Cher Zennosuke,

Si tu lis cette lettre, c’est que je serai probablement mort. Depuis quand ? Je ne le sais pas. Peut-être que tu pourras retrouver des indices ou même mon corps si tu suis la trace de Kuchibashi, j’ai laissé son fourreau à ta disposition exprès.

J’ai écris cette lettre depuis pas mal de temps, et je me suis arrangé pour que le shinobi qui te l’apporte le fasse si je ne lui donne pas de nouvelle instruction sous dix jours. Du coup, cela doit faire au moins dix jours que je suis porté disparu. Et que Sabakyô Seitô aussi.

Il faut que je te dise toute la vérité : le plan autour de Konoha était bien plus large que tu ne l’as jamais pensé. A vrai dire, dès que j’ai rencontré l’Intendant et compte tenu des circonstances alors actuelles avec les Furyous, je savais déjà que j’allais mettre plus ou moins fin à mes jours.

Comme tu le sais j’ai fait en sorte que Yamanaka Meia se rende à Kumo. Avec Hasaki, vous avez fouillé le Temple de Kyûbi et je savais que l’orgueil de Seitô lui ferait faire une bêtise. Il fit bien plus que ça, et l’affaire était alors réglée. Hasaki à son retour a laissé la Yamanaka sonder son esprit et elle a tout appris concernant les manigances de l’Intendant. Mais mettre hors de course le pouvoir du Sabakyô à Konoha n’était qu’un but parmi tant d’autres.

Tu m’as demandé ce qu’il était arrivé à mon bras.
Pendant ces évènements, je me suis inscrit la marque du Serviteur. J’ai alors appelé un Furyou (tu noteras donc qu’un Serviteur peut appeler un Furyou) et c’est celui manipulant les esprits qui m’est apparu. Je lui ai laissé un leurre du sceau de Gogyou Makka et il est parti (conclue-en que les Furyous de l’armée de Monwa ne peuvent pas ressentir les Furyous dits primaires). C’est une de mes chouettes qui a emmené le vrai sceau dans un endroit qui m’est inconnu du monde ; ainsi personne ne sait actuellement où il est. Je me suis tranché le bras et j’ai rappelé plusieurs fois le Furyou mais il n’est jamais revenu (peut-on en conclure que se trancher le morceau de peau où le sceau du Serviteur est gravé retire ses effets ?). Mais ils se sont rapidement aperçus de la supercherie et m’ont retiré le lien que j’avais avec Kuchibashi (le Furyou m’avait fait un pacte me récompensant si je leur avais donné le véritable sceau, me punissant dans le cas inverse).

L’attaque du Furyou messager sur Kumo n’a eu aucun lien avec ce que j’ai fais. Ils étaient là pour Kadoria Sho ou pour autre chose, mais pas pour une punition, car sinon ils auraient envoyé bien plus qu’un soldat.

Mais dès que j’avais fais ça, même si j’avais caché le sceau et obtenu plus d’informations que quiconque, j’étais devenue une menace trop importante pour le village. Kiri a protégé le sceau et a été détruite. Combien de temps Kumo aurait survécu si j’étais resté à sa tête ? Sans moi vous avez plus de temps, plus de chances et surtout plus d’éléments pour mettre fin à Monwa et aux siens.

Souviens-toi maintenant de ce que les Furyous avaient fait sur la colline, avant que Monwa n’adresse son message au monde entier. Il avait vaincu l’un des cinq Furyous primaires. J’ai du mal à croire qu’ils ne puissent pas trouver, à terme, ce qu’ils cherchent. Même bien caché, je sais que le sceau de Gogyou Makka sera retrouvé et il y a de fortes chances que ce soit par cette armée de Furyous. C’est pourquoi j’ai placé un mécanisme Fûinjutsu sur le sceau : dès qu’on lui fera quelque-chose, je serais invoqué là-bas. Je ne sais pas ce que j’y trouverai et si j’aurais le temps de vous apprendre quelque-chose de plus, mais au pire, je mourrai de leur main et ainsi ils n’auront plus de raison de se venger de moi sur Kumo.

La capture de Sabakyô Seitô n’était pas prévue, mais j’ai réfléchi et je l’emmènerai avec moi. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il connaît certaines informations sur les Furyous primaires que nous ne savons toujours pas – bien que nous en sachions désormais bien plus que lui ou quiconque – et que l’état de Myakudou Onpu ne me permet pas de savoir si lui aussi est toujours au courant de ces informations. Pour ne prendre aucun risque, Sabakyô Seitô doit vivre. Si on l’envoie à Konoha, nul doute qu’ils le tueront, et de toute façon nous ne pouvons pas leur dicter l’attitude à adopter envers leurs renégats.

J’ai espoir que mon geste, qui conduira forcément à la libération de Seitô, le changera au moins en ce qui concerne les Furyous.

Si je t’ai dis que je le tuerai, c’était pour que tu ne te doutes de rien. Peut-être, penseras-tu en lisant ceci, que je t’accorde trop de crédit et que tu n’es pas aussi malin, mais tu as fait des progrès.
Je pense que tu seras mon successeur. Et j’en suis fier.

Néanmoins, maintenant que je t’ai parlé du passé, laisse-moi aborder le futur. Pour moi, il n’y en a pas hormis au travers de toi et de ce que tu vas incarner : mon rôle et celui de mes prédécesseurs. Kumo va devoir être protégée. Mais n’oublie jamais que la menace la plus grande est toujours à l’intérieur, jamais à l’extérieur.

Combien de Kages ont trahi les intérêts de leur village ? Araakoa Aare n’a-t-il jamais essayé de tuer Raiu no Kenji ? Kyoshi Rei n’a-t-il jamais été l’Homme Masqué ? Je ne te parle même pas des soupçons qui pesaient sur Ishidate Masamune. Bref, tu m’auras compris.

Je n’aurais pas vécu suffisamment pour avoir des enfants, mais assez pour comprendre les parents et en vérité le monde shinobi tel qu’il est.

En tant que Raïkage, on te lèchera la main comme un chien le ferait à son maître. Kadoria Sho l’a fait à plusieurs reprises. Hakushi Mihawk l’a fait pour revenir dans le village. On me l’a fait pour oublier les erreurs de certains Kumojins comme Monjara Shinji. Sont-ils des shinobis sur lesquels je pouvais compter ? Non. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce qui représente le plus la vision d’un ninja se résume en une phrase.

On ne peut juger pleinement un homme qu’à sa mort.

Les compliments, le mensonge, les faux-semblants ne feront jamais de quiconque un bon shinobi. Accomplir des missions banales ne fait pas de toi quelqu’un de confiance.

Penses-tu sincèrement que si j’avais mis des gens comme ceux que j’ai cités à la place d’Hasaki et de la tienne pour aller au temple, tout se serait bien passé ? Toi et moi savons que non.

La guerre ne se remporte pas au nombre d’hommes, mais à ce que tu en fais. Utilise ceux qui sont banals pour faire les choses banales. Celui qui choisira avec exactitude ceux à envoyer pour les missions les plus délicates ou qui seront au courant des informations les plus sensibles pourra faire ce qui lui semble.

N’aie pas peur de manipuler. N’aie pas peur de considérer chaque personne que tu croiseras à sa juste valeur. Tu rencontreras près d’un millier de Kumojins prêts à servir Kumo pour un ou deux seuls qui seront prêts à tout faire pour le village, qu’importe ce que tu leur demanderas.

J’ai été cette personne pour Kadoria Uriô. Tu l’as été pour moi.

Je sais qu’un jour prochain, avec ce que nous avons déjà tous accompli, le mystère des Furyous sera élucidé et le monde shinobi délivré.

C’est là que ton rôle de Raïkage prendra tout son sens. C’est là que tu devras utiliser tout ce que j’ai pu t’enseigner mais surtout tout ce que tu as appris toi-même.

Et pour que tu sois rassuré, sache que non seulement je ne regrette rien, mais que j’ai pris mes précautions pour qu’en cas de difficulté pour le village, je te vienne en aide d’une manière ou d’une autre.

J’ose espérer que j’ai été pour toi un maître, un compagnon, un chef, un Raïkage, un homme de respect et un ami.
A toi d’être tout ça pour tout Kumo.

─ Ton prédécesseur