Je venais de sortir du bloc opératoire après une matinée bien chargée pour les soins des patients de l'hôpital de Suna, lorsque les infirmières m'interpellèrent pour me transmettre un ordre de mission :

« Le devoir t'appelle ! »

M'avaient-elles dit. Il était vrai qu'entre le temps que je passais au Kakumeigun et dans l'établissement médical, je n'avais plus vraiment de temps pour me rendre utile en mission mais je savais les apprécier : rien ne valait le terrain. Je n'étais que trop assignée aux formalités administratives pour décharger Kioshi au sein de l'unité spéciale et mes heures ici me permettaient de m'entraîner tout en me rendant utile pour sauver des vies.

J'ôtais ma blouse maculé des tâches vermeilles si cher à mon cœur et décachetait la missive pour en parcourir son contenu. Il n'était pas rare que je sois appelé pour l'instant ou le courant de la journée et c'était bel et bien le cas :

Ordre de mission ::

Je partais donc en mission dans l'heure suivante avec Oniri et un Yamada que je ne connaissais pas. Parfait ! J'apprendrais ainsi à connaître la famille de Kioshi et découvrirais même peut-être quelques informations intéressantes ou compromettantes sur sa personne... Mais trêve de plaisanterie : il me restait tout juste le temps de rentrer au manoir et de préparer mon équipement pour me rendre au lieu de rendez vous.

L'affaire était sinistres... trois personnes appartenant à l'autorité avaient été tué de manière radicales en raison d'un probable trafic de drogue local... Nous aurions le temps d'en discuter avec mes coéquipiers du jour mais je trouvais cette histoire obscure... S'ils avaient choisi de tuer les policiers un peu trop fouineurs, il y avait fort à parier que les dealers s'apparentaient plus à un réseau qu'à un groupuscule...

Une escapade plus tard, j'étais en possession de mon équipement soit ma faux à double-lames tenue dans mon dos ainsi que mes habituels kunai et shuriken.
Finalement, j'arrivais aux portes du village et vis un homme assis nonchalamment devant, une brindille dans la bouche pour faire passer le temps. Je ne voulais pas me fier à ma première impression mais il avait l'air d'un tir au flanc... Autant dire qu'il ne semblait rien avoir en commun avec Kioshi.

Je m'approchais de lui, m'arrêtant à se hauteur tout en baissant la tête pour le regarder :

« Tu dois être Tetsui ? Je suis Yami. »

Je lui adressais un fin sourire avant de décrocher ma faux et de laisser l'une des lames s'enfoncer dans le sol tandis que je calais mon dos contre la roche, à côté de lui, attendant la venue d'Oniri en scrutant l'horizon vers le village.

« Alors comme ça tu es un Yamada. Tu es un parent de Kioshi ? Je suis membre du Kakumeigun et son intendante. »

Je savais que ce dernier était nostalgique de leur vie de nomade mais il ne m'avait jamais vraiment parlé de son clan.

« Toi au moins tu ne te balades pas pieds nus. »

Le taquinais-je.
Non, il ne ressemblait vraiment pas a Kioshi.

La nuit avait été courte et je me réveillai lentement, l'esprit passablement engourdi par l'alcool que laissait filtrer mes veines. Les yeux toujours clos, je me retournai et me collai contre Akashi. Je n'étais pas vraiment sûr de son nom, mais en cet instant comme à la veille de notre rencontre, je m'en moquai. Je ne gardai plus vraiment souvenir de cette soirée passée dans un bar, me contentant surtout de quelque bride d'image sur la fin. Les verres qui s'accumulaient, moi sur mon ordinateur en train de travailler, quelques vulgaires barbares qui cherchaient à m'aborder puis il y avait eut cet homme, différent, plus courtois, plus mystérieux, mais dont le regard intense traduisait d'avance ce qu'il attendait de moi.

Ce ne fut pas tant son côté attirant, ni ses airs de mauvais garçons énigmatiques qui me plurent, mais davantage cette curieuse honnêteté dont il avait fait preuve. Nous nous étions plut à discuter ensemble durant les heures qui suivirent, passant la plus grande partie de la soirée à boire et à rire, tout en gardant à l'esprit que la fin de la nuit n'en serait que plus enivrante. Spectaculaire était sans doute le mot le plus approprié au vu des circonstances. Il était venu chez moi, nous avions dansé toute la nuit et je me réveillai à présent contre-lui, me demandant si je n'avais pas rêvée. Ce n'était pas le cas et il était encore là, ne cherchant pas à fuir lâchement comme tout homme ayant eut se dont il désirait. Ainsi, habituée à me lever à heure matinale, je fus la première à sortir du lit. Entièrement nue je me dirigeais vers ma penderie pour enfiler quelques affaires. Je savais qu'une longue journée m'attendait.

-Je te préférai sans tes vêtements.

Je me retournai tout en continuant d'enfiler ma tunique de Kunoichi. Il venait de se réveiller. Encore affalé dans le lit, il me reluquait de bas en haut en arborant un sourire taquin. Je haussai un sourcil amusé avant de faire une moue résigner.

-Navrée, mais tu n'en verras pas davantage.

Il eut un petit rire silencieux avant de se redresser du lis d'un bon. D'un geste évasif de la main il ébouriffa ses cheveux brun en bataille. Lui n'était pas encore habillé et ne semblait visiblement pas déterminé à se revêtir. Puis il s'étira longuement de sorte à bander tous ses muscles. Évidemment, je savais qu'il le faisait exprès. Il voulait attirer mon regard et cela réussi, même si je fis en sorte de paraître indifférente. Je tournais la tête resserrant les lassés de mes bottes avant d'entreprendre de nouer ma chevelure à une longue tresse blanche qui me descendrait jusqu'au bas du dos.

-Tu sais que ce n'est pas raisonnable de faire la fête, la veille d'une mission ?

J'essayai de ne pas l'écouter, il s'amusait simplement à me narguer. Peut-être voulait-il simplement que je reste. Peut-être le souhaitais-je également sans me l'avouer. J'attrapai mes mitaines en cuir pour les accrocher à ma ceinture et attachait mes holster à mes cuisses. Je m'avançai ensuite vers lui d'une démarche provocatrice.

-Pour te porter chance par la suite...

Je passai mes bras autour de sa nuque avant de l'embrasser lentement et langoureusement. Sa réponse ne tarda alors qu'il me serrait contre lui. Notre échange dura dans le temps. Passionnelle, je m'adonnai à sa présence ainsi qu'à tout le réconfort qu'elle me procurait. Lorsque notre baiser fut rompu, je me sentis prête succomber, mais me ravisai, arborant un sourire espiègle et m'éloignai sur le champ.

-Tu sais où se trouve la sortie.

Lançais-je espiègle en attrapant la bandoulière à laquelle était accroché tout mon équipement pour finalement quitter ma chambre en claquant la porte derrière moi. Ainsi se retrouvait-il seul avec lui-même, avec cette mine sidérée sur le visage qui eut le mérite de beaucoup m'amuser. Je l'entendis jurer, davantage consterné par mon comportement, que réellement indigné. Le sourire au lèvre, je quittai ma demeure pour me rendre jusqu'à la Voie Illusionnée. Mon ordre de mission en main, je relus ce dernier durant le trajet, comprenant que nous n'en finirions jamais avec la pègre qui, lentement, proliférait dans le désert. L'idée de faire équipe avec Yami me réjouissait. Nous qui nous étions promises de passer plus de temps ensemble, c'était chose faite malgré ce cadre pour le moins morbide.

Il était également question d'un Yamada Tetsui dont j'ignorai tout. Le seul Yamada qui m'était proche, tout du moins dans une certaine mesure, s'avérait être Kioshi. Je ne savais que peu de choses au sujet de ce clan qui jadis, nomade, écumait le désert. Je retrouvai les deux silhouettes à la sortie du village en train de discutailler dont l'une d'elle possédait une imposante faux attachée dans le dos. Reconnaissant ma belle, je lui adressai un sourire en la voyant puis portait aussitôt mon regard sur le jeune Yamada. En effet, il n'avait pas grand chose à voir avec le chef du Kakumeigun. Un air assez flegmatique pendait sur son visage, mais il ne me semblait pas foncièrement mauvais. Tant qu'il ne posait aucun problème, je n'en voyais aucun envers lui.

-Saibogu Oniri, enchantée de faire ta connaissance. Dis-je en m'enclinant légèrement de façon respectueuse.

Lorsque je redressai la tête je vis qu'il m'adressait de grand yeux ronds étonnés. Je lançai un regard en direction de Yami qui arborait la même expression à mon encontre. Elle levant l'index pour désigner son cou, laissant sous entendre que quelque chose se trouvait sur le mien. Je me grattai nerveusement cette partie du corps, interdite avant de comprendre ce qu'il en retournai.

-Ho...

Ce fut à mon tour d'écarquiller les yeux avant de plaquer la paume de ma main contre ma peau. Je me sentis rougir. Suite à quoi je leur tournais le dos, morte de honte, pour faire face au désert.

-Bon... heu.. Nous pouvons y aller ?

Et la journée ne faisait que commencer...

La Ketsueki arriva, elle se présenta d'elle même par politesse en demandant si j'étais bien Tetsui. Qui d'autre ? J'étais bien le seul assis ici à ma connaissance, et aussi le seul de sexe masculin dans cette mission. Je relevais ma tête vers elle, toujours avec ma brindille dans la bouche.

" Oui c'est moi. Salut ! "

Avec grâce elle planta sa faux dans le sol, sur le coup ça faisait vraiment faucheuse. Le sang, la faux. Je devais bien avouer que la jeune femme était jolie à regarder. Mais une faucheuse ne m'intéressait pas plus que ça. Yamada demanda-t-elle. Suis-je un parent de Kioshi ? Je me relevais alors et prenais la brindille entre mes doigts avant de la jeter par terre.

" Kioshi est mon cousin oui. Nos pères sont eux-mêmes frères. ( J'acquiesçai à la présentation de son lien avec lui et répondis ensuite à sa taquinerie sur les pieds de Kioshi ) Il a toujours fait ça oui ! Enfin bon... "

Pas longtemps après ça ce fut au tour de la Saibogu d'arriver. Elle en revanche je ne la connaissais même pas de nom. On ne pouvait pas connaître tout le monde non plus. Elle s'inclina même légèrement en se présentant. Ce qui me fit sourire en bien. Elle aussi était jolie, décidément.

" Yamada Tetsui, enchanté aussi. "

Je remarquai au même moment une marque sur son cou. Un suçon. C'était bien ça oui. Mais c'était ses affaires à elle, je ne la connaissais pas et je fis mine de ne rien avoir vu. Même pas étonné du tout. Si elles connaissaient ma grande cousine Akisa, celle que je considérais comme ma soeur, elles comprendraient. J'avais l'habitude de voir cette dernière en tenue plus que légère et j'en voyais de toutes les couleurs parfois avec ses histoires.
Un petit quiproquo s'ensuivit alors entre les deux jeunes femmes. L'une faisant remarquer la chose à l'autre. J'hésitais alors à sourire au vu de la situation mais préférais finalement souffler et afficher ma mine blasée. Oniri annonça que nous pouvions y aller, non sans gêne par rapport au suçon qu'elle arborait sur le cou. Je m'empressai alors de renchérir :

" Oh que oui allons-y ! "

Je fis alors deux pas en direction du désert... avant de me stopper net, mains sur les lanières de mon sac à dos.

" Euh, je vous laisse entamer la marche mesdemoiselles. "

Je n'avais pas honte, on m'avait clairement dit que j'étais une sorte de remplaçant et que je devais tout de même obéir à ces deux là. Bien que ça me gonflerait très certainement si elles me disaient quoi faire trop souvent.

Tetsui m'expliqua que son père et celui de Kioshi étaient frères : c'était amusant de le savoir. Kioshi ne parlait jamais de sa famille : en fait il ne parlait pas beaucoup de lui. C'était d'ailleurs ironique de le voir me poser tant de questions et d'en savoir si peu en retour, il restait très secret pour une raison que j'ignorais mais je n'avais pas de raison de fouiller dans sa vie personnelle tant qu'il était heureux. Justement ces derniers temps il avait plutôt dû mal à l'être, submergé par le travail et ses problèmes et j'essayais comme je le pouvais de le décharger au maximum du boulot qui s'amoncelait pour lui dans son bureau du Kakumeigun. Enfin bon, il devrait faire sans moi durant les quelques jours que j'allais passer à résoudre cette mission.

Finalement, Oniri arrivait aussi sur les lieux. J'étais heureuse de la voir et aussi amusée de constater une marque rouge plutôt bien visible sur sa peau de porcelaine. Je m'empressais de la lui désigner, la mettant dans l'embarras, après quoi nous décidâmes de commencer notre marche. Tetsui nous laissa en tête du cortège, semblant vouloir respecter notre grade supérieur, ce qui me faisait sourire.

« Considère nous en égal Tetsui. Ne t’embarrasse pas des formalités. »

Il devait rester lui même et ne pas avoir à se forcer en notre présence : s'il voulait marcher devant qu'il le fasse sans soucis, je n'y voyais pas le moindre inconvénient.

Nous devions rejoindre un village au sud de Kaze, ce qui nous prendrait plusieurs heures de marche. Le voyage se déroula sans encombre et en silence. Je préférais la quiétude aux discours inutiles et puis je n'avais pas non plus besoin d'apprendre à connaître le Yamada, la coopération pour notre mission nous y aiderait.

Nous parvînmes sur les lieux alors que la nuit était tombée depuis une bonne heure. Fatigués, il aurait été préférable d'aller se coucher mais nous étions des shinobis, nous avions l'habitude de ce genre de journée éreintante.

Le responsable du village nous accueillait, visiblement encore sous le choc, de la trouvailles des hommes d'autorités retrouvés morts. Ils avaient été placés dans une morgue pour l'enquête et éviter de voir les corps se décomposer bien trop rapidement sous le soleil de plomb du désert où ils avaient été trouvé.
Nous pénétrâmes dans les locaux, seuls, tâchant de retrouver des indices sur les assassins, alors que les trois corps, gorges à plaies béantes, étaient devant nous sur des tables, nous laissant dans une atmosphère à l'odeur la plus répugnante : celle de la mort.

J'attrapais des gants et les enfilaient avant de les observer sous toute les coutures. J'imaginais qu'une expertise médicale avaient déjà été faite et même si ce n'était pas ma spécialité, j'avais déjà dû identifier et analyser des cadavres à l'hôpital de Suna. Leur sang avait coagulé mais ce n'était pas un soucis pour moi. Je posais un doigt sur la blessure immonde et dé-coagulais l'hémoglobine du premier homme grâce à mon chakra, analysant le nectar de nouveau fluide entre mes doigts afin de tenter d'y déceler quelque chose. Mes mains recouverte de mon chakra médical se posèrent ensuite sur le torse de la victime, alors que je tentais de déceler la présence éventuelle de poison mais il n'y en avait pas. Je m'en doutais un peu mais si je voulais ingérer leur sang pour en apprendre plus, autant prendre les précautions nécessaires. Finalement, je souhaitais essayer quelque chose que j'avais vu mon père faire et qui pourrait peut-être fonctionner. Je goûtais une goutte du fluide écarlate, y imprégnant mon propre chakra pour ensuite me servir du reste à ma guise. Je bougeais les doigts pour extirper le sang du cadavre en un fin filament que je faisais léviter avant de le conduire dans ma bouche pour en absorber une grande quantité. Rien ne se passait... Je sentais bien le goût ferreux de l'hémoglobine ainsi que les caractéristiques propre à cet homme mais je ne parvenais pas à observer autre chose. Jusqu'au moment où une série d'images rapides, floues et successives défila devant moi. Le chakra de cet homme résonnait en moi, me divulguant des informations brève sur sa vie : le chakra étant une part de l'âme d'une personne, ce que je voyais, c'était ses souvenirs. Toutefois, cela allait bien trop vite pour que je ne discerne quoi que ce soit de précis pourtant je ressentais l'effroi de cet homme froidement abattu et je visualisais presque au ralenti la tête de son gourou comme si je parvenais à trier l'information que je recherchais.

Finalement, tout s'arrêta brusquement. Je me cramponnais à la table pour ne pas défaillir, prises de vertiges. Haletante, je reprenais peu à peu contenance, tournant mon regard vermeil vers mes coéquipiers :

« Je sais qui les a tué. »

Oui, je visualisais désormais parfaitement leurs têtes à ces trois hommes aux airs mafieux.

« De ce que je sais, ces policiers étaient chargés de résoudre cette affaire de trafic de drogue et se seraient fait repérer, laissant le cartel les finir pour ne pas divulguer d'informations sur leurs trafic ou sur eux-mêmes. Ils ont éliminés les gêneurs qui fouinaient un peu trop en somme. »

C'était classique mais il nous fallait démanteler ce groupuscule.

« Il nous faudrait les interpeller et les capturés vivants pour les interroger : peut-être ont-ils d'autres complices disséminés dans le pays où même au de la des frontières. Il serait stupides de les tuer alors qu'ils peuvent nous en apprendre beaucoup : vous éviterez donc la mise à mort à moins qu'il n'y ait pas d'autre recours. »

C'était mes habitudes du Kakumeigun qui parlaient. Je n'aurais pas hésité un seul instant à descendre ces mafieux pour leurs crimes odieux et leurs manigances mais il nous fallait en retirer le maximum d'informations et aviser ensuite de leur sort.

« Nous retournerons sur le lieu du crime demain matin : de nuit, nous n'allons rien voir ou passer à côté d'éléments peut-être importants et nous souillerons sans doute des informations potentielles sans nous en rendre compte. »

Les trois policiers avaient été abattus en même temps au même endroit, je n'apprendrais donc rien de plus en répétant l'opération sur les deux autres corps, puisqu'ils avaient assisté à la même scène.

J'apposais mes mains sur la gorge des hommes, reconstruisant leurs tissus manquant pour leur octroyer un aspect moins horrifique et laisser leur famille les voir sous un aspect plus digne. Je jetais finalement mes gants et rejoignais mon équipe.

« Nous n'apprendrons rien de plus ce soir. Allons nous reposer, nous poursuivrons demain. »

Là dessus, nous nous rendîmes dans l'auberge du village pour y passer la nuit.

Adossée, contre un des murs de la morgue, les bras croisés, j'observai Yami faire ce qu'elle faisait le mieux, a savoir exploiter le sang d'autrui à ses propres fins. Pourtant, tout comme ces pouvoirs ma chère avait également évoluée. Ses paroles comme chacun de ses actes témoignaient désormais d'une humanité sans précédent. Elle n'était plus cette gamine hautaine et implacable qui n’œuvrait que pour ses propres desseins. Repensant à cette description d'elle, j'étirai un sourire, me disant que le temps passait à une vitesse folle. Malgré nos différences, l'une comme l'autre, nous avions toujours emprunté la même voie, parfois ensemble, main dans la main, parfois séparée l'une de l'autre, mais qu'importait, car quoi qu'il fut nous n'avions jamais cessées d'avancer dans la même direction. Le voyage n'était pas encore terminé, mais aujourd'hui, nous étions là, ensemble. L'avenir demeurait toujours incertain, mais qu'importait, tant que nous pouvions profiter de l'instant présent.

Depuis le début d'autopsie, je n'avais pas bougée d'un cil, ne tressaillant pas l'ombre d'un instant devant cette mise en scène pour le moins morbide. J'attendais, tout simplement. Je pensai toujours connaître ce dont elle était capable, mais comme chaque fois, elle continuait de m'étonner alors que ces pouvoirs ne cessaient de croître. J'écoutai ses paroles avec calme, arborant un léger sourire depuis le fond de la salle. Quelque mèche de cheveux retombait devant mon visage pour laisser avant tout paraître mon unique œil qui se tintait d'or sous l'éclairage vrombissant de la morgue. L'odeur placide de l'aseptisant planait dans l'air. Tetsui était avec nous. Je me demandai comment le genin allait réagir devant ce genre de spectacle. Peut-être n'était-il pas habitué à voir ce genre de chose. Lorsque Yami nous résuma la situation je me contentai simplement d'acquiescer ses dires. Pourtant, je ne pouvais qu'être étonnée devant cette étrange capacité qu'elle venait de développer. Moi qui avait longuement enquêté sur les Kesuteki dans l'unique but d'en apprendre davantage sur Yami, jamais je n'avais entendu parler d'un tel pouvoir. Désormais, elle semblait en mesure de « lire » dans le sang d'autrui. Je me demandai alors jusqu’où pourrait-elle aller...

Avec ce que nous savions, nous pouvions déjà commencer l'enquête, mais le point de vue avisé de Yami sur le situation nous convint qu'il valait mieux attendre l'aube avant d'espérer quoique ce soit. Suite à quoi nous nous mîmes en route afin de passer la nuit dans la première auberge. Sur le trajet, je m'avançai à auteur de ma chère, afin de m'adresser à elle d'un ton suffisamment bas afin que notre coéquipier ne puisse nous entendre.

-Décidément tu ne cesseras jamais de me surprendre. Quand je vois celle que tu es devenue, je ne peux qu'être fiers de t'avoir pour amie. Par contre, le jour où tu seras Kazekage, promet-moi de ne pas prendre Méphisto comme conseiller.

Lorsqu'elle tourna le regard vers moi, je posai un doigt sur mes lèvres, arborant un sourire mesquin qui, lui aussi intimait, au silence. Une petite brimade s'il en était vraiment. Toujours fut-il que l'image d'une Yami arborant la coiffe de l'ombre du vent prêtait à sourire. Après cela, je m'éloignai de quelque pas du groupes, m'adressant à mes deux coéquipiers sur un ton plus formel.

-Je vais avoir quelques détails à régler. Ne m'attendez pas pour vous rendre à l'auberge. Ne vous en faites pas pour moi, je saurais vous retrouver.

Après quoi je disparu dans la nuit, sautant entre les petites bâtisses de ce village perdu au milieu du désert. Ainsi, durant les deux heures qui suivirent, je passai mon temps à écumer les bars, tavernes et autres lieux malfamés des environs afin de laisser circuler une petite rumeur. Celle que des genins de Suna cherchaient à enquêter sur l'affaire des officiers égorgées devant la place publique. A n'en point douter, cela allait très certainement faire réagir ceux tirant les ficelles dans l'ombres. Suite à quoi je rejoignis mes compagnons jusqu'à notre chambre à l'auberge. Pour plus de discrétion, et afin de veiller les uns sur les autres, nous avions fait en sorte de louer qu'une seule pour la nuit. Cela m'importait peu en soit, car, je ne comptais pas un instant fermer l’œil.

-Restez sur vos gardes, nous risquons probablement d'avoir de la visite. Et si ce n'est pas cette nuit, ce sera très certainement pour la prochaine. Visiblement nos amis n'apprécies guère les fauteurs de troubles. Ces policiers l'ont apprit à leur dépends, mais, nous, nous saurons en tirer profit.

Leur expliquais-je alors que je venais tout juste de rentrer dans la chambre. Cette dernière était petite, étriquée et mal éclairée. Les murs sableux n'arboraient aucune décoration. Un lit double se trouvait dans l'angle tandis qu'en fasse donnait une porte menant directement à la salle de bain. Nous étions au premier étage et la fenêtre nous offrait une vue intéressante sur le village en bas, même si l'obscurité ne nous permettait pas de voir plus loin qu'à quelques mètres. Une petite table était disposée juste à côté de cette dernière, serties de deux chaises ainsi que d'un vieux échiquier en bois. Je ne me privais pas pour prendre place, croisant les jambes, avant de m'amuser à faire tourner la pièce de la reine blanche entre mes doigts. J'adressai alors un grand sourire à Yami qui en disait long. Elle me fit clairement comprendre qu'elle ne serait pas de la partie. En effet, elle comme moi, avions définitivement abandonné tout espoir de lui inculquer une quelconque notion sur les échecs. Ainsi redirigeais-je mon sourire vers Tetsui.

-Il semblerait que tu n'ais pas le choix. Installe toi donc. La nuit promet d'être brève, d'autant plus si nous venons à recevoir de la visite....

Yami m'avait fait comprendre que j'étais leur égal à elles deux et qu'il ne valait mieux pas que je m'embarrasse avec des formalités. Cette nouvelle me fit le plus grand bien justement car je préférais une position égale plutôt que subalterne. J'aimais agir comme je le désirais, mais en mission avec d'autres shinobis que l'équipe Shinkiro c'était complètement différent. Ces deux nanas étaient plus expérimentées que moi, elles avaient en plus le vécu du Kakumeigun sous les ordres de mon cousin. Rejetant des pensées comme celles-ci j'acquiesçai auprès de Yami pour lui signifier que c'était compris.

Nous arrivâmes à destination la nuit tombée après toute une après-midi de voyage. Personnellement j'étais fatigué par l'allure que nous avions adopté qui n'était pas celle des lents voyages de nomades. Pourtant je n'en montrais rien quand le responsable du village vint nous accueillir. J'avais en plus régulé la chaleur nous entourant comme je le pouvais pour nous rendre plus agréable ce long trajet sous le soleil féroce du désert.

Pendant l'autopsie, j'observai à bonne distance Yami agir. C'était elle la plus qualifiée pour cette tâche. Moi je n'y connaissais rien en médecine et en autopsie. Ces gestes étaient réfléchis, puis elle goûta le sang d'un des cadavres. J'étais peut-être un bon petit blasé, voir ça ne me laissait pas indifférent. Je ne savais pas si c'était dégueulasse, glauque, vampirique ou beau et sexy d'une certaine manière. En tout cas le sang qu'elle avait ingurgité semblait lui avoir donné des informations non négligeables pour la mission. Je me rapprochai alors d'elle et des corps quand elle nous disait savoir qui les avait tué. "Vous éviterez donc la mise à mort.". Sans problème.

"Tuer c'est pas ce que je préfère de toute façon." glissai-je calmement.

Nous rejoignîmes alors l'auberge avec Yami, tandis qu'Oniri annonça avoir quelques détails à régler. Agir seule était-il bien la bonne chose à faire ? Elle devait avoir l'habitude me rassurai-je.
En tout cas la chambre n'était pas des plus confortables. Sombre et peu spacieuse, elle n'offrait qu'un lit double qui signifiait qu'on allait devoir se serrer. Une table avec un échiquier, une simple fenêtre aux vitres poussiéreuse, et une salle de bain séparée. Bon. Au moins je n'étais pas du genre timide avec la gente féminine. Merci Akisa.
Comme Oniri était absente, j'en profitais pour discuter un peu avec Yami. J'étais posé contre le mur à côté de la fenêtre et je regardais dehors. De la simple surveillance.

" Vous vous connaissez depuis longtemps toi et Oniri ? Vous allez l'air proches. "

J'écoutai sa réponse et nous continuions à discuter à quelques moments pour meubler ces deux heures avant qu'Oniri n'arrive enfin. Elle nous disait de rester sur nos gardes au cas où nous aurions de la visite. J'étais alors posé sur le lit, reposant mes membres un petit peu. Mais Oniri m'invita, ou plutôt m'ordonna de venir la défier aux échecs. Ce n'était pas un jeu que j'affectionnais plus que ça mais je m'y défendais plutôt bien. Avec mon père nous avions plutôt l'habitude de jouer aux jeux de dames. Plus simple mais tout autant stratégique. Soufflant un bon coup par flemme, je me levai finalement du lit pour aller la rejoindre.

" Puisque je n'ai pas le choix... "

Tout juste assis sur un tabouret bancal en plus de ça, je bougeai déjà un pion. La partie commençait donc. Même si elle n'était qu'un prétexte à l'attente qui m'ennuyait plus qu'autre chose.

" Qu'as tu fait pendant ces deux heures ? " lui-demandai-je ensuite.

Elle ne nous avait toujours rien dit et je préférais être informé pour éviter les surprises. Nous étions une équipe et il me semblait que la communication devait s'établir pour que tout fonctionne.

Oniri avait décidé de faire bande à part et j'espérais qu'elle savait ce qu'elle faisait... A vrai dire, mon rôle de membre du Kakumeigun m'intimait de ne pas la laisser partir vadrouiller seule ou de se faire remarquer mais puisqu'il s'agissait justement d'Oniri, je m'autorisais à passer pour cette fois...

Nous nous rendîmes donc tout les deux, avec Tetsui, à l'auberge. Le Yamada me posa une question sitôt que nous entrâmes dans notre chambre sommaire, cherchant sans doute à engager la conversation ou laissant libre court à son envie d'en apprendre plus. Quoi qu'il en soit, cela ne me gênait pas le moins du monde et je m'empressais de répondre :

« Oniri et moi nous nous connaissons depuis deux ans : elle est ma meilleure amie et elle fait aussi partie de ma team. Je pourrais confier ma vie entre ses mains sans problèmes. »

Je la connaissais aussi comme personne et peut-être encore mieux que son propre père si distant. Notre conversation se poursuivait quelques temps, jusqu'à ce qu'Oniri rentre de son escapade, nous demandant de rester sur nos gardes. J'arquais un sourcil en comprenant à travers ces propos qu'elle avait fait part de notre présence à tout le gratin du village... Est-ce que c'était une bonne idée ? Je n'en étais pas sûre... Il était intéressant de prévenir les malfrats que nous étions là mais attendre le lendemain se serait sans doute montré plus judicieux alors que nous étions désormais condamnés a rester éveillé pour anticiper une attaque alors que nous aurions pu tranquillement profiter de la nuit pour nous remettre de notre voyage éreintant... Je ne tardais pas à en parler avec ma meilleure amie d'ailleurs, alors qu'elle jouait aux échecs avec Tetsui :

« J’apprécie ton initiative Oniri mais personnellement je comptais dormir cette nuit après notre longue traversée, pour reprendre des forces et être à même de me montrer efficace sur le terrain dès demain. Puisque tu as prévenu tout le monde de ta propre initiative c'est toi qui monteras la garde et tu nous laisseras dormir. »

Peut-être qu'elle jugerait mes propos durs mais je ne pouvais aller contre : il était important que nous soyons dans une santé optimale au lever du jour et elle devait donc assumer ses choix.
Je m'installais dès lors au lit, m'installant du mieux que je le pouvais dans ce lit inconfortable qui n'avait rien à envier au sol même. Cette succession de flash back m'avaient épuisés...

***

Je me réveillais aux aurores, observant la pièce avec Oniri se trouvant assise contre le rebord de la fenêtre et Tetsui qui dormait à mes côtés : il n'y avait pas à dire, on avait jamais froid lorsque l'on dormait avec l'une de ces bouillottes ambulantes.

Je me levais et demandais à Oniri :

« As-tu observé quelque chose d'étrange cette nuit ? »

Suite à sa réponse, nous ne tardâmes pas à nous diriger vers l'extérieur : il nous fallait retourner sur le lieu du crime pour tenter de glaner des informations supplémentaires. Le responsable nous conduisait sur les lieux, en plein désert, le sable ayant virevolter depuis. Il y avait bien des marques de sang séchés mais au vue de la quantité, nul doute qu'il s'agissait de celui des victimes. Même s'il restait un objet ou quoique ce soit qui pourrait constituer un quelconque indice, il nous serait impossible de le débusquer sous cet amas de sable. Je me tournais vers mes coéquipiers :

« Sans grande surprise nous n'apprendrons rien ici. J'ai parfaitement visualisé le visage des hommes qui les ont abattu. Plusieurs stratégies s'offrent à nous : nous pouvons très bien infiltré leur rang d'une quelconque manière où leur tomber dessus sans qu'ils ne s'y attendent. Qu'est-ce que vous suggérer ? Je pense qu'avoir leurs noms en fouillant les archives ne seraient pas de trop. »

Je leur demandais ce qu'ils en pensaient mais mes paroles faisaient également partie d'une stratégie. Puisque Oniri avait prévenu du monde la veille, il y avait fort à parier que nous étions surveillés en cet instant. Leur faire croire qu'ils avaient l'avantage de connaître notre futur mode opératoire alors même que nous savions pertinemment qu'ils en auraient conscience nous gardait une longueur d'avance. S'ils pensaient par exemple que nous introduirions leur rang, ils renforceraient en principe leur sécurité pour nous avoir alors même que nous aurions anticiper cela. Faire croire à la proie qu'elle est le prédateur en somme. Quoi qu'il arrive, il nous fallait fouiller les archives pour obtenir des informations complémentaires sur eux et peut-être même que leurs dossiers auront miraculeusement disparu d'ici là où qu'ils nous empêcheront d'avoir l'accès même à ces informations alors qu'ils œuvre dans l'ombre...

La partie pouvait commencer. Honneur étant de mise pour les dames, j'ouvrais le bal en déplaçant le premier pion sur l’échiquier. Tetsui en fit de même et les coups commencèrent à s'enchaîner, devenant, tour à tour de plus en plus long et hésitant. Nous réfléchissions mutuellement à la meilleur stratégie à adopter. Le jeune Yamada me questionna au sujet de ces quelques heures passées en solitaire, à écumer le village de fond en comble enfin de faire parler de nous.

-J'attendais justement que tu me poses la question très cher ! Une certaine ironie était perceptible dans le ton de ma voix. Au vu de ce qui est arrivé à ces enquêteurs nous pouvons aisément supposer que ces fameux trafiquants de drogue n'apprécient guère d'être déranger. Ils semblent vouloir éliminer tous ceux qui s'opposent à eux. En partant de là, leur comportement peut-être assez prévisible...

Et ma Tour vint engloutir le Fou de Tetsui. La partie se poursuivait avec parcimonie. Je venais de prendre ce léger avantage, cependant rien n'était encore joué d'avance.

-Désormais « Ils » sont au courant de notre venue dans le village, ainsi que de la potentielle menace que nous pouvons représenter pour eux. Nul doute qu'ils voudront nous réserver le même sort qu'à ses enquêteurs, sauf que nous serrons prêt à les cueillir...

Alors je défis l'écran digital attaché à mon poignet pour le déposer sur la table, juste à côté du plateau. Le Yamada eut tout à loisir d'y jeter un œil. Ce qu'il put voir, fut le défilement continue des cinq caméras de surveillances qui j'avais disséminée dans les ruelles adjacentes à notre auberge. Il y en avait également une qui donnait vue directement sur le couloir menant à notre chambre.

-Ils n'interviendront probablement pas ce soir. C'est encore trop tôt, mais il y a fort à parier qu'il passe l'action dans les jours qui suivent. Ces derniers chercheront probablement à se débarrasser de nous en nous tombant dessus par surprise.

Honnêtement, je préférai amplement ce genre de jeu à ceux des échecs. En effet, une simple action pouvait découler de tant d'autres. Il suffisait dès lors, d'attendre, laissant ainsi ces criminels se jeter littéralement dans la gueule du loup. Tranquillement adossée contre ma chaise, j'eus un sourire mesquin. Mon idée ne semblait pas plaire à Yami qui, par le simple ton de sa voix, suffit à me réprimander. Ma punition serait alors de veiller à la garde pour le restant de la nuit. Ce faisant, je mis une main au garde à vous.

-Bien chef !

De simples mots, parfaitement sarcastiques en soit. Cependant, cela ne me dérangeait guère. J'avais déjà prévu de ne pas fermer l’œil. En tant que Kunoichi, j'étais loin de ma première nuit blanche, tout comme de ma première traversée du désert. Une fois la partie terminée, Tetsui parti se coucher avec Yami tandis que j'allais m'accouder contre le mur juste à côté de la fenêtre. Au moins pouvais-je me complaire dans l'idée que j'étais là pour veiller sur eux. J'accrochai alors mon Scouter Sayen (désormais monté à l'envers suite à la perte de mon œil gauche) puis activait ce dernier. Ma détection du chakra couplée aux caméras de surveillance permettraient d'anticiper aisément toute attaque éventuelles.

La nuit s'écoula, mais rien ne se passa. Puis vint l'aube et ses rayons salvateurs qui filtraient par la fenêtre. J'étais toujours là et mes compagnons s'éveillaient. Nous pouvions passer à la suite. Comme entendu nous nous rendîmes sur les lieux du crime sans pouvoir en apprendre davantage. Yami la coordinatrice non officielle de notre équipe exposa plusieurs hypothèses plutôt pertinente.

-En effet, chercher dans les archives du village pourrait être une bonne idée, d'autant plus si tu connais désormais leur visage.

J'espérai avoir parlé avec suffisamment peu de discrétion pour que les individus qui nous épiaient puisse céder au doute. Mon équipement avait détecter leur présence en début de matinée...

La partie d'échec continuait de plus belle et Oniri répondait à ma question en deux temps, me supprimant un fou à l'occasion. Je m'en fichais bien en réalité, j'étais plutôt concentré sur ce qu'elle me disait. Elle avait raison bien sûr, ces trafiquants étaient prévisibles de ce qu'on savait. De ce fait le plan de la Saibogu avait été de lancer la rumeur que nous étions là pour les attirer à nous comme ils étaient tombés sur les précédents enquêteurs. Faire la proie pour piéger le prédateur. Ce n'était pas ma position favorite je devais l'avouer, l'idée d'être une cible jusqu'à ce qu'ils daignent passer à l'action ne m'enchantait guère. Néanmoins je n'étais pas seul alors tout devrait bien se passer. Comme elle disait, nous serons préparés. Elle me montra alors un écran digital qui affichait plusieurs caméras disséminées par ses soins.

" Pas mal... au moins pour cette nuit on a ça pour nous avertir. "

Yami punissait ensuite Oniri de surveillance pendant toute la nuit puisqu'elle avait agi sans nous prévenir. Je n'allais pas prendre sa défense car personnellement j'étais crevé et dormir me ferait le plus grand bien. Alors quand la partie d'échec fut terminée j'allai enfin me coucher aux côtés de Yami. Pour moi son pouvoir était froid et j'espérais qu'elle ne profiterait pas de la nuit pour me mordre et ingurgiter de mon sang. En tout cas ces pensées occupaient mon esprit avant que je ne m'endorme assez rapidement.
Je fis alors un rêve plutôt étrange mais emplis de réalité où Suna devenait un village ultra technologique, surveillé et policé, où chaque habitant était surveillé au plus près. Les crimes étaient réduits à néants et les potentiels criminels stoppés avant même d'avoir agi. C'était un monde où se mêlait la technologie des Saibogu à son paroxysme et le pouvoir des Ketsueki. Les libertés n'existaient plus. Je n'y étais pas à ma place, mon père s'y faisait exécuté à cause de mauvaises intentions contre le village, et moi je prenais la fuite pour devenir Nukenin et jurais de venir détruire tout ça plus tard...
Mon réveil me fit quitter ce rêve des plus sombres. Yami demandait tout juste à Oniri si quelque chose s'était passé, et la réponse fut négative. J'émergeai assez rapidement de ce sommeil réparateur et mon corps était déjà chaud.

Nous nous retrouvâmes sur les lieux du crime où nous n'apprenions rien de plus. Et le plan fut d'aller aux archives. Ce à quoi je répondis :

" Faisons ça. C'est où ?
- Je vous y emmène suivez moi. " répondit le responsable qui était toujours à nos côtés.

Il entama la marche et je commençais à le suivre avec mes deux coéquipières. Ce type était plutôt grand et mince, et son crâne était bien dégarni alors qu'il approchait sûrement de la cinquantaine. Ses lunettes lui donnaient un air plutôt sérieux. Il arborait sinon une barbe assez longue couleur poivre et sel. Tandis que nous marchions sans doute dans ce qui était la plus grande rue de ce village, mais qui était pourtant presque vide à cette heure bien matinale, j'observai du mouvement sur un toit. On nous surveillait sans doute. Je me pinçais nerveusement la lèvre.

" Le bâtiment se trouve juste là-bas " fit le grand binoclard en le montrant du menton.

Quelques deux-cent mètres nous séparaient des archives. Les trafiquants allaient-ils nous tomber dessus ?

Oniri avait-elle compris que les hommes nous espionnaient ? Avait-elle même déceler leur présence ? Je n'étais partie que sur des suppositions mais à l'entendre énoncer des détails dans son discours, il me semblait bien que nous n'étions pas seuls comme je m'y attendais. Etait-ce une bonne chose que de leur dire que je connaissais leurs visages ? Ils voudraient sans doute se précipiter aux archives pour subtiliser des informations éventuelles sur eux. Peut-être même qu'ils me prendraient pour cible principale alors que je représentais un danger supplémentaire... Nous allions bientôt le savoir.

Finalement, nous suivions le responsable qui nous indiquait où se trouvait la salle des archives en remontant une grande ruelle depuis laquelle nous étions épiés. Je faisais mine de rien pour ne pas leur laisser voir qu'ils étaient repérer mais j'étais prête à intervenir au besoin. Étrangement, une bâtisse en ruine choisissait pile l'instant où nous passions à sa hauteur pour s'effondrer. Nous avions eu grandement le temps d'anticiper le mouvement « accidentel » et nous l'esquivions sans difficulté en sautant en retrait avec l'homme érudit. Bien évidemment, cet incident nous avait ralenti quelques peu et lorsque nous approchions des lieux, nous sentions tous distinctement que quelque chose n'était pas normal. Et pour cause, le bâtiment des archives était en feu ! Des volutes impressionnantes de flammes s'élevaient dans le ciel accompagnés par sa fumée suffocantes.

Des civils évacuaient les lieux alors que du sable était lancé sur le foyer pour l'étouffer. J'observais mes allés : nous n'étions pas plus avancés finalement mais au moins Oniri avait peut-être pu déceler quelques informations sur les auteurs du sinistre grâce à ses appareillages. De mon côté, je m'ouvrais le pouce en le mordant et effectuais quelques mudras avant de poser ma paume sur le sol pour faire apparaître Hotep, mon Kuchiyose. Mon félidé s'empressa d'exécuter mon ordre à savoir, balayer la zone depuis les airs. Il prit appui sur ses pattes bipèdes pour s'élancer dans le ciel et parcourir les cieux afin d'identifier les fuyards. Nous le suivions dans une course effrénée depuis le sol alors qu'il nous indiquait la voie après les avoir visiblement repérés.

Finalement, il s'arrêta net avant de se poser sur le sol pour nous expliquer. Il ne savait pas parler la langue encore très bien alors je me doutais d'avance que cela s'avérerait compliqué :

«  Noktso... sont... Sol' ! »

Il avait mélangé notre langue et celle des anciens mais heureusement je parvenais à comprendre où il voulait en venir :

« Ils sont là. »

Traduisais-je à mes coéquipiers. Ils avaient trouvé refuge dans... une bibliothèque... Sérieusement ?! Au moins ils étaient tranquilles ! Jamais personne ne pourrait suspecter que le repaire mafieux se trouve dans un endroit pareil... Ils n'étaient pas impossible qu'ils n'aient pas connaissance de leur traque jusqu'ici ce qui nous laissais l'avantage de la surprise si tel était le cas mais nous ne pouvions pas non plus nous précipiter... Après un regard avisés entre partenaires, nous décidâmes à l'unanimité d'entrer dans les lieux.

Nous étions plus méfiants que jamais car cela pouvait également s'avérer être un piège pourtant lorsque l'on entra rien ne semblait différent d'une bibliothèque classique... Tout était silencieux, les personnes parcouraient les étagères à la recherche du livre qu'ils cherchaient, d'autres s'adressaient à l'accueil pour obtenir des informations... Etait-ce bien ici ? Avait-ils voulu se fondre dans la masse ? Ou bien faisaient-ils juste tous semblant d'être de simples lecteurs avides de connaissances ?

Visiblement ces criminels étaient décidés à nous mettre des bâtons dans les roues, mais nous, nous étions tout aussi déterminé à les pourchasser. Et ce fut pour cela que nous nous retrouvâmes juste ne face d'une bibliothèque. Qui, d'une certaine façon était un lieu parfaitement adéquat pour venir se réfugier. A présent il nous fallait trouver une stratégie adaptée, une solution pour les débusquer sans éveiller l'attention et de surcroît, sans leur laisser le moindre échappatoire.

J'activai alors mon scouter Sayen afin de tenter de détecter leur présence à l'intérieur de la bâtisse, mais je n'obtins aucun résultat. Soit ils étaient déjà parvenu à nous faire faux bond, soit il ne possédait pas de chakra ce qui signifiait qu'il n'était pas des shinobis, mais des civils. Le deuxième cas se révélait contraignant car il y aurait peu de chance qu'il tente de nous attaquer de front à moins de nous tendre une embuscade.

-Nous devrions quadriller la zone afin de nous assurer qu'ils ne tentent pas de nous échapper. Hotep peut veiller depuis la voie des airs tandis que deux autres surveillerons l'entrée principal et un autre les alentours pour s'assurer qu'il n'y ait pas une autre sortie.

Cette fois-ci ce serait à Yami d'agir seul. Elle était celle qui avait pu voir le visage des ravisseur par le biais de sa maîtrise du sang. Cependant eux l'ignoraient ce qui nous donnait un avantage. En cherchant à se faire passer pour de simples lecteurs, ils ne s'attendaient certainement pas à ce qu'on puisse les reconnaître. Ce faisant, nous nous séparâmes. Je lançai un dans le ciel une sphère métallique qui était un module de scan, permettant de cartographier en un instant le quartier. Un plan en deux dimensions apparut sur l'écran de mon scouter saiyen.

En cas de course poursuite, je serais désormais en mesure de déterminer un itinéraire adapté. Je tendis ensuite à chacun de mes coéquipiers un micro casque de sorte à ce que nous puissions rester en communication permanente. J'activai ensuite mon dispositif de camouflage avant d'aller me placer derrière la bibliothèque tandis que Tetsui monterait la garde à l'entrée. Yami de son côté venait de pénétrer à l'intérieur. Il ne nous restait plus qu'à lui faire confiance, la suite dépendrai avant-tout d'elle. Nous restions à l’affût, attendant son signal pour intervenir si nécessaire.

Je gardai l'arme au poing dans l'éventualité où les chose venaient à mal tourner. La journée avançait lentement. L'heure de midi approchait alors que le soleil montait de plus en plus haut dans le ciel. La température montait rapidement. A cette heure si les ruelles étaient déserte. La population local évitait de sortir pour ne pas subir le joug ardent de l'astre diurne. Cela ne ferait que nous faciliter la tache en cas d'éventuel conflit.

Spoiler:

Comme l'avait suggéré Oniri, Hotep pris la voie des airs pour quadriller la zone et serait en mesure de détecter les fuyards une fois que j'aurais remué la fourmilière. D'après ma meilleure amie, les mafieux ne semblaient pas être des shinobis puisqu'elle ne parvenait pas à déceler de traces de chakra à l'intérieur du bâtiment.

J'étais celle qui y serait envoyée seule. Je connaissais le visages de nos ravisseurs ou du moins de trois d'entre eux. Je doutais fortement que leur groupe ne soit composé que de si peu d'individus... Mon objectif premier était de les reconnaître sans faire de grabuge. Ce qui ne s'avérerait pas facile car j'étais presque certaine que quelques uns d'entre eux avaient déjà vu mon visage lorsque nous discutions dans une partie du désert. C'est pourquoi il fallait que je m'y introduise sous henge pour être plus tranquille.

Une fois que j'aurais repéré ceux que je connaissais, j'avertirais mes coéquipiers pour leur décrire leur position tout en tachant de récupérer le sang des malotrus pour obtenir une longueur d'avance sur eux.

Je changeais donc d'apparence. La troquant pour une binoclarde brune aux longs cheveux bruns pour me fondre dans la masse de l'érudit en quête du savoir et du plaisir des livres et pénétrais dans le bâtiment. Le silence était d'or : après tout nous étions dans une bibliothèque. Il y avait toute sorte d'individus : des plus jeunes comme des plus âgées, ce qui me confortait dans l'idée que nos malfrats s'étaient simplement mêlés à la foule et que toute la bibliothèque n'était pas leur QG dissimulé. Nous n'avions pas perçu de chakra, il était donc impossible que la plupart soit aussi sous henge.

Je déambulais dans les allées faisant mine de chercher des ouvrages d'un domaine précis alors que je perdais mon regard dans la salle de temps à autre. J'attrapais plusieurs livres au hasard et me dirigeais vers une table pour feinter une lecture tout en prenant soin de ne pas faire trop de bruit comme la gentille lectrice que j'étais. Je plaçais le livre devant moi et levais de temps à autres les yeux vers l'assemblée : je ne les voyais pas. J'avais pourtant une vue d'ensemble de la bibliothèque depuis ma position mais je ne voyais personne. Je me relevais donc, me dirigeant vers les étagères que je n'avais pas encore exploré alors que des jeunes s'évertuaient à lire leurs comics, des bandes dessinées et même des manga. Alors que j'observais le groupe, j'en reconnus un. Il tenait un livre au titre peu recommandable qui semblait être rédigé par le plus grand des perdants : les techniques de dragues... sérieusement. Enfin bref : j'en avais localisé un mais il se trouvait bien entourés d'autres civils et je ne parviendrais sûrement pas a l'approcher facilement... Nous en avions vu plusieurs fuir mais peut-être que je ne connaissais pas les autres et qu'il serait mon seul point de repère.

L'air de rien, j'attrapais un nouveau livre un peu plus loin et posais mon doigt sur les lignes tout en affichant un grand sourire pour chuchoter :

« Et de un ! »

Les autres croyais sans doute que je venais de trouver l'un des ouvrages que je recherchais alors qu'a travers le micro, mes coéquipiers comprendrait le véritable sens de mes paroles. Je refaisais tout le tour de la bibliothèque en feintant toujours de chercher des livres avant d'annoncer dans un nouveau murmure :

« C'est le seul que j'ai pu trouvé... Tant pis. »

Je ne doutais pas que d'autres se dissimulait parmi la foule mais comment les reconnaître ? Ils savaient qu'ils étaient traqués et ils s'étaient postés ici l'air de rien pour ne pas être repéré pourtant, ils ne pourraient pas rester dans se trahir à un moment donné non ? Je m'installais avec ma lecture, préférant stopper mes rondes discrètes qui auraient pu s'avérer étranges à force tandis que les heures passaient sans que rien ne se passe justement.

« Bon ben je vais rentrer puisqu'il n'y a pas ce que je cherche... »

Me contentais-je de soupirer dans un chuchotement à peine audible pour signifier à mes coéquipiers que j'allais passer à l'action. D'avance je savais que cette partie n'allait pas me plaire mais ce n'était pas comme si j'avais le choix. J'attrapais une bande dessinée et m'asseyais à côté de ma cible. Mes coéquipiers allaient sûrement rire en m'entendant parler... Mais tant pis. J'observais l'homme avant d'arquer un sourcil tout en réajustant mes lunettes pour bien lire le titre de son livre :

« Les techniques de drague ? »

Murmurais-je à son encontre.

« Pourquoi auriez vous besoin d'un tel ouvrage ? Vous êtes plutôt joli garçon ! Soyez naturel et je suis sûre que vous parviendrez à faire fondre le cœur de ses dames ! »

Je le gratifiais d'un grand sourire alors qu'il m'observait visiblement gêné avant de m'annoncer :

«  C'est très gentil à vous mademoiselle mais... ce ne sont pas les dames que je cherche à faire fondre. »

J'écarquillais les yeux de surprises un instant, décontenancée par sa réponse alors que j'imaginais déjà la tête d'Oniri dehors.

« Oh. Je vois. Eh bien j'imagine que vous ne devez pas avoir de mal non plus à faire tourner la tête des mâles... »

Je déglutissais. Bon sang ! Comment j'allais pouvoir l'approcher suffisamment pour récupérer son sang s'il était de l'autre bord ?! J'étais dans l'impasse jusqu'à ce qu'il me tende son poignet pour me montrer sa montre.

« Elle est belle n'est-ce pas ? C'était un présent pour mon ancien compagnon mais puisqu'il m'a laissé, je l'ai gardé pour moi. »

Au secours... Je tâchais de paraître compatissante alors que j'observais le bijou et que j'attrapais son cadran entre les mains.ma bague à pointe ripa sur sa peau et lui créa une légère entaille écarlate.

« Oups ! Excusez moi ! Ma bague à ripé sur votre peau ! Je suis désolé ! »

Il m'observa un instant avec un regard que je ne parvenais pas à décrypter avant d'arborer un air plus amusé en m'assurant qu'il n'y avait pas de mal que ce n'était pas grave même s'il me demanda pourquoi je possédais pareil bijou. Question piège... Mes neurones fusaient pour m'apporter une réponse rapide et crédible.

« En fait c'est une bague que je peux déployer pour me servir de marque page. Je suis une grande lectrice et comme il m'arrive de lire plusieurs livres en même temps j'ai besoin de marque page pour m'y retrouver donc j'en ai toujours un sur moi qui fait aussi office de bijou. »

Comme pour lui faire une démonstration, j'ôtais ma bague et plaçais la pointe dans ma bouche pour récolter son sang tandis que lui croyait que je devais procéder ainsi pour écarter les pans de ma bague pour la dérouler. Je la plaçais ensuite contre ma page, la pointe se posant sur la rainure du livre que je refermais pour lui montrer l'utilité. Je ré-ouvrais ensuite l'ouvrage pour bien lui montrer que je n'avais ainsi pas perdu ma page en cours de lecture.

J'observais a nouveau sa montre et m’égosiller :

« Il est déjà cette heure ! Excusez moi je dois m'en aller ! Bonne lecture et bon courage ! »

Lui souhaitais-je avant d'attraper ma bague, de déposer la bande dessinée a sa place et de m'engouffrer vers la sortie après avoir lancé un dernier sourire à l'homme.

Je m'engouffrais dans le désert l'air de rien et retrouvais ma forme originale alors que Hotep venait à ma rencontre pour m'assurer que personne ne m'avait suivi. Finalement je retrouvais mes coéquipiers.

« Bon... Je n'en ai reconnu qu'un seul sur les trois que j'ai pu apercevoir à travers le sang des victimes et j'ai réussi à récupérer une maigre goutte de son sang suffisante du moins pour l'immobiliser quelques instants. Toutefois il y a énormément de civils à l'intérieur et ce n'est pas du tout judicieux de créer la panique en amorçant notre offensive ainsi. Surtout que je suis certaines qu'il y a d'autres mafieux à l'intérieur mais impossible de les identifier. Je pense que nous devrions attendre qu'ils sortent d'eux même pour les pister. Qu'en pensez-vous ? »

C'était décemment trop risqué d'engager une offensive dans de telles conditions. Nous ne pouvions prendre le risque de faire des victimes parmi les civils.