La chaleur redevenait habituelle pour moi, quittant le pays du feu, je retrouvais l’aridité du désert et l’absence totale d’être vivant. Une terre sèche, des arbres morts et une eau troublante qui me fit rapidement comprendre que j’étais arrivé à Hai no Kuni. Plus tôt dans la journée, je reçus l’ordre de me rendre vers la côte Ouest pour soutenir les ninjas présents. Aucun objectif précis, tuer tous les partisans restait la meilleure solution. Personne ne m’accompagnait, autonome, on dirait que je commençais à me créer une notoriété dans ce monde sans pitié. Le trajet fut assez long, parvenir à cet enfer n’était pas une mince affaire, heureusement l’alliance des villages avait réussi à s’organiser assez rapidement pour mettre en œuvre des plans de bataille. Même les kages s’étaient retrouvés sur le champ de bataille, cela montrait bien la menace que Makka représentait pour chacun d’entre nous. Un ennemi que nous nous devons à tout prix d’anéantir sous peine de vivre dans un monde de terreur, de tristesse et de haine. Me voilà donc sur la terre volcanique, j’avais atteint la côte depuis maintenant quelques minutes, aucun ennemi à l’horizon…

Notre adversaire se doutait sûrement d’une telle attaque de notre part, des espions elle en avait partout, des senseurs de tout niveau, bref, elle devait préparer quelque chose en secret et nous allions être aux premières loges pour recevoir ce joli présent. Je respirais un peu plus difficilement que d’habitude, mon voyage en tant qu’ambassadeur à Konoha m’avait fait perdre l’habitude des hautes chaleurs, de plus je sentais comme des sortes de cendres dans l’air. Mon yôton allait passer inaperçu dans un lieu se mythique. Toujours prêt à attaquer la première venue, je marchais un peu pour observer la situation. Après tout cela n’était pas normal de croiser personne, un peu plus haut j’aperçus plusieurs ninjas qui partaient vers le nord. Ils avaient sans doute mis un peu plus de temps pour parcourir la distance qui nous séparait d'Hai no Kuni. L’alliance des villages allait permettre une force de frappe importante, aussi forte qu’elle était Makka ne pourrait résister à la coalition de centaines de shinobis.


* En attendant que l’ennemi attaque, autant avancer pour repérer les lieux et les crevasses… *


Et oui car des fissures il y en avait plein le sol, certaine peu profonde juste bon à se casser la cheville et d’autres gigantesques qui me semblaient infinis. Un terrain très spécial, au fil des secondes j’arrivai près de deux filles qui semblaient travailler ensemble, le bandeau de Kiri marquait bien là leur appartenance à leur village. N’ayant que très peu côtoyé les shinobis de la Brume, je n’avais pas forcément de très bons rapports avec eux, malgré tout la seule kunoichi de Kiri que j’avais rencontrée était fort sympathique. Espérons que ces deux lionnes ne soient pas aussi intrépides que les mâles que j’avais rencontrés dans ma courte vie. Autour de moi, plusieurs shinobis couraient vers une autre position, j’allais devoir garder ce front durant toute la bataille. Encore une fois je n’aurais pas un poste très important, j’étais un peu rouillé de mes quelques mois de buvettes dans le pays du feu. Si jamais je tombais en face de la puissante Makka princesse des flammes, je ne pourrai que redevenir poussière et finir ma vie dans cette terre sèche et sans chance de vie. Parlant à haute voix, je m’adressais autant aux deux resplendissantes filles devant moi qu’à moi-même.


« Vivre pour combattre, la vie d’un shinobis ne se résume pas à cela, il n’y a aucune solution dans la guerre, seules des alternatives qui repoussent un choix inéluctable… »


Elles devaient me prendre pour un cinglé, première impression . Raté !

Les deux ninjas devant moi ne semblaient pas perturbés par l’ambiance qui régnait autour de nous, la peur et la crainte se voyaient dans le regard de certain. Un vrai shinobis ne ressent pas la peur et affronte son destin en y faisant face sans broncher. L’une d’entre elles me demanda simplement qui j’étais, sans doute aurais-je dû me présenter quand l’occasion s’y présentait. Mon nom n’allait sûrement pas leur dire grand-chose, mais bon il était en soi logique de se présenter quand on se rencontrait. C’est donc avec politesse que je prononçai mon nom, celui d’un homme banal qui n’avait rien demandé à personne.


« Ao Kuroi pour vous servir, sans doute êtes-vous venue ensemble. Je vous sens très complice mesdemoiselles… »


À dire vrai je ne savais pas vraiment quoi dire, l’heure n’était pas vraiment à la parlote mais plutôt à la guerre. Celle-ci s’annonçait sanglante, un seul ennemi, une union des quatre villages pour en venir à bout, c’était vraiment du jamais vu. Même si nous ne formions qu’un, les shinobis n’avaient pas vraiment été mélangés et chacun travaillait dans son coin. Malgré tout ce progrès allait grandement augmenter nos chances de Victoire, Makka allait mourir aujourd’hui, je le pensais réellement et espérait voir sa tête sous mes pieds. Tout à coup l’une des jeunes filles semblait perturbée et l’instant d’après j’eus sous mes yeux la tête d’un homme. Un ninja sans doute vu que son bandeau frontal était toujours bien posé, ce travail n’était pas celui d’un amateur. Je me retournais et apercevais avec nonchalance le visage de celui-ci, et ici de celle-ci, qui avait commis un tel meurtre. Oui, il n’avait sûrement pas souffert lors de son passage dans l’autre monde, mais elle, son aller simple pour l’enfer ne serait pas une partie de plaisir. Son sourire en disait long sur sa folie, mais ce qui m’inquiétait le plus était son premier mouvement. Une attaque rapide ne serait pas vraiment étonnante de sa part, tuer quelqu’un de la sorte en s’en moquant presque, ce n’était pas le comportement d’un humain mais bien d’une vraie folle.

Son bras levé, elle composa un simple mudra et tenta de nous carboniser tous ensemble. Je ne pouvais laisser une telle chose arriver, cette tête allait exploser et sûrement nous causer des dégâts non négligeables. Dans mon élan je sautai vers la tête durant le début de l’explosion, le seul moyen de nous protéger tous trois était de la bloquer pour qu’elle ne touche personne d’autre que moi. Bien entendu je ne fonçais pas tête baissée, un sacrifice de ce style n’était pas du tout mon style. Pour me protéger, je recouvris mon corps de métal d’un simple signe de la main. Je fermai les yeux pour ne pas voir ça, une explosion de la sorte ne devait avoir aucun sens esthétique. Ainsi le bruit fut violent, mais moi je ne sentis quasiment rien, peut-être un petit peu de chaleur au niveau du ventre, rien de bien méchant. Allongé sur le sol, je comptais maintenant sur mes deux coéquipiers pour repousser cette folle un peu plus loin et surtout pour la tuer.

Spoiler:

Allongé tel un cadavre sur le sol, je venais d’arrête avec brio cette explosion qui ne fit aucun dégât. J’espérais ne pas être le souffre-douleur de cette folle, esquiver et protéger ces femmes ne me plaisaient guère mais une alliance avait été fait, à moi de la respecter. Du coin de l’œil je réussis à admirer l’agilité avec laquelle mes coéquipières ont riposté. Un kunai de grande taille, de la cendre qui gênait grandement ma vue et des phalanges qui sortaient de ses doigts… Putain mais c’est quoi ces femmes !! Sans doute faisait elle partit d’un clan bien particulier à Kiri, je n’avais jamais entendu parler de ninja se servant de son corps interne pour combattre. Cette guerre allait m’apporter bien plus d’informations que nécessaire, les actions s’enchaînaient rapidement quant à moi je n’avais pas quitté le sol. Me tenir ainsi n’était sans doute pas la meilleure des solutions, mais bon, j’étais bien dans cette position et mon amure qui me protégeait venait d’éclater en morceaux laissant sur le sol des bouts de métal significatifs de la dureté de celui-ci.

Le premier round se termina dans un écran de fumé que notre adversaire venait de créer à l’aide d’une fumigène sûrement. Fuir ne devait pas être dans ses habitudes, de plus c’est elle qui était venu à nous donc partir juste après était stupide. Non, cela cachait quelque chose et je ne fus pas surpris de ne plus la voir une fois que la fumée s’était propagé. Mon regard se porta immédiatement vers le haut, une attaque surprise serait idéale pour elle qui se trouve en infériorité numérique, mais non, raté… Quand mon regard revint sur le sol, j’aperçus un bout de métal qui semblait chauffer anormalement, je me rendis ensuite compte que la chaleur du sol augmentait radicalement jusqu’à me brûler le ventre. D’un saut de cabri et d’un cri de chèvre, je me remis sur mes jambes mais la chaleur avait toujours son mot à dire. Si elle n’était pas en haut, elle était forcément sous terre. Ainsi aucun moyen de la localiser, de plus cela rendait cette attaque logique vu quelle n’était pas sur cette zone de chaleur.

Je devais agir vite pour éviter toute brûlure trop importante, posant les mains au sol je créai une plaque de métal sous nos pieds pour éviter tout contact avec le sol. Certes le terrain allait être plus chaud que d’habitude mais pas assez pour pouvoir nous causer de fortes brûlures. De plus avec un terrain de la sorte, mes attaques kinton ne seraient que renforcées et j’allais le prouver immédiatement. Formant plusieurs signes, je fis apparaître un clone de métal juste à côté de moi pour me prêter main-forte. Du 4 contre 1, aucune chance qu’elle ne puisse parvenir à nous battre.

- "Elle ne va sans doute pas tarder à refaire surface, rester sous le sol ne serait qu’une perte de temps pour elle. Préparez-vous à une riposte ! "

Spoiler:

« Raise your weapon, raise your weapon. One word, and it’s over. »

Prendre les armes. Livrer bataille. Laisser jaillir la haine et en faire une alliée. Pousser la violence jusqu’à son paroxysme. Atteindre l’acmé de la crise. Tout détruire. Ressortir victorieux d’une guerre interminable.
Tant de phrases, tant d’objectifs, tant d’idées, entassées pêle-mêle dans un même esprit. Yuka lorgnait la défaillante, sans même essayer de la comprendre. Si sa folie meurtrière excitait ses instincts d’assassin, le reste ne l’intéressait pas véritablement. Ce combat s’annonçait extrêmement intéressant, mais cela ne s’arrêtait pas ici. Cela allait vraiment plus loin. L’adrénaline courait dans ses veines à une vitesse telle que cela la rendait impatiente. Impatiente de planter Suishô dans sa chair, comme elle avait pu le faire avec Kyurei. Ce combat lui était dédié, d’ailleurs. Cette guerre, tout ce sang versé. Yuka le considérait comme une offrande à son frère défunt, son cher petit cœur, mort de sa propre main. Un sourire sadique naquit sur ses lèvres. Cette salope connaîtrait le même sort, cela devenait une évidence. Elle irait périr dans les flammes de l’enfer et deviendrait, à l’instar de ces terres désolées, un simple tas de cendres. Elle se mêlerait à tout cela et ne serait plus rien. Juste un corps détruit, une puissance annihilée par trois cerveaux, plus puissants qu’elle.

Les deux offensives mêlées des demoiselles permirent à la kunoichi d’analyser les mouvements de son adversaire. Celle-ci faisait preuve d’une certaine rapidité et agissait, de telle manière que ses gestes, même le plus infime, paraissait plein d’une assurance presque désinvolte. Ils avaient à faire avec quelqu’un de doué, qui maîtrisait extrêmement bien son corps. Malheureusement, la maîtrise ne lui permit pas d’éviter les projectiles de Kairi. Ses phalanges. Le clan Kaguya détenait la palme du clan le plus sexy du village de la brume sanglante. Ils avaient ce petit quelque chose qui les rendait … terrifiants. Ou irrésistibles. Yuka chassa ces sornettes de sa tête. L’heure n’était pas aux moqueries inter-clans.

Un fumigène vint brouiller totalement sa vision. Elle plaça son bras près de son visage. Cela lui piquait les yeux et la dérangeait drôlement. Par réflexe, la brune concentra son chakra dans la plante de ses pieds et se propulsa dans les airs. Elle maintint son contrôle, de manière à y rester pour observer la scène. Décidément, impossible de voir quoi que ce fût dans tout ce bordel. Très bien. La fumée se dissiperait rapidement, certes, mais cela permettait une belle entrée en scène de la part de la folle. Après tout … où se trouvait la donzelle, désormais ? Ça, impossible de le savoir. Yuka ferma les yeux et pista tout ce qui l’entourait, de manière à tout voir sur le champ de bataille. Elle remarqua la présence d’une couche de chakra, à peu près partout sur l’endroit et reconnut deux signatures de chakra bien différentes. Par déduction, elle trouva Kairi, puis Kuroi. Cela ne lui servait pas à grand chose, pour le moment. Elle se concentra davantage et ratissa complètement l’endroit, jusqu’à repérer la petite folle.

Alors, comme ça … Haha. Intéressant.

Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu’elle remarqua que la fouineuse se trouvait désormais sous terre. Malgré les précautions de ce cher Kuroi, il manquait quelque chose. Et à ce train-là, les deux finiraient par se faire avoir comme des débutants. Yuka ne pouvait absolument pas les laisser comme ça.

— EN-DESSOUS ! Faîtes attention ! Elle n’est plus sur le terrain, mais DESSOUS !

La brune brandit Suishô et se prépara à une possible attaque de la part de la demoiselle. Elle ne les aurait pas comme ça. Surtout pas en sa présence. Et encore moins à un moment pareil.

C’étaient eux, ou cette pimbêche. Et à choisir, la deuxième solution s’avérait inacceptable.

Récap. :

Nous étions tous les trois en attentes de notre adversaire, cette folle se tenait sûrement sous la terre prête à nous attaquer. Alors que nous nous y attendons, elle sortit du sol avec toujours ce même regard de tueuse. On ne lui avait rien fait, mais elle nous en voulait énormément, à moins que ce soit dans sa nature de vouloir tuer les gens. Bref dans tous les cas elle était là, en sa compagnie deux fumigènes quelle lança immédiatement sur nous. Celle-là je l’attendais pas vraiment, l’écran de fumée se créa autour de nous et notre vue s’en retrouva paralysée. Une attaque banale mais qui allait quand même bien nous faire chier. Tournant la tête sur le côté, j’avais senti un mouvement d’air, ma coéquipière l’avait bien anticipé, moi . Je n'avais rien vu venir. Aucune chance qu’une folle pareille reste comme ça à ne rien faire, lancer des fumigènes c’est pour que nous ne puissions pas la contre-attaquer. J’allais tenter de l’avoir assez brusquement même si le risque était bien présent. J’apercevais encore la silhouette de l’une des shinobis de Kiri, elle par contre était dans le même état d’esprit que moi, aucune anticipation. À moins quelle soit déjà prête à attaquer, en tout cas vu ce que j’allais faire, j’espère pour elle qu’elle sait se défendre. Comme elle était non loin de là, je dis calmement et sans précipitation une phrase vers elle.


- "Protège toi ou tu risques d’être en chaleur"


Tout en prononçant la phrase je fis un bond en arrière pour sortir de l’écran de fumée, la coordination de mes gestes devait être aussi exacte pour lancer ma technique sans perte de temps. L’ennemi n’allait pas mettre 20 secondes pour nous attaquer une fois dehors, ça se trouve elle était déjà en train de lacérer violemment cette sublime fille qui se trouvait être un shinobis de Kiri. J’imaginais déjà ses vêtements lacérés, sa poitrine à moitié nue et des traces de sang tout le long de ses bras, une vision d’horreur bien entendu qui me rappela la grande guerre quand j’étais jeune. Une bataille violente entre deux chiennes prêtes à tout pour rester debout, ça doit être à la fois terrorisant mais aussi excitant, pour une raison que j’ignore totalement… Ma série de signes effectués, j’allais lui faire goûter à mon yoton pour son plus grand plaisir. Un poing gigantesque surgit derrière moi et partie en direction du nuage de fumée une attaque de zone très dévastatrice qui, j’espère, ne vas pas trop toucher ma coéquipière. Il serait bête quelle perde un bras ou un sein à travers cet épisode dramatique, mais bon je l’avais prévu de ce protéger, j’étais fair-play quand même. Prendre la vie d’un adversaire et celle d’une future adversaire, en soi c’était un bon compromis. Les ninjas de Kiri je ne pouvais pas vraiment les voir, la raison était simple. Une grande arrogance suivie d’un pouvoir souvent très chiant, sortir des os de sons corps, c’était vraiment dégueulasse surtout si après elle me tape dessus avec. Non mais allo quoi !!! Tu sors t’es os et tu me tapes dessus !! Allo !!! Sa va pas ou quoi, c’est comme si jte dit, je chie et jt’envoie ma merde !! Allo !!!Bref mon poing de lave s'approchait rapidement des deux filles, un strike serait quand même embêtant...


*J’ai été ravi de te connaître jeune fille, ton corps, ta chair sera carbonisée telle une particule qui fonce dans le soleil, plus aucune trace de toi… La vie est injuste mais ta mort sera rapide et sans douleur.*

Spoiler:

Tel un prédateur, Yuka guettait sa proie. L’éther l’avait accueillie entre ses grands bras céruléens. Ces bras gigantesques, qui lui offraient un champ d’action absolument énorme, sans aucune limite. La brune pouvait nager dans les cieux, y faire des arabesques, pour, finalement, retomber gracieusement sur sa nouvelle victime. Un grand sourire sadique naquit sur ses lèvres. Cette dernière sortit de la terre pour s’attaquer à eux. La guerre battait son plein. Les instincts belliqueux de la Mitsuharu faisaient battre son cœur au rythme d’un requiem infernal, mortuaire. Dernière danse avant de mourir, après quoi, Thanatos, Charon et Hadès se chargeraient de son cas. Quelle chanceuse. Tant de divinités rien que pour elle. Yuka ferma doucement les prunelles et se concentra. Alentour, quatre sources de chakra. Elle se focalisa sur les deux sources différentes. L’une d’elles ne lui plut pas vraiment, et il ne lui fallut que peu de temps pour comprendre. À en voir les mouvements en bas, Kuroi s’attaquait déjà à la deuxième, la vraie. Haha. Au moins, il lui facilitait les choses. De plus, la rapidité des deux êtres, Kairi avait tout intérêt à se protéger. Mais la kunoichi savait qu’elle pouvait compter sur sa sagacité. Le carnage ne faisait que débuter.

Elle brandit Suishô, qui refléta la lumière envoyée par l’astre solaire. Yuka se pencha en avant et réitéra sa première propulsion. Sauf que, cette fois, pas question d’aller caresser le ciel, non. Cette fois, il s’agissait de planter, de trucider, de détruire. Le clone ne ferait pas long feu, et l’ennemie non plus. Il ne leur resterait qu’à la détruire entièrement, sans se poser de questions.

Yuka accéléra et fondit sur la demoiselle. Son premier réflexe fut de lui jeter son épée en plein visage, tirant directement dessus pour la ramener. Atterrissant gracieusement sur ses pieds, la Mitsuharu se tourna vers la véritable scène de combat. Ce qu’il se passait, au loin ? Quelle excellente question. Au moins, la brune savait une chose : en anéantissant cette création de chakra, elle pourrait rebondir, pour repartir aussi vite et détruire la véritable ennemie. Mais aussi, elle protégeait leurs arrières avec cela. La fourberie de cette machine de guerre pouvait atteindre des sommets, et elle l’avait déjà prouvé.

Ce jour-là, tout en toi s’est mis à vibrer. Si fort, si fort. Tu sentais Kyurei revivre au travers de tes entrailles. Il ne t’avait jamais quitté, n’est-ce pas ? Il vivait, là, au plus profond de ton être, et ne se manifestait que dans ce genre de cas. Si ton cœur battait aussi vite, à t’en détruire la poitrine, c’est parce qu’il te secouait, qu’il te poussait. Cette fille n’était qu’une épreuve, et tu la savais humaine, destructible. Et toi, tu ne l’étais plus. Plus aucune humanité, juste une énorme dose de haine, de monstruosités, des mouvements dus à des instincts belliqueux exacerbés, dévastateurs. La Haine, la Haine. Elle détruisait tout et ne laissait rien sur son passage. Étais-tu une enfant de Baine ? Une de ces créatures rejetées parce qu’elles portaient en elles toute la haine du monde ? Eh bien. Peut-être ? Sa fin approchait, si vite, si vite.

Elle s’élança, Suishô serrée fermement par sa petite main.

Spoiler:

La fin d’un règne. La fin d’une folie furieuse, qui lançait en elle des pulsions mortelles. Tout se calma, il y eut un grand silence, puis des rires. Des rires démentiels, qui signifiaient tout. Sa fin approchait, elle le comprenait, mais ne s’y résolvait pas. Comment lâcher prise, après un tel carnage, après tant de sang déversé ? Alors que tant d’âmes hantaient toujours son être ? Toutes ces vies arrachées … Un tel palmarès, détruit par des petites taches, de simples éraflures sur la peau, rien de plus. Tout son rêve partait en éclats, devenait un véritable cauchemar. Un calvaire. Quelque chose d’insupportable, mais qui ne l’atteignait pas.

Elle riait, la poupée de glace. Elle riait à s’en arracher la mâchoire, à en avoir mal aux joues. Ça ne l’amusait sûrement pas, non, au contraire. Ça lançait en elle une véritable décharge. Énervée, agacée, elle se préparait mentalement à tout détruire, à nouveau. Réduire des vies à néant. Faire d’un tableau des lambeaux. Tout foutre en l’air, juste parce que cela la faisait rire. Oh, oui, elle riait, la poupée. Mais pour combien de temps ?

Yuka s’approcha doucement, avant de voir la scène. Une femme, à terre, dans sa propre mare d’hémoglobine. Une femme pliée. Tordue de rire. Comme si tout cela n’était qu’une farce. Mais il lui fallait se rendre à l’évidence. Cette magnifique funambule tombait peu à peu du fil. Les nerfs en compote, elle s’extasiait devant sa future victoire. Mais le savait-elle ? Savait-elle qu’au bout du tunnel, la lumière menait aux Enfers ? Une véritable chute vers le Néant. Ou les souffrances éternelles. En espérant que Charon fût une âme charitable, peut-être atteindrait-elle une dimension sans douleur, mais où l’ataraxie n’existait pas ? Ce qu’elle obtiendrait à la suite de ce long périple ? Une réponse tenant en un mot. Quatre lettres. Si petit. Si petit, mais tellement destructeur.

Ce que la poupée trouva ? La Mort.
La Mitsuharu lui lança un regard neutre, sans aucun sentiment. Soudain, plutôt que de s’arrêter de rire pour tomber raide morte, elle disparut. Il n’y avait plus que l’hémoglobine. Ce merveilleux liquide rouge, répandu sur le sol. Plus rien. Une victoire ? Yuka hésitait à se clamer victorieuse. Au contraire. Quelque chose clochait. Pas de cadavre sur le sol, juste une femme évaporée. Comme de la poussière. De la poussière ? Ou autre chose. Mais malgré son apparente mort, il subsistait toujours quelque chose. Le doute. Funambule tombé du fil, ou la reprise d’un numéro, avec une marche chancelante mais qui se poursuivait encore, sans jamais s’arrêter ? Une existence éternelle, avec toujours les mêmes choses. Les mêmes mots, les mêmes rires, les mêmes peurs. Toujours la même chose. Comme un manège insensé qui tournait toujours dans le même sens. Il emportait tout mais ne créait rien. À quoi bon vivre s’il s’agissait seulement de tuer ? Et de hurler de rire, face à la Mort ?

Thanatos ne l’avait peut-être pas encore accueillie, mais si cette crapule jonchait encore cette Terre, peut-être y avait-il une raison ? Notre méchant dieu de la mort n’acceptait pas de relâcher ses victimes. Une fois au creux de ses bras, elles ne partaient plus. Adieu. Sauf que là, c’était plus … À bientôt ? Oui, sûrement.

Oui. À bientôt. Et que la haine te conserve, Madness. Que la haine te mène sur les pires sentiers de notre monde, que tu périsses dans la douleur et la terreur. Que tu saches ce que ça fait de perdre la vie. De se sentir détruit. De savoir qu’on ne reviendra plus. Je t’enlèverai ton immortalité, va. Et si ce n’est pas moi, quelqu’un le fera à ma place. Et tu comprendras. Tu comprendras tout ce que tu as fait endurer à ces pauvres gens.

Au revoir, Madness.

Spoiler: