Deux jours plus tard dans une chambre d’hôpital.

Sho était allongé sur un lit, le torse recouvert par des bandages et entouré par des machines qui sonnaient ou bipaient.
Une infirmière rentra dans la chambre, elle semblait plus jeune que le Kadoria mais pourtant elle utilisa son autorité pour vérifier que les bandages de Sho allaient bien.
C'est alors qu'un chirurgien rentra dans la salle, il n'était pas inconnu puisqu'il avait soigné  Sho et travaillé sur sa marque de serviteur.

- Bonjour Docteur

- Bienvenue parmi nous Sho, tu reviens de loin. Tes blessures ne sont pas totalement réparés alors évite les mouvements brusques.

- D'accord, depuis quand suis-je ici ?

- Deux jours depuis ton arrivée aux portes en très mauvais état, un de ton clan Kuroba t'a trouvé inconscient avec un vieil homme sur le homme.

Le visage du chirurgien s'obscurcit à la fin de sa phrase comme si quelque chose s'était passé....

- Dosan !Avez vous pu le sa...

- Je suis désolé, nous n'avons rien pu faire.

- Ou est-il ?

- Nous l'avons retrouvé dans nos dossiers, il a été enterré au cimetière Kadoria dans la tombe familiale.

- C'est ce qu'il voulait. Merci.

Sho regarda par la grande fenêtre qui offrait une grande vue sur le village. Il n'avait pas vraiment changer, le Palais du Raikage était là, le bureau du Kazai un peu loin. On pouvait voir aussi l'Académie du village.  Des lieux ou Sho avaient passé beaucoup de temps et peut etre que Dosan aussi a vécu quelque chose dans ce village. L'homme allait lui manquer, il avait aidé le jeune garçon comme il disait à comprendre certaines choses...

- Que s'est-il passé pendant mon absence ?

- Beaucoup de choses, bonnes comme mauvaises à toi de me le dire. Mais je pense que plusieurs personnes doivent venir te voir et t'éclaircirons.

- Le raikage je présume, ou mon bras droit ?

- Tu verras mais en attendant reposes toi un peu.

C'est alors que quelqu'un toqua à la porte.

Toc toc toc toc. Le bruit de mes pas raisonnant sur l’asphalte. Il devait être environ 16h et j’étais appelé à me diriger vers cet endroit où une surprise m’attendait. Le Chokkatsu m’en avait informé. Le Chef du clan Kadoria était de retour après plus de deux saisons de disparition. Tout le Kazai était mobilisé. Le branlebas de combat, car cette arrivée n’était pas anodine. Tous ici se demandaient où avait pu passer cet homme et le revoilà au sein des murs de ce village. Tranquillement.

J’étais parvenu à l’hôpital du village. Des médecins accoururent à moi et se proposèrent de me mener jusqu’à la chambre où se trouvait Sho. Ils n’avaient même pas pris la peine de me demander quel était l’objet de ma visite ici. Cela devait paraître évident. En même temps, même si par ailleurs j’aurai pu venir jusuq’ici pour une autre raison, celle de la visite à Sho ne pouvait être éludée.

Nous étions finalement arrivés. Au pas de la porte de cette chambre que je devinais spacieuse, les médecins se retirèrent en s’excusant. Je les regardai s’éloigner, sans mot dire. Ils faisaient bien de partir. Un échange entre le chef du village et un shinobi de l’importance du Kadoria devait se faire de la manière la plus discrète possible. J’espérai que ce soit le cas. J’allais de mon côté m’assurer que rien ne filtre.

Posant ma main sur le loquet de la porte, je poussais après avoir toqué deux fois. Simple politesse. J’estimai avoir le droit de pénétrer dans cette chambre même sans annoncer ma présence. Je ne pénétrais pas dans la pièce dans un premier temps. Silencieusement, en jouant avec le langage des yeux, je m’assurais du départ du médecin. Etre seul avec le Kadoria me paraissait être nécessaire. Je n’eus pas à m’exprimer de façon plus claire. Le médecin me compris et s’exécuta. Je m’écartais pour le laisser passer. Lorsque ce fut fait, je pénétrais enfin dans la pièce avant de refermer la pièce derrière moi. Usant du signe du tigre, j’isolais sur le plan acoustique la zone où nous nous trouvions tous deux.

« Bonjour Sho... Te sens-tu mieux actuellement ? »

Je le jaugeais rapidement du regard afin de me faire une état sur son état de santé et sur son état mental. Il semblait sur le plan psychologique plutôt bien se porter. Cependant, ses blessures n’étaient pas toutes guéries.

« Tu imagines sans doute que j’aimerai comprendre ce qui t’es arrivé et pourquoi on est resté si longtemps sans nouvelles… N’est-ce pas ? »

Ma voix était neutre. Aucune effusion de joie. J’étais tiraillé. Une part de moi se sentais trahi, déçu par cette si longue absence. Une autre part, la plus grande, cependant, se réjouissait de ce retour inespéré. Nous aurions bien des choses à nous dire pour peu que cette discussion ne tourne pas rapidement au vinaigre.

La porte s'ouvrit mais personne ne passa le palier. Sho connaissait cette aura, il était venu vite et voulait être seul avec le jeune Kadoria vu la vitesse auquel le médecin quitta la pièce.

Le Raikage ferma la porte derrière lui et effectua un mudra, sûrement pour isoler la pièce de toute écoute.  Enfin il salua Sho en lui demandant comment se portait-il.

- Bonjour Zenno, je vais mieux qu'à mon arrivée, hormis quelques tiraillements mais les médecins ont fait un bon travail.

Sho regarda son ancien sensei de haut en bas, il n’avait pas beaucoup changé, peut être quelques cernes mais il ne portait pas de traces de blessures. Une bonne nouvelle en somme.

Puis le Godaime entama la discussion, c'était inévitable mais il souhaitait  connaître ce qui était advenu du Kadoria durant son absence.

Sho racla sa gorge :

- Comme dit dans ma lettre je suis partit en voyage à Yu no Kuni où au bout d'une semaine je fis la rencontre de Shiwoon. Puis ensuite plus rien, l'homme que j’ai ramené avec moi au village m'a retrouvé blessé et inconscient dans les montagnes.

Paix à son âme.

- J'étais malheureusement amnésique et mes souvenirs ne revenaient que par flash. Je suis donc resté avec lui, pour rapprendre et savoir qui j'étais. Mon sauveur s'appelle Kadoria Dosan, déserteur du village devenu ermite. J'ai mis très longtemps à retrouver mon identité donc je n'ai pas pu te contactés

Ne restait plus que la dernière partie de son absence :

- Malheureusement des gens ont découverts que je n'avais pas disparu, et voulait me voir disparaître. Des mercenaires nous attaquèrent et blessèrent mon ami. Sous l'excès de la colère je les ai tués en ouvrant une Porte Céleste. Et enfin je suis rentré au village sans faire attention à la douleur avec le corps de mon sauveur sur le dos.

Voilà le résumé de l’absence du Kadoria. Sho comprenait que la question avait du faire débat au village. Un chef de clan et conseiller qui s'absente comme ça n'était pas commun, peut être même que des ninjas étaient sur ses traces.  Le juunin était un peu gêné par cette situation, son voyage aurait peut être pu lui coûter la mort, seul, dans la montagne...

- Pardon pour mon départ plein de fougue, je n'ai pas pris conscience que cela pouvait être le village à mal alors que mon rôle premier est de le protéger en tant que Shinobi.

Sho baisa la tête en attendant la réponse de son kage...

Je le regardai d’un air sceptique. Sans mot dire, j’écoutais et analysais ses propos afin d’en peser le pour et le contre. Il m’avoua avoir rencontré Dentô Shiwoon. Son ex camarade, membre du Senshi et non moins rival. Il faut dire les choses tel quel. Depuis le départ de Shiwoon, je l’avais senti, cette baisse de force intérieure du Kadoria. Il s’était battu contre lui-même pendant un bout de temps, puis au final, il avait fini par craquer, par tenter d’élucider cette affaire, toutes affaires cessantes. Il est curieux de voir comment une vie peut être liée par une autre. Le narcissique et soliste Shiwoon lié à celui qui fut un consciencieux shinobi. Je le regardais de haut en bas, sans mot dire, sans faire le moindre mouvement. Je le jaugeais.

*Une destinée toute tracée que l’on détruit sur des erreurs de parcours.*

C’était ce que je pensais de Kadoria Sho. A mes yeux, il était comme Shiwoon. A la différence que lui n’était pas allé au bout de ses actes. Il avait fini tiraillé. Parti et présent à la fois. Ici et là-bas en même temps, partout et nulle part en somme. Ce n’est pas la meilleure voie pour progresser, pour aller de l’avant. Je me souviens des objectifs et rêves de chacun d’eux. Kadoria Sho s’est dit adepte de la paix. Tout simplement. Dès le premier jour j’avais trouvé son rêve flou, bien trop vague et je m’imaginais déjà le voir faire des erreurs de parcours. J’espérais qu’il aurait la chance, en me côtoyant, de comprendre que la mission de chaque shinobi et d’abord de contribuer à la grandeur de son pays, de son village ninja. Mais il lui a fallait passer par d’autres voies. Des voies qu’il a jugées meilleures, des voies l’ayant éloigné des enseignements du Senshi. Pourquoi ? Où est la notion de discipline que j’ai tenté de lui inculquer ? Où est la notion de loyauté corps et âme pour Kumo ? Je ne la voyais plus en lui. Non. Il m’a déçu, autant que ma déçu Shiwoon.

La suite des propos du Kadoria me passèrent par-dessus la tête, ou plutôt entrèrent par une oreille pour mieux en sortir de l’autre. Tout, jusqu’à ces mots d’excuse. Je hochais de la tête tout en fronçant les sourcils. Je ne m’attendais pas à recevoir des excuses. Etait-ce le début d’une prise de conscience ? Pouvais-je en espérer autant de la part du Kadoria ? Avait-il enfin pu prendre la mesure des responsabilités qui pesaient sur lui ? Comprendrait-il qu’en se perdant à chercher à ramener Shiwoon, il se perdait tout court ?

Je secouais la tête en signe de désaprobation. Marchant vers la fenêtre, je portais mo regard sur le village, les mains derrière le dos, je parlais enfin, prenant la suite de mon ex élève. Dans ma voix, une pointe de tristesse mêlée à une profonde déception.

« Iro Kabayachi... Shinikage Skan... Okita Soah... Shinkai Nanae... Dentô Shiwoon... Hokugeky Eïy... Sanae… De tous ces shinobis, tu aurais pu être le meilleur Sho. Tu aurais pu être plus compétent que l’excellente Okita Soah, tu aurais pu être plus imprévisible et astucieux que Shinikage Skan, tu aurais pu être aussi déterminé que Dentô Shiwoon ou Iro Kabayachi, tu aurais pu être plus loyal que Shinkai Nanae… Mais tu as constamment fait moins que le niveau auquel tu aurais pu aspirer Sho. Est-ce que je suis destiné à vivre avec toi et constants échecs jusqu’au bout ? C'est ça que tu me réserves Sho ? »

Je me tournais vers lui. Mes yeux bleus, posés sur son visage, cherchaient ses yeux, sur lesquels je ne pourrais me fixer bien longtemps. J’étais réellement déçu. Voilà un élève qui aurait pu surpasser les autres, mais par manque de constance, le voilà moins brillant que beaucoup d’autres.

« En vérité, j’avais misé sur toi, autant que sur Okita Soah, sur Shinikage Skan ou que sur Shiwoon. Mais à votre manière, vous m’avez tous déçu. Okita Soah moins que vous autres cependant. »

Une courte pause.

« Seulement, tu es celui avec qui j’ai pu aller le plus loin. Toi, plus que les autres, n’avais pas droit à l’erreur car au final j'ai placé plus d'espoir sur toi que sur les autres... Quand comprendras-tu que les moindres erreurs dans notre monde se paient cash? Quand comprendras-tu que le poids des responsabilités doivent être assumées. Pleinement ! Mais… Ce n’est pas en négligeant tes responsabilités au sein du village pour un… déserteur que tu gagneras quoi que ce soit vis-à-vis de Kumo. Il te faudra faire un choix Sho... Kumo ou le reste du monde. »

Une nouvelle pause.

« Un jour, tu m'as demandé à intégrer le Satoru. Sais-tu pourquoi jusqu'à ce jour je t'ai refusé cette affectation ? Tous ceux qui sont au Satoru ont pleinement fait le choix de servir le village et cela se voit dans leurs actes. Toi, tu n’es pas prêt et tu l’as démontré plus d’une fois. »

Cette fois-ci, je parvenais à soutenir son regard. Lui pourrait voir dans les yeux de son ancien senseï, la plus pure déception. Mais, qu’en ferait-il ? Les shinobis de cette génération n’en font qu’à leur tête. Tout pour leur poire. Et Sho ? Avait-il finalement réellement changé ou tout ce qu’il avait dit n’était que façade ? Que feu de paille qui serait emporté par la première étincelle ?

Le Godaime Raikage écouta les paroles du jeune juunin avant de s'en aller vers la fenêtre, allongeant son regard sur Kumo, le village qu'il dirigeait. Cependant il semblait déçu et cela n'était pas qu'une impression.

Une leçon de morale, propre, nette et sans bavures. Les paroles du Raikage sonnaient comme une cloche dans les oreilles de Sho. Le Kadoria avait déçu son sensei, ne s'était montré à la hauteur de ses espérances alors que son parcours n'était pas à la portée de tout le monde...

Sho en avait plus qu'assez.

- Tais toi !

Un nouveau risque à prendre. Le Kadoria souleva le drap qui recouvrait son corps blessé, il arracha les fils liés à son thorax déclenchant une série de bippements et autres alarmes puis il se leva.

C'était dur, une douleur insoutenable mais le Kadoria ne plia pas et se plaça devant le raikage qui n'avait mot dire.

- Un déserteur ? Qui ne l'a pas arrêté avant ce geste fou, nous y sommes tout les deux pour quelque chose. Chacun essaye de réparer ces erreurs. C'est chose faite.

Aaaargh

Le juunin serrait son bandeau ninja puis il le plaqua devant le nez de son kage :

- Tu vois ça. Il représente ma famille, ma vie. Tu crois que j'ai capturer le nukenin Sabakyo Seito pour jouer aux cartes, non sauver le village. Tu crois que j'ai accepté d'être une expérience de la marque furyou pour le fun ? Non pour aider le village ! Tu crois que je...je..

Il reprit son souffle puis se redressa :

- Tu crois que j'ai combattu juste pour le sang ? Je l'ai fait mon protéger mes amis, mon clan, le village.

Aaaaargh

- Et...et...et après tu oses me dire que je suis qu'une sorte de sale gamin irresponsable !!!

Il tomba à terre, des larmes de douleur et de fatigue inondèrent ses yeux alors qu'il leva la tête en direction du kage :

- Ma vie....elle appartient...à...Kumo

Depuis la perte de ses parents, il n'était plus qu'une arme, un shinobi.

Règle 27 : « Le ninja ne doit pas avoir de sentiment, le ninja ne doit pas verser de larmes »

- Encore une fois, je déroge à la règle 27 du code ninja, mais j'espère que...que... tu as ...compris. Même....si....si mes erreurs sont...sont.... fréquentes c'est comme...ça...ça...qu'on apprend....

Le Kadoria ne se sentait pas très bien.

Un sourcil arqué. Les mains dans le dos, je venais de me figer comme une statue. Je n’aurais pas imaginé que Sho ose me parler tel qu’il le faisait. C’était direct, c’était cru. Beaucoup trop d’ailleurs. Il faut avouer qu’il m’avait secoué. Secoué, comme on ne me l’avait plus fait depuis belle lurette. Depuis que j’étais devenu Raikage en fait. C’est donc sans mot dire que j’écoutais, d’un regard enflammé certes, Sho porter ses couilles et me sortir sa rage.

D’abord Shiwoon, le déserteur. Sho me rappelait que j’étais fautif. Peut-être bien. Mais je ne suis pas de ces hommes qui prennent sur eux les erreurs des autres. Peut-être suis-je un mauvais senseï. Je fais une moue à cette idée. J’ai toujours essayé d’inculquer à mes élèves un amour indéfectible envers le village, tout en les poussants à adopter une discipline rigoureuse. Mais avec le temps, je me rends compte que la discipline se perd dans notre monde. Chacun préfère n’en faire qu’à sa tête au détriment du collectif. Chacun préfère faire son petit truc dans son coin, au lieu de contribuer à l’avancement de tous, en même temps. Si nous, les shinobis, membres de l’ordre militaire, nous laissions aller à des actes d'indiscipline, que deviendraient ceux que nous sommes censés protéger ? Je secouais la tête tandis que Sho, après m’avoir montré son bandeau ninja, me rappela quelqu’uns de ses faits d’armes. Puis… il craqua !

Des larmes inondèrent son visage. Je me détournais. Cette fameuse règle du shinobi. Je me souviens de la dernière fois où je m’étais moi-même laissé aller à ce genre de comportement. C’était en pleine guerre. Alors qu’au détour d’un désastreux échec, j’ai cru que la vie de ma Hiryuu était en jeu. Moi aussi je m’étais laissé aller à des pleurs. Une chose que je ne regrette pas à ce jour. Non. Je ne le blâmerai pas pour ces larmes. Je sais que, si elles sont honnêtes, elles lui feront du bien. Elles le soulageront… Tant mieux pour lui.

Je laissais passer un temps, regard évitant soigneusement le sien, tant qu’il ne sècherait pas ses larmes.

« Nous sommes peut-être tous les deux pour quelque chose à la désertion de Shiwoon, mais c’est une décision qui lui est propre. Il a choisi de servir ses intérêts personnels plutôt que de servir le village. La moindre des choses que je pouvais faire par égard pour lui, était de ne pas l’arrêter, de le laisser s’en aller tranquillement. Ce que j’ai fait et que je ne regretterai que le jour où il décidera de se retourner contre le village. »

Une courte pause. Un moment solennel. J’essayais de garder de la hauteur face à cette situation. Si Sho voulait faire dans le sentimentalisme, grand bien lui en fasse.

« Ce que je tolère à un simple Genin, je ne l’accepterai pas à un Chuunin, encore moins à un Jonin. Et je ne te parlerai pas d’un Conseiller, Chef de clan et Chef d’unité spéciale. »

Et c’est là que je décidais de le regarder. Il pourrait lire dans mon regard. Si lui était abattu, moi j’étais en colère. Réellement. Mes mots, un dernier avertissement. Comprendra qui pourra.

« Crois-tu que le fait d’avoir fait ton devoir t’autorise à faire ce que tu veux par après ? Que crois-tu Sho ? On en demandera toujours plus à ceux qui sont les plus importants au sein de ce village. C’est ainsi. Crois-tu que je puisse me permettre de disparaître aussi longtemps que toi, sans réel préavis, pour des… des futilités ! Un shinobi digne de ce nom doit toujours être prêt à servir car tel est notre rôle ! C’est la voie que nous avons choisie ! C’est celle que nous empruntons nuits et jours ! Faire notre devoir ne nous confère pas à de passe-droits. »

Je me tournais à nouveau vers cette vue portant sur le village. Mes mots seraient froids, durs, mais il fallait que ça sorte.

« J’ai besoin de toi Sho. Mais j’ai besoin du Sho à plein potentiel. Pas d’un intermittent du spectacle. Je veux que tu deviennes le shinobi sur lequel Kumo pourra compter les yeux fermés ! Et ce, à tout moment. Si tu veux être autre chose que ce à quoi tu es destiné, je saurais me passer de toi. Tout simplement… »

Ferme. Il fallait que les choses soient clairement dites. Que chacun prenne ses responsabilités.

Des futilités donc...

Sho tourna trois fois ces paroles dans ses cordes vocales, dire ce qu'il pensait actuellement de son kage allait rapidement l'emmener  au peloton d’exécution. Annoncer  à son kage que ses paroles n'étaient qu'un ramassis d'informations incomplètes et de belles bêtises ne devaient pas être bien vu, à sa connaissance, personne ne l'avait jamais fait ou n'y avait survécu...

Le dossier « Shoraizen » et surtout celui de Sabakyo Seito avait toujours intéressé le Kadoria depuis l'attaque du célèbre nukenin sur le pays des nuages. Suite à sa disparition au même moment que le Yondaime, Sho était partit en quête d'une nouvelle vérité, d'un nouveau but et celui ci s’affichait clairement. Mettre fin aux agissements du Shoraizen mais sa rencontre avec Shiwoon et ce qui avait suivit avait perturbé ses plans qui aurait pu bien se dérouler au début, le Sabakyo pensait tenir le Kadoria dans sa main, comme un enfant avec un jouet de bois. La comédie est un art après tout...

Les paroles du kage étaient sages et pleines de vérités mais cependant, elles ne prenaient pas en compte tout les éléments.

- Tu sais Zennosuke, si je suis partit c'est pour servir le village d'une autre manière. Mais malheureusement tout cela ne s'est pas avéré des plus efficaces mais maintenant je suis là.

Le Kadoria se tourna vers la grande fenêtre et écarta les bras devant ce qui l'avait vu naître et grandir : Kumo.

- Tout ce que j'ai fais jusqu'à présent s'est avéré être fait pour Kumo, ce village est au cœur même de la vie de Shinobi comme tu dis et donc de ma vie.

Il reprit sa respiration, ses derniers mots allaient décider de ce que Zenno ferait de lui. Il se tourna vers l'homme qui l'avait guidé sur la voie du Soldat, lui avait enseigné de nombreuses techniques avant d'être accaparé par d'autres taches pour finir Raikage.

- Je ne me suis pas croisé les doigts ces derniers temps, mon niveau s'est considérablement augmenté mais tes activités n'ont pas permis de le voir. Une chose est cependant sure, tu n'auras pas à te passer de moi.

Le linge sale avait été lavé, pas avec la meilleure lessive et les meilleurs mots mais voilà une bonne chose de faite. Le Kadoria et le Seki allait pouvoir repartir du bon pied mais avant :

- Voilà pourquoi je m’inquiète pour Kumo. Je me suis renseigné, la situation avec Konoha et le Shukai, le Shoraizen et tout ça. Comment cela s'annonce-t-il ?

Le jeu de la guerre et des alliances était un vaste jeu d'échecs dont la moindre erreur pouvait voir tomber la Reine ou le Roi. Sho ne voulait pas voir tomber son kage et encore moins son village.

Je cherche une fêlure, une fêlure pour être brisée.
Napoléon Bonaparte.

Il me semble que le Kadoria n’a pas compris. Non. Au fond de ce personnage, quelque chose ne tourne pas rond. Une étape a été sautée dans son cursus de formation. C’est indéniable. Autant je peux affirmer avoir échoué à former Dentô Shiwoon ou encore Sanae, mise en prison, suite à sa tentative d’agression sur moi et mystérieusement évadée grâce à son lien avec les furyous, autant je le voyais clairement à présent. Non, je le ressentais en moi. Cette faille dans la confiance envers le Kadoria. Je fronçais les sourcils, peiné par ce simple constat. Malgré la rigueur militaire que j’ai essayé d’inculquer à ce type de shinobis, malgré les tentatives de recadrages, malgré nos discussions… Pourrait-il un jour réellement saisir le sens de ces mots : discipline, loyauté sans faille à son Kage et au village, disponibilité, sens du sacrifice ? Je crains que non. De sa bouche que des mots que j’aurai souhaité bannir de son langage, mais surtout ce type de phrases : "Servir le village d’une autre manière."

*Quelle autre manière que la voie tracée par le Raikage ? Avais-je été aussi indiscipliné lorsque j’étais sous les ordres de mes prédécesseurs ? Ai-je une fois eu la prétention de servir le village autrement ? Ai-je déjà à moi seul été un risque pour Kumo ?*

Je note au passage, la petite pique qui m’étais destinée. J’esquisse un petit sourire. Ils sont de plus en plus nombreux les shinobis qui réclament de l’attention. Tels des enfants. Un shinobi doit d'avoir savoir servir. S’ils se mettaient un tant soit peu à la place du Kage que je suis, ils comprendraient qu’être en haut de la hiérarchie nous isole de la base et ce, quels que soient nos objectifs, notre manière de diriger, notre façon d’être. Jusqu’ici, j’ai toujours privilégié, un minimum l’échange, malgré que je suis resté fermé sur certains principes, dont ceux touchant à la forme du pouvoir m’ayant été légué. Je suis seul. Tout en haut de cette pyramide. Et dans ma solitude j’affronte sans alliés les démons du futur. Pourrais-t’il imaginer une seconde le poids de la charge que j’endure ? Pourras-t ‘il comprendre un jour que son attitude, loin de m’alléger la tâche, me la complique ? Pourras-t’il comprendre un jour qu’il est à lui seul un risque pesant sur le village tel une épée de Damoclès ?

*J’ai hérité du village légué par le Shodaime Raikage. Je me dois de le gérer au mieux afin qu’il devienne prospère. Je ne peux plus me permettre certaines faiblesses.*

Je pose un regard sur Kadoria Sho sourcils légèrement arqués. Il doit le comprendre à mon regard. Sa dernière interrogation ne m’intéresse pas. Je ne crois pas en lui. Je ne crois plus en lui. Il doit me prouver sa valeur. Il doit me prouver qu’il dispose de ce sens du sacrifice que j’attends de lui. Il doit me prouver qu’il a compris quelles ont été ses erreurs et quel devait être son rôle vis-à-vis de Kumo. S'il ne comprends pas, tant pis !

« Tu t’inquiètes pour Kumo ? Intéressant, mais tes actes prouvent le contraire et ce, depuis la fin du règne du Yondaime. Tu es instable Kadoria Sho. Et je dois te l’avouer, j’ai du mal à te faire confiance pleinement. Sais-tu ce que ça signifie ? »

Je lui fais face à présent. Je m’apprête à au pire, même si je suis certain que le Kadoria ne fera rien de ce que j’imagine. Ce serait bien trop risqué pour lui. Là, tout autour de la pièce, je les entends, malgré toutes les précautions qu’ils prennent pour se faire le plus discret possible. Mais, je n’aurais pas besoin d’eux. Je réglerai seul tout débordement.

« Kadoria Sho ! Je te retire tes fonctions de Chef du Kazai et de Conseiller de Kumo. Je te condamne à un mois ferme de prison, mesure punitive suite aux trop nombreuses libertés que tu as prises sans mon aval. Réfléchis pendant le temps que tu passeras dans les geôles du Satoru à ce que doit être l’attitude d’un Jonin, qui plus est de l’importance que tu as eue. »

Il est temps de diriger Kumo d’une main de fer à travers les tempêtes qui s’annoncent. Il est temps que chacun définisse son allégeance, de manière on ne peut plus claire.

Tes actes prouvent le contraire.

Cette blague....

Zennosuke en devenait presque pathétique, mais pour le moment Sho devait être un shinobi résolu, il écouta donc sa sentence et hocha la tête.

- Telle est ta volonté.

Il s'approcha de la porte, laissant là son bandeau ninja qu'il n'allait pas utiliser pendant longtemps.
Sho savait que les geôles du Satoru n'allaient pas être tendre, mais bon il aurait au moins des nouvelles du villages là bas, et peut être pourrait être même sortir sous garde surveillée. Après tout Kouga bossait là bas.

Le Kadoria saisit une veste et posait sa main sur la poignée de la fine porte en bois mais il se tourna vers son kage avant de sortir.

- Tu sais Zenno, je ne souhaite pas particulièrement te voir mort.

Il poussa la porte.

- Mais d'autres vont rapidement le souhaiter, si ce n'est déjà pas le cas.

Une infirmière sauta sur le Kadoria en lui prenant le bras, lui qui n'était habillé qu'avec un simple pantalon et une veste.

- Vous devez rester là monsi...

- Non c'est bon, un autre lit m'attend.

L'infirmière ne sachant quoi faire à la vue du Raikage s'éclipsa. C'est alors que Sho se tourna une dernière fois vers l'homme, qu'autrefois, il croyait bon et admirait.

- J'oubliai. Ne touches pas au clan Kadoria, sinon tout cela risque de finir très mal.

Sho s'en alla.

A l'étage suivant de l'hopital des nuages, quelqu'un vint à la rencontre de Sho. Il s'agissait surement d'un membre du Satoru, ou un juunin qui travaillait dans l'ombre pour le kage. Il était là pour l'interpeller donc.

- Allons-y.

Dit-il en souriant à celui qui lui passait les menottes.

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