Je le savais, tout cela ne pourrait pas durer éternellement. Je me trouve actuellement dans la demeure des Toshihide, mon frère est à l'étage, certainement entrain de travailler ou de lire des manuels sur le kugutsu. En ce moment, je cherche à être distant avec lui, mais non sans difficulté, n'oublions pas que c'est mon frère jumeau, que j'éprouve un plus grand attachement à sa vie qu'à la mienne, mais là, je ne peux plus le protéger de ce qui est entrain de m'arriver. J'ai une main sur la commode, je me retiens au meuble pour ne pas m'effondrer au sol. Je viens de tousser et ma deuxième main me protège la bouche, placer devant comme pour empêcher les bactéries de sortir, c'est un geste usuel pour éviter la transmission des bactéries lorsque l'on tousse, mais cette fois-ci, comme je le craignais, ce n'est pas suffisant pour masquer cette maladie qui m'accable. Lentement, je met ma main dans mon champ de vision, a ce que je vois ne me plait guerre, ça m'horrifie ! Du sang, j'avais énormément de sang sur la main. Je suis atteint depuis quelques mois d'une maladie étrange, les médecins du vent n'ont pas réussi à trouver ce que c'est ! Bandes d'incapables ! Je le cache avec plus en plus de mal à Renzaburo qui se doute forcément de quelque chose, le lien que nous avons est fort, vraiment très fort, un lien plus que fraternel, il a certainement du s'en rendre compte, mais ne m'en parle pas pour ne pas me mettre dans l'embarras, devant le fait accompli, la main dans le sac. Je ne sais plus quoi faire, mais il me reste encore une dernière chance de m'en sortir, avant que cette maladie ne vienne à bout de mon système immunitaire et qu'elle mette un terme à ma vie. Je connaissais un bon médecin dans le clan de nomade dans lequel nous étions mon frère et moi avant de venir s'installer à Suna pour commencer une vie de shinobis, il faut que j'y retourne, mais malheureusement, si la décision de ce médecin est mauvaise, je ne reviendrais pas, je ne pourrais pas imposer la vision de son jumeau, le corps sans vie à Renzaburo, je suis le grand-frère, je suis censé le protéger.

Je ne peux plus me cacher, je sens une nouvelle toux qui arrive, une violente même. Je me met à tousser extrêmement fort, en m'arrachant limite la gorge, crachant de nombreuses gerbes de sang, dans un bruit semblable à régurgitation. Je sens mon esprit me quitter.. Vais-je m'évanouir ? Je commence à tomber, mais encore conscient, je fais exprès de frapper au passage un vase debout sur la commode afin que le bruit de fracas qu'il fera une fois au sol alerte Reznaburo, afin qu'il vienne pour me venir en aide. Je frappe dans le vase, il se casse, ma tête s'écraser violemment contre le sol. Mes yeux se floutent rapidement et je me sens partir. Cependant, j'entends des bruits de pas extrêmement rapide dans l'escalier. Mon plan aurait-il marché ? Je cède à ce mal qui me ronge et tombe dans les vaps. Je reprendrais certainement conscience dans quelques heures, voir quelques minutes avec un peu de chance. Je dois être beau à voir tiens. Par terre, inerte, avec la bouche pleine de sang. Pourvu que le choc pour Renzaburo ne soit pas trop difficile à encaisser. C'est décidé, dès que je me réveille, je lui dis tout, et je part à la recherche de ce médecin..

Désolé frangin, mais tu vas devoir continuer seul pour le moment..

Cette journée avait commencé comme les autres. Il n’y avait rien eu de particulier. Les Toshihide s’étaient levés tranquillement à l’heure qu’il voulait. Aucun d’eux n’avait de mission ce jour-là. Ils allaient donc profiter de cette journée pour passer un peu de temps ensemble. C’était de plus en plus rare ces derniers temps. Peut-être parce que le grade de Renzaburo l’occupait ailleurs ou parce que Fuusaichiro se montrait quelque peu distant. L’aîné avait un comportement assez bizarre. Renzaburo l’avait immédiatement senti. Il avait vainement posé quelques questions au début mais comme il voyait que son aîné prétextait que tout allait bien, le cadet avait compris que cela le gênait d’en parler et il n’avait pas insisté. Il n’aimait pas savoir que quelque chose tracassait son frère sans pouvoir l’aider mais il n’irait pas à l’encontre du choix de Fuu.

Les jumeaux étaient donc restés chez eux pour profiter de leur journée de détente. Renzaburo est en haut qui…Non il vaut mieux privilégier une autre phrase ne rappelant pas le début d’une chansonette tristement célèbre. L’aîné des Toshihide était resté au rez-de-chaussée tandis que son cadet était monté à l’étage pour lire un livre sur le Kugutsu. Il avait eu dernièrement de nouvelles idées qui élargiraient son panel de techniques. Il tenait à éclaircir ses projets. Pendant ce temps, il entendait un peu de bruit en bas mais rien d’inquiétant. Une petite quinte de toux de la part de Fuusaichiro. Rien de très alarmant. Ce qui rendit cette toux si inquiétante, ce fut quand elle réitéra de plus belle avec plus de violence. Le bruit de verre brisé n’arrangea rien. Renzaburo dévala l’escalier quatre par quatre, manquant de faire une chute. Il se précipita sans attendre lorsqu’il vit son frère étendu sur le sol, inconscient.

Fuusaichiro s’était violent cogné la tête. Il avait une énorme bosse qui commençait à se former sur son front. Mais ce qui attira l’attention du Chûnin, ce fut la présence de sang sur les mains de son frère. Le cadet dû prendre son courage à deux mains pour ne pas paniquer. Il chercha déjà d’où pouvait provenir le liquide rouge qui décorait la main de son frère. il ne vit aucune blessure. Il observa son visage, devenu livide. Un filet de sang perlait à ses lèvres. Un mystère de résolu. Mais Fuusaichiro n’allait pas mieux pour autant. Renzaburo appliqua donc les premiers secours. Il allongea correctement son frère sur le dos puis il leva légèrement ses jambes pour qu’elles forment un angle à 45°. Il resta ainsi pendant quelques minutes. Cette technique était la meilleure chose à faire en cas de malaise. Le sang retombait brutalement dans tout le bas du corps. Avec cette position, le liquide si vital au corps humain pouvait retrouver place dans l’ensemble de l’organisme.

Fuusaichiro finit par entrouvrir les paupières. Il cligna des yeux un moment. Renzaburo lâcha ses jambes deux secondes pour prendre un tabouret qui se trouvait à quelques mètres de là. Il cala de nouveau les jambes pour éviter un autre malaise puis il vint au niveau du visage de son jumeau. Alors que ce dernier levait la tête pour voir ce qui lui était arrivé, Renzaburo le ravisa en lui intimant d’un geste de la main affectueux de reposer son crâne au sol. Il le rassura de quelques formules banales. Le sang battait aux temps du Chûnin. Il s’était fait une sacrée frayeur. Son jumeau retrouvait des couleurs petit à petit. Il le regarda un instant avec un sourire. Puis la réalité revint en force dans son esprit et la gravité de la situation accentua ses traits. Il prit un moment pour choisir ses mots, et pour calmer l’angoisse qui le tenait encore en étau. Il finit par formuler quelques mots :

-Je pense qu’il est temps d’être sincère maintenant tu ne penses pas ?

Mes paupières s'ouvrirent lentement, ma vision était encore floutée lorsque je vis la silhouette de mon frère cadet se dessiner devant mes yeux. J'étais dans une position pour le moins étrange, allongé sur le canapé avec les jambes légèrement surélevées, c'était mon frère qui m’avait placé dans cette position. Ma tête tournait, j'avais vraiment très mal à la tête, elle tournait, j'avais un haut le coeur vraiment très désagréable, je retint même un élan de régurgitation, mais je repris assez rapidement des couleurs. J'essaya même de me redresse, mais Renzaburo m'en empêcha d'un signe geste de la main. De toute manière, je n'avais pas assez de force pour l'empêcher de faire quoi que ce soit, je n'avais pas la force de me redresser contre son gré. Finalement, après quelques minutes de repos, je me suis tout de même lentement redressé afin de pouvoir correctement réfléchir et répondre à la question de mon frangin, cependant, il fallait que je fasse vite, je devais trouver le plus rapidement possible le médecin de la famille. Mes jours étaient comptés. Je pris une grande inspiration avant de répondre à Renzaburo.

" Je suis atteint d'une maladie frangin.. Les médecins de Suna ignorent de quoi il s'agit, je vais donc partir de ce pas voir le médecin de la famille qui faisait des miracles, mais j'imagine que tu te souviens de lui.. "

Je me levai lentement afin de me diriger vers ma chambre, suivis de près par mon cadet qui était sur mes talons. Montant lentement l'escalier, je fis tout de même mine de me tenir droit malgré la nausée qui me portait au coeur, afin de montrer à Ren que ça allait déjà mieux, que c'était des crises par intermittences donc que là, dans l'immédiat, il n'avait pas à s'en faire pour moi. Bien entendu, c'était un mensonge, car bien que je n'ai actuellement aucune envie de tousser, que je ne crache pas de sang, la maladie gagnait du terrain. En arrivant dans ma chambre, j'attrapa mon sac à dos shinobis, le vida en le retournant sur le lit et pris quelques affaires de rechange avant de descendre dans la cuisine pour prendre des vivres. Je ne comptais pas m'arrêter avant d'avoir atteint ma famille, donc je pris une gourde remplie d'eau afin de boire en chemin, sans m'arrêter dans les villages avoisinants la capitale du pays du vent.

" Je sais ce que tu vas me dire.. Mais j'y vais seul, j'ai déjà prévenu les autorités de Suna, j'ai la permission de quitter la nation et d'être indisponible pour les missions et autres tâches que nous shinobis devons effectuer. Cependant toi tu ne l'as pas. Ne t'en fais pas, ca va déjà mieux là. Mais il faut que je parte sur l'instant Renzaburo.. "

La réponse de l’aîné des Toshihide mit un moment avant d’arriver. Mais le cadet ne brusqua pas son frère. Vu son état, cela était à éviter. Il prit son mal en patience. Il s’inquiétait de la tournure des évènements et il aimerait avoir une explication. Il se sentait d’autant plus coupable qu’il avait vu qu’il y avait un problème et qu’il n’avait rien fait pour en savoir plus. Il s’était arrêté à un détail aussi insignifiant que la fierté de son frère et il était passé à côté de quelque chose d’important. Renzbauro sentait au fond de ses tripes que le comportement étrange de son jumeau était lié avec ce malaise qu’il venait de faire. D’autant qu’un simple malaise n’impliquait pas de cracher du sang. Il y avait donc quelque chose de très grave et de très important derrière ça. Puis enfin, une réponse fut formulée. Fuusaichiro était atteint d’un mal étrange que les médecins de Suna ne pouvaient expliquer. Il avait donc le projet de se rendre à leur ancienne demeure pour y retrouver un guérisseur très célèbre.

Cette nouvelle n’enchantait pas le marionnettiste. Vu l’état de santé de son frère, il ne comptait pas le laisse traverser le désert tout seul. Ils n’échangèrent aucun mot pendant un moment. Fuusaichiro monta les escaliers pour se rendre dans la chambre. Là, il ramassa quelques affaires qu’il rangea rapidement dans son sac de voyage. Renzaburo le suivait à la trace. Il ne le lâchait pas d’une semelle afin de s’assurer qu’il ne referait pas un autre malaise. Il redoubla de vigilance dans l’escalier. Toute chute malencontreuse serait fatale. Il continuait de suivre un peu partout son frère jusqu’à ce que ce dernier s’exprime à nouveau. Il avait très bien perçu l’inquiétude du Chûnin et il le rassura. Suna avait donné son autorisation pour qu’il sorte du village. Renzaburo ne l’avait pas. Et s’il n’y allait pas maintenant, la maladie allait gagner du terrain.

Le cadet se retrouvait face à un terrible dilemme. Retenir plus longtemps son frère en de vaines discussions ne ferait que le mettre plus en danger mais le laisser partir pour des heures de marche, seul, au milieu du désert, là aussi c’était très risqué. Il pesa un instant le pour et le contre. Il n’était vraiment pas motivé pour abandonner son frère dans une telle situation. Mais il devait prendre une décision rapidement afin de ne pas gaspiller un peu plus le temps si précieux dont Fuu avait besoin. Après deux minutes de concertation avec soi-même, il finit par s’exprimer lui aussi :

-Je ne me sens pas de taille à te laisser traverser le désert seul dans ton état. Seulement si je commence comme ça, tu ne lâcheras pas le morceau et le temps t’est compté. Alors va. Va mais promets-moi de revenir en bonne santé. Tu passeras le bonjour aux vieux.

Comme je le pensais, mon frère n'était pas vraiment chaud pour de me laisser traverser le désert de Suna seul en direction de notre famille. Mais il n'avait pas d'autre choix que de me laisser aller, s'il me retenait, je finirais par mourir dans ses bras et ce n'était certainement pas ce qu'il voulait. Pour une fois, nous allions devoir nous séparer. J'attrapai mon sac qui j'avais terminé, je le mis sur mon dos avant d'ouvrir la porte de la maison. J'allais sortir, mais un étrange mal me rongea une nouvelle fois, au niveau du coeur, ce n'était pas ma maladie, mais un autre mal, comme une sensation de stress à l'idée de laisser mon frère derrière moi. Mais je n'avais pas d'autres choix, sinon, j'allais vraiment mourir dans cette maison. Finalement, Renzaburo me laissa partir en me demandant de passer le bonjour à nos parents. Bien entendu je n'y manquerais pas, cette idée m'arracha un sourire, je lâcha la poignée, me retourna vers Rezaburo avant de le prendre chaleureusement dans mes bras en lui tapant le dos. L'amour qu'il y avait entre nous était sincère, nous étions, sommes et resterons des frères, qu'importe si nos chemins se séparaient ou non.

En sortant de la maison, j'adressai un dernier sourire et un signe de la main à Renzaburo avant de sauter sur le toit, puis d'accélérer le rythme, se mettant alors à courir en direction du désert. Malheureusement, une fois à mi-chemin, je sentit mon coeur se soulever une nouvelle fois, ma gorge se mit à brûler et je cracha une gerbe de sang assez importante. Je perdis l'équilibre, je chuta sur le sable, ma vision se flouta. Etrangement, alors que j'étais dans le désert aride de Suna, j'avais froid, extrêmement froid. Est-ce cette sensation que l'on a lorsque l'on meurt ? Je sentis quelqu'un m'attraper dans ses bras, à l'odeur, ce n'était pas Renzaburo. Mais une autre personne.

" Ramène mon corps auprès de mon frère, Tooshi.. hide.. Reen..zaburo "