Le pays de la glace…. Zennosuke venait d’y poser les pieds pour la première fois après quelques heures de traversée par bateau. Malgré ses années de service pour Kumo, jamais le Jônin n’avait été envoyé dans ces contrées. Il faut dire que Yuki no kuni a quasiment toujours été sous influence kirijin et que Kiri et Kumo n’ont jamais eu de relations diplomatiques amicales. Toute intrusion de troupes kumojin aurait été perçu comme un acte de guerre par le gouvernement de Kiri et de fait, les déplacements kumojins sur ces contrées se faisaient extrêmement rares. Il n’y avait probablement que les espions qui se rendaient à Yuki no kuni et qui connaissaient un minimum le terrain.

La mise du Jônin était totalement changée depuis qu'il avait quitté Mizu no Kuni. Son uniforme de Jônin kumojin venait d’être échangé par celui d’un simple uniforme de Genin du pays de l’Eau. Un manteau aux couleurs de Kiri était posé sur ses épaules. Par respect pour ses couleurs, le Jonin avait scellé ses vêtements via une technique bien à lui, puis il s’était vêtu des couleurs de Kiri, le pays longtemps honni. Il avait été aisé de retrouver ce type de vêtements qu'il portait sur lui. Dévêtir un mort, quoi de plus simple ? Les kirijins s’étaient vraisemblablement repliés dans la précipitation. Ils ne s’étaient pas donnés le temps d’ensevelir leurs morts ou leur donner une dernière sépulture digne de leur rang. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres… Le Seki s’était approprié un uniforme qui allait lui permettre de passer incognito parmi les ninjas du pays de l’Eau.

Le Seki était arrivé à la ville portuaire de Dhartsedo. Lui qui s’imaginait trouver un vaste pays recouvert de glace et quasi désertique en termes de vies humaines –malgré la récente migration de bon nombres de populations, il fut surpris. La ville portuaire n’avait pas grand-chose à envier aux ports de Nami no Kuni. Ici, le nombre de personnes qui arpentait les ruelles dans des va et vient incessants, la bruyante activité des manœuvres et autres dockers, les nombreux bateaux qui s’y massaient rendait tout ceci presque surréaliste. Comment un pays aussi éloigné de la civilisation pouvait être aussi attractif ? Voilà une question qui mériterait que l’on y accorde quelque importance.

Zennosuke se trouvait à errer à travers les ruelles à la recherche de la première garnison ou du premier campement sur lequel il tomberait. Après s’être rapidement renseigné, on lui indiqua l’emplacement d’un camp militaire à l’est de la ville portuaire. Il s’agissait d’un ancien fort qui venait d’être massivement investi par les troupes kirijins, du moins, ce qu’il en restait. Ces troupes étaient affectées dans le coin suite à un ordre d’un personnage que le Seki avait déjà rencontré par le passé. Deux noms parvinrent aux oreilles du Seki dans toute l’agitation de la vile : celui du Gouverneur de Yuki et celui de l’ancien Mizukage. Un petit sourire plein de satisfaction éclaira le visage du Seki lorsque les noms de ces deux personnalités de ce qui restait de Kiri, fut évoqué. Ainsi, le vieux guerrier, que le Seki avait eu à combattre par deux fois durant la guerre de libération des pays neutres, n’était autre que le Gouverneur de ce pays annexé ? Curieuse coïncidence. Pour autant la chose se tenait, car il apparaissait clairement aux yeux du Seki que les Samui, ce clan de manieurs de la glace, ne pouvaient provenir d’ailleurs que de ces contrées gelées.

Après s’être restauré et avoir bu avec les ninjas de Kiri, le Seki fut soumis à un petit interrogatoire par certains enquêteurs, vraisemblablement désignés à la va vite. Le manque d’organisation et d’expérience se décelait rapidement, aux premiers échanges. Les pertes devaient être nombreuses, ce qui expliquait tous ces dysfonctionnements. Les informations que demandèrent les enquêteurs furent les suivantes :

Nom : Lee
Prénoms : Rock
Âge : 19 ans
Grade : Genin
Affectation d’origine : Kirigakure no Sato
Affectation souhaitée à Yuki no kuni : la capitale

Par chance pour le Seki, avec les échanges qu’il avait eu depuis son arrivée à Yuki no kuni, les gens et ninjas qu’il avaient croisé n’avaient de cesse de prononcer le nom de la capitale. Le ninja savait également qu’un grand événement y avait eu lieu il y a peu : une réunion des pontes de Kiri pour décider du sort du pays de l’Eau. Suite à un interrogatoire qui dura à peine 15 minutes, le Seki fut libéré et on lui signifia que son ordre d’affectation lui serait remis dans deux jours.

Deux jours, c’était le temps qu’avaient le semblant de forces kirijins pour établir le document pour le Seki et pour tous les autres nouveaux arrivants. Deux jours, c’était probablement le temps aussi de procéder à quelques vérifications d’usages. Seulement où et comment pourraient-ils vérifier l’identité d’un Genin au nom si courant après le chaos qui s’était subitement abattu sur eux ? À vrai dire, le Seki savait qu’il l’aurait son papier. Restait uniquement à prier que son affectation soit la bonne. À partir de ce moment-là, le ninja pourrait se promener en toute impunité à Gyamada, la capitale de Yuki no kuni.

Le Seki alla donc prendre place dans l’auberge la plus proche, celle qui pouvait faire office de taverne. Là, il était certain d’entendre et d’emmagasiner toutes sortes d’informations utiles. Car forcément, toutes les langues ne parleraient que d’un seul sujet : le désastre qui avait frappé Kiri et la cause de ce désastre. Le Seki s’était attablé au bar. Il commanda deux sakés. Son apparence n’avait pas tellement changé. Il avait juste pris la précaution de se tondre les cheveux façon militaire de manière à ce que son apparence soit différente de celle habituelle. Avec ce léger changement, contenu du contexte et des vêtements différents, il pouvait passer devant n’importe qui pour Rock Lee… Telle était sa couverture.

Les deux jours étaient donc passés. La décision était tombée et le faux kirijin venait d’être affecté là où il le souhaitait : la capitale de Yuki no Kuni, Gyamada. Les yeux pétillants du Seki à ce moment-là, auraient pu permettre à n’importe qui devant lui, de déceler tout l’intérêt qu’il portait à cette nouvelle. D’aucun cependant, auraient certainement mis cette joie sur le compte de l’engouement. Engouement pour un jeune Genin de trouver protection bien au cœur du pays de la Neige, loin de toute atteinte d’un ennemi que tous savaient très difficiles à prévoir et surtout, à contrer.

Une journée plus tard, la nouvelle escouade du Seki prit la route de Gyamada. Quinze, ils n’étaient pas moins de quinze anciens kirijins à remonter vers la capitale en passant par le lac gelé de Yangzi Jiang. Zennosuke pu à ce moment-là admirer toute la puissance des Samui dans un environnement où ils se sentaient en parfaite symbiose. Trois hommes tiraient ce que l’on pouvait considérer comme trois traîneaux de grande taille où étaient réparties les nouvelles recrues. Et les Samui qui assuraient le moyen de locomotion usaient de leurs pouvoirs. Une étonnante faculté à faire glisser les traîneaux sur le lac gelé, via une méthode qu’eux seuls pouvaient expliquer. Les vertus du Kekkei genkai sont insondables. Il fallut très peu de temps à l’escouade pour rejoindre leurs nouveaux quartiers dans la capitale du pays de la Neige. Le trajet aurait pu prendre deux jours au moins, voire plus pour qui ne savait pas s’adapter à cet environnement plus qu’hostile. Mais grâce au savoir-faire des Samui, il fallut une journée tout au plus, pour traverser le lac gelé et la forêt au sud de la Capitale. Étonnant ! Qui eut cru que le Seki eu pu penser de la sorte et être étonné par les Samui ? Ce clan qu'il considérait parmi les plus faibles de la création...

Les affectations se firent rapidement. Zennosuke eut à charge de garder l’infirmerie. Parmi toutes les zones d’affectations, c’était l’une des moins propices pour l’activité qu’il comptait mener, mais il fallait bien faire avec ce que l’on a. D’autres lieux auraient été plus intéressants, par exemple les appartements secondaires. Là où se trouvaient les réfugiés de seconde zone. Ceux-étant proches de ceux, qui aujourd’hui, étaient les nouveaux maîtres des restes de Kiri. Ou encore, la garnison, qui offrait la possibilité de faire l’état des lieux des armements et des forces disponibles à Yuki no kuni… L’infirmerie gardait cependant tout son potentiel attractif. Il y avait la possibilité d’en savoir plus sur l’attaque, plus sur ce qui s’était passé réellement. Voilà la première chose dont avait besoin. Peut-être était-il possible d’obtenir ces informations autrement, seulement, la question qui se posait était comment s’y prendre ?

Les premiers échos, qui parvinrent aux oreilles du Seki, provinrent des blessés en phase de récupération. Ceux qui ne craignaient plus rien pour leur vie, ceux que la douleur ne tenait plus en otages étaient ceux-là même qui pouvaient renseigner au mieux un « frère » déboussolé, tel que se présentait Zennosuke. En tant que survivants et "héros de guerre", ces blessés ne pouvaient que satisfaire leur ego en racontant dans le détail, tout ce à quoi ils avaient assistés. Et c’est par leur biais que le Seki sut pour sa Majesté. C’est grâce à eux qu’il sut pour quelques-unes des aptitudes du Furyou, pour son épée qui avait détruit, en un coup, le palais du Mizukage, son aptitude à réveiller les morts et à contrôler leurs esprits… Le Seki sut rapidement, en recoupant les récits, qui au final étaient plutôt concordants, que le Furyou qui se faisait appeler « Sa Majesté » avait tenu tête au Mizukage en personne ainsi qu’à ses meilleurs shinobis avec une facilité déconcertante. Mais il n'était pas le seul à avoir attaqué Kiri. D'après les dires, ils étaient trois, quatre, parfois cinq. Un nombre tournant autour de cinq au final, selon les versions des survivants. Au final, les Furyou étaient repartis bien vite, quasiment aussi vite qu’ils étaient apparus, laissant pleurs et désolation sur un village de Kiri totalement défiguré. Leur motifs, d’après ce que le Jonin pu comprendre, n’était autre que la simple punition. Punition d’une nation longtemps crainte par les autres. Un coup au moral du restant des forces des trois autres villages ninjas.

Ces premières informations, le Seki les obtint la première journée contre pas grand-chose sinon une oreille attentive envers ceux que l’on pouvait décemment considérer comme de braves guerriers ayant joué leur rôle jusqu’au bout. Pour cela, le Seki avait du respect pour eux. Pouvait-il les blâmer d’être encore en vie, lui qui avait lâchement fuit devant le seul Furyou qui s’était dressé sur sa route ? Assurément non… Les autres informations, celles relatives à la décision sur le futur de Kiri lui parvinrent dès le lendemain. Il n’y avait rien de caché. La chose était sue de tous. Le Daimyo ayant décidé, d’après les propos de la dernière Ombre de Kiri, de ne pas relever les murs du village de la brume sanglante. Il n'y aurait plus de Kiri. Pour quelle raison ? Nul ne sait. Un village aussi fier aurait dû trouver des fils à sa hauteur pour prendre la relève. Voilà la digne suite à une histoire de ce style. Du moins, c’était ce qu’espérait le Seki. Quoique fervent opposant du village de la brume sanglante, il n’en éprouvait pas moins une curieuse attirance. Amour et haine ne sont que les versants opposés d’une même médaille dit-on n’est-ce pas ? Kiri en étant la digne rivale de Kumo, dans le cœur du Seki, ne pouvait être que puissante. Autrement, il ne s’agissait pas d’une cité rivale, mais juste d'une cité prétentieuse ne connaissant pas son poids politique ou militaire...

La dernière information obtenue, celle portant sur le futur des anciennes troupes kirijins stationnées à Yuki no Kuni, le Seki prit la résolution de retourner là d’où il était venu. Après ces quatre jours coupés d’Hasaki et de Kouga, loin de Kumogakure no Sato, il était temps de rentrer au bercail.