaire. Les médecins continuèrent leur différent traitement, mais mon esprit semblait vouloir se reposer maintenant.

Je me réveillai lentement dans un lit blanc. Je jette un rapide coup d'œil autour de moi et j'observe que des gardes sont postés à l'intérieur et à l'extérieur de la tente où je me trouve. J'observe aussi de nombreux pansements au niveau de mon épaule et de l'ancienne position de mon bras. Je vois aussi, mon bras baignant dans un liquide particulier. Les médecins l'avaient placé ici pour qu'il se conserve pour une future opération. Alors que je venais péniblement de me réveiller, j'entendis des bruits de pas dehors. Quelqu'un semblait s'approcher. Finalement, un homme entra dans ma tente. Je ne l'avais jamais rencontré et sans connaissance de son apparence physique, je n'aurais jamais deviné son identité. Un grand homme à la grande crinière blanche avec des vêtements très impressionnant. Pas de doutes possibles. Cet homme était venu à Kumo il y a bien longtemps maintenant. Ce protagoniste se nomme Samui Kakeshuou et c'est l'Empereur en personne. Je restai muet devant lui attendant qu'il prenne la parole en premier.

~ Je veux m’entretenir avec cet homme. Seul. Disposez.

Des mots certes secs, mais on ne peut plus clair ! Les deux soldats postés devant le lieu de détention quittaient donc leur poste, afin d’aller voir ailleurs au cas éventuel où il pourrait bien y être, qui sait ! Bref, trêve de mondanités, l’homme pénétrait les lieux sans ménagement, et sans vraiment demander à son hôte si ce dernier était disposé pour une conversation privée. Les deux personnages eurent un contact visuel immédiat. Peu importe les pensées du prisonnier, une seule traversa l’esprit de l’Empereur : il est réveillé, ce sera déjà plus simple pour obtenir des informations.

Notre Crinière Blanche venait d’une réunion entre hauts responsables pour discuter de la suite de la guerre ; il avait donc déjà une bonne idée de ce qui suivrait. Il espérait donc obtenir quelques informations supplémentaires, sans qu’elles soient majeures, qui lui permettraient de calculer l’ensemble des paramètres possibles pour cette conquête d’avenir. Sans quitter le Monjara des yeux, il lui semblait le reconnaître. C’est en rejoignant la chaise qui se trouvait sur la droite du personnage qu’il se rappela ces traits fins et cette silhouette affinée. Il avait certes déjà vu cet individu, à une occasion très précise d’ailleurs ! Mais de là à le retrouver sur ces terres désolées … .

~ D’abord une attaque directe sur le Shozaichi, puis une opposition à nos opérations ? Je n’aurais jamais cru que le Village Caché de la Foudre soit aussi ouvertement opposé au Shukaï ! … Voilà qui fixe au moins les choses.

Une déclaration des plus claires. Et qui scellait déjà un sort on ne peut plus clair. Désormais, et pour avoir fait opposition franche à une entreprise du Shukaï, l’Empire et Kumo pouvaient se considérer en état de guerre, pouvant désormais s’opposer sur n’importe quel champ de bataille à l’avenir. Autant dire que le début de l’Empire ne commençait pas avec beaucoup d’amis, et tellement d’ennemis ! Mais la première rencontre, le premier choc à vrai dire ! mettait le sextagénaire en confiance. Ils avaient remporté cette première manche ; et avec les prisonniers à sa disposition, il y aurait certainement de quoi obtenir quelque avantage dans les négociations en devenir !

Pourtant, ce n’était pas une déclaration de guerre que venait porter le Kamui auprès de ce blessé. Il avait bien compris que l’adversaire avait cherché à abattre les Chefs de l’opération lors de cette rencontre. Ce captif – désormais bien amoché – devait donc être un combattant important, qui avait certainement plus de renseignements que les autres. Obtenir quelques informations de sa part serait une bonne façon de procéder, mais rien n’était moins sûr. Les plus expérimentés sont souvent les plus dévoués, et il est toujours difficile de leur soutirer des renseignements intéressants ou ayant une quelconque valeur. Mais qui ne tente rien n’a rien ! D’autant que le Kakeshuou avait sa propre méthode pour obtenir ce qu’il voulait. Et ici, c’était un cadre bien particulier qu’il souhaitait créer … .

~ A l’heure actuelle, nous avons deux Capitaines prisonniers dans vos rangs ; mais nous en avons quatre chez vous, et les forces de l’Empire ont pu repousser votre première attaque. Si d’autres sont à venir, nous répondrons avec la même vigueur, et nous saurons faire face. Désormais, on peut considérer Kumo et le Shukaï comme des ennemis officiels. Mais je doute que le Village des Nuages ait les ressources suffisantes ni la volonté d’entreprendre une guerre contre nous à l’heure actuelle. Sa seule présence au Pays de l’Eau reste des plus surprenantes, voire ne s’explique pas. Quel est ton avis sur la question.

La demande était posée de but en blanc. Il ne s’agirait pas de soutirer les vers du nez en usant de méthodes peu orthodoxes ; mais d’établir un lien, une relation entre deux hommes. Entre deux soldats, connaissant les mêmes expériences et les mêmes cauchemars. L’Ancien avait déjà sorti sa pipe à tabac et secouait énergiquement cette alumette afin de ne pas se brûler les doigts après avoir mis feu à son tabac. Pas facile de faire tout ça avec une seule main ! mais il s’y était maintenant habitué.

~ Et dans la mesure où Kumo part déjà avec des points de retard, peut-être qu’une paix serait préférable pour vous ? Cela vous permettrait d’éviter une guerre ! et bien des désagréments, après tout … .

Une guerre se gagne de plusieurs façons. Il y a autant de stratégies que de fourmis sur la Terre. Mais Kakeshuou Samui est loin d’être une fourmi comme les autres … .

Une voix froide, imposante et grave venait de retentir dans la seule ouverture vers l’extérieur que disposait cette tente médicale. Suite à cette voix, l’Empereur en personne avait pénétré les lieux. Il venait de congédier temporairement ses hommes qui me surveillaient. Ma gorge se noua avalant sèchement ma salive. Mes yeux ne quittèrent pas le regard du shinobi le plus puissant de l’Empire des Pays Neutres. Comme à mon habitude, je restai mettre de moi-même et ne décidai d’affichai le moins d’émotions possibles sur mon visage. Bien entendu, j’étais surpris de voir le leader du Shûkai dans ces lieux. Qui plus est, comme il l’avait indiqué à ses sous-fifres, il était ici pour s’entretenir avec moi. Que me voulait le Samui ? Etant un membre des hautes instances de Kumo, je peux comprendre mon importance pour l’Empire, mais de là à un déplacement de l’Empereur lui-même, c’est une chose qui me surprend et m’intrigue.

Le silence régnait pendant ces quelques premières secondes de face à face. La tension montait doucement et il semblerait que personne n’osait prendre la parole. Du moins, je n’osais pas prendre la parole. Après tout, je suis un prisonnier et cet homme représentait la nation qui me garde loin de mes homologues. Comment pourrais-je prendre la parole sans paraître irrespectueux ? Dans un désir de prudence, je décidai simplement de me taire et d’attendre. Le dirigeant prit place sur une chaise avant de finalement briser la glace avec force. Il me rappela très vite mon écart de conduite aux portes du Shozaichi puis, bien entendu, les raisons de ma présence. Une opposition directe aux opérations du Shûkai. L’Empereur formula son idée en indiquant qu’il n’aurait jamais cru que Kumo soit aussi ouvertement opposé au Shûkai. Il ajouta que ces actions fixaient au moins les choses. J’esquissai un très léger sourire avant d’être rappelé à l’ordre pas la douleur dans la zone de mon bras déchu. Il était temps pour moi de répondre.

« Je vois que vous n’avez pas oublié notre première rencontre Samui-dono. Cependant, puis-je me permettre une légère rectification ? Sous votre respect, je n’ai jamais attaqué directement le Shozaichi. Je suis arrivé à l’entrée après les différents meurtres et si ma mémoire ne me fait pas défaut, j’ai exactement dis à votre anciennement homologue Shûkaijin que je n’avais pas tué vos compatriotes, que je n’avais pas forcé le passage pour entrer dans le Shozaichi et surtout, que je n’avais entrepris aucune action néfaste envers elle ou le Shûkai. Bien entendu, J’ai été jugé comme coupable puisque je suis arrivé peu de temps après ces regrettables événements. Néanmoins, je tiens à souligné le fait qu’à ma connaissance, un terrain d’entente a été trouvé avec Karasu Tsumei, le Yondaime Raïkage à propos de cet incident. Ces fâcheuses mésaventures ne devaient pas être oubliées ? Si vous désirez recassez le passé ainsi, sachez que je peux aussi parler de Samui Yuki et Yanosa Oterashi. Enfin, je pense que vous n’êtes pas là pour ça. »

Je fis une brève pause dans mon discours qui était assez sec. Ce n’était pas mon genre, mais la douleur et les médicaments devaient altérer ma façon de penser.

« Je n’aurais jamais cru moi-même que Kumo s’opposerait ainsi. »

Bien entendu, cette phrase était courte et cinglante dans le but d’interpeler mon interlocuteur. Il doit sûrement penser que je suis un fier défenseur de Kumo et il a raison. Cependant, je ne suis pas un défenseur de cette décision. Même si cet archipel offrait un point stratégique pour le Shûkai, Kumo n’a aucune légitimité sur les terres de Mizu no Kuni. De plus, le Shûkai se trouve juste à côté de Tetsu no Kuni et pour le moment, il n’y avait pas eu de problème. L’Empereur m’informa alors du bilan de cette première offensive. Les Kumojins avaient réussis à capturer deux Shûkaijins, cependant, l’Alliance des Pays Neutres avait en sa possession quatre shinobi du village caché de la foudre. Il ajouta que l’Empire avait repoussé la première attaque et qu’ils feront de même si d’autres sont à venir. L’Empereur indiqua, même si c’était évident, que Kumo et le Shûkai devenaient des ennemis officiels. Le Samui emit l’hypothèse que le village des nuages ne pouvait pas rester dans cette situation indéfiniment. D’ailleurs, il s’interrogea sur la présence de Kumo au sein du pays de l’eau et me demanda directement mon avis.

« Le bilan est en effet regrettable que ce soit pour votre nation, comme pour la mienne. Je suis, moi-même, d’accord avec vous. La présence de Kumo au sein de Mizu no Kuni ne s’explique simplement pas. Le Village Caché des Nuages n’a aucune légitimité sur cet archipel et je fais partie des personnes que ne comprennent pas la décision de Zennosuke et qui sont en désaccord avec cette dernière. Cependant, je ne suis qu’un Conseiller de Kumo, rien de plus. Néanmoins, j’ai décidé de participer à cette opposition afin de limiter les victimes. Un de mes hommes est venu me trouvé pour me dire qu’un accord avait été trouvé entre les parties d’un des nombreux champs de batailles. De ce fait, je lui ai ordonné de transmettre l’information aux Kumojins afin de cesser les hostilités pour que les hautes instances de chaque camp entament une phase de négociation. Néanmoins, quand je suis arrivé plus tard, sur ce dit, champ de bataille, un combat avait été engagé et je me suis simplement défendu, ce qui m’a coûté un bras d’ailleurs. »

Je n’avais pas peur d’expliquer mon ressentit sur toute cette histoire, surtout quand l’Empereur vous incite à donner votre avis. Il était libre de me croire ou non, mais qu’avais-je à gagner en mentant ? Je suis déjà prisonnier du Shûkai avec un bras en moins. Je ne peux pas m’enfuir, je ne peux rien faire. Le mensonge m’apporterait simplement les bonnes faveurs du Samui, mais cela ne me sortirait pas de ma situation. Qui plus est, j’ai toujours placé le respect au-dessus de tout et je dois le respect à cet homme qui désir me parler.

Pour terminer, l’homme à la crinière blanche expliqua qu’une paix entre nos deux nations serait préférable et que cela permettrait d’éviter une guerre, ou pire encore. Reprenant mon souffle une fois encore, je répondis.

« Sachez que je suis prêt à accepter une paix entre nos deux nations… Mais ce n’est sûrement pas la volonté de mon Raïkage. S’il a décidé d’intervenir à Mizu no Kuni, c’est qu’il veut tout sauf la paix avec vous Samui-dono. Ce n’est malheureusement pas de mon ressort. Lorsque j’ai siégé au Conseil de Kumo pour la première fois, j’ai conseillé au Godaime d’entretenir notre relation avec le Shûkai, car cette dernière avait bien débuté suite, notamment, à votre visite à Kumo. Néanmoins, il semblerait que même un Conseiller de Kumo n’a pas de poids au sein du village caché des nuages… »

Je finissais mes paroles en toussant en respirant très régulièrement, trop même. Mon état de santé était encore trop fragile pour initier ce genre de longue conversation, mais je devais prendre sur moi.

Le dialogue s’engageait bien. Malgré son état, l’homme de Kumo semblait capable de parler et de réfléchir. Tant mieux ; si l’Empereur avait découvert un grand blessé incapable de placer un mot devant l’autre, il aurait laissé tomber cette discussion avant même qu’elle ait commencé ! Fort heureusement, ce n’était pas le cas. Plus encore : il avait la chance d’avoir sous la main un haut gradé ayant la capacité d’user de logique et de réflexion. Il fallait profiter de cette opportunité. Et les premiers jugements de l’interlocuteur désormais manchot étaient corrects. Pourtant, il y avait encore des points à soulever dans cette entrevue.

~ N’en sois pas aussi sûr. Je suis prêt à croire que Kumo a toujours été une grande puissance, mais son Histoire connaît deux affronts. Le premier est d’avoir été vaincu par Kiri par le passé lors de la conquête de Yuki no Kuni, ce qui justifie certainement les rancoeurs actuelles. Le second est d’avoir envenimé ses relations avec Konoha sur l’affaire « Sabakyô Seitô ». Même si les relations entre les deux Villages se sont stabilisées depuis, cela a prouvé que celles-ci pouvaient être fragiles. Avec l’affrontement qui vient d’avoir lieu, et notre avantage dans ce conflit, je ne pense pas que Kumo souhaite d’une nouvelle guerre qui la plongera un peu plus dans l’embarras.

C’était un point impossible à rejeter. Même si la capture et l’échange d’otages était un déroulement classique, elles comprenaient naturellement des clauses inconnues du grand public. Et il était évident qu’avec son avantage numérique quant à la détention de soldats kumojins, le Shukaï était en passe de demander bien des concessions. Après tout, les prisonniers n’étaient d’ailleurs pas n’importe qui ! Le Monjara dans un premier temps, mais aussi la Tsukiyo et le Kadoria étaient des atouts précieux dans la négociation à venir ! Ils n’étaient pas seulement des combattants doués de compétences propres à des Ninjas : ils étaient aussi détenteurs de pouvoirs bien particuliers, et livraient ainsi des connaissances et des pouvoirs à ceux qui s’occuperaient de leur cas, si vous voyez ce que je veux dire … .

~ Et je ne tiens pourtant pas à imposer des conditions écrasantes sur Kumo. Même si l’occasion en laisserait rêveur plus d’un. Il est clair que si le Village des Nuages tente de nouveau quelque chose contre nous, notre entente pourrait être bien plus virulente à l’avenir … . Mais l’Empire n’est pas un simple Village, qui tient à livrer bataille bêtement et sans se poser de questions. Nous nous sommes affranchis des Daimyos : c’est bien dans ce but précis. Mais en ce qui te concerne, ton cas est différent.

Différent ?? En quoi ? A cause de son passé avec le Shukaï, ou de sa position de haut gradé à Kumo ? Il l’avait dit lui-même, il n’était qu’un simple conseiller, qui n’était d’ailleurs pas tout le temps écouté. Il n’était donc visiblement pas un rouage important. Mais quelque part, le Kamui n’était pas disposé à le croire complètement. Déjà parce que Kumo avait instauré un système de Conseil Clanique à sa tête, et que tout haut gradé devait avoir une certaine importance, peu importe qu’elle soit considérée ou non. Deuxièmement, parce que même en temps de guerre, l’homme n’avait pas tu ses opinions et ses positions. Il l’avait d’ailleurs démontré en recherchant une issue pacifique à l’affrontement. Ce qui en disait long sur sa personnalité et ses espoirs.

Mais alors, que pouvait bien lui vouloir le Maître du Shukaï ? Les rumeurs étaient nombreuses sur cet homme, et pourtant aucune ne sonnait juste. On le disait tyran, ayant pris le pouvoir par la force, et n’hésitant pas à éliminer ses adversaires par les pires procédés. Et pourtant, on le savait aussi ouvert à la discussion, capable de discuter avec tout le monde. Le seul point qui concordait était cette sévérité qui le collait à la peau plus qu’une puce sur le dos d’un chien. Alors qu’attendre de la part d’un Jônin de Kumo captif et amputé d’un bras, qui ne connaissait pas lui-même sa propre valeur ?

~ Je ne suis pas venu te voir pour négocier la paix. Tu n’en as ni l’autorité, ni le pouvoir, nous en sommes conscients tous les deux. En revanche, même si tu n’es qu’un pion parmi tous ceux de ce monde, je préfère voir un pion devenir un cavalier dans le camp adverse qu’être un pion bien fier prêt à être mangé sur l’échiquier. Chacun d’entre nous est une pièce ; à toi de savoir laquelle tu souhaites être. Je recherche donc trois conditions, qui ne resteront qu’entre nous. Dans un premier temps, je veux que tu influences la politique de Kumo afin qu’ils demeurent pacifiques à l’avenir, en particulier à l’égard de l’Empire. Je ne souhaite pas avoir d’ennemis, mais je déploierais tous les moyens nécessaires s’il le faut pour nous protéger. Pour éviter un énième conflit à l’avenir, je veux que tu défendes une politique d’entente cordiale à l’égard de l’Empire auprès des tiens. Dans un deuxième temps, je voudrais que tu me parles de ton expérience personnelle avec le monde extérieur, en particulier avec celui des « Sans-Villages ». Qu’il s’agisse de toi ou de Kumo. Je veux savoir ce que tu sais des différentes organisations qui existent et de leurs motivations … . Je garde le dernier point comme réaction à tes futures réponses.

Je me servais de mon unique bras pour contenir cette toux qui venait m'attaquer. Je commençais à ressentir de nouveau une lourde fatigue qui pesait sur mon corps meurtri. Les médicaments des médecins agissaient encore, même si l'intervention remontait à quelques heures… Quelques jours ? Je n'en savais rien. J'avais perdu toute notion du temps au moment où je me suis écroulé sur le champ de bataille.

Le Kamui me faisait face en imposant avec prestance sa présence. Je me relevai comme je pouvais pour ne pas paraître ridicule. Après tout, je m'adressai à l'Empereur. Ce dernier expliqua ce qu'il considérait comme les erreurs de Kumo dans son histoire. Une plus récente, une plus lointaine. Il décida de rebondir sur le fait qu'avec les données recueillies lors de cet affrontement, Kumo ne se lancera pas dans une nouvelle guerre.

« Pensez-vous réellement que notre défaite face à Kiri a impacté la décision de Zennosuke pour s'interposer dans cette conquête du pays de l'eau ? Pour ma part, ces rancœurs sont oubliées. Ce sont les guerres de nos prédécesseurs, pas les nôtres. L'opposition au sein de Mizu no Kuni résulte simplement de deux choses. Une peur de voir votre Empire s'étendre près de nous et un désir de montrer que Kumo est une grande puissance supérieure aux autres. Je ne peux me mettre dans la tête de mon Raïkage, mais j'ai l'intuition que c'est ainsi qu'il résonne. Toutes ces décisions convergent vers cette réflexion. Vous parliez, à juste titre, de l'incident « Sabakyô Seito » et la destruction du Shoraizen. Cet exemple illustre parfaitement mes propos. Le Godaime était sur le point de déclencher une guerre avec Konoha, car il voulait que Kumo soit les pourfendeurs du Shoraizen. Je ne peux lui en vouloir d'espérer un Kumo prospère et puissant, mais dans ce monde, la puissance ne se gagne pas seule. »

« La situation est assez ironique, car vous fondez plus d’espoir dans le Raïkage que moi. Même avec cette défaite, je ne pense pas que Zennosuke s’arrêtera. À vrai dire, je ne sais plus quoi penser. »

Je terminai cette phrase en posant mon bras sur mon épaule meurtris, car la douleur s'intensifiait. J'étais, en effet, perdu dans mon raisonnement. Que penser de Kumo ? De Zennosuke ? De Mizu ? Pourquoi suis-je ici ? Est-ce que s'opposer au Shûkai seul était une bonne idée ? Dans l'état actuel, la réponse est bien entendue non. Cependant, je suppose que les discussions vont amener d'autres éléments, du moins je l'espère. Si Kumo rentre bredouille, l'opération aura réellement était un échec. Sûrement l'un des échecs les plus humiliants depuis bien longtemps. Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça Zennosuke ? Je ne comprends pas, je ne comprends plus rien. Mon cœur commençait à s'emballer. J'encaissai la douleur sans broncher. Je devais me calmer, de retrouver mes esprits. L'énervement ne mène à rien. Seule la réflexion peut me permettre de m'en sortir. Zennosuke… Mérites-tu vraiment d'être Kage ? Est-ce que Tsumei a pris la bonne décision ? Pour moi, la réponse était non. Il y avait un temps où je pensais réellement que Kumo allait prospérer sous le règne du Godaime, mais je me suis trompé. Cet homme ne mérite pas sa place. Néanmoins, qui pourrait prendre sa place ? Hasaki ? Ce serait encore pire. Je serais, en théorie le plus à même à le succéder. Mais voudrais-je réellement devenir dirigeant de Kumo. Non. Ce n'est pas une place pour moi. Je ne suis qu'un reflet de la réalité. Je projette une image que les gens aiment pour œuvrer dans l'ombre. Je me devais de réfléchir à tout cela plus tard, car l'Empereur avait une proposition.

« Je dois admettre que vous êtes surprenant Samui-dono. Vous n'êtes pas l'homme que l'opinion publique présente. Du moins, si vous l'êtes, vous le cachez bien. De ce fait, je ne remets pas en question vos capacités d'analyse. Bien au contraire, si vous vous êtes hissé en tant qu'Empereur, c'est que vous savez quand une bataille doit être livrée et quand il faut se retirer. Cependant, je ne peux vous promettre que le Village des nuages ne tentera plus jamais rien contre le Shûkai. Vous possédez le plus vaste territoire des quatre grandes nations. Vous ne pouvez plus cacher votre désir d'expansion. Un homme qui devient Empereur est forcément quelqu'un d'intelligent et d'ambitieux. Pour être franc avec vous, je vous respecte Samui-dono. Néanmoins, je ne représente pas Kumo dans son ensemble. Je n'ai pas réussi à éviter ce conflit, je ne pourrai peut-être pas éviter le prochain. Vous devez vous douter que la conquête de Mizu amènera une réflexion chez les autres nations. Vos territoires ne cessent d'augmenter et vous vous rapprochez de plus en plus des autres nations. Vous pouvez logiquement comprendre que des tensions vont naître. Si vous prônez réellement la paix, ces tensions seront donc futiles. Néanmoins, vous devez garder en tête ce que l'union des grandes nations a accompli dans ce monde. Actuellement, je vous promets de faire tout mon possible pour convaincre le Godaime que nous devons nous orienter vers une politique neutre à votre égard. Cependant, je ne peux vous promettre que Kumo et le Shûkai ne s'affronteront plus jamais. Cette décision n'est pas de mon ressort. »

« Mes relations avec les sans villages ? Elles sont très restreintes. J'ai rencontré des Monjara n'ayant pas rejoint Kumo pour discuter avec eux. J'ai discuté, une fois, avec un homme près de Suna qui détestait les villages et qui ne comprenait pas mon point de vue. Kumo était allié avec un Samouraï qui n'avait pas d'attache à un village, un certain Kira Zento. Ce dernier nous avait livré un Nukenin répondant au nom de Tenbatsu Kurasa, qui a dû être libéré pendant mon absence. Kumo était allié avec le Kurai Hikari, mais c'est bien là tout ce que je sais sur les organisations. Mes relations sont plus concentrées sur les villages que sur ceux qui ont choisi le chemin de l'errance. Mes réponses sont-elles satisfaisantes Samui-dono ? »

Lentement, je me laissais glisser dans mon lit. La fatigue devenait pesante, mais j’étais encore capable de tenir la conversation.

Aptitude:

~ Si ton Kage s’entête, il s’en mordra les doigts bien assez tôt …

Manipulant lestement l’objet entre ses doigts habiles, l’homme tirait une nouvelle latte sur sa pipe et laissait s’échapper le nuage de fumée dans les airs. Un manque de respect envers le blessé, qui venait de souffrir d’une quinte de toux aigüe ? Loin de là, puisqu’il avait expiré dans le sens opposé ! Mais l’Empereur n’était guère attentif à l’état de santé du Monjara pour l’instant. Il savait qu’on l’avait stabilisé, et il ne pouvait pas y faire grande chose pour l’instant. A vrai dire, il prenait un peu l’homme en pitié. Il avait lui-même le bras arraché ; les deux hommes avaient-ils donc plus d’affinités en commun, de part leur expérience partagée ? Peu de chances ; le Kamui avait eu la « chance » d’avoir sa blessure congelée peu de temps après, lui faisant perdre toute sensation de douleur … et toute chance de récupérer son bras un jour … .

En attendant, la remarque qu’il venait de faire restait bonne ! Après tout, après s’être mal affiloché avec Konoha, le Village Caché des Nuages venait de se mettre à dos l’Empire des Pays Neutres. Quelle serait la prochaine étape : Suna ? En vérité, et d’après les dires de l’handicapé, les seuls auxquels le Village de Kumo parvenait à se rallier, c’était les déserteurs et « Sans-villages » ! Un bel effort dans les relations diplomatiques, n’est-ce pas ?
Et son serviteur ici alité en avait bien conscience. Il est des choses dont il faut savoir prendre la mesure, afin de mettre un terme à un conflit sans intérêt. Qu’est ce que Kumo pouvait bien gagner dans cette affaire ? Ils n’avaient entrepris de s’emparer de l’île jusqu’à présent ! En somme, leur présence faisait plus preuve d’opposition au Shukaï que tout autre but ! Et maintenant que cette première bataille tournait en faveur de l’Empire, que feraient-ils ? Que restait-il vraiment à faire ? Une position plus que délicate, n’est-ce pas … .

Le Monjara faisait part d’opinions plus personnelles, notamment vis-à-vis de son sentiment envers son interlocuteur. Du franc-parler : Kakeshuou Samui savait apprécier cette valeur. Le tout était naturellement qu’il soit mêlé d’honnêteté. Non pas qu’il en doutait, mais l’homme faisait en vérité bien peu de crédit aux rumeurs et aux dires que l’on portait à son propos. Il se savait déjà démon, tyran et mangeur d’enfant. Que cela soit su à l’autre bout du monde n’était pas son problème. Ce qui comptait avant toute chose, c’était les faits ! Et ici, ils étaient indéniables. Sous le Triumvirat de l’Alliance, jamais une telle opération n’aurait pu être concevable ! Sous l’Empire, Mizu était de nouveau sécurisée et était promise à de grands changements afin de la redresser.

Il en venait ensuite aux organisations ; et sur ce point, son regard se montra des plus brillants et évidents. C’était le principal sujet qu’il souhaitait aborder avec cet homme. Bien évidemment, sa requête concernant la paix avec Kumo était toujours à prendre en compte ! Mais ce point-là était tout particulier. Car ce serait une lourde erreur de ne pas prendre en compte l’intérêt que le Samui portait à cette question.
Longtemps, il avait porté ses espoirs dans le Misuto, afin de chasser les criminels et les déserteurs. Avec la destruction de Kiri par les Furyous, il s’était emparé de la branche « Ordre & Justice » au sein de la nouvelle Alliance, afin de faire respecter l’ordre et la Loi. Il avait tissé une toile entre les Villages Ninjas, afin que chacun se soutienne dans d’éventuelles traques partagées, afin d’éliminer certains êtres devenus bien trop indépendants et dangereux ! Quoi de plus normal qu’en tant qu’Empereur, il remette le couvert afin de mieux identifier et localiser ses prochains adversaires ?

Mais il mettait ce point à plus tard. Pour l’instant, c’était l’opinion de Shinji Monjara qui lui importait. Et avant de passer au deuxième sujet, il tenait à être clair sur ce premier point déjà bien épineux en lui-même.

~ Ce serait une erreur de sa part de penser que s’obstiner sera une solution. Après tout, s’acharner dans cette voie ne conduira qu’à plus de morts, plus de défaites … . Peu importe le camp impliqué. Si tu doutes à ce point de ton Kage, je ne saurais que trop te recommander de le « remplacer ». Lorsque la Direction bascule, c’est l’ensemble de l’unité du groupe qui en pâtit. C’est bien pour cela que j’ai créé l’Empire … . Quant à ton sentiment à mon égard, cela me touche. Mais cela montre également que tu te fourvoies encore … . S’imaginer que je suis ici pour ma gloire et mon « désir d’expansion » montre que mes actions seront encore longtemps incomprises. Je suis un soldat ! Je viens pacifier un archipel abandonné aux hors-la-loi et à la débauche ! Je me moque des moyens, et des considérations que l’on me porte. J’accomplis mon Devoir afin d’apporter la Paix, rien de plus !

Le ton était certes sec, mais pas agressif. C’était un autre pan de la personnalité de notre Empereur. Il savait bien qu’on le considérait comme un tyran ; mais sa prise de pouvoir était vue comme un affront contre l’ordre millénaire établi ; et que la création de son Empire ne faisait qu’alimenter les rumeurs sur sa volonté de tout soumettre sous ses ordres. Mais en vérité, la nature même de notre combattant d’élite était bien plus simple. Il avait agi ainsi par Devoir ; il entreprenait cette conquête par Devoir ; et il continuerait ainsi à l’avenir, sans broncher ni même douter un instant de ses convictions.

~ Si les autres Nations s’en inquiètent, alors je tâcherai de les rassurer sur mes intentions. Si elles me déclarent la guerre, je serais sur la première ligne du champ de bataille ; si les autres Villages Ninja agissent contre la Paix, ils me trouveront face à eux. Peu importe la situation. Quant à Kumo, tu ne peux effectivement pas faire grand-chose … . Mais le changement est déjà en marche à travers cette conquête, et si ce n’est pas l’avis d’un Village entier, tout changement de l’opinion commence à celui d’un homme. Un homme tel que moi, qui ai destitué le Triumvirat. Un homme tel que toi qui voit l’inutilité de cette guerre … .

Le Kamui s’était dressé pour se rendre jusqu’à une petite table. Il y avait saisi un bloc-note et un stylo, donc il avait arraché le capuchon avec les dents. Avec la pipe à fumer, vous imaginez la complexité de l’épreuve ! Retournant s’asseoir, il regardait l’homme se débattre avec ses draps et avec cet équilibre qu’il devait retrouver … . Restant un instant dans le vague, il faisait pourtant l’impasse et préférait aborder le second point : les Déserteurs !

~ … Kumo semble avoir des relations bien particulières et étranges avec les « Sans-villages ». Pourtant, je m’étais entendu avec le Yondaïme pour que la chasse soit faite aux Déserteurs … . Enfin bref … . J’aimerais plus d’informations concernant le samouraï Kira Zento, ainsi que sur l’organisation Kuraï Hikari. Toute information est bonne à prendre à ce sujet : membres, but, comment vous vous êtes rencontrés et à quelle occasion. Je voudrais également savoir si tu as entendu parler d’une Organisation dénommée le Fumetsu …

Partons donc sur ce deuxième thème … même si notre homme mettait déjà en avant quelques pièges à sa façon !

Cette conversation commençait à devenir trop intense pour mon corps fragile. Ma gorge était nouée et je sentais que j’avais besoin de m’hydrater. Le peu d’eau à ma disposition était, malheureusement, trop loin de mon bras. Rassemblant alors le peu de chakra qu’il me restait, j’ouvris mes cicatrices pour laisser mes fils sortirent. Ces derniers attrapèrent le verre d’eau afin de le mettre à porte de mon bras valide. D’une gorgée, je finissais le verre d’eau et me concentrais le Samui.

Mes propos avaient été directs, mais francs. D'habitude, j'use la subtilité pour être plus diplomate, mais si l'Empereur s'est déplacé en personne jusqu'à moi, c'est qu'il n'est pas là pour subir cette subtilité. Je ne savais pas réellement comment le Kamui allait recevoir mes dires, mais je tentais le tout pour le tout. Mon but n'était pas d'effrayer le Samui, mais plutôt de le dissuader. Kumo a ouvert les hostilités et le Shûkai pourrait répondre sans grande difficulté. Même si Kakeshuou prône la paix, je me devais d'être prudent. Il a peut-être mon respect, mais pas ma confiance. J'avais invoqué son ambition d'expansion et la possible intervention des autres nations, car je désirai couvrir Kumo. Malgré son état pitoyable, le village caché des nuages restait ma maison. Je me devais de le défendre même dans ce genre de situation.

Pour la première fois depuis longtemps, je pouvais parler avec franchise. Je n'avais jamais parlé ainsi du Raïkage a qui se soit et c'est, ironiquement, avec son ennemi direct que je le fais. Il devait penser que je disais tout ça juste pour me mettre de son côté et être un bon prisonnier. Non… Je pense qu'il a vu que je n'étais pas du genre à mentir sur ce sujet. Sinon, notre conversation serait terminée depuis bien longtemps. Dans tous les cas, le Samui répondit en haussant un peu la voix. Le ton était sec, mais je compris pourquoi celui-ci était présent. Toutes ces questions qui orbitaient autour de Zennosuke… Je ne pouvais plus les supporter. J'étais incapable de savoir si mon Kage allait s'entêter ou s'arrêter après en avoir déjà trop fait… Moi, Conseiller de Kumo, Chef du Naitei, Membre du Satoru… Je ne peux savoir ! Quand ai-je sombré dans une situation aussi pathétique ? Les mots me manquent, contrairement à mon interlocuteur. Doute, remplacement, reversement, un tas de scénarios prenait vie dans mon esprit. Je me concentrai afin d'écouter les paroles de l'Empereur. Une fois cela fait, c'était à mon tour de prendre la parole.

« Ce serait, en effet, une erreur de choisir la voie de l’obstination, une erreur fatale pour Kumo. C’est malheureusement la seule solution qu’il me reste. Si jamais je rentre à Kumo, je ferai mon possible pour encourager le pays de la foudre à changer son dirigeant. Enfin, ce n’est pas pour tout de suite… »

Je toussai quelques secondes avant de reprendre.

« Comprenait qu'avec les éléments en ma possession, votre prise de Mizu no Kuni résulte de votre désir d'expansions. Cependant, il se peut que toutes les informations ne soient pas à ma disposition ou que celles que je possède soit erronées et si c'est le cas, je m'excuse pour mes précédents propos. Ce que je vous exposais était la version de Kumo et sûrement, comme je vous l'ai dit, la raison pour laquelle Zennosuke s'est opposé à cette conquête. Si ce que vous dites est vraie, et je l'espère sincèrement, alors le débat à ce sujet n'a pas lieu d'être. Si vous êtes là pour pacifier l'archipel, votre venue au sein de Mizu est légitime. Néanmoins, comprenait que Kumo ait eu peur de voir l'Empire se rapprocher de notre nation et nous devions découvrir le fin mot de cette histoire. Malheureusement, les combats ont eu lieu avant la discussion… »

Je ne pouvais m’empêcher de soupirer, car je n’aurai pas du tout agi de la sorte si j’étais en charge de l’opposition de Mizu no Kuni. Enfin, ce qui est fait est fait.

« J'espère que nous n'arriverons jamais à une telle guerre entre les nations et votre Empire. Ce serait plus que regrettable. Cependant, comme vous l'avez dit, le changement a déjà débuté. Si je pense ainsi, d'autres Kumojins partagent mon avis. Les agissements de Zennosuke ont chamboulé beaucoup d'opinions et j'espère que Kumo ouvrira les yeux. »

« Ces étranges relations ont débuté lors de l'arrivée au pouvoir de Zennosuke. Ce dernier a autorisé les Genins a déserté s'il ne voulait plus faire partie de Kumo. Étrangement, j'étais l'un des seuls conseillers à oser contester les ordres du fraîchement Godaime. Cependant, sa décision était prise et beaucoup de Genin étaient partis. Pour ce qui est de Zento, c'est un homme désirant aussi la paix. Kumo l'a aperçu pour la dernière fois à Tetsu no Kuni où il rendait hommage au défunt Seigneur Yakigote. Personnellement, je l'ai aperçu à Mizu no Kuni où il essaye de sauver un village des flammes. C'est un homme bon, mais redoutable. Il vous ressemble sur certains points d'ailleurs, Samui-dono. Pour ce qui est du Kuraï Hikari, je ne sais que très peu de chose malheureusement. J'ai appris l'existence d'une alliance entre cette organisation et Kumo juste avant mon départ pour Mizu. Je ne connais, malheureusement, pas le but de cette organisation et le seul membre à ma connaissance n'est que Goren. Pour être franc, je cherche encore à comprendre pourquoi Zennosuke s'est allié secrètement avec cette organisation. Pour ce qui est de cette organisation nommée Fumetsu, je n'ai aucune information à propos d'elle. À vrai dire, c'est la première fois que j'entends ce nom. »

L'empereur n'allait pas m'avoir. Je mentais quotidiennement à propos du Fumetsu. Il ne pouvait me surprendre. Mon intonation suivait parfaitement la logique de la phrase et mon cœur battait au même rythme que lorsque je dis la vérité. Je m'étais entraîné toute ma vie à mentir au monde afin de dissimuler, les actes de cannibalismes que j'ai pu faire et mon identité à propos du Fumetsu.

« Samui-dono, vous et vos forces m’avaient soigné et nourris. Puis-je vous demander d’en faire autant pour les autres prisonniers Kumojin, si ce n’est pas déjà fait ? Je ne suis sûrement pas en position de faire des demandes, mais nous avons longuement discuté sur cette opposition et nous sommes tous deux, d’accord sur son inutilité. Pour ne pas alimenter ce combat futile, pouvez-vous prendre soin de mes homologues, s’il vous plaît, Samui-dono ? »

Aptitude:

L’homme concédait à quelques informations ; la stratégie de notre Empereur avait fonctionné. Il espérait bien qu’en montrant un côté plus sensible et plus ouvert, il serait alors en mesure de provoquer une proximité avec ce prisonnier. Non, notre Kamui n’est pas à la recherche de minions ou autre ! En revanche, il sait que l’Art de la Guerre est une chose qui se maîtrise de nombreuses façons. Tout le monde connaît les pratiques habituelles de guérilla, de champ de bataille, d’infiltration, de sabotage, de capture, de torture et d’élimination les plus classiques et les plus sanglants. Mais qui est encore prêt à courir le risque de discuter, de parlementer et de trouver un terrain d’entente ? Pire ! Qui était prêt à convertir son ancien adversaire, afin de mieux s’en servir à l’avenir ?

Kakeshuou Samui essayait-il de convaincre Shinji Monjara de le rejoindre, et d’abandonner son ancienne patrie ? Loin de là ; ce n’était plus un secret que cet homme restait fidèle à son Village et qu’il était prêt à mourir pour lui. La preuve dans ses actes : malgré sa désapprobation sur la politique du Godaïme Raïkage, il s’était malgré tout rendu sur le champ de bataille afin d’exécuter les ordres. Un caractère bien trempé le tout marié à un comportement admirable. La fidélité est le seul point sur lequel peut se reposer un Ninja. Tout homme baissant sa garde devant un homme sans scrupule est appelé à ne plus jamais la remonter … . Toute corruption ou intégration était donc inutile pour ce combattant de l’Ombre. En revanche, amenuiser l’animosité qui pouvait exister entre les deux hommes, voire trouver des points communs aurait un impact important à l’avenir. Et le Kamui savait jouer sur cette corde sensible.

Les relations étaient courtoises, et le ton neutre, sans forcément être amical ni antipathique. S’étant jaugé l’un l’autre, il demeurait évident que tout cela ne suffirait sans doute pas à établir un contact durable entre eux. Néanmoins, le Dernier des Kirijins espérait que cela marquerait un changement à l’avenir. Il lui avait presque fait comprendre qu’il est du devoir d’un Ninja de changer son supérieur si ce dernier n’est pas assez intelligent et stratège pour assumer de telles fonctions. Une offre des plus déplacées en soi ! mais qui semblait avoir fait mouche.

Quant aux informations sur les « Sans-villages », elles restaient assez vagues, et pourtant avaient un immense intérêt. Elles venaient – pour une grande partie – confirmer les soupçons du Kamui. Le Village caché des Nuages avait bel et bien fait appel à des Déserteurs pour certaines basses besognes. Et, quand on y pense, il était alors légitime de se demander si certaines attaques sur l’ancienne Alliance des Pays Neutres n’avaient pas été orchestré par l’étranger, qui voulait voir le potentiel d’un éventuel rival. Fallait-il donc entretenir la guerre avec Kumo ? La question ne trouverait pas sa réponse dans l’immédiat ; et pourtant, il fallait bien y penser un jour ou l’autre. Cela confirmait en attendant certaines craintes : il faudrait un jour ou l’autre éradiquer cette Organisation. Ce « Hikari Kuraï » qui avait déjà trop de dégâts jusqu’à présent. Restait après cette dernière organisation … .

~ Je m’attendais à ce genre d’informations. A vrai dire, tu ne m’apprends finalement pas grand-chose, mais cela me donne néanmoins une avance sur certains sujets … . Je reste surpris pour le Fumetsu … . Il est vrai que cette Organisation n’a pas beaucoup fait parler d’elle pour le moment ; mais quelqu’un dans ton Village lui fournit des informations. Sinon, nous n’aurions pas su que Kumo se trouverait sur les premières lignes du combat, n’est-ce pas … .

Ne pourrais-tu pas être cet informateur, d’ailleurs ? Après tout, tu étais parvenu à négocier une trêve dans un délai qui dépassait l’entendement, surtout quand on connait l’animosité et la rage que s’échangent agréablement Kumojins et anciens Kirijins. Parvenir à amadouer aussi aisément un homme comme Michiki Shinda ; était-ce un don ou quelque chose de soigneusement préparé … ?
Mais ce n’en était qu’au stade des suppositions ! Et Kakeshuou Samui ne disposait naturellement d’aucune preuve pour démontrer que le Monjara lui mentait à cet instant. Le Village de Kumo pouvait regorger d’espions et de traîtres et, d’après les dires du blessé, ce ne serait pas chose surprenante à vrai dire … . Il y aurait certainement d’autres façons d’en savoir plus … . Mais il commençait à se faire tard, et certains soins devaient être considérés. De son côté, l’Empereur avait certainement d’autres affaires à régler. Il entamait donc de se relever afin de quitter les lieux.

~ Tes compatriotes ont été pris en charge selon les Lois de la Guerre. Ils ont été soignés, et sont séparés pour l’instant. Mais nous prenons soin d’eux. Ils seront rendus à leur patrie si une trêve, voire une paix, peut être négociée avec Kumo. En attendant cela, vous serez conduit dans les Terres d’Empire. D’ici deux jours, tu partiras pour le Shozaichi, notre Capitale. Les autres seront certainement envoyés vers les lointaines terres de Kusa. Nous aurons donc certainement l’occasion de nous retrouver et de discuter de nouveau lorsque tu seras soigné.

L’homme faisait quelques pas, et poussait de son seul bras valide le tissu qui servait d’entrée à la tente médicale. Il se permettait un dernier regard vers le Kumojin d’élite. Un regard plus sévère et concentré. ²

~ En revanche, si de nouveaux évènements ou une trahison quelconque devait prendre place, nous ne pourrions maintenir une telle générosité. Je contacterai ton Maître pour un échange de prisonniers dans l’ordre des choses. Mais si le conflit s’éternise, ordre a été donné que chaque prisonnier ait la main tranchée ! … Nous dirons que tu as – hélas – déjà payé ta part du marché … . Repose-toi maintenant …

Sur ces mots, l’imposante silhouette se glissait hors de la tente, laissant le Monjara à ses pensées.

# Niihihi content de voir que mon hôte n'est pas un crétin ...

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Aptitude: