Ici, je n'étais qu'une étrangère, une personne qui n'avait rien à faire ici d'après les mœurs… Pourtant, j'aurais temps aimé qu'il en soit autrement.
Perché sur le sommet du palais du Kazekage, j'observais le soleil finir sa course folle par-delà l'horizon pour laisser place à la lune. Je savais que je prenais un risque, que je représenterais une menace si quelqu'un me trouvait à cet endroit, mais je m'en foutais. J'avais besoin d'un peu de solitude, ou peux être juste de me changer les idées. Allez savoir ?

Voilà le soleil était partie et l'astre lunaire faisait place sur l'ensemble de la voute céleste, seule au milieu de toutes les étoiles qui l'observait dans sa course folle pour retrouver le soleil. Elle était comme moi… Et Kibo.

De nouveau de sombres pensées m'envahirent, il fallait que je me sorte de l'esprit. Agilement, je me laissais glisser sur le toit circulaire pour retomber tout aussi souplement sur l'un des nombreux balcons avant de rejoindre ma chambre.

Lors de mon arrivée, Kioshi m'avait emmené dans ce petit bar faisant office de boite de nuit. Voilà qui me changerait les idées sans aucun doute. Je me saisissais alors rapidement d'un morceau de parchemin sur lequel j'inscrivais une rapide inscription :




Je remettais le message à l'un des serviteurs avant d'aller me plonger dans mes valises. C'est que faire un choix parmi mes tenues n'allait pas être facile. En général, c'était soit trop long, soit trop formel. La seule tenue qui pourrait convenir était la tenue traditionnelle de dance de Yuki no Kuni que je prenais toujours avec moi. Sauf qu'elle était légèrement osée… Très légèrement…

Je rougissais, mais finalement, je me glissais dans cette dernière sans aucune difficulté avant de resserrer les cordons et la ceinture qui faisait remonter les différents voiles dévoilant en partie mes cuisses déjà que je bougeais. J'adorais cette tenue, mais elle était généralement utilisée dans l'intimité familiale, pour les grandes occasions. Les Sunajins n'étaient pas sensés être au courant.

Qu'à cela ne tienne, car déjà, je me retrouvais dehors tout en n'entremêlant mes cheveux pour former une tresse lâche dans mon dos que j'ornais de multiples bijoux avant de rejoindre ce fameux bar, le Heaven's Night.

C'est qu'il y avait du monde déjà à cette heure-ci et aussi… wow ! Des beaux garçons. J'avais le regard qui traînait vers des collines plus que douteuses : fausses ou réelles ? Je me serais bien risqué à les gravir pour tester la véracité de la marchandise, mais pour l'heure, je préférais me diriger vers le bar, accoster un charmant serveur et me faire offrir gratos un cocktail d'alcool.

Kioshi venait d'arriver et je l'accueillais avec un sourire sympathique avant de me prendre direct, illico presto une réprimande sur mon comportement et sur le verre que je tenais dans les mains. Légèrement surprise, je regardais le Kage, puis le verre, puis une nouvelle fois mon ami avant de sourire et de porter le délicieux nectar à mes lèvres :


"Promis je n'en bois qu'un ! C'est pour me mettre dans l'ambiance et on me l'a offert !" Minaudais-je en me dandinant sur moi-même avant de boire une nouvelle gorgée et de reposer le précieux nectar sur le comptoir.


Observant Kioshi de loin, je m'approchais alors de lui en levant gracieusement les mains vers les cieux et en ondulant doucement du bassin au rythme de la musique entraînante, faisant chatoyer autour de moi la multitude de tissus fluides qui composaient ma tenue :


"Je ne te savais pas si possessif envers tes biens mon cher ! Mais je m'en souviendrais à l'avenir et je tenterais de plus attiser ta colère à l'avenir !"


Je me rapprochais doucement de lui, un sourire de conquérante au visage, un air enjôleur, une sensualité débordante :


"Puis je t'offrir une danse pour me faire pardonner ?" Demandais-je en minaudant tout en lui tendant les mains.


Je dansais rarement. Du moins, jamais en compagnie de garçon du coup, c'était une première pour moi. J'avais bu juste assez pour échauffer mon esprit, mais j'étais pleinement conscience de mes actes et le conseil auquel j'avais participé dans la matinée m'avait fait comprendre certaines choses, je devais m'affirmer plus. Peut-être qu'il serait mal vu de me voir ainsi accoutrer en train de danser au milieu de la nuit. Mais non, j'étais une femme libre et j'avais le droit de faire ce qu'il me chantait du moment que la sécurité du pays n'était pas mise en danger. Peut-être allais-je mettre le feu à bien des cœurs ce soir, mais pour l'heure, j'étais juste là pour m'amuser. La musique venait de changer dans un rythme plus entraînant. Des tambours et des instruments à vent. Je regardais Kioshi :


"Montre-moi comment vous dansez la dessus ! Tes fonctions ne t’empêchent quand même pas de danser ?"

Riant devant son hésitation, je finissais malgré tout par glisser mes doigts entre les siens avant de me rapprocher délibérément de lui pour coller mon corps amaigri contre le sien. Cela n'avait rien de très sensuel pour l'heure pourtant, alors que je glissais ses mains sur mes hanches, l'une de mes jambes entre les siennes. Je levais les yeux vers lui, je commençais doucement à bouger des hanches en dessinant un huit tout en posant ma main sur son torse musclé. La musique devenait entraînante et je rigolais tout en suivant le rythme sans pour autant le quitter des yeux, laissant mes mains se balader sur sa musculature tout en continuant à danser.


"Tu vois ! Ce n'est pas très compliqué ! Avec un endroit pareil dans votre village, je pensais que tu prendrais un peu de bon temps de temps en temps !"


Mes yeux regardaient l'assistance autour de nous. Peut-être une façon de se changer les idées de toutes façons. Je glissais mes mains autour de son cou, me collant à lui pour pouvoir lui susurrer quelques murmures indiscrets :


"Et puis il y a de bien jolies filles à Suna ! Même si tu ne t'es pas encore remis de la perte de Zanshi, je suis sûre qu'elle ne voudrait pas te voir triste et seul ! "


Ma main venait de se poser sur sa joue. Il était si peu confié à moi depuis que j'étais là et pourtant, je sentais que malgré tout, il avait encore un peu de mal à digérer la pilule. Quoi de plus normal me direz-vous ? Je ne pouvais que le comprendre dans ce genre de situation, alors je me reposais sur lui, non seulement pour lui apporter du réconfort, mais pour que moi aussi, il me soutienne.

La musique se faisait plus entraînante soudain. Il fallait que je revienne dans le rythme alors je m'éloignais un peu de lui en faisant des pas calculé et je tournoyais délicatement sans jamais lui lâcher la main. Avant, puis en arrière. Un délicieux balai ou à plusieurs reprises, les mouvements se répétaient. Sans être grisant, il pouvait parfois être agréable de prendre du bon temps.

Un regard interrogateur se profila sur mon visage alors qu'il m'évoquait un nom :


"Yami ? Celle qui m'a fait passer l'interrogatoire ? Pourquoi il y a quelque chose entre vous ?" Demandais-je curieuse.


Étrange qu'il m'évoque le nom de cette jeune femme comme cela. Toujours étant que je poursuivais à danser avec lui, toujours coller au plus proche dans des mouvements de plus en plus langoureux.


"Peut-être que je ne devrais pas danser avec toi de cette façon si tu as déjà une petite amie. Elle risquerait de mal le prendre tu ne crois pas ?"


Pourtant, je ne m'étais pas décollé de lui, continuant à danser collée-serrée alors que mes mains, elle voyageait sur son torse tandis que je cherchais toujours un peu plus à capter son regard. C'est que j'aimais avoir mes partenaires attentifs à ce que je faisais et que j'aimais observer une réaction de leur part également. Le rouge aux joues de Kioshi en était une bien assez évidente pour moi ce qui me fit d'autant plus plaisir :


"C'est moi ... Ou je te fais de l'effet ?" Rigolais-je sans pour autant rompre notre étreinte.


Je rigolais à pleine voix avant de finalement, poser ma tête sur son épaule pour observer l'assistance.


"Tu as raison, vous avez de bien beaux mâles à Suna ! Avec lequel tu me verrais alors ?"


J'avisais l'ensemble des convives qui faisaient la fête ici. Il y avait plein de garçons effectivement :


"C'est parfait, j'avais besoin de passer la nuit entre des bras musclés pour me tenir chaud et me montrer ce qu'est un vrai mâle !"


Je grognais félinement en disant cela avant de m'amuser encore un peu avec lui. Drastiquement, ma jambe remonta le long de la sienne pour le faire flancher. Je me tournais alors et j'agitais mes fesses contre son bassin en suivant le rythme de la musique :


"Sinon, je dors avec toi ! Tu pourrais faire l'affaire, tu sais !"


Je rigolais. Certes, je n'avais bu qu'un verre, mais je voulais m'amuser ce soir.

"Dois-je te rappeler que tu m'as octroyé une très belle chambre dans le palais avec des draps de soie et une vue d'enfer !"


Une vue d'enfer, c'était le cas de le dire. En plein sur l'appartement de Kibo. La langue sur les lèvres, je réfléchissais à la façon la plus évidente de le faire souffrir autant qu'il l'avait fait. Me faire prendre contre cette baie vitrée, lumière allumée par son maître et meilleur ami était une idée qui me séduisait. Mais en serais-je vraiment capable ? Je me retournais, profitant plus encore des ardeurs de l'ombre du vent qui semblait bien réagir à ma danse :


"Au moins à ce que je vois, je peux encore faire de l'effet à un homme !"


Je baissais les yeux vers son bas-ventre avant de rougir à mon tour en déclarant à son oreille de façon à ce que seul nous deux puissions entendre :


"Kioshi mon dieu ! Je ne te savais pas aussi bien doter par la nature !"


Voilà que j'en avais des frissons. Je me collais un peu plus à lui pour le cacher en rigolant entre nous et en ralentissant doucement le rythme, plus pour être sur celui d'un slow par exemple :


"Et bien ! Je ne te savais pas si .... Réactif !"


En était-il de même pour Kibo ? Je ne savais pas, mais j'aurais bien aimé savoir. Je cachais mon visage contre l'épaule de Kioshi en continuant à remuer doucement pour ne pas faire grimper la sève d'avantage encore., Pourtant, je finissais par le regarder tout en lui murmurant :


"Ta Yami ne t'a jamais fait ce genre de danse ? Elle est plutôt du genre coincé, missionnaire et basta, c'est ça ?"


Juste une discussion entre deux amis. Quoi de plus normal ? Pourtant, au détour de la danse, nous nous étions rapproché du bar où je reprenais mon verre histoire de le finir. Je n'aimais pas gaspiller. Je tenais la boisson d'une main et de l'autre, je me tenais à Kioshi, toujours dans ses bras, jamais loin. Parfois, je me risquais un regard vers son pantalon, voir si la chose s'était calmée ! Ça petite méthode avait l'air de fonctionner, c'était le moins que l'on puisse dire :


"Ça m'a l'air d'aller mieux monsieur l'ombre du vent !"

Il me mettait au défi… Et une seule personne savait oh combien j'aimais les défis ! D'autant plus s'ils étaient dangereux pour moi. Trois verres ?


"Facile !"


Je faisais signe au barman de m'en servir un que je portais irrémédiablement à ma bouche avant de l'avaler cul sec, comme il l'avait demandé tout en continuant à me laisser bercer par ses bras. Bon ok, j'avais la tête qui tournait. Et alors ?


"Un autre !" Déclarais-je en posant mon verre sur le bar de façon prononcée alors que je regardais Kioshi.


Défis qu'il avait dit. Je poussais le verre dans sa direction en attendant qu'il le porte à sa bouche pour l'engloutir de la même façon que moi alors que je faisais deux mêmes avec un second verre :


"Dépêche-toi Kioshi ! Je vais gagner !"


Où perdre ? Là était la question. Moi la petite fille sage du Shukaï, moi l'ancienne shinobi de Mizu no Kuni, cette même shinobi qui lui avait apprit les bases de la médecine. J'avais bien grandi depuis lors. J'étais devenue femme avec tout ce qu'il faut pour cela. Mon caractère s'était forgé. En bien, j'espérais, mais ce que je montrais ce soir était la face cachée de l'iceberg. La femme derrière le visage d'enfant qui, plus tigresse que jamais, pouvait parfois ressortir.

Troisièmes verres et déjà, je transpirais à grosse goutte, mais je tenais bon. Deux verres et s'était le jackpot pour moi, il passerait la nuit avec moi. Je le regardais en dandinant sur place. J'avais le droit de reprendre ma danse après tout, ce n'est pas ce qu'il avait dit ?


"Tu vas perdre, je le sens ?"


Tu parles, j'étais de plus en plus éméchée, je rigolais désormais à la moindre de ses phrases, mais je me sentais bien, bien comme jamais. Le revers de la médaille ne tarderait pas à se faire sentir pour sûr, mais pour l'instant, je profitais de cette sérénité.

Mon regard se fixa quelques secondes sur les filles qui dansaient sur une scène non loin de moi. Puis, il se perdit dans la contemplation des silhouettes tapageuses aux déhanchés provoquant. Je rougis :


"Non … Chuis trop maigre pour m'exposer ainsi…"


Voilà que je boudais à présent. Il avait réussi à me vexer le vilain ! Mon regard se retourna vers Kioshi et oh que voyais-je, il en avait profité pour essayer de me mettre un vent dans la consommation. Je lui lançais un regard mauvais et derechef, je m'enfilais deux nouveaux verres avant de poser ma tête sur le comptoir à moitié ivre morte. Est-ce que j'avais mon compte ? Pas loin !


"La petite fille, elle t'emmerde !" Maugréais-je sans décoller mon front du comptoir.


Il était frais, ça faisait du bien, car l'ambiance du bar était trop chaude. De la fraîcheur, voilà ce qu'il me fallait, pourquoi ne pouvais-je donc pas utiliser mon chakra ? Il m'attrape et me cache les yeux avant de me caresser doucement d'une main qui me fait frissonner lorsqu'elle atteint le haut de ma poitrine :


"Il l'en faut plus pour m'exciter Kioshi … T'as cru que j'étais une de tes salopes qui criaient dès que tu les frôles… Chuis une femme moi, une vraie et quand ze veux du sexe, c'est…"


Mes mots se perdirent dans ma gorge, devenant de plus en plus inaudible à mesure que je les prononçais avant que finalement, je m'installe sur un tabouret, l'air nonchalant, les cheveux à moitié détaché, la mine sobre, en apparence seulement, car cette apparente décontraction n'était qu'un signe caché de mon état d'ébriété avancée.
C'est le moment qu'il profita pour me mettre une claque magistrale. Je le regardais et mon regard se décomposa :


"T'as pas le droit de dire ça !"


Oh oh oh ! Plus les secondes passaient, plus la mimique de mon visage devenait enfantine et tordue par la douleur qu'il venait de réveiller. Je me levais de mon tabouret, manquais de me manger le bar au passage, puis titubante, je me dirigeais vers la sortie à tâtons. Qu'il finisse sa soirée seule puisque s'était comme ça ! Je voulais juste m'amuser moi, pas qu'un vieux ronchon me rappelle mes erreurs.
Enfin, pas sûre que traversé les rues de Suna dans cet état soit une bonne idée non plus. J'essayais de garder le regard sur un point fixe à l'horizon, mais ce dernier s'évertuait à tourner sur lui-même, s'était plutôt… Chiant !

J'avais fait quoi ? Trois mètres ? Aller peut être quatre avant qu'il ne me rattrape en m'appelant doucement, ne me laissant même pas le temps de réagir pour me prendre dans ses bras et me porter une nouvelle fois, façon princesse. Deuxième fois en quelques jours, dis donc je battais tous les records. Nul doute que j'allais m'attirer les foudres d'une certaines gente féminine dans le coin qui rêverait d'être à ma place. J'aurais pu me débattre, mais je n'en avais pas la force. Attristée et faible, je me contentais de poser ma tête contre son torse moite tout en respirant le plus posément du monde avant de demander d'une petite voix :


"Je suis si pitoyable que ça ?"


Je ferme les yeux et je me contente de me laisser balader par le jeune kage qui me ramène, l'air de rien, à ma belle tour d'ivoire. Je me serais presque assoupi durant cette ballade nocturne, mais pourtant, il me sort de mes songes en me demandant ou son mes clés.


"Dans ma culotte ..." Je déclare du tac au tac avant de me fendre d'un rire absolument pitoyable et de sortir la clé de mon décolleté.

Je lui laisse le soin d'ouvrir la porte, car l'air de rien, il a quand même l'air beaucoup plus sobre de moi, du coup beaucoup plus apte à viser le trou de la serrure, ou n'importe quel autre trou d'ailleurs.
Puis enfin, ma chambre. J'ai laissé la baie vitrée ouverte pour avoir un peu d'air et dès que je sens le courant d'air, je me débats suffisamment pour qu'il me laisse descendre afin que je rampe, ou presque, jusqu'à la salle de bains où je me penche par-dessus la cuvette et je vomis tout l'alcool de mon estomac.
Je pense que là, j'ai touché le fond. À moins qu'il ne vienne me tenir les cheveux, et là, on pourra dire que j'ai atteint les abysses. Mes coudes se posent sur la cuvette des Wc après que j'ai relâché tout l'alcool de mon organisme, essuyé ma bouche et appuyé sur le bouton de chasse d'eau. Je reste pensive comme ça, un long moment avant de regarder le jeune homme, l'air déjà un peu plus sobre, mais toujours, fatiguée :


"Oh lala ... J'ai tellement mal au crâne ..."


Je crois que je n'ai pas encore décuvé. Non visiblement pas, car l'air de rien, je commence à me redresser avec difficulté et à me dévêtir, prétextant que j'ai chaud ...

Telle une enfant, je me vois une nouvelle fois récupérée par ses bras musclés qui me transporte délicatement jusqu'à l'immense lit qu'on m'a octroyé. Petite princesse, je suis et je resterais alors qu'il prend un soin tout particulier à me glisser dans les draps et à me border comme un bébé. Moi, durant tout ce temps, je le regarde, sans rien dire, sans parler, sans même cligner des yeux. Je suis déjà à moitié endormie lorsqu'il me dit de dormir, car la nuit porte conseil. Pourtant, je trouve la force et le courage nécessaire pour lever la main et agripper la sienne. Je le retiens d'un geste léger, duquel il peut facilement s'échapper, mais je le retiens quand même. Alors je murmure un petit :


"Reste Kioshi …"


Mon regard à cet instant n'a rien de sulfureux. Il semble redevenu triste et froid. Rien de provoquant, j'ai juste envie et besoin de ne pas être seule cette nuit alors, patiemment, j'attends, mais je ne le relâche pas avant d'ajouter à ma dernière demande :


"Juste comme un ami…"


Comme pour le rassurer. Qu'il ne croit pas que j'en attends plus de lui, non, j'attends plus qu'il reste comme un ami. Qu'on se soutienne mutuellement l'un l'autre pour la nuit qui arrive car malgré tout ce qu'il peut penser, cette nuit ne sera pas agréable et mes vieux démons feront surface plus vite qu'il ne le pense. Je ne tiens pas à être seule à ce moment-là, essentiellement, car je sais que je n'aurais pas le courage d'affronter mes peurs ou encore moins de les surmonter.
Je prends sur moi et je tire doucement sa main vers moi :


"S'il te plaît..."


Dire que je supplie ? Non, je ne supplie pas, mais je lui demande sincèrement de faire ce geste, pour moi. Peut-être est-ce trot avec tout ce que je lui ai déjà demandé, mais je n'ai pas envie de rester seule.

Lorsqu'il me rejoint, je me sens non pas heureuse, mais mieux déjà. Il se glisse à mes côtés dans le vaste lit et immédiatement, je vais poser ma tête sur son épaule. M'en servant comme d'un oreiller l'une de mes mains va également se perdre sur sa poitrine et je ferme les yeux, presque heureuse de me sentir ainsi apaisé et désireuse de trouver rapidement le sommeil pour pouvoir oublier tout ce qui s'est passé jusqu'à présent.

Morphée m'eut aucun mal à m'attraper et à faire de moi ce qu'il voulait, m'entrainant dans des doux songes sans cauchemars.

Au petit matin, lorsque je rouvrais les yeux, j'étais toujours couchée, dans cette même position contre lui. Ma tête était tombée de son épaule, mais j'étais toujours lovée contre sa silhouette, ma main sur son torse. Il n'était pas parti, il dormait même paisiblement alors que le soleil lui semblait bien haut dans le ciel déjà à en juger par le fin filet de lumière qui filtrait par-delà les rideaux.

J'avais mal au crâne et j'avais du mal à me souvenir ce qui s'était passé la veille. Étais-ce peu être mieux ainsi ? Je me souvenais juste que la fin avait été particulièrement triste.

Ne bougeant pas de ma position, je commençais alors à jouer avec mes doigts sur les boutons de sa chemise, imaginant un petit bonhomme franchissant sans beaucoup de difficultés une multitude de montagnes toutes plus impressionnantes les unes que les autres.

Ce n'était pas grand-chose, mais cela me permettait de me concentrer sur autre chose que les sombres pensées que je nourrissais depuis un certain temps déjà, mais aussi sur autre chose que mon mal de tête lancinant. Il soupira dans son sommeil et je décidais enfin de me lever, le plus discrètement du monde pour m'éclipser hors du lit et aller prendre une douche afin de me changer les idées et effacer toutes traces de sueurs que mes folies de la veille auraient pu laisser.

À mon retour dans la chambre, il dormait toujours à poing fermé et moi, j'avais besoin d'un cachet. Je décidais donc de m'éclipser en espérant qu'il ne se réveille pas et je revenais une vingtaine de minutes plus tard les bras chargés de victuailles pour le petit-déjeuner, ou plutôt, d'un simple plateau recouvert de deux bols et d'une multitude de viennoiseries afin que nous puissions déjeuner ensemble.

Il était réveillé. Du moins, il avait les yeux ouverts et me regardait avec une certaine appréhension, je dois dire avant de me demander ce qu'il lui valait le traitement de faveur que j'étais en train de lui offrir. Il m'indiquait le plateau que j'avais dans les mains et d'un air un peu hagard, je me répondais juste de répondre :


"C'est pour te remercier… Pour hier soir !"


Je rougissais tout en évoquant la soirée d'hier avant de m'avancer vers le lit pour déposer le plateau au milieu des draps avant de prendre place en face de l'ombre du vent. On avait beau dire ce qu'on voulait, j'avais véritablement de la chance d'être aussi proche de lui. Cela n'était pas donné à tout le monde et avait certains avantages, tout comme des inconvénients. Je lui souriais, mais l'évocation de la soirée d'hier me fit rougir et c'est ave une voix roque que je lui répondis :


" Non, ça va, j'ai même un peu froid pour te dire la vérité…"


Il m'avait refroidi, c'était le cas de le dire, mais je ne lui en tenais pas rigueur, car je considérais qu'il avait raison. Attrapant une fine mousseline sur la chaise non loin du lit, je la glissais sur mes épaules avant de le regarder, de rougir :


"Je vais… Essayer de manger un peu…"


C'était plus facile à dire qu'à faire, mais je pensais pouvoir dire qu'il était temps de faire des efforts même si s'était difficile. Je pris un morceau de viennoiserie et je le portais timidement à ma bouche avant de regarder Kioshi en faire de même, puis souriant, je lui demandais malgré tout avec une certaine timidité :


"Si tu avais été dans mon cas… Tu aurais fait quoi ? Je veux dire pour Kibo … Certains me conseillent de lui laisser plus de temps, d'autres d'aller le voir… Pour ma part, je ne sais pas ce qui est le mieux. Le forcer à me voir, à me parler s'il n'en ressent pas l'envie, n'y le besoin, c'est se rattacher à une relation impossible. En même temps abandonner n'est pas dans mes habitudes….

J'étais déjà en train de grignoter qu'il me porta un nouveau morceau de croissant devant le visage. Morceau que je saisissais délicatement pour le reposer sur le plateau après en avoir coupé un petit morceau. Allons-y par étape pour commencer, on verra par la suite. Mes yeux le regardèrent alors quelques secondes, par à-coup, comme si j'avais peur de croiser son regard alors qu'il m'observait manger. C'était gênant, mais je n'allais pas me démonter pour autant alors que je rassemblais mes jambes sur le lit pour avoir une position plus confortable.

Toujours étant que volontairement, ou pas, j'esquivais magistralement sa première remarque concernant la soirée d'hier. Soirée que je préférais peut-être oublier.

La suite était plus ou moins cruelle, surtout à mon encontre, mais mes paroles allaient l'être tout autant pour lui :


"A quoi ça sert d'être en vie si celui que j'aime ne veut plus de moi ... J'ai eu l'impression qu'il n'était au courant de rien de tout ce que j'avais fait pour le retrouver ... Rien de tout le voyage et les épreuves que j'avais traversées pour essayer de le retrouver ..."


Au fond, je savais bien qu'elle était ma peur, j'avais peut-être besoin d'une confirmation auprès de l'ombre du vent :


"Tu le connais ... Tu es son maître, tu sais ce qu'il ressent ... Alors dis moi la vérité ..."


Je pris un souffle avant de poser la question :


"Est-ce qu'il y a une autre femme dans sa vie ?"


Car au fond, c'était l'impression qu'il me laissait. Il avait sans doute tourné la page, rencontré une autre personne en un an ... Cela était compréhensible, mais dans ce cas, j'aurais aimé le savoir.
Je détournais les yeux et reposé le morceau de croissant que je tenais dans la main :


"Je n'arriverais pas à manger tout ce qu'il y a sur ce plateau."


Peut-être était-ce le signe de la fin ?


"Je ... Je ne sais pas quoi faire ..."

La claque me fit tourner la tête, sans que je puisse l'esquiver, n'y même que je tente quoi que ce soit. Abasourdi par le mouvement, je plaque ma dextre contre ma joue qui commence déjà à rougir, sous le choc encore. Je ne réalise pas encore ce qu'il vient de se produire, pourtant les paroles glaciales de l'ombre du vent me remettent les idées en place et me font réaliser à quel point je me suis montrée égoïste dans mes paroles. J'en ai presque oublié le premier objectif de mon voyage. Égoïste, voilà ce que je suis !
Je reste interloquée par toutes les informations qui me parviennent et lorsque la porte claque, je reste muette devant toute cette scène. Je ne réagis pas ou du moins, j'ai l'impression de ne pas en avoir eut le temps.
La porte à claquée depuis cinq secondes déjà lorsqu'enfin, je réalise l'étendue de ma bêtise.
Je n'ai presque pas besoin de le penser pour que mon corps réagisse de lui-même. Je renverse la moitié de ce que contient le plateau lorsque je me redresse et me précipite vers la porte en courant l'ouvrant à la volée pour me précipiter vers lui :


"Attend !!!"


Il est de dos, mais je le rattrape facilement et j'enroule mes bras menus autour de sa taille pour le retenir, enfouissant mon visage humide dans son dos, mon visage caché par sa chemise :


"Je suis désolée ! Je n'aurais jamais dû dire ça ... Je suis tellement égoïste ! Pardonne-moi Kioshi, je te jure que je ne pensais pas à te blesser en disant cela !"


Je ne le lâche pas et mes mains tremblent contre son ventre, pourtant, je suis juste en train de réaliser mon erreur. Je n'aurais peut-être jamais dû remettre les pieds à Suna. Ça aurait été mieux ainsi.