L'événement s'étant produit il y a quelques jours avec Hasü avait éveillé pas mal de curiosité chez mes camarades shinobi, et bien entendu chez les membres du kakumeigun tout particulièrement. Si j'avais pu tenir deux ou trois mots à Yami à ce propos, je n'en avais pas encore informé le Yamada. Je me doutais que Yami avait dû rapidement rapporter les faits, et si ça n'avait pas été elle, il aurait quand même eu vent de mes agissements, mais cette fois-ci il n'avait aucune raison de me faire la morale car j'avais agi pour le bien du village en renonçant fermement à mes sentiments, malgré quelques réticences et tristesse que je ressentais au moment de la renvoyer en cellule. En tout cas on ne m'y reprendrait plus, ça c'était sûr. Je me décidais donc, par un journée somme toute banale de faire le trajet jusqu'aux bureaux de l'unité spéciale pour faire part de mes décisions et finalement, effectuer un rapport sur l'espionne. Rapport qui deviendrait crucial sur ce qu'il adviendrait d'elle.

Les premières personnes que je croisais devant le bâtiment m'accueillirent avec des regards plutôt sombres, comme si ils remettaient en doute encore une fois mes valeurs et mon attachement au village, en soit je m'en fichais un peu mais ça ne pouvait me valoir que du mal. Les rebelles entraient rarement dans les plans des kazekages ou bien des chefs d'unité spéciale, je ne faisais sans doute pas défaut à cette règle. Quoi qu'il en soit, je me présentais à l'accueil pour demander une audience avec Kioshi. On m'indiqua son bureau et on m'y conduisit. C'était plutôt solennel comme entrée, peut-être un peu trop d'ailleurs car il n'y avait pas de quoi se pavaner.

Je frappais trois fois sur le bois de la porte avant d'entrer. Je ne le saluais pas de suite, je me tournai pour refermer la porte doucement. Mon tempérament semblait avoir trouvé un calme assez tranchant avec ce que j'étais avant toute cette mascarade sentimentale. Je saluais alors mon homologue, attendait son approbation pour prendre place sur l'une des chaises mises à disposition des visiteurs. Je ne disais encore rien, essayant de chercher des mots sobres pour expliquer la situation. Je m'approchais du bureau, y plaçais mes mains que je croisais en regardant le chef de l'unité spéciale. Sans m'en rendre compte, mon vocabulaire oublia la notion de respect pour le tutoyer de suite, sans vraiment montrer de gêne de ma part.

• Tu dois savoir pourquoi je suis là... J'ai envoyé Koken Hasü à l'Ergastule et ce malgré les sentiments que je pensais éprouver pour elle. Tu vas ma dire que ça valait bien la peine de tout ce remue ménage et tu aurais raison. Elle m'avait donné sa parole comme quoi elle se fondrait dans le village, épouserait nos traditions et notre sens de l'honneur, aimerait ce village. Et finalement elle m'a avoué préparé sa fuite, je ne pouvais pas la laisser sortir avec autant d'informations...

Je marquais un temps d'arrêt, chose normale après autant de paroles, le temps pour lui d'analyser tout ce que j'avais pu lui dire ainsi que de me répondre si le cœur lui en disait. Je venais de faire le résumé sommaire de ce que j'avais fait, désormais restait à demander ce qui lui arriverait, même si la condamnation à mort me semblait très probable, Hasü n'en demeurait pas moins une personne que je chérissais, du moins je le croyais, avant son énième trahison.

• Je me doute qu'elle attendra une sentence à l'ombre des geôles. D'ailleurs cette sanction sera sans doute exemplaire pour montrer aux futurs espions tentés par Suna ce qu'ils risquent, n'est-ce pas ? La raison de sa présence ici est un marché avec un Nukenin retenant une personne de sa famille, qu'elle aime et qui est malade. Ce nukenin n'a jamais promis de la soigner mais avait promis de la tuer si Hasü ne revenait pas. Ce qui est idiot quand on y pense, car qui mieux que Suna et son expérience dans les soins sanguins aurait pu la soigner, cette fille ?

Bizarrement, et inconsciemment, je rigolais à ce que je venais de dire, repensant peut-être à l'idiotie exacerbée de sa manœuvre. Elle avait caché une chose cruciale dès son arrivée aux portes. Nous n'étions pas des monstres, si elle avait osé demander de l'aide, rien ne lui serait sans doute arrivé. Mais elle avait tranché et désormais la personne à qui elle tenait devait être morte, elle m'avait perdu alors qu'elle avait une place au village et elle allait se perdre elle-même, se perdre dans la mort, probablement. Je m'installais au fond de ma chaise, prenant une pose plus simple, moins sérieuse. J'attendais sa réaction.

Bon, à bien observer le Yamada et à l'écouter me répondre avec un froid assez dur, je comprenais assez facilement que venir le voir, malgré le fait que ce soit une noble décision, n'était pas forcément la meilleure. Il me testait encore une fois, testait chaque mot, chaque sentiment... Et bizarrement il tapait dans le mille presque à chaque fois, jouant sur les mots pour me mettre mal à l'aise, et c'est dans ces moments là que je devais montrer le changement opéré au plus profond de moi. Je relevais les yeux pour me focaliser sur lui, sans montrer une quelconque gêne par rapport à ses questions, c'était le premier pas, lui montrer que je n'avais pas peur d'avouer des choses.

• Si tu te méfies de moi, tu fais fausse route. Je l'ai envoyé à l'Ergastule, malgré tout ce qu'il s'est passé. Puis j'ai ressenti quelque chose pour elle, c'est sûr, mais de là à parler d'amour au bout de quelques semaines seulement ? Allons... Je suis sûr que tu connais assez bien ce sentiment pour voir que ce n'était pas cela qui m'animait, tout au plus du désir. Et je ne suis pas en charge des sentences, il y aura un procès pour espionnage, si elle doit mourir alors il en sera ainsi, de même si elle devait être acquittée.

De toute façon, lors du procès je ne pourrais même pas voter, du moins je pensais que j'en serais empêché étant donné mes antécédents avec elle. Et finalement ce n'était pas plus mal, sans doute n'aurais-je pas pu me prononcer quant à son sort. Choisir entre Suna et elle, j'avais choisi Hasü la première fois, Suna la seconde, la balle était au centre mais cette fois-ci je refuserais de me prononcer, autant par respect pour Suna, autant pour ce que j'avais traversé avec la Koken. J'étais en équilibre sur une corde et Kioshi avait le ciseau finalement, si il n'acceptait pas mes paroles et mes arguments, me jugeant comme un traitre ou entrain de mijoter quelque chose, j'étais mort, à tort mais je le serais tout de même.

Je fermais les yeux, sourire illuminant mon visage et ma tête tournant de droite à gauche en soupirant, cette situation était ridicule, voilà qu'il m'interrogeait désormais. Je le laissais me demander ce qu'il souhaitait, réfléchissant au fait que trop de dossiers pouvaient lui faire perdre certaines informations. Hasü avait elle-même répondu à certaines de ses questions mais soit, j'allais le refaire.

• Elle comptait s'échapper seule, sans faire de vague pour rejoindre ce fameux Mikichi, ce Nukenin faisant apparemment plus peur qu'un village entier. Elle sait où il se trouve et elle te l'a même dit durant l'interrogatoire, alors que tu la torturais dans un Genjutsu où j'étais aux portes de la mort. Impressionnant d'ailleurs ! Mizu no Kuni, après ce serait lui qui devait la rejoindre...

Je laissais mes dernières paroles sans vraiment finir ma phrase, je m'amusais avec un crayon que j'avais attrapé sur son bureau, celui-ci naviguait entre mes doigts à toute vitesse, alors même que je ne faisais plus attention à lui. Les informations sur ce Michiki étaient maigres, mais on ne pouvait pas se permettre de laisser un homme vagabonder en toute quiétude alors qu'il avait voulu du mal à un village shinobi.

• ... Donc je vais mener l'enquête sur ce Nukenin. Mais en attendant ma question reste la même : que ferons-nous d'Hasü ? Si on la laisse seule elle essayera de s'échapper, et si elle y parvient peut-être que des informations cruciales sur Suna circuleront dans tous les coins du Yuukan... Sa cause pouvait être noble, mes sentiments pour elle pouvait être réels mais jamais elle ne doit sortir d'ici, au moins tant que cette affaire n'est pas élucidée. Que choisis-tu, toi, le chef du Kakumeigun ?

Le crayon s'arrêtait net, tombait sur la table, mes yeux le fixaient à nouveau. J'avais fini mon intervention, désormais c'était à lui de trancher. Il prendrait les décisions car ce genre d'affaire était le plus souvent géré par le Kakumeigun directement, le Kage n'intervenant que si des complications étaient évoquées. Ici il n'y avait que les prémices d'une enquête suggérée dans une discussion.

Des doutes, légitimes oui mais après tout ce que je venais de dire cela ressemblait à de la méfiance mal placée. N'avait-il que ça à faire de redouter les personnes les plus aptes à servir Suna ? Toujours en le fixant, je ne pouvais que m'apercevoir que mes paroles ne touchaient pas plus le Yamada que cela, alors j'attendais ses paroles, paroles que je redoutais tant je savais ce qu'il allait me demander : la tuer de mes propres mains. Ce fut d'ailleurs ses mots, laissant croire à une question alors que ce n'était pas le cas non, il m'imposait un choix encore plus dur, encore plus cruel que celui que j'avais pris entre Suna et Hasü.

Si le choix s'imposait, quoi qu'il pouvait arriver, à moi alors oui, je la tuerais. Ce serait rapide, net et sans effusion de sang, rien de visible mais un coup si terrible qu'elle y laisserait la vie dans l'instant... Ce serait dur alors de supporter une telle chose par la suite, au niveau de la morale, pourtant je ne refuserais pas de le faire car Suna me le demanderait. Cela faisait un peu soldat automatisé mais comment pouvais-je agir autrement ? Refuser et me faire accuser de trahison ? Alors moi aussi je devrais y laisser la vie ? Impensable. Kioshi ne m'annonça rien quant aux possibles enquêtes pouvant naitre contre ce fameux Michiki mais il jugea l'espionne plus utile vivante que morte.

Ainsi il laisserait la possibilité d'en tirer encore plus d'informations, comme un animal duquel on pourrait extraire du lait encore, et encore, et encore jusqu'à épuisement. Au fond de moi-même je me disais que c'était mieux ainsi, qu'elle pourrait encore vivre, mais une vie dans les geôles de Suna, ce ne devait pas être si excitant que cela.

Suna est et restera ma priorité, et désormais retrouver le commanditaire de cette mission d'espionnage le devient aussi. Je ne pense pas qu'Hasü ne me dira encore de nouvelles informations, de plus la revoir ne me parait pas être une bonne chose après toute cette affaire. Je vais, si tu le permets, mobiliser quelques shinobis de confiance pour avoir les premières informations.

Je me levais alors doucement, laissant au passage le fameux crayon, que je reposais bien parallèlement aux nombreux dossiers sur le bureau. Je le regardais une dernière fois, le saluais et me dirigeais doucement vers la sortie, car il ne restait plus rien à se dire, tout était clair, je venais simplement lui annoncer les faits après tout, puis les nombreux shinobi du Kakumeigun avaient déjà dû lui donner pas mal d'informations sur la Koken.

Je commençais à ouvrir la porte, avant de me retourner brièvement pour annoncer mon départ au chef de l'unité spéciale.

• Bon je te laisse, j'ai du travail. Peut-être devrais-tu aller à nouveau la voir ? Après tout tu as réussi à l'avoir une fois, pourquoi pas deux ?

Puis je sortais, fermant doucement la porte et me déplaçant en un éclair jusque dans mon appartement avec un déplacement dont j'avais le secret. Automatiquement j'écrivais plusieurs lettres de ma main que j'allais remettre à différent personnages du village, des ninja talentueux dans la collecte d'informations. Tout ce qui pouvait concerner ce nukenin Michiki était bon à prendre, même des informations anciennes pouvant nous en apprendre plus sur son état passé et actuel.

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