La Guerre pour l’Indépendance, un nom à la fois étrange et plein de sens. Kumo et Suna s’était apparemment querellé une nouvelle fois lors de la visite du Kazekage. La Régente aurait apparemment refusé l’idée de rendre l’indépendance à Tetsu no Kuni, sachant que le code d’honneur des Samouraïs n’était pas à ignorer. Si l’alliance entre les Pays du Fer et de la Foudre était belle et bien présente, ce n’était pas pour rien. Cela avait été un choix partagé, et chacun y trouvait son compte depuis. Même s’il n’était Kumojin que depuis peu, Kal croyait fort en son village et en la bonne entente entre les siens et ceux de Tetsu no Kuni.

Il y avait une chose incompréhensible pour lui, c’était bien l’alliance entre Kiri et Suna. Comment cet homme, qui se voulait défenseur des pays neutres, avait-il pu s’allier avec la barbarie incarnée ? De plus, en ayant déclaré la guerre à Kumo, et de fait à Konoha, c’était comme s’il s’apprêtait à combattre non pas deux mais cinq pays, dont trois qu’il voulait défendre. C’était réellement incompréhensible. Mais Bakushô Kal était encore loin des grandes sphères de décision, et il n’avait sûrement pas toutes les cartes en main pour pouvoir juger.

Appliquer les ordres, c’était tout ce qu’il pouvait faire en ce moment. On lui avait d’ailleurs attribué un voyage aller-retour. Des jours de marche en perspective, jusqu’à Tetsu no Kuni. Ce pays était d’ailleurs en frontière avec une nation rallié à Kiri, mais également avec Hi no Kuni. C’était donc un point clé, probablement.

Il ne se passa rien de particulier pendant les trois jours de l’aller. Kal n’avait pas autant voyagé depuis longtemps, et c’était d’ailleurs sa première mission à l’extérieur du village depuis qu’il était devenu Genin de Kumo.

On lui avait donné une lettre, qu’il avait rapidement dissimulée à sa manière, sous ses vêtements. Interdiction formelle de la lire. Et le jour même, il était reparti. La paye sera bonne, se disait-il lors des premières dizaines de minutes de trajet. Mais une fois les frontières dépassées, il vit une silhouette se dessiner sur la plaine.

Aurait-il pu détourner l’intention de ce dernier ? Devait-il aller à la rencontre de cet inconnu ? Devait-il cacher son bandeau et son identité ? Malgré l’entraînement qu’il avait suivi avec son oncle, il y avait des choses qui ne pouvaient changer. Et Bakushô Kal était toujours Bakushô Kal…

Je suis Bakushô Kal, Kumojin. Qui es-tu ?

Direct comme à l’accoutumée. Il lui était toujours inconcevable de ne pas se présenter avant d’exiger la même chose d’un inconnu. Et cacher son identité… revenait à avouer une faiblesse dont il ne voulait certainement pas.

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Un jeune homme d’un âge semblable ou plus jeune que Kal. Ce dernier n’avait pas l’air d’un barbare, ni d’un enfant tombé du nid. En même temps que le Bakushô se faisait un plaisir à détailler son interlocuteur, ce dernier ne tarda pas à se présenter. Kaguya Shikyo, membre du clan Kaguya. La répétition rapide de ce clan lui proposa de croire l’inconnu. La maîtrise des os, voilà un pouvoir aussi puissant que particulier. S’il disait effectivement la vérité, les deux Genins avaient donné les armes égales à chacun, dans leur élan de franchise commun. Mais pouvait-on réellement croire l’ennemi ? Une question purement philosophique, à laquelle Kal n’avait pas envie de répondre, certainement pas maintenant, de surcroit.

Car le combat se devait d’avoir lieu. Si le Kirijin n’avait encore rien fait de particulier, hormis se plaindre du sang qui pouvait entacher ce paysage dans un futur proche, il était tout simplement évident que les deux Genins ne pouvaient simplement se séparer sans rien tenter. Non, le Bakushô devait combattre, même s’il aurait aimé le faire en ayant plus d’informations.

N’étant pas senseur, le balafré ne put se rendre compte du niveau de puissance de son interlocuteur. Et malheureusement, il y avait plus de chances qu’il soit tombé sur plus fort que lui que l’inverse. Car Kal était encore au bas de l’échelle, et il n’était pas réellement loin de le mériter, malgré ses récents progrès. Devenir Chûnin… C’était bien trop tôt. Mais c’était l’occasion de vérifier s’il pouvait espérer cette montée de grade.

Je n’aime pas spécialement me battre… Mais à partir du moment où notre rencontre a eu lieu, nous ne pouvons pas nous ignorer, ni nous laisser partir en étant sûr que l’un n’a pas essayé de piéger l’autre. Prépare-toi.

Une mise en garde dans la continuité de la politesse et du code d’honneur de Kal. Il fallait le prévenir. Attaquer par surprise, ou profiter d’un quelconque moment de faiblesse ou de sympathie était hors de question. Le Kumojin fit un bond en arrière.

Kal n’étant pas de ceux qui attaquaient sans réfléchir, il se demanda par quoi il pouvait commencer. La « tactique habituelle » qu’il avait toujours résumée mentalement. Car c’était bien son premier combat réel. Rapidement, il lança deux kunaïs dans la direction de son opposant. Un premier test, afin de voir comment ce dernier semblait se battre face à des choses aussi… banales que des projectiles simples. Esquiver, parer, attaquer… Tout allait être passé en revue, du moins s’il le pouvait.

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Les kunaïs avaient été envoyés de la main droite, ce qui laissa à Kal le soin d’utiliser sa main gauche, ou plutôt de la préparer. Un shinobi, même de bas niveau, pouvait largement se défaire de simples kunaïs, surtout à nombre réduit. Et ce Kaguya ne pouvait échapper à cette règle, à moins que Kiri ne soit devenu qu’un ramassis d’idiots, ce que le Bakushô avait du mal à croire. Dans sa logique, et sans attendre de voir s’il allait avoir raison, il voyait déjà son adversaire trouver une parade à ses deux projectiles. Il avait donc déjà armé sa main dans une de ses deux poches d’argile, tandis qu’il regarda son adversaire.

Deux paumes ouvertes, que comptait-il faire ? A peine cette question posée que le balafré obtint sa réponse. Un souffle qui repoussa les deux armes. Mais la réponse avait été d’une violence suffisante pour envoyer un des deux kunaïs vers la direction opposée. Contre toute attente, Kal se devait de se protéger, et ce rapidement. Par réflexe, il sortit un autre kunaï de sa main droite, qu’il utilisa pour se protéger de celui qui avait été renvoyé.

S’être protégé était une bonne chose évidemment, mais il fallait empêcher une contre-attaque directe. Quelques créations avaient été faites par sa main gauche. Quatre était un nombre suffisant, et même s’il aurait voulu aller jusqu’à cinq, il se dépêcha d’envoyer sa technique sur son adversaire. Quatre colombes d’argiles foncèrent alors sur le Kirijin.

La légère contre-attaque de son adversaire avait laissé un petit moment où la concentration de Kal s’était allée vers le kunaï renvoyé. La préparation des colombes avait donc été lâchée un court instant, c’était pour cela qu’il n’avait pu aller jusqu’à son maximum d’oiseaux. Mais ces dernières, même s’il en manquait une, étaient rapides. De plus, les esquiver ne suffirait pas, cette fois. Petit à petit, les étapes du combat gagnaient en intensité. Et c’était la tactique parfaite pour Kal. Les informations commençaient à apparaître.

Ne sachant que faire de son kunaï, le Kumojin préféra le garder sur lui, au cas où. Ses jambes légèrement fléchies indiquaient clairement qu’il se tenait sur ses gardes. Sa concentration était proche du maximum. Il ne fallait que rien ne lui échappe. C’était la clé du combat, sans le moindre doute.

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Les colombes fusèrent. Et le Kirijin tenta des premiers mouvements indiquant clairement que, cette fois-ci, il n’allait pas les parer ou les repousser ; mais bien les éviter. Comment allait-il s’y prendre ? Si le Kaguya lui avait semblé d’abord être un adepte du Ninjutsu, avec sa technique à première vue Fûton, sa succession de mouvements assez habiles lui suggéra qu’il était aussi un adepte du Taïjutsu. Cela était d’ailleurs plus logique au vue de ses capacités spéciales. La maîtrise des os, c’était clairement un style de combat au corps-à-corps. D’où l’utilité de… Non.

Coupé dans ses pensées par le court spectacle qu’il avait sous les yeux, Kal vit son adversaire se faire surprendre par la dernière colombe, à point qu’il lui donna… un coup ?! La colombe n’explosa pas, car le Bakushô avait été trop surpris par la décision de son ennemi. Comment pouvait-on tendre la main à une création d’argile explosive ? Inconcevable, à moins… qu’il n’eut jamais connu les pouvoirs du clan Bakushô, pourtant réputé à Kumo. Et il eut la confirmation de son hypothèse aussitôt : son adversaire lui demanda clairement ce qu’il avait sur la main.

Incroyable, tu ne sais donc rien de mon pouvoir ? Tu as de la chance que mon honneur soit sans faille. Car mon pouvoir… est l’explosion !

Sur quoi il activa mentalement l’explosion de ce qu’il restait de sa colombe. Sachant qu’il ne l’avait pas fait imploser avant qu’elle ne soit touchée par le coup du Kirijin, Kal savait que ce dernier ne serait pas gravement blessé. Et la phase d’observation était quasiment terminée. C’est pourquoi, lorsque la faible détonation se fit entendre, que le Bakushô lâcha son kunaï, et remplit les bouches de ses mains d’argile.

Maintenant que tu sais tout, prépare-toi. Le vrai combat commence… avec la Ducha !

Sur quoi il tournoya tout en libérant à chaque instant des petites masses d’argile partout sur la zone de combat. Des monticules tombèrent les uns après les autres, à tel point qu’il fallait faire très attention pour ne pas marcher dessus.

Le Kaguya savait désormais que l’argile était explosif, et qu’il fallait qu’il fasse tout pour ne pas entrer en contact avec l’un de ces monticules, ce qui serait bien difficile vu le nombre de ces derniers. Mais ce qu’il ne savait pas, et c’était là le plus intéressant, c’était que sur ces petites masses d’argile, seules cinq d’entre elles étaient réellement explosives. Et bien entendu, Kal savait où il les avait envoyées.

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Comme il avait pu s’en douter, la faible explosion apparemment tout de même encaissée par le Kaguya n’avait pas mis ce dernier hors d’état de nuire. Non, il était prêt à attaquer, selon ses rapides mouvements. Dans l’appellation qu’il employa, le Bakushô reconnut la danse. Une danse donc probablement quelque-chose qu’il allait tenter au corps-à-corps. Quelque-chose sembla tournoyer autour de son adversaire, qui se mit à foncer vers le balafré, qui s’était tenu sur ses gardes.

Une des cinq mines d’argile explosa, mais ne causa apparemment rien au jeune homme. Sa technique semblait repousser ce qu’il avait autour de lui. C’était logique puisqu’il maîtrisait le Fûton. Oui, cet élément de Ninjutsu semblait clairement se détailler au fur et à mesure du combat. Les informations que Kal avait sur son adversaire s’étaient concrétisées et étaient au final assez nombreuses.

Le coup de pied fut puissant, et repoussa le Kumojin qui s’était pourtant protégé des deux-bras. Repoussé sur plusieurs mètres, il avait su par réflexe ne pas se retrouver sur une des quatre mines d’argile explosives restantes. Mais là encore, un aspect s’était clairement dessiné à propos du dénommé Shikyo : il appréciait le Taïjutsu. La logique du Kaguya, Kal y avait déjà réfléchi. Et ainsi la phase d’observation et de récolte d’informations était clairement terminée.

La douleur, ou plutôt la gêne qu’il avait eue au bras gauche s’estompait peu à peu. Le balafré réfléchit, durant ces quelques instants de répit. Sa stratégie, qu’il suivait depuis le début, n’avait pas varié. Mais la façon dont l’amener avait vu de nouveaux facteurs la perturber.

Réfléchir… Le Taïjutsu et un Kaguya dangereux au corps-à-corps. Le Fûton, élément bien important. Les quatre mines restantes, qui allaient exploser au moindre contact et ce, indépendamment de la volonté de leur créateur. Kal repensa à tout ce qu’il avait fait depuis le début.
Son plan resta le même. Il prit un peu d’argile dans les bouches de ses mains.

Tu as du voir que certains monticules n’explosaient pas. Est-ce que c’est voulu ? A toi de voir. Mais je pense que nous savons tous les deux une chose…

Il ferma les yeux un court instant, puis sembla esquisser un sourire. Mais son sérieux naturel revint au devant de la scène.

Le combat va bientôt arriver à son terme. Je vais te montrer ma plus belle création…

Un minuscule oiseau apparut au creux de sa main droite. D’argile sans aucune doute, il était sûr que sa taille n’était pas un avantage. Pourtant, c’était bien la plus puissante des créations du Bakushô à l’heure actuelle.

Vole… Halcón !

Soudain, la créature vit sa taille décupler, faisant alors une taille supérieure à celle de la main de son créateur. Le faucon s’envola à grande vitesse, fonçant vers le Kirijin en ligne droite.

L’explosion allait être importante, et il était clair que le Kaguya ne pourrait pas la renvoyer comme il avait pu le faire avec les kunaïs au début des hostilités. Pouvait-il esquiver ? Peut-être, mais il prenait ainsi le risque de se faire exploser la jambe. Qu’allait-il faire ? Ce n’était pas clairement le plus important. Car lorsque Kal avait parlé de « finir le combat », il savait que ce n’était pas que pour son faucon d’argile. Non…

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La vitesse à laquelle volait le faucon était grande, supérieure à celles des colombes qu’il avait pu envoyer plus tôt. Mais le point fort de cette technique était bien la puissance de l’explosion et de son souffle. Etre touché de plein fouet par cette technique signifierait la fin du combat, indéniablement. Pour autant, et ça n’allait pas être une surprise, le Kaguya fit un mouvement de réflexe qui sembla démontrer une réelle envie de ne pas perdre ce combat. Les paumes ouvertes… N’espérait-il tout de même pas repousser l’oiseau d’argile ? Non, il les tourna vers le sol.

De l’impulsion, sans doute liée à une nouvelle technique Fûton, le fit s’envoler l’espace d’un instant. Mais ça allait être insuffisant. Kal plongea sa main droite dans sa sacoche d’argile, commençant à préparer la fin de son plan. Mais alors que le contact entre le dessus de son faucon et du Kirijin n’était plus qu’une question de fragments de seconde, ce dernier projeta quelque-chose.

La préparation d’un nouveau faucon lui avait demandé de la concentration, à tel point qu’il ne put esquiver le projectile que le Kaguya lui avait envoyé. Une vive douleur à l’épaule droite, plus marqué que sa gêne au bras gauche, tirailla un instant le balafré. Il fit alors exploser son oiseau, et vit son adversaire soufflé par l’explosion.

Alors que ce dernier retombait, Kal enleva ce qui ressemblait à un petit os de son épaule droite, grimaçant légèrement. Une petite plaie, qui allait probablement le gêner pour le reste… Mais de toute façon, le combat allait se décider maintenant.

Sans faire attention à l’état de son adversaire, le Bakushô se releva, un nouveau faucon miniature entre les mains. Devenant soudainement plus grand, il s’envola de sa main droite. Mais au même instant, Kal leva sa main gauche et libéra une forte pression de chakra Fûton. L’oiseau ne fonça pas… il fusa.

Voilà l’objectif premier du plan que suivait le Kumojin depuis le début. Sachant que son adversaire manipulait les os, il s’était douté que le corps-à-corps était à éviter. Le maintenir à distance devait être une priorité. Mais pour ce faire, l’utilisation de techniques de sa part était indiscutable. Et montrer ses atouts petit à petit ne pouvait signifier rien de bon pour le balafré.

Ne sachant rien de la puissance de son adversaire, il savait qu’il lui fallait une phase d’observation, avec des assauts de faible envergure certes, mais de quoi révéler au mieux les capacités de ce dernier. Ce fut le cas, avec des techniques Fûton, une danse et un corps-à-corps qui était bien à la hauteur de ce que Kal en avait pensé. Le style de combat du Kaguya s’était dessiné petit à petit.

Mais en ayant fait cela, Kal avait du lui aussi dévoiler ses capacités. Depuis l’élaboration de son plan, il avait su qu’il n’avait que deux possibilités : se limiter à ce qu’il avait fait jusqu’alors et espérer que son adversaire aurait un moment de faiblesse, ou tout miser sur un assaut puissant couplé à un effet de surprise. La deuxième option avait été préférée.

Pour ce faire, il savait qu’il avait sa technique Fûton. Mais afin de maximiser ses chances de réussite, il avait fait en sorte durant sa phase d’observation, d’attirer l’attention de son adversaire sur ses techniques. Ainsi, le dénommé Shikyo avait connu la vitesse des colombes, l’astuce des mines et plus récemment la vitesse du faucon ainsi que la puissance de son explosion.

Utiliser une seconde fois le faucon était donc l’application directe de son plan. Le Kaguya, qui venait de voir la technique à l’œuvre, avait cerné la vitesse de vol du faucon. Mais couplé à la technique de souffle Fûton, cette vitesse était décuplée. Et en plus de ça, il y avait toujours l’intérêt pour les mines qui ne pouvait être oublié.

L’effet de surprise, voilà ce sur quoi Kal avait compté depuis le début du combat. Un plan et un combat qui étaient à double-tranchant, car même si la vitesse et la puissance de son nouveau faucon étaient supérieures à celui d’avant, et que son adversaire semblait déjà mal en point, le Bakushô n’avait quasiment plus de chakra.

Tout allait se décider maintenant.

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L’explosion avait été d’une intensité qui aurait pu faire sourire son créateur. Mais l’importance de son plan et de cet assaut final l’obligeait à rester sérieux, malgré tout le reste. Mais ça n’avait apparemment pas suffit. Comment pouvait-il encore parler ? Une seule possibilité : il avait survécu. Pour autant, l’explosion avait eu lieu. Alors… La fumée provoquée par l’implosion du faucon d’argile se dissipa, et révéla un jeune homme en piteux état, mais toujours debout. Comment avait-il réchappé à l’explosion ? Du Fûton, des os ou une technique secrète ? Kal n’avait pu le voir.

Et étrangement, c’est à cet instant qu’il esquissa un sourire. Son quitte ou double n’avait pas fonctionné, selon toute vraisemblance. Même si son adversaire avait des blessures plus importantes que lui, il avait sans doute plus d’énergie que le balafré, qui n’avait à peine de quoi exécuter quelques faibles créatures d’argile. Bien entendu, il pensa à s’enfuir. Mais la prise de parole du Kaguya le fit rester au cœur du combat, au cœur de l’action. Qu’allait-il se passer maintenant ? Il demandait le document. Comment pouvait-il être au courant ? Il en avait donc forcément un.

Au vu de ses prestations, le Kirijin était de faible grade, tout comme le Bakushô. Genin, ou Chûnin tout au plus. Mais lui aussi, malgré cette « faiblesse » hiérarchique, on lui avait donné un document à transmettre. Deux Genins, seuls, deux documents… C’est à ce moment précis que le déclic eut lieu.

Un document, toi aussi ? Es-tu idiot… Kaguya Shikyo ?

Il n’avait pas vérifié, mais il était pourtant sûr de ce qu’il disait. Il alla chercher sous son vêtement le fameux document. Il l’ouvrit. Son sourire avait laissé place à un ricanement.

Le voilà, ton document !

Il jeta le parchemin aux pieds de son adversaire. Malgré la distance, le Kaguya pouvait clairement le voir : il était vierge. Le balafré jeta ses yeux au ciel. Comment avait-il pu croire…

Es-tu un Genin comme moi ? Nous donner des documents secret à nous, seuls… Nous ne sommes que des leurres, des pions.

Il ricana une nouvelle fois, et plongea ses yeux dans ceux de son adversaire.

Je ne te demanderai même pas de regarder le tien. Ma mission n’était pas de te tuer, ou de récupérer ton faux document. Je t’ai combattu car, en plus d’être un pion, je suis Kumojin et tu es mon ennemi. Mais à présent, ce combat n’a plus de sens.

Sur quoi il resta debout, continuant de regarder son adversaire.

Une façon de penser sans pareille… Ce n’était pas la première fois qu’on disait cela à Kal, ou du moins qu’on lui soumettait cette idée. Depuis son plus jeune âge, sa philosophie même s’il n’aimait pas appeler ça ainsi, était hors du commun. Il ne se considérait pas comme supérieur aux autres, mais il était clair que sa vision des choses, souvent pessimiste et trop réaliste, le rendait différent. Et pour la première fois en tant que Kumojin, il avait donné la preuve que sa vision des choses était la bonne, quelque-part.

Méritait-il son grade ? Il ne le savait pas. Les sphères décisionnelles de Kumo lui étaient inconnues, c’était un monde différent. Quelque-chose que lui, en bas, pouvait regarder en haut. Ce qui comptait, c’était d’être soi-même, et ça jamais le Bakushô n’avait fait autrement. Son honneur en avait été une grande preuve. Lui qui avait refusé de se battre sans prévenir son adversaire. Lui qui avait refusé de profiter de l’ignorance de ce dernier. Bakushô Kal était lui-même.

Il regarda avec intérêt l’os que le dénommé Shikyo sortit de lui-même. Un trophée, un souvenir, ou un mensonge ? Laissant le Kirijin terminer sa métaphore des échecs, le Kumojin ne ramassa cependant pas l’os de grande taille qu’on lui avait jeté.

Un trophée d’un adversaire que je n’ai pas battu ? Non merci.

Il esquissa une nouvelle fois un sourire. Son plan avait été de qualité, mais voilà, il n’avait pas été parfait. Impossible de savoir qui de l’épuisé ou du blessé aurait gagné si le combat s’était poursuivit. Mais le combat n’avait plus de sens, comme il l’avait dit.

Tu n’es pas un idiot, finalement. J’ai été ravi de te connaître, et de te combattre, Kaguya Shikyo.

Il se mit lui aussi à marcher à reculons, lentement, pas à pas, car le plaisir ne pouvait prendre le dessus sur la guerre actuelle. Avant d’être un combattant fier, le Kirijin était un ennemi. C’est donc sans relâcher son attention que le balafré partit, au même titre que son adversaire.

Kal n’avait finalement pas pris son trophée. Mais ce dernier, laissé au milieu de monticules d’argiles, au cœur d’un terrain portant les marques d’un combat mémorable…
C’était peut-être ça, le véritable trophée.