La route avait été longue et fatiguante mais instructive à bien y penser. En effet, elle avait pu en savoir plus sur les raisons de la présence de Konoha à Yu no Kuni ou encore sur les activités de ce fameux Shoraizen. Cependant, elle préférait garder tout cela pour elle plutôt que le raconter aux autorités sunajins pour plusieurs raisons. D’une, Suna n’y était pas mêlée. De deux, elle n’avait pu poser que quelques questions sans pouvoir vérifier la véracité en travers d’une étude plus approfondie ou encore de l’interrogation d’autres Shinobis de Konoha.

Kaguya Milly avait été trainé par Kurokami Yusei derrière les remparts de Konoha pour un interrogatoire en bonne et due forme – sûrement. La Blonde espérait seulement que rien de mal ne se passerait et, elle se rassurait en se disant qu’il n’y avait pas de raisons. Les deux semblaient avoir un « passif » amical. Des questions qui n’auront guère de réponses avant bien longtemps, surtout si elle prenait racine devant les grands remparts. En effet, pour sa part, il fallait patienter, réexpliquer les raisons de sa venue et – si possible – être introduite auprès du Hokage.

- Bonjour, je me présente Kawaguchi Tsukiko, Chunin de Suna, envoyée pour conclure une alliance entre nos deux villages. J’ai à parler au Hokage s’il est disponible.

Ainsi donc Kawaguchi Tsukiko attendait sagement que le garde fasse appel aux autorités compétentes, ou qu’un Genin vienne l’occuper le temps de rentrer. En dehors de ceci, que pouvait-elle sincèrement faire ?

« Revoir ma tenue … et ma coiffure » se disait-elle, se rendant compte que plusieurs jours de voyage n’avaient guère fait du bien à sa figure. Ses traits fatigués indiquaient clairement son état, et sa tenue était tantôt poussiéreuse, tantôt fripée.

- Les conditions avaient déjà été convenues avec Akimichi Chikin, peut-être est-il dans le village à l’heure actuelle ?

Si elle pouvait retrouver le même interlocuteur que la première, ce serait fort pratique. Malheureusement, ce dernier était injoignable et c’était donc reparti pour une nouvelle rencontre surprise ... Cependant, étrangement, l'attente ne l'ennuyait pas. Elle était partagée entre la joie de revoir son pays natal mais également la peur de voir tout changer derrière ces épais murs.

Et elle se perdit dans ses pensées ou plus exactement dans son passé.

Spoiler:

L’un des gardes, elle crut le reconnaître. Cependant, elle ne pourrait dire clairement « Qui » car les images étaient floues dans son esprit. Nébuleux. Un visage dans une mare de visages, un fantôme supplémentaire parmi des centaines d’autres fantômes vivants ou morts. Un sentiment de faire face à l’inconnu – alors qu’elle avait cru qu’elle ressentirait un sentiment de retour à la « maison » - s’éveilla en elle, ébranlant ses convictions et remontant les bons comme mauvais souvenirs.

Et finalement, ce garde disparut au profit d’un tout autre à la chevelure étrangement blanche malgré son jeune âge. Il ne devait guère être plus âgé qu’elle. Il ne tarda pas à expliquer la situation ou à l’éclaircir sur certains points.

Akimichi Chikin n’était donc guère présent ces derniers temps ? Cette nouvelle ne plaisait guère à la demoiselle car cela signifiait qu’elle allait avoir à faire à un tout nouvel interlocuteur, et qu’il fallait donc reprendre du début les détails de cette alliance. Ce qui n’aurait dû être qu’une formalité prenait de l’envergure. Encore.

« Heureusement, il y a toujours le Hokage. Il a dû suivre l’affaire … ».

Malheureusement, la petite demoiselle était loin de savoir qu’On avait démissionné en tant que Kage et que son poste était vacant. Cela signifiait que l’alliance était totalement à revoir si jamais l’ancien Kage n’avait pas laissé de note ou si le nouveau Kage optait pour une politique bien plus différente et opposée que son prédécesseur.

- Je me présente, Hayashi Jin. J’espère que votre patience est aiguisée, car avec tous les récents évènements, ça bouge beaucoup ici.

Hayashi … Un nom de clan qui lui était familier ? N’était-ce pas ceux qui maîtrisaient la faune et la flore ou encore le bois ? L’un ou l’autre ou les deux ? Elle ne saurait dire, ses souvenirs de Konoha et du Pays du Feu plus largement dataient de l’an 5 … Soit huit longues années.

- Je sais être patience. Je peux attendre … Je peux comprendre que le Hokage soit débordé si certains événements perturbent le bon déroulement du fonctionnement du village.

Surtout qu’elle n’avait pas vraiment « prévenu » dans les règles de l’art de son arrivée. Elle ne pouvait donc pas se permettre d’être extrêmement exigeante ou ennuyante. Elle avait tout intérêt à faire profil bas et dormir.

- Non merci, je ne fume pas … trop.

« le Trop étant le mot en trop … Le voyage m’a mis les nerfs à vif décidément … ».

Elle préférait boire ou fumer une toute autre substance qu’un simple tabac de bar. Cependant, elle doutait fortement qu’une telle information appuie sa crédibilité. Non, elle se devait de paraître – du mieux qu’elle le pouvait – comme la parfaite diplomate pour une telle alliance.

- Si ce n’est pas indiscret, quels sont les récents événements en question ? Est-ce le Shoraizen ? J’ai accompagné le convoi, j’ai eu vent de deux ou trois dires.

Elle ne saurait dire par contre quelle rumeur était vraie, et quelle rumeur était fausse. Tout le monde se contredisait, tout le monde soutenait le contraire et aucune réelle évidence à l’appui – ou au contraire, des évidences prouvant les deux dires opposés. Un vrai méli-mélo pour ceux qui ne vivaient pas à Konoha et n’avaient guère suivi toute cette mystérieuse affaire.

Myakudou Onpu a été démis de ses fonctions. Cette nouvelle étonna grandement la blonde qui l’exprimait sans honte ou retenue. Comment les événements pouvaient s’enchaîner de manière aussi « catastrophique » ? Akimichi Chikin, Myakudou Onpu, Habashi Zanshi … Presqu’aucun des acteurs de cette alliance n’était présent. Soit absent, soit mort. Elle avait la terrible sensation d’être seule, de se battre inutilement pour une cause qui pourrait être perdue. En effet avec un nouvel Kazekage et Hokage, pourquoi y aurait-il une quelconque garantie d’une future alliance ?

- Démis de ses fonctions ? Pourquoi donc ? Que s'est-il passé ? demanda-t-elle, naturellement et instinctivement.

Avait-il été un homme crapuleux ? Ou alors bien trop sincère et amoureux de sa fonction ? Un départ volontaire ou un départ forcé ? Tant de questions qui la taraudaient à cet instant, se rendant que davantage compte à quel point, ici aussi, elle était une Etrangère.

- Allons prendre ce verre. Je suis épuisée par ce voyage, et ces nouvelles, finit-elle par dire, commençant sincèrement à être fatiguée par des faux-semblants. Plus que jamais, elle avait besoin de son verre.

Cependant, par précaution pour elle-même, Suna ou encore pour cette alliance incertaine, elle avait à se « modérer » et non à boire jusqu’à s’oublier. Elle le faisait cela, mais lorsqu’elle était certaine d’être seule, dans sa demeure, entre quatre murs connus et familiers. Pas de témoins, pas d’ennemis, pas d’alliés … Rien qu’elle, ses souvenirs et ses bouteilles.

- Billard ? Pourquoi pas.

Elle était plus adepte des jeux de carte où elle pouvait tromper allègrement son adverse en travers de quelques habiles illusions. Certes, ce n’était pas « très » fair-play mais qu’importait, tant que la victoire pour son camps était assurée n’est-ce pas ?

Sans tarder, elle suivit donc cet homme qu’elle venait à peine de rencontrer dans l’enceinte de ce village, à la recherche d’un bar où il semblait être un habitué. Elle profita de cette virée pour pouvoir détailler davantage cet homme. Grand, musclé, une cicatrice malmenant l’esthétisme de son visage du menton au visage … En termes de combat, il avait vécu plus, le genre – peut-être – à se jeter dans le feu. Tsukiko était plus lâche, optant davantage lorsque la zone était sécurisée.

Une petite fuyarde en somme. Elle n’en avait guère honte à bien réfléchir, car elle était toujours là, sans grande casse. Quoique … sa casse n’était pas visible dans son cas. Plus profond, plus vicieux, plus difficile d’accès ou de soin …

- Par contre, j’espère vraiment que les boissons sont bonnes. Je peux être difficile.

D’une, elle fréquentait ces lieux. De deux, elle était elle-même la tenancière d’un assez populaire bar de Suna – le Heaven Night, pour être précis. N’oublions pas que Kaze no Kuni, si on y mettait le prix, offrait plus d’un produit délicat et exotique.

La blonde arqua les sourcils devant « la facilité » avec laquelle elle était rentrée à Konoha. Où étaient les gardes ? Où était cette salle d’interrogation ? Où était la méfiance ? Des éléments si naturels pour tout visiteur étranger à Suna mais qui semblait inexistant ici, à moins que toutes les salles et main-d’œuvre ne soient charger par cette histoire de retour des déserteurs d’autrefois, voire d’étrangers.

« Quoique, nous nous sommes montrés méfiants mais malheureusement, cela ne nous a pas empêché d’essuyer trois attentats de suite ». A cette pensée, cette petite bouille s’assombrit, le sourire plus ou moins présent sur ses lèvres disparut pour de bon et c’est tel un automate qu’elle le suivit. Son malaise n’allait que grandissant lorsqu’elle vit tous les changements qui avaient eu lieu en huit ans … Telle maison n’y était plus, telle commerce avait vu le jour, telle ruelle était devenue belle et grande et telle ruelle avait sombré. Tout avait changé.

Perdue dans ses pensées, elle remarqua tardivement l’étrange scène qui se déroula dans le bar. Des hommes faisant quelques courbettes ou encore ce Jin passant de l’autre côté du bar. Elle comprit bien vite la « situation » et un petit sourire « presque » amusé flotta sur ses lèvres un court instant.

- Nous n’avons pas vraiment d’alcool propre au pays, et les rares, j’avoue ne pas avoir aimé. Quelque chose à base de dattes … Mais nous faisons appel aux meilleurs, des quatre coins du Yuukan. Nous avons la Capitale Odaichi qui est une ville portuaire.

La Capitale, le nerf du pays en terme commercial. Il faudrait peut-être qu’elle se rapproche – tardivement – plus de ce lieu que de Suna en lui-même. La voie du Shinobi ? Les Combats ? Peut-être n’était-elle pas faire pour ceci … Mais, ayant passé sa vie sur des champs de bataille, pourrait-elle tout simplement se complaire à une vie simple, loin d’arme, loin de tout …

- Par contre nous avons des lieux des plus sympathiques pour tester ces alcools … dont l’un qui m’appartient dans Suna, le Heaven Night. Si vous venez un jour, pourquoi pas. Mais l'entrée ... est plus stricte, autant prévenir de votre arrivée pour éviter de mauvaises surprises, dit-elle avec un sourire qui se voulait plus ou moins "rassurant".

Et s’il arrivait à y rentrer. Ou tout simplement si elle s’y trouvait. L’avenir était toujours si incertain n’est-ce pas ?

- Voici la mienne, c’est un vrai régal n’est-ce pas ?
- Essayons donc, ce régal, dit-elle en lançant tantôt un regard à cet homme, tantôt au verre.

Par instinct, elle ne put s’empêcher un court instant d’humer pour une odeur, ou même étudier le verre, comme à la recherche de la moindre « bulle » non identifiée qui aurait pu être une quelconque drogue.

« Déconnes pas … pourquoi ferait-il ça ? Je deviens vraiment folle », et sur ces mots, elle prit quelques premières gorgées.

Si la boisson était délicieuse … quelque chose la gênait. Une forte démangeaison se déclencha non loin de son cou. Si elle voulut se gratter discrètement, la démangeaison n’en gagna qu’avec plus de force pour aussitôt se calmer.

- Très bon … Qu’est-ce que c’est exactement ? demanda-t-elle, sentant l’enclenchement de cette démangeaison à chaque bouchée.

Avait-elle une allergie contre un ingrédient ?

« Un Hayashi Aburame … C’est quoi ce délire ?! » ne put-elle s’empêcher de se demander, arquant les sourcils, lançant un ou deux regards interrogateurs sur l’homme. Elle savait que certains clans avaient des dons héréditaires impossible à « recopier » ou à « reproduire » tant c’était spécifique. Plusieurs années, beaucoup avait tenté une mixité en travers de mariage mais c’était toujours un gêne qui remportait sur le second.

« Il a bien parlé de son clan … et l’insecte rejoint sa manche sans que cela ne le gêne ». Elle avait vécu assez longtemps à Konoha pour connaître quelques spécificités de certains clans – sans en connaître toutes les faiblesses, rassurez-vous – et elle ne les avait pas totalement oublié – voilà une chose qui n’avait pas changé en presque dix ans.

- Très bon, il se pourrait que je sois intéressée pour en commander dans mon établissement, si vous vendez à « l’étranger », finit-elle par dire. Enfin, je vous en parle mais peut-être ne dirigez-vous pas ce lieu, et n'êtes-vous que le barman ?

Elle se tut, réfléchissant longuement.

"Est-ce que son insecte est dangereux .... ?" s'inquiéta-t-elle un tantinet, consciente des capacités des Aburame.

Les Aburame pouvaient être des êtres vicieux avec leurs insectes. Difficile à « détecter », difficile à « voir », difficile à « éviter » et difficile à anticiper en terme « d’effet » une fois qu’ils infiltraient le corps ou offraient quelques piqûres désagréables.

- Vous portez le nom d’un clan mais vous semblez maîtriser les talents d’un autre. Ou alors maitrisez-vous les deux ? Je peux comprendre, si vous ne répondez pas.

En effet pourquoi donc un Shinobi révélerait ses compétences à un Shinobi d’un village tantôt allié, tantôt ennemi selon les temps et les têtes dirigeantes ?

Quant à ses connaissances, pour le moment, elle préférait prétendre avoir eu vent. Elle ne savait pas s’il était pertinent de révéler de but en blanc – ou clamer haut et fort partout – que l’émissaire sunajin était une ancienne civile konohajin dont toute la famille avait donné sa vie pour protéger le pays du Feu. Cela la mettait mal à l’aise, comme si elle avait trahi sa famille – sa défunte famille, précisons.

« Mais je n’avais rien, ici ».

Hormis être une gamine des rues, qu’avait-elle comme avenir « ici » ? Qui lui aurait appris à maîtriser ce capricieux sable, un don totalement inconnu à Konoha mais répandu et maîtrisé avec excellence à Suna ? Comment aurait-elle pu accepter de devenir une Shinobi alors « qu’ici », elle avait toujours fui ces combats ? N’oublions pas qu’elle avait rejoint les rangs de Suna pour être acceptée par son clan, puis par le village, en étant une grande Kunoichi.

« Une promesse faite à mon sensei, que j’ai royalement foiré ». Et qu’elle allait continuer à foirer. Les temps avançaient, et elle avait la désagréable sensation de traîner.

Elle finit par regarder cet homme et sourire.

- Je suppose que le remplaçant ne pourra pas être retrouvé immédiatement. Où puis-je loger durant ce laps de temps ? Je n’ai pas vraiment de limite en termes de budget, précisa-t-elle. Et si jamais Konoha dirige vers des habitations particulières, je m’y plierai également.

Ce n’était ni l’argent de son clan, ni l’argent de Suna mais bel et bien l’argent de son petit bar. Quant à la sécurité ou sa condition d’étrangère ou touriste, elle ne fera guère de vague. Elle ira là où Konoha lui demandera d’aller, et s’il n’y avait pas de « lieux » précis, elle choisira donc selon ses standards et désirs.