EXAMEN CHÛNIN N°1
Épreuve 2

La salle d'examen est couverte de murs capitonnés d'un blanc profond et au fond de cette dernière se trouve une chaise devant ce qui semble être un fauteuil de dentiste. L'examinateur et un homme encapuchonné dans un étrange costume. Il se tient droit, la tête baissée dans un coin de la pièce :


"Approche petite ..."


Sa voix est dure, mais il pointe du doigt le fauteuil :


"Assied-toi ... Que l'on commence ..."

HRP:

Je marque un temps d'arrêt lorsque j'entre dans la salle. Je parcours du regard la pièce aux murs blancs et capitonnés avant de poser le regard sur la chaise au fond de la pièce puis le fauteuil en face d'elle. Je plisse les yeux en me demandant combien d'ennemis de l'alliance étaient déjà passés ici puis combien en étaient ressortis en vie. Est-ce qu'il s'agit d'une épreuve de résistance à la souffrance? Est-ce que je vais être torturée pour prouver que je sais garder des informations? Un bruit sourd puis un bruit de verrou m'indique que la porte a été verrouillée derrière-moi et que je dois faire face à mon destin. N'ai-je pas été entraînée dans le but de devenir plus puissante? Aujourd'hui il est temps de prouver ce que je vaux, ce que je suis et ce que je peux devenir. Mon regard glisse sur un homme dans un coin de la pièce puis sur ses vêtements et les armes qu'il porte. Ce type ne m'inspire pas confiance mais mes états d'âmes n'ont pas leur place ici. Tout ce qui compte c'est la réussite!

L'examinateur - le bourreau? - se tient dans un coin de la pièce et m'accueille d'une voix grave parfaitement mesurée. Ce shinobi - je pense qu'il l'est en tout cas - me demande d'approcher en me qualifiant de petite. En d'autres circonstances j'aurais sûrement précisé que je n'étais plus une gamine mais l'effronterie ne me sera d'aucun secours, je le sais. Je n'ai plus le choix, je dois aller de l'avant. C'est donc d'une démarche qui se veut assurée et décontractée que je m'approche du fond de la pièce en me remémorant les enseignements de ma maîtresse.

*Reste calme et concentre-toi! La peur et la précipitation sont mauvaises conseillères! Le salut réside dans la maîtrise de ses émotions!*

L'homme m'indique le fauteuil et me demande d'y prendre place, ce que je fais sans hésiter ou presque. Je m'allonge de tout mon long tout en écartant mes cheveux de mon visage. Je pose ensuite mes mains sur les accoudoirs avant de remarquer que je les sers avec une force suffisante pour blanchir mes articulations. Je ferme alors les yeux avant d'inspirer puis expirer lentement dans le but de calmer les battements de mon coeur. Est-ce que j'ai peur? Oui! Seul un fou appréhenderait cet examen avec une confiance absolue. Est-ce que je compte me laisser gagner par ce sentiment? Non!

Je tourne mon regard rougeoyant vers l'examinateur quelques instants pour voir ce qu'il va faire mais me ravise bien vite pour contempler le plafond. Mon visage reste impassible mais mes pensées s'emballent lorsque j'imagine différentes possibilités quant à ce qui m'attends. La plupart riment d'ailleurs avec souffrance... Mais encore une fois je me rappelle des paroles réconfortantes de ma maîtresse, de ses sourires et du signe de la victoire qu'elle a adressé aux membres de l'équipe avant que les portes ne se referment. Un léger sourire apparaît alors sur mes lèvres sans même que je m'en rende compte.

- "Je suis prête!" murmurai-je simplement sur un ton qui se veut assuré.

Je m'étais attendue à à peu près tout mais certainement pas à faire un choix entre deux aliments. J'aurais certainement levé un sourcil sceptique à l'attention de mon examinateur si je pouvais encore poser le regard sur lui. J'étais forcément dans un Genjutsu puisque je ne l'avais pas vu m'injecter une quelconque drogue ou me faire respirer un gaz hallucinogène. Mais je n'était pas pour autant certaine que ça soit une bonne chose. Les illusions avaient ce don pour vous faire vivre des choses extraordinaires et ses seules limites étaient l'imagination. Mais je pouvais sûrement m'estimer heureuse de voir une bête pomme et un steak appétissant au sommet de colonnes plutôt qu'une nuée d'adversaires. Pour le moment il semblait que l'épreuve se limitait à un choix et non pas à un exercice de force ou d'endurance.

Mais un choix pouvait parfois se révéler compliqué et plus encore lorsqu'on ne savait pas où il allait vous mener. Je tentai de me lever et rien ne sembla m'en empêcher. Je jetai des regards autours de moi à la recherche de l'homme que j'avais vu en entrant dans la salle mais il n'y avait plus que moi pour l'instant. Un étrange sentiment de béatitude s'insinua en moi sans que j'arrive à le repousser. J'étais consciente d'être dans une illusion et d'être toujours dans cette salle avec l'examinateur. Mais ce n'était pas la question pour l'instant. J'avais un choix à faire et je ne pouvais pas y couper. J'essayais tant bien que mal d'imaginer ce que le choix de l'un ou l'autre des aliments signifierait. La pomme était parfois le symbole de la genèse dans certaines cultures ou celui de la désobéissance. Je me souvenais de ma mère qui me racontait des contes au sujet d'une pomme empoisonnée lorsque j'étais enfin mais ces souvenirs étaient plutôt vagues après toutes ces années. Ce fruit semblait parfait, appétissant, savoureux. J'imaginais déjà son jus me couler dans la bouche et le plaisir que j'en tirerais...

Je n'avais jamais craché sur un bon steak non plus, spécialement lorsqu'il dégageait un fumet comme celui-ci. Je me sentis saliver à la simple idée de plonger mes dents dans cette chair dont la cuisson semblait excellente. Mais il ne fallait pas se fier uniquement à l'instinct dans ce genre de cas et encore moins se laisser guider par des envies basiques. Avant de faire un choix, il fallait savoir exactement de quoi il en retournait. L'habit ne faisait pas le shinobis et si ces deux aliments semblaient aussi appétissants l'un que l'autre, se fier uniquement à leur apparence aurait sûrement été une grave erreur. Je décidai donc de rejoindre le sommet de la colonne de droite, celle où se trouvait la pomme. Je la saisis alors et mordit dedans avant de répéter la même opération avec le steak quelques instants plus tard. Je retournai ensuite sur ma chaise et réfléchit en silence quelques instants sur la symbolique de ces deux aliments.

- "Je choisis la pomme!"

Cette dernière symbolisait à mes yeux une certaine forme de pureté, de perfection. Et si certain s'accordaient à dire que les végétaux étaient vivants, il n'en restait pas moins qu'ils n'étaient pas vraiment à mes yeux. Du moins pas au sens conventionnel. Le steak quand à lui avait coûté la vie à un animal. Ce ne fut pas mes goûts qui me poussèrent à faire ce choix mais bien mes convictions. Entre deux maux, deux souffrances, il fallait toujours choisir le moins pire. D'un autre côté je n'étais pas certaine qu'il y avait une bonne et une mauvaise réponse mais j'étais curieuse de savoir ce que ce choix impliquait...

Je ressentais du plaisir pour la première fois depuis que j'avais pénétré dans cette salle d'interrogatoire. Enfin, d'examen... Le décor se mit à tournoyer autours de moi tandis que les deux grandes colonnes se désagrégeaient pour laisser place à un environnement bien plus naturel, moins aseptisé. Les murs blancs capitonnés laissèrent place à une forêt. Une forêt tellement grande que je n'arrivais pas à en discerner ses extrémités, quelle que soit le côté où mon regard se tournait. Je pouvais sentir les odeurs végétales qui venaient flatter mon nez et la fraîcheur qui se dégageait d'une immense cascade qui s'écoulait au loin tandis que des cris de chauves-souris venaient flatter mon ouïe. Quelques papillons voletaient au dessus du sol où racines, terre et petites plantes s'entrelaçaient dans une harmonie apaisante. La nature était décidément la seule à pouvoir atteindre un tel degré de perfection...

Pour un peu j'avais presque oublié qu'il ne s'agissait que d'un Genjutsu et que ce que je voyais - non, ce que je croyais voir - n'était rien de plus qu'un artifice de l'esprit. Mais cette illusion était plaisante et je ne pus m'empêcher de me fendre d'un léger sourire tandis que mon regard brillait d'un émerveillement que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Je me demandai alors si un tel lieu existait en ce monde et me promis de m'y rendre si je le trouvais. La voix de l'examinateur qui surgissait de nulle part me ramena bien vite à la réalité: je n'étais pas ici pour du tourisme mental mais bien pour réussir les épreuves qu'on dressait sur mon chemin. Pour le moment ceci dit, je n'avais pas vraiment à me plaindre. Il s'agissait surtout de suites de choix et j'appréciais énormément tout cela.

Cette fois encore il s'agissait d'un dilemme, à savoir choisir entre la patience et la curiosité. Rester sur place ou succomber à la tentation de parcourir ce magnifique environnement. La patience était clairement l'une des mes vertus mais ça, l'examinateur le savait déjà. Je me doutais bien que les responsables de l'examen disposaient de dossiers complets sur les candidats qu'ils étaient chargés d'examiner. Cet étrange shinobi qui m'avait été assigné devait connaître mes points forts et mes faiblesses, mes qualités et mes défauts. Par conséquent il s'attendait certainement à ce que j'agisse en adéquation avec mon caractère. Autrement dit, il avait certainement prévu que je fasse preuve de patience et attende. Et moi, j'aimais énormément prendre les gens à contre-pied. À supposer, encore, qu'il soit possible de surprendre un homme de cette trempe...

- "C'est malin!" lâchai-je simplement tandis que mon regard pétillait de malice. "Très malin même!"

Que je choisisse l'une ou l'autre des possibilités, l'examinateur avait de toute façon anticipé mes choix. Il avait un coup d'avance sur moi et ce, quoi que je fasse. À moins que... Je joignis mes mains pour effectuer une série de mudras et vit avec satisfaction cinq répliques de moi-même apparaître devant moi dans des gerbes de fumées.

- "Je choisis la patience ET la curiosité!" fis-je simplement en sachant pertinemment que l'examinateur entendait mes paroles.

D'un geste de la main, j'envoyais mes clones parcourir les environs. S'ils mourraient, les informations visuelles se coupleraient à ma mémoire. S'ils réussissaient à éviter d'éventuels pièges, je n'aurais qu'à les dissiper pour arriver au même résultat. Ainsi je pouvais explorer et attendre en même temps. Aucune règle n'avait été fixée et j'estimais ne pas enfreindre un quelconque code en agissant de la sorte. Je m'assis ensuite en tailleur et joignit mes mains à mes genoux avant de prendre une longue inspiration et fermer mes yeux. Pour autant je restais attentive à mon environnement, m'ouvrant à lui. La méditation avait également le don de faire perdre la notion du temps. Si je devais attendre, autant que ce soit dans les meilleurs conditions...

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis en train d'attendre, ni même si je vais devoir le faire encore longtemps. Les yeux clos, le visage serein, je me concentre sur le bruit des oiseaux et celui du vent dans les feuillages. J'essaie de me vider l'esprit mais je n'y arrive pas. Trop de choses viennent perturber ma méditation: l'objectif d'une telle épreuve, ma réussite de l'examen, les attentes du shinobi chargé de m'évaluer... Toutes ces questions parcourent mon esprit et m'empêchent de faire abstraction de mon environnement. La peur de décevoir Yuki-senseï reste sous-jacente mais je m'inquiète également pour mes coéquipiers. Van en tête, évidemment. C'est de lui que je me sens le plus proche au sein de notre trio. Mais je me fais également du soucis pour Sahori même si je me demande pourquoi. Malgré nos divergences de principes, elle fait partie de la famille Tsukimi...

Je fronce légèrement les sourcils lorsque je sens un changement autours de moi ce qui se confirme lorsque j'ouvre les yeux. Mon environnement s'efface une nouvelle fois en même temps que les odeurs sylvestres et les cris de la faune. Enfin, pas tout à fait. De nouveaux cris remplacent les anciens et je me redresse lentement, les sens en alerte. Est-ce la suite de cette épreuve de patience ou une partie de l'examen qui commence? Je reste immobile tout en attendant d'éventuelles instructions qui ne tardent pas à venir. J'écoute attentivement la voix sourde de mon examinateur qui m'indique qu'il est temps de sortir. Je m'exécute, docile...

Je me retrouve face à trois singes avec autant de positions différentes. C'est la première fois que je vois ces animaux pour de vrai et je suis frappée par le semblant d'humanité que je peux décrypter dans leur regard. Enfin dans ceux de deux d'entre eux puisque le troisième se masque les yeux. Un frisson remonte le long de mon échine tandis que la voix du shinobi étrange se fait à nouveau entendre pour m'intimer l'ordre de faire un choix. Si j'ai pu plus ou moins contourner les instructions jusqu'à maintenant, je sens que cette fois je vais devoir porter mon choix sur une seule décision. Une seule...

J'observe longuement le premier singe, celui qui cache ses yeux derrière des pattes qui ressemblent davantage aux mains d'un humain que celles de ses homologues du règne animal. Je réfléchis à la symbolique d'une telle position. Que peut-elle bien signifier? Le désir de fermer les yeux sur ce qui l’entoure? Les yeux peuvent parfois tromper leurs possesseurs puisqu'ils vous empêchent parfois de vous concentrer sur l'essentiel. Il s'agit de voir au-delà des apparences et ne pas se fier à ce qui semblent évident...

Je déplace ensuite mon regard vermeille pour observer le second primate qui, lui, se tient les oreilles. Comment interpréter ce signe? Peut-être pas le désir de se murer dans l'ignorance? De ne pas tenir compte de l'avis des autres et de persévérer dans la voie que l'on s'est tracée? Un refus de remettre en question ses valeurs ou simplement d'accepter le dialogue avec les autres? Celui-ci ne m'inspire pas confiance et je passe directement au troisième.

Le singe en question se recouvre la bouche de ses mains et il m'inspire directement la discrétion. Le désir de garder des informations, de favoriser le silence aux paroles inutiles ou dangereuses. Mais je me demande également s'il ne symbolise pas la solitude ou plus simplement le désir de se couper des autres. J'hésite longuement entre ces deux options et pousse finalement un léger soupire en me rendant compte que ce choix en apparence anodin est bien plus complexe qu'il n'en a l'air...

- "Vous ne me facilitez pas la tâche hein?"

Je me fends d'un autre léger sourire en me disant que la difficulté n'est qu'une autre manière de progresser. La facilité ne mène à rien sinon à la complaisance. Est-ce que j'aurais préféré un choix facile? Non, vraiment pas! De longues minutes s'écoulent pendant lesquelles je passe mon regard sur un singe puis l'autre. On ne m'a pas donné de temps pour prendre ma décision et je compte bien donner ma réponse une fois que je serai certaine de mon choix. Et tant pis si je me révèle être la Genin la plus lente dans ses décisions. Une demi-heure puis une heure complète s'écoule sans que j'en ai vraiment conscience. Je m'assois en face des primates et ferme les yeux comme pour mieux me concentrer. Et lorsque je les ouvre après une dizaine de minutes supplémentaires, un autre sourire se dessine sur mes lèvres: une subtilité m'avait échappé jusque-là.

- "Il ne faut pas les considérer individuellement mais bien en temps que trinité. Seuls, leurs positions n'ont aucun sens. Ensemble, en revanche..."

Je murmure plus pour moi-même que mon examinateur même si je sais qu'il saisit mes propos. Après tout n'est-il pas dans la salle d'interrogatoire que je n'ai pas quittée, juste à côté de moi? Je me redresse et me passe une main sur le menton avant de m'approcher des trois singes. Je m'arrête devant celui qui se masque les yeux:

- "Il y a ceux qui ne voient rien, écoutent les autres et en parlent." Je désigne ensuite le second. "Il y a ceux qui voient des choses et en parlent, mais n'écoutent pas ce qu'on leur dit!" Je termine ma petite trotte devant le dernier, celui qui se tient la bouche. "Et finalement il y a ceux qui voient et entendent des choses mais n'en parlent pas..."

Tout semble s'éclairer à présent. Mon choix doit se porter entre l'aveuglement, l'ignorance et la discrétion. Et de ces trois mots, un seul me semble représenter une qualité. C'est donc d'une main assurée que je désigne le primate qui a les mains sur sa bouche.

- "Je choisis celui-ci!"

Puis je laisse tomber mon bras le long de mon corps et attend une réaction de la part de mon examinateur...

La quiétude de la mise en scène avec les trois singes laissa rapidement place à une véritable scène de bataille. Des cris, de la souffrance, du sang... Si les tableaux précédents étaient calmes et placides, maintenant c'était au tour de la fureur de la guerre de s'exprimer. Je n'ai guère le temps de m'attarder sur les propos de mon examinateur qui me dit que ma voie semble toute tracée. Qu'est-ce que cela peut bien signifier? Est-ce que mes choix précédents ont déjà décidé de mon avenir? Mais je n'ai guère le temps de m'attarder sur ses paroles que déjà un nouveau choix m'est posé. Me battre? Aider? Observer?

Je n'ai pas non plus le temps de réfléchir à ce nouveau choix qui s'offre à moi que déjà des ennemis semblent remarquer ma présence et se dirigent vers moi. Mais la dernière phrase du shinobi m'aide toutefois à choisir ce qu'il convient de faire: cette situation au Shozaichi? Avant toute chose il convient de se débarrasser des ennemis qui s'en prennent à la capitale de l'Alliance, au centre névralgique de la nation que j'ai adoptée et qui m'a accordée sa confiance en retour. À quoi bon aider les plus démunis si pendant ce temps ces assaillants causent des ravages supplémentaires? Quant à l'inaction, ce n'a jamais été une option. Je ne prends pas le temps de répondre à mon examinateur et me rue sur l'adversaire le plus proche avant de lui enfoncer avec rage un kunaï dans la poitrine à de multiples reprises. Je suis toujours consciente d'être dans une illusion mais le sang chaud qui gicle alors sur mon visage ne m'a jamais semblé aussi réel. Mon adversaire est encore debout même si la vie l'a déjà quitté et je l'allonge pour de bon d'un coup de pied au pleine poitrine. Juste à temps pour éviter l'assaut d'un second ennemi grâce à bon souple en arrière.

Je me réceptionne en m'aidant d'un bras pour amortir ma chute avant de décocher une volée de shurikens contre mes assaillants pour les retenir. Puis je recule en parant leurs assauts furieux jusqu'à rejoindre une petite ruelle qui m'offre l'avantage de pouvoir les affronter un par un. Je ne suis pas la shinobi la plus douée de ma génération, loin de là. À la fureur de mes adversaire, j'oppose la ruse. Je me baisse pour éviter un coup de katana qui m'aurait certainement tranchée en deux et réplique d'un coup rapide au niveau de la gorge, comme j'aime le faire. Puis je décoche un grand jet de cendres devant moi pour ralentir les assaillants, le temps d'invoquer cinq clones katon qui se ruent sur ces enfoirés.

Encore une fois je sais qu'il s'agit d'une illusion mais mon corps n'en semble pas vraiment conscient. Je ressens l'adrénaline, la peur et l'excitation. Le tout mélangés pour procurer ces sensations que seuls les combats sont à même de soulever. Je ressens du plaisir à ôter la vie et je devrais sûrement m'en sentir coupable. Mais tuer pour de bonnes raisons, n'est-ce pas alors justifiable? Je ne peux pas m'attarder plus longtemps sur ce cas de conscience car mes assaillants ne me laissent pas de répit. Nous nous déchirons mutuellement. Ma chaire est tranchée à de multiples reprises mais je me sers de la douleur comme d'une motivation supplémentaire. Le temps se déforme alors que j'en perds la notion. Il n'y a plus que ces adversaires et moi, le reste semble tellement seconde que j'en fais abstraction naturellement. J'oppose la douleur à la douleur, la force à la force et la violence à la violence. Et je me sens totalement en adéquation avec mes principes en agissant de la sorte.

Mes muscles protestent alors que j'inflige un dernier coup de lame à un adversaire avant d'effectuer des mudras pour créer un grand arc de flammes à l'horizontale devant moi. Le trait qu'il décoche embrase l'air à une vingtaine de mètres devant moi, au centre d'un groupe d'ennemis qui se fait consumer par ce feu purificateur. Le tumulte de la bataille s'atténue. Je sais qu'il y a encore des affrontements plus loin puisque des cris et des bruits de lames s'élèvent encore autours de moi. Mais je n'ai plus d'ennemis à portée et je crois que j'ai ainsi fait ce que l'on attendait de moi. Non, en fait, ce que j'attendais de moi-même...

- "Je suppose qu'il est inutile de préciser le choix que j'ai fais?"

Ma voix est un murmure dans laquelle transpire la fatigue, la douleur mais également la conviction de mes principes. Je pose un genoux à terre et joint une main à mon épaule lacérée, attendant avec impatience que le décor s'estompe une nouvelle fois pour me placer face à un nouveau dilemme. Ai-je réussi?