Je marchais à travers les dédales du palais à pas lent. Je me rendais directement vers un endroit que je savais que trop proche. Le balcon, donnant sur la grande place du village, n’était plus très loin. Je pouvais d’où je me tenais, entendre le brouhaha créé par la présence des civils et des Genins sur la grande place du village. Certains avaient dû entendre la nouvelle. Elle leur avait été probablement communiquée par les Chuunins et les Jonins partis rejoindre les postes de surveillance de Kumo. C’était l’ordre que je le leur avais donné. Cependant, à aucun moment je ne leur avait dit de garder cette information pour eux. Après tout, les nouvelles sont difficiles à taire...

Les deux jours que j’avais passé entre ma prise de fonction et ce jour où j’étais présenté aux yeux de tous, comme le successeur du Yondaime, m’avaient permis de poser les bases que j'estimaient nécessaires à la pérennité de Kumo. La seule chose, excepté la recherche du corps du précédent Raikage, qui m’importait dans l’immédiat. Je m’approchais grandement de la réalisation de mon premier objectif. Tout, jusqu’ici était maîtrisé, mais il me restait à poser un acte que je ne redoutais que trop. J'étais encore indécis, mais l'heure de trancher dans le vif était arrivée.

Je venais de débouler avec cette nouvelle allure que je savais liée au poids de la charge pesant sur mes épaules. Je m’étais toujours demandé pourquoi les Ombres paraissaient rarement pressées. En peu de temps passé en tant qu’une de ces Ombre qui dirige un grand village ninja, je pense avoir compris. Tout est urgence, tout est priorité, dès lors, rien n’est urgent, rien n’est priorité. Aussi absurde que cela.

En tenue de cérémonie, ma longue toge blanche flottant au vent, et mon kusa avec l’insigne de Kumo sur la tête je surplombais ce que je considérais comme le peuple de Kumo : les civils et les ninjas de premier rang; les Genins. Je les observais sans mot dire, tandis que le bruit, peu à peu s’estompait. Ils avaient remarqué mon apparition et s'attendaient à ce que je prenne la parole d'un moment à un autre. Je percevais un son se rapprochant de moi. Sur ma droite, je tournais la tête alors qu’Atsu’ me rejoignait. Je hochais de la tête pour lui demander ce qui clochait. C’est alors qu’il me fit le rapport de la situation durant la réunion entre Chuunins et Jonins. J’avais déployé le Satoru aux entrées de Kumo et aux positions stratégiques. Ils étaient renforcés en cela par les Genins, qui pour une fois, avaient eu des chances de faire leurs preuves. Au moins sur une dizaine de minutes. Tout au plus… Cependant, malgré ces dispositions, deux Genins avaient décidé de filer en douce. Deux Genins qui pensaient peut-être échapper à ma vigilance. Leurs noms m’étaient rapportés : Bakushö Miae et Seki Osore.

« Merci Atsu’. » Lui avais-je répondu. Sans plus. Il était immédiatement allé se repositionner un peu plus en hauteur de ma position. Je reportais mon attention sur les civils et les Genins amassés devant moi. Me raclant la gorge, je m’apprêtais à user de mes capacités de manipulation du son pour faire porter ma voix où je le désirais :

« Peuple de Kumo. J’ai à vous annoncer quelques nouvelles. Le Yondaime Raikage est actuellement disparu... Pour ne pas laisser le village en proie à lui même, le Daimyo de la Foudre m’a choisi pour son successeur, moi Seki Zennosuke. Je suis donc votre Godaime Raikage. »

Je marquais une pause tout en regardant de part et d’autre de l’immense foule. Je décidais de poursuivre :

« Aux civils, j’aimerai dire que ma mission principale est de veiller sur vous tout autant que sur les habitants de la Foudre. J’espère pouvoir remplir convenablement mon rôle. Avec votre aide, j’y parviendrai. »

Je continuais à regarder de part et d’autre en tournant la tête lentement. Ils semblaient suspendus à mes paroles. Probablement étaient-ils choqués par la disparition du Yondaime. Chose compréhensible… En plus du fait que je remplaçais le quatrième au pied levé... Je poursuivais alors que je les sentais sortir de leur torpeur :

« Aux Genins j’aimerai dire ces mots : Vous êtes encore jeunes pour la plupart, vous découvrez la dure réalité de la vie ninja, certains d’entre vous ont probablement d’énormes difficultés à se sentir en phase avec ce choix qu’ils ont fait ou qu’on le leur a fait faire lorsqu’ils s’inscrivaient à l’académie ninja… Je parle bien entendu de l’engagement dans les forces kumojins. »

Je prenais une petite pause, continuant à balader mon regard bleuté de part et d’autre de la foule afin que tous aient le sentiment que je m’adressais à chacun d’eux. Ce qui était le cas. Je doutais encore, à cet instant précis, de ce que j'avais pourtant décidé dès l'instant qu'on m'avait fait part des nouveaux cas de désertion. Je repensais rapidement aux cas Hakushi Mihawk, mais surtout au guerrier rouge que j'avais longtemps pris pour ennemi : Oterashi Yanosa... J'avalais ma salive tandis que je sentais mon cœur battre plus vite dans ma poitrine. Étais-je fou pour faire ce que j'allais faire ? Il semblait que oui. Je reprenais mon discours, avec la même voix portée en écho, puissante, sans exagération, mais ferme, en total déphasage avec les sentiments qui me tiraillaient au fond de moi.

« Je prendrai avant de dire ce que j’ai à dire, l’exemple d’un kumojin. Un jeune adolescent ayant découvert les forces spéciales du Satoru à l’âge de 11 ans alors que son village natal été ravagé par des nukenins avides de rapines. Sa vie et celle de sa mère a été sauvée par des ninjas de Kumo de passage dans la zone. Ce même jour, cet enfant découvrit son pouvoir héréditaire lié à la manipulation du chakra. Son engagement et son admiration pour les forces kumojins fut naturel et logique, depuis ce jour. Et depuis ce jour il n’a cessé de servir de toute son âme Kumo et Kaminari no Kuni. Car ce pays a toujours été sa force. Cet enfant est devenu le Raikage qui s’adresse à vous. Kumojin jusqu’au bout des ongles… J'aurais aimé que votre attachement à Kumo et aux forces dont vous portez l'uniforme soit similaire... »

Je pouvais ressentir l’émotion qui s’emparait de quelques-uns de ceux qui étaient présents ici dans la foule. Leur cri d’admiration n’étaient que proportionnels à la détermination et l'amour de Kumo que j’avais fait refléter en racontant mon histoire. Cependant, je voyais ci et là, certains visages qui me semblaient soient dubitatifs, soit réticent à mon discours. C’était à eux que je m’adresserais pour la fin.

« Cependant, je peux concevoir que pour bien des Genins, ce lien avec le village n’est pas aussi fort. Peut-être même n’existe-t-il pas. A ceux-là, à ceux qui n’ont pas encore prouvé leur attachement à Kumo au point d’être promus Chuunins ou Jonins. A ceux-là, j’offre l’opportunité de choisir à nouveau leur destinée s'ils estiment qu'ils se sont fourvoyés en devenant kumojins. »

Ma voix se portait jusqu’aux extrémités du village. Tous entendraient ce que j’allais dire. Tous sans exception. Peut-être étais-je là en train de saper le travail de mes prédécesseurs, mais je faisais ce que j'estimais être le meilleur pour Kumo.

« Moi, Seki Zennosuke, Godaime Raikage, prends la décision de libérer tous les Genins qui souhaiteraient quitter les forces kumojins. Vous avez 24h pour vous décider. Ceux qui opteront pour la démission pourront informer les shinobis postés aux portes avant de quitter le village. C’est la seule condition que je pose. Au-delà de ces 24h, toute tentative de démission sera considérée comme une désertion. »

Je me tournais vers Atsu’. Il atterrissait immédiatement à mes côtés. Je voyais bien dans mon regard qu’il désapprouvait ma décision. Il n’avait probablement pas tort d’estimer que c’était une bien mauvaise décision. Seulement, je la prenais en âme et conscience en espérant qu’elle serait plus profitable à Kumo qu’autre chose.

On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Je ne pouvais obtenir ce que je souhaitais obtenir sans passer par cette difficile décision. Mon regard ferme croisait celui du Jonin du Satoru que je savais fidèle. Je le remerciais intérieurement de ne pas en dire plus sur cette question difficile. Puis, je lui donnais mes ordres.

« Atsu’, vous allez avoir du travail les gars et toi. Coordonne les Chuunins pour la surveillance de Kumo. Tous ceux qui démissionnent doivent rendre la totalité de leurs armes et inscrire leur noms sur les registres histoire que je sache qui est parti et combien de Genins nous perdront. Tout Chuunin ou Jonin qui souhaitera se joindre à ce mouvement sera indigne de son rang et devra immédiatement être enfermé dans les geôles. N’hésites pas à me contacter si la situation dégénère… Mais, je ne pense pas que ce se sera le cas. Merci. »

Je faisait bouger légèrement la tête de haut en bas comme pour soutenir mes remerciements, puis je me dirigeais à pas lents vers la salle du Conseil où m’attendrait certainement un difficile sommet.

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