Une journée a priori banale m’attendait aujourd’hui. Enfin, c’est ce que je pensais du moins. Elle fut en quelque sorte perturbée si je puis dire. Musashi n’était pas là de la journée pour je ne sais quelle raison mais ça m’embêtait franchement de ne pas pouvoir déconner avec lui comme j’ai l’habitude de le faire. C’est très rare qu’on ne se voit pas une fois par jour au moins depuis que nous nous connaissons. C’est devenu comme un frère pour moi, je ne vois pas comment je peux l’appeler autrement. Je ne peux pas nier que quand il n’est pas là, il y a moins d’action mais de mon côté, je peux m’assagir, devenir quelqu’un de sérieux. Même si, en temps normal, je le suis assez souvent. Sauf qu’en sa présence, ça peut partir en cinéma pour une broutille … C’est le cas de le dire.

L’événement qui allait « perturber » ma journée était la réception de cette lettre. Lettre qui m’intriguait énormément d’ailleurs, je voulais savoir de quoi elle parlait et si elle me concernait ou non. Des erreurs d’envoi de lettre à leur destinataire ne sont pas rares, loin de là. De plus, qui prendrait la peine d’écrire une lettre à un pauvre animal comme moi ? Franchement, ces bons à rien d’humains ne feraient jamais une chose pareille ! Nous ne sommes juste que des monstres pour eux, des animaux rejetés de la société, que voulez-vous de plus ? Le monde est ainsi fait, il faut de tout pour faire un monde comme dit le dicton. Personnellement, tout ça me passe par-dessus la tête, avec le temps, on s’y habitude et on n’écoute même plus ce que ces personnes disent.

À mon plus grand étonnement, la lettre me concernait directement. Je ne savais pas de qui elle provenait mais tout ce que je pouvais constater, c’est qu’elle parlait d’une mission à accomplir. Et apparemment, j’étais réquisitionné pour accomplir cette mission. Un détail me marqua cependant, je devrai faire équipe avec un dénommé Hasegawa Gin. Bon, je ne le connais pas du tout mais au vu de son nom, ça ne peut être qu’un humain. Est-il de la même trempe que ces satanés villageois ou saura-t-il faire la part des choses ? C’est la grande question qui me tracasse et avec les humains, je ne suis pas du genre à être gentil ou amical directement … Non, je suis plutôt du genre à être très froid et leur parler le moins possible. Je dis très peu de choses en leur présence et j’en dis encore moins sur mes capacités. C’est la raison principale de mon absence de nom. Je ne veux pas qu’on me mette directement dans la case « animal dangereux » rien qu’en voyant le nom Gekei.

L’ordre de mission indiquait que nous devions escorter un noble artisan de sculpture de bois jusqu’à l’Archipel. Chose pas très compliquée à faire lorsqu’on lit les premières lignes de la tâche à accomplir. Cependant, celui-ci a un dossier qui le suit. Et pas n’importe lequel … Son dossier médical indique qu’il a déjà eu des soucis psychologiques et amnésiques. La tâche n’allait pas s’avérer facile même si à première vue, elle le paraissait. Si celui-ci commence à piquer des crises, à se croire poursuivi, ça va être délicat. Mais bon, il fallait faire avec.

L’endroit où cet énergumène nous attendait était au tunnel Nord. C’était à l’entrée du village donc il m’était facile de m’y rendre puisque je connaissais les quatre entrées parfaitement. Être un animal n’est pas toujours un désavantage, au contraire, nous avons un très bon sens de l’orientation comparé à ces foutus humains. Je me demande d’ailleurs si mon équipier du jour allait trouver cet endroit si facilement que moi. J’ai mis une dizaine de minutes pour m’y rendre et je ne vis personne. Il fallait que je trouve une occupation durant ce temps d’attente histoire de ne pas rester comme un piquet en plus milieu de ce fameux tunnel. Mais il n’y avait vraiment rien pour pouvoir s’occuper, pas même un arbre pour grimper … Il ne fallait pas que je me fasse remarquer par ces deux humains. Rien que l’idée de devoir coopérer avec un de ceux-ci me déplaisait fortement mais devoir en supporter un second risque d’être assez tendu.

Bref, il ne me restait plus qu’à attendre mon coéquipier et ce fameux noble fou. Il y avait des barrières un peu partout et je voulais m’asseoir donc je pris simplement la peine de m’asseoir sur une de celle-ci en attendant qu'ils arrivent …