Une mission des plus intéressantes, et qui était des plus prioritaires. La guerre n’était visiblement pas suffisante ; il était inévitable que certains crétins profitent de la situation. Alors que la grande majorité des troupes était en territoire hostile, en train de risquer sa vie au nom du sacro-saint devoir, des misérables ! des analphabètes ! des congelés du cervelet comptaient bien saisir l’opportunité. Dernièrement, pillages, contrebande et trafic en tout genre proliféraient de façon effarante. Et le phénomène était désormais mondial ! Pas de doute, les forces de l’Ombre n’étaient pas à l’abri de nouvelles menaces, sans que celles-ci ne les visent directement. C’est le propre du combattant inconnu de tous : il est contraint d’être détesté par tous, sans même savoir de qui vient l’attaque.
Et pour la même raison, Kakeshuou Samui ne comptait pas rechercher cet ennemi précis. Il se bornerait à accomplir son devoir, et à éliminer toute personne ciblée ou opposée à l’ambition du Village caché de la Brume. Une fois ses batailles livrées, il était retourné au village natal et avait pansé ses plaies, attendant patiemment qu’on lui attribue une nouvelle mission. Il savait pertinemment qu’elle ne tarderait pas. Dans un affrontement aussi dense que celui-ci, il était clair que des régions entières seraient saisies, basculant dans un camp pour bénéficier de sa protection, et subissant ainsi la colère de l’adversité. Les seules qui choisiraient la neutralité devraient endurer le courroux de chaque nation de ce monde, voire pire : un troisième monde, hors des lois et des normes, ne respectant aucun ordre et prêt à créer son propre système pour renverser la logique et le raisonnement humain.

C’est dans ce cadre précis que la mission fut présentée à notre homme. Dans le cadre de la guerre, il semblait que le Pays des Rivières subissait cette influence néfaste de la guerre. Immense contrée traversée de nombreuses rivières, et située entre les puissants Pays du Feu et du Vent, Kawa avait, cette fois-ci, un grand désavantage. En contact direct avec le Grand Océan, les nombreuses embouchures qui ouvraient ce pays à l’horizon maritime jouaient aujourd’hui comme une Épée de Damoclès. De ces nombreux fleuves et leurs affluents, de nombreux navires et autres caravelles remontaient les flots, vomissant les rejetons de l’Enfer qui les peuplaient sur les rivages, afin de martyriser toute personne innocente se trouvant dans les parages. Depuis les Grandes Guerres qui avaient vues les naissances des grandes nations militaires, les petits villages avaient souffert d’une cruelle concurrence déloyale, les conduisant irrémédiablement au déclin, puis à leur disparition. Résultat des courses : face à une menace pourtant mal organisée, ces faibles contrées n’avaient plus les ressources humaines, économiques et militaires de pouvoir résister. La piraterie était devenue endémique.
Ici, de toute évidence, il y aurait confrontation dans cette nouvelle requête du pouvoir. Il fallait agir contre une bande de trafiquants, à la carrière sinistre de brigands des mers, et aux activités des plus diversifiées. Il n’y avait pas grand-chose à savoir de toute évidence, si ce n’est que le passage de la drogue était fait de façon bien particulière … . Mais nous reviendrons sur ce point ultérieurement. Pourquoi cette mission ? Après tout, le Ninja n’a pas à se la poser. Mais ici, il était évident du « pourquoi » et du « comment ». En intervenant, les troupes de Kiri mettraient fin à un dangereux trafic qui pouvait, à terme, menacer les frontières déjà poreuses du Pays du Vent. Mais plus que cela, venir en aide à ces crève-la-faim du Pays des Rivières serait un moyen comme un autre de s’attirer les bonnes faveurs des populations locales, et – qui sait ? – d’installer ainsi une base militaire avancée aux frontières du Pays du Feu pour une éventuelle invasion. Dans un contexte de conflit mondial comme le notre, on ne peut que soupçonner toutes les ouvertures comme une opportunité guerrière de grande échelle.

En revanche, un détail pour le moins contrariant en la circonstance. Malgré une mission d’une telle difficulté, il semblait que notre quinquagénaire était seul sur le coup. Depuis quand envoyait-on un homme, aussi puissant et déterminé soit-il, sur une mission de cette envergure ? Il n’avait certes peur de rien, cela ne l’empêchait pas d’être prudent ! Emportant le matériel nécessaire à cette entreprise à venir, avec un petit plus qui ne serait pas un mal, notre homme avait envoyé une missive à un allié potentiel. Pour cette occasion spéciale, notre homme espérait bien trouver un intérêt commun aux deux hommes d’affaire. Si lui était un soldat fidèle obéissant aux ordres, son partenaire occasionnel pour cette mission était un marchand de mort expérimenté en tout point dans ce domaine. De quoi faire un duo de choc, pour une danse de la mort des plus macabres. Le message envoyé, le barda rassemblé, les prochains pas de notre vétéran de guerre le mènerait sans faute à sa destination.
Notre ami avait pris la mer, pour atteindre Kawa no Kuni. Étant donné le contexte de la mission, ce n’était certainement pas le plus futé ; les corsaires pouvaient à tout moment prendre son frêle vaisseau à l’abordage. Mais c’était une chose qu’il pouvait se permettre, et contre laquelle il pourrait lutter. A l’inverse du Pays du Feu dans lequel il ne pouvait se permettre de rentrer sans risquer d’être pris en chasse. Kakeshuou ne pouvait se permettre ce genre de frivolité : la mission passait avant tout. Après deux semaines en mer, à manger des graines et du poisson, et à éviter le soleil agressif qui matait sa peau. Arrivé à bon port, l’homme s’était fait dans un premier temps discret, attendant une opportunité pour obtenir des informations … et attendant son allié.

C’était donc le troisième jour qu’il était sur place. Il avait obtenu quelques informations sur ces fameux pirates qui écumaient la région. En l’occurrence, ces hommes étaient plus stratégiques, plus organisés que ne le laissait penser les bruits. Intervenant par quatre vaisseaux bien équipés et armés, il s’agissait de trois galères et d’un navire de type « galion » à la coque plus imposante. Pour le butin peut-être ? Quoi qu’il en soit, ce groupuscule attendait un temps pour pénétrer profondément dans l’affluent le plus proche, et déverser ses hommes sur les lieux, pillant et éliminant si cela était nécessaire. Plus que cela, une rencontre semblait fréquemment prévue avec un autre groupuscule du Nord, qui reposait davantage sur la frontière avec Hi no Kuni. De bien étonnantes dispositions … .
Aujourd’hui sur ce pic rocheux, observant le lointain, Kakeshuou Samui ne portait pas son attention sur les allés et venus des vagues. Lui préférait porter toute son attention sur ces deux navires non loin, à voilure noire et sans pavillon identifié. Deux embarcations pirates, à n’en point douter. Il était prêt à intervenir, mais il attendait encore quelque chose. Et une ombre dans son dos lui indiqua que tous les critères étaient rassemblés.

~ Tu as pris ton temps pour venir ! … Mais je me doutais que l’affaire t’intéresserait … . Tu es prêt à intervenir ?

Étant rejoint par son partenaire, Kakeshuou Samui scrutait désormais ces vaisseaux au loin comme un conquérant. Maintenant qu’il avait un allié à disposition, il y avait moins de risque pour les évènements qui suivraient. S’il craignait d’être seul face au danger ? Que nenni, notre homme n’est point jouvenceau sans rien dans l’futal ! En revanche, s’il avait appris une chose ces derniers jours où il avait porté son enquête auprès du voisinage, c’est qu’il n’était pas le premier que l’on avait envoyé contre eux. Et, en l’occurrence, tout laissait à penser que les troupes dépêchées par différentes Nations Ninja n’étaient pas parvenus à vaincre cette pitoyable bande de maraudeurs. En avait résulté dans un premier temps une reconsidération du niveau de la mission, et l’envoi de personnes qualifiées et déterminées, prêtes à tout pour accomplir leur mission.
Observant la coque se laissant frapper par les flots, il avait vu juste avec cette présence dans son dos. Trois jours : un délai encore acceptable. Après tout, on ne pouvait trop parier sur un homme capable de déserter son village pour ses propres objectifs. L’homme rusé, le vrai, l’unique ! est celui qui est capable de concilier intérêts du village, de son Clan, et ses penchants personnels. Mais peu importe, car ne pas être attaché ou contraint par un élément tiers faisait de cette personne un allié de choix. Il pourrait l’assister à tout instant, tant que sa liberté ou sa vie n’étaient pas menacées. Une situation des plus acceptables, n’est-ce pas ? Et le fait que cet homme soit un religieux ne gâchait pas le fait qu’il était avant tout un sanguinaire coéquipier. Rien ne l’arrêtait, et probablement pas même la mort ! Il aurait tout donné pour accomplir sa destinée et ses objectifs, sous des prétextes proto-païens, déterminé à faire du mieux qu’il pouvait. Et Kakeshuou Samui n’avait besoin de rien d’autre.

~ Ton humour ne change pas … . Tu sais bien que tu es lié à moi par un pacte. Contente-toi de menacer « mes ouailles » comme tu le dis, plutôt que de t’en prendre à elles. Tu sais pertinemment ce qui t’attend si tu brises notre contrat … .

Des paroles dites sur un ton certes froid, mais le contenu restait sincère ! Après tout, ces deux hommes n’avaient-ils pas conclu un accord : la liberté et la libre circulation contre le respect de la loi et des citoyens du Pays de la Neige ? Une fois le Samui hors du Gouvernorat, aucun problème, le Nuke-Nin agirait comme bon lui semblerait. Mais pour le quinquagénaire, le respect d’un engagement était plus profitable que de l’argent ou la gloire. Une parole donnée et non observée ne méritait autre chose que les cordes vocales tranchées et la vie perdue. Tout est question d’échange équivalent. Il n’y a pas d’autres alternatives dans un monde aussi complexe et lugubre que celui d’un Ninja.
Mais tout cela n’était que provocation. Non seulement le Lion des Neiges n’en doutait pas, mais il savait qu’il devait cultiver cette relation telle qu’elle existait déjà pour que l’équilibre soit maintenant. La joute verbale et la menace salivaire était ce qui tenait ces deux hommes unis. Hormis cela, une seule chose les empêchait de se livrer à leurs plus bas instincts : la guerre et la danse du sang. Et c’était bien sur ce thème que notre homme comptait jouer … .

~ Je ne peux pas te fournir cinquante corps, mais la guerre est faite pour ça dans ton cas : je compte sur toi pour te débrouiller … . En revanche, voici devant toi de quoi remplir tes malles et autres laboratoires d’expériences … .

Pointant du doigt le frêle esquif qui restait au large de la côte, Kakeshuou Samui avait bien conscience qu’en indiquant cette embarcation à un homme qui, jusqu’à présent, s’était endigué dans le sang et la furie guerrière, il avait condamné à mort tous les occupants, qu’ils soient pirates, otages et même enfants. Peu importe. Sa mission était simple : éradiquer ! Il n’avait pas à faire dans les douceurs ! C’était un soldat ! Il était né pour cette mission aujourd’hui, comme il était né pour celle d’hier et de demain. Rarement le sang n’avait-il bouilli en lui, Ô grand apôtre du devoir et du sacrifice de soi ! Il deviendrait donc l’ange de la mort, celui qui ferait couler le sang et changerait les teintes de la mer. Il imprimerait ses méthodes sur leurs chairs et frapperait les esprits par sa détermination. Il deviendrait l’homme froid et insensible qui avait traversé toutes ces guerres. Il deviendrait … un véritable Lion des Neiges !
Se tournant vers son camarade de massacre, il était clair que désormais, il n’y aurait plus aucune discussion pour la suite. Ses yeux à eux-seuls laissaient clairement transparaître ses pensées. Il était plus que temps d’entrer en action. Pour l’heure, la plus grande difficulté serait de parvenir jusqu’au bateau. Mais une fois à bord, tout cela ne serait que batifolage et flirt avec la mort. Ses pupilles glaciales avaient embrassées la couleur de la neige en jour de brouillard : il était fin prêt.

~ Vois comment tu comptes y aller. Je prends les devants.

Tournant de nouveau le dos au guerrier rouge, le vieux briscard laissait sur place Yanosa Oterashi et plongeait tête la première dans le vide, laissant son corps se précipiter vers les rochers et la mer en contrebas. 30 mètres … 15 mètres … 5 mètres ! … Et dans ce dernier intervalle et laps de temps, l’homme en suspend dans les airs frappait le vent et présentait ses mains comme pour amortir sa chute. L’instant d’après, une puissante vague de froid saisissait les lieux, alors qu’un toboggan de glace prenait forme pour adoucir la dégringolade et accorder au skieur professionnel une rampe idéale pour couvrir une longue distance. Nul doute qu’il serait difficile pour notre homme de geler la mer : le sel était un problème. Mais quand on y met la quantité de chakra nécessaire, il est possible de faire bien des choses. En avant pour la tuerie.
Sur le navire, les hommes attendent, presque blasés, la fin de la journée. Ils sont une petite trentaine, à attendre, à jouer. Espérant qu’ils pourraient être ceux à retourner à terre le lendemain. Ils jouent aux dés, aux cartes, se racontent les dernières razzias et leurs maigres faits d’arme. Mais ils sont fiers : ils parviennent à terroriser la région, et le chef est assez fort pour tenir tête à des soldats d’élite. Excellent, ils pourront continuer sur ce train de vie, rythmé par la facilité et le petit plaisir personnel, pendant bien des années ! Aucune chance qu’on ne leur oppose la moindre résistance ! Le dernier village a même accepté de leur ouvrir ses portes, en échange d’un tribut et de la sécurité de ses citoyens. Ce qui a été fait ; sauf pour la part d’engagement de la troupe, bien sûr ! Une vraie boucherie, pas vrai les copains ?

Le navire tangua d’un coup, basculant d’un côté de façon affolante, et menaçant de se retourner dans les flots. Sous la peur, l’équipage fut renvoyé contre le bastingage, certains se cognant violemment la tête. Nom d’un chien, quelle était cette mauvaise farce ? Quelle force mystérieuse avait bien pu agiter le bateau ainsi ? Cris de peur comme de douleur, avant un mystérieux calme. Les hommes se relèvent, presque tous portant leur main à la tête. Oui, leur crane est toujours là … . Un grand nombre regarde par-dessus-bord : sans doute un animal entré en collision ?
L’un des plus jeunes membres se retourna pour voir le reste du navire. Mais il tomba nez à nez avec une grande silhouette. Chevelure blanche et ébouriffée, corps puissant, et vêtu ma foi bien soigneusement avec un splendide kimono. Un sabre sorti, mais le jeune n’y prête même pas attention ; son regard est capté, saisi par la force de caractère dégagée par ces yeux. Un abyme sans fin, d’une froideur sans limite.

~ Bonjour, petit lapin …

La tête vola hors de son tronc.

~ Au revoir, petit lapin …

Spoiler:

Au revoir. Adieu. A une prochaine fois. Arrivederchi. On se voit en Enfer.
Chacune de ses formules ponctuées d’un cri ou d’une gerbe de sang. Devenu un diable en bonne et due forme, le combattant de l’Ombre dansait au milieu de ses victimes. Ayant décapité le premier homme à sa portée – et peu importe son âge dans cette histoire ! – et perforé le deuxième qui avait voulu pleurer son défunt compagnon d’un peu trop près, le vieux guerrier enchaînait les uns après les autres tous ces pirates qui avaient la prétention de l’éliminer. Sous ses coups étaient déjà tombées cinq personnes. Le reste était à venir ; et malgré le changement d’ambiance sur le bateau, rien ne pourrait venir à bout d’un homme avec tant d’expérience et de fierté. Car oui, dans ces circonstances, c’est la fierté qui vous porte à bout de bras et qui donne des ailes (et non pas une quelconque boisson énergisante !). C’est elle qui permet à l’homme de s’élever et de trouver de nouvelles hauteurs à conquérir. Il devient son propre levier, et ne cesse de grandir. Et perché sur ses cinquante-quatre ans, notre vieux briscard trouvait encore des sommets à atteindre. Tel que la virtuosité de la Mort, qu’il orchestrait pourtant déjà avec brio.

Malgré l’élément de surprise qui avait donné un petit côté de Grande Faucheuse à nouvel arrivant, les passagers ne s’étaient pas laissés démonter très longtemps. Les premiers cris d’effroi s’étaient mués en cri de rage et de guerre, en espérant que ca masquerait la trouille de la majorité et l’humiliation de ceux qui, saisis par la peur, avaient déjà allégués leur propre corps sur place … . Suivez ma pensée, vous finirez par comprendre. Encerclé et au cœur d’une mêlée générale dont le seul élément étranger était sa personne, Kakeshuou Samui enfilait coups de sabre et techniques de premier usage en Hyôton pour combler les trous. Il ne savait pas vraiment procéder. Après tout, ces corps devaient rester accessibles et utilisables pour son collègue de mission. Dans quel état les voulait-il ? Et avant cela, où était-il passé ?! En attendant, pas beaucoup de choix en vu : le Jônin se contentait d’exécuter ceux qui faisaient preuve de résistance … et ceux qui ne faisaient rien. Oui, tout le monde, et alors ? C’était sa mission. Tuer tout membre de l’équipage, du nourrisson au grand-père hors d’usage pour la société. Par souci d’entente avec son camarade de tuerie – on ne met pas en pétard un homme déjà sous hallucinogène religieux ! – et se contentait de couper des têtes de façon nette, ou de trancher des torses, par des entailles assez importantes pour des hémorragies graves ou un arrêt cardiaque immédiat. Rien de bien méchant, une mort propre pour des misérables de votre espèce ! Continuant avec cette farandole mortuaire, le soldat de Kirigakure no Sato commençait à éprouver un peu de fatigue … et le tournis. Heureusement que les assauts se voulaient moins consistants et durs à cuir. Après tout, c’était près d’une douzaine de corps se gisaient autour de lui.

Mais il fallait malheureusement qu’il y ait un boulet dans cette affaire ! Et le plus triste … c’est qu’il était de son équipe. Émergeant de la cale en traversant tout obstacle sans se poser de questions, Yanosa Oterashi s’élançait vers les ciels, tel Buzz l’Éclair, avant de cracher une bien mauvaise blague. Une explosion ?! Sous cette nouvelle menace, les réactions sont différentes : les blessés au sol sont paralysés par la peur ou se trainent comme des loques pour fuir ; les plus valides se jettent vers le bastingage et cherchent à rejoindre les deux autres galères non loin. Le Lion des Neiges ne se laisse pas le temps de réfléchir et agit d’instinct. Et malgré son visage félin, il court vers l’extérieur et plonge directement dans les eaux salées de l’océan. Il était complètement camouflé sous les vagues lorsque le galion principal dut vomir de ses entrailles les charges de feu et les objets qui le composaient. Sous la surface, grâce à sa capacité unique de bronche, l’homme âgé observe les différents éléments du navire échouer sur les vagues. La pluie n’a certainement pas cessé, mieux vaut attendre encore un peu. De çà, de là, quelques corps retombent mollement à la mer. Tant pis pour cet idiot ! Pourquoi faire sauter le vaisseau !!

| Quel … con ! |

Bref, passons … . Retournant à la surface, un petit constat. La carcasse du vaisseau mer était en train de couler, lentement mais sûrement. Aux alentours, quelques galères de petite taille. Et ses maigres occupants. Ne restait plus qu’à s’occuper d’eux. Nageant sur une courte distance, le shinobi gelait un petit espace et se facilitait la tâche pour grimper à bord. Un œil à droite et à gauche. Cette fois-ci, pas de question de surprise : les cris et l’alerte de l’attaque s’était relayé à tous les navires de la petite flotte privée. Désormais, les hommes restants seraient plus méthodiques et plus ingénieux. Si l’on voulait les mettre au silence, il serait nécessaire d’être plus prudent et de ne pas brûler les étapes. Et puis, de toute évidence, il y avait de la compagnie … .

~ Tiens … voilà du monde. Et du plus costaud … .

Face à lui, un homme venait de s’extirper des cales, l’air bien plus serein que ses camarades. Lui avait certainement une bonne expérience du combat. Et il comptait bien défendre sa marchandise. Le fait de voir le vaisseau-mère prend l’eau ne devait pas le ravir, mais cela ne retenait rien à son sérieux. Il y avait de l’investissement : ca allait être intéressant. Si on devait parier sur une estimation des plus simples, on pouvait s’attendre à retrouver ce genre de spécimen sur les autres galères. De son regard d’ange blondinet déchu, l’homme agitait sa main pour la nimber de flammes. Hoooo, un manipulateur d’éléments ! Les choses seraient peut-être plus intéressantes, maintenant.
Présentant son arme blanche droit comme un i devant son visage, et frappant l’air à la façon des escrimeurs, Kakeshuou était prêt à en découdre ! Ne restait plus qu’à espérer qu’il puisse avoir un peu de plaisir dans ce combat … et que son partenaire décérébré ne ferait pas de bêtises !

~ Yanosa ! Ils sont trop peu nombreux, mais certains sont expérimentés ! Je veux savoir où se cache le chef de meute !!

Spoiler:

Nous pouvons désormais passer aux choses sérieuses. Le principal galion arraisonné, les deux galères étaient prises au piège, devant accueillir deux passagers involontaires qui – par calcul ou par chance – s’étaient répartis équitablement la tâche. Chacun ayant à disposition un stock d’adversaires et de futurs cadavres suffisant, ils pourraient tous les deux faire le ménage chacun de leur côté sans avoir à se soucier de leurs agissements respectifs. Une condition qui convenait tout à fait au Gouverneur du Pays des Neiges. Cela lui donnerait pleine liberté d’action, sans avoir à se soucier d’une attaque traitresse de la part de son collègue. Rappelez vous : on peut contacter cette espèce pour un travail, mais lui accorder sa confiance serait pure folie quand on connaît la vacuité de leur être … .
Ayant déjà fait forte impression sur le carnage déclenché sur le premier bâtiment, la silhouette ensoleillée du Jônin de Kiri faisait trembler ceux qui l’avaient vu à l’œuvre. Et dans ce sens, personne n’osait s’en prendre directement à lui. Tant mieux ; car notre homme avait son intérêt focalisé sur un seul membre de l’équipage pirate. Celui qui venait de sortir des cales, et qui semblait plus serein et plus confiant que les autres. Alors, tu comptes jouer avec moi ? Je te préviens que mes critères sont serrés et qu’il faut faire preuve d’une certaine audace pour attirer mon attention. Toisant pour l’instant son adversaire, Kakeshuou Samui n’oubliait pas les autres membres de l’équipage. Quelques mudras rapides permirent à notre homme de se démultiplier ; et pendant qu’il affronterait celui qui semblait être capitaine d’équipe, ses sosies se contenteraient du menu fretin encore paralysé par la peur.

Ancré sur place, sans réaction apparente, celui qui faisait face au Lion des Neiges ne se laissait pas perturber par la soudaine apparition de clones et leur entrée en action. Bientôt, l’espace sonore fut empli de cri de guerre, de pleurs, de cris de douleur et du fracas de l’acier entre armes blanches. Un son certes doux, mais qui aurait au moins du l’inciter à voir comment se passaient les choses autour de lui. Mais il n’en était rien. Ce gaillard, autour de la trentaine et solidement posé sur un corps bien bâti, préférait faire face à la principale menace, et l’origine de cette attaque surprise. Il comptait bien reprendre la situation en main et imposer sa loi sur ces hommes qui avaient osé s’en prendre à la flotte. Non seulement la destruction du principal bâtiment serait difficile à justifier auprès des chefs, mais la perte d’autant d’hommes serait très dure pour l’avenir du trafic de drogue. Il fallait donc impérativement apporter une compensation par le sang. Vous avez attaqué nos hommes ? Nous viserons directement vos têtes. Et le tout pensé sans l’ombre d’une hésitation.
De son côté, notre vieux briscard restait sur sa position. Un pied encore sur le bastingage, la moitié du corps engagé sur la coque, il avait toujours son sabre en main mais ne tenait pas à foncer dans le tas. Celui-là, il était particulier. Sa position, sa façon de ne montrer aucune ouverture était la preuve qu’il était expérimenté, certainement un ancien combattant ayant opté pour l’argent facile et la vie en haute mer. Intéressant … . Un vrai défi en quelque sorte ! Super, le vétéran se sentait en mal d’amour. Il avait besoin de motiver l’intérêt de quelqu’un et d’imposer son rythme ; de conduire quelqu’un au désespoir pour voir sa légende briller de nouveau. Tu seras mon sujet d’expérience pour la journée, mon ami. Et sois assuré que je m’y donnerai à cœur joie.

Les festivités ne tardèrent pas non plus à commencer. L’inconnu envoyant deux kunaï en direction du ninja, ce dernier esquiva la chose – peut-on seulement appeler cela une attaque ! – par une parade de son katana, et imbiba son arme de chakra avant de frapper droit devant lui, dans le vide. Présentant la menace, l’homme d’équipage porta son corps en arrière et agita soudainement ses mains face à lui. De l’océan, une vague de petite taille vint s’envoler dans les airs et se placer devant lui, formant un bouclier rond qui le protégea à temps des attaques répétées. Intéressant, tu sais donc utiliser du Ninjutsu ! Voyons voir ce que tu es capable de faire avec ! Frappant le sol de sa main après une très courte série de mudras, Kakeshuou Samui saisissait le pont du navire dans la glace, faisant de ces lieux son terrain de combat favori. Avec cette glace à sa disposition, il pourrait frapper sous n’importe quel angle et s’en donner à cœur joie ! De son côté, n’attendant pas l’assaut imminent, l’homme sans un mot agitait ses mains devant lui et faisait flotter autour de lui plusieurs masses aqueuses, qu’il comptait très certainement mettre à profit. C’est parti pour l’échange : imitant quelques premiers mudras, le vieux renard donnait naissance à deux tigres qui bondissaient hors de la glace dans un craquement de verre brisé, les deux félins se précipitant sur leur cible. Réagissant promptement, ce dernier effectuait un mouvement de rotation sur sa droite, et les deux créatures Hyôton furent emportées par une vague arrivant sur leur flanc droit, les portant au loin dans les profondeurs de l’océan. Un félin a horreur d’être mouillé : ces deux là étaient définitivement perdus ! Ne laissant pas de temps de répit, le marin adaptait ses mains pour prendre la forme de pistolets : en un instant, il singeait le mouvement d’armes à feu tandis que des balles d’eau se jetaient sur le shinobi de Mizu no Kuni. Par une sagacité qui le surprit lui-même, Kakeshuou Samui laissa son instinct le guider, et former à temps son gorille favori, qui se plaça sur la trajectoire et endura tous les dommages. Dans un grognement de macaque, il retourna à l’état de cristaux et morceaux de glace, ouvrant la porte à un assaut plus … physique !
Se jetant hors de ce mur de glace, le Lion des Neiges avait quitté son arme blanche et s’était cette fois-ci bien équipé : ses poings pris dans la glace et édentés de pics du même matériau iraient reconfigurer à son goût le visage de sa victime. Couvrant la distance en une seule enjambée, le vétéran des guerres kiriennes ne laissaient pas énormément d’opportunités à son adversaire : bloquer – et ainsi sacrifier ses mains – ou esquiver – s’il en avait le temps et la rapidité ! De toute évidence, le bruit de l’impact qui suivit sembla indiquer qu’il choisissait la première option. Tu prends donc le choix de voir tes phalanges abîmés et tes mains transpercées ! A ton aise, mon ami ! Mais, comme tu peux le voir, je vais prendre un malin plaisir à continuer ce spectacle qui s’annonce presque déjà fini … .

~ J’espère que tu ne tenais pas trop à tes mains, … gamin !
| Ni toi aux tiennes … ancêtre !

Si c’était la première fois qu’il percevait sa voix, la surprise de cette déclaration était complète ! Ne réalisant pas d’abord la raison d’une telle confiance, la chaleur qui saisissait les doigts pourtant glacées du guerrier de l’ombre attira son attention … et son inquiétude ! Sa protection de glace, tout comme ses pics, étaient en train de fondre ! Quelle diablerie était-ce là ! Intimant un bond de retrait, Kakeshuou Samui préférait savoir de quoi il retournait et portait son regard inquisiteur sur son adversaire. De ses paumes, le pirate laissait s’échapper une vapeur chaude, … et un sourire vicieux. D’abord sur le coup de la surprise, le visage du Jônin de Kiri s’endurcit.

~ Je vois … tu pratiques le Futton … tu peux exploiter la vapeur à ton aise … .
| Je suis le pire adversaire sur lequel tu pouvais tomber, l’ancien !! Vois donc me voir, que je te fasse la beauté d’une momie !
~ Fanfaronne encore ! Je ne te laisserais pas beaucoup de temps pour ce dernier petit plaisir !

Repartant à l’assaut, le shinobi accélérait la cadence. Ayant décidé de libérer une première porte, il comptait bien venir à bout rapidement de cet homme qui pouvait neutraliser sa glace. Devait-il y renoncer ? Certainement pas : après tout, c’était l’occasion rêvée. Son élément était peut-être affaibli, mais il n’avait qu’à opposer les contraires pour retrouver l’avantage. Alors que la vapeur est, par définition, légère, la glace se distingue par sa masse et sa résistance. Le tout était d’ajuster l’ensemble et de transformer ses frappes en véritables coups de massue, visant davantage la fracture des os plutôt que la neutralité d’un point ou un autre en particulier.
L’échange se prolongea sur une dizaine de minutes, sans vraiment donner de vainqueur. Plusieurs coups avaient porté leurs fruits, certes : les saignements crâniens et les bleus au niveau des hanches témoignaient des lourdes blessures que devait endurer le marin d’eau de mer. Mais de son côté, les brûlures légères voire sévères qui couvraient les bras et le torse du vieux combattant montraient bien que ce n’était pas un adversaire d’un mauvais niveau. Les choses semblaient plus équilibrés et, pour le coup, le membre du Clan Samui était littéralement ravi ! Il pouvait se donner à fond, et profiter pleinement de cette opportunité pour ne pas retenir ses coups.

| Alors le vieux ! Je croyais que ce serait de courte durée ! Tu éprouves des difficultés ?
~ Il est rare pour moi de me divertir. Comprends que quand je trouve une souris qui se débat dans un pot de crème au point d’en faire du beurre, je veuille jouer un peu plus longtemps avec elle … !
| Ha oui ?! Attends donc la prochaine surprise de la souris, sale con !

Le regard furieux et l’air déterminé, l’homme mystérieux croisait les bras sur son chandail, comme pour parer une attaque ; gonflant ses veines, il étendait soudainement ses bras, dévoilant certes son corps, mais non sans raison. Une violente spirale sembla soudainement se créer, et provoquait une forte augmentation de la température ambiante. L’eau aux alentours du navire semblait bouillonner, alors que rien d’autre si ce n’est le sourire vicieux du combattant ne semblait présenter de menaces. D’après en alerte, Kakeshuou relâcha quelques secondes la pression : un amateur, qui pensait l’impressionner par quelque singerie ! Mais une soudaine démangeaison dans les bras le prit à de violents grattements. Portant un œil sur ses avant-bras, ces derniers étaient passés au rouge intense, preuve que le sang était en ébullition. La douleur s’emparait peu à peu de l’ensemble du corps, et le combattant âgé ne pouvait s’empêcher de relâcher un râle d’énervement sous la douleur. Ce salaud essayait d’aspirer son sang et de le faire s’évaporer hors de son corps ? Il voulait en faire une momie ! Petit fumier, tu crois que je vais te laisser faire ?!? Mais t’attaquer de front serait me rapprocher de ton attaque et de son efficacité … que faire !

~ Attends un peu, mon salaud ! Tu vas déguster !

Malgré la pression, le Lion des Neiges générait un nouvel afflux de chakra et pompait abondamment dans ses ressources. Il allait devoir sortir le grand jeu. D’abord détourner l’assaut. C’était par ce contact direct avec la vapeur qu’il risquait de se déshydrater intégralement. Il fallait opposer une résistance, même provisoire. Créant dans un premier temps un bunshin de glace, ce dernier se plaça au devant de l’original, le protégeant sous forme d’un crucifix. Barrant le passage, il soulageait pendant un bref instant son créateur ; mais il ne pourrait pas résister éternellement. Il demeurait évident que son enveloppe de glace était rapidement gloutonnement grignoté par la vapeur étouffante. Il est des sacrifices qu’on se doit de faire pour obtenir la victoire ! Grinçant des dents, et faisant un signe d’approbation populaire par son pouce, il disparut intégralement, aspiré par le néant. Mais Kakeshuou Samui ne fait jamais rien par hasard. Lorsque le clone prit son envol sous forme de poussière, le mercenaire des eaux découvrait un vieil homme genou à terre, main plaqué contre le sol. Épuisé, il se serait laissé tomber inerte ? Que nenni, petit crétin : tout cela n’est qu’une diversion ! Un sourire vengeur et revanchard coiffe magnifiquement ce visage de brute buveuse de sang !

~ On s’affronte de nouveau en Enfer, connard … !

Ayant créé une nouvelle couche de glace, le Shinobi du Clan Samui reprenait l’avantage alors qu’une ombre massive se dessinait dans le dos de la cible. Avant qu’elle ne puisse annuler son attaque et prendre une position défensive, la patte armée du panda géant le frappait verticalement avec une puissance inouïe, coupant court à toute défense, arrachant vêtements, protection et lambeaux de chair. Dans un cri de souffrance dément, l’homme hurlait sa douleur, mais sans prendre en considération sa condition. La seconde d’après, un hoquet de stupeur le prenait, et coupait court à tous ses cris, alors que la lame du katana le perforait de part en part. Apparaissant dans son ombre, le vieux Samui marquait son dernier point dans cet échange.

~ Il en faudrait quatre comme toi pour me vaincre … . Adieu .. !

Et le corps retomba lourdement au sol, signifiant la fin du combat. Posant un genou à terre sous la douleur, le Jônin portait ses mains sur ses avant-bras, injectant du froid pour faire retomber la tension et la chaleur qui le prenait toujours. Sortant de l’ombre, un marin désespéré – le dernier n’ayant pas échappé aux clones, sans doute – se jetait les larmes aux yeux en direction du blessé. Armé d’un simple couteau de cuisine, ses intentions étaient suffisamment claires. Beuglant comme un paysan qu’on est sur le point d’égorger, il tenait à faire acte de bravoure et à montrer sa vaillance en éliminant un vieillard qui était fatigué par son récent combat. Quoi de plus noble pour un pirate aux faibles ambitions … .

| RYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
~ AH TA GUEULE, TU VEUX ?!

Dans ce cri de rage, Kakeshuou avait effectué un mouvement rotatif, le sabre léchant directement l’opposant à la base du cou côté droit et partant en diagonale pour finir sa course vers l’oreille côté gauche. La gerbe de sang vola, et le corps retomba inanimé, sur le sol gelé. Haletant, le Lion des Neiges observait ce dernier corps, tandis que ses clones refaisaient surface : ils avaient de toute évidence fini le nettoyage dans le reste de la galère. C’est pas vrai ; ces p’tits cons n’ont aucun respect pour les anciens … .

Et Yanosa, qu’en était-il de lui … ?

Dans l'excitation de l'action, il difficile de réaliser ce qui nous entoure. Et après ce combat singulier qu'il venait de remporter, Kakeshuou Samui prenait un bref instant pour souffler et reprendre des forces. Etrange qu'il puisse encore avoir quelques difficultés avec un adversaire d'un si faible niveau : le jeune homme avait-il été un shinobi autrefois d'une quelconque valeur ? Aucun élément ne pourrait désormais le confirmer. Certes, il n'avait pas subi de blessures intenses, mais la teneur de l'échange était pour le vieux Jônin un révélateur : il devait encore palier ses défauts. Et le plus tôt serait certainement le mieux … .

Mais on ne laisse jamais le temps de vivre à un vieillard que l'on croit mourant. Et cela s'applique d'ailleurs à la perfection pour ces loups des mers, pour le Nuke-Nin suppôt de Satan qui le soutient dans cette labeur ou pour les membres du village ! A le traiter comme un handicapé, victime de ses rides et de son grand âge, il était presque devenu une attraction, un poids lourd lors d'une mission ! Et celle-là, de mission, elle vous convaincrait, bande de sales rats ?? Passons, ces mécréants ne sont pas là pour voir le succès de l'opération pour l'instant. Et l'arrivée de Yanosa Oterashi semblait indiquer un éventuel retournement de situation.
Bien fier sur le frêle esquif qui leur restait, les cinq derniers maudits des océans préparaient une revanche bien crade. Ouvrir le feu sur ses propres navires, quitte à sacrifier les derniers camarades encore vivants à bord, voilà de quoi prouver sa détermination ! Autant cela ne posait pas plus de problèmes que cela pour le quinquagénaire Samui, autant i se passerait volontiers d'être propulsé dans les airs et de disparaître à la façon de la TeamRocket ! Alors que son compagnon de fortune s'affairait à trouver de quoi retourner les cadeaux d'autrui, les premiers boulets sifflaient au dessus des têtes et venaient percuter avec violence et fracas le flanc droit du navire. Tanguant un instant, il ne menaçait pourtant pas de couler. Mais si les salves venaient à se répéter, cela ne saurait trop tarder.

Ayant offert un couvert en se plaçant devant le guerrier rouge, le Jônin de Kiri avait créé à partir de la Glace environnante un Gorille de Glace, qui avait reçu de plein fouet l'assaut métallique. Retenant les boulets qui fracassèrent ses membres et retombèrent lourdement sur la coque, le singe dans un sourire grincheux s'effritait et tombait en rade, se dispersant en une multitude de cristaux. Adieu, camarade. En tant que défense fidèle à ton poste, ce n'est que la millième fois que tu passes de vie à trépas. Mais cette action ne sera pas dépourvue de sens, sois-en sûr.
Alors que le déserteur allait se diriger vers les cales où devait se trouver l'arsenal, il fut happé par le col, retenu par une main ferme et froide. Kakeshuou Samui, bien qu'involontairement, venait de trouver une solution adéquate aux problèmes de matériel.

~ Inutile d'aller chercher quoi que ce soit, tout est là !

Si la poudre se trouvait dans un casier à côté des deux canons, le gros manque était les boulets qu'il fallait utiliser pour tirer sur l'adversaire. Mais ce problème venait à l'instant d'être réglé ! Le singe, par son sens du sacrifice, avait eu l'excellente idée de bloquer les boulets ennemis et de les rendre disponibles ! Fantastique, mais que demande le peuple, je vous dis ! Tirant brièvement dans son sens son acolyte, le Lion des Neiges se mettait hardiment au travail. Brisant une caisse, il s'emparait de pleines poignées de poudre noire, la jetant par la bouche des deux canons. Il devait s'assurer de mettre un bon dosage : il eut été bête que les deux canons leur sautent au visage. Une fois les gueules chargées, son partenaire se chargerait de mettre les boulets, pendant que Kakeshuou s'assurait que la mèche était toujours sèche et prête à l'emploi.

Ce qui était le cas ! Plus qu'à mettre le feu aux poudres, et à poursuivre l'opération !! Trouvant une boite d'allumette, il l'envoyait vers son partenaire. Une deuxième salve était en train de pleuvoir, et les tirs étaient cette fois-ci bien plus précis ! Le mât principal fut abattu et tomba en une seule fois dans l'océan, alors que le bastingage proche des deux canons vola en éclats et copeaux de bois. La prochaine, ce serait pour leur poire ! Ajustant la visée des canons, Kakeshuou Samui visait la coque inférieure. La réserve de poudre devait être là : s'ils arrivaient à percer la coque et à frapper en plein dans les réserves, ils feraient d'une pierre deux coups et se sortiraient de cette mauvaise passe ! Tout est aligné !

~ Vas-y ! Tire !!

La tactique avait été efficace à souhait. Peu rudimentaire, certes ; on voit plus que rarement des shinobis faire usage des armes du commun pour remporter la victoire. Mais, en fin de compte, c’était un classique des hommes de l’Ombre. Retourner les armes de l’adversaire contre lui, quoi de plus banal ! Une stratégie vieille comme le monde pour effrayer, briser le moral de l’ennemi, et de retourner la situation à son avantage. Une méthode des plus affreuses, des plus sadiques … une pratique de ninja, rien de plus.
Ayant ajouté sa touche finale, Yanosa Oterashi avait eu la beauté de réduire le navire voisin à néant par un boulet enchaîné des mieux placés, qui avait abattu le mât central. En un instant, le bâtiment avait pris feu, se trouvait réduit en morceaux plus ou moins importants. Les hommes, qu’ils soient devenus torches humaines ou toujours en pleine forme, préféraient se jeter dans la mer plutôt que de risquer de mourir dans l’épave. La mer se couvrait d’une teinture ocre, brûlante de flammes et de sang. Un spectacle splendide, digne d’une victoire copiant le débarquement sur Omaha Beach … .

Contemplant ce magnifique décor, Kakeshuou Samui observait les hommes se débattre. Devait-il les abattre, les laisser se noyer, les sauver ? De toute évidence, la dernière option était des plus ridicules. La mission était d’exterminer : pourquoi faire une exception pour les malheureux à la flotte ? En fin de compte, le seul point qui pouvait changer son comportement était de savoir ce qu’attendait son compagnon de guerre. Voulait-il les cadavres en bon état ou se fichait-il de l’état dans lequel on pouvait les trouver ? Après tout, il n’avait pas fait preuve jusqu’à présent de la moindre retenue. A vrai dire, s’il en disait davantage sur ses expériences et ses intentions, peut-être notre quinquagénaire serait-il plus à même de remplir les critères attendus … . Mais tu préfères rester secret : garde donc tes bassesses, elles ne m’intéressent pas après tout … .

Tu t’enquis de savoir si les choses sont déjà finies ? Tu me prends donc pour un amateur … . Je peux régler ce genre de batifolages seul, et sans l’aide d’un individu de ton espèce. Mais de toute évidence, la chose pouvait te plaire sous plusieurs angles. Le premier était déjà de te défouler ; je sais que tu en meurs d’envie. Le deuxième point était ton intérêt pour la chair fraichement fanée. Avec ces sacs à merde, tu aurais largement de quoi te ressourcer pour tes futures expériences. Enfin, le dernier point … . On allait certainement y venir. Mais ce n’était pas encore au point. Il faudrait encore marcher un peu, et parcourir du pays … .

~ Finis les derniers, si tu y tiens. Je me charge d’un point bien plus important.

Posant pied sur le bastingage, un léger élan envoyait le Jônin de Kiri vers le premier décombre au sol, où il trouvait un support pour renouveler le mouvement. Dans un déplacement rapide et leste, l’homme sautilla entre brindilles de décor et éléments flottants ; quittant à ce que cela soit des cadavres flottant à la surface. Encore quelques pas et il se trouvait sur l’épave du bateau à l’instant mis à bas. Observant les environs, il ne vit personne. Ils auraient tous fui ? Pas étonnant quand on voit dans quel état a été mise la galère. Plissant légèrement les lieux, le vieux briscard évitait d’être aveuglé par la fumée. Un homme se cacherait dans les lieux ? Un rapide repérage … .

L’homme qui allait se jeter par-dessus bord fut attrapé par le col et plaqué contre le sol. Ne bouge pas, toi ! Tu as exactement ce dont j’ai besoin ! Des informations. Une fois que j’en aurais fini avec toi, tu pourras aller mourir de la façon qui te semblera la meilleure. Mais pour l’instant, j’ai à faire. Il va de soi que, si tu ne complets pas à mes moindres désirs, tu n’auras pas cette fin que tu souhaites.

~ Vous n’étiez pas tous à bord … . Le galion principal était fait pour porter une cargaison d’éléphants … . Vous les utilisez pour passer de la drogue … .
~ Mais ! … comment vous save’

Un poing dans la gueule.

~ Je n’ai pas fini, la ferme. Pour cela, vous les débarquez sur terre, et vous allez sur un point de rendez-vous pour vendre votre merde. Je veux connaître le point de rendez-vous. Maintenant.
~ Je ne sais pas ! Je ne sai’

Un kunaï dans le genou droit. Dans ce geste déjà brutal, Kakeshuou Samui renchérissait en tournant l’arme blanche comme s’il s’agissait d’un tournevis. Naturellement, les cris du malheureux ne donnaient certainement pas envie à ses compatriotes de remonter sur le navire. Plaçant sa main sur la bouche de son supplicié, le ninja étouffa sa rage, puis lui colla une claque pour le ramener à la vie. L’homme reprit de toute évidence ses esprits, malgré la douleur.

~ Les … les autres sont … à l’Est !! Ils ont … rendez-vous à … à Kasegaaa !!
~ Très bien. Dispose.

Récupérant le kunaï, le vétéran des guerres kiriennes trancha une nouvelles fois les ligaments au niveau des genoux, et jeta le corps par-dessus bord. Tente donc de nager avec ces blessures, tu m’en diras des nouvelles. L’homme faisait volte-face en direction du continent. Visage déterminé, expression froide : la mission n’était pas finie, et il devenait important de se hâter. Si la nouvelle du massacre se répandait, les cibles pourraient disparaître, et faire ainsi échouer la mission .

~ Yanosa ! On ne perd plus de temps, on part pour Kasega !!

Maintenant que le nettoyage était total et que les flots étaient lavés de toute impureté, il s'agissait de passer à la phase suivante des opérations. De toute évidence, la véritable cible ne se trouvait pas ici. Il allait falloir rejoindre le rivage, et porter son attention sur la petite ville de Kasega, où le reste du groupe devait se trouver. Portant un oeil à l'oeuvre des deux compères, Kakeshuou Samui restait froid, implacable, hautain ... lui-même ! Aucun remord, aucune pitié pour ceux ayant choisi la facilité et l'éxubérance comme style de vie. En un sens, le ninja n'était pas loin de leur mode de vie : lui aussi avait choisi la mort et la désolation comme métier. Mais il avait eu la finesse et l'intelligence de ne pas errer dans le néant, sans but dans la vie. Désormais, ils trouveraient une toute nouvelle occupation. Soit entre les mains de son maléfique compagnon, soit dans la gueule des loups des abysses. C'est que ca bouffe, la poiscaille, parbleu !

Les informations soutirées et le parvenu disposé, ne manquait plus qu'à prendre le départ.
Que faire dans la situation présente ? Prendre son temps pour rejoindre la rive et atteindre la ville sans éveiller les soupçons, ou fondre sur les lieux afin de faire un bain de sang ? En ce qui le concerne, le Lion des Neiges préférait la première option. Cela lui permettrait de regonfler ses réserves de chakra, et de calculer les futures manoeuvres pour frapper rapide comme l'éclair l'ennemi en son flanc et point faible. La ville était à une dizaine de kilomètres, rien de bien grand. Mais il ne fallait pas non plus éveiller les soupçons quant au massacre qui venait de se dérouler. Et si la nouvelle officielle de la tuerie ne pourrait toucher la ville et les bandits présents, la rumeur en revanche pouvait parfaitement s'en charger ! Sur ce débat intérieur, notre homme resta pensif un instant. Un instant d'ailleurs mis à profit par son compagnon de mission.

Sur un ton raque et autoritaire, Yanosa Oterashi prenait les devants, et se saisissait de la question à bras le corps. Ayant pris les indications et consignes du Gouverneur à la lettre, il envoyait une de ses remarques pointues, avant de s'envoler littéralement dans les airs. A peine ramené à la réalité, le vétéran des guerres kiriennes observait le corps de son comparse déjà bien éloigné des cadavres et épaves flottantes. Ne voulait-il pas ces corps à tout prix ? Parviendrait-il à les récupérer plus tard ? Ho, et puis après tout, le shinobi s'en foutait royalement. Mais pourquoi prendre ses aises avec la mission et vouloir quitter les lieux aussi lestement ? Et en intimant des ordres en plus ! Grinçant des dents, Kakeshuou Samui observa le guerrier rouge s'éloigner de plus en plus, vers la terre ferme et en direction de l'ouest. Une explosion secoua la jonque qui sombrait dans les eaux et dans l'oubli. Les cales avec les réserves de poudre étaient atteintes, les navires allaient certainement s'éparpiller en puzzle d'ici quelques secondes. Sur un grognement d'ours face à un miel daubé, le membre du Clan Samui concentra son chakra et se laissa aller, se propulsant hors des lieux et retournant sur son toboggan de glace. Pas capable de suivre cet hérétique ... non mais tu t'es vu, oui ?

Après avoir rattrapé le Nuke-Nin, le duo poursuivit sa route, et fut rapidement en vue des routes principales menant à Kasega. De son côté, le shinobi de Kirigakure no Sato en profitait pour mettre les choses en clair.

~ Le groupe que nous venons de mater est composé de pirates qui écumaient les rivages voisins. On nous a demandé de nous charger d'eux, d'autant qu'ils vendent de la drogue dans les environs. Il faut donc les mettre hors d'état de nuire. Mais d'après mon ordre de mission, il faut également s'attendre à quelques mauvaises surprises ... .

Les premières bâtisses se dévoilaient dans la brume ; le quinquagénaire freinait donc la cadence de la course, ne souhaitant pas se faire remarquer. Le petit groupe pénétra donc les lieux en toute discrétion, évitant de croiser les rares promeneurs en ce début de soirée. Si la ville se vidait de sa vie, il serait bientôt aisé de repérer ceux responsables du trafic. Mais Kakeshuou Samui ne pouvait pas rester aussi visible pour autant. Il devait soit se noyer dans la masse, soit plonger dans les ombres. La seconde option serait la plus simple. Se plaçant dans une petite ruelle, le combattant attirait l'attention de son camarade pendant un bref instant.

~ Je vais aller glaner quelques informations ... . On se retrouve ici dans la prochaine heure. Fais donc ce que tu veux, mais SURTOUT ne te fais pas remarquer ... .

Sur cette indication disciplinaire, le soldat s'en retournait dans l'ombre. Il arriverait bien à mettre la main sur un junkie et à lui faire cracher le morceau. Pirate et camé ne sont pas bien différents : si dans la vie, ils connaissent tous deux la misère, ils connaissent également le ninja dans la mort.

Slalomant entre chaque ruelle, longeant les angles et tâchant de ne pas se faire remarquer, Kakeshuou Samui progressait dans les lieux. Faisant plein usage des ombres et de la brume ambiante, il avait déjà parcouru une belle distance. Il n’avait plus qu’à espérer obtenir des informations fiables, sans semer le doute ou soulever des interrogations. Pour l’instant, rien ne semblait alarmant. Mais on ne pouvait pas se fier aux apparences. Si ce lieu était très fréquenté par la bande, tout portait à croire qu’ils y seraient bien installés et même assistés par la population locale ! Pour l’heure, le ninja devait impérativement se faire discret … .
L’idée était maintenant de savoir comment espionner sans être repéré. Il allait falloir rusé, car la chose ne serait pas aisé. Dans une brume épaisse comme une purée de pois, il est difficile de savoir qui est l’espion et qui est la cible. Cette relation peut, à tout moment, être inversée. Or, circuler ici sans passer à un moment ou à un autre par la rue principale ne serait pas possible. La configuration des lieux ne l’autoriserait pas. Prendre la voie des airs ? Pas dit que cela marche … . Après tout, il suffisait d’un instant d’éclaircie pour être repéré. Et puis, restait encore à déterminer les capacités des adversaires. Étant donné le niveau du combattant sur le vaisseau arraisonné, et sa place dans la hiérarchie de la bande, on pouvait s’attendre à tomber sur de plus gros morceaux de steaks. Le tout serait donc de faire attention à la cuisson … .

Les hommes de ce bourg étaient davantage des zombis que des êtres humains à part entière. Leur démarche vaseuse, leur regard inexpressif ou absent, leur allure désabusé et abandonné aux charnières du temps dénonçaient clairement l’impact de la drogue et le poids de ce trafic sur les lieux. Cela compliquait la situation ; à quoi pouvait-on s’attendre, si ce réseau prenait fin ? Les lieux deviendraient-ils fous ? Ho, et puis, après tout … . Ce pays n’était pas le sien, et le Lion des Neiges n’était pas un tendre de cœur par définition. Non, cette fois, il mènerait sa mission sans regarder derrière. Peu importe l’impact que cela peut avoir ; il faut bien comprendre que lorsque l’on est Ninja, les conclusions n’ont d’intérêt que si l’on est renvoyé sur le terrain pour tirer les choses au clair. Autrement, d’autres s’en chargeront.

Ayant navigué entre plusieurs artères secondaires, il devenait évident que la prochaine étape serait de s’orienter vers le bouiboui le plus proche. S’il est un endroit où les informations forniquent et pullulent comme le sida, c’est bien dans ce genre d’établissement. Après tout, il serait surprenant que ces pirates d’eau de mer ne se soient jamais désaltérés dans le coin. Empruntant une nouvelle apparence, comme celle d’un rude gaillard de trente ans, et observant les environs, Kakeshuou Samui traversa rapidement l’avenue et ouvrit nonchalamment les portes battantes de ces lieux. Une … infection ! L’odeur qui régnait ici était un subtil mélange de bières, de vomi, de sueur et de marins n’ayant pas pris de douche depuis près de trois mois. Vous avez déjà participé à une soirée pharma ? Vous devez comprendre de quoi je parle … .
Quelques tables et chaises accouplées, des soûlards et autres malheureux paisiblement endormis dans leur misère, accompagnés de quelques groupes buvant et jouant aux cartes. Bref, le décor classique, sans vraiment de point qui dénote ce bar d’un autre. Le patron était derrière son comptoir, nettoyant ses verres –on se demande avec quoi d’ailleurs, jamais un chiffon n’a été aussi noir ! Pourvu que l’eau ne vienne pas de ses cavités buccales … .

Titubant entre les tables, le ninja camouflé se porta sur le comptoir et s’y accouda, attendant une intervention quelconque. Elle ne tarda pas. Un homme titubant bien plus que lui vint s’accrocher à ses manches, tirant sur le vêtement pour se hisser un peu plus haut dans la joie et le bonheur de l’alcool.

~ Haaaaaaaaaaaaaaa, aidze moi, duczon … !
~ Dégage, cancrelat !

D’un revers de manche accompagné d’un poing magistralement calé dans les dents, l’homme fut expédié dans le décor et s’effondra dans la mêlée. La scène capta les regards et l’agitation vocale pendant quelques secondes, avant que tout ne revienne à la normale. Génial ; s’il était accosté plus longtemps par ces sous-merdes ambiantes, il serait difficile de rester concentré. Le temps de se retourner, le patron de ce taudis approchait. Bon. Voyons voir comment se font les choses.

~ Vous prendrez quelque chose ?
~ Une bière … dans un verre propre … .
~ Hahahahahaaa !! Vous n’êtes pas d’ici, vous ! … déclara l’homme barbu en posant violemment le verre qu’il nettoyait sur la table.

Prenant un autre récipient sous le bar – de terre cuite – il le remplit de liqueur et ne posa simplement face à son nouveau client. Connard ; tu sais pertinemment qu’avec ce type de matériau, il est impossible de distinguer la crasse. Or, je doute que ton pot à fleur pourri soit plus propre que le reste. Mais passons … . Il y a plus urgent pour l’instant.

~ Vous avez souvent des problèmes avec les gens du coin comme ce crétin ? Il doit être complètement stone, non ? avait renchéri Kakeshuou en se tournant vers la récente victime de sa mauvaise humeur. Après tout, il est vrai que l’homme ne s’était pas relevé. Il s’était bêtement recroquevillé pour se mettre en position fœtale et s’endormir sur place. Un vrai sac à merde … . Minable, va ! …

~ Hoo, nous avons l’habitude, mon p’tit monsieur. Ici, ce ne sont que des soiffards et des idiots … . C’est ce qui fait si bien mes affaires … .

Un homme honnête ; un soupçon d’intelligence dans ce pays ? On allait de surprise en surprise … . Mais passons.

~ Et vous avez des soucis dans le coin ? L’alcool doit déjà pas mal vous prendre, je suppose … . Mieux vaut qu’aucun autre fléau ne vienne s’introduire dans votre commerce ; vos clients tomberaient comme des mouches ! …

Bien que dit sur le ton de l’ironie, la seule réponse fut un sourire, avant de retourner à ses verres éternellement immondes. Pas de sens de l’humour ? La discussion était mal engagée. C’était un mauvais départ. Mais rien ne semblait avoir filtré. Aucun regard ne se portait sur lui, et il n’y avait rien d’étrange. A part le goût immonde et miteux de cette boisson infâme.
Mais quelque chose clochait progressivement ; une ambiance, un sentiment lourd. Les lieux devenaient vagues, et incertains. Les repères élémentaires étaient confus, et les visages de plus en plus irréguliers et laids. Alcoolémie ? Non, il en fallait plus que cela pour écraser un homme aussi mûr et confiant que votre serviteur. Mais il y avait une touche anormale aux évènements présents. Quelque chose d’inapproprié. Posant un regard interrogatoire et déstabilisé sur le barman, le sourire que ce dernier empruntait était des plus suspects ! Mais il y avait bien plus gênant ; les lieux commençaient à tourner. L’esprit embrouillé, le Jônin gardait assez de lucidité pour comprendre le pétrin dans lequel il était : cet enfoiré de patron l’avait drogué ! Pour quelle raison ?! Les choses devaient plus simples à comprendre … !
Les dialogues étaient sourds, mais le ninja titubant comprenait bien qu’on l’avait mis en position de faiblesse. De sa voix rauque, le patron des lieux s’adressait à un gars posé non loin. Ce dernier semblait s’amuser du ridicule de la situation, et se portait en direction du visiteur pour lui faire passer l’envie de faire trop de remarques désobligeantes. En deux secondes, Kakeshuou Samui était renversé de son siège, et se trouvait étalé sur le sol.

~ Alors étranger : on est curieux ? On veut poser plus de petites questions sournoises … ?

C’est la merde … Trouver une solution et vite !

Dans le décor lointain de la ville, la brume continuait à s’imposer sur le paysage. Rien qui ne puisse perturber cette monotone et désespérante ambiance. Sauf cette explosion dans les quartiers sud … suivi d’une colonne de fumée … .

Devant la menace imminente, le Jônin était resté un moment sourd, aveugle et inconscient. Mais lorsque celle-ci s’était abattue sur sa silhouette, il était parvenu in extremis à placer son bras comme barrage. La chance ou le hasard voulurent que ce Age Uke fut suffisant pour parer la lame, et la tenir brièvement à distance. Devant cette surprenante résistance, l’homme avait joint les deux mains afin de donner plus de poids à l’assaut. Mais c’était inutile ; un pied bien placé au niveau du bas ventre put le repousser, donnant un bref instant à notre assassin légendaire pour trouver un nouvel équilibre. Equilibre pourtant bien fragile ! Il titubait toujours, et les effets de la drogue étaient loin d’être dissipés. Il allait devoir gérer ce handicap seul, ce qui n’était pas dans son bon plaisir. Et – pire que tout ! – on ne lui laissait guère le temps de réfléchir à la situation. Alors que son meurtrier nominé se relevait et préférait passer aux choses sérieuses en débusquant un sabre hors de son fourreau, une clé venait saisir les bras du quinquagénaire, le livrant corps et âme à son adversaire. Et merde ! Vous êtes plusieurs ?! Bande de connards, je vais vous donner de quoi économiser en fil dentaire, croyez-moi !
Boostant ses capacités, libérant son chakra de tout verrou, l’homme avait levé le pied avant de frapper avec puissance le sol. Brisant le plancher, s’enfonçant dans le sol, ce dernier parut s’écraser sous la violence de la masse. Sous l’effluve de chakra, la poigne de l’homme se relâcha, permettant à Kakeshuou Samui de sortir de ses gongs. Attribuant à l’un un coup de coude magistral, et au second un uramawashigeri sans commune mesure dans cette violence sans fin, le lieu ressemblait rapidement à une arène. De toute évidence, ils étaient de mèche ! Vous voulez à ça, bande de misérables ?! RaaaaaaaaAAH !!

Le bâtiment implosa sous la pression de chakra, explosant littéralement les vitres, pendant que les murs tremblaient et que les réserves alentours explosaient. Le reste, stimulé par la baston, fut suffisant pour élever une colonne de fumée et un sac de poussière se déversant dans les horizons. Désormais, toute infiltration et repérage était impossible. Avec un tel raffut, ils étaient repérés et ils ne pouvaient plus espérer débusquer les vauriens qui faisaient prospérer leur trafic. Malheur … . Mais qu’importe ! Pour l’instant, notre sauvageon pourtant bien âgé a des affaires plus pressantes à régler. Ayant ouverte la Porte de la Guérison, Kakeshuou Samui s’extirpait peu à peu des décombres. Un morceau de verre brisé lui entaillait la jambe gauche. Seul moyen pour se libérer de l’emprise de la drogue … . Mais désormais, il était clair. Et ses ennemis avaient dans un état pitoyable. On allait pouvoir passer à la suite.
Son partenaire était dans le coin. Encore à brailler. Plutôt que de raquer comme un perroquet, pourquoi ne fais-tu pas le nécessaire ! Je ne suis pas la boniche, et je ne compte pas tout faire ! Se redressant d’une traite, l’air furieux, son regard parcourait les environs pour repérer âme encore vivante et impliquée dans la récente humiliation. Mais non. Tout était tranquille. Si ce n’était un fouillis pas possible dans les environs : ces drogués et petite gens sont trop paniqués pour se planquer … . Pitoyable !

~ La ferme, Nuke-Nin ! Je ne suis pas ton larbin, et si tu en baves déjà à ce niveau, tu n’as qu’à te débrouiller !

Bien que colérique, le shinobi frappa instinctivement ses mains, formant dans l’immédiat le signe du Tigre. Fermant les yeux, un Vent léger nappa les lieux de sa brise, et s’engouffra dans les rues suivantes. Parcourant, léchant le sol, le courant d’air allait fouiller chaque maisonnée, chaque trou. Repérait chaque personne, chaque bestiole des environs. Jusqu’à trouver la nature d’un chakra bien supérieur aux autres. Qui se dirigeait vers …

~ Par là ! Vers l’Est ! déclamait soudainement le Lion des Neiges en pointant la direction du doigt. La seconde d’après, il s’élançait dans les airs, et poursuivit le responsable qui les avait identifié. Il espérait bien l’attraper et lui faire cracher le morceau. Après tout, ce n’était pas son premier client, et ce ne serait pas son dernier, pour sûr !! Avec la Deuxième Porte d’ouverte, il aurait tôt fait de rattraper l’individu et de lui faire goûter à la Question. Déjà, dans l’ombre du décor urbain, la silhouette de la cible virevoltait de toits en toits, se dirigeant à toute vitesse vers les faubourgs et l’extérieur de la ville. Voulait-il trouver du renfort, ou se sauver ? Peu importe ; ramène donc tes copains ! Je te jure que je m’en vais vous faire bouffer des endives par le fion, mon pote !

Mais voilà que l’individu se retournait, l’air sérieux et grave. Quoi, tu vas me faire face, maintenant ?! Non : l’homme brandit son bras, et esquisse un mouvement sec, qui donne naissance à un nuage mauve épais. Des fumigènes ? T’es drôle, toi. Tu crois vraiment que ça va m’arrêter ? Se jetant à corps perdu, Kakeshuou se bombait déjà pour réagir. Freinant des quatre fers, le guerrier de l’Ombre inspira profondément … et la fumée fut aspirée d’une traite, finissant dans les poumons de notre homme ! Ce qu’il en ferait après, aucune idée. En revanche, cela n’empêchait pas de voir la surprise qui lui était réservé. Outre les makibishis répandus sur le sol, la boule de feu Katon venait embraser l’air, contraignant le vieux soldat à choisir sa destinée. Vous rêvez, c’est pas comme si j’allais me laisser avoir par une telle magouille ! Un rapide Jutsu, et le fidèle Singe, massif de corps et de glace, se dressait sur le chemin et plaçait ses mains face à lui, l’air grinçant et grincheux. Les flammes le léchèrent, pendant que le macaque soufflait à petites foulées comme lors d’un accouchement. Le danger écarté, il s’effritait en copeaux de glace, rendant le champ de vision de nouveau clair … . Et dévoilait les faits : le lascar avait de nouveau mis la distance. Tu ne m’échapperas pas pour autant ! Et pendant que l’homme de main disparaissait dans le quartier des entrepôts, le Jônin de Kiri pressait le pas.

Le duo mandaté pour cette mission se retrouvait donc à l’entrée de cette zone industrielle délaissée. Les entrepôts étaient nombreux, et l’homme et les siens pouvaient se cacher n’importe où. Mais quel meilleur endroit que celui-ci pour écouler de la marchandise illégale, me direz-vous ! Il devenait important de trouver ces hommes. User de sensorialité ? Le vieux vétéran le pouvait ; mais il se devait de réfléchir et de voir comment il allait procéder avec son équipier.

~ Il va falloir être prudent car ils détiennent certainement la zone. Par ailleurs, je n’ai pas eu le temps de te le dire mais

BRAAAAAAAAAAAAAAAH ! Le son assourdissant vint rebondir sur les parois des locaux. Le sol paraissait trembler, alors que ce son se répétait encore une ou deux fois. Puis le silence. Un silence profond laissant le couple dans l’incertitude et l’étonnement. Grinçant des dents, tracassé par cette nouvelle qu’il espérait fausse, Kakeshuou Samui observait d’un œil vif les toits, les environs, pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’ennemis directs. Pour enfin en revenir à son acolyte de mission.

~ Oui … il y a des éléphants … . Mieux vaut rester prudent sur leur usage par ces renégats … .

Les choses allaient clairement s’accélérer. État donné les récents évènements, il était clair que le point de ralliement des pirates était au cœur de ces entrepôts. Une fois fouillés et vidés de leurs corps et marchandises, le trafic connaîtrait une fin brutale et inéluctable. Le tout était donc d’arriver à cette conclusion. Le chef devait être trouvé, ses hommes localisés, l’ensemble massacré dans la joie et sans pitié, et les éléphants débusqués. Finalement, la seule chose qui restait à faire était la mise en pratique. Finie, la théorie ; il est temps de passer aux choses sérieuses et … jouissives !

Pourtant, cela allait naturellement impliquer certains éléments contrariants. Et dans ce registre, Kakeshuou Samui ne savait pas lequel lui déplaisait le plus. Dans un premier temps, le ton autoritaire et moqueur qu’empruntait son camarade de mission ne lui plaisait guère. Bien qu’il rappelle sans cesse qu’il agissait avec un Gouverneur, cela ne l’empêchait de renouveler critique sur critique. Et si les premières étaient constructives et compréhensibles, les suivantes devenaient de plus en plus inutiles et encombrantes. Imaginez à quel point se faire rabrouer par les anciens lorsque l’on est un jeune loup peut être gonflant. Maintenant, inversez le tout : imaginez ce que c’est pour un vieux lion de voir ses méthodes remises en questions par un jeune trou du cul ! Il y a des chiens errants qui mordent pour moins que ça … !!
Mais le second point, bien plus contrariant et même irritant pour l’ancêtre, était cette nouvelle méthode de combat que son compagnon de tâche ingrate dévoilait sous ses yeux stupéfaits ! L’invocation des morts ?! Depuis quand telle hérésie était-elle pratiquée par des combattants fiers de leurs compétences et de leur identité ? Tu dois donc te rabaisser à de pareilles méthodes pour remporter la victoire ?! Malheur de malheur … . Alors que Yanosa Oterashi, Nuke-Nin de fait, avait gagné de nombreux points au fil des rencontres entre ces deux protagonistes – fait rare pour le vétéran des guerres kiriennes ! – voilà qu’il perdait tout ce crédit par cette bête stratégie. Et il retombait au statut d’animal sauvage à abattre aux yeux du shinobi. La fin de la mission promettait bien des agitations … .

Pour le ninja, il est des règles qui doivent rester primordiales. Il doit être déterminé et se consacrer intégralement à sa mission. Il doit avoir un objectif conforme aux règles traditionnelles du Village auquel il appartient. Il doit être prêt à se sacrifier corps et âme pour l’accomplissement de son devoir ; la mission prime avant même la vie ou la fraternité. En échange de cette vie de dévotion et de dévouement, il gagne un seul et unique droit : la possibilité de viser et de s’accorder une mort digne, qui lui convient le mieux. Ce droit est difficile à arracher : il dépend de la capacité de survie de chacun. Si on prend Kakeshuou Samui comme exemple, son expérience et son grand âge lui donnent presque d’emblée ce droit de choisir sa mort, et la façon de la mettre en scène.
Mais ce que réalisait son camarade allait à l’encontre de toute éthique, de toute logique et de tout respect ! Comment pouvait-on infliger un tel affront à un homme ayant dévoué sa vie à une cause, avec pour seul mérite son identité et son repos ? Comment pouvait-on arracher à une âme son enveloppe charnelle, et la contraindre à servir une éternité supplémentaire pour un parfait inconnu ?! Cela allait à l’encontre de tout principe de vie pour celui qui vit pour le simple objectif de se sacrifier utilement. Tu es désormais devenu un monstre, Yanosa. Un monstre à abattre !

La situation était donc compliquée pour Kakeshuou ; qui se retenait de renverser cette alliance temporaire pour pourfendre son allié provisoire. Il serrait le poing, mais se retenait pour l’heure. La primauté allait à la mission. Par ailleurs, ces corps étaient ceux de misérables, qui n’avaient pas vécu leur vie avec le même dévouement que ceux des Guerriers de l’Ombre. Ce n’était donc pas une question d’attachement ; plutôt une question d’éthique … .
Les explosions ramenèrent le vieux guerrier au présent et, suivant la logique de son partenaire, le Lion des Neiges augmentait la pression. Ouverture de la Troisième Porte ! Le chakra inondait ses vaisseaux, gonflant ses muscles et ses poumons, le rendant prêt à n’importe quel affrontement. Il était prêt à foncer dans le tas ! Les explosions se répétaient : bientôt, tout le monde sortirait des lieux et la baston pourrait reprendre. Ha !! Il restait un détail !

~ Yanosa ! La mission précise qu’il ne faut pas achever les éléphants … –

Le quinquagénaire avait à peine entamé sa phrase que deux premiers mastodontes faisaient leur apparition, d’une part et d’autre du bâtiment central. Ils avaient certainement été effrayés par les assauts soudains et libérés dans une grande furie dans le quartier. Mais ils n’étaient pas seuls ! Chevauchés, leurs maîtres étaient déjà à l’œuvre. Sur le premier, Kakeshuou reconnaissait le Senseur identifié plus tôt, qui produisait les premiers mudras. La seconde d’après, le binôme entrait en action. L’éléphant brandit sa trompe et cracha un épais liquide droit devant lui. De l’eau … non … de l’huile ?! Voilà quelque chose de neuf ! Peu importe, le plus embêtant était la technique Katon enchaînée par le dompteur. Les deux éléments se mêlant formèrent un immense brasier léchant tout sur son passage, et prenant directement pour cible le duo de Shinobis. Prenant son envol pour marquer ses distances, le vieux briscard prenait le temps de finir sa phrase dans son envolée :

~ – alors ne fais pas de mal à ces bêtes ! Contente-toi de les neutraliser, c’est clair ?!?

Peu importe, le Jashiniste était déjà bien occupé ! Face à lui, le second pachyderme entamait sa charge frénétique, également accompagné par son maître. Ce dernier, après quelques mudras, frappait le dos de la bête, libérant un sceau qui couvrait le corps entier de l’animal. La seconde d’après, voici un puissant éléphant chargé de matériel défensif et blindage ! Colliers à pique, armure lourde d’acier, cornes tranchantes, tout l’attirail ! Sans oublier le cavalier qui frappait soudainement ses mains, créant une vague sonore rebondissant contre les parois des entrepôts alentours. Du Son ?? Intéressant ! Cette troupe était mieux entraînée et équipée que de réputation ; pas étonnant que les autres aient échoué !

Atterrissant derrière le bâtiment, Kakeshuou Samui voulait un peu de temps pour réfléchir aux évènements à venir. S’il devait maîtriser la bête tout en éliminant le senseur, il devrait faire preuve de tact. S’il savait pourquoi ces bêtes devaient être capturées vivantes, cela n’en rendait la tâche que plus difficile. Humm … .
Pas le temps de réfléchir ! Dans un violent fracas, le mur derrière lequel il avait trouvé refuge vola en éclat, sous la puissance des défenses d’ivoire de l’animal ! Confronté en face à face, la première réaction du vieux Lion fut la plus naturelle. Plaçant ses mains devant lui, il agrippa les cornes et tenta vainement de lutter contre la force brute de la bestiole. Traîné sur plusieurs mètres, sans pour autant décoller du sol, le ninja ne devait sa survie qu’aux Portes Célestes qui lui avaient donné une force suffisante pour résister au choc. Sous les encouragements fanatiques du dompteur, la bête n’allait pas tarder à réagir. Il était temps que le vétéran de Kiri trouve une solution ; et vite !!

Ayant été pris en chasse, le Samui s’était détaché de son groupe initial. Il était maintenant seul face au pachyderme, et devrait lutter contre. Après avoir stoppé la progression de la bête, les deux créatures monstrueuses – l’une de taille, l’autre de comportement – se faisaient face, impatients de voir qui pourrait rivaliser. Au sommet du tout, le combattant observait le pouilleux qui se prétendait assez fort pour tenir tête à son binôme animalier. Crachant sur le côté, il composait de nouveaux mudras pour déstabiliser la position du Ninja. Ce dernier, grinçant des dents sous le poids de la bestiole, remarquait les gestes à temps. Une nouvelle technique Katon ? Autant ne pas rester dans le coin ! Relâchant sa grippe, un bond en arrière lui permit d’éviter la langue de feu qui venait lécher le sol. Laissant un cercle sombre, Kakeshuou installait une distance raisonnable, que l’animal ne tarderait pas à réduire.

De l’huile, du Feu … . Ce duo était certainement plus performant que prévu. Il faudrait donc trouver une parade efficace. D’autant que le combattant de Kiri ne pouvait pas laisser son partenaire seul. Malgré ses nombreux talents, il aurait certainement du mal à gérer la troupe. Depuis le début de cette expédition, ces gueux s’étaient démontrés plus résistants et inventifs que prévu. On pouvait donc craindre un retournement de situation point agréable.
Ha ! Temps de réflexion écoulée, le gros machin se remettait en charge. Devant ses pas frénétiques et la menace des défenses d’ivoire, le quinquagénaire devait trouver la parade adéquate. Plissant les yeux, il avait rangé l’arme qu’il avait sorti instinctivement, et tentait de trouver une ouverture. Une nouvelle technique en approche ! Ayant concentré son chakra, le Senseur faisait apparaître de nombreuses boules de feu autour de lui, sans pour autant les lancer tout de suite. Mais à distance raisonnable, une première pluie vint s’abattre en direction du guerrier de l’Ombre. Sautillant en arrière, valsant entre les pas de la bête et le bombardement enflammé, Kakeshuou espérait un temps de pause pendant lequel il interviendrait. De nouvelles explosions, des secousses violentes au sol ; la dernière vint d’ailleurs déstabiliser le membre du Clan Samui. Sous le tremblement, perdant l’équilibre, le vieux briscard tombait au sol, face au monstre. La bête, observant sa cible à ses pieds comme un cafard, se cabra pour l’écraser de tout son poids ! Avec de rapides signes, le Gorille de Glace se dressait au dessus de son Créateur, le visage crispé et les bras croisés vers le haut, bloquant la patte massive de l’éléphant. Ouf ! Sauvé pour un temps. Mais la nouvelle pluie de boules Katon vint dévorer le sol et soulever un nuage de fumée. Le shinobi était désormais imperceptible, nageant dans le mystère et la poussière.

Satisfait, le monteur d’éléphant semblait satisfait de son assaut. Avoir repoussé un homme qui lui avait déjà causé des soucis était certainement un bon point, aussi bien pour sa future promotion que pour les bienfaits du petit commerce du groupe. Il ne lui restait plus qu’à retourner auprès du groupe. Mais le pas léger qu’il percevait dans son dos ne présageait rien de bon pour son avenir.
Subissant une violente coupure au niveau des ligaments des chevilles, le tout fut accompagné d’un coup de pied dans le dos lui apportant une grande souffrance. Sous un cri de douleur, le Senseur s’étalait sur le dos de sa bête, alors que la figure dominante du vétéran des guerres kiriennes surplombait sa chétive existence. Il était parvenu, grâce aux portes, à se tirer vite fait et à se placer derrière la créature avant de frapper en vitesse. Si le Senseur eut pu le repérer, il n’avait pas été assez rapide !

~ A quoi ressemble votre chef.
~ Va chier !

Kakeshuou Samui allait lui coller quelques pains dans la gueule, mais la créature s’agita vigoureusement, menaçant le fragile équilibre de son dos. Zut, elle a du sentir son maître en danger. Saleté ; mais l’homme n’était pas plus avantagé ! Avec ses récentes blessures, il ne parviendrait jamais à tenir sur le dos de la bestiole ! Et pourtant ! S’étant agrippé, aux poils de la créature, il se traînait difficilement à califourchon sur le pachyderme, pendant que le Jônin abandonnait sa position devenue peu profitable. Alors le Monteur et le Monté formaient un excellent duo de combat … . Ok, si vous le prenez comme ça … !
Une fois au sol, une pointe de vitesse et voilà le combattant sous la bête volumineuse. Frappant aux tendons, l’ancien comptait commencer par affaiblir les positions de la créature avant qu’elle ne tente quelque chose de neuf. Première étape : faite ! De nouveaux mudras, et le vieux frappait le sol, créant instantanément une surface glacée sur une vingtaine de mètres. De quoi faire perdre son équilibre à la bête et la porter au sol. Devant la menace du pachyderme en perte d’équilibre, l’ancêtre se tira de là de justesse, avant que l’éléphant s’étale de tout son long comme un sac de pommes de terre … ou plutôt une centaine de sacs en l’occurrence ! Sous le choc violent, son cavalier tomba au sol et roula sur le sol, abandonnant sa monture à son sort. De toute façon, elle était déjà hors d’usage ; des serpents de glace s’enroulaient autour des membres épais de l’éléphant, le plaquant au sol et sans possibilité de se sortir de cette situation. Voilà une bonne chose de faite ! Contournant l’imposante bestiole, le ninja de Kiri reportait son attention vers le malheureux qui croyait s’en sortir … .

~ Nous disions donc …

* * *

De son côté, Yanosa Oterashi s’en était sorti pour neutraliser à l’avance toute créature humaine ou animale avoisinante. Une stratégie joliment exercée ; mais serait-elle suffisante ? Et puis, cela n’allait-il pas à l’encontre de la mission ? Si le guerrier rouge éliminait les éléphants, cela pourrait aller à l’encontre des projets et des intérêts de son compagnon d’arme. Mais certainement s’en moquait-il … . On ne peut pas attendre grand-chose de la part d’un Nuke-Nin, pas vrai ?
Kakeshuou Samui revenait sur le devant de la scène. Du haut de l’entrepôt où il avait pris refuge, il observait les environs, et lançait une détection pour repérer l’élément perturbateur. Bien que son camarade de mission semblait maîtriser la situation, certains éléments lui échappaient certainement. Et pour commencer … .

~ Yanosa ! Le chef de la troupe est

Trop tard. Deux mains sortaient de terre en mode zombie, agrippaient les chevilles du Déserteur et, la seconde d’après, le trainait vers le sol, l’emportant dans les profondeurs. Une véritable aspiration, comme un trou noir ! Et dans cette situation, cher Croque-Mort, que peux-tu faire ?! Pendant ce temps, un homme s’extirpait de terre à une dizaine de mètres de là, abandonnant sa cible dans les entrailles de la terre où il connaitrait une mort lente et douloureuse. Les bouseux n’ont qu’à rester à leur place ! Ce n’était pas ces deux hommes là qui allaient lui chercher les noises, croyez-le sur parole !

~ Allez les gars ! On se reprend, et on extermine ces gêneurs ! Il faut retourner aux rafiots ! Et rassemblez les bêtes !

De sa position élevée, le vieux Lion avait suivi toute l’action. Et il demeurait désormais évident de l’identité du grand meneur. Il était là, face à eux, confiant, assez bel homme pour sa sombre profession. Il espérait certainement se débarrasser de gêneurs avant de retourner commercer comme un bandit. Hors de question de le laisser faire ! Mais il allait falloir œuvrer avec tact. La mission annonçait la présence d’une trentaine de gredins ; en comptant ceux allongés sur le carreau dans la baie un peu plus tôt, on atteignait facilement la cinquantaine d’hommes, voire plus ! Pas étonnant que les autres villages se soient cassé les dents sur cette mission. Le tout était maintenant de l’emporter pour marquer définitivement le point par rapport aux autres puissances. Certes, son adjoint était un renégat de la pire espèce, faisant appel à l’obscurantisme, à la religion impie et aux blasphèmes les plus graves en ramenant les morts à la surface ; mais Kakeshuou Samui pouvait tout faire, sauf renier ses principes fondamentaux. Et dans le cas présent, c’était la mission qui primait au dessus de tout le reste.

La première tentative du Jashiniste s’était avérée infructueuse. Il fallait donc rechercher une nouvelle tactique. Mais la situation allait se démontrer plus complexe. Non seulement les hommes se remettaient de leur torpeur, mais les gigantesques bestioles elles mêmes se montraient d’autant plus hargneuses. Visiblement, le groupe devenait plus solide de seconde en seconde. Il allait devenir plus difficile de les vaincre ; et d’autant plus de mater les bestioles sans faire trop de dégâts. Certaines demandes dans les missions étaient vraiment absurdes … . Et, cas plus compliqué, il allait être difficile de persuader son partenaire du jour de ne pas porter atteinte aux pachydermes armés. Génial, une fantastique journée en perspective !
Quittant son nid, le quinquagénaire revenait à la réalité. Allons, ce n’était pas la première fois qu’une mission le mettait au défi ! Il devrait faire preuve de plus de discernement et de plus de vilénie pour accomplir son œuvre macabre … . Ok, sans problème ! Il s’en donnera même à cœur joie ! Une fois arrivé au sol, il se trouvait encerclé avec son collègue par les loups de mer. La position était idéale : si ces fameux gars ne parvenaient pas à s’organiser, ils fonceraient tous dans le tas et se massacreraient les uns les autres avant d’avoir porté le premier coup aux deux Shinobis. Frappant les poings l’un contre l’autre, l’ancien était fin prêt ! On pouvait enfin s’y mettre !

~ S’il faut le faire, autant ne pas tarder ! Allez, ramenez-vous qu’on finisse cette histoire !

La foule alentour comptait bien faire de ses vœux une réalité. Pour des gueux venant semer le trouble dans leurs affaires, demander la mise à mort était comme demander de faire ses devoirs à un enfant. Évidemment qu’ils allaient le faire ! Ne t’affole pas, l’ancêtre, tu feras bientôt compétition avec les racines des pissenlits !

Se détachant du groupe, deux personnages se distinguaient du lot. Le Senseur n’était de toute évidence pas le seul élément à pouvoir marquer sa présence. De son côté, le Chef – à l’affinité Doton de toute évidence – semblait très confiant dans ses compétences. Un ancien Ninja ? S’il était un ancien Déserteur, l’éliminer n’en serait que plus raisonnable. Quant à l’autre, bien que ses capacités restaient encore un mystère, il n’en demeurait pas moins une figure emblématique du groupe. Le décor commençait à se planter. Si les deux protagonistes prenaient la tête de l’opération à venir, il ne fallait pas pour autant oublier le reste du groupe, qui était déterminé à participer. Et ces quatre éléphants qui prenaient leur place … . Humm ! Les choses allaient être intéressantes !
Mais Kakeshuou Samui ne comptait pas attendre des heures !

~ Alors, vous attendez quoi ?!? Vous avez peur !??
~ WOOOOOH !!

La foultitude envoyait soudainement un pluie de shurikens, espérant entamer la condition physique et moral des deux énergumènes. Ayant déjà couvert son bras gauche de glace, et ayant dégainé son arme blanche, le Jônin de Kiri bloquait la première vague avant de prendre son envol. Atterrissant près du second, il exécuta un geste ample, destiné à tailler dans le vif. Mais l’homme esquivait cette première attaque, … laissant ses camarades derrière subir la volée. Le sang gicla, taillant trois hommes et les étalant au sol. Bah, ca fera déjà ça de moins à nettoyer pour la suite ! Et pendant que la course entre les deux hommes continuait, les yeux des spectateurs se tournaient vers le second duo.

Face à face, le Chef et le Jashiniste allaient certainement enchaîner les hostilités. La pluie de shurikens avait également pris pour cible le guerrier rouge, mais le but n’était pas seulement de le blesser. Car ces armes ne feraient pas davantage. Non, il fallait trouver un moyen de piéger cet homme et de lui faire regretter amèrement son implication dans leurs affaires. Ayant effectué leur œuvre selon les consignes données, les grouillots se retiraient tandis que le Chef mettait en place son action. Créant déjà une série de signes, il disposait de quelques secondes – le temps que son adversaire contre la volée armée – pour s’assurer une bonne défense, et la réussite absolue de sa tactique. Peu à peu, la terre s’agitait et laissait émerger des murs qui s’accumulaient, séparant sur plusieurs plans les deux adversaires. Disparaissant définitivement derrière un mur de pierre, les deux hommes ne pouvaient se croiser du regard.
En revanche, cela ne signifiait pas que la pression serait relâchée. Le temps que de multiples murets fassent leur apparition, des pics se formaient sur la surface de terre et se précipitaient vers le Nécromancien. S’ils continuaient à grandir, ils ne tarderaient pas à l’atteindre … et à le transpercer !

Affronter un adversaire aussi agile serait certainement un défi à relever … et à dépasser ! Kakeshuou Samui comptait bien marquer les points et vaincre cet homme qui paraissait au dessus du niveau banal de pirates de septième zone. Jusque là, ses assauts n’avaient pas été des plus efficaces. Mais il allait bien parvenir à renverser la vapeur. La chose ne serait d’ailleurs pas bien compliquée ! Il suffisait de déstabiliser ce morveux et de lui faire connaître l’enfer par une attaque rapide, simple, et dévastatrice. Rien qui ne soit impossible pour le vieux Jônin.

En revanche, les lieux étaient quand même restreints, et il allait falloir trouver un moyen d’agir doublement. Ce défi entre Samouraï n’était pas dans le cadre principal, restait également la mission. Il serait donc intéressant de profiter de cet affrontement entre particuliers pour faire un peu de nettoyage. Ayant jusque là esquivé l’attaque et poursuivi son attaquant, Kakeshuou brandissait une nouvelle fois son arme, visant ainsi l’abdomen de l’Homme-Élastique ; ce dernier esquivant, la frappe ne fut pas vaine ! Puisqu’elle taillada quatre membres du gang se trouvant derrière. Ces idiots n’avaient pas réagi à temps devant le combat, et espéraient certainement pouvoir assister à la scène de près. Bande d’incapables : vous ne serez que le tremplin permettant la réussite de cette mission ! Quitte à détourner le regard de sa cible un instant, le Jônin effectuait une pointe d’accélération, et fonçait vers le groupe le plus proche. Tournant sur lui-même, sa lame coupa net sur les chandails et membres de la troupe de trafiquants, qui s’en trouvèrent projetés en arrière, ou plaqués au sol, dans le sol et les cris d’effroi. Pas le temps de laisser une minute d’ouverture, le Lion des Neiges dérapait sur le sol et glissait entre les pattes d’un éléphant. Forçant ses traits faciaux, l’homme – malgré son grand âge – concentrait ses forces. Il comptait bien mener à bien le rôle qui lui avait été confié ! Glaçant son coude droit et le rendant plus dur, le coup asséné au niveau du foie de l’animal eut presque un effet immédiat ! Sous la vitesse de la glissade et la Force déployée dans la frappe, la Bête massive barrit violemment, et s’effondra sur place. Il existait donc des failles chez ces créatures imposantes : une excellente chose à savoir.

S’étant tiré de là à temps pour ne pas finir écrasé par cette montagne de muscles et de viande, le guerrier se redressait et localisait celui qui lui donnait plus de mal que la foule brigande alentour. Un sourire narquois se dessinait sur son visage ; alors tu veux jouer à ce jeu-là ? J’y suis disposé ! Mais sache qu’il n’y a qu’une seule question possible dans cette configuration. « Combien de temps tiendras-tu face à moi » ; et rien d’autre !

~ Héhé. Je vais te tester, puisque c’est ce que tu souhaites, jeune homme !

Rengainant son sabre, l’homme à l’épaisse chevelure décidait de partir sur une nouvelle option. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas déployé son Art sous sa forme favorite. Que serait capable de faire ce garçon, tout acrobate qu’il était ? Crois-tu pouvoir tenir le rythme ? Ou ta performance n’était-elle que foutaises et bilevesées ? Couvrant ses bras de Glace par une incantation de mudras, l’homme prenait une certaine aisance ! Inspirant profondément les yeux fermés, les rouvrir marqua comme un nouveau tournant dans ce combat ! Ayant ouvert la Quatrième Porte, il espérait bien ici raccourcir le temps consacré à cet échange opportun ! Mais si son adversaire venait à résister, il n’hésiterait pas à aller plus loin encore !

Un sourire malicieux : du vice ? Chez notre homme, prétendument sage et serein, ce serait pure trahison ! Et pourtant, cela ne résulte qu’en un seul fait. A vous, qui avez une si faible expérience de la vie, vous ne pouvez savoir combien d’étapes, combien d’épreuves le vieux vétéran a traversé. Et combien de visages se sont développés au sein de son âme. Ici, il s’agit bien de celle profitant de l’ivresse d’un combat ; de la joie du sang et de la détermination à faire régner sa propre loi sur ces terres !
D’un bond, il fonçait sur sa cible ! Sourire enjoué, il espérait bien changer la donne, malgré l’agilité de l’énergumène. Mais ne crois pas que je viens avec des techniques aussi faibles ! La pointe de vitesse au dernier instant suffit à faire disparaître la silhouette du combattant. Elle réapparaissait le temps d’une seconde ; ses bras glacés s’étaient armés de pics de glace, aux abords pointus et tranchants ! Un développement plus poussé de sa technique initiale, qui avait valu pendant longtemps à Kakeshuou Samui la réputation du Boxeur Sanglant. Surnom qu’il avait préféré faire oublier pour prôner la sagesse et le rôle important de senior qu’il arborait de plus en plus.

~ TAH !

L’attaque surprise aurait-elle de l’effet ? Cela ne changeait rien au fait que les bras brandis en croix dans le dos de l’adversaire serait du meilleur effet s’ils portaient leurs fruits ! Et notre Jônin comptait bien ne pas laisser cette occasion lui échapper ! Alors, petit gland dans le jardin : que comptes-tu faire pour la suite ?!

Le chef de bande ne comptait pas se laisser faire aussi facilement. Tout aussi rapide qu’il était, le guerrier rouge était certes impressionnant, mais il n’était qu’un homme parmi tant d’autres ! Et ce n’était certainement pas le premier Shinobi qui venait lui mettre des bâtons dans les roues. Mais étant donné sa disposition à pouvoir se défaire des gêneurs, le Maître des lieux ne se faisait guère de mourrons. Attends-toi à tomber dans les mêmes pièges que les autres, crétin !

Cependant, le fameux patron n’avait probablement pas anticipé une attaque aussi rapide ! Et le temps que ses murs se créent tout autour de lui, il ne pouvait plus faire grand-chose contre le Jashiniste, qui entamait déjà la suite au corps-à-corps. La rafale de coups fut sans le moindre doute d’une grande efficacité et d’une violence inouïe ! En même temps, lorsque l’on demande à un pareil bourrin de rejoindre une équipe d’intervention, mieux vaut ne pas lui demander de jouer du banjo à moins d’avoir plusieurs centaines de cordes de rechange ! Les coups ne semblaient pas s’arrêter ; mais Yanosa avait certainement déjà remarqué les petits éléments qui montraient que son assaut était inefficace. C’était comme si chaque frappe atterrissait dans une matière plus molle que la fois précédente. Surprenant, non ?

~ Et tu croyais aller où, comme ça ?

Le poing au milieu du visage, le Chef de bande toisait son adversaire d’un regard mauvais … . Et son visage implosa dans un « POP » de fumée, laissant le corps sans tête ! Le temps que le poing se retire, la tête refaisait surface ! Quelqu’un capable de magie ?!? Non, ce serait insensé ! Mais à supposer qu’il soit Ninja comme ceux déjà croisés jusqu’à maintenant, on pouvait toujours croire qu’il s’agissait d’une compétence hors-norme et relativement rare !
Confiant de son pouvoir, le corps de l’homme, comblé de trous en tout genre, reprenait progressivement consistance. Le sourire était relativement plat, mais suffisamment évocateur pour comprendre que la victoire était assurée selon lui. Pourquoi en douter ; jusque-là, il n’a jamais failli !!

~ Voyons voir ce que tu sauras faire, face à ça !

Frappant des deux mains, quatre parrois se dressèrent entre Yanosa Oterashi et son ennemi juré. Entrant en mouvement dans un labyrinthe, dont il était le seul à connaître les secrets, le Chef du trafic passait sa main sur la roche, et enchaînait les ordres. Bientôt, des piques acérés sortaient des parois et transperçaient les couloirs ; menaçant ainsi directement la vie Nuke-Nin. De son côté, le Créateur d’un pareil Dédale donnait naissance à quelques Clones Doton. Il avait besoin de temps. Ne serait-ce que deux à trois minutes … .