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- « Allez le ciel, attends encore un peu avant de faire la fête. Laisse moi au moins jusqu'à la fin de la journée. J'ai absolument besoin de ton soutien, je suis à un point critique de mon existence, ce n'est pas le temps de m'abandonner maintenant. »

- « TERRE! » M'exclamais-je à travers l'orage tout en me levant.

Soleil froid, Soleil froid, Soleil froid … Paradoxe désagréable d’une journée ensoleillée mais terriblement fraîche. Le vent soufflait doucement mais traînait dans ses pattes une froideur embêtante, qui laissait une sensation déplaisante aux habitants de Kiri. Ces derniers, toujours présents sur le marché, à vendre de nombreux articles, tous divers, se battaient avec la température inconstante et pestait, de temps à autres, leur mécontentement envers Hélios. L’hiver s’en allait peu à peu, donnant sa place au printemps, certes, mais il continuait de se montrer présent : le froid ne disparaîtrait pas d’un seul coup, il faudrait de la patience. Yuka sourit en voyant ces pauvres personnes se dépatouiller avec la météo capricieuse. La brune n’était en rien affectée par les modifications climatiques. Le froid ne la gênait pas, tout autant que les lourdes chaleurs ne l’accablait pas véritablement. Elle se contentait de jongler avec la météo tout comme cette dernière jonglait avec les êtres vivants. Il suffisait juste de se plier à ses petites crises de nerf et tout se passait bien.

La demoiselle quitta son nid relativement tard. Habituellement matinale, cette fois, Yuka s’était accordé un moment de glandage suprême, profitant de son lit comme une larve dans son cocon. La chaleur des couvertures, le moelleux du matelas … Mmh, cette sensation délicieuse lui donna envie d’y retourner. Pourtant, elle décida de s’aventurer un peu plus loin, de quitter son parfait îlot pour se rendre … Ailleurs. L’archipel, peut-être. Là-bas, il y avait le bruit de l’eau qui l’apaisait, qui lui permettait de réfléchir. Oui, réfléchir, faire le point sur cette déferlante d’événements récents qui, assimilés d’un seul coup, la troublaient légèrement. Trop de surprises, trop de surprises. Elle se rappelait tomber de haut, mais aussi se voir confrontée à des situations plutôt surprenantes, ou tellement euphorisantes qu’elles en donnaient la migraine. Se poser dans un coin et contempler la mer lui permettrait de se sentir un peu mieux, de chasser les nuages qui ombrageaient son esprit. Ce serait bien, très bien.

Avant de se rendre jusqu’à l’archipel, la jeune femme fit quelques emplettes, au cas d’une petite faim entre temps : dans son sac se trouvaient donc une pomme, une banane et deux clémentines. Des fruits, toujours plus de fruits. Yuka adorait ces délicieuses créations de la nature et pouvait en avaler une quantité absolument énorme. Bien préparée, la brune arriva sereine à destination, prenant place sur l’un des rochers, contemplant l’horizon en silence. La mélodie marine lui caressa doucement les oreilles, satisfaisant son ouïe, jusqu’à l’envelopper entièrement. Dans la symphonie, un bruit résonnait, créant un désaccord qui terrorisait ses sens. La disharmonie la ramena sèchement sur terre : elle regarda un peu partout avant de remarquer un corps, sur le sol. Un petit homme, étalé sur le sable, complètement seul. À vue de nez, Yuka ne lui donnait pas plus de douze ans grand maximum.

La brune s’approcha. Un enfant, rien de bien dangereux. Et puis, de toute façon, vu son état, même s’il tentait d’exercer une quelconque pression sur la kunoichi, il n’arriverait à rien. Délicatement, Yuka posa sa main sur l’épaule du petit. D’un geste adroit, elle le retourna. De sa bouche s’écoulait de l’eau salée, en une traînée blanche et bulleuse. Appétissant … La demoiselle prit son pouls : il vivait. Tant mieux. Elle en profita pour nettoyer sa figure, absolument pleine de sable. D’où venait-il ? Que faisait-il, ici, perdu en plein archipel de Kiri ? Un enfant de la mer, abandonné ? Non, cela se pratiquait plus couramment sur les fleuves. Un voyageur solitaire ? Aussi jeune ? Mais, pourquoi ?

Yuka garda un œil sur le gamin : Elle ne savait rien de lui et, s’il venait de la mer, particulièrement d’un bateau … Ou alors … Un naufrage ? Possible aussi.
Un bruit tira la Mitsuharu de ses pensées. Quelqu’un d’autre. Les deux êtres n’étaient plus seuls. Ses yeux se relevèrent, à la recherche de la source du bruit et elle remarqua son partenaire lupin. Akishi, ici ? Mais que faisait-il ? Que voulait-il, lui aussi ? Puis, un souvenir la frappa. Sa schizophrénie. Cette voix qui tambourinait dans son crâne, ou qui apparaissait aléatoirement. Cet instinct meurtrier … Face à un enfant inconnu ? Cela ne présageait rien de bon. Yuka espérait, du plus profond de son petit cœur, que rien ne se passerait. Qu’il n’y aurait pas de sang.

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- « Mmm..merci. »

- « Vous devez vous demander qui je suis n'est ce pas? Je suis Seiichi, issu des montagnes de glace du pays de la neige. J'ai décidé de quitter mes terres natales par manque d'intérêt et aussi, parce que le froid persistant ne me convenait pas. Personne n'approuvait mon choix. J'ai donc du bricoler mon propre radeau. Et maintenant? Je suis ici, devant vous. Enchanté. »

- « Oh et j'oubliais, ne t'avise pas de me menacer. Je n'ai déclenché aucune hostilité et ce n'est pas du tout mon but. Je suis venu ici en paix. Vous devriez aussi savoir que mon pays est allié aux votre et que sous aucun cas je ne trahirais cet accord. Sur ce, tu peux ranger tes crocs. »

- « Et toi, c'est quoi ton nom? On pourrait faire connaissance... je ne connais personne ici. » Fit-il en direction de la femme.

La violence. Une réalité que Yuka connaissait bien, désormais. D’un geste, Akishi souleva le môme et le menaça de sa double-voix. Certains pouvaient trouver cette action amusante, loin de terrifier mais, la brune, ayant conscience de l’état de son ami, savait que le dérapage se montrait parfois plus vite que prévu. Cela la dérangeait, d’une manière, mais elle savait désormais comment le calmer ou, du moins, l’empêcher de tuer. Contrer une soif de sang, la rendre moins conséquente. Une étape difficile, lorsqu’il fallait user de moyens parfois loin d’être doux. M’enfin. Pour le moment, tout allait bien, puisque le jeune loup daigna hydrater le petit homme. Un sourire attendri naquit sur les lèvres de Yuka. Peut-être que l’étincelle, au loin, scintillait assez fort pour le maintenir stable ? Oui, mais pour combien de temps ?

L’inconnu se présenta et raconta son histoire, après quelques mouvements pour relever sa tignasse, relativement sale. Seiichi. Pays des Neiges. Un fuyard. Un être aussi chétif qui quittait son pays pour venir à Kiri ? Son histoire semblait tenir la route, mais quelque chose dans ce récit gênait notre brunette. Elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur quoi, mais un détail clochait. Sans montrer ses interrogations silencieuses, la demoiselle arborait toujours son cher sourire. Une arme fatale lorsqu’il s’agissait de mener des gens dans de beaux pièges. Pour l’instant, le petit ne craignait rien. Ou presque. Yuka haussa les épaules et se concentra sur la seconde réplique, qui ne tarda pas à faire son apparition.

Des menaces. À l’égard d’Akishi ? Erreur fatale. À la limite, taquiner la Mitsuharu restait peu dangereux, puisqu’elle ne relevait qu’à partir du moment où cela commençait à devenir grave. Le zoomorphe, quant à lui, n’avait pas sa patience. Il sautait sur les chieurs sans même se casser la tête. Une petite pique perdait rapidement son statut de petite lorsque les mains devenaient des armes. La brune ne releva pas, concentrée sur la manière de parler du gamin. Quelque chose avait changé. Le ton timide et renfermé venait de s’envoler, laissant place à un tutoiement précipité. Chose surprenante, puisqu’il ne s’agissait d’un môme que de douze ans maximum. Soit, l’éducation était sérieusement remise en cause, soit, quelque chose clochait vraiment en lui. Et Yuka ne tarderait pas à le savoir. Ces créatures inoffensives et fragiles ne tenaient pas longtemps face aux questionnements incessants. Ils pliaient rapidement et courbaient l’échine. La kunoichi attrapa la main de son partenaire et la serra aussi fort que possible, comme pour le retenir. Elle savait que cela ne tiendrait pas bien longtemps, mais tout de même.

Puis, une nouvelle remarque lui donna envie de lâcher prise. La Mitsuharu maintint son emprise un court instant, réfléchissant, analysant au maximum cette innocente remarque. Faire connaissance ? Ne connaître personne, ici ? En même temps, il venait d’arriver. Logique qu’il ne connût aucune tête de Mizu no Kuni. Mais cela ne la chiffonnait pas. La logique de bas-étage ne l’intéressait en rien. Son sourire ne décrut pas, toujours aussi rayonnant, tandis que son esprit triait chaque donnée. Un gamin venu de Yuki no Kuni. En radeau. Seul. Après avoir décidé de s’exiler de lui-même. Pourquoi Kiri ? L’alliance, sûrement. Cela se tenait. Mais le voyage, en lui-même, gênait Yuka. Un gamin qui traversait les mers agitées entourant le pays de l’eau ? Il avait quelque chose de particulier. Peut-être une capacité spéciale, du chakra. Quelque chose qui le rendait unique et lui permettait de surmonter cette épreuve. Puis, il y avait le ton. Les mots. La manière de s’adresser aux autres. Cette façon de parler qui n’avait rien d’innocent. Une pique lancée à l’encontre d’un inconnu ? Pour taquiner, pourquoi pas. Mais encore fallait-il connaître son interlocuteur et, surtout, seul un fou, ou quelqu’un de sûr de lui, jetait la pierre sur un schizophrène. Encore, il ne l’aurait pas su, pourquoi pas. Mais dans ce cas précis, Seiiji connaissait l’état mental du loup. S’adresser à lui de cette manière signait à la fois un arrêt de mort, ou d’hôpital, mais démontrait un esprit assez poussé. Aucune candeur n’émanait de ses mots et, surtout, la demande de connaissance, formulée de cette manière, n’avait rien de naturel. Les gamins ne se jetaient pas aux pieds des inconnus de cette manière. Ils songeaient au pourquoi du comment et, surtout, se demandaient si les âmes des êtres face à lui n’étaient pas mauvaises. Surtout qu’ici, il avait reçu des menaces de la part du plus grand des deux. Quelque chose clochait en lui. Yuka ne parvenait toujours pas à trouver quoi, mais cela s’approchait doucement.

— Commençons, alors. J’aime beaucoup poser des questions. Tu dis venir des contrées de la neige ? Le voyage n’a pas été difficile, au moins ? La mer qui borde Mizu no Kuni est particulièrement capricieuse …

Ah, un jeu de questions. Amusant, amusant. Cela lui permettait de se rapprocher de la réponse. De savoir ce qui la gênait dans le petit être face à elle. Peut-être son comportement, ou cette voix candide qui balançait des piques acerbes. Un enfant aussi vil ? Oui, à bien revoir la chose, il laissait un flou sur un détail en particulier. Lequel, cela, par contre …

— Oh, au passage. Je m’appelle Kuya. Et voici mon ami, Kiba.

Mensonge, mensonge. Qui sera le plus malin ?
La brune lâcha la patte de son ami. Lâchez les loups. Laissez-les se déchaîner.
Adviendra ce qui adviendra.

- « C'est génial. Dans mon petit bout de pays, les gens sont souvent renfermées sur eux-mêmes. Mon papa et ma maman s'intéressent très peu à moi. En fait, chez moi, on ne partage même pas le repas du soir! Pour le voyage, c'était très très très difficile. Vous savez, j'ai eu la chance de tomber sur un bateau qui transportait des marchandises vers le pays de l'eau. Ils ont bien voulu m'embarquer puisque j'étais trempé et épuisé. Malheureusement, le type qui dirigeait le bateau, un certain Encho ne se rendait que dans un port très éloigné de l'archipel et j'aurais dû marcher pendant des jours. J'ai donc repris ma petite embarcation et me voilà ici. Vous n'auriez pas un petit truc à manger, j'ai faim. »

- « Arrêêêêêêêêêêttt... AAAAAAAAAHHHHHHHHHHH »

Le mensonge, une nécessité ? Excellente question. À vrai dire, Yuka hésitait beaucoup. Faire confiance à ce petit lui paraissait gros et stupide, mais il ne s’agissait que d’un môme. La brune reconsidéra les choses. Un gamin venu de très loin, ayant amarré à l’archipel de Mizu no Kuni suite à un long, très long voyage en mer. En plus de cela, un gamin qui semblait timide, mais jetait tout de même des piques énormes à un inconnu qui, en plus de cela, se montrait vraiment hostile. La kunoichi connaissait bien Akishi, elle savait pertinemment ce qu’il risquait de lui faire. Pourtant, elle ne l’en empêcha pas. Au final, il agirait selon son bon vouloir avec ou sans sa présence, alors pourquoi le retenir ? Elle réfléchit davantage et finit par mettre un dernier point sur son carnet de notes mentales : Les enfants ont tendance à mentir. Surtout lorsqu’ils ne savent pas véritablement où ils se trouvent et avec qui ils sont. Pour plusieurs raisons : Soit, ils veulent se rendre intéressants et amuser ; soit, ils se protègent. La deuxième solution paraissait la plus plausible, mais, malgré tout, il restait une part ombrageuse sur cette réalité. Yuka ne connaissait pas ce petit homme et n’irait pas l’aider. Pas maintenant.

Elle l’observa longuement, écoutant sa réponse avec attention, son sempiternel sourire manipulateur plaqué sur les lèvres. Son air maternel lui permettait d’approcher ce petit être sans qu’il ne se doutât de quoi que ce fût. Cela l’avantageait grandement, puisque, du coup, il s’exprimait avec bien plus de facilité. Sa petite histoire ébranla la Mitsuharu, qui feignit un air attristé et compatissant. Cependant, la suite et fin de sa tirade la fit beaucoup réfléchir. Le môme venait de conclure son récit par une demande. Une demande de nourriture. Simplement, parachutée du haut d’un immeuble, lâchée à la suite d’une explication. Ce n’était absolument pas normal. Les mots de ce petit s’emmêlaient toujours plus et perdaient leur sens au fur et à mesure. Cela devenait de plus en plus absurde. Il mentait. Oui, mais sur quel point ? Telle était la question. Où se trouvait le mensonge ? La brune réfléchit longuement quand l’intervention de son partenaire la coupa totalement.

Il parla, encore avec ses deux voix et mit un terme à la réflexion de Yuka. Apparemment, il n’avait pas le temps. Pas le temps de menacer. Alors quoi ? Une petite gifle bien placée ? Par rancune ? Ce serait puéril. Elle pencha la tête et regarda la scène avec attention, voyant que tout se mit à dégénérer à une vitesse folle. D’abord, il y eut les gestes précipités. Les mouvements hachés, brisés, comme ceux d’un robot rouillé. Puis, un visage livide, blême, semblable à celui d’un homme à l’agonie, qui n’attendait plus que la mort. Et, enfin, le cri. Un cri terrible. Celui d’un enfant horrifié, plongé dans la terreur la plus invivable. Un hurlement assourdissant, strident, désagréable. La brune ferma les yeux et se jeta sur Akishi, le poussant avec brutalité.

— MALADE ! C’est un enfant ! Il ne mérite pas que tu le traites comme ça ! Encore moins que tu le plonges dans un monde aussi horrible que celui que tu imagines, Akishi ! Relâche-le ! Ce n’est pas comme ça qu’on obtiendra des réponses de sa part, voyons !

Elle se rapprocha du môme et posa une main délicate sur sa joue, avant d’attraper sa patte pour la serrer avec la sienne. Peut-être mentait-il, peut-être se moquait-il d’eux, mais à cette heure-ci, il ne pouvait pas rester dans cet état. À ce train-là, son esprit éclaterait en morceaux avant qu’il n’eût le temps de dire « Bonjour. ». Yuka lança un regard glacé à Akishi, avec cet air sévère qui ne lui venait que très peu souvent.

— Je sais qu’il ment, je ne suis pas bête, voyons ! Mais si je veux qu’il parle, il faut que tu le sortes de là ! Autrement je n’obtiendrai rien et tout cela n’aura servi à rien !

Ses gestes furent plus appliqués, plus soignés envers le gamin. Le reste ne lui importait que très peu, il fallait conserver ce petit dans un bon état. Ils ne savaient pas ce qu’il valait, ni même ce qu’il pouvait leur apporter comme renseignements. Tant de choses pouvaient être dites.

— AKISHI !!

- « Mama... aide moi... »

- « Bon d'accord, la vérité, je ne peux pas vous la dire. J'aimerais, mais je ne peux pas. En fait, pouvoir dire la vérité serait mon désir le plus ardent, mais ce n'est pas et ça ne sera jamais possible. Ce n'est pas parce que c'est vous, je ne dirais même pas les vrais choses à ma famille adoptive. »

Akishi s’était calmé. La jeune femme venait de rompre le mensonge suite à cela, mais, à ce stade de l’interrogatoire, l’importance des noms ne comptait plus. Il fallait que ce petit parlât, qu’il expliquât précisément les raisons de sa présence en ces terres. Ne venait pas un sombre inconnu incapable de quoi que ce fût. Le fait qu’il brandît un kunai de cette manière traduisait son appartenance à la grande société de ninjas. Son niveau, vu son gabarit et ses tremblements, s’évaluait très rapidement : il était faible et, dans la situation actuelle, acculé. En faiblesse numérique, mais également en matière de puissance simple, il se trouvait en infériorité et ne pouvait que fuir. La supériorité de Yuka ne lui apportait aucune sensation en soi, elle savait juste que cela lui permettait de tirer les vers du nez de ce gamin. Il la repoussa violemment, par besoin de défense. La Mitsuharu le comprit très vite et se redressa sans rien dire.

Son autre réaction fit tilter la brune, qui réfléchit un long instant à la recherche d’une réponse. « Mama ». Un surnom affectif. Un appel à l’aide, avant de totalement flancher. L’arme tomba par terre, et le gosse se ravisa. Son air provocateur s’était envolé, laissant place à un visage de véritable enfant, perdu entre Thanatos et la fuite. Le dieu de la mort lui tendait les bras, souhaitant l’accueillir, le récupérer et le garder comme toutes les autres petites victimes qu’il enlaçait chaque jour. Yuka plissa les prunelles et se concentra sur le cas du gamin. Il pouvait tout faire, se rouler sur le sol, pleurer, hurler, cracher ses poumons, un détail restait plus important que le reste : Qui était « Mama » ? Cela pouvait signifier tant de choses. Maman ? Mamie ? Autre chose ? La brunette avait beau farfouiller dans son esprit, rien ne lui venait.

L’enfant reprit alors, sur un ton plus terrifié, parlant en balbutiant. Les mots s’enchaînaient sans aucun accord. Sa voix ressemblait à un désastre en matière d’harmonie. Il ruinait les sons. La peur lui coupait le souffle et le rendait mortel pour les oreilles de Yuka. Une véritable nuisance sonore. Mais sa voix traduisait bien des terreurs. Dans sa torpeur, il gardait tout de même le secret. Alors, il ne pouvait rien dire ? Il cachait donc quelque chose. Un vrai secret, qu’il se devait de conserver. Peu de gens connaissaient la vérité à son sujet et, ceux-ci, ne faisaient même pas parti de sa famille adoptive. Vivre dans le secret, hein ? Caché de tout, à l’abri des vérités, constamment enfermé dans un mensonge aux allures d’utopie enfantine. Pourquoi pas, si cela lui convenait. Mais la brune ne se satisfaisait pas de cette absence de réponse. Elle ramassa le kunai et le fit tournoyer autour de son doigt, distraite. Son attention se reporta rapidement sur le petit être, qu’elle dardait d’un regard froid et inquisiteur.

— C’est une blague, non ? Tu viens faire escale dans notre pays avec un secret, apparemment énorme, et tu crois que nous allons te laisser courir ? Tu ne penses pas non plus que nous allons nous mettre à poil pour danser avec toi dans des champs roses, j’espère ?

La brune prit l’arme par le manche, sans relâcher Seiichi du regard. Un sourire sadique et amusé sur les lèvres, elle reprit la parole, d’une voix plus chaleureuse, aux accents terrifiants. Elle jouait sur les oxymores, s’amusant de la peur du gamin.

— On va faire simple. Je te donne deux solutions : La première, soit tu parles et il ne t’arrive rien ; simple, efficace, et, en plus de tout cela, je retiendrai mon ami de te sauter dessus pour te faire la peau. La seconde, plus fâcheuse, est celle où tu refuses de t’exprimer. Dans ce cas, je crains ne devoir te faire parler par la force, ou même te mener aux autorités. Ouaip’, tu n’es qu’un enfant, mais tu viens de loin et en plus de tout cela … Non, je reprends.

Yuka jeta le kunai en direction de l’enfant, visant de manière à ce que l’arme lui effleurât la joue. Son sourire s’agrandit. Elle joignit ses mains sur ses hanches et, toujours aussi inquisitrice, cherchait à remuer encore et encore le couteau pour que la vérité éclatât enfin au grand jour.

— Puisque tu ne veux pas parler de toi-même, je vais te poser les questions. La première est extrêmement simple : Qui est « Mama » ?

La Mitsuharu attrapa le bras de son partenaire pour ne pas qu’il se jetât sur le petit homme. Elle attendait précisément une réaction pour le laisser attaquer. Une réaction. Juste une. Et s’il agissait exactement comme la brune le pensait, les conséquences s’avéreraient bien plus dramatiques.