[B] Le Moineau Menacé

Je tremblais presque de joie en tenant la lettre dans ma main. L’ambiance sombre de mon appartement, malgré le soleil rouge couchant, projetait des ombres longues à l’excès. Pourtant, l’heure de toutes les imaginations sombres, mais aussi celles de la longue monotonie avant la nuit était balayé par ce bout de papier portant le sceau officiel de Suna. Je le lisais une ultime fois, avant de me mettre à sourire largement. Le laissant tomber sur le lit, je me précipitais vers mon sac toujours prêt. Il manquait des provisions, les vêtements de rechanges étaient bien là, les ryôs supplémentaires aussi, du fil de fer, des kunaïs et des shurikens, ainsi qu’une ou deux bouteilles vides. Je me dépêchais de les remplir avant d’empiler les petites rations de nourriture séchée. J’allais quitter Suna !

Je grimpais sur le lit avant de m’étendre, la carte du continent sur ma gauche, collé au mur. Je la regardais, essayant de me figurer quel trajet nous allions prendre. Soit nous allions sortir du Désert par la frontière qui menait à Ame no Kuni, soit celle du Pays des Oiseaux. Je priais sur celle de Tori no Kuni, la corruption y étant moins présente, il y avait toujours moins de chance de subir l’influence d’un autre des grands pays. Contrairement à son voisin, le pays était agréable à parcourir, même s’il restait des poches de rebelles à la chute de l’Empire. Notre passage à Ame serait inévitable, à moins que nous ne longions la frontière de Tsuchi, mais dans ce cas, nous devrions éviter toutes incidents. Kusa était plus sauvage, il allait falloir chasser et trouver de quoi manger, mais contrairement à l’âpreté du Désert, cette espèce de « no mans land » allégé ne présenterait que peu de dangers. Ensuite, deux options, soit traverser le Pays du Feu, qui était tellement grand et peuplé que le passage devrait être facile, soit nous passerions par Taki et Tetsu, deux pays dont la culture était fortement imprégnée par l’impérialisme. Il allait peut-être falloir être prudent, mais sans plus. Puis, Ta no Kuni, un pays que ma troupe avait rarement approché.

Dès la première heure, je mis mes vêtements, revêtant mon petit plastron de cuir, des pantalons couverts par le tissu ample de ma veste en tissu fin que je portais en dessous. J’avais opté pour glisser mes parchemins dans mon sac, mais je pouvais recourir à mes alliés autrement. Un wakizashi avait été mis à l’horizontal à ma taille, même si je ne savais quasiment pas l’utiliser. La journée était chaude, j’en profitais pour attacher ma tignasse épaisse et noire en queue de cheval, puis mettre un de ces tissus amples à capuche utilisé pour se cacher du soleil. Je l’enlèverai dès que possible. Ma bouteille d’eau battait ma ceinture. Je sortis de chez moi, sans un regard vers mon appartement, descendant les marches du grands hall arrondis de l’immeuble avant de sortir dehors, guilleret.

Arrivé tôt, trop tôt, j’attendis au point de rendez-vous mes compagnons. Je savais que Mareo serait de la partie, l’autre Shinobi, un Chûnin, un membre du Clan fondateur de Suna. Lorsque je vis arrivé le moine, je fis un grand sourire au moine, levant la main pour le saluer.

- « Mareo ! Alors, content de retrouver un coin de ton pays. En plus, j’imagine que tu dois être excité de rencontrer ce Yoshi. Et en plus, ce sera la visite complète du pays. »

À ces derniers mots, je me frottais les mains. Nous avions encore un peu de temps avant que notre accompagnateur ne vienne. Je me demandais si ce membre de ce haut Clan allait être un de ces nobliaux pédants ou quelqu’un qui avait les pieds sur terre. Je pris la bouteille d’eau à ma taille, buvant une rasade après avoir retiré le liège dans un bruit sonore. Je baissais la bouteille en faisant un grand sourire.

[@TSUGEKU GETAKU, @MAREO, @KAWAGUCHI AMANO]

C'était un jour particulier pour le jeune Mareo du temple de Maskine, ce matin, il devait partir en mission pour une contrée bien connue. En effet, il avait été mandaté pour servir d'escorte à Kiezan Yoshi un membre de l'ordre de Maskine. L'idée de revenir sur les terres de son enfance le réjouissait, mais le genin s'inquiétait aussi des causes de cette mission. Au delà d'être un membre de Maskine et un frère pour Mareo ainsi que tout bon moine, Yoshi était aussi l'un des plus anciens membres de l'Ordre. Le simple fait que quelqu'un veuille s'en prendre à sa personne déstabilisait le genin. Le vieux sage était un homme plein de vertu et emplit de bonté. Celui ou celle qui nourrit des ressentiments contre un tel homme est sans doute quelqu'un d'infâme.

Plus qu'inquiétant encore, c'était bien la première fois depuis la guerre qu'un membre du clan Kiezan était ouvertement en danger. Les choses avaient-elles changé tant que cela à Ta no kuni, la criminalité était-elle à l'ordre du jour ? Autant de questions qu'il tardait au bald boy de répondre.

C'est avec toutes ses préoccupations que le shinobi religieux avaient pris la route ce matin pour rejoindre l'entrée du village lieu de rendez-vous de l'équipe d'escorte. Mareo avait bien sûr été sélectionné pour ses liens étroits avec le pays du riz et le temple de Maskine. Cependant, il fut étonné de partager la mission avec de nouvelles têtes. Le moine s'était habitué aux missions en solo, en équipe avec Juichi et les jumeaux ou bien en duo avec Kumiko Saibogu la rouquine. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé en mission avec de nouvelles personnes. Pour cette fois, il serait accompagné d'un genin qu'il avait rencontré par hasard sur le marché de Suna Getaku le vendeur de marionnette. Les deux seraient chapeautés par un chuunin du village membre du clan Kawaguchi, Amano de son prénom. Un shinobi appartenant à un clan très respecté au pays du vent, celui-la Mareo ne l'avait jamais rencontré.

Il était encore tôt lorsque le représentant de Maskine arriva enfin à l'entrée du village, mais Getaku était déjà présent. L'homme plus âgés que le moine le salua plein d'enthousiasme, ce qui redonna immédiatement le sourire au jeune ninja. Ses préoccupations se dissipèrent un peu:

Bonjour Getaku, en effet je suis heureux de revoir ma terre natale. Oui Yoshi est un homme sage duquel j'ai beaucoup appris ce sera un plaisir de le revoir. Pourtant, je m'inquiète des circonstances de ces retrouvailles. Si aujourd'hui quelqu'un se sent assez confiant pour s'en prendre aux moines du temple c'est que Ta a bien changé depuis mon départ.

Le moine réfléchit un instant puis ajouta:

Non pas que les moines inspirent la crainte, bien au contraire, mais chacun connaît notre art et idéalise nos capacités. Beaucoup nous sont reconnaissants de nos sacrifices pour le peuple et très peu nous ont témoignés de l'hostilité depuis ces dernières années. Qu'une personne ou qu'un groupuscule veuillent s'en prendre à Yoshi est inquiétant. Cependant, c'est pour cela que nous y allons et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour préserver l'intégrité physique de maître Yoshi.

Le petit gars sourit à son interlocuteur comme pour se rassurer lui-même. Les deux genins devaient maintenant attendre Amano Kawaguchi leur chef de mission qui semblait en retard ou presque. Pendant ce temps, Mareo décida de se remémorer les souvenirs qu'il avait de Yoshi se perdant dans son esprit. Extérieurement, il devait avoir l'air ailleurs et ne se rendit compte que trop tard de l'arrivée du chuunin...

Mission:

Partir pour aller dans un pays autre que son sable, que sa demeure, loin de ceux qu'il veut protéger, loin de son Seigneur, loin de tout. L'envie avait été forte en lui de refuser et d'envoyer balader le messager mais quelque chose en lui l'avait refréné. Il n'y allait pas seul, il serait là pour encadrer deux Genins. Les yeux d'or se levèrent de la missive et purent voir la dernière ombre du messager au coin de la rue. Un sourire se posta au coin de ses lèvres, faiblement, alors qu'il referma la porte de sa maison.
Amano ne demandait qu'à faire de l'exercice, il ne demandait qu'à être sollicité, mais partir loin de ses terres ne l'enchantait guère.
Il fallait préparer quelque chose, le plan de voyage peut-être, la manière la plus efficace de protéger le moine de Maskine et tout un tas d'autre chose. Mais sa tête était trop occupé par autre chose. Il avait ses propres soucis et pas anodins en plus de ça. C'est l'esprit troublé qu'il laissa sa feuille de mission sur la table et sortit de chez lui pour profiter du Soleil de Suna. Quelques passages dans divers magasins, il partit à l'académie demander l'aide de ses confrères pour disposer tout l'équipement qu'il avait prévue dans des sceaux sur papier. Les rangeant avec soin dans la sacoche à sa ceinture, le blond profita de cette dernière journée avant son départ pour Ta en compagnie des deux Genins. Un jeune homme qui venait de là bas précisément faisait partit de l'équipe. Une chance, ils pourraient les guider arrivé dans ces terres que le Kawaguchi ne connaissait pas assez. Il y avait également un marionnettiste qu'il n'avait encore jamais eu le loisir de rencontrer. Fort bien, ses capacités étaient encore mises à rude épreuve. Il n'avait pas eu réellement la chance de faire équipe avec des personnes qu'il connaissait déjà bien. La faute lui en revenait principalement. Amano était plus solitaire qu'autre chose, mais il acceptait bien volontiers de transmettre son savoir et d'aider. C'était son but principal, former et protéger le trésor de Kaze.

La journée passa et il termina les préparatifs. Il s'était aussi renseigné au mieux sur le Moine qu'ils devront protéger et sur les habitudes des habitants de Ta. A l'aube le lendemain il s'arma de ses fioles de sables toutes alignées parfaitement autour de sa ceinture, quelques unes à sa cuisse droite camouflées par un pantalon ample et de la sacoche où il avait préparé la veille tout un tas d'outils et de nourriture. Le temps de vérifier le tout il allait finir par se trouver en retard. Arquant un sourcil, ça lui rappelait trop souvent son vieux maître. Il comprenait enfin pourquoi il arrivait tout le temps après lui. La jeunesse est libre.
D'un pas calme il se pointa, un chandail gris sur le dos, à croire que la chaleur du désert ne l'atteignait pas. La silhouette de ses deux futurs protégés se dessina rapidement devant lui aux portes de la ville. Il ne les salua pas de loin mais s'approcha jusqu'à quelques mètres d'écart.

- Messieurs bonjour.

Amano avait pu se calmer en route. Ses doutes concernant le fait de s'éloigner de son environnent de prédilection, d'abandonner pour un temps sa patrie, s'étaient presque entièrement envolés une fois en face des deux jeunes gens.
Son attitude devait être légèrement différente des membres de son clan, et surtout de ses parents. Il n'aimait pas vraiment prendre de haut ses partenaires, ça n'avait aucune sorte d'intérêt. Il ne leur était pas supérieur simplement parce qu'il avait le droit, enfin plutôt le devoir, d'enseigner et de protéger.

- Pour notre itinéraire de route on va couper au plus court par Kawa puis Hi et enfin nous diriger vers Ta. Nous avons un laissé-passé pour mission en Ta pour traverser ces pays uniquement. Pas de vague, pas plus de halte que nécessaire non plus. Une fois à Ta nous devrons nous rendre au temple pour escorter le Moine. C'est là bas qu'il nous attend.

Après la formalité, il laissa un petit soupir discret quitter ses lèvres et d'un sourire fin demanda.

- Des questions, des envies, des idées avant qu'on ne commence le voyage ?

Amano avait pris avec lui une carte de chaque pays au cas où ils en auraient besoin. Même s'il n'y avait pas de raison, il savait se repérer avec le ciel.

L’homme s’approcha. J’hésitais un peu en le voyant ne faire aucun signe vers nous, me demandant si c’était bien lui. Il s’approcha finalement de nous en s’arrêtant à quelques mètres. Ça confirmait nos soupçons, c’était bien lui qui allait diriger la mission. Il était aussi grand que moi, mais avait une carrure plus musclée. Il avait l’air moins élancé que moi. Il était blond et pâle pour un homme du désert. Il portait des vêtements décontractés. Il nous salua, alors que je le regardais de haut en bas, en essayant de le jauger. Déjà, il semblait plutôt simple, loin de la figure à laquelle je m’attendais de la part d’un membre d’un haut Clan, surtout depuis ma rencontre avec la Kazekage.

- « Salut, moi, c’est Getaku. Le crâne d’œuf agréablement bavard, c’est Mareo. Il est sympathique. »

En parlant, je tendais la main pour serrer celle du Chûnin. Je souriais franchement enthousiaste à l’idée de partir. En présentant mon compagnon, je le désignais avec un clin d’œil. Le Chûnin nous expliqua la route qu’il voulait prendre vers Kawa, traversé une autre des grandes nations et se diriger directement vers le pays de Mareo. Je hochais la tête.

- « On pourrait en faite prendre un bateau de Suna. Personnellement, je pourrais bien marcher, mais je me dis que le bateau ira plus vite si on veut se dépêcher. On pourrait même directement sortir à Hi no Kuni et couper è travers, si c’est permis du moins. »

Je scrutais des yeux mes compagnons, leur demandant leur avis, espérant qu’aucun des deux ne seraient offusqué par ma proposition. Je me doutais que Mareo le prendrait bien, mais même si le Chûnin me semblait assez calme, je ne pouvais pas savoir si mon idée allait être perçue comme une mise en cause de sa supposée autorité. Je le regardais, un peu plus sérieux, avant de reprendre courage pour ajouter une seconde option èa ma proposition.

- « Sinon, on peut couper vers le nord-nord-est. Il y une oasis en cette période de l’année, à trois ou quatre jours de marche. On pourra en profiter pour faire une toilette vite fait, remplir les réserves d’eau et se bourrer la panse avec quelques oiseaux et remplir des provisions. Après, au pire, on sort à Hi où ce sera plus facile. Pour Ta, je pense que Mareo tu es plus affranchi que moi sur ça… »

Et je me tus. J’avais donné mon avis et je proposais mes choix. Pourtant, dans le pays de Ta, c’était l’affaire de Mareo. En posant ma dernière question, je me tournais vers lui, soucieux d’avoir son opinion sur cette partie du visage. C’est lui qui allait savoir où arrêter et comment se rendre rapidement sur place, surtout que je me doutais qu’il nous permettrait de voir du pays. En secret, je dois l’avouer, j’espérais jouer le touriste, mais vu la manière et l’itinéraire de notre responsable, je me doutais que ce ne serait pas le cas.

Une fois notre décision prise, je mis mon sac à dos sur mon épaule. Peu importe où nous nous dirigerions, j’allais accepter la décision. De toute façon, ce n’était pas à moi que revenait le dernier mot. L’idée du bateau était la plus efficace, mais c’était aussi celle qui me tentait le moins. Même si je devais avouer que je n’avais presque jamais pris la mer, enfin, jamais pris la mer. L’idée de me retrouver sur un bateau, statique, me dérangeait, mais, en même temps, l’idée de voir une masse d’eau infinie à perte de vue me stimulait. C’était semblable au Désert. Rien, seulement une grande espace, mais pour ceux qui apprennent le connaître, on découvre un endroit bien moins vide qu’aux premiers abords. Comme des mystères qui viennent récompenser la curiosité ou la patience du nomade.

En attendant, j’essayais d’imaginer ce qui pourrait se passer avec le fameux Yoshi. Cet homme semblait un saint, du moins, selon Mareo, mais il s’était attiré les foudres de tout un groupe, prêt à s’en prendre avec lui. Je ne pensais pas que la religion de Maskine était sujette à des protestations, je pensais qu’elle était plutôt acceptée. Si c’était le cas, alors c’était personnellement que l’homme avait attiré l’inimitié des gens. Dans ce cas, je craignais une déception de la part de mon ami au crâne luisant. Si c’était d’ordre idéologique, il allait falloir trouver ce qui se passait, parce que la simple protection ne suffirait pas pour le pays. Ce genre de conflit peut devenir beaucoup plus larges.

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[B] Le Moineau Menacé

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