Mon regard se perdait dans le liquide qui remplissait mon verre. J'avais cru quelques mois que je m'étais débarrassé de mon addiction, que jamais plus je ne tremperais mes lèvres dans ce breuvage aussi délicieux que destructeur. J'avais espéré que je pouvais renouer avec une vie - plus ou moins - saine et que j'avais laissé mes erreurs passées derrière-moi. Alors pourquoi est-ce que je me retrouvais à nouveau dans ce bar à me perdre dans les méandre de l'alcool? Pourquoi est-ce que je n'arrivais tout simplement pas à tourner le dos à cette époque qui ne m'avait apporté que des ennuis? Pourquoi est-ce que je replongeais à pieds joints? Pourquoi?...

J'avais plusieurs début de réponses à donner pour tenter de justifier ma médiocrité mais aucune ne pouvait justifier le fait que j'ai cédé. Le combat contre Oniri avait été destructeur aussi bien physiquement que psychologiquement. La douleur dans mon bras qui avait goûté à l'explosif de la Saibogu se révélait toujours aussi incisive et même si je commençais à m'y habituer, ça ne la rendait pas pour autant supportable. Les médics avaient fait un travail remarquable et mon membre blessé et brûlé était à présent entièrement bandé, en bandoulière autours de mon cou. Mais ils me l'avaient dit: il me faudrait plusieurs jours pour espérer pouvoir l'utiliser à nouveau comme avant malgré l'efficacité de leurs jutsus médicaux. Ce qui compromettait sérieusement mes chances de réussite à la troisième et dernière phase de l'examen Chuunin...

*J'aurais mieux fait de la laisser me tuer tout compte fait...* songeai-je en portant mon verre à mes lèvres pour avaler une gorgée de son contenu.

Je fis abstraction de la brûlure dans ma gorge et l'accueillit presque avec joie à vrai dire. Car à chaque gorgée je perdais un peu plus conscience du monde qui m'entourait. J'oubliais à quel point j'étais pitoyable et de quelle manière mon combat contre Oniri s'était déroulé. J'oubliais que Yami allait sûrement refuser de me voir à nouveau en dehors de notre équipe et je me rassurais en me disant que tout pouvait être relativisé. Foutaises! Ce n'était qu'une illusion de l'alcool mais c'était précisément ce dont j'avais besoin ce soir. Je levai mon verre vide en direction du bar sans prendre la peine de lever le regard vers la personne qui se trouvait derrière.

- "Un autre!" vociférai-je. "Vite!"

Le pire dans tout ça, justement, c'est que je ne me contentais pas de retomber dans mes travers. Je m'empressais d'aller m'y réfugier. J'étais lâche en agissant ainsi et je le savais. Mais pour autant je ne pouvais pas m'en empêcher comme si l'alcool était la seule solution à mes problèmes. Je savais que ce n'était pas le cas mais c'était toutefois la seule que j'entrevoyais pour le moment. J'avais eu mon avenir dans mes mains un court instant et je m'étais empressé de tout foutre en l'air. Peut-être que j'étais simplement condamné à la marginalité, à la médiocrité. Dans ce cas, pourquoi lutter?

Jamais je ne te laisserai la faire souffrir comme tu t'amuses à le faire en moment avec moi. Tu entends ? Jamais!

Ces mots de la Saibogu résonnaient en boucle dans mon esprit et si quelques temps auparavant j'aurais tout fait pour lui prouver le contraire, maintenant j'en venais presque à concevoir qu'elle puisse avoir raison. Est-ce que j'avais abusé? Sûrement oui! Est- ce que je m'étais henge en Yami dans le but de faire souffrir Oniri? Non, jamais! Tout au plus pour la décontenancer. Étais-je si détaché de la réalité pour faire abstraction de ce genre d'évidence ou était-ce simplement la jeune femme aux cheveux blancs qui prenait les choses trop à coeur? Peut-être un mélange des deux... Mais ça n'effaçait en rien ma part de responsabilité. Allais-je faire souffrir Yami malgré moi dans le cas où elle m'accordait son estime? Est-ce que j'allais la blesser alors que mon seul but était de la rendre heureuse? Est-ce que j'allais inévitablement détruire les rares délices que le destin mettait sur mon chemin?

Cette pensée souleva en moi une vague de colère puissante alors que jusque-là ce n'était que la résignation qui m'avait envahi. J'avais envie d'aller combattre illégalement dans la cave qui regroupait une bonne part des marginaux de Suna. J'avais envie de me faire tabasser, de cracher du sang jusqu'à ne plus en avoir, de ne plus sentir la moindre parcelle de mon corps et finir en miettes sur le sol. J'avais envie de ne plus rien ressentir, de ne plus avoir conscience de ce que j'étais ou plutôt de ce que je n'étais pas...

*Mais avant ça...*

Je ne voulais pas quitter ce bar et l'alcool qui s'était sous mes yeux. Je voulais qu'on me jette dehors comme l'abruti que j'étais. Et le meilleur moyen pour ça était encore d'agresser la première personne qui passait à ma portée. Je n'eus pas attendre longtemps avant qu'un jeune homme apparaisse. Je me levai alors brutalement et le repoussai en plaquant mes paume contre sa poitrine. Je croisai alors son regard: des yeux bleus comme j'en avais rarement vu. Il semblait plus jeune que moi et à peine sorti de l'adolescence. Je levai le poing alors comme pour l'avertir d'un coup qui ne vint finalement pas. Je baissai ma main valide avant de lâcher un soupire désabusé en me rendant compte de ce que j'étais sur le point de faire. Et moi qui croyait que je ne pouvais pas tomber plus bas. J'atteignais un nouveau palier dans la déchéance...

- "Excuse-moi... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris." lâchai-je finalement en me relaissant tomber sur ma chaise. "Il y a des jours comme ça..."

Peut-être qu'un peu de compagnie allait m'aider à penser à autre chose. Je n'avais pas envie de discuter mais peut-être que j'en avais besoin. Et puis je tenais là une occasion de m'entourer un peu. Un inconnu, c'était exactement ce qu'il me fallait pour me changer un peu les idées...

- "Tu... Tu veux boire un verre avec moi? Je te l'offre! Vois ça comme une façon de m'excuser! Si tu ne veux pas alors continue ton chemin et faisons comme s'il ne s'était rien passé d'accord? Sans rancune!"

Je lui décochai un vague sourire absent avant de reprendre une gorgée de mon verre. Gorgée que je prolongeai sur plusieurs secondes avant de lever à nouveau mon verre en direction du bar.

- "Un autre!" fis-je à nouveau. "Et apportes-un aussi un pour ce type!"

En fait peut-être qu'il valait mieux ne pas lui laisser vraiment le choix tout compte fait. Le jeune homme allait-il voir plus loin que mon agressivité?

Il y a quelques jours de cela, j'avais réussi à me faire une place dans l'organisation Midorhato. Une place qui m'avait coûté quelques blessures tout le long de mon bras gauche; Finalement ce n'était pas si grave mais les médecins insistaient pour que je laisse sur mon bras ces horribles bandes blanches. La douleur s'était estompée un ou deux jours après l'intervention Malgré cet incident, j'étais maintenant un membre d'une équipe dirigée par un Shinobi très compétent, Kibo. Il avait quelques saisons d'avances sur moi, il n'était pas si vieux et pourtant si performant. Des yeux bleus tout comme moi, il avait crée cette organisation pour répandre une paix mondiale et durable. Objectifs louables qui étaient pour moi très utopiques, disons qu'on y croyait tous deux. Chose dite, adhérer à une équipe n'est pas chose si aisée, il fallait maintenant que je réussisse à m'intégrer.

Je ne suis absolument pas calé en relations sociales, je suis même très nul. Petit je ne voyais pas l'intérêt d'être entouré de gamins ne cherchant qu'à se divertir. Il me fallait déjà l'époque des entraînements tous les soirs pour me contenter, autant dire que je n'accordais que peu d'importance à ce genre de futilité. Les anciens de mon clan – Les Toshiro – me disaient qu'il fallait que je sociabilise avec des enfants de mon âge, c'était essentiel selon eux. Têtu je rejetais avec respect leurs propositions que je trouvais absurdes. Les années ont passé et comme le monde j'ai changé. Je ne ressentais pas spécialement le besoin d'être comme les autres ; Un devoir, cela était un devoir dés à présent pour moi d'avoir une « vie sociale ». Une équipe contient généralement des Shinobi de mon âge et donc il me fallait que je me prépare pour réussir à nouer un lien avec eux. Ceci n'étant pas pour mon plaisir personnel mais pour avoir une meilleure efficacité en mission.

J'avais lu dans un livre emprunté, que les personnes dites « normales » se rejoignaient de temps en temps au café, au bar pour se retrouver et passer une sorte de bon moment. Wow, en soit je ne voyais quel genre de lien je pouvais obtenir en buvant un verre avec une personne. Mais je me devais d'essayer, la petite difficulté était que je n'avais pas d'amis et que je m'imposais de ne pas déranger mes coéquipiers. Réfléchissant un peu trop je me lançai alors pour essayer de trouver une personne dans un bar – de préférence bien entamé – pour essayer de m'entraîner à « sociabiliser ». Marchant dans le centre-ville vêtu habituellement de mon survêtement complet noir et une écharpe enlaçant mon cou, je cherchais un bar. Je n'avais pas de critères spéciaux n'étant jamais rentré dans un seul, je pris alors le premier venu et je passai la porte.

Il y avait, une odeur dans cette pièce qui n'était pas si dérangeante au final mais qui avait le don de me piquer le nez. Mais non, il ne fallait pas que je commence à me plaindre ni à juger, je décidai donc de jeter un coup d’œil et d'observer ce paradis. Je ne suis quand même pas bête, je n'avais jamais bu mais je reconnaissais et de loin les poivrots. Un poivrot à droite, un poivrot à gauche, un solitaire à droite, un populaire à gauche, il y avait toutes les « races » réunies dans un seul bar. Je faisais peut-être bête à l'entrée d'un bar en observant les alentours mais je voulais continuer. M'installant à une table, seul j'écoutai autour de moi;Ceci jusqu'à qu'un homme, assez vieux peut-être vers les soixante ans vint me déranger.


EYEY, jeune homme on boit un p'tit coup ensembleuh ? Et tu régales haha, c'est évident t'es dew la jeunesse !

Je déposai ma main droite sur ma bouche pendant qu'il me parla. Cet ivrogne avait une haleine de cheval que je ne voulais surtout pas sentir. Son sang avait du être remplacé par de l'alcool au vu de son apparence piteuse qui s'alliait toute à fait à son hygiène. Je pointai alors du doigt un endroit, derrière moi où il n'y avait personne avant de rétorquer.

Derrière moi, il y a un homme qui « régale » depuis toute à l'heure. Allez le voir vite, partez vieil homme. *dis-je d'un ton sec*

Je ne voulais pas qu'il reste trop longtemps proche de moi, quelle puanteur il dégageait. Le vieil homme comprenant qu'il me gênait parti en quête d'argent à l'endroit indiqué – qui était vide par ailleurs – pour se remplir l'estomac. Le bar n'était peut-être pas fait pour moi au final, du moins c'est ce que je pensais. Alors je pris la décision de me lever et de relire mon livre en profondeur pour mieux comprendre cela. En direction pour la sortie tout à coup une personne m'interpella d'une façon des plus étranges. Il semblait déjà avoir goûté à la boisson du diable, il me poussa avant de vouloir lever la main sur moi. Je restais sérieux en attendant une conclusion à cette petite bousculade. C'était peut-être une façon de se saluer dans les bars ? Je n'avais rien lu de tel mais il fallait que j'attende pour comprendre. Son œil, le seul visible, croisa mon regard et je ne vis pas un homme malveillant ni même méchant. Ce fut le premier point qui visiblement, m’empêcha de le repousser gentiment. Habituellement, j'aurais balancé un «  Si tu ne me lâches pas, tu n'auras plus qu'une main pour manger ta viande » mais sur le coup je n'eus pas cette envie. Il s'excusa alors oralement et me lâcha en retombant sur son tombeau. C'était à moi, il fallait que je réponde quelque chose, il avait à peu près mon ange ! L'occasion rêvée pour « sociabiliser » qui de plus est !

Bien, ça ne fait rien personne n'est blessé je crois bien ! Oui il y a des jours comme ça, je salue aussi les inconnus de cette façon.

Je voulais paraître cool en disant cela, si il faut je me plantai carrément et ce n'était pas une façon de saluer une personne. Il me proposa alors un verre pour avoir mon pardon, qui quelques secondes après m'imposa finalement. J'avais alors réussi la première étape à entrer en contact avec une personne presque « normale » selon moi. Je pris place à ses côtés au comptoir et on nous amena une boisson alcoolisée. Ma première fois, la première fois que j'allais ingurgiter la boisson du démon. J’adressai un petit sourire à mon « régaleur » avant d'essayer de boire une grosse gorgée. Je mis immédiatement une main à la gorge tellement cette boisson était forte. Je n'y connaissais rien mais elle me fit tousser pendant quelques secondes. Mes joues étaient toutes rouges et je regardai mon accompagnateur d'un air surpris.

Mhm-.. c'est super fort. C'est la première fois que je bois un verre d'alcool, c'est étrange mais pas non plus repoussant devrais-je dire. La prochaine c'est moi qui « régale » oui !

Ces derniers mots, ce n'était pas vraiment dans mon habitude de prononcer ce genre de paroles ; Cela sonnait presque faux. Je fis alors un dernier sourire, celui-ci était honnête à mon nouveau compagnon. J'avais le sentiment d'être heureux, d'avoir réussi quelque chose sans savoir ce que j'avais vraiment fait.

L'inconnu ne s'était visiblement pas trop formalisé de mon entrée en matière et avait accepté mes excuses sans se faire prier. C'était plutôt une bonne chose et puis c'était révélateur de son état d'esprit: il n'était pas là pour chercher les ennuis et tenait peut-être à éviter un affrontement. De la lâcheté? Un simple désir de tranquillité? Il pouvait y avoir beaucoup d'explications mais j'étais à vrai dire plutôt soulagé de ne pas avoir à me battre. Ce type avait visiblement plusieurs années de moins que moi et j'évitais en général de taper sur les adolescents ou les vieillards. Déjà parce que ce n'était pas très gratifiant et aussi parce que c'était encore moins fair-play. Mais l'âge ne faisait pas tout et n'était en aucun cas un indicateur fiable des capacités d'une personne. Si ça se trouve, ce jeune homme était plus puissant que moi allez savoir...

- "À la bonne heure!" m'exclamai-je lorsqu'il vint prendre place à côté de moi. "C'est toujours plus amusant de boire à deux de toute façon!"

Sauf que cette fois je n'étais pas ici dans un but festif mais plutôt thérapeutique. S'il y avait une constante avec l'alcool, c'était sa capacité à engloutir vos soucis pendant un temps. Quelques heures qui vous permettaient de savourer uniquement l'instant présent sans aucunes notions du présent ou du passé. On nous apporta à chacun un verre et je déposai quelques ryos sur le comptoir après avoir fouillé brièvement dans mes poches. Puis nous trinquâmes rapidement avant de descendre notre breuvage. Je souris pour la première fois de la soirée lorsque je vis mon compagnon de boisson porter les mains à sa gorge et tousser. Ses joues se teintèrent d'un joli rose et mon amusement s'accentua alors que je prenais conscience qu'il n'était guère - voir pas du tout - habitué à boire. Ce qui se confirma quelques instants plus tard lorsqu'il m'avoua qu'il n'avait jamais bu de sa vie.

- "Ça, tu vois, je m'en serais un peu douté..." répondis-je en lui décochant une tape dans le dos. "Mais il faut un début à tout pas vrai? Et puis la première gorgée est souvent la plus difficile, ça ira mieux par la suite!"

Ouais, je n'étais pas de ceux qui refusaient d'engloutir les autres dans ma débauche et encore moins du genre à ressentir un quelconque problème moral à l'idée de les pervertir. J'étais sûrement un peu égoïste car c'était avant tout à moi que je pensais en l'occurrence. Lui, je ne le connaissais pas. Je me foutais complètement de lui faire goûter à ces plaisirs alors qu'il n'avait certainement pas l'âge de consommer de l'alcool aussi fort. D'un autre côté il semblait bien qu'il n'y avait pas trop besoin de le pousser puisqu'il proposa de payer le prochain verre. Il commençait à me plaire ce type!

- "T'as tout compris! Je t'offre une tournée, tu t'occupes de la suivante, etc. Et ce jusqu'à ce qu'on ne soit plus capable d'ingurgiter la moindre gorgée..." expliquai-je avec indolence. "Ou qu'on nous vire d'ici à cause de notre comportement!"

Je ne choisissais pas mes bars au hasard à vrai dire! Je connaissais plutôt bien la vie nocturne de Suna et je savais quels endroits étaient susceptibles de tolérer telle ou telle chose. Ici par exemple on se foutait de ce que les clients faisaient tant qu'ils payaient leurs consommations. C'était d'ailleurs pour ça qu'il y avait autant de poivrots et que la plupart d'entre eux n'étaient pas vraiment recommandables. Dans un coin de l'établissement se trouvaient d'ailleurs quelques types richement vêtus, prostituées sur les genoux et lunettes de soleil sur le nez. Un fait bizarre puisque nous étions en pleine nuit. Mais que voulez-vous: certains avaient une conception étrange de la mode. D'ailleurs l'un des malfrats frappa une des jeunes femmes qui leur tenaient compagnie, l'envoyant au sol. Je jetai un vague regard dans leur direction avant de m'en désintéresser. C'était plus ou moins le genre de choses normales dans ce bar...

- "En fait moi c'est Shinji!" fis-je en tendant ma main à mon voisin. "Akuzu Shinji! Shinobi à mes heures et déchet notable à d'autres... Et toi, tu es? Avec tout ça on ne s'est même pas présentés..."

Je tirai un sachet de mon manteau avant de le vider partiellement sur le bar. Le tenancier jeta un regard furtif et curieux à l'amas vert que j'avais formé et commençait à effriter. J'aimais bien fumer autre chose que des cigarettes en consommant de l'alcool. D'une part parce que ça en accentuait l'effet et d'autre part car je n'étais plus à ça près. Quitte à se démerder, autant le faire correctement. Je roulai rapidement un joint de bonne taille avant de le visser au coin de mes lèvres et l'allumer. Une odeur caractéristique flotta bientôt dans l'air et je tirai quelques longues bouffées supplémentaires avant de le tendre à mon partenaire.

- "C'est de l'herbe de Datura! Je suppose que si tu n'as jamais bu d'alcool tu n'as pas davantage goûté à ce genre de plaisirs." expliquai-je sur le ton de la conversation. "Vas-y, prends-en quelques barres! Tu m'en diras des nouvelles!"

L'odeur avait néanmoins attiré une bande de jeunes racailles qui s'approcha de nous. L'un d'eux mis la main sur l'épaule de mon voisin comme s'ils étaient de vieux amis. Le reste d'entre eux vint nous entourer d'une manière qui laissait présager une rixe prochaine.

- "Mais c'est que ça sent bon par ici!" commença l'un d'eux.
- "Ouais, très bon même!" renchérit un second.
- "On peut se joindre à vous?" s'imposa un troisième.

Je leur jetai un regard indifférent avant de reporter mon attention sur le fond de mon verre. Et voila, c'était pratiquement toujours ainsi. Il y avait toujours des crevards qui ne pouvaient s'empêcher de compter sur leur nombre pour tenter d'imposer leurs désirs.

- "Non, vous ne pouvez pas! Dégagez!"

Les types échangèrent des regards entre eux, visiblement surpris de cette réponse négative. Ils se mirent ensuite à ricaner tandis que le cercle qu'il formait devint plus menaçant.

- "C'est à moi que tu parles là?"
- "À vous tous en fait!"
- "Tu sais qui on est?"
- "Des types qui deviennent agressifs à douze mais qui seuls ne lèveraient même pas le petit doigt dans un combat de pouces?! Pour le reste j'en ai aucune idée!"

Je les provoquais sciemment, je le savais. Il y avait pas mal de façon de refuser poliment sans pour autant les froisser. Mais je n'avais guère envie de prendre des gants ce soir. Et même avec un bras en écharpe je savais qu'ils ne représentaient pas une menace élevée. Quoi qu'il en soit c'est mon voisin qui tenait l'objet de leur désir et c'était donc lui qui risquait d'en faire les frais assez rapidement. Mais c'était une excellente occasion de voir comment il réagirait. On mesurait souvent la valeur d'une personne dans ce genre de situations et j'étais curieux de voir comment il allait réagir.

- "Hey, gamin! Donnes-nous ça! Tout de suite!" fis celui qui avait son bras autours de ses épaules.

Pour donner un peu plus de poids à ses propos il dégaina un cran d'arrêt et le posa au niveau de son ventre avec une certaine discrétion. Je regardai l'arme un bref instant avant de reprendre une gorgée d'alcool. La soirée s'annonçait bien...

C'est vraiment heureux que je m'étais installé aux côtés d'un homme inconnu. Celui-ci m'avait par ailleurs accosté d'une façon très étrange que je ne connaissais point. L'homme à mes côtés semblait quand même assez déboussolé, je ne sais pas mais à travers son œil et ses paroles je sentais un malaise. Je ne suis pas très fort de manière générale pour ressentir quelque chose à travers une personne surtout inconnue. Sur ce coup, je pensais ne pas me tromper en disant que cet homme n'était pas si bien que ça dans sa tête. Mes ressentis étaient juste et j'allais rapidement m'en rendre compte. Ma première gorgée fut assez comique, cet alcool qu'on nomme « La boisson du diable » m'avait littéralement brûlé ! Il faut dire que je ne me sentais pas si à l'aise que ça dans cet étrange taudis, ce n'était réellement pas mon élément. Je devais faire avec, je m'étais moi même fixé des objectifs et que je comptais remplir.

« À la bonne heure! C'est toujours plus amusant de boire à deux de toute façon! »

Cette phrase vint quelques minutes avant avoir succombé au démon qu'est l'alcool. D'une certaine façon il venait de m'apprendre une leçon. Il était donc amusant d'ingurgiter des litres d'alcool, mais à deux ! A ce moment là il ne manquait qu'un calepin pour noter les cours de mon professeur. Le borgne n'attendit que quelques secondes pour me redonner une autre leçon ; Alors premièrement on boit à deux et deuxièmement la première gorgée est difficile mais la suite est plus simple. Quelles idées farfelues, vraiment je remarquais à ce moment que je ne vivais sûrement pas dans le même monde qu'eux. Cependant à tout prix je me disais qu'il fallait ne pas renoncer, je rétorquai alors à l'alcoolo.

« La première gorgée tu dis.. Je dois t'avouer que j’espère bien sinon je ne pense pas être opérationnel avant un bon moment. »

Cela dit pendant qu'il me parla il me tapa légèrement sur le dos. Ce genre de geste je les avais déjà vu lors de mon premier entretient avec Kibo, mon maître. En effet celui-ci c'était livré à moi et m'avait montré une certaine affection et que j'en étais étrangement réceptif. Je compris alors qu'on pouvait qualifié ça « d'amical » - Bien que je n'en connaissais que la définition grâce au dictionnaire -. J'avançais petit à petit selon moi sur la voix du succès. Je gravissais petit à petit les échelons pour devenir quelqu'un de « sociable ». J'avais en effet d'une certaine façon promis - car je ne reviens que très peu sur mes paroles – d'offrir à mon nouveau compagnon à boire. Chez les poivrots on appelait ça « régaler » , il me semblait pouvoir dire que j'avais utilisé cette expression avec succès. J'écoutais donc ce qu'il avait à dire. J'étais concentré sur sa voix et il me donna alors une nouvelle leçon. Il fallait qu'on s'offre mutuellement à boire pour devenir des membre des « saoulards de Suna ». La fin consistant à se faire virer ne me plaisait guère mais si ça faisait parti du jeux, pourquoi pas? Non, vraiment pas! Je décidai donc de répondre à ce bon professeur avec un grand sourire.

«  Disons que ça me paraît correct comme marché, buvons encore et encore. Pour la dernière partie on repassera peut-être. J'ingurgite en effet cette boisson dénuée de bon sens mais je vais garder ma dignité en ne me faisant pas exclure d'un taudis comme celui-là »

Mes mots avaient interpellés le tenancier qui n'avait que faire de mes dires, il avait sûrement habitude d'entendre toutes sortes de choses dans ce sac à ordures. Je me contentais de ces simples mots, je respectais mon nouveau compagnon pour sûr ; Mais pour être honnête en étant totalement moi même, j'aurais sûrement réagi d'une façon différente à ses approches et paroles. Je fixais le regard de mon voisin en attendant sa réponse mais celui-ci l'avait dévié sur un événement qui se passait derrière nous. Curieux je fis de même et je voyais dans un coin sombre quelques personnages vêtu luxueusement. Ce qui m’interpella le plus était de voir des femmes, des prostitués - oui j'étais pas renseigné mais pas non plus ignorant – avec ces hommes là. En soit il n'y avait rien de choquant, ça devait être normal pour les hommes aisés de faire ce genre de choses. J'étais à vrai dire dégoûté de cet endroit. Le pire vint ensuite quand un de ces ignobles humains fit valser une femme de joie au sol. Ce geste désobligeant me crispa et je serrai les poings énervé. Comment un homme pouvait taper une femme sans défense de cette façon ? Je n'avais qu'une envie, me lever, corriger la personne ou le faire traduire en justice pour ensuite me casser d'ici. Cette envie fût interrompue par les paroles du borgne pour qui ces situations semblaient normales. Il se présenta alors à moi. Il se nommait donc Akuzu Shinji, d'une certaine façon même sous le choc – du vol de la prostitué – j'appréciais le fait qu'une personne se présenta à moi dans ces conditions. Je tendis ma main pour rendre son geste.

«  Mon nom est Toshiro Ogami, je suis aussi un Shinobi appartenant à l'équipe Midorhato. Je suis content de content d'entendre ton prénom, ça sera plus facile » *dis-je tout en buvant une autre gorgée qui semblait plus douce*

Finalement j'allais peut-être me sentir mieux même si j'étais encore sous l'effet de voir une femme jeter au sol, quelle infamie. Ce bougre me proposa alors quelque chose que je ne connaissais que de nom de l'herbe, soit il m'avait soigneusement et avec amour tendu un joint pour que je puisse goûter au délice de l'herbe d'après lui. Je le pris avec un sourire sans même me rendre compte que je l'avais déjà pris, n'est-ce pas étrange ? Je devais donc fumer cette chose, non vraiment ça je ne pouvais pas. J'avais fait à mon goût trop d'efforts pour encore goûter à quelque chose qui me semblait tout autant illicite au vu de mon jeune âge. J'allais de façon évidente refuser et rendre l'objet à Shiji quand quelques hommes vinrent à notre rencontre. Après un regard furtif je vis quelques jeunes hommes, des voyous, un d'eux mit la main sur mon épaule. Ahhh ! Une nouvelle connaissance ? Le borgne m'avait en effet presque tapé alors cela était une autre façon pour apprendre à me connaître.

Ils me demandèrent alors de goûter à cette chose que j'avais eu malgré moi, Shinji réfuta très rapidement ce qui eu le don d'énerver quelques peu nos nouvelles connaissances. Je n'avais pas encore compris à ce moment là que cette discussion allait tourner court. Les jeunes commencèrent alors à s'échauffer et le Akuzu en relança d'une plus belle. Je ne pus m'empêcher de rire en entendant les paroles de Shinji. Décidément il était un bon comique ce bonhomme, il me plaisait bien malgré ses vieux démons. J'eus peine à comprendre pourquoi aux premiers abords les conséquences de ses paroles retombaient sur moi, malheureusement je me sentais redevable à cet homme pour ces leçons. Soudainement celui qui semblait si amical avec moi sortit un couteau discrètement qu'il mit à mon ventre. Je sentis une colère monter en moi, peu à peu et ça n'allait pas tarder à péter.

Musique:

« Je ne pense pas être un gamin d'une part » *dis-je en jetant le joint dans mon verre d'alcool avant de boire une dernière et grosse gorgée*

Je saisis la main de l’assaillant de toute les forces en tournant son poignet pour lui faire lâcher le couteau qui tomba avec quelques rebonds au sol. Alors, c'était trop, ce bar me rendait fou et je ne pouvais plus rester sans rien faire je comptais exprimer à tous mes sentiments. Lui tenant toujours le bras je le poussai sur ses amis – qui étaient nombreux – avant de me retourner face à eux. Ils étaient nombreux et ils nous entouraient.

«  Et d'une autre part, je commence à avoir marre de ce taudis. Premièrement on va régler nos différences. Deuxièmement après votre raclée, vous allez me rendre service en rapportant à ces gros porcs au fond avec leurs filles de joies ; De ne plus taper de jeunes femmes, sinon je vais les mettre à nu et faire de même. Sans aucune pitié »

Bizarrement je m’avançai trop vite, mon sang était bouillant, il me semblait avoir des ailes, sûrement les effets de l'alcool sur un débutant. Je me tournai légèrement vers Shinji pour lui demander comme une assistance;Car en plus d'avoir ramené les voyous, on avait maintenant les gros porcs de riches.

Ogami ne semblait pas du genre à céder sous la pression et ne se laissa pas démonter par le groupe qui l'avait maintenant pris pour cible. L'attention de ces types focalisée sur le porteur de l'objet de leur convoitise, j'avais pu reprendre tranquillement ma consommation d'alcool tout en restant évidemment sur mes gardes. La situation allait clairement dégénérer d'un moment à l'autre, ce n'était qu'une question de minutes voir de secondes. Ogami alla même jusqu'à provoquer les intrus et en profita même pour inclure dans ses remarques les types qui venaient de maltraiter une prostituée. Il avait plus de courage - ou était plus téméraire - que je ne l'avais cru pour être honnête. Néanmoins ce ne fut pas ses dires ou sa façon de réagir à l'arrivée de ces emmerdeurs qui m'interpellèrent le plus mais plutôt ce qu'il décida de faire du magnifique joint que je lui avais proposé. Voilà que ce dernier se trouvait à présent dans son verre d'alcool, agonisant au contact de l'alcool...

- "Quel gâchis..." soufflai-je en me passant une main dans les cheveux. "Je partage et voila comment on me remercie en retour. Ça m'apprendra, tiens!"

Je jetai un dernier regard désolé à mon bébé avant de pivoter sur ma chaise pour m'adosser au comptoir. Ogami venait de tordre la main au type qui lui avait posé un couteau contre le ventre et semblait déterminé à en découdre. Une bonne chose dans la mesure où l'affrontement semblait inévitable. Le reste des gens que mon partenaire de boisson visait avaient également entendus sa remarque et échangeaient pour l'instant des regards mélangeant surprise et irritation. Je n'avais que peu de doutes quant à la suite: insultés, ces derniers allaient forcément entrer dans la danse. Voila qui risquait de compliquer encore les choses.

- "Heu... Ogami? Il y a des gens qu'on peut insulter et d'autres qu'il vaut mieux éviter de vexer pour une simple broutille..." lançai-je à mon voisin en désignant d'un signe de la tête ceux au fond du bar.

La broutille étant la claque retournée à la prostituée, évidemment. Les responsables faisaient parti d'une bande réputée pour sa violence. Oscillant constamment entre la légalité et l'absence de preuves pour les incriminer, ses membres étaient de ceux qu'il valait mieux ne pas avoir parmi ses ennemis. Pourquoi? Parce qu'ils préféraient s'en prendre à vos amis, votre famille ou à défaut vos connaissances pour vous faire comprendre qu'il ne fallait pas se mettre en travers de leur route. Rien d'insurmontable si on était du genre solitaire. Mais dans le cas contraire c'était plutôt compliqué de veiller constamment sur ses proches et d'être partout à la fois.

- "Allez les gars, il est jeune!" tentai d'intervenir pour calmer le jeu. "Vous allez pas vous offusquer pour si peu pas vrai? Et puis le joint est mort de toute façon alors vous n'avez plus rien à y gagner!"
- "Ferme-là crétin!"

La réponse fut sèche et sans ambages. Bon et bien maintenant c'était clair: ça allait chier! Comme tout bon habitué de ce genres de "discussions", je me hâtai de terminer mon verre. Ce faisant Ogami me jeta un regard comme pour me demander de l'épauler pour ce qui allait suivre. J'avoue volontiers que l'idée de le laisser se débrouiller m'avait effleurée l'esprit. Pas par lâcheté mais plutôt par curiosité, histoire de voir ce qu'un membre de l'équipe de Kibo était capable de faire. Mais je n'avais pas spécialement envie d'être simple spectateur et manquer la petite fête qui allait suivre.

- "Bon ben..." lâchai-je en haussant les épaules. "Quand faut y aller, hein?"

J'avais besoin de me défouler sur quelqu'un et pour le coup j'avais une belle brochette d'abrutis à portée de main. Fallait profiter des petits plaisirs de la vie comme on dit. Et puis même en nous occupant de la moitié d'entre eux chacun de notre côté, il en restait encore assez. D'autant plus que les types en costard avaient finalement décidé de se lever pour se joindre à la fête. Dans ce cas il valait mieux prendre les choses à notre compte avant d'être submergés par la masse même si je doutais que ce genre de gaillards pouvaient faire quelque chose contre des shinobis. Même débutants... J'envoyai donc mon poing dans la tronche du type le plus proche en me mettant de flanc pour protéger mon bras blessé. Ma cible tituba en arrière avant de s'étaler sur une table. Il y eut un instant de battement pendant lequel les forces en présences s'observèrent et prirent conscience que les hostilités venaient de débuter. Puis ça devint rapidement la cohue.

- "Allez les mecs on les éclate!"
- "Ben... On fait pareil Ogami!" ajoutai-je en haussant les épaules.

Et les coups commencèrent à pleuvoir...

Il est vrai que ce n'était peut-être pas si poli que ça de jeter un joint offert dans un verre d'alcool ; Malgré ça il m'avait quand même mis dans l'embarras deux fois en si peu de temps. Ce Akuzu Shinji était finalement quelqu'un qui attirait les problèmes. Ce qui en soit ne me dérangeait pas vraiment car tout problème peut être réglé et dans ce cas là il fallait remonter les manches pour y parvenir. Je ne sais pas réellement si j'avais fait le bon choix en jetant un « présent » dans l'alcool. Peut-être allait-il m'en vouloir pendant un moment ? Ce n'est pas que cet énergumène pouvait me causer du tort si il m'en voudrait mais disons que pour ma première connaissance dans un bar, je ne voulais pas me le mettre à dos. Il appela ça du gâchis, à la base je l'avais fait pour comment dire, clouer le bec aux voyous. Disons que cette action réfléchie devenait irréfléchie en vu que ceux-ci n'avaient pas pour autant envie d'arrêter de nous chercher des noises. Les problèmes n'allaient pas s'arrêter en si bonne route, l'épisode de la fille de joie jetée au sol comme une malpropre m'était resté en travers de la gorge. Comment on pouvait se dire un homme si on s'amusait à traiter des personnes de cette façon. Les années passent et pourtant je peine toujours à comprendre quelque chose à l'humain, il m'arrive des fois de me demander si j'en suis vraiment un.

Je sais qu'on élève différemment les enfants mais cela avait quand même du sens. Une femme est quelque chose de bénéfique, d'indispensable chez les hommes ; Certes celles-ci ne se respectaient pas en vendant leur corps mais quand même.. Ces démons richement vêtu ne m'impressionnaient pas car je ne connaissais pas ce genre de personnes. Cependant Shinji me fit une petite remarque à ce sujet, qu'il ne fallait donc pas embêter n'importe qui. Avaient-ils tant de pouvoir ? Ces gens, de quoi faisaient-il parti ? Une organisation ? Peut-être pourquoi pas après tout.. Il me montra clairement qu'il parlait de ces bonhommes là. Le borgne qualifia cela de broutille, pour moi ce n'était clairement pas une broutille. Il devait assister à cela souvent, je ne pouvais m'y résoudre, comment pourrais-je prétendre à des objectifs comme ceux de Midhorato ; Si je n'étais même pas capable de régler un conflit de ce genre ou de présenter ma façon de penser. Je fis un petit soupir en réponse à ce qu'il venait de me dire. Ces gens là, nombreux, détermines, ne m'impressionnaient pas en effet. Disons juste qu'il faut faire attention, je ne suis qu'un genin ayant quelques talents. Je ne savais pas à ce moment là si certains étaient forts ou non.

Une chose est sûre, en aucun cas mes pouvoirs seront utilisés pour régler ce conflit. Je ne veux pas montrer à ces gens là mes talents pour une « broutille ». Je regardai la scène, Shinji essayait en vain de calmer les hardeurs des voyous. Il est vrai, je peux l'avouer avec sincérité que j'avais légèrement envenimé les choses. J'étais comme poussé par quelque chose, la boisson me donnait des ailes d'une certaine façon j'arrivais à mieux m'exprimer. Un des voyous dit « Ferme-là crétin! » à mon nouveau compagnon, ce qui me dérangea un peu plus que je l'aurais imaginé. C'est à partir de ce moment là que je compris que les choses allaient tourner au désastre. J’espérais seulement que cet homme qui se disait Shinobi savait se défendre un minimum pour éviter que je ne me concentre trop sur lui. Je me voyais mal le lendemain voir mon maître Kibo et lui dire que par ma faute un Shinobi de Suna était mal en point. Quoi que, par ma faute, ceci est discutable. Le ton monta, les hommes au fond de la salle commencèrent à se lever aussi. L'ambiance devenait de plus en plus pesante et un léger et court silence apparu. Après un petit haussement d'épaule et quelques paroles, je compris alors qu'il était trop tard.

Allons-y ! Ne perds surtout pas quelque chose dans cette bagarre, sinon.. Je vais avoir quelques problèmes si mon maître l'apprend *dis-je d'un air gêné*

Je pensais en effet à ça alors qu'on était à deux doigts de se battre avec une horde d'idiots. On était deux pour un bon paquet de bonhommes alors pour être honnête ils s'élancèrent à plusieurs sur nous deux. Tiens, ce fût une bonne chose pour m'entraîner à veiller sur un coéquipier en plein combat -même si ce n'était pas vraiment un combat-. J'éclatai la tête du premier venu avec mon pied droit avant de recevoir un coup sur l'épaule et un autre sur ma joue. Je me reculai pour récupérer le verre contenant le joint avant de l'exploser sur la tête de celui qui avait osé me toucher précédemment. De temps en temps je guettais à ma droite pour voir si le Shinobi Akuzu s'en sortait. Je n'avais, je pense pas de soucis à me faire. Avec sa tête d'ivrogne je doute fort que ça soit son premier combat dans un bar, à contrario de moi. Je ne sais plus combien de dents je fis sauter mais je me souviens par contre des blessures. J'avais le visage en sang mais je continuais de taper et j'avais l'impression qu'ils étaient toujours autant nombreux. Je crois qu'à ce moment là je compris qu'il fallait qu'on parte assez rapidement avant qu'il n'y est un trop gros problème. Les hommes utilisant les femmes comme des objets avaient apparemment eux envie de prendre au combat;N'étant que des lâches ils s'étaient contenter d'utiliser un dispositif pour appeler des « renforts ». Je décidai donc de prendre le large assez rapidement, mon bras gauche comme bouclier et ma main droite pour attraper l'épaule à Shinji ; Je fonçai le plus rapidement possible vers la sortie. Une ruelle menait à une autre ruelle qui menait elle aussi à une autre ruelle, le plus vite possible je voulais semer les voyous. Le bruit avait cessé plus personne n'avait l'air de nous suivre, quel soulagement. Je me mis contre un mur avec une main sur mon nez -qui n'était pas la seule chose saignant sur mon visage- pour maintenir le sang. Me tournant vers Shinji je décidai de lui parler sérieusement.

Dis moi, Akuzu Shinji tu attires toujours les problèmes comme ça ? Et.. en reparlant de cette « broutille » plus tôt. Tu peux laisser une femme se faire expulser au sol de la sorte ?

Glissant sur le mur pour finalement m'assoir je voulais m'entretenir avec mon nouveau compagnon d'une façon plus sérieuse. J'étais heureux d'avoir quitté ce taudis, l'expérience au bar m'avait permis d'apprendre quelques trucs mais bon je n'en étais pas complètement satisfait. Malgré les embrouilles causées par l’habitué des bars, je ne voulais me résigner à le jeter comme une chaussette et je voulais en savoir plus sur lui.

J'ai une autre question le poivrot, comment est-ce qu'on peut se résoudre à boire seul dans un taudis comme celui-là ? Qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ? Sérieusement.. *dis-je en me tapant la tête*

Les relations humaines n'étant pas ma tasse de thé, j'essayais comme je le pouvais d'en apprendre plus sur cet homme dont je ne connaissais au final presque rien. J'avais pris un ton plus ferme, mon vrai ton. Pourquoi venait-il dans un bar de ce genre, qu'est-ce que ça pouvait bien lui apporter. J'attendais ma prochaine leçon, ce type m'intriguait.

L'avantage d'être un Akuzu dans ce genre de situations, c'est qu'on est pas vraiment obligés d'éviter les coups qu'on nous balance. Pourquoi perdre du temps à esquiver alors qu'on peut se contenter de rester sur place et laisser les poings adversaires s'enfoncer dans votre chair sans vous causer le moindre dommage? C'est donc avec une certaine nonchalance que je me positionnai au centre du groupe qui nous cherchait des ennuis et les laissai me frapper copieusement. Ne voyez pas là l'expression d'un masochisme à toute épreuve mais plutôt le désir de laisser cette bande d'emmerdeurs se fatiguer avant de répliquer. Utilisant mon chakra avec parcimonie pour rendre ma peau aussi malléable que nécessaire, je restait donc parfaitement stoïque pendant quelques instants.

J'en profitai pour jeter des regards réguliers à mon compagnon de galère qui ne s'en sortait pas trop mal à vrai dire. Il n'avait en tout cas pas peur de se jeter dans la mêlée et il faisait honneur aux shinobis de Suna. Mais je n'en attendais pas moins d'un élève de Kibo à vrai dire. Ce dernier semblait placer la moral au dessus de tout le reste pour ce que j'avais pu voir de cet homme. Rien d'étonnant donc à ce qu'Ogami s'énerve pour ce qui venait d'arriver à la prostituée. Mon observation du jeune homme terminée, je décidai finalement de rendre les coups qu'on m'assénaient. Ma première cible fut un type qui brandissait un couteau et s'évertuait à me le planter dans le ventre avec une énergie intacte malgré le manque de résultat. Je lui fis un clef de bras pour lui arracher son arme avant de lui lacérer le visage, lui crevant au passage l'oeil.

- "T'en fais pas tu verras tout aussi bien avec un seul oeil valide! Tu vas te manger des portes et tout dans un premier temps mais tu t'y habitueras t'en fais pas! Lààààà, ça va passer!" fis-je avant de lui retourner un coup de genoux dans le nez qui l'envoya au tapis pour de bon. "Suivant!"

Je ne prenais pas vraiment de plaisir à agir de cette manière et le ton nonchalant que j'employais pouvait en témoigner. C'était également un peu de la triche de faire appel aux facultés de mon clan pour éviter d'être blessé mais d'un autre côté on se battait contre des adversaires plus nombreux que nous. Il fallait bien égaliser un peu les chances pas vrai? C'est donc plus avec l'attitude d'un type qui se royaume dans un parc d'attraction que dans la peau d'un homme qui risque sa vie que j'abordais cet affrontement. Toutefois je perdis mon calme lorsqu'un tesson de bouteille vint perforer les bandages qui recouvraient mon bras. Je décochai à l'indélicat un coup de boule qui me sonna certainement autant que lui et titubai un instant avant de reprendre mes esprits. C'est à ce moment-là qu'Ogami décida de quitter les lieux, m'emportant dans son élan en me tirant par l'épaule. Je tentai à plusieurs reprises d'allonger mon bras pour saisir une bouteille sur le bar mais je n'y parvins pas. À mon grand désarroi...

- "Merde!"

Je me laissai mener de ruelles en ruelles par mon guide improvisé jusqu'à ce qu'il décide de faire une pause. Ogami s'occupa de son visage ensanglanté tandis que je m'évertuais à glisser les bandelettes déchirées sous celles qui tenaient encore en place. Puis l'élève de Kibo me posa quelques questions avec un sérieux que je n'avais encore jamais décelé en lui. Si j'étais habitué à ce genre de scènes? oui, évidemment! C'était même la routine si je puis dire... Quant à la broutille qui semblait lui tenir à coeur, j'étais un peu moins sûr de la réponse...

- "Bah tu sais quand tu fréquentes ce genre d'établissement faut s'attendre à trouver des problèmes! Mais ouais j'ai quand même un don pour les attirer je crois bien! Et puis je ne suis de loin pas le type le plus chanceux de Kaze alors forcément quand il y a une tuile, c'est souvent pour ma gueule..." expliquai-je en me roulant machinalement une cigarette. "Quant à la prostituée..."

Pourquoi est-ce que j'étais resté sans réagir? Pourtant ça me révoltait de voir une demoiselle se faire traiter ainsi, je ne pouvais pas le nier. Je comprenais l'agacement d'Ogami mais d'un autre côté il n'était visiblement pas habitué à fréquenter ce genre de lieux...

- "Ouais, je peux la laisser se faire jeter au sol sans rien faire..." avouai-je finalement en m'allumant ma clope. "N'y vois pas de la lâcheté ou je ne sais quoi de ce genre! Je n'ai pas aimé ce que j'ai vu seulement j'ai moi aussi mes problèmes sans en plus y ajouter ceux des autres! Je suis un shinobi, pas une nounou! Il y aura toujours des victimes et des trouducs pour en profiter, quoi qu'on fasse! J'obéis aux ordres qu'on me donne, je ne suis pas là pour sauver le monde... En ce qui me concerne il peut bien brûler!"

Mettons qu'on soit intervenus, soit... Et après? On aurait défoncé la tronche de ces types et cette prostitué aurait sûrement évité un traitement désagréable. Mais qu'auraient fait ces enfoirés après leur correction? Ils auraient trouvé d'autres types sur lesquels passer leurs nerfs. Est-ce régler un problème que de l'étendre à d'autres innocents? Chacun pouvait avoir sa vision des choses de la moral mais la mienne était ce qu'elle était: un mélange d'indifférence et de résignation. Je connaissais trop bien le monde de la nuit et ses soucis et je n'y prêtais pratiquement plus attention. La réflexion d'Ogami était fondée mais sûrement un peu idéaliste. Pouvais-je le blâmer pour ça? Non! Au contraire j'étais même plutôt satisfait de constater qu'il y avait encore des gens qui s'inquiétaient des autres. Quant à moi je me contentais de me soucier de moi-même - vaste tâche! - et des rares personnes qui comptaient pour moi. Point!

Je me fis glisser sur le sol à côté d'Ogami après avoir fait apparaître une bouteille d'alcool grâce à un sceau. Mon utilisation du Fuinjutsu se révélait basique pour l'instant mais largement suffisante pour contenter mes besoins primaires. Je bu une longue gorgée avant de reprendre quelques tafs sur ma cigarettes et les expulser vers le ciel étoilé de Suna. Mon voisin posa alors une nouvelle série de questions, allant même jusqu'à me qualifier de poivrot. Je tournai mon oeil valide vers lui comme si je cherchais à choisir comment réagir à ce qualificatif fort peu glorieux.

- "Appelle-moi Shinji mon gars! Je suis peut-être un poivrot mais ça ne t'empêche pas pour autant d'être poli! D'autant plus qu'on a pas gardé les Notsuu ensemble!" corrigeai-je en préambule avant de reprendre une gorgée d'alcool. "Qu'est-ce qui me pousse à fréquenter ce genre d'endroits? Je ne suis même pas sûr de la réponse..."

C'était une bonne question à vrai dire... Le désir d'oublier un peu mon existence, celui de couper un peu les ponts avec la réalité? L'envie d'oublier que parfois je pouvais être un sacré enfoiré qui n'avait rien à envier au plus sombre crétin de Suna? Sûrement un mélange de tout ceci. Mais je ne connaissais pas assez Ogami pour m'épancher en longues explications. Et puis, surtout, je n'en avais pas envie. Si j'avais franchi les portes de ce bar plus tôt dans la soirée c'était avec la ferme intention d'oublier mes soucis, pas de m'y replonger lors d'une discussion qui se voulait trop sérieuse à mon goût...

- "Bah... Disons que j'avais besoin de ne plus penser à certaines choses! Et aux dernières nouvelles l'alcool est encore l'un des moyens les plus sûrs d'y parvenir! Je ne dis pas que c'est malin mais en tout cas c'est efficace! Quant au reste l'endroit importe peu! C'est dans ce genre d'endroits que je me sens le plus à l'aise tu sais? Pour le reste je t'en parlerai peut-être un jour..."

D'un autre côté si ses questions étaient pertinentes, elles pouvaient l'être dans les deux sens. Il n'avait pas le profil type de la personne qui fréquente des bars et il n'avait d'ailleurs jamais bu de l'alcool avant ce soir. Alors qu'est-ce qui avait bien pu le pousser à franchir les portes de cet établissement? La curiosité? L'envie de fuir quelque chose?

- "Et toi, hein? Que je sache on t'a pas forcé à entrer dans ce bar. Alors pourquoi tu y étais et, surtout, pourquoi tu as accepté de boire avec un... heu... ben un poivrot? Kibo n'est pas du genre à apprécier que ses élèves se saoulent je suppose vu qu'il supporte déjà pas la clope. Allez, explique-moi!"

J'étais curieux d'entendre comment il pouvait expliquer - justifier? - sa présence en ces lieux. Après une gorgée supplémentaire je lui tendis la bouteille. Le temps pour moi de tirer à nouveau de l'herbe de ma poche et à entreprendre de rouler un pétard supplémentaire.

- "Autre chose aussi! Plus jamais tu jettes un de mes joints dans de l'alcool! Tu sais combien ça coûte ce genre de trucs? Je suis pas Daimyo moi, je roule pas sur l'or! Et crois bien que je le regrette d'ailleurs!"

Mon travail manuel terminé, je jetai ma clope pour la remplacer par mon nouveau chef-d’œuvre avant de l'allumer. Quelques longues bouffées plus tard et un étrange sourire hagard sur les lèvres, je tournai à nouveau le regard vers Ogami.

- "Parle-moi un peu de l'équipe de Kibo d'accord? Qui sont tes coéquipiers? Il vous mène pas la vie trop dure? Tu sais que la première fois que je l'ai rencontré il m'a téléporté sur un bateau pour sauver une de ses coéquipières? Enfin, ancienne coéquipière? Lucy qu'elle s'appelait! Il t'a fait un coup du genre aussi?"

J'avais passé la traversée à dégueuler mais c'était un plutôt bon souvenir dans le fond...

Après tout le lieu choisit pour une première expérience d'insertion n'était pas un choix judicieux ? Je ne savais à quoi penser à ce moment là. J'étais juste assis contre un mur, le visage légèrement déformé et couvert de sang avec le borgne Shinji. Entre temps j'avais tout de même amené le bonhomme -semblant légèrement plus âgé que moi- par l'épaule à travers les ruelles. Celui-ci pendant notre évasion ne s'était pas gêné pour essayer d’attraper une nouvelle fois la boisson diable. Décidément ce type était irrattrapable, en dépit de cela il m'avait quand même fait passer un moment ; Spécial comme moment je le reconnais certes, mais je ne pouvais lui en vouloir de m'avoir initier à quelques trucs quand même. Je me contredisais peu à peu, d'un côté j'aurais prié pour ne pas rencontrer ce type et de l'autre j'étais content de ses leçons. J'étais donc face à l'effet « Shinji » peut-être ? Je pouvais l'accepter jusqu'à un certains point disons, je ne voulais surtout pas finir comme lui. Je le jugeais peut-être un peu trop vite, cet homme était peut-être dans une mauvaise et longue passe sûrement ? Il m'avait quand même offert à boire, c'était presque généreux de sa part.

Il ne me posa aucune question pendant le voyage, où je le tirais dans tous les sens pour échapper à une bande de voyous. Il me répondit donc à mes paroles, lui demandant si il était un aimant à problèmes. On peut dire que ça ressemblait étrangement à une question rhétorique, sans connaître sa vie je pouvais discerner un homme pleins d'histoires.

Il me confirma alors qu'il était bel et bien un homme à problèmes, disons qu'il avait « la gueule de l'emploi » tout simplement, étrangement je ne doutais pas une seule seconde de la véracité de ses paroles. J'allais lui répondre quand il reprit avec l'histoire de la prostituée en effet qui m'avait dérangé, je ne supportais pas de voir cela tout simplement et je lui avais fait comprendre. Je posais la question non pas en critiquant mon interlocuteur, mais pour essayer de comprendre sa façon de penser au final.Il m'expliqua alors une façon de voir les choses, son point de vu. Je ne doutais pas une seule seconde qu'il était lâche, un lâche n'aurait sûrement pas réagi de la sorte avec les précédents voyous. Un « lâche », le vrai, m'aurait sûrement abandonné à mon sort. Même si c'était le fauteur de trouble, l'élément déclencheur. Je décidai donc de lui répondre en lui adressant un petit sourire, pour lui prouver ma bonne foi.

J'ai peine à comprendre, pour être honnête je ne comprends pas. Tu vis dans un monde que tu veux voir brûler, n'est-ce pas étrange Shinji ?

Après je ne vais pas t'apprendre des choses du haut de mes seize ans, je ne pense pas être en position ; Ni même pouvoir donner des leçons, tu es comme tu es n'est-ce pas ?

Si seulement Kibo était là, il aurait pu utiliser ses  « mots », ils pouvaient convaincre presque tout le monde, je dis bien presque. Lui qui avait une vision si bonne du monde, qui donnait envie de le rejoindre juste en entendant ces paroles. Me rendant à l'évidence, je n'étais pas lui et je n'avais pas ce genre de capacité. De plus je doute fort que mon nouveau collègue accepterait de recevoir une leçon de ma part, quelques soit mes mots. Je l'avais précédemment traité de poivrot, en effet ce n'était peut-être pas une appellation chaleureuse. Suite à cela il utilisait des mots dont je ne connaissais la définition « Notsuu » qu'est-ce que cela était ? Un animal peut-être ? M'enfin peu importe il avait déjà ingurgité un tant soit peu d'alcool.

D'accord, je m'en tiendrai à Shinji dorénavant. Même si je ne saisis pas le problème, on appelle bien un lion un lion, une baleine une baleine. Tu as l'air d'un poivrot, alors un poivrot.. Passons cela.

HEY, il n'avait peut-être pas fait exprès mais il avait utilisé une expression spéciale les « Notsu ». J'allais maintenant pouvoir l'utiliser lors de mes diverses rencontres pour mieux m'intégrer. Il m'expliqua alors à la suite la raison de sa venue dans un taudis miteux. Il était donc à l'aise dans cet environnement, c'était son élément. Pourquoi pas après tout, il utilisait aussi l'alcool pour oublier ses problèmes. Je savais que quelques personnes le faisaient en effet, l'alcool est d'après eux LE bon remède. Ce bonhomme avait donc des soucis, je ne me sentais pas de lui demander vraiment ce qu'il en était, je n'osais pas ; Je ne pense être qu'un inconnu et demander cela me semblait impossible.

Malencontreusement il vint au sujet sensible, celui de ma présence au bar. Et pour couronner le tout il avait l'air de connaître au moins de nom mon maître. Sur tous les bars, j'étais tombé sur LE poivrot qui avait une relation X avec le dirigeant des Midorhato. Quelle vaine, franchement, la chance n'avait pas l'air de me sourire ce jour-là. Comment Kibo aurait pris le fait que je sois dans un bar entrain de boire « la boisson du démon ». Je me sentis honteux à ces mots, toujours la main sur mon visage je baissai la tête doucement ne regardant plus Shinji. Je n'étais pas encore si proche de Kibo pour déterminer son aversion envers ce genre d’événement, mais je ne pressentais rien de bon. Je répondis alors à au borgne d'un air gêné. Ce poivrot avait touché un point sensible.

Je cherchais.. disons.. je cherchais à d'une certaine manière..
Mhmm-.. comment dire, « sociabiliser ». Je ne suis pas un expert en la matière alors j'ai cru, suite à avoir lu un livre que je pouvais m'introduire dans la société dans un bar. Ceci est la simple et stricte vérité.

Je relevai la tête pour croiser le regard de Shinji et observer sa réaction. J'avais en quelque sorte avoué mon point faible à un type que je venais à peine de rencontrer. Comment allait-il le prendre ? Je ne m'attendais pas à une compassion de sa part, d'ailleurs je ne savais même pas à quoi m'attendre avec lui. Il remit alors sur le tapis cette histoire d'herbe, je l'avais presque oublié. Il allait continuer longtemps avec ça ? Que cela soit cher ou pas, si il en achetait pas il n'y aurait point de problèmes. Quel idiot, sérieusement, sa logique m’exaspérait.

Tu n'es peut-être pas riche, certes, mais rien ne t'empêche de ne pas mettre une seule pièce de monnaie dans cette idiotie..

À vrai dire, ce n'était pas vraiment mon problème. Il se permettait de me faire une reproche alors que c'était à cause de lui et de son joint qu'on avait eu des problèmes, rien d'autre ! Décidément, quel homme était-il ? Quelques minutes avant ces paroles, il avait fait apparaître quelque chose dans ses mains. Si je pensais pouvoir en savoir un peu plus sur ses pouvoirs, je ne voyais invoqué qu'une vulgaire bouteille d'alcool. Mon franc parlé était peut-être un problème, je devrais peut-être me calmer avec lui ? Si cela était la cause de mes problèmes sociaux ? Il me tendit alors la « dite » bouteille d'alcool. Il n'avait pas compris la leçon et ne comptait pas la comprendre. Alors j'étais peut-être aussi bête que lui car aussitôt donné, aussitôt j'avalai une grosse gorgée. Cette boisson avait toujours le don de me piquer la gorge, mais cette fois-ci c'était quand même plus agréable. Cette personne réellement m’influençait dans le mauvais sens, il ne retenait pas les leçons apparemment et moi non plus. Comment pouvais-je après tous mes préjugés et mes dires reproduire les gestes de Shinji ? Quel brouillard épais-..


Quoi qu'il en soit mes pensées furent interrompues par une nouvelle question. Celle-ci portait à nouveau sur Kibo et sur l'équipe en général, tout cela offert avec une petite anecdote. Je ne doutais pas de ses mots j'étais persuadé que c'était vrai.

Je suis comme on dirait, le petit nouveau-.. tu comprends maintenant pourquoi j'essaie d'être un peu plus sociable ? Kibo est quelqu'un d'aimable et de respectueux j'en suis sûr.

Ton histoire ne m'étonne vraiment *dis-je en riant avant de reprendre* .Il m'avait téléporté à l’hôpital du quartier général avant de m'avoir fait passer un examen difficile.

Résultat, j'ai quelques blessures au bras en plus d'en avoir maintenant sur le corps et sur le visage grâce à toi.. en parti. Dis moi, c'est l'effet de l'alcool ou je parle un peu plus ? Et mes douleurs, je ne les ressens plus vraiment, disons qu'elles s'atténuent.

Décidément, je parlais un peu trop avec mon nouveau compagnon. Sa boisson me faisait bon effet, peut-être que j'allais adopter ce style de conduite avec mon équipe ?

Quand j'avais une bouteille à la main j'avais un certain don pour écouter les autres. Non que ça m'intéresse particulièrement de prêter une oreille attentive aux récits des gens, hein? Mais c'était plutôt un simple fait: quand on boit, c'est vachement plus difficile de parler en même temps. Du coup entre les deux il faut choisir. Et si la présence d'Ogami ajoutait une dose de légèreté à une soirée qui s'était d'abord dessinée comme morose, mes soucis ne s'étaient pas pour autant envolés. Atténués grâce à l'alcool et la légèreté que ce breuvage insufflait, ils restaient malgré tout bien présents. Ce fut donc en portant régulièrement la bouteille à mes lèvres et en entrecoupant mes gorgées avec de longes bouffées de tabac que je laissai mon voisin s'exprimer comme il l'entendait.

Je n'avais guère envie de relever sa remarque sur ma manière d'utiliser mes revenus. S'il savait... J'étais de ceux qui avaient connu la misère la plus absolu et qui ne savaient pas s'ils pourraient manger le soir venu. Je connaissais la valeur de l'argent et mes choix de dépense ne relevaient pas du caprice. Enfin, pas uniquement en tout cas! Je ne prenais pas ses remarques comme un jugement de valeur mais plutôt comme une curiosité mal exprimée. Mais je l'appréciais bien cet Ogami même si pour quelqu'un qui avouai volontiers ne pas savoir grand chose de la vie il avait des opinions bien arrêtées sur certaines choses. J'avais néanmoins eu ma dose de confrontations pour l'instant et j'aspirais plutôt à une discussion décontractée placée sous l'égide de la légèreté de l'esprit.

Le jeune homme m'expliqua qu'il s'était rendu dans un bar car un livre conseillait ce genre d'approche pour sociabiliser avec les gens. Ce n'était pas totalement faux mais encore fallait-il savoir dans quel établissement on mettait les pieds. S'il y en avait qui étaient relativement calme et avec une ambiance bon enfant, il y en avait d'autres qui étaient de véritables repères pour une partie des gens les moins fréquentables de Suna. Le hasard avait voulu qu'Ogami choisisse l'un de ceux-là...

- "Je ne savais même pas que les livres donnaient ce genre de conseils! Mais si tu veux mon avis ne te fie pas trop à ce genre d'écrits. Le meilleur moyen de sociabiliser et de faire des connaissances c'est encore de se laisser guider par ses envies. Il n'y a rien de mieux que les rencontres spontanées, imprévues..." répondis-je avec un sourire absent au coin des lèvres. "Et puis surtout il faut éviter de partager ses opinions trop spontanément avec les autres et spécialement quand ça les concerne! Les gens n'aiment pas qu'on leur mette le nez dans leur merde..."

Allait-il comprendre la référence au qualificatif qu'il avait utilisé pour me résumer quelques instants plus tôt? Peut-être que j'étais un poivrot, en effet! Sûrement même! Mais je le savais et je n'avais nul besoin qu'un quasi inconnu me le rappelle. Il valait mieux se concentrer sur les côtés positifs des gens et laisser de côté leurs travers. En tout cas quand on désirait se faire des amis et non des ennemis. C'était ainsi, la plupart des gens n'aimaient pas se faire insulter. Spécialement quand l'insulte était fondée. Appelez ça de la fierté ou simplement de la connerie, qu'importe...

- "T'en fais pas c'est normal que tu te mettes à parler et raconter tout ce qui te passe par la tête!" m'amusai ensuite lorsqu'il me fit remarquer qu'il se sentait étrange. "C'est l'alcool, ça désinhibe. Dans un moment tu iras peut-être même jusqu'à me confier tes plus sombres secrets même si tu ne me connais pas! C'est agréable mais... irritant lorsqu'on se réveille et qu'on se rappelle ce qu'on a dit ou fait la veille. Si encore on s'en rappelle..."

Je repris une longue gorgée d'alcool avant de faire rouler la bouteille sur le côté et en invoquer une nouvelle avec toutefois plus de difficulté qu'auparavant. Faire des jutsus alors qu'on a un coup dans l'aile, ça relève parfois de l'exploit. Et comme je n'avais pas bu depuis un certain temps j'étais obligé de reconnaître que ce breuvage me montait plus vite à la tête que dans le passé. Ce qui souleva en moi une vague de regret. Et dire que j'avais presque failli m'en sortir...

- "Pour la douleur c'est normal aussi! Tes nerfs sont un peu embrouillées à cause de l'alcool. Mais ça, je suppose que tu es d'accord, c'est plutôt un bon point!" repris-je en lui adressant un clin d’œil. "Et je t'évite les passages sur la nausée au réveil, les pertes d'équilibre ou encore la perte des notions de distance."

C'était tout moi, ça! Je me focalisais sur l'alcool et oubliais qu'il m'avait parlé de Kibo à ma demande. J'arrachai le bouchon de ma nouvelle bouteille en mordant dedans avant de le cracher sur le sol. Quelques gorgées plus tard et une nouvelle sensation de brûlure dans la gorge, je reportai mon attention sur mon voisin:

- "Ouais, Kibo est du genre respectueux je crois bien. C'est un bon type dans son genre! De ce que j'ai pu voir en tout cas parce que je le connais pas plus que ça... Mais je suis pratiquement certain qu'il prend soin de ses élèves et que tu es chanceux de l'avoir comme senseï! La mienne c'est la Kazekage! On peut pas dire qu'elle soit du genre maternelle tu vois! Mais elle est vraiment efficace quand il s'agit de vous donner des sueurs froides. Tu sais que la première fois qu'elle nous a convoqué mes coéquipières et moi c'était en plein désert?" je lâchai un vague rire nerveux en repensant à cet épisode. "J'ai cru qu'elle voulait me faire la peau! Elle aurait peut-être mieux fait d'ailleurs ça m'aurait évité bien des emmerdes..."

Je lâchai un soupire en baissant les yeux sur la bouteille que je tenais toujours à la main. Voila que je commençais presque à m'apitoyer sur mon sort. C'était assez courant en fait mais je parlais rarement de mes ressentis à des inconnus ou à des gens que je connaissais depuis à peine une heure. Il était temps de reprendre le cours de notre soirée et ne pas se laisser envahir par la fatigue qui suivait trop souvent une consommation soutenue d'alcool.

- "Allez viens j'ai une idée! Tu veux sociabiliser? Alors je vais te faire sociabiliser!"

Quelques minutes de déambulations plus tard dans les rues presque désertes de Suna, nous franchîmes la porte d'un établissement qui était bien plus discret que celui que nous venions de quitter. Pas la moindre trace de fauteurs de troubles ici mais une douce odeur d'encens qui flottait dans l'air. Une douce musique d'ambiance venait donner encore plus de quiétude à ce lieu. Quelques types étaient affalés sur les rares tables qui parsemaient le rez-de-chaussé. Je demandai à Ogami de m'attendre là et me dirigeai vers une sorte de petite bureau qui tenait plus d'un petit comptoir que d'un véritable meuble de travail.

- "Salut mon pote!" fis-je en tapant du plat de la main sur ledit bureau. "J'ai un service à te demander!"

L'autre releva les yeux et l'étonnement se lit rapidement dans son regard. Ce qui eut le don de m'amuser, spécialement lorsqu'il eut un mouvement de recul involontaire.

- "Shinji?! Ho non non non je ne te rends plus de services! Les dernières fois tu as transformé l'endroit en champ de bataille!"
- "Et la fois d'avant je t'ai évité de te faire braquer par les voyous du quartier sud! Tu m'en dois une je te rappelle! Après ça promis je ne te demanderai plus rien! En plus ce service n'est pas pour moi mais pour le gamin, là!" fis-je en désignant d'un signe de la tête Ogami. "Il a goûté à l'alcool pour la première fois ce soir et..."
- "Et tu veux qu'il goûte à une autre première fois c'est ça? Je ne sais pas trop tu sais! Je peux pas faire crédit non plus je dois faire tourner mon affaire..."

Je lui adressai un sourire éclatant jusqu'à ce que finalement il lève les yeux au ciel en soupirant. Je sus alors que la partie était gagnée:

- "Merci mon pote! Je te revaudrai ça!"
- "Surtout pas! Va l'installer pendant que je prépare la marchandise!"

Nous n'eûmes pas besoin d'attendre longtemps: à peine quelques secondes plus tard plusieurs femmes descendirent de l'étage pour se mettre en rang devant Ogami et moi. Il y en avait pour tous les genre: des maigres, des enrobées, des noiraudes, des blondes et même une rousse. Toutes se fendaient de sourires charmeurs en direction de l'adolescent. Adolescent à qui je décochai une claque amicale dans le dos avant de reprendre une gorgée d'alcool.

- "Y'a pas meilleur moyen de sociabiliser avec une demoiselle qu'en lui insérant ton zgeg! Sois content tu vas pouvoir avoir deux premières fois pour le prix d'une! Et ne t'en fais pas, c'est offert par la maison!"

J'adressai un sourire éclatant à celui que je me faisais un devoir de sociabiliser "façon Shinji", certain qu'il apprécierait l'attention. Ha que c'est gratifiant de faire plaisir...

- "Vas-y choisis celle que tu veux! Mais si tu veux mon avis je te recommande la rousse! Allez soit pas timide elles vont pas te bouffer. À part si tu leur demandes, bien sûr..."

L'intéressée adressa un petit signe de la main à Ogami tandis que je prenais place sur l'un des confortables canapés qui ceinturaient la pièce...

Il me semblait apprécier de plus en plus la compagnie de Shinji. L'alcool y contribuait sûrement mais je ne sentais pas un mauvais type à mes côtés. Quelqu'un de plutôt honnête je pourrais même dire, malgré les histoires qu'il m'avait causé, je l'aimais bien. Je crois que ce fût avec Kibo les premières personnes m'ayant donné envie de rester plus de cinq minutes avec elles. Je n'avais sûrement plus besoin de ce livre pour combler mes lacunes, j'avais un professeur -fou- qui pouvait m'apprendre un tas de choses. La bouteille tournait entre nous deux, après quelques gorgées d'alcool je me sentais différent mais toujours conscient. Je voulais quand même essayer de ne pas trop me montrer, cela était déjà assez dur pour moi de faire ce que j'avais fait. J'avais hésité à parler de mon livre à Shinji, peut-être se serait-il moqué de moi ? Je n'autorisais personne à se moquer de moi et pourtant je lui avais tendu une grande perche. J'imagine qu'un bon nombre de personnes auraient après avoir entendu cela rit en éclat. C'était comme si la boisson poussait ma langue à dire des choses que je ne voulais pas dire. Fascinant le pouvoir de l'alcool, ça me donnait déjà des idées pour la suite de mes aventures. J'attendais la réponse du borgne comme une guillotine, mais finalement ce fût loin d'être le cas. M'expliquant alors que ce livre n'était peut-être pas autant pertinent, je compris que j'avais fait une erreur en suivant celui-ci. C'était décidé, fini les bouquins à partir de maintenant -ils donnent vraiment de mauvais conseils-, plus jamais.

Il fallait donc pour pouvoir « sociabiliser » comme il le disait si bien, faire des rencontres spontanées et imprévues. Quel homme, sérieusement il ne me connaissait que très peu et pourtant me donnait des conseils. Je ne savais pas si c'était laa boisson qui le poussait à lui aussi, mais c'était efficace. Je notais dans ma tête la moindre de ses paroles pour essayer de m'en souvenir dans le futur. Il discuta aussi de la façon dont je lui avais parlé, d'après lui il ne fallait pas parler comme ça;Et encore moins ressortir des problèmes pourtant si visibles. Je décidai donc de lui répondre gentiment au vu des astuces prodigués.

«  Merci des conseils, vraiment. Je ne pense plus faire le même genre d'erreurs dans le futur. Tu m'as amené un gros lot de problèmes mais au final je suis content que tu sois à mes côtés Akuzu Shinji. »

Je fus étonné de moi même, cette fois-ci ce n'était pas que la boisson. Cette personne, je pensais l'apprécier. Miracle ou alors sorcellerie, si quelques mois, années plutôt on m'avait dit ça.. Que je rencontrerai une personne au bar m'attirant centaines de problèmes et réussir à l'apprécier.. Chapeau. De plus malgré être bien élevé, mes remerciements étaient très rares. Les derniers que j'avais fait, ils étaient à Kibo, mes beaux parents. Reprenant les leçons il m'expliqua le pourquoi du comment sur la boisson. Il avait en effet raison, je ne retenais pas mes mots ni même mes émotions. La boisson alcoolisée est en fait vraiment un objet de torture, avec cela on pourrait faire parler le plus grand des hommes ? Mhmm.. Je me posais la question. Quand à mes secrets, je n'en ai que très peu je pense. Je n'avais pas eu une vie très intéressante et joyeuses, un livre presque vierge.

« D'accord je comprends mieux pourquoi alors je ressens certaines choses. Ah.. donc le réveil sera difficile ? Je n'en doute pas au vu des blessures, alors si en plus certaines choses se rajoutent.. Je suis dans le pétrin » *dis-je en laissant échapper un petit rire.*

Revenant au sujet inquiétant, celui de Kibo il me racontait un peu comme il voyait mon maître. Respectueux, il l'était en effet. C'est une personne très bien qui ne préconise que du bon pour son organisation et son village. Je n'étais pas le seul alors à trouver que c'était une bonne personne. Il devait faire cet effet à tout le monde, j'étais rassuré d'avoir un dirigeant aussi charismatique. Je l'écoutais d'une façon normale, le regardant. Du moins jusqu'à qu'il dit le mot Kazekage, il était donc son élève. Je mis la main droite sur ma bouche avant de continuer à écouter son récit. Cet homme un élève au Kage, ça me donnait envie d'exploser de rire. Surtout en ayant entendu ce qu'elle leur avait fait subir et surtout en connaissant un petit peu les réactions de Shinji. Quoique, pour l'instant je ne le connaissais que dans un certain état second. Je ne savais pas si en mission, en temps normal il était différent. Je ne pouvais plus me retenir, l'alcool m'ouvrait presque la bouche, j'explosai de rire au nez de Shinji. Je ne voulais vraiment pas lui manquer de respect mais j'étais tordu en entendant ses paroles. Un élève du Kage, ses péripéties, vraiment quel homme étrange je me disais. Je ne voulais pas le vexer étrangement, habituellement je me foutais des avis mais là c'était autrement.

« Désolé Shinji.. Ah-ah-.. Vraiment, je ne me moque pas de toi mais je dois avouer que.. Ah-ahh..Punaise, tu es vraiment un numéro. Tu donnes le sourire, c'est la première fois que ça m'arrive de toute ma vie, je te l'assure »

En même temps pas très difficile avec le peu de connaissances et d'amis mais celui-là alors on ne pouvait pas en inventer un deuxième.

« Je doute que ça ne doit pas être facile tous les jours avec la Kazekage, je te souhaite bonne chance pour la suite Shinji haha. »

Je laissais échapper pendant mes paroles quelques rires, j'avoue que la situation portait à ce genre de réponses. Il reprit alors, je crois qu'à ce moment là il eut une illumination. Comme si une ampoule s'était allumée sur sa tête il me proposa un plan pour « sociabiliser ». Esprit mitigé, dois-je sauter de joie à ma façon ou alors me douter d'un plan tordu. Malgré ses bons conseils et sa belle personnalité, j'avouais avoir peine à me décider. Cependant, je le suivis à travers les rues et ruelles pour se trouver finalement dans un établissement dont je ne connaissais rien aussi. On entra donc, ça n'avait pas l'air d'être comme le taudis précédent du moins. Je pouvais sentir une odeur agréable et une musique d'ambiance. Peut-être finalement il allait enfin me proposer quelque chose de plus sympathique qu'une bagarre ? Attendant à un endroit sous la demande de Shinji je me posais quelques questions.

Quelques minutes après je le vis revenir, suivi de quelques jolies jeunes femmes. Je ne pense pas qu'elles étaient là pour parler, je préférais une bonne discussion à une chose plus intime. Me tapant la tête je regardais Shinji revenir vers moi tout fier. Je pouvais traduire son expression en une phrase « Je suis trop content, je t'ai ramené des filles avec qui tu vas pouvoir bécoter ». Risible, mais je n'en fis pas autant, d'ailleurs je me demandais que faire. Il me confirma alors que ces filles étaient du genre à faire des choses obscènes. Plus tôt on parlait de prostituées et maintenant voilà qu'il m'en amenait quelques unes. Il ne retenait vraiment pas la leçon ce borgne. Selon lui en plus, comme dans un magasin je devais faire un choix et j'avais deux crédits.. Vraiment quelle histoire. Je m'approchai alors de Shinji pour lui parler un petit peu, d'un volume très bas.

« Je ne veux pas te manquer de respect, mais même poussé par une boisson comme l'alcool je ne peux faire ça. Je suis dans les traditions, je me dois de faire ce genre de chose que avec une seule femme.. Fin tu vois ce que je veux dire ça ne m’intéresse pas. Ne m'en veux pas. »

Je m'étais trop exprimé, selon moi. « Désolé », « ne m'en veux pas », « merci », lui il ne savait pas mais ces choses étaient très dures à dire pour moi je n'étais pas habitué tout simplement à cela.. Malgré ça je ne voulais pas le vexer alors je décidai de dire à deux filles au hasard de venir. J'étais dans la délicatesse alors que habituellement je serais parti sans le moindre doute.

« On va faire à ma façon mesdemoiselles, ne faisons que discuter.. d'accord ? »

C'était sûrement non approprié à la situation de dire cela, mais disons que malgré l'alcool je ne pouvais allé à l'encontre des règles. Je voulais rester aux côtés de Shinji alors je m'assis à ses côtés pour attendre la suite avec impatience.

Ben ça alors... Je pensais faire plaisir à Ogami en lui permettant de faire connaissance plus intimement avec la gente féminine mais il avait plus l'air embarrassé que joyeux. Pourtant la promesse de tendresse - même de ce genre-là - avait souvent le don de ravir les hommes et puis les créatures qui étaient proposées étaient dans l'ensemble plutôt mignonnes. Bon vous me direz ça reste une question de goût puisque ce qui peut plaire à l'un laissera l'autre indifférent. Mais tout de même... Je plissai les yeux en l'observant comme pour chercher une quelconque trace d'humour dans sa remarque mais... rien! Ainsi donc il ne désirait vraiment pas monter à l'étage avec l'une des prostituées et c'était plutôt déroutant je dois dire...

Je ne savais pas vraiment si l'argument qu'il avait utilisé - se réserver pour LA femme - était justifié ou non. J'avais des sentiments pour Yami et je n'avais guère envie d'aller dans les bras d'une autre femme. Mais que je sache Ogami n'avait pas de femme en vue ou, tout du moins, ne m'en avait pas parlé. Rien d'étonnant finalement dans la mesure où nous ne nous connaissions pas depuis longtemps. Mais si je me mettais à sa place, à son âge j'aurais été heureux de me faire offrir ma première fois. Même avec une prostituée! Enfin, je crois... Peut-être que son refus cachait quelque chose d'autre, d'inavouable. Allez savoir peut-être qu'il préférait les mecs et se servait du prétexte des traditions pour éviter une discussion gênante. Comment j'allais bien pouvoir aborder le sujet moi hein? Il fallait faire preuve de tact si je ne voulais pas le blesser.

- "Est-ce que par hasard tu ne serais pas... heu... ben tu vois quoi?!" fis-je en me penchant à son oreille comme il l'avait fait quelques instants plus tôt. "Tu préfères les serpents ou les... bah... les... grottes humides?"

Mouais, je pouvais mieux faire...

- "Faut pas te sentir gêné hein? Perso je m'en fous si tu préfères coucher avec des mecs plutôt qu'avec des femmes, il en faut pour tous les goûts! C'est pas moi qui vais te juger..." m'empressai-je d'ajouter.

Merde...

- "Enfin je veux pas dire que mon truc c'est les mecs hein? Quand je dis que c'est pas moi qui vais te juger je veux dire que je suis parfaitement tolérant dans le domaine! Parce que mon truc c'est plutôt les femmes tu vois... Ce qui veut pas dire que j'aime pas les hommes, j'ai des potes très sympa aussi je traîne pas qu'avec des nanas! Mais je les aime pas dans ce sens-là quoi..."

Pourquoi est-ce que j'avais l'impression de m'enfoncer de plus en plus? Je me justifiais presque alors que c'était pas moi qui refusais la compagnie de dames prêtes à se donner pour quelques ryos...

- "Tu sais quoi? Je crois que je vais me taire en fait..."

Ogami, lui par contre, voulait discuter. Il désigna deux demoiselles avant de venir prendre place à mes côtés et j'entrouvris la bouche de stupéfaction. Il voulait... parler avec elles? Le concept du bordel c'était pas justement qu'il n'y avait pas besoin de l'ouvrir et qu'on pouvait sauter l'étape séduction habituelle? Et en plus monsieur en voulait deux, pas une! Ça va, tranquille la vie? J'échangeai un regard avec le maquereau de ces dames comme pour chercher un peu d'aide de sa part mais j'eus droit à un vague haussement d'épaule en guise de soutien.

- "Heu... Oga?" repris-je en me passant une main à l'arrière du crâne. "J'suis pas sûr que t'aies bien saisi le concept, là! Si tu veux papoter il y a les bars hein? Ici c'est pour copuler! Tu choisis une femme - ou deux en l'occurrence - tu montes à l'étage, tu besognes et pis tu repars avec le sourire. Ça c'est le schéma classique on va dire!"

Je n'étais pas le seul surpris visiblement puisque les deux femmes en question échangèrent un regard surpris avant d'obtempérer à la demande du jeune homme tandis que leurs collègues désavouées se retiraient. Je me passai une main sur le visage en me demandant comment j'avais pu me retrouver dans cette situation. Ha oui je sais, l'alcool couplé à ma chance habituelle. Putain de karma...

Les demoiselles vinrent donc prendre place à côté d'Ogami et je déplaçai mon propre fauteuil pour me mettre un peu à l'écart. Toujours aussi surpris mais malgré tout amusé par la situation et curieux de voir comment cette "discussion" allait évoluer, je me mis à rouler un autre joint que je vissai quelques instants plus tard à mes lèvres. Puis je m'enfonçai plus confortablement sur mon séant pour savourer les bouffées que je ne tardai pas à tirer.

*Parler... Non mais sérieux...* songeai-je à nouveau, n'en revenant toujours pas. *Il veut pas jouer au scrabble avec tant qu'à faire?*

Je lâchai un mélange de soupire et de ricanement avant de continuer à tirer sur mon joint. J'en avais vu des cas mais alors lui il était champion toute catégorie. Ce qui faisait de lui mon nouveau pote! Peut-être qu'un de ces quatre j'organiserai un dîner comme dans ce film ou chacun devait amener un type bizarre pour se moquer de lui. Non c'était quand même méchant ça! Et puis d'un certain côté c'était chouette, il se laissait pas dicter sa conduite. Il valait mieux être un berger bizarre qu'un mouton, non?

*Non mais qu'est-ce que je raconte moi? Je vais pas le laisser gâcher sa première fois quand même!*

C'était un devoir que je me devais de remplir. Il pouvait discuter avec si ça l'enchantait mais il n'allait pas couper à la spécialité maison. Même s'il passait à côté d'un voyage au pays du sexe il ne pouvait pas partir d'ici sans goûter à ce petit plus de la maison. Après quelques minutes et quand j'eus terminé mon joint, je me levai alors pour venir chuchoter quelque chose à l'oreille de la rousse. Elle me décocha un sourire et un signe de tête affirmatif avant de lever le bras en direction du comptoir. Le maquereau comprit visiblement ce qu'elle désirait puisqu'une musique rythmée remplaça celle, classique, du lieu. L'intéressée commença alors un strip-tease qui aurait sûrement pu réveiller les morts s'ils pouvaient encore voir...

Mais ça devint vraiment intéressant quelques poignées de secondes plus tard quand la demoiselle se mit à califourchon sur Ogami comme pour rendre hommage à une fameuse position que je ne vais pas nommer mais qui fait référence à un chiffre. Mais ça n'avait rien à voir puisqu'une fois que la rousse eut glissé ses jambes autours du coup de notre réfractaire elle commença à lui écraser les fesses sur le visage à plusieurs reprises et en rythme avec la musique. Je ne pus réprimer un fou-rire en voyant la tête de l'intéressé. Finalement j'avais bien fait de rester...

- "T'en fais pas la musique est bientôt finie!" lui glissai-je tout en levant le pouce à l'intention de la rousse. "Après tu pourras discuter avec l'autre!"

Comprenez par là qu'il allait y avoir droit deux fois à moins. Bon bien sûr il pouvait toujours refuser mais cette scène allait sûrement rester gravée dans ma mémoire pour la prochaine décennie. Amusé au possible, un large sourire sur le visage, je continuai d'observer la scène comme si j'assistais au plus beau spectacle de ma vie...

Le bougre souhaitait continué à me donner des leçons apparemment. Pour être tout à fait honnête je ne pensais jamais recevoir ce genre de leçon de qui que ce soit. Malgré les petites bulles situées dans mon cerveau je pensais pouvoir me contrôler même si celles-ci combattaient pour me faire dérailler. Ce que je peux dire, c'est que malgré les péripéties, les folies de ce bonhomme ; Je me sentais plutôt bien à ces côtés, c'était peut-être ça alors l'amitié ? J'avais ressenti la même impression aux côtés de mon maître, je pouvais être moi même tout en allant de l'avant. Certes avec Shinji j'allais de l'avant d'une très drôle de façon mais il me faisait avancer quoi qu'on puisse dire. M'amenant des femmes comme si elles étaient des jouets, je devais faire mon choix ; Quelle plaie, déjà je n'aimais pas le concept mais encore plus la manière dont devait poursuivre l'achat. Le but : « On sélectionne un produit et on passe un moment intime avec elle ». Quelle folie, comme si moi sérieusement j'étais capable de cela.

Il ne me connaissait peut-être pas assez pour cela.. ou bien ce chenapan savait d'ores et déjà que j'allais réfuter ses propositions obscènes. Suivant cela, il me posa quelques questions sans sens. Un serpent ? Les grottes humides ? Qu'est-ce qu'il avait encore comme idée derrière la tête celui-là. Disons que si j'avais à choisir, je déteste les serpents je trouve ça vicieux et ça zigzag dans tous les sens. Alors qu'à contrario les grottes humides, on peut s'y réfugier à l'intérieur peu importe l'état de celle-ci. Tant qu'on peut y pénétrer, du moins... Certes j'avais une réponse à lui donné, mais vraiment j'hésitais de faire dans le simple ou dans l'explication. De toute façon son corps était maintenant composé d'au moins 90% d'alcool alors peu importe ma réponse, il allait l'écouter avec plaisir.

« Mhmm-.. Honnêtement si j'avais à choisir, je prends les grottes humides. Mais, euh, Shinji qu'est-ce que ces questions viennent faire là?» *Dis-je d'un air interrogatif *

Je n'eus pas le temps de repenser à cela, qu'il enchaîna à nouveau en essayant d'être plus explicite sûrement. Comme un habitué, j'avalai une autre gorgée d'alcool quand j'entendis les absurdités du borgne. Il doutait de mon orientation sexuelle, il pensait peut-être que à cause de traditions j'étais homosexuel. Ce type alors, est un box-office sur pattes. Aussitôt les mots sortis de sa bouche, l'alcool dans la mienne fît de même. Je crachai tout ce qu'il y avait dans ma bouche respirant l'alcool devant moi ; Je n'étais pas habitué à qu'on m’entraîne dans des aventures comme celles-ci mais alors qu'on me dise que je suis homosexuel. Allez-y, un heure avec ce bonhomme et vous en ressortez changé. En bien ou en mal, dans tous les cas on en sort différent ! Il semblait un peu gêné de ses propos, moi personnellement j'avais les joues toutes rouges. Je l'étais tout autant que lui en entendant cela. Essayant de s’accrocher à une liane il ne faisait que s'enfoncer dans le sable mouvant, je levai ma main droite en sa direction pour le « rassurer ».

« Non, non non ! Euh, mais tu es vraiment un malade ! Je.. euh.. j'aime les femmes.. Tu sais comment te dire.. J'apprécie beaucoup la compagnie d'une femme, mais la compagnie ne nécessitant pas le besoin de payer.. »

« Le visage, les formes.. tu sais j'adore mais je ne le montre que très peu.. Je préférerai apprécier les courbes et la personnalité d'une seule femme. Je ne veux pas essayer autre chose en attendant.. Euh, Shinji toi tu sembles vraiment à l'aise avec ça. Du genre professionnel, malheureusement je ne crois être qu'un amateur ! »

Peut-être avait-il une femme dans sa vie ? Il en avait alors de la chance en quelque sorte. Je ne recherche pas spécialement l'amour, j'ai encore le temps devant moi. Mais si lui avait cette chance, il fallait s'y accrocher. Je venais à cette conclusion en vu de ses agissements. Comme une sorte de mentor, il voulait m'apprendre certaines choses. Mais en plus d'être complètement barré, il était aussi dans le faux. Il m'est arrivé d'apprécier la vue de femmes, mais je n'allais jamais plus loin en vu de mes objectifs. Si l'amour devait tomber un jour, il le fera, mais une chose est sûre ; J'allais attendre qu'il me transperce. J'avais en effet précédemment « choisi » deux filles – surtout pour faire plaisir à mon donneur de leçon – qui virent alors s'assoir à mes côtés. J'avais choqué tout le monde en disant que je ne voulais pas concrétiser avec une de ces femmes. Sérieusement, en quoi était-ce si étrange d'avoir un jeune homme de seize ans voulant se préserver pour l'unique, celle qui les contrôle tous. Je ne veux avoir qu'une seule femme, une précieuse femme, pas une multitude de prostituées payées au lance-pierre. Je regardai Shinji pour voir sa réaction qui ne manqua pas, en effet il était très choqué de ma façon de procéder. Si j'avais l'impression qu'un buisson virevoltant comme dans les déserts passait au milieu de l'établissement, Shinji s'exprima pour combler ce vide. Et je n'attendis pas pour rétorquer.

«  Je crois que j'ai zizi le concept en effet. Euh, saisi le concept oui ! Punaise, tes boissons me font dire que des bêtises. Seulement, ça ne m’intéresse pas de copuler avec une femme comme cela.  »

Le fumeur-buveur-fou s'écarta alors un petit peu avec son fauteuil pour profiter de son graal qu'il appelait de « l'herbe ». J'entendis comme un rire, un rire comme on entend de quelqu'un qui est choqué par la situation. Hey, il ne pouvait pas m'en vouloir c'est lui qui m'avait embarqué dans ses aventures. Oui cela partait d'un bon sens, mais c'était tout de même choquant pour un gamin de seize ans. Je ne me plaignais pas trop non plus, grâce à lui je sortais un peu du contexte « entraînement, entraînement, dormir, entraînement.. ». Je le suis totalement redevable, mais je respecte beaucoup les traditions et donc je paierai ma dette tôt ou tard. Le meilleur ou le pire était à venir, dés que je vis mon compagnon se lever je me suis dit « Oh mince, ce n'est pas bon signe du tout ». Et mes doutes se confirmèrent aussi tôt quand la jeune femme sourit, je vis tout aussi sur le visage de Shinji un air malicieux.

La jeune femme commandée par le boit-sans-soif se rapprocha prêt de moi accompagnée d'une musique rythmée. Et c'est à ce moment que je la vis se balancer devant moi, elle bougeait bien je ne pouvais le contester. J'étais vraiment embarrassé par la situation, mes joues étaient toutes rouges et je ne pouvais regarder la damoiselle trop longtemps faire son numéro. Je lançai un petit regard à Shinji de S,O,S et je ne vis sur son visage un sourire jusqu'aux lèvres. Il ne payait rien pour attendre ce bougre de farceur ! Seulement, je n'eus pas le temps de préparer un plan machiavélique que la jeune femme se mit à califourchon sur moi pour pratiquer quelque chose dont je connaissais rien. Totalement figé tellement j'en étais choqué, je ne faisais plus rien. Je me retrouvais à avoir les jambes de la jeune femme sur mes épaules. J'avais l'impression d'être la baguette qu'on tapait sur un tambour tellement ceci était violent. Vraiment, c'était sensé faire plaisir ce genre de chose ? La musique fût loooongue, très longue. Si ce n'est par la violence des chocs, je ne bougeais pas et n'avait plus aucune -ou presque- sur mon visage. Cependant je pouvais entendre correctement le rire de mon initiateur. Une fois la musique finit la rousse se mit sur mes genoux, amusée sûrement de ce qu'il se passait. Je regardai Shinji avec un sourire en coin et une tête de rescapé.


Tout à coup illumination, l'ampoule au dessus de ma tête, j'eus une idée pour rendre la pareille à mon généreux compagnon. Si je devais subir cela, alors pourquoi pas lui ? C'était simple non, si il me disait non alors c'était à moi de douter de son orientation sexuelle. Je voulais l'enfoncer dans un traquenard. Un sourire diabolique se dessina sur mon visage. Je pris par les hanches la damoiselle pour la déposer à mes côtés sur le banc en cuir.

« Écoute Shinji, je te remercie pour tout. Maint-maintenant, à toi de me montrer la voie comme on pourrait dire n'est-ce pas ? Je vous en prie Madame La Rouquine, prenez place position tambour sur mon ami. »

La professionnelle se rapprocha de Shinji en attendant la prochaine musique.
Mon ami ? C'était sorti spontanément.

Ça faisait un moment que je ne m'étais pas amusé ainsi, je dois bien le reconnaître... Pourtant je n'avais pas vraiment une vie ennuyeuse et je me retrouvais souvent dans des citoyens bizarres. Mais alors voir un puceau se faire puncher le groin à coups de fesses c'était de l'inédit! Et c'était drôlement drôle! Franchement même le plus imperturbable des moines aurait sûrement souri devant ce spectacle incongru. Même si par la suite il se serait empressé de condamner ce manque de moeurs et tout ce tralala que les religieux semblaient fuir comme la peste. Allons bon... J'avais rencontré certain d'entre eux avec Takusanken il y avait quelques mois et ils n'étaient pas tous aussi sages qu'ils en avaient l'air. Bon ceux à qui je pensais étaient véreux, c'était peut-être pour ça...

*Ha si seulement j'avais une de ces caméras Saibogu... Je gagnerais sûrement le premier prix dans un concours de vidéos!" songeai-je alors que j'étais encore pris d'un fou-rire.

En fait je ne savais même pas si ça existait ce genre de trucs... Mais en tout cas j'aurais eu de quoi regarder cette scène encore et encore. M'enfin chaque bonne chose à une fin et ça se confirma une fois encore lorsque la musique s'arrêta. Je rigolai encore quelques instants, incapable de m'arrêter.

- "Si tu voyais ta tronche!"

Je commençais à me sentir vraiment bourré en plus! J'avais repris ma consommation ce soir et mon corps n'était plus vraiment habitué à résister à autant d'alcool ingurgité en si peu de temps. J'eus un bref vertige et je fermai les yeux comme pour me forcer à contenir cette nausée passagère. Ogami avait gentiment repoussé la rouquine avant de l'inviter à me faire subir le même sort que lui. Je cru tout d'abord qu'il rigolait en parlant de lui "ouvrir la voie" mais il semblait parfaitement sérieux. Je suppose que c'est ce qu'on appelle la réponse du berger à la bergère. Je m'imaginais un instant déguisé en femme et mener mon troupeau mais cette vision bizarre s'estompa bien vite quand la prostituée s'exécuta et vint prendre place sur moi.

- "Ha mais non! Je suis désolé gente dame mais mon coeur est déjà pris! C'est fini pour moi les conner..."

Visiblement elle s'en foutait! En tout cas je ne pus pas terminer sa phrase que déjà je me prenais des coups de fesses dans la tronche. Mais c'est que ça fait mal, sérieux! Qui c'est l'abruti qui a décrété que c'était sexy ce genre de trucs?

- "Non! Aïe! Arrêtez maintenant! Il suffit! Hé!" gueulais-je en tentant de la repousser.

Peine perdue! À moins de la pousser sans délicatesse et c'était quelque chose que je me refusais de faire. J'avais beau m'en foutre quand ça se passait devant mes yeux, ce n'est pas pour autant que j'aimais maltraiter les femmes. Enfin pas toutes en tout cas et spécialement pas celles qui ne faisaient que leur... bah, travail! Si on peut appeler ça comme ça. Et puis Oga avait raison d'un certain côté: je ne pouvais pas me la jouer maître et ne pas montrer l'exemple. Je me laissai donc faire et rendit mon visage élastique pour mieux absorber les chocs répétés. Même si je ne ressentais plus la douleur ma tête suivait le mouvement des coups et ça commençait sérieusement à me donner la nausée.

- "Je crois que... Je crois que je vais dégueuler!" soufflai-je en sentant mon ventre faire des siennes.

Je ne sais pas si c'est le simple fait de le dire ou si je ne pouvais de toute façon pas y échapper, mais ce qui devait se produire se produisit: la rouquine tenta bien de se retirer suite à mon avertissement mais elle n'en eut guère le temps. Un flot de vomi percuta ses fesse et lui coula le long du dos. Elle eut en revanche le temps de retomber sur ses jambes et me décocher une violente claque qui me fit tourner la tête. Trop tard, j'avais déjà fini ma "petite affaire"...

- "Heu... désolé?!" balbutiai-je, rouge comme un pivoine.
- "J'ai jamais vu ça! J'en connais des dérangés mais c'est la première fois qu'on me gerbe dessus!" gueula-t-elle en s'éloignant, dégoutée et énervée à la fois.

J'essuyai rapidement le peu de vomi qui m'était tombé dessus en ne sachant pas vraiment si j'étais plus gêné ou amusé. Au moins j'avais évité quelques minutes de torture sismique, fallait toujours voir le bon côté des choses. Je vis alors le tenancier qui s'approchait de nous avec un bâton et je perdis l'esquisse de sourire qui commençait à se dessiner sur mes lèvres.

- "Vaut mieux partir je crois..." fis-je à mon voisin en joignant le geste à la parole.
- "Si je te revois je te fracasse le crâne Shinji! Je le jure sur mes ancêtres!"
- "C'est pas bien de jurer!" criai-je par dessus mon épaule en franchissant la porte.

Nous courûmes à nouveau dans les ruelles mais cette fois-ci c'est moi qui tirait Ogami et non l'inverse. Après quelques longues secondes de course effrénée je joignis mes mains à mes genoux pour reprendre mon souffle. Fumer autant, ce n'était pas bon pour la respiration et j'en prenais conscience à chaque fois que je faisais de l'exercice. Peut-être qu'un jour j'arrêterais, allez savoir. Mais pour l'instant j'avais plus important à régler:

- "Deux choses!" fis-je en levant autant de doigts à l'intention du jeune homme. "La première c'est que tu vas me promettre de ne parler à personne de ce qu'il vient de se produire. La deuxième c'est que tu ne vas surtout pas parler à quiconque de ce qu'il vient de se passer! Ok?"

Ouais, c'était la même chose. Mais deux précautions valaient mieux qu'une il paraît. Je jetai un regard à l'heure et je dus constater qu'il était déjà tard. Je ne savais plus vraiment quoi proposer à Ogami pour le dévergonder même si j'avais tout de même une petite idée. Peut-être qu'il voudrait combattre lors d'un duel clandestin dans la cave où je passais la plupart de mes soirées. Avec mon bras en écharpe c'était impossible pour moi mais il ne semblait pas cracher sur les affrontements alors peut-être qu'il pourrait y prendre du plaisir allez savoir. Et puis ils servaient également de l'alcool en ce lieu et maintenant que mon ventre était vide, fallait que je le remplisse à nouveau. Ça a du bon de gerber quand même...

- "Tu sais je me bats dans une cave de temps en temps. Les combats ne sont pas légaux bien sûrs mais c'est un bon moyen de se faire de l'argent. Et puis il y a à boire pratiquement tout ce que tu veux, tu pourrais découvrir de nouvelles choses et peut-être même te battre en duel. Ça te tente?" proposai-je finalement en ayant pesé le pour et le contre. "Par contre tu dois là aussi me promettre de ne jamais en parler à Kibo. Il ferait encore en sorte de fermer l'endroit si ça se trouve et j'en ai besoin pour gagner ma vie..."

En fait il pourrait me répondre un peu plus tard parce que le tenancier n'avait pas lâché l'affaire. Il déboula comme un chien enragé avec son bâton toujours à la main et puisqu'il semblait un peu salaud de lui fracasser la tronche il nous restait comme option la fuite.

- "Et merde! Il est tenace machin! Allez, on le sème!"

On aurait tout le temps de papoter plus tard...

Les verres se suivaient, la bouteille se vidait, les estomacs se remplissaient. Je suppose que maintenant nous pouvions dire pour nous deux, l'alcool avait pris un certains contrôle sur nos corps. Je ne sais pas si le Akuzu avait demandé lui même de me faire expérimenter la position du « tambour » mais en tout cas elle m'avait bien sonné. Si bien que j'avais demandé à là gentille et belle rouquine de s'occuper maintenant de son cas. Après tout, il m'avait bien fait subir cette situation, alors c'était à son tour. Avant ça tout de même il avait bien pris le temps de rire de la danse chaotique et de mon expression horrifiée. Fini la rigolade, maintenant c'était à mon tour de me jouer de mon nouvel ami. Il avait bien su profiter tout en essayant de m'initier à diverses choses, je voulais dés à présent voir ses réactions dans une situation inverse. La rouquine se rapprocha donc sous mon ordre vers mon voisin pour lui faire découvrir le pays. Quelle satisfaction dans la limite du sadique, j'étais content qu'elle m'est écoutée. Au final j'avais choisi deux femmes mais l'autre était partie, n'étant pas utile à l'orchestre.

« Allez Shinji, fais moi plaisir un peu-.. Ah moins que.. que.. tu sois attiré par les hommes ? Oh non ça ne me dérange pas tu sais je peux l'accepter. Tant que tu ne te colles pas à moi ça me va hahahaha ! »

Quel plaisir de me venger, ce chenapan ne méritait que ça. J'étais à la limite de mes frotter les mains en disant « Excellent excellent». Du moins c'était jusqu'à que le borgne vint à dire une chose qui me pétrifia au plus profond de mon être. Quoi.. il était épris d'une fille ? Non impossible. Mon visage tout blanc, choqué d'entendre ces propos. Alors soit il était vraiment d'une orientation différente à la mienne, mais j'en doutais grandement ; Soit son cœur était déjà réservé en effet. N'en croyant pas mes yeux je bus mon verre cul-sec avant de m'en resservir un autre. Incroyable, si jamais on m'avait dit ça dans la rue je ne l'aurais pas cru. Mais ce mec a vraiment des sentiments pour une fille ? Mais je crois que les sentiments n'ont rien à faire dans ces établissements, la jeune femme n'était pas freinée par cela du moins. La musique arrivait peu à peu et les mouvements sur Shinji étaient de plus en plus brusques.

Après avoir subi les mêmes traumatismes, je pouvais compatir mais je n'en fis rien. Je ne faisais que rire en sirotant mon verre d'alcool. En parlant d'alcool j'avais trop ingurgité de cette substance, je me sentais totalement différent beaucoup plus ouvert et prêt à affronter tous les dangers. Je n'avais plus aucune retenue. Je me sentais comment dire, libre. C'est comme ma langue avait sa propre conscience, comme si je parlais sans pouvoir même contrôler les mots de ma bouche. Quoi qu'il en soit je regardais la tête du Akuzu se faire exploser à chaque choc, ce qui me donnait plus envie de rigoler et donc de boire. Il essayait de la repousser mais il était impossible de lutter contre la puissance des chocs du fessier de la sage damoiselle ;


« Ohh, mais dis moi.. Tu as peut-être besoin d'aide n'est-ce pas ? Comment tu vas trouver de l'aide ici ? »

Je regardais de droite à gauche avant de reprendre .

« ET NON ! Aucune aide, subis la colère des fesses rousses. »

Des fesses rousses ? Quelques doutes sur la signification même de cette expression qui sortait d'un tout autre espace. Mais apparemment le bougre n'avait pas besoin d'aide, il déforma son visage d'une façon à le rendre plus élastique. J'avais déjà entendu parler de ça, alors il faisait parti du clan. Je n'avais pas directement tilté lors des présentations, mais en fait je me souviens maintenant. Ce clan a la capacité spéciale de se déformer et reformer certaines parties du corps. Fascinent cependant, je n'y réfléchis pas trop. Il m'était impossible de trop utiliser mes méninges surtout en voyant se dérouler une scène aussi hilarante. En effet c'était marrant jusqu'à que ça devienne tout de même dégueulasse.

Mon ami le Akuzu, semblait se sentir de plus en plus mal. Je n'avais pas besoin d'être voyant pour le savoir mais entre chaque verre, je le regardais et je voyais clairement. C'est quand il se décida à l'avouer à la professionnelle que je compris qu'il était pas loin de faire ressortir par sa bouche une appétissante mixture.

« Shinji, tu..? Damoiselle la musicienne je crois que.. »

Les paroles suivantes étaient celles de Shinji disant qu'il sentait le vomi arriver. Malheureusement, il était trop tard et ce qui devait arriver arriva. Le liquide tout droit sorti de l'estomac de mon jeune ami se projeta sur la danseuse. Cette scène était vraiment dégueulasse, je mis la main droite entre ma bouche et mon nez pour éviter de sentir cette odeur. Disons que ça me donnait envie de faire la même chose et je n'en voulais rien ! La réaction ne se fit pas attendre, une claque et une excuse plus tard tout commençait à s'emballer. Je ne savais pas si je devais me moquer de lui ou alors être choqué, dans tous les cas on allait sûrement devoir déguerpir à nouveau.

Par contre comme toujours Shinji semblait amusé, fin ça c'était avant, avant que le mac à dames vint nous retrouver avec un bâton de bois. Sentant le drame arrivé, je pris une bouteille à moitié pleine dans la main gauche. Je n'expliquais pas vraiment ce geste, j'avais une envie de boire encore et encore ; Rien ni même moi ne pouvait m'arrêter. Mon camarade me disait qu'il fallait partir de toute vitesse, en effet j'avais compris. Quel idiot ce mec, il avait encore fait quelque chose de bizarre et il m'entraînait à nouveau dans une nouvelle aventure. Décidément, le meilleur idiot de la terre que je n'ai jamais connu et pourtant j'arrivais à l'apprécier.

«  Allons-y alors, sérieusement Shinji tu es irrattrapable ! » *dis-je toujours avec la bouteille à la main*

Mes jambes bougeaient toutes seules, j'étais comme attiré par quelqu'un. Ce quelqu'un c'était le borgne qui me dirigeait à travers maintes et maintes ruelles, quelques très longues secondes après on s'arrêta tous deux. Il avait l'air essoufflé, moi pas, je le regardais d'un air interrogateur. J'ouvris la bouteille pour jeter le capuchon sur le sol. En buvant une gorgée je l'écoutai.

Il me demandait de ne rien dire et tout et tout. Comme si cela était une mission secrète, à vrai dire j'étais plutôt concentré sur ses doigts. Il disait deux choses mais j'avais l'impression qu'un troisième doigt était levé. Avait-il fait exprès de entourlouper l'esprit ? Pleins de doutes, sûrement liés à l'alcool. Mon comportement changeait beaucoup, l'alcool me jouait des tours. Supposant que le lendemain je me souvienne, je serais extrêmement gêné de la situation. Peu importe je décidai de répondre.

« Ne t'en fais pas, ne t'en fais pas-.. Je suis peut-être un cou-counard. Je ne respecte peut-être vraiment riz, rien. Je me fou du mounde tu vois ? Je connais rien ou soucial ! Mais si tu me counfies un secret ! Ça reste entre nous »

Je mis mes doigts devant la bouche avant de sortir un petit son « Chuuuuut », mes joues étaient aussi rouges. Les symptômes de l'homme saoul se faisaient de plus en plus ressentir. Je ne contrôlais plus rien de moi malheureusement, quelle honte. Malgré ça je suis un homme d'honneur, je respecte une parole. Et tellement d'honneur que je pourrais jamais avouer à personne ce qu'il venait de se passer ces dernières heures.. J'écoutai toujours attentivement Shinji qui avait une haleine digne d'une ferme campagnarde. Il me proposa de continuer mon initiation dans un endroit spécial où était organisé des combats illégaux. Alors mon jeune ami gagnait sa vie avec cette activité illégale.. Je n'en étais pas étonné. Il me mettait sur la voie en me disant donc qu'il y avait de l'alcool et bien d'autres denrées à découvrir. Ce n'est pas tout, il me parla aussi du fait qu'il ne fallait pas en parler à Kibo. A ce moment là, j'étais tellement sous l'effet de l'alcool que je ne jugeais pas la gravité des choses. Malgré moi, j'étais partant pour continuer à me saouler et à faire des choses insensées.

Le tenancier de retour, on se dirigea vers le bar en question. Je n'avais pas répondu à la question de mon ami à cause de l'agitation. Mais il a du comprendre ma réponse quand j'entrai le premier dans ce bar damné en lui souriant. Je bus une autre gorgée en me laissant emporter par les pas de Shinji que je suivais de très prêt. Il savait mieux que moi où il fallait allé après tout, il n'y avait sûrement pas écrit sur la pancarte « ICI COMBATS ILLEGAUX ALLEZ VENEZ ». On se dirigea vers une salle à l'arrière du bar -qui avait d'ailleurs meilleure mine que le précédent- et un videur se dressait devant une porte. Mon rôle était fini, je ne savais que faire pour pénétrer dans le domaine des dieux.

Nous arrivâmes donc devant le bar qui abritait des combats clandestins dans sa cave. Après être rapidement passés par la partie normale de l'établissement qui ressemblait à tout autre lieu de picole de la capitale, on arriva finalement dans la salle arrière. Un videur que je connaissais maintenant depuis des années se trouvait entre la trappe qui menait au sous-sol et nous. Il ne m'adressa pas le moindre sourire ou signe de salutation, ce n'était pas le genre de la maison. Son style à lui c'était plutôt de garder un visage impassible en toutes circonstances et arborer un air patibulaire comme s'il cherchait constamment à intimider les nouveaux arrivants. Remarquez, c'était un peu son rôle...

- "Yo Kurasu! La forme? Il y a encore du monde là-dedans?"
- "Ouais, comme d'hab! C'est qui ce type?"
- "Il est avec moi! C'est une connaissance..."
- "Une connaissance fiable?"
- "Assez pour garder ce qu'il verra ici pour lui, ouais!"

En tout cas je l'espérais parce que sinon on allait avoir un problème lui et moi! J'accordais peut-être ma confiance un peu facilement, c'est vrai. Mais l'alcool m'enlevait bien souvent le peu de prudence dont je faisais preuve en étant sobre alors vu mon état... Et puis Ogami m'avait assuré qu'il savait garder un secret et je voulais croire qu'il était de parole. Dans le cas contraire je ne tarderais pas à le découvrir de toute façon. Et puis il était trop tard pour faire marche arrière maintenant. Pour le meilleur et surtout pour le pire, le jeune shinobi allait pénétrer dans le lieu qui rythmait mes soirées...

Après nous être laissés tomber par la trappe - les échelles c'est has been - on se réceptionna en souplesse sur le sol. Enfin presque parce que je tombai sur le côté et dû me rattraper à la paroi pour ne pas m'étaler de tout mon long. Un tunnel taillé dans la roche s'ouvrait devant nous sur une dizaine de mètres et quelques torches éclairaient l'accès à une salle plus vaste d'où s'élevaient des cris furieux ou d'encouragement. En y arrivant Ogami pu découvrir un bar qui flanquait toute la partie droite de la cavité et le long duquel de nombreux clients était accoudés. De l'autre côté un semblant de ring délimitait l'espace dans lequel les combattants se tapaient dessus. En l'occurrence un combat venait de commencer et les coups pleuvaient entre un homme obèse et un autre plus freluquet mais qui semblait plutôt agile.

- "Viens on va commencer par boire!" fis-je en lui demandant de me suivre d'un signe de la tête.

On passa rapidement commande et deux bières bien fraîches atterrirent devant nous. Vu ce qui attendait Ogami j'eus la gentillesse de lui offrir sa consommation - ou plutôt de la mettre sur ma note - pour le ménager un petit peu. Je rembourserais plus tard une fois mes gains reçus et quelques crânes fracassés. En attendant il s'agissait de savourer cette boisson fraîche qui faisait le plus grand bien quand on se trouvait dans une atmosphère aussi étouffante. Sur quoi nous allâmes prendre place autours du terrain pour observer le combat. J'en profitai alors pour expliquer les règles à mon voisin:

- "Chacun peut combattre ici, indépendamment de son sexe et de son âge. Les combattants sont parfois tirés au sort et d'autres fois ils peuvent simplement demander à se battre, comme ce soir. Il n'y a pas de règles: tu peux utiliser les arts shinobis si tu le souhaites et frapper où tu le désires. Le seul truc c'est que les armes ne sont pas autorisées à moins que les deux adversaires soient d'accord pour y avoir recours. Le vainqueur remporte le gain des paries ou plutôt ce qu'il en reste une fois que les spectateurs ont été payés. Quant au vaincu, il a droit à une bière. C'est toujours ça..."

Je repris une gorgée de bière et reportai mon attention sur le combat pendant quelques instants. L'obèse était complètement essoufflé et son adversaire en profitait pour lui décocher des coups précis. Après quelques attaques de ce genre l'autre tomba finalement sur le dos, assommé pour le compte. Les deux types quittèrent le terrain sous les cris d'approbations ou de désapprobation des spectateurs et un employé vint rapidement recouvrir de sable les endroits où le sang avait coulé. Tiens, c'était nouveau ça!

Un autre homme s'avança alors au centre du terrain en levant les bras et en poussant des grognements menaçant. Balafré, aussi massif qu'une montagne, il avait visiblement hâte d'en découdre. Je le connaissais de vue et savais qu'il était redoutable quand il s'y mettait. Non qu'il soit spécialement doué. Mais il avait surtout une endurance impressionnante et ses coups étaient capable de briser les os. Quand on voyait sa masse musculaire on pouvait aisément comprendre pourquoi. Et, surtout, il était traître. Il ne rechignait pas à user de coups bas pour vaincre l'adversaire et c'était typiquement le genre de type que la foule appréciait. D'ailleurs il resta presque une minute seul sur le ring car personne ne semblait vouloir l'affronter.

Je fis un pas en arrière et poussai ensuite du pied Ogami au centre du cercle formé par des lignes blanches sur le sol. La foule l'observa un instant avant de manifester sa joie. Ils devaient sûrement s'attendre à un combat facile puisque les gens se hâtèrent de parier sur son adversaire désigné. Si le jeune homme gagnait, il allait empocher une belle somme. Je lui décochai un sourire amusé alors que le shinobi se retournait vers moi avant de hausser les épaules:

- "Ha et puis j'ai oublié de te dire: les gens qui mettent le pied ici pour la première fois sont obligés de combattre sans quoi ils ne ressortent en général pas. C'est une sorte de contrat passé avec l'endroit, une façon de s'assurer que tu mérite ta place ici..." lui expliquai-je. "Je ne te l'avais pas dit?"

Non, je ne lui avais pas dit... Je m'accoudai à une table tout en portant à nouveau la bière à mes lèvres en espérant que j'allais avoir droit à un bel affrontement...

- "Amuse-toi bien!"

Que le spectacle commence!

J'avais été mené jusqu'à ce bar et finalement on se trouvait devant le gardien du paradis. Il devait nous autoriser à passer pour pouvoir ne serait-ce que goûter légèrement aux délices. Bien sûr, le genre de délices qu'apprécie Shinji à contrario de moi. Mais peu importe les épreuves, les aventures il m'amenait partout avec lui et vu que j'étais bien alcoolisé, il m'en fallait peu pour toutes les accepter . Cette boisson était incroyable, la première gorgée très dure certes, mais aux suivantes on sentait comme un sentiment de libération. Je pouvais faire le rapprochement avec mon compagnon le musicien, qui avait l'air d'avoir besoin de ce liquide infâme pour se « retrouver ». Je ne suis pas le mieux placé pour juger une personne et pour une fois que je m'entendais bien avec une -même si sous l'effet de l'alcool je faisais toutes mes interdictions- je ne devais pas gâcher ça. Alors ce grand gaillard s'appelait Kurasu.. Je mis ma main gauche devant ma bouche pour ne pas montrer mon petit sourire. Ne sachant pas trop pourquoi ce prénom me faisait rire, il me faisait penser à un de ces grands hommes qui ont une voix efféminée. Bien sûr il ne l'avait pas.. m'enfin l'alcool mélangeait tout dans ma tête.

Cet établissement devait être encore plus problématique que le précédent, vu que le Kurasu légendaire gardait précieusement son antre. Je sentais que l'alcool me poussait à dire des bêtises sur ce bonhomme, je l'aurais peut-être provoqué mais je ne pouvais faire ça à Shinji. Quand il demanda à mon co- équipier si j'étais fiable, je me mis au garde à vous pour le prouver. Vraiment, j’espérais que ces images ne reviennent jamais dans mes pensées. Finalement mon ami l'avait convaincu et on eu l'accès au passage gardé. L'entrée était du moins spéciale, nous devions se rattraper sur le sol et c'est ce que je fis plus ou moins. Mais pour dire, Shinji lui avait du mal et ça me fait sourire un tant soi peu. On se trouvait dans un petit nul éclairé sur les côtés, on avait l'impression que les parois parlaient en vu des éclats de la pièce finale. Le bruit, la musique, les coups, les encouragements se trouvaient en fait émaner de la pièce au fond du tunnel. On avait déjà passé une barrière de contrôle, j’espérais ne pas en avoir une suivante.

On entra donc et je découvris tout ce qu'il se tramait dans cette salle. Des rencontres, de l'alcool, des paris, des combats on était en plein dans le repère de la débandade. Comment à la base, un saint comme moi avait pu me trouver dans une telle situation. Tout se résume en quelques mots «  La boisson du diable ». Il me proposa alors de boire un petit peu -pour ne pas changer- je le suivais en regardant le combat s'y déroulant. J'avais un peu de mal à marcher toujours, je titubais un petit peu ; Ce n'était pas facile pour moi. Le généreux m'offrit donc une belle bière, dans mon état je me foutais du contenu dans qu'il y avait la substance d'alcool. En plus n'étant pas un expert d'alcool je ne pouvais juger ce que je buvais. On marcha alors en direction du ring, verres à la main pour observer. Je fis alors un sourire à mon interlocuteur en soulevant mon verre.

« Qu'est-ce que c'est boun et si affreux à la fois, en tout cas à la tienne Shinji ! »

Il avait l'air d'être dans son élément, l'illégalité, le dépravé c'était son truc au final. Il m'expliqua alors comment on se battait ici, je n'en savais pas pourquoi car je ne comptais pas vraiment me battre à la base ; J'étais venu pour boire une nouvelle fois en sa compagnie. La boisson obstruait ma réflexion , les événements s’enchaînaient et je n'y trouvais aucune logique.

« Mais dis moi, c'est dangeuroux ton truc.. C'est spécial. J'éspère qu'il ne quou des Shinobi de seconde classes, sinon ça va devenir un champou de ruines ! » *dis-je en sirotant mon verre d'alcool.*

Un des combattants mit l'autre à terre et la pièce euphorique sautait dans tous les sens. Je ne savais pas pourquoi mais je rigolais aussi, quelle débilité. Rigoler d'une chose aussi insensée, je trouvais ça tellement improbable vu mon caractère. Je tapai amicalement mon coude sur Shinji pour ensuite lui dire.

« OHHH mais t'as vuuuu ce qu'il a fait ? Sérieux ? CI SONT DES VIOLENTS !!!!!! »

J'avalai une autre gorgée avant de reprendre la parole idiotement.

« HAHHAHHAH, ALLEZ UN AUTRE COMBAT !! DEPECHEZ ! »

Décidément, j'étais carrément hors de moi. J’espérais que personne ne me connaisse de nom ou de vue pour ne pas avoir des problèmes dans le futur. Bien heureusement pour moi les gens ne regardaient pas trop autour de eux, ils n'étaient intéressées que par l'alcool et l’appât du gain.

C'est alors qu'un gros gaillard se mit au centre, j'avais l'impression qu'il était une bête tellement que son cri était violent. Le bougre m'avait parlé de paris, il fallait que je m'empresse de mettre quelques ryos sur lui pour pouvoir rapporter un max d'argent ! C'est ce que je pensais à ce moment, moi qui me fou éperdument de toutes monnaies existantes. Cet endroit combiné à l'alcool me changeait peu à peu. Pour reprendre l'histoire de la montagne, cet homme était assez imposant et personne ne daignait vouloir l'affronter sur le terrain de combat. Je les comprenais, je ne voulais pas me frotter à quinconce aussi.

Une force m'amena au milieu de terrain, je ne compris pas vraiment comment sur le coup. Je me retournai et vis mon compagnon avec le sourire, ça le faisait rire apparemment. Je ne comprenais rien à l'art des combats illégaux, mais tout semblait indiquer autour de moi que j'allais affronter une bête sauvage. Les propos de Shinji ne firent que confirmer mes pensées. Je lui fis des gros yeux avant de me taper la tête avec ma main libre, l'autre il y avait un verre.

«  Shin..Shi-shinji.. j'ai envie de tou TUER !  Chaque fois une nouvelle histouare JE VAIS TE DETRUIRE  et TE DEMEMBRER POUR FAIRE SOURTIR L'ALCOOL DE TES VEINES SALE SALE SALE-..»

Dans quelle position me mettait-il ce poivrot ! Les personnes semblaient amusées de la situation, sur le tableau noir qui servait de côte pour les paris. J'étais définitivement perdant, vraiment quelle histoire. J'étais annoncé perdant avant l'heure, tout pour m'encourager. Une espèce de clochette sonna. J'étais toujours tourné vers Shinji quand je pris un coup aussi puissant qu'une centaine coup de tambour d'une fille de joie. Je me trouvai au sol, la tête collée et presque mariée à celui-ci. Un petit sifflement, un peu de sang pour ne pas changer et je me relevai pour me mettre face au porc qui avait l'air d'être content de son coup bas.

« MAIS-..MAIS c'est pas du jeux ça !!! j'étiésdqdqsd tourné !! Non mais sérioux, vas te, vas te !! »

Je n'eus pas le temps qu'il essaya de me balancer un coup que j'évitai de justesse. Et là commença le cirque..

Musique ambiance:

Le gros balourd était en effet musclé, très fort l’hématome sur ma tête pouvait le justifier mais ses coups étaient lents. Je courrais partout dans le cercle de droite à gauche d'une manière maladroite, mes pas se mêlaient vu que j'étais complètement bourré. Je ne me décidais pas à attaquer, je ne voulais qu'éviter. J'avais l'impression d'être le clown du cirque et ça ne me dérangeait pas, j'avais le liquide légendaire pour régler tous mes soucis. Le manège dura bien environs cinq minutes, la foule criait pour exprimer leur mécontentement. Ils voulaient de la bagarre pure et dure eux, moi je ne cherchais qu'à me sauver tout en restant dans le cercle.

Jusqu'à que je me retournai pour profiter d'une ouverture pour lui mettre un coup de poing au niveau du visage. Malheureusement je ne fis presque aucun dégât, il avait l'air juste égratigné ; Je me remis alors à courir en essayant d'éviter la riposte. Je faisais tourner en bourrique la montagne, mon coup était maladroit et faible. Tout cela car je n'étais pas sobre, je n'étais pas au top de ma forme disons. Normalement il m'aurait pris quelques secondes pour faire un plan, mais là il fallait que je réfléchisse encore et encore. A chaque fois qu'une idée me venait, c'est comme si une bière se mettait entre nous deux. Un coup n'avait pas suffit, alors j'allais lui en mettre quelques uns sur la tête à ce montagnard.

Musique ambiance:

Je profitai alors de ma course pour effectuer quelques mudras, je ne réussis qu'à la troisième tentative et cinq clones apparurent. Le géant arrêta de poursuivre et par cette occasion je fis de même. Il était seul face à mes cinq clones.

J’avançai alors comme pour faire le fier jusqu'à qu'il explosa deux clones seulement avec son coup de pied.

« MAIS TU AS OUSE !! »

Mon plan n'avait pas l'air si fantastique, malgré ça je fonçai vers lui avec plus d'agilité et en évitant ses coups que je pouvais prédire malgré mon état. Soudainement deux clones tentèrent de faire tomber au sol le géant en tapant avec toutes leurs forces les deux jambes de celui-ci. Le dernier clone restant et moi on s'occupa de lui asséner des coups sur le visage. Il était surpris et donc ne faisait que encaisser. Après une vingtaine de coup, ajoutés par ceux qui le maintenaient au sol l'homme ne bougeait plus. J'étais donc le grand gagnant, beaucoup n'étaient pas content par le résultat et je m'en fichais ! Je levais mon pouce en regardant Shinji à qui apparemment j'avais pardonné le fait de m'avoir envoyé à la mort. Je décidai d'un geste de bonté alors offrir à boire à tout le monde, je voulais l'annoncer tel un Shinobi triomphant.

« ALLEZ, je paye ma tou..touu »

Il n'eut aucune suite à mes paroles car je vomissais tout ce que j'avais ingurgité. Il eut comme un calme dans la salle, j'étais dégoûté de moi même. Les clones disparurent suite à cela. J'étais seul au milieu tel un gagnant dégueulasse.

Ogami ne semblait pas apprécier mon petit coup en traître et franchement je pouvais le comprendre. Il alla même jusqu'à me menacer de mort et m'insulter sans toutefois trouver le mot qui me correspondait le plus. De mon côté j'étais plutôt décontracté, accoudé à ma table. Je levai ma bière dans sa direction pour trinquer avec lui en silence avant d'en prendre de longues gorgées. Haaaaaa, que ça faisait du bien! Je tournai mon regard vers l'adversaire de mon nouveau copain alors que ce dernier était sur le point de le frapper. C'était bien joli de s'occuper de moi mais l'autre n'allait pas non plus faire de fleurs à Ogami. Et effectivement le premier assaut projeta le jeune homme au sol. La foule poussa un gros "hooooo" comme si elle partageai la souffrance de la victime mais fort heureusement l'intéressé se remit bien vite debout. Tant mieux, j'avais parié sur lui!

- "Allez, concentration!" criai-je pour couvrir le bruit des autres spectateurs, l'encourageant. "Il va pas te faire de cadeaux, c'est pas Nowel!"

Enfin, pas encore en tout cas... Le combat devint alors plus équilibré et franchement passionnant. Je suivais depuis des années les affrontements qui se déroulaient ici en soirée et je savais reconnaître un duel intéressant d'un plus classique, plus ennuyant. Pour un nouveau Ogami s'en sortait vraiment pas mal et jouait sur ses points forts pour esquiver les coups violents mais approximatifs de son adversaire. Mouais en fait ses point forts c'était surtout l'alcool on va dire! Il courait un peu partout comme un beau diable en un espèce d'hommage au Suiken mais l'essentiel était que sa "technique" portait ses fruits. L'autre se fatiguait semblait-il et Ogami n'était toujours pas au sol. Le reste des personnes présentes n'appréciait pas vraiment le spectacle contrairement à moi. Normal! Ces gens désiraient avant tout voir le sang couler et des dents voler. Pas un semblant de représentation digne d'un cirque ambulant. J'y allai de plusieurs rires sonores tout en continuant de vider ma bière.

Mon acolyte changea de méthode et fit apparaître des clones. Je n'étais pas vraiment friand de cette technique mais je devais reconnaître qu'elle était efficace. Et son adversaire l'apprit à ses dépends puisqu'il se retrouva bien vite au sol avant de se faire maintenir par une petite armée d'Ogami en ru... Non, j'ai rien dit. Toujours est-il qu'après une bonne vingtaine de coups l'autre rendit les armes et que le jeune homme fut déclaré vainqueur. Au grand dame de la foule qui manifesta son mécontentement. Faut dire qu'ils venaient de perdre de sacrées mises pour la plupart et qu'en revanche j'étais devenu l'heureux propriétaire d'une bonne somme de ryos. Tout comme le vainqueur d'ailleurs. Vainqueur qui voulu sûrement offrir une tournée générale avant de vomir ses tripes sur le terrain. J'écarquillai les yeux avant de partir dans un fou-rire tandis que le cercle s’agrandissait autours d'Ogami comme si les gens cherchaient à le fuir.

- "Bien joué mon gars! Un partout, balle au centre!"

On avait chacun posé notre crêpe dans la même soirée! Un signe? Sûrement! Peut-être qu'on était faits pour devenir potes allez savoir. Je m'approchais de lui pour lui décocher une tape dans le dos quand un type arriva en courant dans la salle.

- "Aleeeeeeeeeeerte! La garde se pointe! Protocole rien à déclarer en cours! On se dépêche les gars, on se dépêêêêêêêêêche!"

Merde, c'était pas bon ça! La garde passait dans les établissements de temps à autre pour vérifier que rien d'étrange ne s'y passait. C'était assez rare mais pas suffisamment pour que ce genre de cas soit prévu par les organisateur des combats. Un protocole avait donc été mis en place et la plupart des habitués le connaissaient. Il leur restait à l'expliquer aux plus récents membres pendant que le videur à l'entrée se chargeait de retenir les soldats. Je tirai Ogami par le bras pour l'amener vers le comptoir et m'assurer qu'il était en état de comprendre ce qu'il se passait:

- "Ok! Quand la garde débarque c'est pas bon! Les regroupement nocturnes ne sont pas interdits mais les combats, si! Alors voilà comment ça va se passer: pour commencer toutes les traces des combats vont disparaître! Essuie-toi le sang sur ton visage!" fis-je en lui tendant un mouchoir.

Pendant ce temps, comme je le disais, certains membres commençaient à recouvrir complètement le sang qui maculait le terrain. D'autres faisaient disparaître les limites du ring et allumaient d'autres torches pour que l'endroit soit plus éclairé et bien moins glauque. Une douce musique classique s'éleva dans les airs, remplaçant celle plus rythmée et badass qui régnait normalement en maître ici.

- "Ensuite on va faire croire que c'est un club de danse de salon!" fis-je en étant moi-même peu convaincu par l'astuce. "Oui je sais, c'est pas crédible. Mais l'important ce n'est pas que la garde le croit, c'est que ça ait l'air suffisamment crédible. Le chef de la garde qui passe ici est... disons... compréhensif quand on lui donne un bon tas de ryos. Le paraître, c'est surtout pour ses subordonnés! Reste calme, fais-comme si tu étais là pour danser et tout se passera bien!"

La plupart de la "clientèle" était des hommes et certainement pas les plus raffinés de Suna. Donc c'est sûr que pour la crédibilité on pouvait repasser... Mais il suffisait de donner le change un petit instant pour éloigner le danger, du moins en temps normal. Quatre hommes arrivèrent finalement, trois soldats et un officier. Ce dernier se hâta d'aller rejoindre le comptoir pour recevoir son pot de vin et en profita pour papoter un instant. Pendant ce temps ses subordonnés commençaient à faire une ronde dans la cavité pour observer un peu tout ce qui passait à portée de leur regard. Les spectateurs s'étaient groupés par deux comme il le fallait pour danser la valse et autres bêtises du genre. L'un des fouineur s'approcha de Ogami et moi et nous observa de ses petits yeux vicieux. C'était un nouveau, lui!

- "Vous deux, vous dansez?"
- "Non merci!"
- "Je ne vous invite pas triple-buse! Je vous demande si vous êtes ici pour danser!"

J'échangeai un regard avec mon voisin et adressai mon plus beau sourire au soldat:

- "Heu... oui oui, bien sûr! C'est un club de danse ici vous savez?"
- "Mouais... Ben alors dans ce cas vous ne verrez aucune objection à me faire une petite démonstration de vos talents?"
- "C'est que..."

En fait on avait pas vraiment le choix vu l'air que l'autre affichait. Les autres habitués me jetèrent des regards appuyés comme pour me faire comprendre qu'il fallait que je me sacrifie pour le bien du club de combat. Faut dire que c'était pratiquement mon seul revenu régulier et que je n'avais pas le choix si je ne voulais pas finir à la rue. Tout comme mes enfants espions...

- "Bien sûr, oui!" fis-je sur un ton qui marquait mon manque d'enthousiasme. "On est débutants par contre, soyez tolérants!"

Je me tournai à nouveau vers Ogami en soupirant et en lui tendant la main.

- "M'accordes-tu cette danse cher partenaire?" fis-je en poussant une grimace.

Lui non plus n'avait pas le choix à vrai dire... La seule alternative qu'on nous laissait c'était de finir en taule ou se faire massacrer par les autres clients si on venait à faire tout capoter...

Je devais être pitoyable à voir, moi qui essaie d’être toujours strict et d’avoir une attitude irréprochable je me retrouvais, à vomir devant tout le monde à cause d’une boisson. La foule semblait écœurée par cela, elle ne l’était sûrement pas autant que moi. Je n’avais même plus le plaisir d’avoir gagné quelque chose, même si c’était déshonorant de gagner quelque chose comme cela. D’un autre côté, je faisais bien rire mon ami Shinji qui avait l’air de bien se payer ma tête. Ma main devant la bouche après m’être exprimé avec l’estomac, je lançai un regard amusé à mon ami le poivrot. Il était visiblement pris d’un fou rire, il avait vomi je l’avais fait et comme il le disait si bien « Balle au centre ». J’avais quand même l’air mal en point, mon visage meurtri, mon attitude lente après avoir tout gerbé. Malgré ça mon compagnon s’approcha peu à peu de moi pour me donner une tape dans le dons. Je me redressai pour faire un grand soupir, j’étais fatigué et remué.

Je n’eus le temps de me reposer quelques secondes qu’un homme arriva de hâte dans la salle pour alerter le bar clandestin. L’homme parlait de protocole, je ne compris pas de suite mais professeur Shinji vient à ma rescousse en me tirant vers le bar. Tout comme un cours, il m’expliqua le pourquoi du comment. Me confirmant que les combats étaient interdits, l’image que j’avais de Shinji ne faisait que s’aggraver. Il fallait que j’efface les traces du combat, je pouvais en effet enlever le peu de sang se trouvant sur mon visage;Mais pour les hématomes, c’était légèrement plus dur! Aussitôt dit, aussitôt fait je m’essuyais à l’aide de ma manche le visage. Je n’avais plus assez d’alcool dans le sang, la douleur se faisait de plus en plus ressentir.

Tout le monde se hâtait de faire de ce sous-sol, une pièce lavée de tout soupçon. Le borgne reprit alors ses explications, on devait faire de ce taudis un club de danse de salon. Je regardais avec mes grands yeux mon ami, doutant de la véracité de ses dires. Voulais-t-il encore simplement rire de moi? Non, cette fois c’était trop pour être faux. La musique était changée, le ring avait disparu comme par magie. J’avais l’impression de me trouver dans un club étrange. Et comme on s’enfonçait encore plus dans l’illégalité, le chef des gardes était un peu de mèche. Il fallait le payer, puis quoi encore, dans quelle histoire il m’avait amené. Les voyous, les prostitués et maintenant des gardes? Qu’est-ce que j’allais faire? Si quelqu’un apprenait ça? Si ça venait aux oreilles de mon supérieur. Je voyais venir et de loin les problèmes encore une fois.

« Shin-..shin-shinjiiiii! Dans quoi m’embarques-tu encore une fois?! »

Il me demandait de rester calme, mais j’étais loin de l’être. J’étais légèrement sur les nerfs en vu d’une possible interpellation. Je voyais déjà les gens dans la rue, ayant eu vent de la nouvelle parlait sur moi. Je me foutais du monde, mais la réputation restait importante. Je ne pouvais d’autant plus ne pas la salir du à mon implication dans l’organisation Midorhato. La cavalerie arriva et commença alors son inspection « habituelle » je suppose. Tout le monde jouait le jeux, au final c’était plutôt comique jusqu’à qu’un garde vint à nous pour nous parler.

A la première question de « Vous dansez? » je répondis seulement d’un ton ferme « Non. » qu’est-ce que j’allais danser.. Moi. La suite, je la laissai avec plaisir à Shinji. Il avait l’air de se débrouiller en essayant de se mettre dans la poche le garde. Malheureusement celui-ci doutant de la sincérité des paroles de mon partenaire nous invita alors à danser sur la piste. Je sentais déjà l’horreur arrivé, j’aurais prié pour qu’il se rétracte mais le garde avait l’air sûr de lui. De plus mon ami, comme à son habitude arrivait à dire une bêtise même dans une situation aussi embarrassante. Il disait qu’on était débutants, sérieusement..

Musique d'ambiance:

Il me tendit la main pour me proposer une danse, tous les regards étaient sur nous. Certains dans la salle, les gros costauds, n’hésitaient pas à nous faire des menaces via des signes pour nous obliger à danser. Où me trouvais-je? Je pris la main de Shinji en lui faisant un gros sourire -très faux- pour ensuite le suivre au milieu de la piste. Quelqu’un eut la bonté de remettre la musique depuis le début, quelle chance on avait. J’allais devoir danser avec lui. Le temps que le rythme commence, je m’approchai prêt de Shinji pour lui chuchoter quelques mots.

« Écoute, j’ai de plus en plus de doutes sur ton orientation sexuelle maintenant. Ne t’avise surtout pas, d’essayer de me toucher le derrière ou.. Tu vois ce que je veux dire. Ose encore faire une bêtise pour en rajouter et.. »

La musique se lança et donc évidemment la danse suivit le pas, je suppose qu’on appelait ça une « valse ». J’étais mal à l’aise et ça devait se voir, je n’essayais de ne pas gâcher la chose pour éviter les problèmes. Mais c’était dur, j’avais encore comme dirait les vapeurs de l’alcool. Mes pas étaient indécis, chaque minute je marchais sur les pieds de mon partenaire.

Tout à coup je me sentis comme envolé, je tombai sur le sol violemment. Je n’étais pas totalement rétabli et je m’étais emmêlé dans mes pas. Je sentais la pression , elle montait peu à peu dans la salle. Les personnes me lançaient des regards assassins et le garde ne semblait pas si surpris que ça au final. Je me levai aussi vite pour reprendre ma pittoresque danse avec mon partenaire. Les minutes passèrent et la musique s’arrêta.

Pour combler le tout, je me baissai comme pour faire un salut d’artiste. Le faux public applaudit à la suite de cela. Je croyais être sorti d’affaire, je lançai un regard à Shinji comme pour dire « Et maintenant? ».

Je m'étais déjà retrouvé dans des situations bizarres dans ma vie mais franchement jamais à ce point. C'était LA soirée de tous les possibles, celles où le peu d'amour propre qu'il me restait fondait à vu d'oeil. Déjà que vomir sur une prostituée ce n'était pas joyeux mais alors devoir danser une valse avec Ogami... S'il y avait un ou des dieux là haut, ils m'en voulaient à tous les coups. Pourquoi? Parce que j'étais la beauté incarnée? Parce qu'ils m'estimaient encore trop chanceux? Ils voulaient se venger de la manière dont j'avais abordé l'examen? Là c'était de l'acharnement! Ni plus ni moins...

Je n'étais vraiment pas bon en danse. Et encore moins en danse de salon! Il m'arrivait de me laisser guider par le rythme quand j'avais un verre dans le nez. Mais depuis que j'avais dégueulé j'avais bu une seule bière et j'étais plutôt sobre je crois. Alors du coup j'étais plus que tendu pour danser devant tant de gens connus et perdre ma crédibilité. J'étais un des meilleurs du club et voila que je me retrouvais à danser sur une valse. Non mais sérieux! On n'allait plus me regarder de la même façon. D'ailleurs la plupart des regards, s'ils semblaient durs lorsqu'ils visaient Ogami, étaient nettement plus amusés quand ils se rivaient sur moi. Certaines des personnes à qui j'avais cassé la tronche était carrément hilares et je sentis le rose me monter aux joues. Bordel!

En plus avec mon bras bandé j'étais sacrément limité dans mes mouvements! Je décrochai l'écharpe et grimaçai lorsque je dus mettre de la force dans mon membre blessé pour éviter qu'il s'effondre. Je le glissai ensuite dans le dos de mon partenaire de galère tandis que mon autre main capturait la sienne. Ogami y alla de son petit commentaire sur mon orientation sexuelle. Il me prévint que je n'avais pas intérêt à descendre la main sur ses fesses et je lâchai un petit rire nerveux.

- "Tu crois vraiment que j'ai envie de te toucher le cul?" répondis-je aussi discrètement que lui. "Tu me prends pour qui? Tout ce que je désire pour l'instant c'est que cette soirée se termine et que je puisse l'effacer de ma mémoire! D'ailleurs je vais boire tout mon saoule après jusqu'à ne plus en avoir le moindre souvenir! Ho que oui!"

La danse venait de commencer et je dus me faire violence pour me mettre à danser. En plus j'étais sensé être le meneur puisque j'avais évidemment laissé le rôle de la cavalière à mon compagnon d'infortune. Fallait pas pousser non plus! L'autre me marchait constamment sur les pieds et je me résolu à les ramollir pour éviter de me les faire écraser.

- "Hé ho! Fais gaffe où tu mets les pieds!" murmurai-je sur un ton de défi. "Marcher dans la merde ça porte bonheur mais bon y'a des limites hein?"

Attends... Je venais pas de m'auto-insulter là? Fais chier! Je me résolus à corriger un peu le tir en saisissant mon partenaire à la taille pour le projeter en l'air. Même si ce n'était pas très adapté à notre danse, c'était plutôt amusant. Ogami se réceptionna en catastrophe, tombant violemment sur le sol. Quant à moi une pointe de douleur se déversa dans mon bras et je serrai les dent à m'en faire mal pour éviter de crier. Quelle idiotie de forcer...

Toute bonne chose à une fin mais fort heureusement c'est aussi le cas des mauvais moments. Et la musique finit par s'estomper en même temps que mes derniers espoirs de garder l'estime de mes pairs du club. Voilà, c'était foutu! Heureusement le garde sembla satisfait voir carrément amusé. Il finit par hausser les épaules et s'éloigner vers son chef qui avait entretemps reçu son pot de vin. Il fit signe à ses subordonnés de le suivre et la petite troupe quitta l'établissement. Personne n'osa dire ou faire quoi que ce soit pendant quelques longues secondes jusqu'à ce que le bruit d'une trappe qu'on referme nous indique qu'ils avaient quitté les lieux. Par prudence on attendit encore quelques minutes avant que l'endroit redevienne ce qu'il était sensé être: un club de combats!

Les cris et les discussions endiablées reprirent, les affrontements également. Certains vinrent nous féliciter Oga et moi de nous être sacrifiés ainsi pour ce qu'ils appelaient "la bonne cause" et on eu même droit à un verre d'alcool gratuit. On eut également le plaisir de se voir remettre le gain de mes paries pour ma part et ceux du combat pour Oga. De quoi vivre tranquillement une ou deux semaines. J'allais enfin pouvoir prendre du repos et c'était tant mieux: je comptais m'isoler dans le désert quelques temps et je pourrais ainsi subvenir aux besoins de mes espions en herbe pendant mon absence. Cool!

- "On s'en est pas trop mal tirés hein?" fis-je en décochant une tape dans le dos d'Oga. "Enfin... Disons que ça aurait pu être bien pire, plutôt!"

Je remis mon bras en écharpe et lorgnai sur le ring: j'avais tout de même envie de combattre malgré ma blessure et la somme conséquente de ryos que je venais de gagner. Histoire de me défouler un peu et évacuer la tension qui s'était accumulée lors de la danse. Et puis surtout pour rappeler que si je m'étais ridiculisé j'étais toujours capable de coller des poings quand ça s'avérait nécessaire. Peut-être que je pouvais rattraper encore le coup allez savoir!

- "Je vais me friter! Je reviens!" annonçai-je simplement en me dirigeant vers le ring.

Mon adversaire, je le connaissais. Un type fluet du nom de Sakutari qui était spécialisé dans le taïjutsu. Ca tombait bien, c'était aussi mon cas. Pendant que l'annonce du combat se faisait, une bande de buveurs habitués des lieux vinrent prendre place vers Ogami. Je les vis du coin de l'oeil amener un tonneau d'où un tuyau s'échappait et je reconnus immédiatement l'instrument d'un jeu à boire. Le jeune homme n'avait pas fini d'en voir de toutes les couleurs. Mais je ne me faisais pas vraiment de soucis pour sa capacité à tenir l'alcool mais plutôt sa culture générale: j'espérais qu'elle était bonne sans quoi il allait rentrer à quatre pattes:

- "Salut mon pote! Merci pour tout à l'heure et cette démonstration de danse!"
- "On veut te remercier alors tu vas être le quatrième joueur!"
- "On t'explique: on se pose trois questions et si on y répond correctement on passe au suivant. Sinon on boit trois gorgées par fausses réponses."
- "Allez on commence: qui était le Nidaime Kazekage?"
- "Facile celle-là! À moi! Heu... Combien de côtés a un hexagone?"
- "Et la dernière: Sakura et Sahori sont deux soeurs. La somme de leurs âges est égale à 44. Sakura a deux fois l’âge que Sahori avait lorsque Sakura avait la moitié de l’âge qu’aura Sahori lorsqu’elle aura le triple de l’âge qu’avait Sakura à l’époque ou elle était trois fois plus âgée que Sahori. Quel âge à Sakura?"

Ouch...

La danse du siècle venait d’avoir lieu, un partenariat entre Shinji et moi avait permis à une foule en délire de profiter d’un spectacle époustouflant. Si ce n’est par la technique qu’on avait impressionné notre public, c’était par notre ridicule. Cependant le garde avait l’air de plutôt s’amuser, quelle ordure sérieusement. En plus d’être inutile, sa bande était corrompue. Je vais me souvenir de sa tête et dans le futur, il ira faire un petit séjour en prison. Je ne comptais surtout pas rester genin toute ma vie, je voulais monter les échelons. Intégrer l’élite et devenir un des piliers de Suna, peut-être que c’était utopique mais du moins je l’espérais. L’alcool un peu filtré, je reprenais peu à peu mon esprit. Mais sincèrement ce n’était pas non plus grâce au combat, la danse ou encore le tambour. M’enfin dans tous les cas c’était fini et j’espérais ne plus avoir d’épreuves.

Il me faisait rire décidément ce bonhomme, pendant la danse notamment avec son autodérision par exemple. Un phénomène qui me donnait le sourire, c’était la première fois dans toute ma vie. J’étais content de le connaître, il était comme il était, mais peu importe il restait quand même un bon homme. Les gardes étaient donc parti et comme tout était millimétré ici, personne ne bougea ne serait-ce qu’un petit doigt jusqu’à le fameux bruit de la trappe. Tout le monde semblait rassuré et quelques minutes après, la fête et l’illégalité reprit. Étrangement après le départ des gardes véreux, quelques personnes vinrent à notre rencontre pour nous féliciter de notre danse. Elle était parfaitement horrible, on était comme deux gays mais par contre ils étaient tous contents. On était passé du « On va vous tuer » à « Merci vous nous avez sauvé! ». Ces gens, qui se prenaient pour des caïds à être dans l’illégalité n’étaient finalement pas si durs. Shinji me tapa dans le dos avant de discuter un petit peu.

« Je trouve qu’on a été bien ridicule en effet, malgré ça on a réussi! »

Je lui rendis aussitôt sa petite tape dans le dos, je commençais finalement à m’habituer aux gestes amicaux. J’étais un peu plus sobre, alors j’avais fait un grand pas en avant selon moi. J’étais peut-être sur la bonne voie après tout! Non je n’allais pas m’amuser avec des femmes de joies mais oui, je voulais m’améliorer. Il enchaîna alors en disant qu’il voulait se combattre, bah après tout c’était son tour. Je m’étais initié, maintenant il devait trinquer! Peut-être qu’il était fort en fait, j’avais eu une petite démonstration dans le premier bar, mais maintenant j’allais pouvoir profiter d’une meilleure vue. Les paries commençaient, je voulais en profiter et faire comme tout le monde pour mieux m’intégrer. Je m’étais donc dirigé en direction du Bookmaker pour lui poser quelques questions. Me reconnaissant, il me parla en premier.

« Tiens, t’es le danseur artistique toi, tu mises sur ton partenaire? »

« Dis moi, qui est le plus fort je pourrais te répondre ensuite! »

« Disons, qu’ils se valent je suppose. Je ne sais pas trop les côtes sont équilibrées, mais un léger penchant pour l’ennemi du borgne .»

« Mhmm, je mets mes gains sur Shiji alors, j’ai plus ou moins confiance en ce malade. »

Je posai la somme gagnée précédemment avant de me diriger vers le « gradin ». Cependant, quelques personnes m’interpellèrent pour me remercier. Et pas seulement, elles avaient un tonneau et un tuyau. Peut-être ils travaillaient à la ferme, mais j’avais un gros doute à ce sujet. Ils me remerciaient eux aussi avant de me proposer un jeux. Ils parlaient un peu tous en même temps, me posant une multitude de questions. J’essayais de répondre au mieux.

« Alors, le Nidaime c’est.. »

Je n’eus pas le temps de dire la fin qu’on m’enfonça le tuyau dans la bouche avant que la pression n’arrive. Automatiquement je bus, quoi qu’un peu étonné je ne saisissais pas correctement le concept. Ce fût difficile de tout avaler, c’était encore de l’alcool et je n’étais pas une expert. Je me mis à tousser un petit peu dans mon coin avant d’entendre ce qu’avait à dire le « remplisseur ».

« T’es lent mon pote.. Sérieux! Réponds nous simplement on ne veut pas un exposé .
ALLEZ, la suivante! Réponds BIEN!»

« Euh,euh, SIX! »

Tous se regardèrent, ils ne savaient sûrement pas la réponse eux-mêmes. Après une petite discussion entre eux et des discordes, ils affirmèrent que je n’étais pas dans le faux. Ouf, maintenant la dernière qui était un peu plus dure.

« C’était quoi la dernière? Répétez! »

Le remplisseur me répéta alors mais ça ne changea pas grand-chose à ma compréhension des choses. Je ne compris rien à rien et je dis une bêtise.

« Mardi! »

On me demandait un chiffre, je répondais un jour de la semaine c’était peut-être un problème. Sauf que après avoir encore un petit bu, mes esprits commençaient à se perdre à nouveau je ne maîtrisais pas totalement mes dires. De plus, je n’avais pas envie de réfléchir dans un taudis comme celui-ci. Ils éclatèrent de rire, c’était aussi un public facile vu leur état, ils étaient loin d’être sobres. Le tuyau dans ma bouche, je bus quelques gorgées. Il n’était pas pressé de me l’enlever, il le laissait et je buvais jusqu’à en cracher partout ne pouvant plus rien avaler. Les personnes rigolaient autour de moi, ça devait peut-être se voit que j’étais un novice de ces choses. Je décidai de mettre un terme à cela pour regarder le ring.

« Hé, c’était très bien, à la prouchaine! »

J’avais un verre dans la main, il sortait de je ne sais où, je n’avais pas souvenir d’en avoir demandé un mais je l’avais. Il était bien sûr rempli, je le sirotais alors en regardant le combat de Shinji.

Il y avait une règle importante lors d'un combat: ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse sous peine d'encourager l'adversaire. Et on peut dire que j'étais mal barré dans la mesure où mon bras en écharpe était une indication assez clair quant à ma capacité à me battre. Pourquoi se battre alors? Parce que je n'étais pas du genre à baisser les bras à cause d'une petite blessure. J'avais envie de me punir moi-même quelque part. D'un autre côté j'avais tout de même mes chances contre un adversaire que je connaissais plutôt bien et je comptais bien faire de mon mieux pour encaisser quelques ryos supplémentaires.

- "Ça faisait un moment Sakutari!"
- "Ouais... Alors comme ça tu as refusé de passer Chuunin à ce que j'ai entendu?"
- "Ho tu sais les rumeurs... Faut pas toujours leur prêter attention!"
- "Pas toujours, ouais! Mais des fois elles sont fondées!"

Mouais, il était au courant! Tant pis ça ne changeait pas grand chose et puis le combat n'allait pas en être modifié pour autant. Aussi tandis qu'Ogami s'amusait à approfondir sur culture générale je me mis en position de combat, levant un bras devant moi et laissant celui blessé contre mon torse. Je fus directement poussé à la défensive car l'autre pris les devants immédiatement. Et il ne perdait pas le nord puisqu'il s'acharna à tenter de frapper au niveau de ma blessure plutôt que de varier les mouvements. Son objectif était simple et logique: frapper mon point faible!

Je pus esquiver ou parer les premiers mouvements mais un coup de pied subjugua ma défense et je tentai alors de rendre la peau de mon bras amoindri complètement élastique pour l'absorber. Peine perdue! Je ne sais pas si la plaie bloquait ma capacité mais ma chair resta telle qu'elle et l'attaque porta. Je tombai à genoux en serrant les dents, l'impact libérant une décharge de douleur dans mon corps. Néanmoins je tentai une frappe en revers qui fut arrêtée par la paume de mon assaillant avant qu'un second coup s'abatte sur mon point faible. Je ne pu retenir un cri de douleur avant de tomber en arrière puis me redresser avec peine.

*Putain!*

Sakutari me laissa néanmoins le temps de me remettre en garde tout en m'observant avec un sourire carnassier. Je pouvais comprendre le plaisir qu'il tirait de cette situation puisque je l'avais déjà battu à quelques reprises. Il voyait là l'occasion de prendre sa revanche et l'honneur lui semblait étranger puisqu'il ne cherchait même pas à cacher ses intentions: frapper là ou ça fait mal. Mais j'avais choisi de me battre et c'était avant tout moi qui avait fait une erreur. Comment lui en vouloir de tout faire pour l'exploiter? J'aurais peut-être fais pareil à sa place...

- "Abandonne ça sert à rien!"
- "T'es con ou quoi?"
- "Ce combat n'a aucun intérêt!"

Ils n'avaient pas tort, le spectacle était loin d'être à la hauteur du lieu. Mais je me voyais mal abandonner maintenant alors que l'affrontement venait à peine de commencer. S'il semblait évident que j'allais avoir du mal à gagner j'allais toutefois donner le change un certain temps. Par fierté! J'avais une réputation à reconstruire et ça commençait dès maintenant. Le combat se prolongea donc quelques minutes mais ressemblait davantage à une exécution en règle. Je fus envoyé plusieurs fois au tapis et je me redressai à chaque fois avec davantage de difficultés que précédemment. Finalement un enchaînement puissant sur mon bras puis ma tronche m'envoya pour de bon par terre. Je sentais le gout âcre du sang dans ma bouche et je roulai sur le côté pour en cracher sur le sol. Après avoir observé un certain instant mon fluide vital je reposai la tête au sol en fermant les yeux pour calmer les vertiges qui m'assaillaient.

- "Sakutari vainqueur!" clama l'arbitre.

On vint à ma rencontre pour m'aider à me lever mais je refusai le coup de main et me redressai par moi-même. Cette déculottée m'avait bien calmé et je n'avais guère envie de prolonger la soirée. Je n'arrivais même plus à user de la particularité de mon clan convenablement et c'était peut-être le signe que l'alcool avait fait son travail et qu'il valait mieux que je rentre. Le visage en sang et le corps endolori, je retournai donc vers Ogami en titubant. Je n'avais plus envie que d'une chose: rentrer me coucher et oublier cette journée qui s'était révélée horrible du début à la fin. Il y avait bien eu cette rencontre avec le jeune homme et les épisodes amusants qui avaient suivis mais dans l'ensemble ce jour ne resterait pas gravé dans mes anales...

- "Je rentre Oga! C'était une chouette soirée mais faut que j'aille me reposer! Je ne suis plus bon à rien dans cet état et j'ai eu ma dose..." lui annonçai-je simplement en posant une main sur son épaule. "On se recroise à l'occasion!"

Je m'éloignai alors après lui avoir décoché un petit sourire et m'arrêtai après quelques mètres. J'avais failli oublier:

- "Et pas un mot à Kibo on est d'accords hein?"

Après m'être assuré qu'il serait muet je lui fis un petit signe de la main pour le saluer avant de quitter la cave, une bouteille à la main. J'allais bien dormir ce soir moi...

Je n’avais jamais pensé qu’un jour, je pourrais autant boire d’alcool. Les verres s’additionnaient mais la chose qui m’acheva fût le jeux avec le tuyau. Des clients, des fous du combats étaient venus me voir pour me remercier et me proposer un jeux d’alcool. Bien sûr, je m’en étais pas très bien sorti et j’avais donc bu quelques gorgées. Je remerciais donc mes nouveaux partenaires avant de rejoindre la foule s’apprêtant à regarder le combat. Le combat annonçait était celui de Shinji, j’avais parié mes gains sur lui, tous mes gains. A vrai dire, je me foutais un peu de l’argent, j’avais parié à mon tour pour m’intégrer à ces personnes. La chose est, que j’ai parié sur le borgne alors qu’il avait un handicap. Il ne pouvait utiliser un bras et n’avait qu’un œil de disponible aussi au final! Je n’étais peut-être pas en état de pronostiquer la victoire de qui que ce soit. Et décidément, j’avais parié sur le mauvais cheval.

A en juger par les dires des combattants, ils devaient se connaître et avaient déjà du croiser le fer. Le bilan de cette soirée était assez simple à faire : « Mouvementée ». De plus, Shinji semblait être vraiment un marginal. Il n’avait pas l’air de vouloir gagner de l’argent simplement, il préférait se rendre aux endroits douteux. Il aimait bien la compagnie de l’alcool, connaissait les pires endroits de Suna. Sans oublier, qu’il m’avait amené moi, un homme de seize ans. Je ne faisais peut-être pas très jeune, mais il semblait qu’on pouvait s’apercevoir que je n’étais peut-être pas en âge de tout ça. M’enfin, peu importe je peux dire que cette soirée m’a aidé. J’avais réussi à rencontrer une tornade et j’appréciais beaucoup sa compagnie en quelque sorte. Je parle d’une compagnie amicale bien sûr, il me faisait rire par ses bêtises. J’avais envie d’être à ses côtés à nouveau, sans pour autant boire comme des trous. Peut-être que j’étais sur la voie de l’amitié?

Plus tôt j’avais parlé de sa blessure, elle était visible et l’ennemi en profita. Sakutori, c’était son nom, il n’avait décidément aucune pitié. Peut-être aussi que ce n’était pas si intelligent que ça, de combattre alors qu’on a un handicap. Mais bon, au niveau de la réflexion je n’attendais plus grand-chose de mon compagnon. Il tomba donc à genoux, la douleur devait être insoutenable. Je mis mon pied sur la ligne blanche comme pour l’aider, mais si c’était sa façon de gagner de l’argent je ne pouvais compromettre ce match. Il me faisait confiance en montrant un petit peu son mode de taudis et de dépravés, alors je me devais de le respecter un minimum. La seule chose que je pouvais faire c’était alors de le soutenir, peut-être même de l’encourager!

« Allez Shinji, lève toi et ga-.. »

Je n’avais pas le temps de finir ma phrase qu’il tomba au sol, comme une crêpe. La foule se faisait à chaque mouvement, quand il y avait un gros coup on entendait « Ohhhh! » et quand il y avait un blessé grave on entendait « Ohhhh ! » en fait, c’était toujours pareil. Le borgne se releva alors peu à peu, la foule comprit que sa blessure était trop handicapante et les gens commencèrent à crier. Il fallait que Shinji abandonne, c’était un combat bête après tout. Je ne dis rien pour voir la réaction de l’Akuzu, après tout je voulais savoir si il avait quelque chose dans le ventre. Je ne fus pas déçu, il se faisait mettre à terre plusieurs fois mais il se relevait à chaque fois avec plus de peine. Jusqu’à l’enchaînement meurtrier de Sakutoria qui assena le coup de grâce. Le combat était terminé, l’argent gagné précédemment envolé. Je me foutais royalement de ces gains, je n’en avais aucune utilité.

Se relevant de ses propres moyens, je le voyais venir vers moi. Je lui fis un petit sourire de compassion sans exprimer aucune pitié. Il n’était pas qu’un poivrot, un obsédé, un idiot, il était aussi combatif et vaillant. Il titubait, il avait du mal à aligner deux pas après s’être pris une dérouillée; Et pourtant il vint tout de même à ma rencontre pour me dire au revoir.

« D’accord Akuzu Shinji, tu sais je risque demain d’être plus ou moins mal par ta faute. Néanmoins, j’ai passé une bonne soirée je crois! En effet, on risque de se recroiser pour le meilleur et pour le pire je pense.»

Je me retournai pour le regarder partir, j’allais le suivre dans quelques minutes mais disons que je prenais mon temps. Je me sentais pas trop de marcher, il fallait que je reste assis encore un petit peu. Cependant il s’arrêta un peu plus tard pour me parler à nouveau de mon maître. Il avait apparemment peur que Kibo apprenne l’existence même de cette soirée. Les mots de Shinji me ramenèrent un peu à la réalité, je me disais peut-être que mon sensei ne serait pas fier de moi. Même pas du tout..

« Ne t’inquiète pas, ça restera entre nous pour un bon moment je suppose. J’y tiens autant que toi je pense »

Il partit alors après ma réponse, il était sûrement content de l’entendre. Si jamais il gagnait sa vie grâce à ça, il allait continuer à la gagner alors. Je n’étais pas du genre à détruire une personne par plaisir, je ne le faisais que si nécessaire .

Je suivis alors le même chemin que Shinji pour ensuite traîner quelques heures pour décuver et rejoindre mon quartier général sans encombres.