This is Farewell [Zanshi]

(#) Sujet: This is Farewell [Zanshi] Lun 25 Mar 2013 - 23:46

Log 171 : This is Good Bye

Le bar est vide. Pas de conversations animées, pas de musicien ce soir. Le serveur se tient de son côté du comptoir, faisant comme tout bon barman : laver des verres dans un silence absolu. Puis, qui aurait voulu déranger le Kazekage de Suna ? L’homme devait se demander ce que Kenji faisait là. Ne serait-il pas censé être en train de se préparer pour l’assaut de l’île de la cendre ? Par chance, le serveur n’était pas non plus du genre à juger les gens trop rapidement, puis le Raiu était l’un des plus habitués de l’endroit.

Kenji avait laissé la plupart de ses shinobis faire ce qu’ils voulaient ce soir. Hormis les gardes disséminés dans la cité, ils avaient le loisir de passer leur temps avec leurs proches ou autre. La seule famille de l’ancien sennin était dans son verre désormais. Dans un cimetière près du manoir du Kakumeigun gisait les dépouilles enterrées de son âme sœur, et ceux qu’il avait considéré comme frères. L’œil gris du blond se perdit dans le miroir devant lui. Il réalisa à quel point il avait vieilli ces dernières années. Même pas trente ans, et l’air d’un homme qui a beaucoup trop vécu. Les traits tirés, d’apparence borgne, les mains scarifiées par le feu de Makka. Que restait-il du bel homme qu’il avait été ?

De la cendre.

Il vida son verre et en demanda un autre. Mais lorsque le serveur s’approcha avec la bouteille, Kenji lui fit un signe de la main et prit celle-ci , repoussant son verre. Sans s’offusquer , le barman reprit sa pose initiale. Le Raiu prit une autre rasade et s’appuya les coudes sur le comptoir. Il ferma les yeux.

***

Son regard marron me fusilla des yeux . La colère était palpable dans son visage habituellement si doux.

« Tu les tué ? Tous ? »
« Oui. »

Je résistai à l’envie naturelle de détourner les yeux de son regard. J’étais droit, solide. Mais Nishimura Kusanagi n’avait rien de commun non plus, une fleur de glace dans un désert brûlant. Et cette colère me perçait bien profondément.

« Mais pourquoi ? »
« Pour ça. »

Je lui tendis le sac de jute que je tenais à la main. Il était lourd et son contenu était d’une valeur considérable. Mais les yeux de la femme n’en restèrent pas moins aussi acérés que mon Kunaï.

« Pourquoi t’as fait ça ? »
« Le client le demandait. »
« Nous ne sommes pas des MEURTRIERS. »

Elle venait de me pousser. Une larme coulait sur sa joue. Je serrai les dents, inexpressif.

« Je suis un SHINOBI. Mon métier, c’est de tuer. Tu le sais très bien. »
« Pourquoi tu fais tout ça, Kenji ? T’aurais jamais fait ça quand je t’ai rencontré. T’es pas un monstre. »

Elle avait tort.

***

Un bruit derrière Kenji lui fit ouvrir l’œil et tourner la tête. Il n’était pas étonné de l’identité de la nouvelle arrivante.

« Zanshi. »

Il détourna la tête vers le miroir devant. Il se regarda à nouveau. Une soudaine envie de briser la glace lui traversa la tête.

« Es-ce que tu crois au destin, Zanshi ? Que nous ne sommes au final que des pièces sur un immense échiquier ? Ou bien juste des pantins désarticulés ? »

Il se pencha vers l’avant et ramassa un verre propre qu’il remplit de sa bouteille, omettant de dire à Zanshi qu’il avait bu au goulot. Kenji poussa le verre vers elle.

« Je crois toujours à mon rêve, Zanshi. Tu ne devrais pas venir avec moi demain. Ce que nous sommes aujourd’hui… Nous serons tous deux consumés par le pays de la cendre. »

(#) Sujet: Re: This is Farewell [Zanshi] Jeu 28 Mar 2013 - 22:23

« Le jour avant la guerre, hein. »

Dis je à un ninja qui observait le désert depuis le sommet des immenses remparts du village. Il était jeune, plus jeune que moi ; un chuunin certainement. Il ne semblait pas inquiet, même plutôt étrangement calme. Je devais bien leur reconnaître ça aux gens du sable, du vent, de Suna ; une plénitude face aux événements qui se profilent. Ses cheveux cendrés me faisaient me rappelaient ceux de Kioshi, le jeune Yamada que j'avais recruté il y a de cela quelques temps. Je ne l'avais pas revu depuis, d'ailleurs. Et finalement le garçon me répondit, rompant son silence avec un certain détachement.

« La guerre Zanshi-san ? Pas pour moi, tu sais... »

« Hum... C'est vrai, j'oubliais, j'oublie souvent, trop. »

Dis je en regardant un tatouage précis sur mon bras. Oui, les fantômes qui nous habitent ne disparaissent jamais vraiment, et le rappel, le cor de la guerre qui retentit au loin nous les ramène inévitablement. On aurait put me dire que l'étais folle, que je délirais, mais pas vraiment. Ce jeune homme je l'avais connu, je le voyais, un ami que j'avais tué pour protéger Suna. Une sanction. Je tournai le dos à l'étendue de sable sur laquelle se couchait un soleil orangé, puis je descendis du mur. Prenant non pas le chemin de mon foyer, ne cherchant pour le moment à retrouver les bras de l'homme qui m'avait suivi jusqu'ici, mais celui de ce bar, si familier. Et j'y fus rapidement, je ne me trompais plus dorénavant, je connaissais le village.

Je poussai la porte, et sans surprise elle me dévoila une salle vide, ou presque, deux hommes, le barman, lui. Son dos, ses épaules, sa carrure, je les reconnaissais sans trop chercher. Il n'y avait pas cinquante types comme lui, bien sûr que non, c'était le kage, il n'y en avait qu'un. Kenji. Je m'approchai, c'était si ''attendu'', le kage et le kakumeigun buvant. Je reposai le verre.

« Kenji. »

Je l'écoutais.

« Non, je n'y crois pas, croire au destin c'est trop facile pour des personnes comme nous. »

dis je assez sèchement.

« Il n'y a que nos projets qui comptent, si ton projet est de mourir, tu mourras. »

ajoutais je.

Mon projet n'était pas de mourir, bien loin de là, et qu'il meurt n'en faisait pas non plus partie, mais je ne pouvais choisir pour lui. Pour moi le destin n'a aucune valeur, qui a pour destin de perdre ceux qu'il aime, qui l'aime, de voir tout ce qu'il a construit, détruit ; et le reste ? Personne, à part les martyrs désignés par les tous puissants, auxquels je ne croyais guère plus d'ailleurs. Il n'avait pas besoin de me le dire, je n'avais pas besoin non plus de lui dire, je savais qu'il souhaitait abattre Makka, et disparaître, je comprenais en partie, et en partie non... Je ne cherchais plus à tout comprendre de cet homme, demain c'était la fin, ou le début d'un monde, il était trop tard.

« Mon projet n'est pas nécessairement d'abattre Makka, mais plutôt à terme d'améliorer le système... ''Demain'' ce ne sera qu'une étape. En fait la meilleure chose que pourrait faire cette femme, c'est de tous nous tuer, ça réglerait pas mal de problèmes, si tu veux mon avis. »

Je ne redoutais pas sa réaction, je savais la haine qu'il éprouvait pour cette femme, je savais ce qu'elle lui avait fait, mais... Je le pensais vraiment.

Log 172 : Easier indeed

Zanshi suggéra qu’il eut mieux fallu que Makka tue tout le monde, et Kenji eut un petit rire à l’idée. Effectivement. Il songeait parfois que ce monde serait sans doute avantagé par une unification permanente de ses nations. Au début, il y aurait le choc des idées, des coutumes, des philosophies. Puis le temps passerait et les choses se calmeraient. Des alliances seraient forgées, de nouvelles coutumes formées, des amitiés consommées. Les gens vivraient entre eux sans se soucier de la guerre, des rivalités, du territoire. C’était une utopie. Une seule bannière menait nécessairement à la dictature. Certains défendaient l’idée d’un chef unique, d’autre voulaient des formes de démocratie. Et au travers de tout ça, les shinobis et les Kages. Des chefs militaires qui s’éluent eux-mêmes, portent des manteaux décorés, ont des pouvoirs que les élus n’auront jamais. Le règne du plus fort. Ce système n’était pas si différent d’une meute ordinaire. Le ninja était le plus grand prédateur de ce monde, après tout. Et souvent, on l’oubliait, un être humain. Doté d’émotion, de pensées, de frustration. Un loup ne peut céder à la colère. Mais un Kage peut dépêcher un monde entier à combattre pour lui. C’est la puissance du titre, de la force, de l’apparence.

Il jeta un regard à Zanshi. Combien d’hommes avait-elle séduite avec ces cheveux, ce corps parfait ? Elle n’avait même pas besoin d’essayer, et ils étaient à ses pieds. Peut-être même ne s’en rendait-elle pas compte… Et lui-même ? Le Raiu aurait-il agi différemment si elle avait été laide ? L’aurait-il laissé vivre dans ce village, ce jour-là ? Qui sait.

« Des personnes comme nous, Zanshi ? Quel genre de personne sommes-nous ? Qu’avons-nous de différent ? Le sang sur nos mains… »

Elle insistait sur l’idée qu’on contrôlait son futur, qu’on pouvait l’écrire soi-même. Mais Kenji n’en était pas convaincu. Il avait essayé de tout retenir, de tout garder en état. Mais plus il serrait, plus ça lui glissait des mains, irrémédiablement. Toute sa vie, il avait insisté sur son nindo, le choix. On pouvait agir, on avait le droit d’agir, conformément à sa décision. Pas de moralité, pas de destin, pas de chance. Et maintenant il avait des doutes. Au moment ultime de sa vie, son nindô perdait son sens. Car il savait l’issue de ses actions à l’avance. Il ne pouvait pas en être autrement.

« Je n’ai pas dit que la mort nous attend inévitablement. Mais nous serons consumés, d’une façon ou d’une autre. Il y aura… Du changement. »

Il prit une autre gorgée, puis emplit le verre de Zanshi avant de reposer la bouteille. Il se regardait toujours dans le miroir.

« Makka ne nous tuerait pas tous, même si nous lui offririons nos têtes sur un plateau. Elle aime trop l’idée de contrôler notre droit de vie ou de mort pour ça. Tu cherches la paix qui viendra nécessairement ensuite, Zanshi. Tu es une étrange créature, femme. »

Il se leva pour s’étirer un peu , puis se tourna vers la rouge.

« On pourrait dire que tu as déjà été consumée, d’une façon. La femme que j’ai connue dans ce village en bordure du pays du vent était une guerrière, une guérilla. Celle avec qui je partage mon verre ce soir est une pacifique, une prêtresse. Et je suppose que tu as cessé de vendre ton corps entre les deux. »

Il avait dit la dernière phrase avec un petit sourire.

« Alors dis-moi, femme. Tu connais bien des choses de moi. Tu sais pourquoi je fais tout ça. Tu ne l’approuves pas forcément, mais tu me suis tout de même, jusqu’à la fin. Tu sais ce qui fait l’homme que je suis. Cet homme, je l’étais déjà lorsque nous nous sommes rencontrés. Mais toi, qu’est-ce qui fait de toi ce que tu es maintenant ? Qu’as-tu fait, qu’as-tu vu, qui fait qu’aujourd’hui, tu adopterais la philosophie des shinobis modernes ? »

Le Raiu reprit place et prit une autre gorgée pensivement.

« Parle, car l’occasion ne se pointera peut-être jamais plus. »

Spoiler:

C'était le genre de discussion qui me gênait un peu, non pas parce que c'était la dernière, qu'elle revêtait un aspect triste car chacun savait de quoi serait fait la suite, non non, mais plutôt qu'elle m'ouvrait les yeux sur un fait bien réel ; le Kazekage ne me connaissait pas et souhaitait en savoir plus. On pouvait bien m'attribuer ce mérite, de me dissimuler aux yeux des autres, de leur donner que l'apparence et quelques bribes de mots reflétant quelques sentiments et autres émotions. Je ne lui en voulais donc pas, ce n'était que moi ; peu pouvait dire haut et fort qu'ils me connaissaient, et il n'en faisait pas partie. Pour le coup, je me demandais si je voulais vraiment en dire plus, à quoi bon ? Un homme qui souhaitait mourir, vraisemblablement, aurait il une quelconque utilité de ces informations ? Peut être, peut être pas. Cependant la bonté faisait partie intègre de ma personne et rarement je refusais, que ce soit de répondre à une question, ou d'aider quelqu'un.

« Je suis plus pacificatrice que pacifique, Kenji. Je suis toujours une ''guerrière'' bien qu'assagie par le temps, et ce village. »

Effectivement, Suna avait apporté beaucoup à ma stabilité, qu'on le croit ou pas, j'étais ; avant mon ''recrutement'' dans ses rangs, un électron libre capable d'aller à droite et à gauche sans se soucier des conséquences, capable de me retourner contre mes commanditaires pour servir la cause la plus juste, ne prenant mes décisions que dans un seul et unique but : me satisfaire. Mais aujourd'hui.. et bien je pus résumer le tout en un seul et unique mot : ''Village''. Mais le village aussi important soit il ne formait pas à lui seul la raison de ma présence ici, bien au contraire. Mon oncle, un sage homme aussi loin puis je me souvenir, nous enseignait l'économie, au sens monétaire du terme ; et nous expliquait que pour faire tomber un système le mieux et d'en faire partie. Incroyable que je me souvienne de ça à un moment pareil plus de dix ans après, enfin. Je repris une gorgée, et tout en regardant le kage dans le miroir, je lui répondis.

« Les shinobi modernes.. Tu sais, maintenant que j'y repense, je me demande pourquoi je suis à la tête du kakumeigun, je me demande pourquoi tu m'as fait aussi facilement confiance ; j'aurais pus être une partisane de Makka, une espionne d'un autre village ou autre chose ; dans ce monde on peut être n'importe qui tant que l'autre ne sait pas vraiment qui on est. Par exemple, tu ne sais pas que je méprise les shinobi et leur idéal, je hais l'idée qu'ils propagent, faire la guerre pour amener la paix. Mais si tu veux vraiment savoir, je ne suis qu'une fille de marchands qui a trop vu la guerre, et qui a toujours vu les mêmes protagonistes, des shinobi. »

Il fut une époque où je voulus adopter un tel modèle, du shinobi, j'y étais même presque parvenue ; mais ma sœur m'eut vite ramené à la réalité, les shinobi étaient la cause de notre train de vie actuel, alors je ne pouvais m'identifier à eux sans admettre mon appartenance aux assassins de ma famille. Point de lamentation dans ces mots, tout le monde a subit la guerre, perdu sa famille, mais peut être fut il quelques personnes qui jamais ne devraient connaître ça, des êtres fragiles qui traumatisés devenaient fondamentalement mauvais sans pour autant le paraître. Il suffisait de repenser à cette mission où quelques ninjas sans envergures avaient menacé de prés la vie d'un proche... Passons. Cette idée noire me trottait toujours dans le crâne, une pensée que j'avais voulu ignorer lors de notre réunion avec les têtes de la feuille, quelque chose de plus en plus proches et irrémédiablement plus accessible. Parler...

« Si nous ne nous étions pas rencontrés il y a quelques années, je serais aujourd'hui aux côtés de Makka, ou déjà morte, j'en suis sûre. Ma mère me disait, à moi et ma sœur, que ce sont les rencontres que nous faisons qui font ce qu'on est, on est inévitablement influencé. J'ai rencontré Makka, je t'ai rencontré, et bien d'autres. Toutes ces rencontres sont inscrites quelque part dans mon crâne, comment dire... Je retiens chacun d'entre vous, mauvais ou bons, sympas ou pas. Je pense à vous sans cesse, et certains m'ont peut être plus marqué que d'autres. »

Dis je en haussant très légèrement les épaules.

« Et c'est pour ça que je n'arriverai pas à accomplir mon projet, je ne suis pas assez... comme ma soeur »

finis je en rigolant en demie teinte.

Log 173 : Farewell

Kenji regardait Zanshi pensivement. Il aimait penser que cette femme aimait converser advantage qu’elle n’aurait voulu l’admettre elle-même. Comme si elle avait peur de ne pas être intéressante suffisamment, ou bien qu’elle n’en valait la peine. Elle ignorait sa vraie valeur, du fait. Peut-être qu’elle ne comprendrait jamais qu’elle avait été pour lui bien plus qu’une seconde. Peut-être ne seraient-ils jamais de vrais amis dans cette vie, mais Habashi Zanshi avait été ce qui s’en rapprochait le plus. Kenji avait été seul la majorité de sa vie. Le Kakumeigun avait été sa famille et son refuge, mais pas une source de ce qu’on pouvait appeler amitié. Amour et amitié ne riment pas ensemble, d’ailleurs.

Il écouta la femme parler de ses doutes sur sa position dans le village, de sa méfiance, de sa haine envers l’idéalogie du shinobi. Le Raiu regarda le fond de son verre, gardant initialement le silence. Ce n’était pas la première fois qu’on lui évoquait ces reproches : Amaterasu, la gamine qu’il avait forcé à faire combattre pendant la guerre contre Konoha, avait dit les mêmes paroles, pour les mêmes raisons : elle avait vu la guerre bien trop souvent, la guerre et ses conséquences. Lui qui avait vu les horreurs de la guerre encore davantage que Zanshi ou Amaterasu, qu’es-ce que ça faisait de lui ? Un shinobi de la vieille école ? Réponse facile. On ne peut justifier les actes d’un homme sous les seules tendances de son époque. La vérité, c’était qu’il avait bien plus du monstre que ne croyaient l’être des femmes comme la rouge ou l’enfant. Un blâme, et un peur mal placée…

Les derniers mots de la femme lui arrachèrent un petit sourire amusé. Nous en étions encore là, à ce moment, où elle voulait lui imputer les résultats de sa propre évolution psychologique. Elle mentionna sa sœur et Kenji releva les yeux vers la femme, son mince sourire au coin des lèvres.

« Puisqu’on en est aux confidences, il faudra qu’elle accepte mes excuses pour la manière dont je l’ai malmenée lorsqu’on s’est rencontré aux portes… Je pense que tu auras compris que je ne suis pas toujours le Kage de ce village. Parfois, souvent même, je ne suis que la branche brisée d’une autre époque… »

Il regarda sa bouteille et constata qu’elle était presque vide.

« … Je t’avais prévenu de ne jamais t’attacher à moi, ou ce que je suis, ou bien ce que je représente. Je ne suis pas un défenseur de ton modèle de paix, de ton idéalogie... Et si tu étais du côté de Makka aujourd’hui, tu n’aurais plus si longtemps à vivre… »

Il s’interrompit. Ce n’était pas ce qu’il souhaitait dire, en vérité.

« Tu as fait tout ce que tu as pu. Et tu m’as davantage marqué que tu ne crois. Mais demain…Demain, est la fin d’une route et le début d’une autre. Et je n’ai nul souhait que tu ais une autre souvenir de moi que celui-ci. À Konoha, j’ai voulu te faire croire que j’avançais vers mon destin le cœur certain, droit. Mais la vérité est bien plus simple et tu le sais. Au final, tout ne sera que vengeance. Lâcheté et colère. »

Il se leva et s’appuya contre le bar.

« La vérité, c’est que je ne suis pas digne de ton rêve et de ce qu’il représente, et tu n’as pas ta place dans mon destin. C’est pour ça que nous sommes, d’une façon, fascinants l’un pour l’autre. Je n’ai pas peur de combattre, mais bien de ce qui se passera ensuite. Car je ne sais rien faire d’autre que me battre, et tuer. Et lorsque Makka sera vaincue, même cela perdra son sens. »

Le Raiu s’approcha et prit la main de la femme dans la sienne. La peau de la rouge était chaude, contraste aux siennes qui avaient toujours été froides, innaccueillantes.

« Nos chemins se sont rencontrés jadis, et se séparent à présent. Ton projet est réalisable. Tu n’es pas la seule à y croire. Et c’est pour ça que des hommes comme moi n’ont plus leur place. Un jour, tu devras peut-être penser différemment de moi, de ce que je représente pour toi. Et à ce moment, je sais que tu feras le choix. Le bon. Le tien. »

J'écoutais comme toujours et tentais de comprendre, de lire entre les lignes et de vraiment saisir l'essence même du message qu'il voulait me faire passer, seulement voilà j'avais tendance à le faire de travers ou du moins à l'arranger comme je le voulais, et ce sans vraiment faire attention, c'était inconscient, comme si mon cerveau voulait interpréter pour mieux me satisfaire, et puis il le savait, j'étais une forte tête, têtue au mieux et au pire bornée. Je ne pouvais pas le contre dire, c'est qui choisissait son ''destin'', s'il estimait ne plus avoir sa place ici, qu'à cela ne tienne. Cependant je n'étais pas d'accord avec lui, plusieurs personnes pensaient comme moi ?

Qui ? Qui pensait comme moi à purger ce monde du mal qui le ronge ? Makka ? Alors oui, en effet je n'étais pas seule, et à ce moment je pouvais bien me demander où était ma place à moi, là où il l'affirmait ? Ou véritablement avec l'ennemie du jour ? Une foule de questions, bien peu de réponses, et pour la plupart en dessous de ma réalité. Choisir un camp, savoir quoi faire, quand le faire, là était la question ; mais aussi la réponse. Je le regardais, restant silencieuse un instant, oui je savais pourquoi je restais à Suna, et pourquoi je combattrai pour les shinobi à Hai no Kuni.

L'entendre parler ainsi ne me chamboulait pas, j'y étais trop habituée, je ne me rendais pas encore compte de sa valeur, juste une personne que je voulais protéger, comme tant d'autres. Puis j'étais persuadée de le revoir après les combats, tout irait bien. Ce fut alors spontanément que je répondis, rien de réfléchit, rien de préparé, du naturel, du cent pour cent Zanshi.

« Puis tant qu'on parle de destin, de choix ; toi, tu ne veux pas que j'entre dans ton destin, mais moi... j'aimerais que tu fasses partie du mien, de mon futur. »

J'avalai mon verre d'une traite, et mes joues prirent, du moins je le pensais, et le ressentais, une teinte rosée, peut être rouge même, proche de la pivoine.

« C'est un des choix que je fais, et je l'assume. Je ne te demande rien, je sais à quoi m'en tenir, aujourd'hui. »

Nous étions très certainement le genre de personnes incompatibles de par le caractère et leur vision des choses. En tant que shinobi, malgré moi, je ne devais pas trop m'attacher, mais je n'étais pas de ce genre là, renoncer à des liens pour mieux servir une idéologie qui ne sera jamais la mienne, et c'est pour cette raison que je fis fi de tout ce qu'avait put me dire Kenji le concernant, un homme brutal, violent, mauvais, dur.. Car j'étais une Habashi, car l'empathie était mon héritage et que sa mutation en un sentiment plus fort était inévitable.

Je sortis alors un billet, et le déposai à côté de mon verre.

« Je te reverrai après cette guerre, Kazekage. »

Lui dis je en souriant.

« Maintenant, je dois être au mieux de ma forme pour... enfin, la guerre... »

Puis je me levai et quittai le bar.

Dehors le soleil s'était enfin couché, et les rues du village étaient plus froides, plus sombres, et ce fut le cœur serré que je rejoignis ma sœur.. et tsuna.

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