Un matin habituel pour la Médecin de garde de la célèbre prison Sunajin. Clope à la bouche, la jeune femme approchait, d'une démarche posée, mains dans les poches de sa veste, d'un bâtiment qu'elle avait autrefois bien côtoyée : Le Kakumeigun. Lâchant une volute de fumée, la scientifique observa la structure pour la énième fois depuis qu'elle vivait dans ce village, des souvenirs plein la tête. Elle avait été autrefois une de leurs membres. Oui, autrefois. Aujourd'hui tout cela n'était que passé, et mine de rien cela avait du bon d'avoir laissé cette carrière de tueuse dans le placard. Désormais, la Brune sauvait des vies. En tout cas celles qui le méritaient, tant que la haute administration y trouvait son compte. Le fait de jouer avec la vie des prisonniers ne la dérangeait pas le moins du monde. Elle faisait son travail, point final.

Portant un sac en bandoulière, ce dernier contenait de nombreux dossiers en rapport avec ses patients et comme chaque début de semaine, Sayori s'apprêtait à rendre ces morceaux de papier à la personne à qui elle devait des compte : Ketsueki Yami, l'intendante du Kakumeigun. La Scientifique avait de temps à autre aperçue cette femme aux cheveux noir dans les couloirs de l'Hôpitâl, s'adonnant elle aussi à quelques opérations délicates que le médecin lambda ne pouvait pas encore exécuter. Une camarade ayant le même talent qu'elle dans les soins. Voilà sans doute le gros point commun qu'elles avaient toutes deux. Jetant la cigarette dans la poubelle la plus proche, la Mikasa entra dans le QG des forces Spéciales.

L'endroit n'avait pas changé depuis toutes ces années. Les mêmes couloirs, les mêmes murs,... Le même papier peint aussi.A croire que cet endroit était figé dans le temps et que rien ne saurait l'altérer. Des visages familiers lui apparurent durant son avancée. Par politesse, elle les salua d'un hochement de tête, mais ne prit pas le temps de discuter. De toute manière ce qui se passait dans sa vie n'était pas réellement palpitant. Sans compagnon ou compagne, la Doctoresse n'avait qu'un petit chat du nom d'Origami. Pro en visage Kawaii, ce dernier avait le don de pouvoir de ne rien se faire refuser de la part de sa maîtresse. Mais passons. Car finalement, Sayori arriva devant le bureau de la Ketsueki. Elle toqua trois fois et sa main attrapa la poignet. Elle l'abaissa. Une large pièce, spacieuse remplie de parchemins en tout genre s'étendait devant elle. La Vampire se trouvait là s'affairant à ses propres affaires. Sans attendre, elle se fit remarquer au cas où la Mikasa n'avait pas été repérée.

— Bonjour Yami-sama.

Cela fait, elle s'approcha de la table et y déposa son sac. L'ouvrant, elle en sorti une pile de dossier et fit de même qu'avec leur récipient.

— Comme à l'accoutumée, je vous apporte les dossiers des patients que le Kakumeigun m'a demandé de garder en vie. J'ai un peu de retard, et j'en suis navrée. J'espère que vous me pardonnerez.

Afin de pousser davantage le fait qu'elle s'en voulait un peu, elle s'inclina légèrement. Toujours debout, elle attendit la réponse de son interlocutrice.

Avec l'absence précipitée et imprévue de Kioshi, j'avais énormément de travail au Kakumeigun si bien que ces derniers temps j'y passais même mes nuits. Les dossiers s'étaient accumulés, les enquêtes redoublaient plaçant celle sur la mort de Zanshi de façon prioritaire sur tout le reste forcément et puisque bons nombres de rapports conséquents étaient établis à son sujet, j'avais de quoi lire... Malheureusement peu de choses étaient concluantes à ce stade : nous manquions d'éléments...

Je devais donc redoubler d'efforts pour parvenir à assurer mes tâches tout en couplant celles, plus importantes et conséquentes, du Yamada. J'assurais l'envoi des différentes patrouilles sur les différents sites d'enquêtes ou le renforcement de la garde sur la Voie Illusionnée bien que, puisque le conseil était dressé désormais, j'étais délestée d'une partie du travail qui revenait à Eichi ou Oniri, respectivement conseiller tactique et à la défense.

Alors que j'étais toujours plongée dans le travail donc, une tasse de thé fumante sur mon bureau, on frappa a la porte. Je donnais l'autorisation à la personne d'entrée pour accéder à sa requête. Il s'agissait d'une collègue médecin qui œuvrait notamment pour le Kakumeigun, et qui s'occupait aussi des soins nécessaires à l'Ergastule.

« Bonjour Sayori. Que puis-je faire pour vous ? »

Elle s'approcha, déposant plusieurs dossiers sur mon bureau, sans doute des rapports concernant ses auscultations.

« Ne vous en faites pas pour le retard. Comme vous pouvez le voir c'est un peu la pagaille ici en ce moment alors les sujets à traiter ne manque pas. »

J'attrapais la pile et commençais à feuilleter les rapports rapidement, me penchant sur une lecture plus attentive ultérieurement. Comme a mon habitude, je lui demandais les éléments essentiels de vive voix :

« Y'a-t-il des choses particulières à souligner ? Globalement les blessés et malades se remettent bien de leurs maux où faut-il préconiser des mises en quarantaines ? »

Ils étaient des prisonniers mais, même si ça me faisait mal de l'admettre, ils restaient des êtres humains et nous ne pouvions simplement pas les laisser mourir sans qu'ils puissent obtenir leur procès.

Visiblement, la Ketsueki était débordée et cette dernière confirma ce que la Mikasa avait probablement déduit. En même temps, pas besoin d'être une déesse de l'observation pour voir l'océan de dossier qui s'étendait devant la Vampire. Réajustant ses lunettes sur son nez, Sayori commenta d'un simple :

— Je vois.

N'ayant pas reçu l'autorisation de s'asseoir, la jeune femme resta debout attendant de voir si elle pouvait prendre congé ou si l'Intendante du Kakumeigun avait d'autres choses à lui demander. Il n'était pas rare qu'elle reçoive des instructions de dernière minutes que ce soit par lettre ou voie orale. Et c'est bien évidemment ce qu'il se passa. Ce n'était pas des nouvelles consignes mais plus une envie d'avoir un rapport par Sayori elle même. La brune ferma les yeux un instant, afin de structurer son futur dialogue. Il y avait pas mal de cas à l'Ergastule et mieux valait se souvenir du moindre écart qui s'était passé depuis ces quelques derniers jours. Et Shukaku sait que des anecdotes ils y en avaient quelques une. Certaines plus horripilante que d'autres.

— Et bien... Tout va pour le mieux. Il y a eu quelques surprises néanmoins: Le matricule 23015, Hasuki Juyasaki s'est déboîté la totalité des articulations de ses deux bras et jambes, dans le but de s'évader.

Un petit sourire apparut sur le visage glaciale de la Médecin de garde de l'Ergastule. Il avait fallut remettre les os à leurs places et cela avait été particulièrement hilarant du point de vue de la scientifique. Après, elle n'y était pas allée avec des pincettes. Sans anti-douleur, le prisonnier avait subit l'opération totalement éveillé et Sayori avait volontairement forcé sur certaines parties délicates. C'était le prix à payer pour avoir eu en tête l'idée de quitter Suna.

— Nous avons aussi les matricules 78502, Nakoto Mishimaru et 40108, Bazu Ka qui ont tenté de se suicider. L'un a utilisé sa ceinture pour essayer de se pendre tandis que l'autre s'est frappé la tête sur le mur de sa cellule durant une soirée entière, il s'en sort avec une grave commotion cérébrale. Et pour finir la matricule 74580, Koken Hasü est enceinte.

Un sujet comme un autre. Cependant, le seul problème pouvait être le fait qu'elle tenait l'enfant d'un Sunajin. Des tests ADN allaient devoir être fait pour vérifier l'exactitude des propos de la future mère. Reste à savoir ce qu'en pensait Yami. Evidemment ce genre d'information n'était guère intéressante au vu des événements de l'Ergastule, mais si les propos de la Koken s'avéraient fondés... Mieux valait en avertir cette femme aux cheveux noirs.

— Evidemment dit comme ça, ce n'est pas vraiment intéressant, mais si ses propos sont corrects, cela peut être "embêtant".

Elle marqua une pause puis reprit :

— Elle dit tenir cet enfant d'un certain Wada Eichi. Si mes recherches sont avérées - et que le dossier médical de ce gars est toujours à jour - ce Eichi existe bel et bien. Jonin de Suna, il se démarque par son étrange cicatrice sur le torse. Blessure de guerre face à un Furyou.

Elle ne savait pas si la Ketsueki connaissait cet homme, c'était d'ailleurs la raison de ce récital. Quoi qu'il en soit mieux valait lui faire part de ce détail. La Vampire saurait prendre une décision.

— Evidemment, je ne suis sûre de rien. Mais la grossesse est trop récente pour qu'elle est un gosse d'un des criminels qui ont abusés d'elle. Elle ne peut avoir été engrossée qu'en dehors de l'Ergastule. Mais il va falloir que je vois ce Jonin, pour un test de paternité d'ici quelques semaines. Je voulais juste avoir votre accord ou... de nouveaux ordres.

Sur ces derniers mots, elle attendit, stoïque, la réaction de son interlocutrice.

Sayori prit soin de me faire un compte rendu de la situation comme je le lui avais demandé. Finalement hormis des choses assez récurrentes au sein d'Ergastule, les choses semblaient plus ou moins normal. A l'exception de Koken Hasu... Cette espionne que j'avais moi même interrogée et qui avait suscité beaucoup d'émoi entre nos rangs, laissant presque Eichi se voir démettre de ses fonctions. Ce même personnage qui était le père de cet enfant selon la Koken...

Je fermais les yeux, pinçant les arrêtes de mon nez, fatiguée par tous ces dossiers et maintenant ça !

« Comment si nous avions besoin de ça... »

Murmurais-je avant de prendre une posture plus adaptée.

« Il faut que des tests soient fait oui. Je connais bien Wada Eichi. Effectivement nous avons un problème plutôt conséquents si les dires sont vrais... Eichi est non seulement un Sunajin mais il est aussi Conseiller Tactique pour le village depuis récemment. Cela ternirait grandement sa réputation et celle du village si cela venait à ce savoir... »

Je marquais une pause, cherchant des pistes éventuelles sur la marche à suivre. Kioshi serait sûrement quoi faire mais il avait ses propres problèmes et je me voyais mal lui en faire part... Il me fallait avant tout voir le Wada pour en discuter avec lui.

« Je vais m'entretenir avec l'intéressé pour savoir ce qu'il préconise ce à quoi je vous ferais part de mon avis définitif. Elle nous a causé déjà bon nombre de soucis et voilà qu'en plus il faudrait lui aménager des conditions plus décentes pour élever un enfant issu d'un mariage tout aussi improbable... Nous voilà bien avancés... »

J'étais réellement agacée par la situation et je me disais que j'aurais finalement dû la tuer lorsque j'en avais eu l'occasion. Non seulement nous ne pouvions rien faire d'elle tant que ses commanditaires ne seraient pas arrêtés mais en plus voilà qu'elle nous créait des ennuis supplémentaires.

« Je veux être celle qui annonce la « nouvelle » à Eichi. Ne vous entretenez pas avec lui pour le moment, j'en prendrais moi même les mesures. »

Je n'avais pas vraiment grand chose à ajouter pour le moment.

« Autre chose ? Sinon je vous remercie pour votre travail et vos efforts fournis auprès des différents détenus. En ce qui concerne le matricule 74580 je m'en aucune et vous communiquerais la marche à suivre une fois celle-ci définie. »

Est-ce qu'il ne valait mieux pas interrompre cette grossesse de toute façon très récente ? Il ne nous fallait pas traîner dans la prise de décision et je souhaitais laisser une chance à Eichi d'émettre son avis sur la question puisqu'il était un ami cher à mes yeux.

De toute évidence, la Ketsueki partageait l'avis de la Mikasa. C'était un problème. Un problème de poids même. En effet, à croire que la Mikasa ne mettait vraiment pas souvent le nez dehors, ce Wada Eichi était donc le nouveau conseiller tactique du village. Cette nouvelle fit hausser les sourcils de la scientifique. Une surprise à laquelle elle ne s'attendait réellement pas. Décidément, cette Hasü avait choisie un très bon parti... Volontaire ou véritable coup de foudre ? Dans tous les cas, il n'était pas question que cette affaire s'ébruite et encore une fois les deux femmes convergeaient vers le même avis.

Mieux valait-il que cet enfant ne naisse pas. L'élimination était souvent la meilleure des manières de parer à l'éventualité d'un futur scandale. La réputation du Wada serait sauve et la vie reprendrait son cours normal. Restait à savoir ce que la Vampire allait choisir. Elle disait bien connaître le probable père, ce qui soulignait certainement le fait qu'elle allait sans doute se charger des tests elle même. Et finalement, les instructions tombèrent. Attentive, l'ex-membre du Kakumeigun écouta les ordres et les quelques remerciements à son égard. Elle s'inclina légèrement afin de montrer qu'elle acceptait les lauriers lancés. Pure politesse encore une fois. Elle ne faisait que son travail comme toutes personnes qui se respectaient.

Au vu des dires de la femme aux cheveux noir, le travail de la Médecin de garde s'arrêtait là. L'Intendante allait prendre les choses en mains. La Doctoresse hocha la tête.

— Entendue. J'attendrais donc les futures instructions.

Elle jeta un regard à la pile de dossier, puis prit son sac, beaucoup moins lourd depuis qu'il s'était vidé.

— Je n'ai plus rien à ajouter. Envoyez moi une lettre dès que possible pour que je sache la marche à suivre en ce qui concerne cette femme.

Prête à partir la scientifique s'inclina à nouveau.

— Je vais donc vous laisser Yami-sama.

Un petit sourire s'afficha sur le visage de la Sunajin, ses yeux allant vers la pile de travail de la Ketsueki et la Ketsueki elle même.

— Bonne journée.

Sur ces derniers mots, elle fit volte-face et quitta la pièce. Direction : l'Ergastule. La journée ne faisait que commencer.