- Qu'est-ce qu'on vient foutre là ?

Le jeune homme avait la mine sombre, les bras croisés sur son torse. Il jetait des regards colériques à tout ce qui l'entourait, qu'il soit animal, végétal ou minéral. C'est ça, l'adolescence. L'impatience. Ne pas avoir le temps. Vouloir tout, tout de suite et maintenant. J'étais comme lui, il n'y a pas si longtemps. Ça semblait même hier ...

J'agitais la tête, mes boucles se faisant un rideau de minuit.

- Ce pour quoi nous avons pris la route, Masashi.

Pour retrouver Mei Lin et Tatsuo. Putain de bandits. Ils ont mis le feu à la boutique, pris tous les enfants qu'ils ont trouvé. Mais pour quelle raison ? Je ne voulais pas le savoir. Dès qu'on a constaté leur disparition, Masashi et moi n'avons pas cherché à comprendre. On a pris la route avec notre chariot, on y a attelé les deux bœufs las, et voilà qu'on suivait leur trace. Ce n'est pas comme si ils avaient essayé d'être discrets, oh ça non. Ils avaient laissé derrière du feu, des enfants disparus et des cadavres pendus.

Mais là. Là. Il n'y avait plus rien d'eux. On avait perdu leur trace au Pays du Feu, et depuis plusieurs jours, c'était le néant. On avait demandé, encore et encore. Partout où on passait. A tous les gens qu'on croisait. Cela ressemblait presque à une litanie.

"Vous avez vu nos enfants ? Ils ont sept et cinq ans, ils ont été kidnappés par des bandits"

Ils avaient tous l'air désolés. Ils nous ont plaint, ils ont dit que ça ne se faisait pas. On a eu des regards contrits, des tapes dans le dos, on nous a souhaité bon courage dans nos recherches, et qu'ils étaient de tout cœur avec nous. Rien que du vide. Du néant. Du vent et de la poussière. Et pourtant, ça m'avait un peu réchauffée.

Ils nous ont dit d'aller au Village Caché de la Feuille, Konoha. Ils ont dit que là, peut-être, ils pourraient nous aider.

- On les retrouvera, ne t'inquiète pas.

J'avais chuchoté ça assez fort pour que seul lui m'entende, et Masashi se contenta de soupirer, agacé, avant de détourner le regard.

- Tout va bien se passer ...

Qui est-ce que j'essayais de rassurer ? Lui ou moi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Nous voilà devant les Grands Remparts, et il faudrait maintenant se justifier auprès des gardes.

On attendait que les gardes nous interpellent, c'est à ce moment qu'un jeune homme à l'apparence joviale se retrouva à coté de nous, et demanda à ce quelqu'un nous accueille en bonne et due formme. Ca, c'était pas prévu. J'avais haussé un sourcil, étonnée, alors que Masashi lui jetait des regards noirs. Alors quand il s'adresse à nous, toujours aussi joyeux, je ne sais pas pourquoi, ça m'a donné le sourire.

- C'quoi ce-

Je lui mets un petit coup de coude dans les côtes, pour qu'il se taise. Ne nous faisons pas d'ennemis, si tôt. Après tout, il a parlé d'un truc bizarre, Zen'Ryou. Je me tourne vers l'homme à la chevelure azure, et lui adresse un sourire.

- Nous sommes enchantés de votre connaissance, sir Kennei. Je m'appelle Urumi, et voilà mon frère Masashi.

Le concerné grogne une salutation, décidant de se désintéresser de la situation. Je secoue la tête doucement, un peu dépitée, avant de continuer.

- Nous sommes des voyageurs de Ta no Kuni. Des bandits sont venus dans notre village, ont provoqué un incendie, et ont kidnappés notre frère et soeur, ainsi que d'autres enfants. On nous a dit qu'à Konoha, on pourrait nous aider.

J'exhale un petit soupir, attristée à nouveau.

- Vous n'auriez pas vu, ou entendu, quoi que ce soit à ce sujet ?

Mon regard, plein d'espoirs, se retrouvait sur ses frêles épaules.

La chance n'avait pas été avec moi cette semaine. Le village n'avait pas décidé de m'assigner une mission, ou quelque chose d'important, et même Pô ne m'avait pas réquisitionné pour les besoins de l'équipe. On m'avait assigné une tâche bien plus ardue, celle de faire le garde aux portes de village. Et pas pendant une jour, mais bien pendant toute la semaine. Mis à part si je recevais un autre ordre, je devais surveiller l'entrée dans Konoha. Un travail ennuyant, mais important. On ne pouvait pas se permettre de laissé entrer n'importe qui, tout devait être contrôlé. Au moins, je pouvais me reposer et profiter du beau temps. Et puis ce n'était pas du matin jusqu'au soir donc j'avais du temps pour m'entraîner à côté et continuer de me perfectionner. Je comptais bien devenir Jônin rapidement, donc je ne lésinais pas sur les moyens employés. Peut-être que cela prendrait plusieurs mois mais je n'avais pas le droit de me relâcher, pas après avoir fournis tant d'efforts pour être Chûnin. Certes ce n'était pas en faisant le garde que j'allais me faire remarquer et bien voir par les hautes instances, mais sait-on jamais. Je ne pouvais contredire les ordres.

Le soleil brillait. Il y avait une légère brise qui rendait l'atmosphère si apaisante, que je m'endormais presque. J'ouvris les yeux, scrutant le magnifique ciel bleu. Une sublime journée. Mais...Les portes. Et merde. J'avais oublié. Je me redressais en toute vitesse, voyant justement un chariot et plusieurs personnes devant les grands remparts. Heureusement pour moi une autre personne les avait déjà pris en charge. Banquelquechose. Je savais seulement qu'il était du clan Hyûga, et qu'il était mon supérieur. Il était plutôt cool, et même pervers sur les bords. Pas étonnant qu'il se soit précipité sur ce groupe étant donné qu'il y avait une femme. Je descendis de mon perchoir pour retomber non loin d'eux. Apparemment le Jônin avait déjà répondu à la requête d'une partie des arrivants, puisque le chariot fit demi-tour. Mais il restait toujours un jeune homme à la chevelure aussi bleu que le ciel. J'eus ouïe de son nom, et ce n'était pas sa première visite à Konoha. Je me dirigeais vers l'office pour prendre le registre, avant d'aller vers Bankichi et ce Kennei Omoshiro. Je posais ma main sur l'épaule de mon confrère :

« Yo Bankichi. Je m'occupe de celui-ci. » dis-je en baillant.

Alors alors. Omoshiro Kennei. Si il dit la vérité et qu'il s'agit bien ici de son second passage à Konoha, il devrait y avoir les traces de son premier voyage dans le registre. Je feuilletais les pages pour trouver son nom. Cela serait si facile si tout était classé par ordre alphabétique. Mais ce n'était pas moi qui gérait la paperasse de toute façon. Je trouvais finalement son nom. Il était bel et bien venu. Tout c'était bien passé, il n'avait causé aucun problème. Mais on lui avait apposé un sceau bloquant le chakra. Hum...Dur de juger. Je l'aurais bien laissé rentrer sans le sceau cette fois. Mais je devais m'assurer que c'était sans danger.

« Omoshiro Kennei. Effectivement je vois ici que vous êtes déjà venu au village par le passé. Et cela a l'air de s'être bien passé. Puis-je tout de même vous en demander un peu plus sur ces fameux amis que vous venez voir ? Et vous avez aussi parlé du Zen'Ryou, qu'est-ce exactement ? Rien qui puisse nuire à Konoha j'espère. »

Qui sait, peut-être que finalement cette journée n'allait pas être autant barbante que je l'imaginais. Cet à la chevelure bleue ressemblait fortement à un ninja, rien qu'à son accoutrement et à sa posture cela était visible. On était bien loin des commerçants que j'avais vu défiler pendant toute la matinée. Et le carnet des registres le confirma puisqu'on lui avait appliquer un sceau pour empêcher l'utilisation de son Chakra. Il était donc clair que j'avais affaire à un ninja errant, sans réelle affiliation. Si je devais lui attribuer un niveau de menace, sur dix, je lui donnerais une note bien inférieure à la moyenne. Certes il avait pu changer depuis sa première visite, ou se tenir à carreaux compte tenue des circonstances, et c'est d'ailleurs pour cela que je lui avais posé quelques questions. Je devais être totalement sûr pour pouvoir le laissé passer. Car s'il causait des grabuges, cela retomberait évidemment sur les gardes et dans le cas présent : moi.
Monsieur ? Poli. C'était la première fois que l'on m'appelait comme cela. En même temps, je ne m'étais pas présenter il ne pouvait donc m'appeler par mon nom. L'un des deux noms qu'il prononça m'était familier. J'avais déjà travaillé avec Satochi, et je savais donc que Kennei ne mentait pas sur ses connaissances. Quelques missions pour le compte de Konoha ? Pourquoi pas, c'était faisable. On avait jamais assez de main d’œuvre après tout. Ses intentions étaient clairement légitimes.

« Vous pouvez m'appeler Kakugyo, pas besoin d'utiliser Monsieur. J'ai l'impression d'être vieux ahah. Sinon, je connais Satochi Rakuzan. Donc je veux bien vous croire. Pour ce qui est de votre partenaire, je n'ai aucune information à ce sujet et je m'en excuse. Je vois aussi qu'on vous a équipé d'un sceau anti-chakra la première fois. »

Puis vint son petit discours sur sa fameuse organisation. Le Zen'Ryou. Son but me faisait énormément penser au Kiyomeru de Satochi. En même temps, Kennei avait dit connaître le Jônin. Ce n'était peut-être donc pas une simple coïncidence. Je n'en avais pas encore entendu parler jusqu'à présent, mais apparemment ils recherchaient une alliance ou du moins un accord avec les villages. Ce n'était pas de mon ressort, pour cela il devait s'entretenir avec les autorités compétentes. Mais c'était tout de même intéressant, je suivrais cette histoire de près. Ce genre d'organisation était assez récurrent ces derniers temps. Kiyomeru, Zen'Ryou, et surement bien d'autres. Tous avec le même but, mais pas sous la même bannière. Peut-être serait-il plus intelligent de se rassembler pour avoir plus d'impact, plus d'importance.

« Un but que je comprends et que je considère moi aussi. C'est une organisation de Nukenin, ou du moins de ninjas errants je supposes ? Avec ce que vous m'avez dit, ce que je sais, je ne vois aucun intérêt à vous retenir plus longtemps. Il est clair que vous avez de bonnes intentions, je vous laisse donc passer sans sceau de chakra, mais un de localisation. Juste pour être sûr, ce sont les règles. »

Cela m'embêtait de lui poser ce sceau, mais je devais respecter les indications qu'on avait en tant que garde. Bien évidemment ce n'était pas moi qui allait lui apposer ce sceau, puisque je n'avais aucune connaissance en Fuinjutsu. Mais heureusement pour lui il y avait des gardes spéciaux pour cela, il n'y avait donc aucun problème. Kennei était donc libre d'entrer, tant qu'il allait se faire apposer ce sceau là. Je lui souriais, lui souhaitant un bon séjour à Konoha. Je pouvais maintenant retourner roupiller au soleil.