@Jisetsu Kim a 24H pour poster ou il sera exclu de l'Acte.

@Akita Haru peut dores et déjà posté s'il le souhaite.

En tant que ninja de la caste la plus basse qui existe dans la hiérarchie de l’ordre Shinobi, l’Akita ne représente qu’un piètre pion sur un plateau d’échecs. Ce n’est qu’une pièce parmi tant d’autres qui ne possède aucune utilité particulière si ce n’est que celle que l’on peut sacrifier pour des fins stratégiques. Dans les faits, toutes les pièces de l’échiquier, hormis le roi, sont des instruments dont l’on peut se passer. La valeur d’un pion augmente selon son statut. C’est ainsi que le jeune Soldat perçoit la réalité – et mettre en comparaison la réalité à un jeu n’est point exagéré. En tant qu’Heishi, lorsque le temps de la guerre est aux portes de la nation, il ne peut chasser le sentiment de n’être que de la chair à canon, envoyé à la mort pour repousser l’envahisseur. Ses confrères au sein du personnel militaire ressentent probablement la même chose – à moins qu’ils soient bien trop fiers de servir un empire grand et puissant. Il ne critique pas la décision de servir une nation. Après tout, lui-même a rejoint le service militaire afin de repayer ses dettes. Toutefois, la réalité le rattrape et il est sait qu’il ne suffit que d’une seule parole pour achever sa vie. Si l’on lui demande de mourir, pourrait-il suivre aveuglement cet ordre ?

Heureusement –selon notre vision des choses – l’apatride ne sera pas sur la ligne de front. On l’a convoqué il y a plus d’une semaine. Les hautes sphères souhaitaient lui assigner une tâche singulière : enquêter sur le Pays du Soleil. Nommons notre héros un pessimiste ou autre, mais dès qu’il comprit la nature de cette mission, il comprit qu’il était objet d’une expérimentation et n’en fut guère ravi. Pourquoi est-ce que le Shûkai dépêcherait un incapable de sa trempe sur cas aussi délicat que Taiyô no Kuni ? Cette région du monde est un mystère total. Dès que l’on met les pieds à l’intérieur de ses frontières, le chakra de tout être disparaît. Il est donc impossible pour des ninjas de survivre en ce territoire. Si les hautes instances souhaitent réellement obtenir un résultat convaincant d’une telle expédition, ils enverraient un homme bien plus compétent que le lui. En soi, le rouquin à la frange blanchie est un test. S’il revient en vie avec des renseignements, tant mieux. S’il tombe au combat… Il aura été un pion non indispensable. Sans trop avoir le choix, Haru accepta la missive. Il tenta sa chance et demanda d’être accompagné de sa tendre sœur, désirant la sauver des feux du conflit imminent, mais il reçut un refus catégorique.

Il quitta le bercail rapidement, sans oublier de faire la morale à Miyu tant qu’au futur combat. Il sait sa sœur forte et compétente – le titre de Taichou n’est pas simplement pour faire beau – mais en tant que grand frère, il ne peut s’empêcher de faire du souci pour elle. Ils ont toujours été ensemble, ils ont survécu jusqu’ici car ils se sont tenu les coudes. La perdre serait de trop. Lui tourner le dos et franchir le cadre de la porte furent extrêmement difficile. Il y a toujours ce doute qui hante la conscience et qui soulève la possibilité que ce soit la dernière fois que les frères et sœurs se voient. Et cette petite voix malicieuse n’est pas facile à chasser de son esprit.

Le Shûkaijin entra en territoire inconnu : Hi no Kuni. Il est certain que sa présence, si captée par les autorités de la Feuille, sera questionnée. La possibilité qu’il devienne un prisonnier de guerre avant même d’atteindre son objectif n’est pas négligeable, mais le Soldat doubla de prudence en entrant dans la région de cette contrée et ne fut pas repéré. Du moins, c’est ce qu’il croît. Qu’est-ce qu’il en sait, en vérité ? Peut-être que l’Anbu guète ses moindres gestes depuis l’ombre. Il n’a aucun moyen de le savoir.

Un compagnon de missive lui a été préalablement assigné : un Genin de la nouvelle Kiri. Cependant, après un temps d’attente considérable au point de rencontre, le jeune homme dû se rendre à l’évidence : son partenaire s’est soit perdu ou intercepté en cours de route. Ou bien, dans le pire des cas, le malheur est tombé sur lui… Il serait mentir de dire que l’idée d’abandonner la mission et retourner au village les mains vides dans quelques jours ne lui a pas traversé l’esprit. Seul, ses chances de succès sont probablement inexistantes. Néanmoins, cette contrée énigmatique attise son intérêt. Trop de mystères entourent ce recoin du monde. Il décida donc d’enquêter pour son propre compte. Quel est le proverbe, déjà ? La curiosité tue le chat ?

Des jours et des jours à scruter les immenses murs séparant les États-Unis et le Mexique – euhm, Hi et Taiyô – recherchant un moyen de pénétrer à l’intérieur ou bien un quelconque indice pouvant l’aider à démystifier ce sujet. Cependant, cette ballade près de ces énormes remparts s’avéra inutile. Décidemment, il ne semble y avoir aucune faille dans la sécurité de ce système. Encore une fois, il pensa faire demi-tour. Après tout, ce n’est pas comme s’il n’a pas tenté quelque chose. Pourtant, son instinct le poussa à aller plus loin et une interrogation peu intelligente lui traversa l’esprit : s’il est impossible de traverser la frontière sans se faire repérer, qu’en est-il s’il demande aux occupants ?

Certainement l’acte le plus idiot dans l’histoire de l’humanité. Qui est assez naïf pour croire qu’on lui ouvrirait un passage simplement en demandant ? Personne. Et pourtant, lorsqu’il demanda le droit de passage, l’un des immenses remparts s’ouvrit. Inutile de souligner l’important stress que ressentait l’Akita à ce moment précis, ne sachant quoi penser de ce déroulement. Il fut accueilli par un homme à la crinière brune et aux yeux ambrés qui le guida. Une percée victorieuse ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, peu longtemps après, le fléau de la guerre toucha finalement le pays du Soleil, cette contrée qui semblait si invincible grâce à son système impénétrable. Une situation plus qu’audacieuse considérant qu’il est impossible pour lui d’utiliser son chakra sur ces terres.

Yugure Aô, son accompagnateur, le cacha quelques heures alors que le conflit dégénéra. Pendant ces quelques heures, le rouquin tenta de se reposer, mais trop de questions trimbalent de gauche à droite dans sa tête. Qui est l’assaillant ? Que recherchent-ils ? Et surtout, que peut-il faire ? Tout se déroule si vite et il n’a absolument aucune idée quoi faire.

Terré dans un piètre bâtiment, il attendit impatiemment une opportunité pour faire quelque chose d’utile pour une fois dans sa misérable vie. Et puis, un cri effroyable perça le silence de la nuit. Un son monstrueux à glacer le sang. De nouveau, l’adrénaline gonfla ses vaisseaux sanguins. Tout ceci est surréel. Son guide fut de retour et lui mima de le suivre et de garder le silence. Le binôme quitta l’habitation et se planqua ailleurs. Ébranlé et incapable de rester dans l’ignorance plus longtemps, il murmura finalement ces mots à peine audibles.

Monsieur Yugure, que se passe-t-il donc ? Qu’étais-ce ce cri ? Et qu'est-ce cette solution dont vous parlez ?

Tant de questions bondissent dans sa caboche, mais une - plutôt trois - chose à la fois. Le combattant n’a pas encore perdu sang-froid au point de perdre les pédales. Il a tout de moins besoin qu'on le situe. Il ne peut rester ignorant plus longtemps. Il a toujours dit à Miyu que foncer tête baisser dans la gueule du loup n'est jamais la meilleure option. Quoi que, avouons-le, il baigne déjà dans la gueule du gros méchant loup.

Music:

Le conflit faisait rage tandis qu'il avançait à travers le Soleil. Qui étaient les assaillants ? Comment avaient-ils... C'était trop de questions auxquelles les réponses étaient inutiles. Maintenant, tous leurs espoirs étaient vains. Quelqu'un avait compris. Quelqu'un avait agi. Du plus profond de son être, il frissonna. L'agitation. La folie. Le calme. Tout s'enchaînait et s'entremêlait avec une précision artistique tellement intense qu'on aurait pu croire qu'un être supérieur tissait les toiles de leur destin. C'est le regard sévère qu'il demanda l'aide du jeune homme, et le regard tout aussi sévère qu'il fit taire toutes ses questions. Le moment viendrait - il se contenta de lui demander de le suivre, en silence. Tous deux, ils fendaient les rues du pays depuis la cachette où il avait réfugié le Shukaijin. Tous deux, ils allaient vers ce qu'il espérait sincèrement être la solution au problème. Lui en voudrait-on ? Peut-être. Ce n'était pas important. Arrivait ce jour où, parmi tant d'autres, des choix difficiles, cruciaux et immoraux devaient être faits - il était un homme d'action et se refusait à rester assis pour réfléchir sur ce qu'il fallait faire. Le temps... Le temps n'était pas du côté des habitants du Soleil.

Combien de temps avaient-ils marchés ? Quelle distance avaient-ils parcourus ? Peu lui importait. Il savait où il allait. Il savait ce qu'il fallait. C'est finalement devant une entrée vers ce qui semblait être un souterrain du Pays qu'ils s'arrêtèrent brièvement, et Yugure tourna son attention vers le Shinobi.

"Vous découvrirez plus que vous n'auriez jamais du en savoir en venant ici. Vous verrez des choses. Entendrez des choses. Si je me contentais de vous expliquer, vous refuseriez d'y croire. Alors je vais vous le demander une seul et dernière fois. Acceptez-vous de m'aider ? Acceptez-vous d'aider ce monde ?"

C’est avec le regard sévère que répondit le dénommé Yugure Aô, faisant ainsi taire toutes les questions qu’avait posé – et voulait poser – le balafré. Le silence et la tension dominèrent de nouveau l’atmosphère. L’apatride mordit sa lèvre inférieure, guère heureux de se faire traiter de la sorte et, surtout, malaisé. La situation est plus que pénible : une guerre a éclatée aux portes du pays et le Shinobi ne peut rien faire, son énergie pompée par Dieu seul sait ce qui se trame. Il serait mentir de nier l’envie de se séparer de son guide. Plus loin, il y a certainement des gens qui ont besoin d’aide. Les assaillants marchent et pilent les divers villages qu’ils rencontrent sur leur passage et les habitants meurent injustement, sans quiconque pouvant les protéger. Cette seule pensée serait une raison suffisante pour Haru de scinder son chemin avec celui du brun et voler à la rescousse du peuple malgré son inhabilité à utiliser son chakra. Toutefois, la configuration du terrain est totalement inconnue pour notre héros. Il ne détient aucun point de repère pour se situer en cette contrée énigmatique. Il pourrait se débrouiller avec une carte, mais il n’en a pas sous la main. À court d’option, le Shûkaijin n’a d’autre choix que d’accepter son triste sort et suivre en silence l’homme qui l’a parrainé jusqu’à présent. Un homme désemparé au cœur d’une situation bordélique dans un pays méconnu.

Inutile de compter le temps écoulé ou la distance parcourue. Dans ce contexte, il est facile de se laisser emporter par l’effet tunnel. La notion temporelle est facilement altérable. Pendant ce qui semblait être une éternité, le binôme traversa l’obscurité de la nuit sans aucun repos. Pour le grand brûlé, qui est à bout de nerf, il sentait sa santé mentale s’écrouler sous la pression. Il n’a jamais participé à une guerre. Il n’a jamais levé la main sur un Shinobi adverse au nom de sa nation. Et le voilà au cœur d’un conflit qui dépasse l’étendue de son imagination et sa seule source d’information refuse de lui partager quoi que ce soit. Personne ne peut blâmer un néophyte dans une pareille situation.

Finalement, le duo stoppa son avancée face à l’entrée d’une grotte qui semble mener sous la terre. Une brise au son aigüe provenait du seuil de cette antre, encore rien de bon qui ajoute au frisson de l’Akita. Les muscles tendus et la conscience au niveau d’alerte maximal, l’Heishi plissa les paupières et tenta de découvrir quelque chose parmi les ténèbres, mais en vain. Enfin, le brun se tourna vers le rouquin et parla finalement. Il déclara qu’en venant à Taiyô no Kuni, Haru allait en découvrir plus qu’il ne lui en faut. À tel point qu’il en refusera d’y croire. Ces mots ne font que peu de sens, mais le scarifié comprend néanmoins une chose : ce qui allait suivre dépassera son entendement et pourrait également signer sa fin. Le jeune homme déglutit, ravalant sa peur alors que le dénommé Ao lui demanda si notre protagoniste est prêt à aider le monde. Fidèle à lui-même, la rétorque à cette interrogation fut immédiate.

Bien sûr, je ferai tout pour protéger les civils. Seulement, je n’ai pas les moyens de vous apporter une aide concrète. Sans chakra, je suis impuissant. Encore plus qu’habituellement. Je ne vois pas ce que je peux faire.

Une excuse lamentable, mais véridique. Sans son énergie, il est impossible pour l’apatride d’ouvrir les Portes Célestes. Le mieux qu’il puisse faire est de combattre avec une arme blanche… ou servir de pion dans le but d’être sacrifié. Ses prunelles ambrées rivèrent de nouveau vers la caverne. Ce même bruit lui coupait toute envie d’entrer à l’intérieur. Il sentait des sueurs froides déglutiner le long de son échine dorsale. Oui, il est terrifié et cela se voit facilement sur les traits de son visage. Sans chakra, il est si fragile. Toutefois, il ne reculera pas après tout ce chemin. Il rompit le silence à nouveau.

Avant d’y aller, pouvez-vous au moins me dire dans quoi vous m’avez embarqué ? J’aimerais au minimum savoir à quoi ais-je affaire.

Foncer dans la gueule du loup tête baissée est toujours une mauvaise idée, comme répète-t-il souvent à sa petite sœur. Et pourtant, voilà qu’il transgresse cette leçon. Pitié, qu’elle ne prenne pas exemple sur son frérot.

Malgré le sérieux plaqué contre son visage, l'ensoleillé se permit un bref sourire devant la réponse du Shinobi. Ainsi, il n'était guère l'un de ces monstres sanguins sans la moindre vertu ne cherchant que la gloire dans l'assassinat mais se montrait capable de protéger également. Du moins, il espérait que cela ne soit guère une farce car tout ce que ses gestes impliquaient... Il secoua brièvement la tête avant de concentrer l'intégralité de son attention sur le jeune garçon. Il avait peur. Il n'y avait aucune honte, aucune surprise à tout ceci. Quelque part, même, cela lui donnait un côté humain, bien trop souvent sacrifié au profit de la gloire du Shinobi. D'un geste calme, il posa sa main droite sur l'épaule de l'invité du Soleil.

"Pourquoi dépendez-vous tant de votre Chakra ? Personne n'en possède dans ce pays et qu'importe la puissance des assaillants, nous demeurons tous égaux. C'est corps contre corps, esprit contre esprit. Vos normes de puissance... Nous les bafouons."

Un maigre sourire de plus, comme s'il cherchait à redonner un semblant de confiance en soi à celui qui avait été embarqué dans les sombres secrets de ce monde. Du bruit retenti brusquement non loin d'eux, et pris d'un sursaut de panique le représentant de Taiyo fit glisser sa main jusqu'à empoigner celle du ninja et, le tirant avec lui, s'engouffra dans les sous-terrains du pays. Sombre. Il faisait cruellement sombre et rapidement, il chercha à l'aveugle une torche qu'il s'empressa d'allumer.

"Avançons, vite. Ils ne doivent pas nous trouver."

Pas après pas, ils s'enfonçaient dans un réseau qui semblait bien plus développer que ne le laissait entendre la surface du Pays. Pourquoi de telles constructions ? Pourquoi un tel système ? Il n'allait pas tarder à comprendre.

"Depuis un moment déjà... Depuis un moment déjà, notre pays est garant de la sécurité de ce monde. En partie du moins. La vérité... La vérité est bien plus cruelle qu'il ne puisse vous sembler. Ne nous jugez pas. Comprenez, c'est tout ce que je vous demande. Comme je vous l'ai dit, nous gardons le Renard à Neuf Queues prisonnier dans ce pays. Et c'est pour maintenir sa prison en place que nous sacrifions tous notre Chakra."

Alors que ses perles ambrée s’éperdaient dans le gouffre obscur de l’antre, son esprit tentant de concevoir tous les fléaux possibles puissant l’attendre dans ce souterrain, une légère pression sur son épaule le tira hors de ses pensées cauchemardesques. Son camarade d’aventure le regardait, son attention entièrement focalisée sur le scarifié. Il demanda pourquoi les Shinobis dépendent autant du chakra. Une question légitime à laquelle l’Akita n’a pas la réponse exacte. Selon sa propre vision, c’est la même raison pour laquelle le commun des mortels est dépendant du sucre : c’est tout simplement bon et addictif. Cette énergie est l’arme la plus puissante et versatile qui a été développée dans l’histoire de l’humanité. Depuis que l’Homme a réussi à manipuler et utiliser efficacement ce pouvoir, il ne peut s’en passer aussi facilement. En un sens, Haru est pareil. Il pourrait très bien vivre sans chakra, mais s’en priver serait tourner le dos aux personnes qu’il a juré de protéger du mal. Néanmoins, le Yûgure souleva un point important : tous les humains au sein de la contrée du Soleil ne possèdent aucun chakra. De ce fait, ils sont tous égaux. Les normes de puissance du ninja sont bafouées, comme l’a si bien dit le brun, terminant son discours en un maigre sourire pour rassurer son invité.

Le grand brûlé se sentit plus calme. Son rythme cardiaque décéléra peu à peu et ses muscles s’apaisèrent. Il n’est pas autant en danger qu’il le croyait initialement. Effectivement, tout le monde sur ces terres est privé de son chakra. Nulle entité ne peut attaquer le duo et les terrasser d’un coup sec. Seule la force physique et mentale importe désormais. De ce fait, étant lui-même un adepte des arts martiaux, il est en quelque sorte avantagé de par son expérience. Sa confiance intérieure rétablie, il soupira pour chasser ses derniers doutes et croisa le regard d’Ao, dorénavant déterminé. Ce n’est point le temps de se chamailler sur ses craintes et son insécurité. Le monde est en danger et a besoin d’être sauvé selon le résident de Taiyô. Sera-t-il à la hauteur des attentes de son compagnon ? Seul l’avenir nous le dira. Cependant, il n’abandonnera pas ici avant même d’essayer. Si quelqu’un doit prendre en charge la situation, il n’hésitera pas à avancer d’un pas et volontairement mettre un pied en enfer. Si ces actions peuvent sauver ne serait-ce qu’une vie, alors soit.

Allons-y.

Un nouveau bruit retentit non loin de leur position. Les deux protagonistes sursautèrent. Le Shûkaijin tourna vivement la tête, mais ne vit que les ténèbres de la nuit. Peu importe ce qui a causé cette détonation, c’est proche. Affreusement proche. L’ennemi a également parcouru cette distance ? Il n’eut guère le temps d’examiner ses arrières plus longtemps alors que le Taiyôjin, prit d’un élan de panique, agrippa son poignet et le tira avec lui dans l’entrée de la grotte. Aussitôt, une noirceur d’une opacité pire que celle de la nuit enveloppa l’entièreté de son champ de vision. Le binôme continua d’avancer malgré l’inefficacité de leur sens de la vue, titubant ici et là. Finalement, le brun alluma une torche, la lueur de la flamme chassa la noirceur. Le rouquin le talonnant de derrière, les deux personnages semblaient traverser un système d’aqueduc souterrain ressemblant à un véritable labyrinthe. Sur les murs, il pouvait apercevoir de la plomberie. À ces pieds, ses souliers pataugent dans un maigre niveau d’eau. Que cachent ces tunnels ?

L’habitant du Soleil décida enfin d’éclaircir le mystère et expliqua la situation. Il déclara que sa nation fut nommée responsable de la sécurité du monde et implora que le balafré ne juge pas leurs actions. Il approuva d’un simple mouvement affirmatif de la tête, laissant son interlocuteur poursuivre son monologue. C’est alors qu’il dévoila la vérité : l’absorption de chakra est en fait une cause humaine, soit un sceau n’ayant pour but que de maintenir continuellement une prison. Celle du légendaire Renard à Neuf Queues. Cette révélation laissa notre protagoniste bouche-bé. À vrai dire, il ne savait que penser de cela. Il resta enfoui dans le mutisme pendant un moment avant de rompre cette quiétude.

Je comprends… Même si c’est difficile à visualiser concrètement.

Il ne doutait pas de la parole de son guide. L’Heishi sait que ces démons géants –ces Bijuus – ne sont pas des mythes fabriqués de toute pièce. Lors de la construction de la Brume Sanglante, la bête à trois queues est apparue sur le monde, se divulguant finalement au monde pour apporter de la vérité dans ces anciennes légendes. Encore plus récemment, il y a près de dix ans, Sanbi s’est dévoilé à nouveau. Nombreux ont été les pertes humaines. Les quelques survivants parlent encore de ces batailles. Et voilà que l’une de ces bêtes demeure sous cette région du monde et qu’un immense système a été établi afin de le garder sous contrôle. Le chakra de chacun à l’intérieur des frontières du pays est utilisé dans l’unique but de garder Kyûbi en laisse. C’est un concept intéressant, pensa Haru. Il est difficile de l’imaginer en grandeur nature – si immense que le Soldat n’est pas tout à fait certain de saisir la gravité de tout cela – mais il comprend tout de moins les grandes lignes de ce qui est dit.

Ainsi, le pays garde le Renard sous contrôle grâce à l’énergie de chacun qui est absorbé. Cela le garde en place. Ces assaillants là-haut, je parie qu’ils sont ici pour anéantir ce système et libérer la Bête ?

Qui sont ces agresseurs ? Il l’ignore. Absolument aucune idée ne lui vient en tête. Dans le pire des cas, cela pourrait être l’Empire lui-même souhaitant s’emparer du pouvoir du démon. Quoi qu’il en soit, s’il n’a pas tort, le but de la paire est désormais clair et nette : il faut empêcher quiconque de relâcher le Bijuu. Si ce dernier parvient à être délivré, un véritable massacre aura lieu. Le démon abattra son courroux sur les hommes. Le rouquin à la frange blanchie ravala sa salive. C’est loin d’être une besogne routinière.

Au loin, le sol se mit à trembler. Les Taiyôjins toujours en poste froncèrent les sourcils. Ce léger tremblement, se pourrait-ce que… ? Aux quatre coins du pays, ils tournèrent tous la tête vers le même endroit. Ils savaient que leur pays était attaqué, et ils espéraient que la défense de la prison soit assez résistante pour le garder en captivité. Dieu les protège.

Mais il n’en fut rien. Un vent se leva, traversant tout Taiyô. Des effluves de chakra sortit de toute part. L’atmosphère devint bleutée, l’herbe et les fleurs poussèrent rapidement sous l’effet du chakra qui sortait du fin fond du pays du Soleil. Les habitants retrouvèrent peu à peu leur puissance, mais ne purent parler. C’était la fin. Si les sceaux ne puisaient pas le chakra présent à la surface, la prison du démon finirait par être brisée.

Spontanément, les civils de Taiyô, redevenus Shinobis, se regroupèrent. En masse. Sous l’impulsion de leur oracle et première dame à la capitale, ils se dirigèrent vers la prison de Kyûbi. S’il n’était plus en prison, il faudra faire en sorte de l’empêcher de dévaster le monde. C’était leur mission, leur destin. Ils le savaient : le démon renard ne pourrait pas rester caché éternellement. Mais ils étaient habités de la même volonté et, ensemble, ils marchèrent en direction de la prison. Pour ce qui allait peut-être être leur dernière bataille.

Spoiler:

Ao adressa un sourire à l'aide qu'il avait réussi à obtenir devant les questions posées. Elles étaient légitimes et il le comprenait mieux que quiconque. Ralentissant quelque peu la cadence pour répondre, il fut arrêté net avant même que ses paroles ne quitte sa bouche. Le sol venait de trembler. Se pouvait-il que... Un frisson énorme traversa son corps et il tourna son visage, blême d'inquiétude, vers le Shukaijin.

"Impossible... Nous... Nous arrivons trop tard. Vite !"

D'un coup, il accéléra la cadence, s'aidant de son propre Chakra pour continuer sa course. Comment se pouvait-il que... Il retint un jurons et se tourna vers l'étranger afin de voir s'il était à même de suivre.

"Le Chakra... Il est revenu. Je le sens en moi. Je l'utilise. Cela fait... Cela fait tellement longtemps que... J'ignore qui ils sont. J'ignore comment ils ont su. Mais ils sont là."

Il soupira un bref instant.

"Nous pensiez-vous civils ? Nous pensiez-vous à même de faire de telles prouesses contre le Chakra sans user de ce dernier ? Non... Non. Nous avons sacrifié le notre. Nous avons choisi ce qu'il était nécessaire de faire pour préserver ce monde et aujourd'hui... Aujourd'hui tout se retourne contre nous."

Combien devait-il lui dire ? Combien devait-il savoir ? Et s'il était l'un des leurs ? Les pensées du représentant du Soleil se brouillaient d'elles-mêmes, envahie par l'extase d'être nourrie au Chakra à nouveau. D'un coup, il s'arrêta et fit face à son invité.

"Je vous ai aidé. Je vous ai protégé. Je vous ai... Dites-le moi ! Etes-vous des leurs ? Etes-vous des nôtres ? Prouvez votre allégeance, car maintenant... Maintenant ma seule confiance ne me suffit plus à vous croire."

Tant de questions sans réponse. Après tout, il nage dans l’inconnu. Littéralement. On ne peut le blâmer pour ne pas comprendre ce qui se trame autour de lui. Tout d’abord, une attaque sur un pays qui, jusqu’à maintenant, était considéré comme impénétrable et hostile. Puis, la révélation du siècle : le Démon Renard à Neuf Queues est séquestré dans ce pays au coût du chakra des habitants. C’est beaucoup à assimiler et à comprendre en un si laps de temps – surtout au cœur d’une situation de stress. Le commun des mortels perdrait la tête et exigerait bien plus que de maigres explications à la place du rouquin à la frange blanchie. Et pourtant, ce dernier se montre patient et compréhensif. Si le Yugure dit que le sort du monde Shinobi est en jeu, alors il ne prend pas ces propos avec une pincée de sel.

Une énième interrogation sortant de la bouche de l’Heishi. Cela fit sourire son guide. Un rictus qu’il imita. Il se sent désormais plus en sécurité et bien accompagné. Il a réussi, en quelque sorte, à apprivoiser le brun, celui-ci désormais plus ouvert aux questions de son invité et bien plus indulgent qu’il y a une heure ou deux. Toutefois, les bonnes nouvelles semblent prendre fin ici même. Un séisme survint. Le jeune homme dû s’appuyer sur le mur le plus proche afin de conserver son équilibre. Quelle est l’origine de ce tremblement de terre ? Une explosion ? Ça l’aurait définitivement été le meilleur scénario. Aussitôt après la convulsion terrestre, un effluve bleuté traversa le couloir que le binôme avait emprunté. Un frisson parcouru sa colonne dorsale. Cette sensation… Nul doute. Les hommes échangèrent un regard, tous deux le visage livide. Ce développement ne peut signifier qu’une seule chose : le sceau de la Bête a été brisé.

Merde !

Sur ordre de l’ensoleillé, le duo entama une course à haute vélocité. Si rapide que l’Akita peinait à suivre son camarade. Ce dernier commença un discours à son intention, mais qui sonnait plus comme un monologue. Il posa la question suivante : le balafré pensait-il les Taiyôjins civils ? Voilà un thème qu’il n’a point approché, ne serait-ce que quelques secondes. Néanmoins, à bien y penser, cela est logique. Le pays du Soleil est une contrée comme une autre. Il y a forcément des ninjas puis des civils. Et puis, à bien y réfléchir, il est vrai que l’infime chakra que possède chaque humain dit ordinaire ne serait guère suffisant pour alimenter une prison si puissante pour y contenir un Bijuu. Des réserves plus importantes sont nécessaires. Une chose est sûre, cependant : le pays a choisi de faire un énorme sacrifice afin de préserver le monde d’une destruction imminente. Un sacrifice qu’il admire.

Ao stoppa son élan si brusquement qu’Haru passa à deux cheveux de lui foncer dessus. Le Shinobi de Taiyô fit volte-face vers son compagnon et s’adressa directement à lui cette fois-ci. Des propos qui prirent le Shûkaijin par surprise. Prouver son allégeance ? Comment peut-il faire une telle chose ? Il distinguait clairement la folie dans les yeux de son accompagnateur. Est-ce l’effet de panique ?

Monsieur Ao, vous ne pouvez-pas être sérieux. Nous perdons du temps.

Face à ce sérieux plaqué sur le faciès du Yugure, le roux recula d’un pas, désemparé. Comment donc le convaincre à lui faire confiance ? Ses poings se comprimèrent d’eux-mêmes, sa canine mordit sa lèvre inférieure. Rapidement, il chercha les mots appropriés à utiliser. Il n’a qu’une seule tentative et il le sait. Il n’a qu’à jouer le tout pour le tout : la franchise sans précédente et la vérité absolue. Après tout, le mensonge n’a jamais été un concept pour le Soldat. Il relâcha un bref soupire avant d’ouvrir son cœur.

Vous savez, j’ai été envoyé ici pour enquêter sur votre pays. Mon village souhaite obtenir la moindre information sur votre pays. Pourquoi moi plutôt qu’un autre ? Je l’ignore. Il y a pourtant des gens plus compétent que moi pour cette mission. C'est la raison de ma présence en vos terres.

Il leva ses prunelles ambrées, croisant ceux de son collègue.

Mais cela n’a désormais plus d’importance. Vous m’avez amené ici pour une raison et je ne compte pas faire demi-tour alors que nous sommes rendu si loin. Je ne vous ai pas menti lorsque j’ai dit que je veux aider ce monde. Vous m'avez aidé, alors laissez-moi faire de même pour vous.

Il avança de deux pas et posa ses mains sur les épaules du brun, tentant de le sortir de sa crise.

S’il-vous-plaît, Yûgure Ao. Si je suis encore ici, c’est de mon propre chef. Je désire faire ce que je peux pour minimiser les dégâts. Croyez-moi quand je vous dis cela. En ce moment, je ne suis pas un Shûkaijin ou un Shinobi quelconque. Je ne suis qu’un homme qui souhaite sauver ne serait-ce qu’une vie. Alors allons-y. Allons stopper Kyûbi. Nous avons encore du temps, n’est-ce pas ? On peut encore faire quelque chose, non ?

L’on peut lire de nouveau la peur dans son regard. Non la peur pour sa vie, mais plutôt celle de se faire repousser. Et même si cet individu lui dit de faire demi-tour, il trouvera le démon renard d’une autre façon. Car cette histoire ne peut se terminer ainsi.

Il inspira profondément et écouta les explications cœur-battantes du Shukaijin, et ses traits s'adoucirent calmement. Il n'y avait aucune logique à son comportement, et avec le recul il s'en rendait compte - bien que dénuées de réels arguments, les paroles du je une homme en face de lui étaient parvenue à le convaincre. Était-ce la frêle sincérité de son regard ? Le ton hésitant et pourtant déterminé qu'il arborait ? Ao lui-même l'ignorait. Peut-être même n'était-ce que la perte de la frénésie liée au retour de son Chakra ? Toujours est-il qu'il hocha la tête avec véhémence et compréhension avant de faire volte-face et continuer sa route.

"Vous... Soit. J'accepte de vous croire, mais évitez de trahir ma confiance."

Plus ils avançaient, plus les râles se faisaient entendre. Des signes de lutte. Des sons de l'agonie. Et à chacun d'entre eux, la gorge de l'illuminé se serrait, son cœur s'accélérait brièvement. Il aurait aimé savoir plus sur ce qu'il se passait, mais il était arrivé trop loin dans son engagement personnel pour reculer maintenant. C'était tout ou rien. Rapidement, les souterrains se montraient être bien plus complexes que ce qui pouvait être imaginé, même s'il les connaissait à la perfection. De plus en plus de détours, de plus en plus de croisements, de plus en plus de façon de se perdre.

"Ce réseau s'étend sous tout le pays, et plus nous nous rapprochons du cœur de ce qu'il contient, plus les couloirs se rejoignent. C'est lui qui nous prive de Chakra. C'est lui qui..."

Il s'arrêta un moment, bloquant le corps du Shukaijin à l'aide de sa main pour qu'il n'avance plus également. Des voix se faisaient entendre au loin, ainsi que des bruits de pas. Ils n'étaient pas seuls, mais engager une lutte maintenant... Il soupira à entendre les inconnus s'éloigner. Il fallait faire vite, et c'est avec un rythme plus soutenu encore que le slalom entre les divers couloirs repris.

"Regardez au-dessus de vous."

Accompagnant ses paroles d'un geste, Ao leva la torche vers le plafond afin de l'éclairer mieux. Tout entier, il semblait orné de divers dessins, d'écritures étranges, de symboles - une totalité qui ne pouvait évoquer qu'une seule chose à un shinobi ayant un minimum de culture générale. Des sceaux. Beaucoup de sceaux. Des sceaux longilignes qui semblaient traverser chacun des couloirs sous Taiyo. Des sceaux qui semblaient se réunir, s'entremêler, se croiser, s'ignorer pour au final confluer tous vers le même point.

Pour être franc, Haru n’a aucune idée si ses propos allaient avoir un quelconque effet sur son interlocuteur, présentement en doute total à son égard. Il lui avait demandé de prouver son allégeance envers leur cause. Une chose qui est physiquement impossible. Lui qui est un étranger sur ces terres et qui est arrivé ici il n’y a que quelques heures, comment peut-il démontrer son innocence et regagner la confiance du brun ? Il n’a trouvé aucune réponse à cette question. Il a donc opté pour la franchise et exprimer son désir d’aider non seulement le Taiyôjin, mais également le monde. S’il peut faire quelque chose en ce temps sombre pour neutraliser la menace qui pèse sur l’humanité telle une épée de Damoclès, il n’hésitera pas à se lancer dans le cœur de l’action malgré ses frayeurs ainsi que ses chances réelles de perdre la vie. Et si le Yûgure lui bloque le passage et, pire, tente de le tuer ? Il fuira et tentera de trouver son chemin par lui-même. Ce réseau souterrain est un véritable puzzle, mais tous les chemins mènent à Rome. Enfin, par principe.

Heureusement, bien que difficilement, le dénommé Ao concéda de nouveau sa confiance à l’apatride. Il semble que ses mots aient été suffisamment convaincants. La tension dans ses épaules se relâcha et il se permit de soupirer, un mince sourire ravi visible sur son faciès. En silence, il remercia le ciel. Trahir la confiance de son acolyte n’est point dans ses projets – à moins que ce dernier se retourne contre lui ou lui fasse part d’un plan irrationnel. Néanmoins, voilà une pensée qui ne traversera jamais l’esprit du Soldat impérial à condition que les circonstances restent intactes. Après tout, il n’est qu’un naïf petit garçon à l’intérieur.

Le binôme recommença leur course dans les aqueducs de la contrée. Le balafré avait l’impression d’avancer à l’aveuglette dans l’obscurité, n’ayant que pour seule source de lumière la torche du brun, mais ce dernier cheminait d’un pas si assuré qu’il ne doutait point de ses connaissances de ce complexe système. Alors qu’ils cavalaient à toute allure, le duo pouvait entendre des hurlements en écho. Tantôt faible, maintenant plus fort. Ces cris le faisaient frissonner. Est-ce les assaillants ? Ou bien les habitants de cette contrée ? Inutile de souligner l’énorme envie d’Haru de se lancer à la rescousse des victimes, mais il a hélas bien plus important à faire. Un maigre sacrifice pour une cause bien plus grande. Le Shûkaijin se mordit la lèvre jusqu’au sang. En agissant ainsi, il va contre sa propre philosophie. Il sait bien qu’il ne peut sauver tout le monde et qu’un devoir plus grand l’attend en face. Et pour cette raison, le rouquin ne s’est jamais autant détesté qu’en ce moment présent et jure de payer le prix pour se racheter.

Ils stoppèrent leur élan un moment afin de laisser les assaillants passer leur chemin avant de reprendre la route. Puis, Ao expliqua finalement le but de ces souterrains : ce réseau s’étend sous tout le pays du Soleil. Cette révélation laissa le scarifié bouche-bé. C’est avec difficulté qu’il imaginait un tel système à grandeur nature. Cela dépasse, effectivement, l’imagination. Et le moyen de parvenir à la destination finale est simple : plus que les innombrables couloirs se rejoignent, plus que le centre est proche. L’ensoleillé souleva sa torche vers le plafond et demanda à son compagnon de l’examiner. Il souleva son regard ambré et distingua quelque chose d’anormal. Des sceaux. Du charabia à en vomir. Des Fûinjutsu d’une complexité unique qui parcourent tous les couloirs de ces aqueducs. Le Shinobi déglutit. C’est fascinant. Un adepte de cet art serait intéressé à étudier ce concept.

Nous approchons vers le centre, n’est-ce pas ?

Ces nombreux sceaux s’entremêlent pour finalement ne faire qu’un dans un même passage. C’est la destination finale. Une nouvelle sueur froide déglutina le long de sa colonne vertébrale. Haru s’interrogea. Qu’allait-il découvrir au cœur de tout ceci ? En réalité, il le sait déjà. C’est un cauchemar devenu réalité. Il inspira profondément. Ce n’est pas le moment d’avoir peur. Il ne fera pas demi-tour.

Allons-y.

Il soupira à la remarque du Shinobi. Oui, ils approchaient du centre. Ils approchaient d'un centre qu'il ne voulait pas vraiment voir... C'était le moment, précisément, pour qu'il comprenne ce qui était dit entre les lignes. Qu'il sache les mystères entourant le plus sombre secret de Taiyo. Qu'il... Puisse faire quelque chose là où le pays perdait ses forces.

"Oui... Nous y sommes presque, alors laissez-moi finir. Me racheter pour avoir douté de vous."

N'arrêtant rien à sa marche, ils finirent par arriver à une immense salle, vide sinon les sceaux ornant son plafond.

"Nous nous trouvons sous la prison de Kyubi. C'est... La Source de Taiyo. Le rassemblement du réseau de tous nos sceaux. Parmi les nombreux secrets que votre monde ignore de nous, il y a notre pouvoir. Nous... Nous savons inverser. Faire faire à une technique l'opposé de ce qu'elle fait. La Négation. Nous l'appelons comme ça ici."

Il inspira à deux reprises avant de montrer d'un doigt ce qui semblait être un escalier. Dans le silence bref de ses paroles, des bruits de lutte se faisaient entendre au-dessus du groupe.

"Tout ce réseau... Toute notre entreprise échouée... Ce n'est que des Sceaux de don de Chakra. Inversés pour le drainer. Et malgré tout ceci nous... Je n'arrive pas à croire que nous ayons échoué."

Les bruits se faisaient de plus en plus oppressant, renforçant l'atmosphère déjà dense. A l'un d'entre eux, un râle terrible et plein de haine et de souffrance, Ao releva la tête.

"Allons-y ! Nous n'avons pas réussi à prévenir l'atteinte à la prison de Kyubi, mais nous pouvons encore empêcher le pire. Il y a toujours quelque chose à faire, n'est-ce pas ? De toute façon, si je venais à mourir pour protéger ce monde... Je vous ai tout transmis. Alors tâchez de survivre. De prévenir le pire."

Et sur ces quelques mouvements, il invita d'un geste de la tête le Shukaijin à le suivre tandis qu'il arrivait devant les portes de la pièce où était enfermé le Démon. C'était le début de la fin. Le début de la fin du monde meilleur qu'ils avaient espéré créer.

C’est l’heure. Oui, c’est désormais le moment fatidique. Quelles sont les émotions qui brument l’esprit du balafré ? Principalement la crainte. L’inquiétude face à l’inconnu. La peur de se savoir faible alors qu’une épreuve insurmontable l’attend un peu plus loin. L’effroi d’affronter un soi disant démon, le mythique Renard à Neuf Queues. Shinobi ou non, il ne serait guère exagéré de dire que le commun des mortels paniquerait dans une telle situation. Mais à côté de cette boule d’anxiété, il y a également la détermination. Telle une petite flamme s’accrochant désespérément à la vie au cœur d’une tempête glaciale, la volonté du jeune homme refoule cette frayeur. L’Akita est résolu à aider son compagnon à contenir l’imminente menace dont le monde fait face. Il se sait peu utile et qu’il y a de grandes chances d’y laisser la vie en vain, mais qu’importe. À ces yeux, préserver sa vie est moins important que son désir de protéger les innocents – ce monde Shinobi, aussi cruel soit-il. Son seul regret serait celui de laisser sa petite sœur seule dans un empire de fou. Elle ne le pardonnerait jamais. Cette pensée lui fit arracher l’ombre d’un sourire en ces temps obscurs.

Ao soupira. Évidemment, ce n’est pas tout le monde qui est fou de joie à l’idée de combattre une bête légendaire dont la puissance est dite suffisante pour détruire une montagne d’un seul battement de queue. Ce mythe est suffisant pour anéantir le moral de n’importe quelle troupe. Le binôme continua sa course alors que l’ensoleillé brisa le mutisme. Il semble vouloir se racheter pour avoir douté du Shûkaijin. Un sentiment que ne partage pas ce dernier. Douter un étranger que l’on a rencontré il n’y a que quelques heures est une chose normale selon sa vision des choses. Néanmoins, il retint sa voix. Si tel est le souhait du brun, si cela peut apaiser sa honte, alors soit. Après tout, Haru meurt d’envie de comprendre même sous ce stress gargantuesque.

Depuis la précédente révélation, le rouquin à la frange opaline est incapable de ne pas reporter son attention sur le plafond. Plus précisément, sur les complexes sceaux parcourant les innombrables passages dont la capacité réside à absorber le chakra. Ce réseau est dit suffisamment grand pour parcourir l’entièreté de la contrée du Soleil. Une telle chose est difficile à visualiser et même à croire. Cependant, Haru ne doute pas de la parole de son acolyte. Pourquoi mentir ? C’est ce même sujet qu’aborda de nouveau le Yûgure alors qu’ils arrivèrent dans une énorme salle vacante, ce dernier déclarant que la prison du Bijuu est juste au-dessus de leurs têtes. Cette révélation provoqua un frisson glacial chez l’Heishi. Voilà, ils y sont. Moins d’une centaine de mètres le sépare de la mort. Son cœur rata un battement. Une sueur froide parcourut son visage. Il déglutit, ravalant sa peur. C’est bientôt.

Le Taiyôjin continua son discours et partagea le secret de ce pays. Le pouvoir d’inverser. La Négation, se nomme-t-elle. C’est la première fois que le Soldat entend une telle chose et il comprit rapidement de ce que s’agit cette capacité. Ce système de Fûinjutsu est en fait un réseau ayant pour but de donner de l’énergie. Son utilité a été inversée pour drainer le chakra et maintenir en place une cellule pour la Bête. L’apatride hocha la tête, comprenant au moins les grandes lignes. Pourtant, il ne souhaite pas perdre plus de temps à demander les détails. Provenant de l’escalier menant à l’étage supérieur, il entend des bruits de lutte. Il y a une bataille en cours en ce moment même. Il n’y a pas de temps à perdre. Il faut agir.

D’accord. Je comprends. Je vous remerciede la confiance que vous m’accordez.

Le duo monta les escaliers pour finalement arriver à d’immenses portes, bloquant l’accès à la prochaine pièce – la prison de Kyûbi. L’atmosphère est dense, l’air est lourd et la tension atteint son summum. Avant d’entrer, Ao parla de la possibilité de mourir et l’importance pour l’Akita de survivre pour prévenir. Des mots qu’il ne comprit pas. Toutefois, il ne peut accepter que son compagnon soit prêt à mourir. Si l’un d’eux vient à tomber au combat, ce sera lui et personne d’autre. Il posa une main chancelante sur l’épaule du brun et réussit à étirer un mince sourire pour tenter de le rassurer.

Ne me faites pas ça. Nous sommes là-dedans ensemble, n’est-ce pas ? Tâchons de survivre.

Afin de se ressaisir, Haru se gifla les joues et inspira profondément pour écarter ses doutes. C’est le moment. Le début de quelque chose de nouveau ? Ou bien serait-ce la fin du monde ? Une chose est certaine : il ne tombera pas sans s’y arracher le cœur. Il donnera tout ce qu’il peut et au-delà. Et l’abandon n’est pas une option.

Allez !!