La piste avait mené Tsubaki à cet endroit précis, alors que le soleil tapait sur sa peau tannée, qui s’aventurait dans un délicieux paysage forestier. Elle était déjà venue de par cet endroit, alors qu’elle effectuait une des quêtes qui avaient amorcé son histoire dans l’univers Shinobi. Elle se remémorait ces images, le vieil archéologue, le temps passé à décrypter les énigmes, les vers issus de la terre dont elle comprenait une part de sens, à présent. Elle n’avait rien perdu de ses souvenirs, dansant en leur milieu comme dans une valse douce et mélancolique.

L’orée de la forêt était proche, et Kumo semblait s’agiter sur son épaule, alors que la lumière se faisait de plus en plus perçante, entre le feuillage protecteur et bienveillant des arbres. La chaleur lui était supportable par sa perte de poils, qui abondaient sur la tenue de la fleur. Mais cela ne la gênait pas autrement plus que cela. Son petit amour n’avait jamais été mal vu pour laisser traîner ses affaires, même corporelles, partout autour de lui. Elle aimait trop cette petite boule de poils pour lui reprocher quoi que ce soit.

Elle se rapprochait de plus en plus, entendant par cela le lointain fracas d’un flux frappant le sol avec force, vigueur, déversant dans un bassin cristallin la principale ressource de la vie. Le chant de quelques oiseaux ponctuait la mélodie, dans des échanges rythmés et amicaux, alors que chaque espèce s’affairait à une activité différente, dans la récolte, la cour, l’élevage, ou l’art vocal. C’était tant un royaume, une cité que la famille qui l’avait accueillie. Elle ne pouvait trouver plus belle comparaison, plus motivante raison pour continuer son avancée, alors que les derniers branchages portaient à sa vue une verdure éclatante, succédée par celle d’une herbe haute et tendre par sa vision et son toucher.

Kumo ne se fit pas prier, et sauta de son perchoir pour rejoindre l’étendue flamboyante pour y courir, jouer avec ce qui passait à sa portée, et se dorer au soleil tel le félin qu’il était. Cela ne lui était pas souvent permis, à la base, pas plus qu’à la Buta, qui ne trouvait plus guère instant pour se détendre ainsi. Aussi décida-t-elle de s’accorder la même pause, et de se mêler aux douceurs de la nature. Elle s’étendit dans l’herbe, écoutant le chant des grillons et des cigales, alors que leurs accords se joignaient à ceux des hirondelles, rouges-gorges, et autres oiseaux. Elle savait que rien ne pouvait la déranger dans cet endroit, et décida de se faire plaisir, dans la chaleur d’un été dévorant.

Elle commença donc à se dévêtir, ne gardant que ses sous-vêtements, afin d’aller à nouveau explorer la grotte qui, auparavant, avait accueilli en son sein les deux cristaux dorés. L’appui de la cascade sur son épaule lui semblait une douce caresse de la nature, alors que l’humidité des lieux prenait dans son sein une essence de vie semblable à celle qui animait les cristaux. Elle regarda longuement chaque recoin de la salle, cherchant quelque souvenir et quelque nostalgie dans l’obscurité des lieux, alors que le son de l’eau couvrait, quelque part, l’axe même de sa pensée. Les images lui revenaient aussi aisément que la chaleur qui avait émané de ce lieu autrefois intouché. Le temps n’avait fait que son œuvre, qu’elle soit ou non douce n’avait pas d’affaire dans la situation qui l’amenait là. Une fois emplie de ces moments passés, elle sortit pour profiter à nouveau de ce temps magnifique.

Les insectes et leurs partenaires de chant ne s’étaient pas arrêtés dans leur mélodie doucereuse, alors que les rayons solaires parvenaient à nouveau sur sa peau tannée, dans une caresse appuyée. Elle trouvait Kumo, jouant dans l’herbe avec quelque papillon qui se plaisait à lui échapper par justesse, alors que le pauvre félin avait un mal considéré à se rendre à la réussite. Il y avait une sorte de comique enfantin à la scène, qui donna immédiatement à la fleur un sourire radieux, digne de cette journée qui ne s’annonçait que fort plaisante.

Tsubaki s’installa sur l’herbe et déballa la nourriture qu’elle avait prévue pour l’occasion, donnant liberté à quelques sandwichs, jus, et bien sûr, des morceaux de viande pour le jeune ami au poil de neige. Elle déjeuna, la tête dans les nuages, à les regarder passer, lentement, au gré de la douce danse du vent. Elle se dit que rien ne pourrait être mieux que de revenir ici avec Milly, qui saurait comme elle s’amuser dans toutes ces terres ensoleillées. Sa petite amie lui manquait, bien qu’elle ne soit pas à des années-lumière d’elle. Cette idée lui faisait plaisir. Juste elles, à deux, en couple, à prendre quelques jours de vacances dans la nature, à se baigner dans le bassin et observer les couchers de soleil, avant de se réveiller, l’une dans les bras de l’autre, dans la lumière de l’astre levant.

Elle soupirait à cette idée alors qu’une autre lui vint à l’esprit. Elle tourna la tête en direction dudit bassin. Le temps était à un beau point, le soleil était proche de son zénith. Elle avait donc tout intérêt à filer dans cette piscine naturelle. Aussi prit-elle tout de même attention à vérifier présence à ses tours, et finit-elle d’enlever le peu de tissu qu’il lui restait. Si Milly la voyait dans cet état, par les circonstances… Il était sûr que ni l’une ni l’autre ne serait restée à son calme. Elle prit pied dans les eaux claires et fraîches de l’étendue d’eau, nageant quelques longueurs avant de retourner à son point de départ, où elle s’appuya contre le rebord, sentant le visage de Kumo venu la câliner. Mais ce frottement animal fut suivi d’un étrange bruit, distant de quelques mètres, qui fit sursauter la fleur et la fit se retourner violemment.