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 | | (#) Sujet: La Voix de la Folie Jeu 18 Avr 2013 - 21:07 | |
| Qui étais-je, au final ? Avec tout ce temps passé, toutes ces batailles, qu'étais-je réellement devenu ? Est-ce que je m'étais rapproché de la voie du monstre, et éloigné de l'humanité, ou l'inverse ? J'avais enfin réussi à acquérir une puissance des plus redoutables. Lorsque j'étais arrivé à la tête de Kiri, j'étais encore méconnu des autres. J'étais encore un troufion sorti de la campagne, un soldat qu'on a converti à la paperasse. Aujourd'hui j'avais acquis une certaine réputation de tyran, qui exerçait un régime militaire et sanglant en oppressant les peuples avec ma horde de barbares psychopathes. C'était ça, en gros, ma réputation. Il y avait du faux comme du vrai, et pas mal de faux il faut l'avouer. Aux yeux des autres, j'étais donc un fou, un vrai barbare qui apparemment n'avait pas de pitié envers les faibles, ne goûtait pas à la vie, et semait la mort à chaque foulée. J'assume totalement cette vision qu'ont les gens de moi : il y aura toujours à redire envers un autocrate.
Toutefois, si je savais comment les gens me considéraient, comment devais-je me considérer à mon propre égard ? J'avais sombré dans la Folie, avant de remonter, d'escalader le gouffre qu'avait creusé ma haine, ma rage, ma tristesse, polymérisées en une entité paraphrénique. J'avais lutté, sué, saigné, pour remonter, et dominer la Folie qui me parasitait, jusqu'à pouvoir l'apprivoiser et l'exploiter. Est-ce que, n'étant plus totalement sous le joug d'une partie de moi, inconsciente et délirante, qui me transformait en monstre, je pouvais me considérer comme humain ?
A plusieurs reprises, je m'étais interrogé sur tout ça. A plusieurs reprises, je doutais, mais au fond de moi, je connaissais la réponse. Je savais que j'avais changé, que je n'étais plus l'ombre de moi-même. Je savais que je n'étais plus le Lutin Fou, mais avant tout un Guerrier. J'avais véritablement remonté la pente pour me surpasser. Mais pourtant… malgré le changement, malgré le renouveau, le doute revenait. Et depuis peu, jamais je ne m'étais senti aussi étrange, aussi mal…Depuis peu, le Kobold Aliéné n'était pas très en forme, il fallait l'avouer. La Nuit, le Ryûzoji était dans l'incapacité de dormir. Il se sentait hanté, comme s'il n'était pas seul dans son appartement. Pourtant, il n'avait jamais eu de risques de cambriolage : sa simple réputation de Lutin Fou faisait fuir les voyous dans le quartier. C'était comme s'il cauchemardait debout… Parfois les chuchotements se rapprochaient, et devenaient plus pénibles, plus intenses, et pourtant si incompréhensibles. Ce même phénomène des plus occultes se prolongeait en phase diurne. L'opulente foule des rues fuyait sa présence dès lors que sa silhouette les bordait. Il avait des traits de pestiféré aux yeux des citoyens, sans pour autant en être un. Pire, dans ce paradoxe, il était impossible pour le Tsar de déterminer la cause de cette exode, puisqu'incapable de parler avec les fuyards.
Et ça venait, s'en allait, comme le roulis des vagues sur le bord de plage. Parfois apte à exercer sa profession administrative, l'Oblat démoniaque essayait tant bien que mal de trouver une explication à son mal. Il exclut en priorité la tare mentale. C'était totalement absurde : il avait pansé ses plaies psychiques, et aujourd'hui gagnait une nouvelle affectation en guise de revers de la médaille ? Il essaya alors de s'en tenir à ce qu'il pouvait étudier. Tout son mal était lié à l'acoustique. Le bruit, des voix, bref, du son. A en croire l’œillade saturée en dédain des plébéiens et autres béotiens ingrats envers leurs bras armés, le Cyclope de Kiri était la source de ces occultes ondes. Alors après avoir réfléchi dans son bureau pendant une journée, Yoru décida de convoquer deux ninjas compétents de son village. Le premier était un senseur avisé, répondant au prénom de Yasunari. Le même personnage disposait en outre de vastes connaissances en médecine, qu'il couplait au ninjutsu pour combattre avec l'Iroujutsu. Le second était un ninja de classe moyenne, tout comme le premier et se prénommait Tetsuzan. Sa capacité résidait dans le contrôle des ondes sonores, autrement dit l'Onkyōton. Avec le concours de ces deux Kirijins, l'éborgné comptait bien trouver la source de son problème, et au plus vite.
Ainsi, le lendemain vinrent à son domicile les susnommés Tetsuzan et Yasunari. Le blondin avait rapidement rangé son appartement, pour permettre une expertise des plus neutres de la part des deux nervis. Étrangement, les voix de sa tête étaient plus aléatoires encore, plus différentes. Elles parlaient plus fort, parfois moins fort, le tout dans un idiome des plus inconnus. Aux yeux du Régent, il fallait faire vite, autrement sa patience ne tiendrait pas le coup. Sans plus tarder, Yasunari analysa à l'aide de son chakra curatif l'organisme de son supérieur, tandis que Tetsuzan tenta tant bien que mal d'extraire un morceau audio de ces voix spectrales. La conclusion qu'en tira les deux hommes fut assez surprenante, assez pour que Tetsuzan tente de prolonger l'étude avec plus d'application.✗ Yasunari-kun, je crois bien qu'il produit avec son chakra les ondes. Essaie d'utiliser ta sensorialité pour localiser précisément l'origine de ces ondes, pour ma part je vais tenter quelque chose. Sesshō-sama, je vais amplifier les sons que vous produisez, afin de les rendre compréhensible, si toutefois ils peuvent vous évoquer quelque chose. Le trio de shinobis se mit alors à l’œuvre. Le résultat était surprenant : Yoru était en train d'utiliser son propre chakra pour générer les ondes. Il n'hallucinait donc pas ! Mais dès lors qu'on se rendit compte de son ninjutsu inconscient, une inquiète interrogation gagna l'esprit de chacun : comment se faisait-il qu'il malaxait son chakra sans le vouloir ? N'y avait-il pas quelqu'un qui tirait les ficelles dans l'esprit de Yoru ? Pire encore, à quoi correspondait ces voix étranges et incompréhensibles qui surgissaient de l'enveloppe somatique du Borgne ? Malgré l'inconnue que représentait ce patois fuligineux, le Ryûzoji avait une idée derrière la tête. Ces voix, outre leur étrangeté, étaient proches du guerrier. Elles lui évoquaient quelque chose, à la manière d'un trésor caché derrière un voile. Un filtre plus précisément. Et ce filtre, le Shinku Obake était sur le point de l'exploiter pour voir ce qui se cachait derrière.✗ Yasunari, Tetsuzan, je pense avoir trouvé le moyen de lever le voile sur ces voix. Yasunari, concentre ton jutsu de sensorialité au niveau de mon crâne. Scanne avec tes techniques médicales mon activité cérébrale. Pendant ce temps, Tetsuzan, écoute attentivement la démarche que nous allons suivre ensemble. Pendant que tu vas continuer d'amplifier ces voix, je vais te communiquer par télépathie. Habituellement, je passe par un langage codé qui par l'esprit se comprend. Je vais donc te dicter les voix que tu amplifies, et par la suite retranscrire par ton Onkyôton ce que je te dis. Si tu as du mal à amplifier et produire deux sons à la fois, sers toi d'un clone pour répartir le travail. Chacun se mit alors en place. Yasunari se posta derrière Yoru, qui était assis sur une chaise au beau milieu du salon. Sa dextre droite posée sur la tête, le mire obéit aux instructions de son supérieur, et put sentir quelque chose, comme une réponse à l'équation démoniaque qui s'imposait en cette journée chargée. Au même moment, le clone de Tetsuzan et lui-même suivirent à la lettre les directives du Shinku Obake. Quelques instants plus tard, le verdict tomba avec horreur.✗ Ils doivent mourir… Tu cries. Lame de honte, corps de froid, musc de tripes. Grrr… brrr… Gzzbzz… Ce n'était pas moi. Ma Folie utilisait mon chakra dans mon ombre. Plus précisément, mon chakra Raiton et Futon. Dans mon dos, elle utilisait le chakra que je malaxais au cours de mes combats pour faire des réserves, et chercher à se manifester. Elle recueillait ainsi ces deux types de chakra pour créer un nouveau chakra, le chakra de l'Onkyôton, du contrôle du son. Ainsi, quelque part au fond de moi, j'étais en mesure d'utiliser le son, le bruit, les ondes… dans le but de me détruire moi-même. Il fallait donc que je reprenne tout depuis le départ, que je surpasse mes limites, afin de dompter ce nouveau pouvoir, et ainsi d'échapper à ma propre perte. |
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