J'entrais maintenant dans Ame no Kuni. L'atmosphère y était humide, assez pesante. Cela contrastait parfaitement avec la neige de Yuki no Kuni, si douce et agréable. La pluie était sale. Ce n'est qu'une forme imparfaite de neige, et quelque chose d'imparfait ne peut être beau. Sans encombre, j'étais parvenu au centre de la ville, habillé d'un long manteau et coiffé d'une capuche. Il ne faisait pas froid, mais je préférais ne pas dévoiler mon visage. Je n'étais encore jamais sorti de la cité Suzurane, par conséquent je ne connaissais pas vraiment le monde. C'était la première fois que j'assistais à un tel spectacle. Un simple marché pourtant, mais un marché étranger. J'admirais la foule quelques instants avant de rechercher un endroit où me restaurer. Cela faisait maintenant plusieurs mois que je m'étais perdu. J'étais toujours à la recherche du fameux Shozaichi et, après avoir fait plusieurs villages, on m'avait indiqué cet endroit. Il était clairement mentionné « Village caché d'Ame » à l'entrée pourtant. Une telle incompétence … Cela m'énervait. Il me fallait me calmer avant que je ne choppe un passant pour lui exploser le crâne dans une ruelle. Je cherchais tant bien que mal un endroit où je pourrais me poser et réfléchir au calme.

Je rongeais mon frein. Trop de témoins à chaque coin de rue … Toutes les parties de mon corps étaient prêtes à l'attaque. Il est vrai, je me laissais emporter assez facilement. La première contrariété pouvait être synonyme de guerre chez les Suzurane. C'était un de nos principaux traits de caractère. Je marchais sans même regarder où j'allais, la capuche toujours baissée sur mon visage, quand un homme se heurta à mon épaule. Ce dernier vacilla et chuta dans une flaque d'eau. Je ne daigna même pas regarder cette vermine quand ce dernier fit un choix pour le moins surprenant. Il avait pourtant vu qu'un simple coup d'épaule m'avait suffit pour lui faire perdre l'équilibre mais cet idiot choisit de me rattraper pour me demander des excuses. Mon sang ne fit qu'un tour, j'avais failli arrêter de réfléchir et tuer cette homme d'un coup net dans le thorax. Fort heureusement pour lui, je m'étais contenté d'un regard assassin qui eut pour effet de le vider de sa confiance et le pousser à la fuite. Là, il fallait vraiment que je me pose quelque part.

L’échoppe dans laquelle j'avais choisi d'entrer était vide. Seul le gérant et sa fille étaient présents. Je m'assis à une table et la demoiselle accourue pour prendre ma commande. Sans même la regarder, je lui avait ordonné de me laisser seul. On ne m'avait pas vraiment appris les règles de politesses à Yuki no Kuni, alors je ne m’embarrassais pas avec ça. Le langage est un simple outil pour se faire comprendre.

Shûkai … Quels intérêts auraient-ils à nous éliminer ? N'étions-nous pas censé être alliés ? Ils étaient les responsables. C'était la seule explication possible. Ils étaient les seuls à connaître la position exacte du clan et à savoir que nous arrivions. A mes yeux, le sort des autres n'était absolument pas important. La seule chose dont je me souciais était la sécurité du clan. Quelqu'un avait décidé de s'en prendre à nous, et il me fallait découvrir de qui il s'agissait. Cela passait par mener une enquête poussée à Shûkai et en savoir plus.

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