Le dernier combat s’était terminé depuis quelques temps maintenant, l’Examen Chûnin était terminé. Une série de combats qui aura révélé plusieurs cas très intéressants mais aussi de parfaits idiots. On voyait bien que certains n’étaient pas faits pour devenir shinobi. Etre ninja était plus qu’une profession, et il arrivait bien souvent que certains se lancent aveuglement dans la chose sans y avoir réfléchi. C’est ainsi que j’avais pu voir de belles sottises. Mais malgré tout, cet évènement avait été plutôt réussi. Les différentes arènes ainsi que l’organisation, tout cela avait été bien orchestré. On voyait bien aussi à travers cette épreuve de combats l’opinion militaire de Kiri. Oui, on les reconnaissait bien. Si cela s’était passé à Konoha, je suis sûr qu’on aurait eu des choses moins directes et plus subtiles. Car même si la force est quelque chose d’extrêmement important, l’intelligence l’était tout autant.

Qu’avais-je retenu de ces combats ? A vrai dire, pas grand-chose. La prestation de mes shinobis m’avait plu, cependant il y aurait quelques petites choses à revoir pour certains. J’avais été satisfait de voir que malgré leur voyage Ozuka et Tori s’étaient présentés et avaient fait une prestation convaincante. Une autre image qui m’avait marquée, celle de Jisetsu Sei qui était donc devenu Genin. Cela faisait maintenant longtemps que je l’avais rencontré pour la première fois. Il avait grandi mais surtout mûri. J’avais pris plaisir à le voir combattre d’une bonne manière. Il avait tenu sa parole et moi la mienne. Il était clair que si la décision me revenait il aurait été promu Chûnin mais bon, il fallait voir ça avec le village de la Brume. En tout cas, je n’étais pas là pour parler promotions, mais pour parler d'autres choses avec les deux Kages.

Après être rentrés à Kiri et plus précisément dans le Palais du Mizukage, nous traversâmes plusieurs couloirs avant de pénétrer dans une salle circulaire, avec une table de la même forme au centre. Trois chaises mais surtout personne d’autre. Aucun garde, même les shinobis de confiance n’avaient pas le droit de participer à cette réunion. Anko était restée au village de toute façon. Et puis ce n’était pas plus mal de n’être qu’à trois. En m’asseyant j’enlevai ma coiffe pour la poser devant moi. La réunion allait pouvoir débuter.

A ma gauche, Hayashi Miyu qui était Shodaime Hokage. Une jeune femme qui maîtrisait le Mokuton et qui était vraisemblablement plus jeune que moi. Un certain charme, mais surtout une certaine prestance. Elle avait pour l’instant plus de crédibilité à mes yeux que celui à ma droite. Samui Mahan, génie à l’Hyôton. Dix-huit seulement et déjà Kage. Non pas que je doutais de sa puissance, mais il était pour moi trop jeune pour avoir les responsabilités de Kage. Cependant, l’invitation pour cet Examen Chûnin me laissait penser le contraire. Cette réunion allait donc fixer l’image du Mizukage.

─ Mizukage, Hokage, vous avez mes plus sincères salutations et remerciements pour avoir appuyé le fait pour que nos villages se retrouvent enfin.

Phrase idéale pour ouvrir cette réunion, qui allait je l'espère aboutir sur des choses utiles et intéressantes. Je posai mon coude droit sur la table pour appuyer ma main contre mon visage. Mon regard se tourna vers le jeune prodige.

─ Samui Mahan, cet Examen Chûnin était une excellente idée et même si les noms des promus ne seront connus que dans plusieurs heures, il est clair que cet évènement fut un grand succès. Bravo à vous.

Kiri nous avait accueilli et ce d'une très bonne manière, remercier Mahan était donc logique. D'ailleurs, il avait fait réunir les villages avant que je ne le fasse, nous avions donc apparemment la même envie de tisser des liens entre nos puissances. Mais lui, avait-il des idées précises ? Et qu'en était-il de Konoha ?

Comme tout le monde aurait pu s’en douter, mes deux compères prirent la parole chacun leur tour après moi. Ce fut d’abord l’Hokage qui répondit, et deux choses m’intriguèrent. La première, c’est qu’elle ne regardait pas vraiment Mahan, du moins pas précisément. Etait-elle réellement aveugle ? Pouvait-elle diriger un village et surtout des centaines de shinobis malgré son handicap qui est loin d’être insignifiant. Bien entendu, même si ma curiosité me piquait je n’allais pas parler de cela. Il ne fallait surtout pas se montrer déplacé, cette réunion allait me servir pour autre chose. Je restai donc silencieux. La seconde chose qui me rendit perplexe fut ce message que Konoha avait apparemment envoyé à Kiri, avant l’examen. Vouloir tisser des liens était quelque chose de très respectable, c’était d’ailleurs ce que je voulais. Mais si Miyu avait véritablement envoyé un message au Samui, elle ne l’avait pas fait pour Kumo. Etait-ce juste un fait sans importance, un ordre aléatoire ? Ou avait-elle eut un critère qui l’aurait poussé à se tourner vers Kiri ? La puissance militaire de Mizu no Kuni ? Le fait qu’ils soient éloignés du continent ? Peut-être même avait-elle pensé qu’elle pourrait facilement influencer le Mizukage de par son jeune âge. Ce n’était pas la peine de me tordre l’esprit encore plus longtemps, elle avait sûrement fait ça au hasard et s’il n’y avait pas eu l’examen, elle m’aurait sûrement envoyé un message.

De la jalousie ? Bien sûr que non, quoique ça aurait pu y ressembler. C’était juste que comme j’étais présent afin d’observer les deux autres villages ainsi que leurs dirigeants, j’avais tout intérêt à ne pas laisser passer le moindre détail. Mahan prit ensuite la parole, afin de nous féliciter et d’expliquer les raisons de son invitation. J’eus ensuite la réponse à la question du message de Miyu. Elle avait apparemment envoyé plusieurs shinobis afin de porter un bouquet de fleurs au Mizukage. Que s’étaient-ils dits, je n’en savais rien. En tout cas, le Samui semblait sincère lorsqu’il disait que ça lui faisait plaisir. Intéressant. Il se tourna enfin vers moi, pour féliciter mes ninjas. En particulier un qu’il avait apparemment rencontré avant le début des combats. La question était obligée d’être posée.

─ Ah, et qui était-ce ?

Il ne faisait aucun doute qu'à la rentrée à Kumo, je m'entretiendrais avec ce dernier. Il allait peut-être pouvoir m'apprendre des choses sur le personnage du Samui qui nous demanda ce que nous avions pensé de cette journée et demi d'examen. Pas besoin de faire semblant pour cette question, je répondis donc sincèrement.

─ Et bien certains combats se sont révélés captivants. Tout était assez bien orchestré et le spectacle fut au rendez-vous.

Mais je ne voulus pas m'arrêter là. Dans la continuité de ce que j'avais dit, je glissai une remarque anodine. Du moins pour moi.

─ En tout cas je vois que vous n'avez pas contourné vos principes. L'épreuve de combats s'est montrée très représentative de l'intérêt que Kiri porte à la puissance des shinobis.

Rien de méchant, tout de vrai. Comme je m'étais dit précédemment, Konoha aurait sûrement choisi des épreuves plus subtiles. Kiri était réputé pour être le village qui accordait la plus grande importance à la force de ses ninjas.

Le Mizukage me donna immédiatement le nom du shinobi qui lui avait parlé. Reyshui Saos, ce nom ne me disait pas grand-chose. Un Genin du village donc, qui s’était apparemment montré très poli envers le jeune Samui. Et si ce Kumojin ne faisait apparemment pas parti des noms qui avaient retenus l’attention des juges, il avait bien agi et j’allais sûrement l’appeler pour en savoir plus. Mahan exprima sa satisfaction et aussi sa déception pour quelques ninjas, il avait raison mais ce n’était là qu’un détail. Ce qui m’intéressait alors, c’était le message que Konoha avait envoyé à Kiri. Mais le Samui continua en me félicitant d’avoir repéré la réputation que le village caché de la Brume avait à tenir. Cela ne semblait pas ironique, le Shodaime Mizukage semblait toujours parlé avec franchise. Mais là encore, ses propos ne m’intéressaient qu’à moitié. J’attendais que mes compères poursuivent sur l’épisode du message, et c’est ce qu’ils firent.

Teichirô était donc le second d’Hayashi Miyu, et s’était rendu en personne rencontrer le jeune Mahan. L’entrevue ne s’était pas très bien passée apparemment, voilà qui était intéressant. Quant au message, le Samui m’informa que c’était un message de paix. Mais alors que ça aurait pu s’arrêter là, il continua avec une phrase assez déplacée qui laissait supposer qu’Hayashi Miyu ne s’était pas montrée franche. Doucement petit me dis-je alors que je me demandais comment allait réagir l’Hokage face à ceci. Je regardai donc silencieusement son petit passe-passe avec une fleur qu’elle envoya à Mahan avant de confirmer une hypothèse que j’avais faite précédemment. Elle avait bien prévu de m’envoyer aussi un message, mais l’Examen Chûnin avait bouleversé ses plans.

Elle répondit enfin indirectement aux mots du Mizukage, en disant clairement les raisons de sa présence ici. Rien de calculé, rien à réclamer et presque de l’indifférence. Même si cela me plaisait un peu, je sentais bien que la tension pouvait monter rapidement. Nous avions tissé les premiers liens entre nos trois nations et il était bien trop tôt pour signer quoi que ce soit. Cependant, un conflit éclate facilement et s’il y a bien une chose qui ne devait pas se déclencher aujourd’hui c’était bien ça. Je me levai donc avant de prendre la parole.

─ Il est vrai que nous en sommes pour l'instant à faire connaissance, à tisser des premiers liens entre nos trois nations. Laissons la paperasse aux conseillers et remettons d'éventuels accords à une future rencontre. Pour l'instant, satisfaisons-nous de cet Examen Chûnin et du fait que nous sommes pour l'instant dans de bons termes.

Voilà un bon résumé, qui allait sûrement accompagner la fin de cette courte réunion. Nous avions fait connaissance et c'était le principal. J'avais un peu près cerné les deux personnages qui m'entouraient et j'avais ce qu'il me fallait.

─ Je me permets de rappeler le fait que nous sommes les piliers de la paix. Les Nukenins criminels sont pour l'instant nos seuls ennemis, n'en cherchons pas d'autres entre nous.

Je m'écartai de la table en remettant la chaise à sa place. J'ajoutai une dernière chose en remettant ma coiffe en place.

─ Sachez que Kumo reste à votre disposition si vous voulez quoi que ce soit. Je pense que nous avons chacun du travail, l'heure des résultats ne va pas tarder. Je vous remercie pour cette réunion qui je pense, est close.

Sur ces dernières paroles accompagnées d'un léger sourire je sortis de la salle suivi de mes compères. Malgré sa courte durée cette réunion m'avait appris beaucoup de choses, qui allaient me servir. Konoha et Kiri, enfin...

[HRP : Fin de la réunion pour ma part.]