Les nattes au vent, la jupe dansant au rythme de la brise, elle déambulait les rues avec insouciance. Elle gardait la tête bien droite, le visage rivé droit devant elle. Lorsqu’elle sentait un regard hostile à son égard, et nombreux étaient-ils, elle se contentait de diriger ses prunelles sanguines en direction de là d’où provenait le regard belliqueux pour identifier le coupable. La Natsumi d’avant ne se serait pas contenter de si peu mais aurait tourné la tête pour répondre au défi oculaire. Elle plongerait alors son regard le plus froid dans celui du fautif pour tenter de l’intimider. Une tactique qui fonctionnait souvent mais pas toujours mais au moins elle avait donné un aperçu de sa personnalité.

La vie dans ce village serait-il donc en train de la rendre docile ? Point. En réalité, au fond elle était toujours cette sauvageonne indomptable d’ Hai no Kuni mais elle n’était pas folle au point de vouloir envenimer sa situation. Sa présence à Kumo dépendait de ses bons comportements et ne sachant pas où aller présentement, en plus de ne pas avoir encore trouvé les réponses qu’elle cherchait dans ce village caché, elle essayait donc tant bien que mal de s’intégrer, quitte à jouer un personnage qui ne lui correspondait guère. Sa situation actuelle la poussait donc à se glisser dans la peau d’une genin modèle, voilà pourquoi elle ne cherchait pas à aggraver l’animosité que les habitants avaient envers elle. Dans une situation comme celle-là, elle se demandait toujours si cette haine dont elle était victime était liée à son défunt grand frère ou juste parce qu’ils ne l’aimaient pas un point c’est tout. Ce n’est pas qu’elle cherchait à être aimée, non, loin de là, elle préférait l’ignorance à la gentillesse venant de ses semblables. On dit que les gens changent et peut-être qu’un jour, elle confirmerait cette règle ou bien au contraire, elle démontrera qu’il y a toujours une exception à un credo ...

A pas réguliers, elle se dirigeait vers l’endroit le plus haut du village. Lieu qui se trouvait assez éloigné de son quartier résidentiel et qui l'obligeait à traverser d'autres quartiers mais où elle avait élu un coin de repos personnel. Un emplacement découvert par hasard lors d’une de ses promenades solitaires et où elle avait pris l’habitude de traîner dès qu’elle n’avait rien à faire comme aujourd’hui, et qu’il faisait trop chaud pour glander dans son petit appartement dépourvu de moyen de climatisation. En passant devant une boulangerie ou une confiserie, elle évitait d’attarder son regard sur les produits exposés pour tenter les passants car pour elle, ils étaient sources de souffrance possible. Elle était toujours aussi pauvre et n’avait donc pas de sous pour combler sa gourmandise poussée presque à l’extrême. Mais si elle pouvait éviter la tentation via la vue, elle ne pouvait rien contre les odeurs alléchantes qui jouaient avec son odorat assez aiguisé. Ne pouvant pas supporter d’avantage la torture que seule une gourmande comme elle pouvait comprendre, elle accéléra alors les pas pour s’échapper de ses assaillants microscopiques et volatils.

Quelques minutes s’écoulèrent et la voilà qui se trouvait au pied d’une pente recouverte d’une herbe abondante et bien entretenue. Tout en haut mais pas tout à fait au sommet, se trouvait un arbre majestueux qui avait poussé bien droit là ou tout être humain aurait tenu penché sauf en défiant la loi de l’apesanteur. Elle gravit la distance qui la séparait de la merveille de la nature qu’elle contempla un moment, une main posée sur le tronc comme si elle lui demandait l’autorisation de la grimper. Chose qu’elle fit cinq secondes plus tard. Elle s’allongea ensuite sur le dos sur la branche habituelle, qui se trouvait à mi-hauteur. Celle-ci était assez large pour qu’elle puisse s’y allonger sans craindre de tomber à moins de trop gesticuler. Elle posa une main au milieu de sa poitrine et laissa l’autre pendre dans le vide alors que ses yeux se fermèrent tout doucement. Cachée par le feuillage pléthorique de son arbre, on ne pouvait la voir sauf si on se postait en dessous même de celui-ci mais vu son emplacement, personne ne risquait de venir la déranger. De plus, ici était SON territoire …

Bercée par la brise rafraîchissante, il lui a suffit que de quelques minutes pour tomber dans un sommeil réparateur. Les yeux clos, elle affichait un visage doux digne d’une princesse à lunettes endormie. Rien ne pouvait penser que derrière son faciès docile se cachait un être à la personnalité plutôt excentrique et pouvant se montrer très sadique. Ainsi indolente, elle ressemblait à toutes les autres filles de son âge.

Elle fut sortie de son sommeil par une présence qui s’approchait de son territoire. Elle se contenta d’ouvrir les yeux, tout en gardant sa position. Elle avait juste ramené sa main qui pendouillait sur l’autre sur son ventre comme si elle cherchait à ne pas se faire repérer. Elle ne bougea pas d’un poil alors que le perturbateur s’installa au pied de son arbre. Elle avait décidé de ne pas broncher tant qu’il ne faisait pas de vacarme qui l’empêcherait de continuer sa sieste. Elle avait trop chaud et avait trop la flemme pour se prendre la tête avec un inconnu. Cependant, tel un animal affamé attiré par une proie potentielle, elle se mit sur son séant, assez doucement pour ne laisser tomber aucun débris qui aurait pu attirer l’attention sur elle, et ce tout en reniflant l’air comme si elle cherchait à identifier la nature de sa proie via l’odorat. Elle avait sentit la présence de victuailles que le squatteur avait embarqué avec lui. Elle baissa alors son regard qui cibla directement la nourriture du séditieux alors qu’elle ne daigna même pas examiner celui-ci. Chose qu'aurait fait sans doute un être autre que Natsumi Mairu. Mais voilà, contrairement à sa bouffe, lui, il ne lui intéressait point.

Se sentant épié, le nouveau arrivant demanda à la personne qui était surement entrait de le guetter, donc elle, de se montrer. La jeune Natsumi se demanda alors si il ne faisait pas exprès de ne pas l’avoir remarqué ou bien était-il un peu bêta au point de ne pas avoir pensé à lever la tête. Chose qu’elle aurait fait en premier à sa place avant de crier dans le vide. Même si, en réalité, il ne parlait pas vraiment tout seul vu qu’elle était là à l’écouter. Souhaitant le surprendre, en supposant qu’il ne l’avait vraiment pas vu, elle descendit sur la blanche la plus basse qui se trouvait juste au-dessus de celui qui réclamait sa présence. Dans son déplacement, elle avait fait tomber quelques poussières mais avant que celui qui était en-dessous ne lève la tête pour examiner la cause de la pluie de saletés, elle était déjà entrain de le fixer dans les yeux la tête à l’envers. Elle s’était accrochée avec ses pieds à la branche, telle une sauve-souris. Son visage juste devant celui du perturbateur, elle l’examina enfin attentivement. C’était la première fois qu’elle le croisait. Après il faut dire qu’elle ne connaissait pas grand monde dans ce village.

- Il va falloir payer si tu veux rester ici !

Déclara-t-elle d’un ton sec alors qu’elle avait croisé ses bras sur sa petite poitrine sans faire attention à sa culotte qui était entièrement à découverte, sa jupe ayant suivit le centre de la gravité. Le sous-vêtement était de couleur rose pâle unie et avait comme extravagance, un simple nœud blanc au milieu du devant .