Par une journée d’été somme toute banale, le vent soufflait dans les branchages des arbres faisant danser les feuilles au gré de ses caresses. La mélodie associé à l’écoulement de l’eau dans la fontaine située au milieu du chemin menant jusqu’à la demeure familiale manquait à Rei dans son petit appartement en ville, bien que celui-ci lui offre des avantages indéniables tels qu’une totale liberté de rythme de vie. Toutefois il s’était lui-même imposé des horaires afin de poursuivre son entrainement afin d’améliorer son maniement des armes et des arts tels que l’Iaijutsu. Le jeune homme n’avait pas croisé son maître d’épée depuis les jours précédents la conquête, bien qu’il fasse un bref rapport lors de son retour de la mission spéciale à laquelle on l’avait assigné. Cependant il avait perfectionné la technique que Kentaro lui avait transmise au point de la maîtriser aussi bien que celles faisant partie de son panel. Il restait encore du chemin à parcourir à Rei avant de pouvoir prétendre maîtriser complètement l’art du Kenjutsu, mais il était en bonne voie et travaillait durement en ce sens.

Ce jour-là, après s’être réveillé nostalgique mais d’étendu de son sommeil, ce dont il n’avait pu profiter depuis bien longtemps, il se prépara rapidement afin de s’entrainer dans le parc dans lequel il avait l’habitude de se faire. Préparant son matériel comme à l’accoutumé, il emporta avec lui son épée, des katanas en bois et une tenue de sport appropriée.

Rei habitait au neuvième étage de sa résidence, situé en centre-ville. De cette hauteur il surplombait bon nombres de toi des quartiers riches et commerçants. Longeant la barrière qui protégeait le chemin, il descendit les escaliers puis se dirigea vers l’aire de repos en question. Quand il y arriva, il posa ses affaires au sol puis commença de simples échauffements avant d’attaquer ses katas. Le jeune homme prit alors une de ses épées d’entrainement, puis se mis en garde. Dégainant d’un geste propre et épurée son sabre du fourreau créer à l’aide de sa main gauche, il fit tranche diagonale vers le haut puis se remit en garde avant de trancher une nouvelle fois son adversaire. Ses enchainements continuèrent plusieurs minutes, alternants coups d’estocs, de tranches et d’arts martiaux, terminant sur un dernier coup de Kendo. Essoufflé, Rei but une gorgée de sa gourde puis s’essuya avant de s’assoir sur l’un des bancs mis à la disposition des passants. Levant les yeux au ciel afin de profiter du ciel dégagé, le vent commença à bercer ses idées tout en séchant son corps transpirant d’effort. Fermant les yeux afin de profiter pleinement de l’ambiance qui se dégageait, sans personne autour pour le déranger.

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Apaisé, Rei sombrait dans une profonde méditation. Cette douce saveur que de connaître l’apaisement, bien que ce ne soit pas encore la plénitude ou la paix dont il rêvait temps. Le jeune homme ne se laissait pas d’apprécier ses moments solitaires, dont il avait maintenant la possibilité de vivre. Aussi loin qu’il puisse remonter dans ses souvenirs, il ne parvint à se souvenir d’un tel sentiment que dans sa plus tendre enfance, alors que sa mémoire peinait encore à se former, bercer dans l’illusion protectrice de ses parents. Jusqu’à lors, seul la sensation de Aoji’ lui permettait ainsi de fermer les yeux sereins.

« Une voix d’homme le tira de ses pensées bercées au gré du vent. Une voix qu’il attribua à Kentaro Hattan, son maître d’épée et actuel Miukage. »

« Bonjour Mizukage. »

Comme sa réaction le montrait, alors que Rei se redressait afin de montrer un certain respect à son supérieur, la présence du Hattan était impromptue. Celui-ci lui adressa des remerciements quant à son travail, lui faisait au passage remarquer sa bonne forme. Bien qu’il prenne garde à ne jamais montrer ses vrais sentiments, son corps ne pouvait trahir ses pensées. Lui demandant s’il pouvait s’assoir à ses côtés. Agissant sans même attendre l’acquiescement du Samui, Kentaro lui expliqua qu’il avait lu son rapport de mission qu’il avait formulé lors de son retour. Mais il voulait des informations supplémentaires sur ce qu’il s’était passé sur le champ de bataille.

« Après on peut parler plus tard si tu veux, je ne veux pas déranger ton entraînement. »

« Vous ne me dérangez pas, je prenais une pause de toute façon. »

Kentaro se gratta alors la tête, signe qu’un élément semblait le déranger.

« J’aurais aussi quelques questions de nature plus… Médicale. »

« Vous préférez que nous commencions directement par ça, ou que je vous fasse d’abord mon rapport ? »

Une chose était certaine, ce sujet devait avoir de l’importance pour que le Mizukage daigne lui en parler.

« Avant que vous ne me répondiez, sachez que je suis de nature peu bavarde. Bien que je ne doute pas que vous devez posséder bon nombre d’information sur moi, je tenais à vous le dire. »

S’il y avait bien une qualité que Rei estimait, c’était sa capacité à garder le silence. Mieux que quiconque il savait ce que les hommes étaient capables de faire lorsqu’ils voulaient une information, personne ne pouvait résister indéfinitivement à une torture bien planifié. D’où la nécessité de porter un sceau dans la branche spéciale afin de ne pas compromettre les informations en sa possession. Ce n’était évidemment pas la seule explication à cela, mais cette expérience traumatisante l’avait changée en ce sens.

Kentaro acquiesça les propos de son interlocuteur d’un simple hochement de tête, puis il lui partagea son désir de recevoir les impressions personnelles sur le déroulement des opérations. Allant même jusqu’à lui demander où en était sa relation avec la jeune Gekei. Les seules explications possibles étaient qu’elle avait été vue sortante de chez lui le soir de sa promotion de Chunin, ou encore qu’elle ait raconté ce qui s’y était passé à quelqu’un ayant la langue trop pendue. La deuxième explication étant la moins probable, il avait donc être du observé d’une manière ou d’une autre. Une idée qui ne le réjouissait guère.

Enchainant sur un autre sujet, le Mizukage demanda à Rei l’état de santé de sa cousine lorsqu’ils la libérèrent des griffes Kumojins. Le jeune homme n’avait pas remarqué son absence puisqu’il n’avait pas encore pu revoir Ao’. Un froncement de sourcil en réponse à cette agaçante accumulation de nouvelles. Le Kentaro semblait avoir eu certaines discussions avec la Kaguya, puisque le rapprochement qu’il tentait d’effectuer avec le Chunin était l’une des conclusions qu’il avait tirées de celle-ci. Elle semblait lui avoir expliqué qu’il ne pouvait les traiter comme des pions, une manière de pensé qui avait ses avantages et ses inconvénients. Des pions pouvaient être utiles de maintes façons, mais ils avaient leurs limites contrairement à des Hommes de confiance. La capacité à réfléchir en fonction d’un problème, trouver une solution et la proposer afin de l’améliorer était l’une des plus importantes aux yeux de Rei, une qualité qu’il voulait développer dans l’équipe qu’il souhaitait créer.

Une courte pause suivit ses interrogations avant qu’il ne continue sur une dernière question pour le moins énigmatique. Une courte pause durant laquelle le jeune homme prit le temps de construire le discours qu’il se préparer à mener, bien qu’il ne soit pas attendu à ce que Kentaro pose une question sur les Furyous, ces âmes cherchant désespérément un hôte à soumettre selon leur volonté. Se relevant afin de marcher, habitude qu’avait Rei lorsqu’il réfléchissait, il répondit à la première interrogation du Mizukage.

« Suite à mon combat contre les Kumojins, j’ai dû effectuer deux autres missions. L’une d’observation dans le pays de la foudre où j’ai combattu contre deux Genins, la seconde sur l’île de Hai no Kuni où je m’étais cette fois-ci retrouvé face à un Mamoru. Je n’ai donc pas eu le temps de rencontrer qui que ce soit depuis mon retour. Mais pour répondre à votre question, je ne connais pas bien Kaguya Shio, puisque je ne l’ai rencontré que deux fois, la première lors de l’intervention du Samidare et la deuxième lorsqu’il me proposa un combat afin de m’entrainer en vue de notre intervention. Quant à Nodoka je m’entends bien avec elle-même si je n’irai pas jusqu’à dire que nous sommes de bon amis. Pour ce qui est d’Ao, rien à redire. Je m’entends très bien avec elle et puisque nous avons souvent eu l’occasion de nous entrainer, je pense que nous formons une très bonne équipe. »

Courte pause afin de se souvenir de l’état de son cousin lorsqu’il l’avait retrouvé, Rei continua son discours.

« Juste après que la Kumojin ait secouru son camarade, nous avons libéré les Samuis. Yuki était dans un état grave, très grave. Sans secours immédiat elle serait morte dans l’heure, je ne sais même pas s’ils auraient pu atteindre konoha en la gardant en vie comme cela. Viscères sortant de son ventre, crâne fendu, multiples plaies sur le corps, la liste est longue. J’ai rarement vu un tel acharnement, surtout sans prendre soin de conserver l’otage en vie. Elle était donc très affectée psychologiquement, je vous conseillerai de la faire aider à son retour. »

Déformation professionnelle, il ne pouvait se retenir d’une telle mise en garde, mais c’était là une des facettes de son travail.

« Pour finir, je les connais juste de nom. De ce que je sais ce sont des âmes sans corps qui recherchent un hôte, et qui scellent son âme afin de se l’approprier. Pourquoi une telle question ? »

Rei hésita un instant à continuer de s’interroger sur ce que lui cachait le Kentaro, puis il se lança décidant qu’il n’avait rien à perdre.

« Si je peux me permettre une question, quelque chose semble vous gêner dans votre dos. Une blessure ? »

Comment faire autrement que de remarquer les maux d’un Hommes lorsqu’on passe tant d’années à les étudier et les identifier ? Un technicien pourrait-il seulement ignorer un bruit ou une vibration anormale provenant d'un moteur ?

Le Samui, qui avait mis tant d’efforts dans son observation du monde ne pouvait se défaire de cette habitude si durement acquise. Une habitude qu’il tenait en haute estime. Précieuse manière d’agir que celle-ci.

Une personne, un être. Caractérisé par une personnalité et un corps. Un mode de pensée, une idéologie, des objectifs, des peurs. Une souffrance, une joie. Une expérience, une histoire. S’il y avait bien une chose qui occupait l’esprit de Rei ces derniers temps, c’était le Kentaro. Cet homme aux sens aiguisés, ses objectifs étaient flous. Vers qu’elle voie voulait-il emmener le village, jusqu’à quel point était-il lié aux conseillés et à la Kaguya. Sortit de l’ombre, il s’imposa rapidement en tant que Mizukage sans que personne n’y trouve à redire. Manquant de puissance, aussi bien politique, spirituel, et physique, y avait-il seulement une seule âme pouvant se dresser contre lui ? Une chose pourtant pouvait-être affirmée. Quelques buts que ce soient, il en poursuivait bien un. Ses décisions, ses agissements. Rien ne semblait être laissé au hasard. Rei disposait de bien peu d’éléments pour juger la personne qui se tenait à ses côtés. Il ne pouvait montrer une trop grande méfiance au risque que cela ne paraisse trop flagrant. De plus, Kentaro possédait bien plus de soutien que le jeune homme. Le premier avait en sa possession un village tandis que le deuxième devait se contenter de ses rêves.

Pour autant, Rei n’était pas le genre de personne à se morfondre dans des objectifs qu’il ne pouvait atteindre. Une volonté, celle de parvenir à ses fins, selon sa voix, ses principes. La patience, une vertu qu’il possédait, la maniant avec habilité et sagesse. Telle était la voie qu’il avait empruntée depuis ces derniers mois, un chemin qu’il savait difficile, mais qui lui apporterait satisfaction. La paix intérieure, l’accomplissement de ses efforts. Les échecs n’étaient que les prémisses d’une réussite plus perfectionné, aboutie. Une leçon de la vie qu’il se devait de retenir, afin de pallier aux prochaines difficultés. Une chose déciderait de son futur, la force de sa volonté, sa capacité à conserver sa personne tout en poursuivant sa route. La plus difficile des marches. Avancer, tressaillir, puis se relever encore et encore. Que ce soit en posant une main à terre, un genou, ou en rampant, il devait continuer d’avancer. Sans cela, Rei n’aurait pu revenir de son internement. Brisé, il dut continuer à marcher, il se devait de rentrer. De toute évidence, Hattan semblait avoir oublié ces faits.

Samui Yuki se vit confier une mission d’une importance capitale. Rester à Konoha afin d’investiguer un Furyou y étant détenu. Nouvelle non négligeable que venait d’apprendre Rei, la créature semblait avoir fait de nombreuses victimes au Pays du Feu. Vaincue de justesse par l’Hokage mourant, elle devait confirmer sa présence et la ramener à Kiri.

« Je n’étais pas au courant, je ne suis revenu au village que bien plus tard. »

Inutile d’en dire plus, il ne faisait aucun doute que son interlocuteur devait posséder toutes les informations sur ledit retour. Erreur d’inattention de sa part qui ne fit pas réagir Rei, seule la présence du Furyou l’importait. Cependant, le sujet n’avait pas été abordé dans l’unique but de discuter de la mission de la Samui. Les plaies que le Kentaro portait lui avaient été infligées par un Genjutsu. Selon ses dires, une énergie semblait s’être infiltrée à l’intérieur de son corps. Une présence, que le Mizukage attribua rapidement à celle d’un Furyou. Cependant il n’en ressentit pas les effets secondaires. Aucune voix ne se manifestait dans son esprit, seule sa présence se faisait sentir. Une entité, extrémité d’un être bien plus puissant. Roulant sa manche afin de lui présenter son avant-bras, le Kentaro se concentra afin de faire jaillir une robe de chakra rougeâtre. Ecarquillant les yeux sous la découverte d’une telle prouesse, les faits s’imposaient d’eux-mêmes. Des histoires contées dans les livres de Fuinjutsu. Des techniques légendaires, existant depuis la nuit des temps, reliques d’un passé révolu. Prenant une grande inspiration, la robe d’énergie se dessina. Un gantelet antique recouvrit alors sa main. Découverte d’une vie.

Dans les contes des sabreurs existait Seiketsu, un ancien dieu épéiste dont la description ressemblait étrangement à la forme que prenait la forme d’énergie. A son contact, toute forme de vie semblait être affaiblit, comme si elle parvenait à soutirer la force vitale de ces êtres. Parvenu à la fin de ses explications le Mizukage proposa à Rei de prendre sa main afin de confirmer ses dires. Le Samui hésita un temps à se saisir de la poignée que lui tendait le Jōnin, il se décida finalement à tendre la sienne. Lorsqu’elles entrèrent en contact, une sensation étrange et désagréable envahit le jeune homme. Au bout de quelques secondes, son souffle se fit plus lourd, ainsi que son bras. Il retira alors rapidement sa main dans un réflexe conditionné. Le doute n’était plus permis. Fermant les yeux, il forma sa pensée afin d’entamer son explication.

« Dans la religion Shintoïste est présente un certain nombre de Kami. Ceux-ci représentent bien souvent des animaux, des éléments naturels ou des créatures mythiques. Mais parfois certains guerriers parviennent à atteindre ce stade, de par leurs actes, leurs puissances et leur esprit. »

Rei rouvrit les yeux, puis fixa la brume rougeâtre entourant le bras de son interlocuteur.

« Je ne connais pas nombres d’entre eux, outre les principales divinités. Cependant je me suis énormément informé sur tout ce qui tourne autour du Fuinjutsu, voulant moi-même devenir un maître dans cet art. Je ne dirai donc pas que je suis un spécialiste, mais je possède de grosses connaissances sur le sujet. »

Prenant une longue inspiration, il lâcha un profond soupir avant de poursuivre son discours.

« Et de ce que je vois, il ne peut y avoir qu’une explication possible. Il n’y a aucune autre forme d’énergie qui puisse se manifester ainsi. Dans certains clans tels que les Mamorus, leurs membres servent de réceptacle à des démons. Les Furyous se servent d’un hôte afin de satisfaire leur obsession en les pliants à leur volonté. Cependant toutes ces manifestations sont matérielles. Celle que vous présentez là est spirituelle. C’est sur ce processus que je me suis basé pour créer l’une de mes techniques. Hijutsu, une pluie qui absorbe le chakra de toute personne se trouvant en contact avec elle. Elle se nourrit de l’énergie spirituelle des autres et de la mienne afin de prendre forme. Cet être, ce Kami suit le même schéma. En se servant de votre corps comme d’un réceptacle, il se sert de votre énergie afin de prendre forme. Il vous donnera puissance, résistance et protection en l’échange de l’énergie que vous lui fournirez. Pouvez-vous me raconter l’histoire qui précède à tout cela. Elle me permettra d’affirmer mes propos, ou au contraire de les infirmer. »