Se pouvait t’il que je sois d’ores et déjà passé de l’autre côté ? Cette femme, cette déesse, je pourrais presque la toucher, la palper du boit des doigts tant elle me semble réelle. M’abreuve-t-elle d’un hydromel divin ? Quelle doux idylle, cette utopie m’est t’elle permise ? S’agit t’il là d’une vestale du dieu du sable ? D’une prêtresse du désert qui me réserve monts et merveilles ? Ou se pourrait t’il que…

« Bois »

Cette injonction rompt bientôt le caractère idyllique de cette rêverie. J'émerge de cette douce illusion. Ma peau se gorge à nouveau de liquide, les nervures de mes lèvres se remplissent de cette eau désaltérante. J’ai l’impression de muer, je revis littéralement, l’eau se répand sur mon visage tandis que je reprends avec un sursaut brutal mes esprits. Tel un ange venu du ciel, j’aperçois finalement ma bienfaitrice. De longs cheveux d’or, de larges prunelles dorées, des traits fins et harmonieux, une silhouette superbe sur laquelle deux obus massifs me regardaient du coin du l’œil. La jeune fille à moitié penché sur moi, laissait apparaître de fait un décolleté qui restera à jamais graver dans ma mémoire. J’aurais aimé pencher davantage la tête sur cette poitrine voluptueuse mais mes forces me le permettaient encore guère. Je lisais une détresse sur le visage de cette femme, la peur que je passe de l’autre côté de la barrière sans doute. Son geste désintéressé et altruiste au possible me faisait penser que cette femme était douce et attentionné. Je lui devais la vie et bien que les charognards perpètrent leurs rondes funestes hautes dans le ciel, je savais dorénavant que je n’avais plus rien à craindre.

Je me relevais avec douleur et saisit l’occasion pour lui lâcher un baiser discret sur le creux de la joue en guise de remerciement sincère. Après quoi, je me décidais à prendre la parole.

« Eh bien, eh bien, sans ton secours, j’aurais sans doute passé l’arme à gauche, beauté. Autant te dire que je te dois la vie. Passons les banalités médiocre et la bienséance veux tu, appelle moi Kaigõn. Et le nom de son jolie minois, quel est t’il ? »

Dire que y’a de ca 5 min, je n’étais guère davantage qu’un corps assoiffé qui carbonisait dans cette fournaise. Me v’la désormais en train d’accoster ce joli brin de femme que je ne connais ni d’eve ni d’adam, histoire de voir si y’a moyen que ca se fasse. Tandis que je l’observe sous toutes ces coutures, un détail m’interpelle foutrement. Une jarre de sable similaire a la mienne est accroché le long de ses lombaires. Ce constat expliquerait bien des choses, il n’était pas si anodin que je la croise dans ce désert, il n’était pas si anodin qu’elle ait été capable de découvrir mon corps dans cette immensité désertique. Cette femme…se pourrait t’il qu’elle soit…celle qui m’était promise... tu débloques Kaigon. Je me frappe légèrement la tête tout en l’inclinant de manière à dégager le sable qui s’était immiscé dans mes oreilles.

« Dis moi tu n’aurais pas de lien avec les Kawaguchi ? «

Ma gourde de sable n'était qu'a quelques mètres de moi. Elle avait d'ores et déjà dû la remarquer et il y avait fort à parier qu'elle savait avoir porté assistance à un frère d'armes. J’essaye autant que faire ce peu de ne pas mater le pare-choc de la demoiselle mais c’est plus fort que moi. Ce n’est pas moi qui les regarde, c’est eux qui me scrutent. J’imagine qu’elle ne m’en voudra pas et que ce n’est guère la première fois que ca lui arrive, ni la dernière j’imagine. M’enfin j’imagine qu’elle aime bien se les faire reluquer sinon pourquoi les avoir si piètrement cachés. Je ne suis guère un as en terme de psychologie féminine, je me fourvoie peut être bien…ou peut être pas. J’allais être bientôt fixé de toute manière et mon instinct me dit que je suis loin d’être au bout de mes surprises avec cette sulfureuse jeune femme.