Mission:

- Aranouscka est un monstre redoutable qui vit dans les monts reculés de Tsuchi no Kuni. On raconte que son cri paralyserait toute personne, au point même de la rendre sourde, et qu’il n’est guère aisé à atteindre dû à sa grande ruse.

Kiseki referma aussitôt le livre de conte pour ouvrir un autre, celui d’un récit de voyage d’un grand explorateur et scientifique du Yuukan mais mort il y a bien des années.

- Aranouscka n’est pas une légende mais une réalité. Il semblerait qu’il maîtrise le chakra ou un équivalent, qui lui permet de réaliser des attaques équivalentes ou de se retrouver dans son environnement. En effet, aveugle, il n’avance et ne s’aventure que s’il y a du bruit, que s’il maîtrise son environnement. Ses cordes vocales et son ouïes sont développées mais plus important, il a une structure osseuse qui ressemble à un humain. Je n’ai malheureusement pas pu l’étudier de plus près, et je n’ai pas su le retrouver. Dernier emplacement connu, Nord de Tsuchi no Kuni …

Il referma ce livre également pour cette fois-ci s’emparer d’un autre ouvrage qu’il avait déjà marqué par un marque-page. Le langage était déjà plus complexe, moins littéraire, plus matheux et surtout plus scientifique. Le livre traitait de l’anatomie humaine, et des différentes structures déjà enregistrées jusqu’à maintenant au Yuukan.

- Gogyou, les maudits. Les Gekei, les rejetés … se répéta-t-il, soulevant ses lunettes.

Malgré ses douze ans, il n’était pas naïf et stupide. Il remarqua bien vite que ces deux « races » d’humain étaient rejetées en raison de leurs différences physiques, et insaisissables par les scientifiques curieux de leur fonctionnement corporel. Le petit Kiseki voulait les étudier – et être clairement novateur ainsi – pour comprendre, améliorer ou détériorer l’organisme pour différents usages. Et surtout pour assouvir sa curiosité. Il aurait voulu demander aux mercenaires de « récupérer un échantillon » quelque part mais ils étaient chacun occupés. Il aurait également pu traquer un premier spécimen « enfant », déjà plus accessible à sa petite personne mais sa folie des grandeurs l’avait orienté vers Aranouscka.

Contrairement aux Gogyous ou aux Gekei, Aranouscka était un « monstre » qui avait transcendé des siècles, et autour duquel quelques voyageurs avaient pu écrire ! Ces derniers ouvrages valaient de l’or, et surtout, beaucoup de faux étaient en circulation. Il fallait faire la différence entre le vrai et du faux, et Kiseki était apte dû à ses grandes connaissances.

« Aucun ninja n’a pu atteindre une telle espérance de vie … Vis-t-il autant, s’est-il reproduit ou alors a-t-il contaminé autrui ? ».

Des questions nombreuses à traiter. Toujours est-il qu’il fallait faire attention. Aranouscka était sensible du nez, et avait une merveilleuse ouïe. Il fallait dont trouver un moyen pour passer inaperçu, ou se fondre dans la masse. En soupirant, le petit Kiseki se dirigea non loin d’une petite flaque d’eau et de boue, où se baignaient quelques feuilles. Il s’y roula pour dissimuler son odeur. Quant au bruit, il avait pris des échasses même dont les bouts étaient fourrés dans un petit plastique noir très souple. L’idée était de ne pas marcher sur des bouts de bois ou de bouger bêtement une pierre avec ses petits pieds plus larges qu’un long bois long.

Clopin-Clopant, il commença à marcher. Ou à « échassier ».

Kiseki était imperturbable aux changements climatiques, ne cessant de sortir sans cesse des parchemins pour invoquer des manteaux toujours plus épais et toujours plus sobres … Il faut dire, sa mère l’avait bien préparé à ces longs et fous voyages, connaissant que trop bien le caractère aventurier et insouciant de son jeune fils.

Le petit être montait encore et encore avec davantage de détermination, marquant de ses pas la terre sèche, la boue et la neige, inspirant et expirant l’air de montagne qu’avec davantage de difficulté, ralentissant toujours plus au fil de la montée. Il faut dire, il était ardu de lutter contre les éléments.

« Je devrais faire demi-tour peut-être … ou me réfugier quelque part, le temps de me reposer ».

Cette dernière idée lui plut davantage, et sans tarder, et cette fois-ci d’un sac lambda, il déballa une tente, des pics et ainsi de suite et commença à dresser tant bien que mal son lit de camps dans cette fournaise glacée blanchâtre. Une fois à l’intérieur, à l’abri du vent, et de la neige, il se mit encore dans une couette étroite et bien chaude de campeur, et attendit donc quelques instants. Soudainement, il se débarrassa du tout, se releva, sortit, et disposa autour de sa tente plusieurs parchemins dissimulés dans la neige même. Il fit quelques signes de mudras, les lignes d’encres s’éclairèrent, et le tour était joué … Le moindre pas, et la personne devrait exploser.

Il se pourrait que des innocents parcourent les lieux … Mais cela lui était bien égal. Ce n’était que de la chair, et sa sécurité primait sur des hypothèses de gentils montagnards perdus !

L’esprit en paix, et nullement troublé, il se remit dans sa tente pour s’endormir.

« J’avance, j’avance ! » se disait-il, en heureux simple. Effectivement, si beaucoup fuirait la tempête de neige, les animaux sauvages et l’improbable et effrayante vérité d’un monstre dans les environs – les marques sur la roche, ou les pas n’avaient pas échappé à son œil perspicace -, lui restait. A ses yeux, la science était plus importante que n’importe quel être et objet et concept dans cet univers, et mourir pour était un honneur. Vivre sans n’était qu’une existence vide de tout sens !

Il avait peut-être douze ou treize ans, mais il prenait tout cela au sérieux, le petit bonhomme ! Ajoutons à cela qu’en prenant du galon, maîtrisant que davantage la médecine, le combat au corps-à-corps et son chakra même, il se pensait puissant, et imbattable ! Il se pensait apte à conquérir le monde même ! Il s’imaginait déjà découvrir de nouvelles maladies, ou encore trouver même la source du mystère des chakras …

Il pensait.
Il imaginait.
Il rêvait.

C’était un enfant, dans le fond. Mais un enfant ambitieux, aux rêves sordides, et à l’existence impie dépourvue de toute morale humaine. A bien réfléchir, il n’était qu’un petit monstre qu’il fallait dompter … Dompter, voilà une chose qu’un homme pouvait faire. Car oui, l’humain pouvait haïr le monstre, mais l’humain avait toujours besoin de ce dernier pour commettre ce qu’il n’oserait pas mais dont il fantasme nuit et jour …

Tout d’abord, ce fut une première explosion suivit du glapissement douloureux des fauves. Puis une seconde explosion où une patte atterrit sur sa tente avant de rebondir sur la neige glacée. Enfin, une troisième explosion accompagnée d’un rugissement bestial non répertorié. Il sursauta donc bien vite, en arquant ses sourcils, et en tâtant le terrain à tout va à la recherche de ses lunettes !

« Qu’est-ce donc que cela ?! » se demanda-t-il, en se relevant aussi vite qu’il pouvait malgré la rigidité de ses membres dû à l’environnement ambiant peu propice à toute vie humaine. C’est donc grelottant les lèvres bleus, les traits tirés qu’il s’était permis de passer sa tête brunâtre par une fente de la tente pour voir ce qui se passait. Ce qu’il voyait l’abasourdi.

« Mon dieu mais …. Quelle beauté ! » Se disait-il, imprimant dans sa tête chaque détail de ce corps de glace et de pierre, aux réflexes si vifs et forts ! Tout le monde tremblerait de peur, il tremblait d’excitation. Il voulait tant examiner ce corps, l’étudier en détail, chaque millimètre carré de peau passé sous scalpel et loupe et produits étranges absolument splendides !

Bien évidemment il revint bien vite à la réalité lorsque les deux yeux de cet être hideux – mais tout aussi fascinant pour notre scientifique – se posait sur le petit garçon. Que valait-il devant cette chose qui faisait sûrement cinq fois sa taille ? Que pouvait-il faire pour arrêter sa force dans un environnement qui joué clairement en sa défaveur ? Avait-il quoi que ce soit pour égratigner ne serait-ce que superficiellement cette chose ?

Il courut désespérément et à une vitesse effarante dans cette plaine glacée lorsque les loups avaient été disséminé, et qu’il n’était plus que la seule et l’unique proie. S’il manquait encore de force, il était clairement suffisamment rapide pour semer plus d’une attaque, et plus d’un monstre ! L’objectif n’était pas seulement de « fuir », évidemment, mais surtout de s’échauffer aussi vite qu’il pouvait, et faire face donc avec plus d’agilité, plus d’esprit et plus de clarté la Bête. Ce jeu ne dura que cinq ou dix petites minutes, qu’il clôtura en s’arrêtant subitement pour faire face au corps de Glace.

Si dans un premier, il tenta d’attaquer Kiseki comme avec un loup, il comprit bien vite l’erreur de sa manœuvre. Le petit médecin jouait encore sur sa rapidité, et esquivait avec une certaine aisance chaque coup de griffe.

« L’idéal serait de l’endormir, sans trop endommager son corps ! » se disait-il, tentant désespérément de poser une main afin d’apposer un corps, ou de causer une blessure suffisamment importante dans une zone non dangereuse avec son Kunai enduite d’un puissant anesthésiant.

Cependant, malgré ses entraînements, il restait encore trop inexpérimenté en combat et petit à petit, il sentait que ce dernier tournait à son désavantage. Les pics de glace du Monstre recouvraient un trop grand terrain sur ce corps, réduisant grandement les points faibles, et donc la probabilité que le jeune garçon réussisse sans risquer sa vie.

« Il faut que je tape … quitte à me prendre une griffe. Mais elles sont géantes, et si ça touche un point vital et critique …. ? »

Réfléchir en combat, c’était mauvais. Et il allait l’apprendre à ses dépens lorsque du coin de l’œil, il vit une griffe s’approche dangereusement … Les derniers instants de votre vie, votre esprit criait de courir mais votre corps était paralysé.

Lorsqu'il pensait que c’était la fin de ce long chemin qu’était la vie – dans ce cas, le très court chemin -, il se disait que le monde venait de perdre un grand médecin, un scientifique de renom, un chercheur audacieux ! Le pire, il allait mourir dans ce lieu désolé où aucune âme ne vivait, ne pouvant avoir droit à des pompes funèbres correctes, avec un nom écrit sur une stèle ou une petite plaquette ! Il fallait admettre une chose : il avait été stupide. Pour la première fois de son existence, l’enfant admettait son « erreur » ou devrait-on dire sa « bêtise ».

Saviez-vous que ce n’était que lorsque nous abandonnions tout que nous sommes émerveillés par le moindre signe du destin ? Par exemple, lorsque les griffes de la bête s’approchèrent de lui, il vit comme une intervention divine la venue des deux tigres de glace ! Inconsciemment, et avec un grand sourire de simplet, il se disait qu’il était un Elu des Dieux et que ces derniers avaient envoyé ces bêtes non humaines pour le sauver de cette Bête de Glace.

Cependant, malgré la volonté divine, les Eléments semblaient s’acharner contre lui : le hurlement de la « Chose » avait provoqué un début d’avalanche. Il le sut bien vite au grondement sourd de la glace qui se brisait, et galopait fièrement et furieusement la montagne … Il se releva, encore étourdi, et chercha des yeux un refuge quelconque ! Malheureusement son regard s’attarda sur la bête enchainée. Elle semblait si vulnérable à cet instant, tellement à sa « merci ».

« Il sait parler, en plus ! » se disait-il.

Evidemment, il n’était pas stupide non plus, surtout suite à ces multiples événements. Il marchait tant bien que mal, les membres paralysés par le froid ambiant.

« Il faut que je me sacrifie pour la science, certes, mais à quoi bon me sacrifier si je ne peux voir l’aboutissement d’un premier grand projet ? ».

Sur ce, il localisait sans tarder un grand arbre solide et accourut tel un petit diable pour pouvoir y grimper tel un petit singe jusqu’au sommet. Il ignorait sa peau égratignée à plusieurs repris, et à vif par ce froid mordant, les branches de l’arbre qui le maltraitaient ou encore ses nombreuses chutes …

Il se pensait à l’abri à cette hauteur-ci, mais son assurance se perdit lorsqu’il vit l’importante masse blanche, telle un nuage de très mauvais augure ! Est-ce que son petit perchoir allait supporter cette force de la nature ? Allait-il être tel un conquérant, un oisillon happé ou alors un simple naufragé perdu dans une mer blanchâtre et désertique ?

« Si je suis sauf, comment m’en sortir vivant sans vivre, et avec une température ? Si je meurs là… Eh bien les questions ne se poseront plus … ».

La vie, c’était un peu pile ou face. A cet instant, il avait l’intention que ni pile, ni face, n’était de bon augure. La véritable question était de savoir quel face était la moins pire …

Si l’idée lui avait semblé bonne, elle n’était malheureusement pas la solution pour l’empêcher de se noyer dans cette masse blanchâtre imposante, et lourde. Si l’on était un être positif, alors on pourrait se dire qu’on n’était pas enfoui aussi profondément et qu’il y avait encore quelques maigres de chance de survie. Le plus pessimiste d’entre nous dirait que c’est la mort, étant donné que ce lieu est dépourvu de toute civilisation !

Lorsque sa conscience l’abandonnait, que le froid engourdissait ses membres et ses sens, une ombre vint planer sur lui, et le sortir de sa torpeur. Malgré qu’il soit relancé à même le sol poudreux, il resta inerte, n’ayant même plus la force de trembler. Il se contenta d’ouvrir avec de grandes difficultés ses yeux pour regarder ce monde flou – ses lunettes avaient un but, mine de rien – et pour aussitôt vouloir s’endormir.

- Papa ?

Malheureusement, l’ombre s’éloigna. Cela lui fit penser à son père qui courait devant sans cesse, encourageant le petit Kiseki à courir encore et encore, pour se surpasser, pour le dépasser … Ainsi, contre mont et vent, il tenta l’impossible : se relever. Puis il s’essaya à une autre difficulté : marcher. C’est donc dans un état d’étourdissement, et de fatigue presque délirant, qu’il avançait derrière cet inconnu qui n’était qu’un grand Ours de neige au bras scintillant à ses yeux.

Si Kakeshuou ressentait la faible différence de température, pour Kiseki s’était la goutte d’eau en trop. Il tomba à même le sol, appréciant cette « chaleur ». Soudainement, un soubresaut le prit, et un autre … et tant d’autres. Il semblait délirer par ces épreuves-ci, inconsciemment, divaguant entre le sommeil et le réveil.

- Il faut que je l’ai. Je le veux. Je le veux, répéta-t-il entre autre. Il faut le sceau, le sceau …

Il ne cessait de dire les mêmes choses à répétition. Il avait l’impression de dire les choses clairement : il lui fallait le monstre, et il fallait son sceau médicinal laissé dans son sac pour lui apporter un semblant de soin. Malheureusement, les paroles d’un fou n’étaient compréhensibles que pour un fou. C’était également le cas pour un malade.

Quant à la suite, il ne saura dire ce qu’il se passait. Tout n’était qu’Ombre et Lumière, Flamme et Glace, Vent et Brise …

Dans un accès de folie, ou de conscience, il se fit une blessure et traça de son sang le fameux sceau médicinale, et tant bien que mal – au bout de quelques heures – il put l’activer. Au bout d’une trentaine de minute, la fièvre délirante chuta, et son corps retrouva petit à petit une température normale.

Lorsqu’il souleva ses paupières pour poser un regard fatigué – mais conscient – à son environnement, qu’allait-il voir ?

Les lèvres encore tremblantes, il ne tarda pas à regarder autour de lui. Il ne retrouvait plus son sac, et même s’il le retrouvait, il doutait fortement y trouver ses différentes fioles en bon état. Il fallait se rendre à l’évidence, il fallait tatouer ce corps des plus vierges de toute cicatrice ou ingratitude pour pouvoir transporter absolument « partout » chaque objet nécessaire à sa survie, dans les moments les plus inattendus et cruciaux.

- Repartir ? Déjà … disait-il machinalement, un tantinet déçu. Je voulais rencontrer le grand monstre de ces montagnes afin d’étudier son comportement, son pouvoir, ou encore sa structure, ce qui le compose ...

Il disait le tout avec une voix fébrile – à contre cœur malheureusement, mais le froid mordant s’imprégna sur chaque mètre carré de sa chair, voisine d’une chaleur éphémère et faible. Il n’arrivait nullement à prononcer ses habituelles répliques avec orgueil et fierté, et il était bien trop fatigué pour relever l’autorité désagréable de cet inconnu. Il fallait avouer une chose, Sana Kiseki avait de sacré problème avec les ordres, ayant tendance à chercher à aller à l’encontre pour le goût du risque ou de la découverte …

- Je suis un médecin de génie voyez-vous, je souhaite marquer l’histoire de mon nom et de mes découvertes. Je veux oser ce que ces stupides médecins n’osent pas. Au lieu d’attendre que l’expérience, ou le malheur, viennent à moi, je vais à lui. Les maladies, les monstres … Je veux découvrir avant tout le monde.

Il se retint de dire « et même avant mère-nature ». En somme, il n’était nullement gêné à l’idée de déclencher les désastres et malheurs qui secoueraient ce monde, nul scrupule à imaginer tester sur une grande zone un nouveau virus dans l’unique but de comprendre la réaction selon les différentes personnes, dans un environnement « réel » et « non maîtrisé » - et il aura l’antidote, bien avant, évidemment !-.

- Vous croyez qu’il est mort ? Quoiqu’avec cette neige, il peut être conservé quelques heures…, se marmonnait-il, toujours en tremblotant.

Il se tut, perdu dans ses réflexions, observant sa blessure. Il ne tarda pas à arracher un morceau de tissu, et l’entourer. Suite à quelques savants calculs, il se disait qu’il allait pouvoir survivre, qu’il ne perdrait pas beaucoup de sangs et donc qu’il pouvait encore farfouiller les environs.

- Ne me regardez pas comme ça, je ne suis nullement un incapable. Tous mes outils, et mes produits, se trouvaient dans mon sac, perdu dans l’avalanche je pense bien …

Un silence s’imposa à nouveau.

- Et sinon … vous êtes ?

Il voulut attendre la réponse, mais ouvrit à nouveau la petite bouche.

- En fait, merci. Vous avez sauvé une grande figure de la Science, et le monde se souviendra de vous comme le sauveur du Grand Sana Kiseki. Je vous attribuerais une ou deux lignes sur ma future biographie. Dites moi déjà comment voulez-vous qu’on vous associe à moi ?

Le nature revenait bien vite au galop …

- Enfin, écervelé, personne ne va me chercher ce genre de créatures. Au lieu de cela, on a tendance à m’entraîner d’une « mission » à une autre, comme un vulgaire soldat, se plaignit-il aussitôt, las qu’on lui dise quoi faire ou non.

Il n’avait cessé d’obéir tantôt à Kyu Goren, tantôt à Yamanaka Hiro, tantôt à Tenbatsu Kurasa, soit des criminels ou mercenaires, en les suivant aux quatre coins du Yuukan pour quelques missions de mercenariats ou de sabotages. Il n’avait eu l’assurance d’obtenir un laboratoire que récemment, mais dans le plus grand des secrets … et avec des moyens encore un tantinet limité. En effet, il lui fallait clairement des hommes et des femmes qui risqueraient leur vie pour tel ou tel sujet d’examen !

- Cinquante ans … Woah, vous êtes plutôt solides pour un vieux, finit-il par dire, regardant la musculature et la structure de cet homme. Je ne sais si ce sont les entrainements ou ce fameux chakra, mais les plus vieux Shinobis ont clairement la peau dure.

Son regard s’attarda un court instant sur la blessure rougeâtre du « débris ». Pouvait-il obtenir un échantillon de sang ainsi qu’un bout de peau, afin de pouvoir l’analyser par la suite ? Il se souvint aussitôt qu’il avait perdu tous ses outils, par conséquent toutes ses encres et parchemins …

- Oh nooooooooooooooooooooon mes parchemins !

Avait-il transporté à ses côtés certains des découvertes faites au cours de ses nombreuses aventures ? Il n’en avait guère le souvenir, et soudainement il avait besoin de se rendre à Mizu no Kuni où un semblant de laboratoire l’attendait ?

- L’Empire ?

Il avait eu vent de l’Empire, ayant été présent durant l’assassinat tenté envers la daimyo de Yuki no Kuni entre autre, et savait donc très bien de quoi le vieil homme parlait. Autant dire, telle une grande personne, il écoutait attentivement – buvait littéralement chaque mot – du sauveur. Par quelques mots, il avait su caresser l’orgueil du garçon.

- Le Médecin de L’Empire … ça sonne bien, disait-il avec les yeux brillants, oubliant soudainement son sujet d’expérimentation perdu. Sachant que l’Empire a clairement plus de moyens que n’importe quelle autre personne.

Certes, on avait toujours besoin de mercenaires pour quelques rôles, mais cela ne valait pas les moyens de l’Empire. Plus important, si cela l’agaçait, il pouvait bien partir. Il sera un grand Médecin, de toute façon, et cela voulait dire être apte à faire comme il désirait, et être accueilli partout les bras grands ouverts ! Il ne craignait rien, surtout à ce jeune âge insouciant.

- Par contre … ça veut dire que je serais encore envoyé sur le terrain, de mission en mission, pour combattre ? demanda-t-il avec une pointe d’exaspération. Vous savez, pour être un bon médecin, je dois cultiver mes connaissances, et ne pas perdre mon temps sur le terrain. Par exemple, ce monstre, on devrait l’obtenir pour moi, afin que je l’étudie de bout en bout !

A son sens, il n’avait pas à gérer la logistique du début jusqu’à la fin.

Sana Kiseki était peut-être encore bien jeune mais il n’était pas totalement stupide. Il savait que l’Empire aurait bien plus à offrir en termes de moyen et de connaissances qu’un groupe de Mercenaire. Ajoutons à cela que le vieil homme indiquait qu’il avait bien d’autre dessein que de lui confier quelques vulgaires missions !

« Kurasa comprendra ! » se disait-il, ayant déjà retourné sa veste pour porter le bleu ciel du Shukai.

Cependant, il afficha bien vite une mine boudeuse et désemparée lorsque l’inconnu disait d’oublier ce monstre qui n’était – peut-être – issu que de l’imagination ! Cette phrase-ci ne plut nullement au jeune médecin. D’une, il ne pouvait « halluciner » malgré les nombreuses épreuves qu’il avait traversé. De deux, il souhaitait encore et toujours ce sujet d’études !

- Mais … Mais je n’ai pas rêvé ! Si on fou…

Il se tut bien vite devant le regard glacial du vieil homme. A contre cœur, il abandonna donc cette idée. N’ayant plus la créature des glaces en tête, Son regard finit par se poser sur la blessure de cet étranger, et il s’interrogea sans tarder sur son origine. Que s’était-il donc passé ? Quand s’est-il fait cette blessure ?

- Vous vous êtes battus contre quelque chose ?

Oui, à cette heure, le jeune Kiseki s’inquiétait sur la possibilité d’un autre danger dans ces montagnes solitaires et froides. Il imaginait un court instant que son sauveur avait été cet homme, mais il n’avait nul souvenir de sa présence lorsque des loups – ou tigres – de glace s’étaient lancés sur la créature monstrueuse, ou lorsque l’avalanche avait englouti tout cet univers.

- En fait, comment vous appelez-vous ?

A parler, et à parler, il avait oublié de demander l’identité de cet homme. Effectivement, si le jeune Kiseki était prompt à se présenter et à se vanter, il en oubliait vite de s’intéresser à autrui. A son sens, hormis lui ou les grands Scientifiques, tout le reste n’était que de vulgaires êtres, de la basse cours, auxquels il n’y avait nul besoin de poser son regard.